Quelques  Reines  importantes :
Esther
 

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Sommaire
 

Son origine
L’origine de son nom
L’histoire biblique
Bibliographie

Mausolée de l’Esther biblique et de
son oncle Mardochée à Hamedan,
en Iran, aussi attribué à
Shushan-Dukht, l’épouse Juive du
Roi Sassanide Yazdgard I Ulathim
“Le pêcheur” (399-420)

Photo avant retouches : wikimedia.org

 


 

Esther – Fresque sur bois
– Andrea Del Castagno – 1450 –
Galleria degli Uffizi, Florence

Son origine

 
Hadassah Bat Avigaïl est plus connue sous le nom d’Esther (ou Ester, en Grec : Εσθήρ en Persan :استر en Hébreu : אסתר). Elle fut d’origine Juive, de Judée. Elle fut la fille d’Abihajil d’Israël de la tribu de Benjamin et elle naquit à Hadassah. Son nom Hadassah signifie "myrte" en Hébreu (Plante très répandu dans les régions méditerranéennes qui sert à la confection de diverses liqueurs). Dans la Bible Hébraïque c’est un personnage du Tanakh et de l’Ancien Testament. Ce fut une Reine de l’Empire Perse Achéménide. Elle fut l’épouse d’Assuérus (ou Ahasuerus) qui est traditionnellement identifié au Roi Perse, Xerxès I (486-465), mais quelques spécialistes pensent qu’il pourrait s’agir d’Artaxerxès I (465-424).
 
   Elle est l’héroïne du livre biblique "le Livre d’Esther" écrit sans doute au IIe siècle av.J.C et elle est célébrée, dans la tradition Juive, lors de la fête de Pourim. Elle obtint de son époux que le décret d’extermination des Juifs ne soit pas appliqué. Le Roi par cette décision suivit les traces de Cyrus II le Grand (559-529) en montrant de la compassion pour les Juifs de Perse. Cyrus II avait décrété un terme à la captivité Babylonienne des Juifs lors de sa conquête de Babylone en 539.

 

L’origine de son nom

 
   Ce fut lorsqu’elle entra au harem royal, qu’elle reçut le nom d’Esther. Ce nom fut peut-être une façon de désigner le myrte pour les Mèdes. La racine du mot qui désigne aussi bien le myrte que la forme de sa fleur en "étoile", en Persan est assez proche de ce nom. Une traduction de la Bible Hébraïque en Araméen (Un Targoum ou Targum) nous apprend que la Reine était aussi belle que "l’étoile de la nuit", qui est appelée Astara par les Grecs, nom que l’on peut rapprocher d’Esther. Le Midrach comprend le nom Esther en Hébreu sous le sens du mot "cacher".
 
   Mardochée, le fils de Jaïr de la tribu de Benjamin comme elle, qui fut son oncle et tuteur (on trouve aussi son cousin) lui avait conseillé pour sa sécurité de cacher son origine Judéenne. Dans ce sens le nom d’Esther voudrait dire "la cachée" ou "celle qui se cache". Il faut aussi noter que l’influence divine est cachée dans le cours des événements et il n’est jamais fait mention de Dieu explicitement. Certains critiques du Livre d’Esther font dériver le nom d’Esther de celui de la Déesse Ishtar. Cependant cela ne correspond pas phonétiquement à l’appellation Hébraïque de cette Déesse qui est plus proche d’Ashtaroth.

 


 

Esther se parant pour être présentée au
Roi Assuérus, dit : La toilette d’Esther –
Théodore Chassériau – 1841

L’histoire biblique

 
   Le Roi Assuérus de Perse, la troisième année de son règne, offrit cent quatre-vingts jours de fête à Suse (ou Shushan ou Chouchan dans le texte) pour afficher la grande richesse de son royaume et la splendeur et la gloire de sa majesté. Il décida un festin avec tous ses Princes, serviteurs, grands commandants de l’armée et les chefs des provinces. La Reine Vashti (ou Vasti ou Vasthi) fit de même pour les femmes, dans la maison royale du Roi. Lors de sa fête, alors que le cœur du Roi était réjoui par le vin, il ordonna à la Reine Vashti de comparaître devant lui et ses hôtes avec la couronne royale, pour montrer sa beauté aux peuples et aux grands.

 
   Mais la Reine refusa de venir, quand elle reçut par les eunuques l’ordre du Roi. Furieux de sa désobéissance, le Roi demanda à ses sages et aux sept Princes des Perses et des Mèdes ce qu’il devait faire d’elle pour la punir. Se conformant à la loi, les sages informèrent le Roi de déposer Vashti pour faire un exemple au cas où d’autres épouses seraient désobéissantes. Assuérus suivit cet avis, puis commença la recherche d’une nouvelle Reine en se prenant de nouvelles concubines.
 
   Après la proclamation de l’ordonnance du Roi et de son décret, plein de belles jeunes femmes vierges provenant de toutes les provinces de l’Empire furent accueillies au palais. Au début du récit, Esther habitait avec son oncle et tuteur (on trouve aussi son cousin) Mardochée, qui l’adopta lorsqu’elle devint orpheline. Ce dernier, qui occupait une fonction administrative au palais d’Assuérus à Suse, ayant entendu que le Roi cherchait une nouvelle épouse, présenta Esther pour ce rôle. Esther avait un corps splendide et était belle à regarder. Avec les autres femmes, elle fut emmenée au palais, sous l’autorité d’Hégué, eunuque du Roi et gardien des femmes. Celui-ci fut séduit par Esther et elle gagna ses faveurs.
 
   Il s’empressa de lui fournir les choses nécessaires pour sa toilette et pour sa subsistance et lui donna sept jeunes filles choisies dans la maison du Roi, puis il l’a plaça avec ses jeunes filles dans le plus bel appartement de la maison des femmes. Comme lui avait conseillé Mardochée, Esther n’avait pas révélé ses origines et tous les jours il allait devant la cour du harem pour savoir comment on traitait sa fille adoptive.
 


 

Esther et Mardochée – Aert de Gelder – 1641

   Chaque femme devait passer douze mois dans le harem du Roi et observer un règlement très stricte qui lui était imposé où elle pouvait espérer approcher directement le souverain. On lui donnait tout ce qu’elle demandait et elle pouvait emporter avec elle dans le harem tout ce qu’elle voulait. Elles bénéficiaient de deux périodes de massage, pendant six mois avec de l’huile de myrrhe, puis les autres six mois avec des baumes et des crèmes de beauté.
 
   Ainsi, chaque jeune femme allait vers le Roi et, quand elle passait de la maison des femmes dans la maison du Roi, on lui laissait prendre avec elle tout ce qu’elle voulait. Elle y allait le soir et le lendemain matin on la transférait dans un second harem. Les femmes y étaient sous l’autorité de Shaashgaz (ou Schaaschgaz), eunuque du Roi et gardien des concubines. Une femme ne pouvait retourner près du Roi à moins que celui-ci ne la désira et qu’elle fut appelée nommément. Esther gagna la bienveillance de tous ceux qui la voyaient. Lorsque vint son tour d’aller près du Roi Assuérus (Le dixième mois, le mois de Tébeth, de la septième année de son règne) dans son palais royal, elle ne demanda rien d’autre comme lui avait conseillé l’eunuque royal Hégué.
 
   Juste par sa grâce et sa beauté elle voulait éblouir le Roi. Elle le rejoint dans la soirée et réussit si bien à le séduire, qu’au matin, c’est en tant que concubine du Roi qu’elle retourna au harem. Esther gagna sa bienveillance et sa faveur plus que toutes les jeunes filles. Assuérus en tomba amoureux plus que de toutes les femmes et fut tellement heureux qui ne cessa de la convoquer à nouveau. Fou d’elle et fasciné par sa beauté, il finit par mettre le diadème royal sur sa tête et il la fit Reine à la place de Vashti. Assuérus donna un grand festin à tous ses Princes et à ses serviteurs, en l’honneur d’Esther. Il accorda du repos aux provinces et fit des présents avec une libéralité royale.


 

Trois scènes de l’histoire d’Esther : Mardochée se lamentant,
L’évanouissement d’Esther en présence d’Assuérus,
Aman implorant en vain sa grâce
– Filippino Lippi – 1470 – Musée du Louvre

 
   Quelques temps après, Mardochée, ayant eu vent d’un complot visant à assassiner le Roi, mené par Bigthan et Théresch, en informa Esther. Cette dernière prévint son mari de la menace de la part de Mardochée. Une enquête fut faite et les conspirateurs furent rapidement arrêtés et exécutés. En tant que tel, le Roi ordonna à Mardochée d’enregistrer cet acte dans ses Chroniques.
 
   Après cela, Assuérus éleva un certain Haman, fils d’Hammedatha, un des plus grands Princes du royaume, au rang de Premier Ministre. Compte tenu de son importance toutes personnes qui se trouvaient sur la route de Haman devaient se prosterner devant lui en révérence. Mardochée, qui ne s’abaissait que devant Dieu, refusa de s’agenouiller devant Haman. Ce dernier, apprenant que Mardochée était Juif, décida de se venger de ce refus.
 


 

L’évanouissement d’Esther – Nicolas Poussin
– 1640 – Musée de l’Ermitage – St. Petersburg

   Il obtint du Roi l’ordre d’exterminer tous les Juifs de l’Empire contre dix mille talents d’argent qu’il porta dans le trésor du souverain. Des lettres furent envoyées par les courriers dans toutes les provinces de l’Empire, pour qu’on détruisit, qu’on tua et qu’on fasse périr tous les Juifs, jeunes et vieux, petits enfants et femmes, en un seul jour. Il choisit la date de son génocide qui devait être le treizième du douzième mois, qui est le mois d’Adar. Il décida aussi que tous leurs biens soient livrés au pillage. Mardochée, ayant appris tout ce qui se passait, déchira ses vêtements, s’enveloppa d’un sac et se couvrit de cendre.
 
   Puis il alla au milieu de la ville en poussant des cris et se rendit jusqu’à la porte du Roi, dont l’entrée était interdite à toute personne revêtue d’un sac. Esther fut avertie par ses servantes de ce qui était entrain de se passer et la Reine très effrayée s’évanouit. Puis elle envoya des vêtements à Mardochée pour le couvrir et lui faire ôter son sac, mais il ne les accepta pas. Alors Esther appela Hathac, un des eunuques que le Roi avait placés à son service et elle le chargea d’aller demander à Mardochée ce qui se passait.
 
   Mardochée lui raconta tout ce qui lui était arrivé et lui indiqua la somme d’argent qu’Haman avait promis de livrer au trésor du Roi en retour du massacre des Juifs et il ordonna à Esther de se rendre chez le Roi pour lui demander grâce et l’implorer en faveur de son peuple. Mais celle-ci eut peur, car le Roi ne l’a pas demandé depuis plus de trente jours et elle savait que c’était la peine de mort contre quiconque, homme ou femme, entrant chez le Roi, dans la cour intérieure, sans avoir été appelé. Lorsque Mardochée entendit ces paroles il dit à Esther :

"Ne t’imagine pas que tu échapperas seule d’entre tous les Juifs, parce que tu es dans la maison du Roi. Si tu te tais maintenant, le secours et la délivrance surgiront d’autre part pour les Juifs et toi et la maison de ton père vous périrez".
 


 

Le festin d’Esther – Jan Lievens – 1625 –
The North Carolina Museum of Art – Raleigh

 


 

Le festin d’Esther – Francisco Gutierrez
– 1666 – Musée du Louvre

  Esther dit à Mardochée :

"Va, rassemble tous les Juifs qui se trouvent à Suse et jeûnez pour moi, sans manger ni boire pendant trois jours, ni la nuit ni le jour. Moi aussi je jeûnerai de même avec mes servantes, puis j’entrerai chez le Roi, malgré la loi et si je dois périr, je périrai".

Le troisième jour, Esther mit ses vêtements royaux et se présenta au Roi pour lui demander la faveur d’accepter son invitation à diner dans sa suite avec Haman.
 
  Le Roi lui dit :

"Qu’as-tu, Reine Esther et que demandes-tu ?. Quand ce serait la moitié du royaume, elle te serait donnée".

 
  Esther répondit :

"Si le Roi le trouve bon, que le Roi vienne aujourd’hui avec Haman au festin que je lui ai préparé".

 
   Assuérus se rendit avec Haman au festin qu’avait préparé Esther. Pendant qu’on buvait le vin, Esther en profita pour les réinviter. À l’issue du second diner, Le Roi redit à Esther :

"Quelle est ta demande, Reine Esther ?. Elle te sera accordée. Que désires-tu ? Quand ce serait la moitié du royaume, tu l’obtiendras".

 
   Esther informa alors le Roi qu’elle était Juive et que Haman avait décrété que tout son peuple devait être détruit, égorgé et anéanti. Face à cette accusation Haman fut alors saisi de terreur en présence du Roi et de la Reine. Le souverain, dans sa colère, se leva et quitta le festin, pour aller dans le jardin du palais. Haman resta pour demander grâce de sa vie à Esther, car il voyait bien que sa perte était arrêtée dans l’esprit du Roi.
 
   Le souverain donna raison à Esther et donna le droit aux Juifs de se défendre le jour où ils seraient attaqués. Assuérus dans un souci de satisfaire pleinement sa femme alla jusqu’à faire exécuter Haman, qui fut pendu sur la potence qu’il avait construit pour Mardochée, pour avoir failli causer un grand tort à la communauté de son épouse.
 
   En ce même jour, Assuérus donna à Esther la maison d’Haman, l’ennemi des Juifs et Mardochée parut devant le Roi, car Esther avait fait connaître la parenté qui l’unissait à elle. Le Roi ôta son anneau, qu’il avait repris à Haman et le donna à Mardochée et en fit ainsi son Premier Ministre. Esther, de son côté, établit Mardochée dans la maison d’Haman.
 
   Une particularité de la loi Persique est que les édits royaux de ce genre ne pouvaient pas être renversée, même par le Roi. Le deuxième décret d’Assuérus autorisant les juifs à se défendre eux mêmes déclencha une série de représailles par les Juifs contre leurs ennemis. Cette lutte commença le 13 Adar, date où les Juifs étaient prévus d’être exterminés. Les juifs tuèrent non seulement leurs bourreaux, mais aussi leur famille.
 


 

La victoire de Mardochée – Jean François de Troy – 1736 –
Metropolitan Museum of Art

   On comptera 300 tués dans la seule ville de Suse, 65.000 dans le reste de l’Empire (15.000 dans le compte biblique Grec). La victoire des Juifs sur leurs ennemis et Haman est fêtée dans de grandes réjouissances lors de la fête de Pourim au cours de laquelle tous les Juifs ont l’obligation d’écouter la lecture du Livre d’Esther.
 
   Esther apparait dans la Bible comme une femme d’une grande piété, caractérisée par sa foi, son courage, son patriotisme, sa prudence et sa résolution. Elle est fidèle et obéissante vis-à-vis de son oncle Mardochée.
 
   Dans la tradition Juive, elle est vue comme un instrument de la volonté de Dieu pour empêcher la destruction du peuple juif, les protéger et leur assurer la paix pendant leur captivité à Babylone. Certains spécialistes pensent qu’il est possible que la Reine Amastris épouse du Roi Xerxès I (486-465) soit la Esther biblique. Wilson, qui a identifié Assuérus avec Xerxès I et Esther avec Amastris, a suggéré que les deux noms "Amastris" et "Esther" provenaient des mots AkkadiensAmmi-Ishtar ou Ummi-Ishtar. 

 

Bibliographie

 
   Pour d’autres détails sur la Reine voir les ouvrages de :
 
Bernard Benyamin :
Le code d’Esther, éditions First, 2013.
Jorge Glusberg :
Obras maestras del Museo Nacional de Bellas Artes, MNBA, Buenos Aires, 1996.
Jonathan Grossman :
Esther : The outer narrative and the Hidden Reading, Eisenbrauns, 2011.
Rafael Hiya Pontrémoli et Albert Benvéniste :
Méam Loez, le Livre d’Esther, Verdier, Lagrasse, 1997.
Madlyn Millner Kahr :
The book of Esther in seventeenth-century Dutch Art, New York University, 1968.
Jack M.Sasson :
Esther, pp : 335-341, Alter, Robert; Kermode, Frank, The Literary Guide to the Bible, Harvard University Press, 1990.
Marie-Theres Wacker :
Ester. Jüdin – Königin – Retterin, Kleine Frauenreihe, Stuttgart, 2006.
Sidnie Ann White :
Esther : A feminine model for Jewish Diaspora, Day, Peggy Lynne. Gender and Difference in Ancient Israel, Fortress Press, 1989.

  

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