Présentation
La
troisième bataille de Chéronée (ou Chaeronea ou Chaironeia ou
Naumachia tēs Chaeroneia, en Grec :
Ναυμαχία της Χαιρώνεια) fut une
bataille qui se déroula 86 av.J.C.
Elle eut lieu près de Chéronée (ou Chaeronea ou Khairốneia, en Grec : Χαιρώνεια), une cité
Grecque
de Béotie située entre la Phocide et l’Attique, non loin du fleuve Céphise (ou
Kifisos ou Khèphisos ou Mavronero). Elle fut une confrontation entre les armées de la république Romaine commandées par
le Général et Consul Romain Sylla (ou Lucius Cornelius Sulla Felix, 138-78) et les armées du Roi du
Pont,
Mithridate VI (120-63), commandées par son Général
Archélaos (ou Archélaüs, en Grec :
‘Aρχέλαος, † 63).
La bataille se déroula dans le cadre de la guerre dite :
Première Guerre
de Mithridate (89/88-85) et vit la première victoire majeure des Romains
dans ce conflit.
Cette bataille fut décrite dans trois textes anciens, bien que les récits diffèrent légèrement. La description
en fut faite par Appien d’Alexandrie
(Historien Grec,
90-v.160), Frontin (ou Sextus Iulius Frontinus, écrivain et Consul Romain, v.35/40-v.103) et
Plutarque
(Philosophe, biographe et moraliste Grec, 46-v.125).
Après la prise et le sac d’Athènes le 01 mars 86 av.J.C.,
Sylla contraint le Général Archélaos (ou Archélaüs) à évacuer le Pirée et à rejoindre la
Macédoine où il prit le commandement d’une nouvelle armée
Pontique. Archélaos (ou Archélaüs) conduisit alors cette armée à travers
la Thessalie jusqu’en Béotie où il rencontra celle de Sylla,
venant d’Attique.
La cavalerie joua un rôle prédominant dans la bataille, Sylla assumant lui-même le commandement de
son aile droite avec la sienne.
Longtemps incertaine, la bataille tourna finalement à l’avantage des Romains en raison de l’expérience des légionnaires et du talent tactique de Sylla
qui sut renforcer les points faibles aux moments critiques.
Le contexte
L’invasion du royaume de
Bithynie, un allié de Rome, par le Roi du
Pont,
Mithridate VI, plus l’épisode en 88 des
"Vêpres d’Éphèse",
où 80.000 citoyens Romains d’Asie Mineure furent massacrés
(Était tué aussi toute personne parlant Latin) déclencha le conflit avec Rome appelé
"Première Guerre de Mithridate"
(89/88-85). Après la défaite du Général et Consul Manius Aquilius Nepos († 88), le Sénat nomma
le Général et Consul Romain Sylla (ou Lucius Cornelius Sulla Felix) en tant que commandant de l’expédition contre le royaume du
Pont.
Pendant ce temps, Mithridate VI
prit possession de toutes les villes Grecques, soumises à Rome où alliées.
Au printemps de 87 Sylla débarqua à Épidamne (ou Durrës ou
Epídamnos ou Dyrrhachium ou Durrhákhion) en Illyrie.
Alors que l’Asie Mineure était occupée par les forces de
Mithridate VI sous le commandement d’Archélaos (ou Archélaüs). Lorsque le Romain arriva et traversa la Béotie et le
Péloponnèse la plupart des cités de Grèce
s’empressèrent de se ranger de son côté, sauf Athènes.
La première cible de Sylla fut donc cette cité, dirigée par une marionnette de
Mithridate VI,
le Tyran Aristion qui n’était pas disposé à capituler.
Afin de financer ses dépenses militaires, il
pilla des sanctuaires Grecs.
Devant toutes les victoires de Sylla, Archélaos (ou Archélaüs) et Aristion, face
à l’immense armée Romaine, renoncèrent au combat et se retranchèrent, Aristion à
Athènes et Archélaos (ou Archélaüs) dans le port du Pirée.
Après une première tentative sans succès pour prendre d’abords le Pirée, Sylla
concentra ses efforts sur
Athènes. Le 01 Mars, la ville complètement affamée tomba et le Romain la
livra à ses soldats qui la pillèrent. Aristion se barricada dans l’Acropole et Archélaos (ou Archélaüs) abandonna la ville et se réfugia dans la forteresse de
Munichie (ou Munychie ou Kastella) sur une colline du Pirée.
Sylla fit alors raser le Pirée. Mithridate VI perdit là sa
principale base d’opération en Grèce.
Archélaos (ou Archélaüs) s’enfuit de l’Attique par la mer et marcha vers le Nord pour rejoindre en
Thessalie deux autres armées
Pontiques. L’une commandée par
Dromichaetes (ou Dromichaitès) et l’autre en
Macédoine, sous les ordres de Taxilès et d’Arcathius (ou Arcathias), un fils de
Mithridate VI, descendit le long de la côte
Thessalienne.
Archélaos (ou Archélaüs) rejoignit Taxilès aux Thermopyles. Sylla marcha
également vers le Nord à la poursuite d’Archélaos (ou Archélaüs).
Les troupes
Pontiques attendirent ce dernier aux Thermopyles et lui
tendirent un piège, mais il parvint à leur échapper. |
Sylla rejoignit l’armée de Quintus Hortensius Hortalus, (Général et orateur Romain, v.114-50) près de Daulis
(Cité de Phocide, proche de la frontière avec la Béotie). Selon Appien d’Alexandrie
(Historien Grec, 90-v.160), l’armée d’Archélaos (ou Archélaüs),
comptait plus de 120.000 combattants, dont : 10.000 cavaliers et 100.000 fantassins venant de
Thrace, du
Pont, des Scythes, de
Cappadoce, de
Bithynie, de Galatie et des troupes
Phrygiennes.
Chaque nationalité était commandée par leur propre Général, qui tous étaient sous les ordres d’Archélaos (ou Archélaüs).
Toujours selon l’auteur, les forces de Sylla et de Quintus Hortensius Hortalus se composaient de 5 légions Romaines, environ 20.000 hommes, ainsi
que de 20.000 Grecs
et
Macédoniens alliés aux Romains, soit environ 40.000 hommes et 1.500 cavaliers.
Selon Plutarque (Philosophe, biographe et moraliste
Grec, 46-v.125), Sylla renonça
provisoirement à engager ses troupes, terrifiées à la vue de la multitude de leurs adversaires. Tandis que les Romains restèrent à l’abri dans
leurs retranchements, l’armée Pontique
s’éparpilla dans la région, pillant et saccageant les villes. Sylla, installa
alors une garnison à Chéronée. Ainsi, il tenait toutes les issues de la plaine
du fleuve Céphise (ou Kifisos ou Khèphisos ou Mavronero) et ne laissait à Archélaos (ou Archélaüs) qu’une seule route de retraite.
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Le déroulement
Le terrain de la plaine de Chéronée fit partie intégrante
du début à la fin de la bataille. Sylla refusait toujours le contact avec l’armée d’Archélaos (ou Archélaüs) jusqu’à ce qu’il trouve son ennemi
campé sur un terrain favorable aux manœuvres Romaines. Le camp Pontique
se situait dans une région rocheuse à proximité d’une vaste plaine au bas d’une pente.
Sylla profita de cette position favorable et concentra ses forces devant la plaine sur la colline qui se trouvait près d’Elatreia, abondamment
plantée d’arbres et alimentée par une petite rivière à sa base, appelée Philoboetos. De là il avait une vue tactique avantageuse
dur le camp ennemi.
Plutarque affirme que de cette façon Archélaos (ou Archélaüs)
n’eut pas d’autre choix que d’étendre son armée dans la plaine, pour attirer
Sylla, car il risquait d’être lapidé par les Romains s’ils dévalaient des
hauteurs. Il n’y avait pas de moyen pour lui de sortir de la plaine du Céphise
(ou Kifisos ou Khèphisos) son camp étant entouré de rochers.
Déplacer son armée hors du camp sur les rochers aurait désordonné sa formation et empêché les chevaux et les chars d’être efficaces.
Cependant Sylla ne mordit pas à la tactique
d’Archélaos (ou Archélaüs), parce qu’il jugea la situation insuffisamment
favorable pour lui pour battre l’ennemi. Selon Appien d’Alexandrie,
lorsque les deux parties eurent pris des positions opposées, Archélaos (ou Archélaüs) offrit à plusieurs reprises aux Romains l’occasion de se lancer
dans la bataille. Sylla, cependant, hésitait, à cause de la nature du terrain et le nombre beaucoup plus
important d’ennemis. La situation devint une impasse et
dans les troupes de Mithridate VI il commença
à s’installer un certain désordre dû à l’attente et à la multitude d’hommes.
Beaucoup de ceux-ci se montrèrent
peu obéissant à leur Général et si quelques-uns consentirent à rester dans leurs tranchées, la majorité décida d’aller piller et saccager les territoires
environnants, même jusqu’à plusieurs jours de marche de leur camp. Il est dit qu’ils détruisirent les villes de Panope (ou Panopea ou Panopaea) et
Lébadée (ou Lebadeia ou Lebádeia) au Sud-ouest de Chéronée, bien qu’aucun de leurs Généraux leur en avait donné l’ordre. |
Selon Plutarque,
Sylla avait du mal à assister à la destruction des villes sous ses yeux et
laissez ses légionnaires inactifs. Il les fit alors sortir du camp et les força,
à creuser des tranchées pour protéger ses flancs contre les manœuvres possibles,
à élever des clôtures à l’avant et à détourner le fleuve Céphise (ou Kifisos ou
Khèphisos ou Mavronero) de son lit, ne laissant aucun répit à personne et punissant même ceux dont le rythme de travail
était trop lent. Au bout du troisième jour de travail, les soldats éreintés, implorèrent le Consul de les mener
à l’attaque contre l’ennemi.
Sylla leur dit qu’il lui semblait que leurs paroles ne montraient pas un réel désir de se battre, mais qu’ils voulaient
tout simplement ne plus travailler dur. Si, au contraire, ils étaient vraiment prêts à la bataille, il leur ordonnait de prendre les
armes et de se rendre immédiatement à un endroit qu’il montrait.
Il s’agissait pour eux d’occuper la ville en ruines de Parapotamos, une position inattaquable qui dominait la route menant à Chéronée.
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Puis il feignit une retraite, laissant la route et se barricadant derrière ses clôtures
et ses tranchées avec l’artillerie prête, calle qui avait déjà été utilisée lors du siège
d’Athènes.
Archélaos (ou Archélaüs) chercha alors à utiliser sa supériorité numérique le plus rapidement possible dans ce qu’il pensait être un avantage.
Il fit avancer ses troupes sur les Romains en étendant son aile droite (la gauche Romaine) dans le but de les déborder et de les envelopper
avec sa cavalerie et ses chars. Voyant cela, Quintus Hortensius Hortalus, pour contrer ce mouvement, mena ses troupes séparée du reste de la force Romaine,
hâtivement sur eux afin de combler l’écart entre les armées, ce qui rendit les mortels chars à faux inutiles, selon
Plutarque, n’ayant pas assez de place pour s’élancer.
Sylla était stationné sur son aile droite et n’avait pas encore été engagée par les forces
Pontiques.
Voyant la situation désastreuse de Quintus Hortensius Hortalus, il envoya des troupes pour aider.
Archélaos (ou Archélaüs) remarqua le nuage de poussière et les troupes Romaines approcher et il abandonna sa position dans le but d’attaquer
l’aile droite Romaine maintenant moins importante.
Du fait de l’aide de Sylla la menace sur Quintus Hortensius Hortalus fut enrayée, mais de l’autre côté, l’autre Légat Romain, le Consul Lucius Licinius
Murena (105-22), se trouva en même temps en difficulté, attaqué par l’unité d’élite de l’armée
Pontique.
Sylla entendit les appels à l’aide de ses hommes faisant écho sur les collines et décida d’envoyer les forces de Quintus Hortensius Hortalus à
Murena, et il mena sa propre unité et la cinquième cohorte sur l’aile droite Archélaos (ou Archélaüs).
Il mena personnellement l’attaque avec ses cavaliers contre Archélaos (ou Archélaüs)
et son arrivée déstabilisa le combat de la ligne Pontiques et
affaiblit son flanc droit. Il y mit en déroute les forces de
Mithridate VI.
À peu près au même moment, les légions Romaines bien formées au centre dirigées par Murena, qui encourageait activement ses hommes dans la bataille,
réussirent également à mettre en déroute les forces Pontiques.
La victoire était pour Sylla. Le massacre fut terrible et selon Appien d’Alexandrie
et Plutarque, seulement 10.000 soldats d’Archélaos (ou Archélaüs) survécurent,
s’échappant dans la ville voisine. On trouve les chiffres de 100.000/110.000 morts (Ce qui semble exagéré).
Sylla ordonna que les prisonniers soient décapités, certains avancent le chiffre de 80.000 hommes.
Ce qui est sûr c’est qu’alors que les forces, complètement désordonnées de
Mithridate VI, fuyaient sur le terrain accidenté vers leur camp,
ils furent facilement rattrapés par les Romains et tués dans leur retraite.
Appien d’Alexandrie prétend qu’Archélaos
(ou Archélaüs) tenta personnellement de bloquer l’entrée du camp pour forcer ses soldats à retourner dans la bataille faire face aux Romains.
Ils l’auraient fait, mais ne purent résister à l’impulsion Romaine.
Les auteurs ajoutent que seulement 14 Romains ne furent pas comptabilisés à la fin de la bataille, dont deux revinrent à la nuit tombée,
ce qui rendrait le nombre de victimes Romaines au chiffre incroyable de 12 soldats ?. Ces chiffres sont manifestement inexacts,
la nature même des combats entre les forces d’infanterie dut causer des pertes Romaines plus lourdes.
Bien que fortement affaiblie, les forces Pontiques
affronteront une nouvelle fois les Romains à la bataille d’Orchomène peu de temps après.
Bibliographie
Pour d’autres détails sur la bataille voir les ouvrages de :
Luis Ballesteros Pastor :
– Mitrídates Eupátor, rey del Ponto, Universidad de Granada, Granada, 1996.
Giovanni Brizzi :
– Storia di Roma/ 1, Dalle origini ad Azio, Pàtron, Bologna, 1997.
Ross Cowan et Adam Hook :
– Roman battle tactics, 109 BC-AD 313, Osprey, Oxford; 2007.
François De Callatay :
– L’histoire des guerres Mithridatique vue par les monnaies,
Département d’archéologie et d’histoire de l’art, Séminaire de numismatique Marcel Hoc, Louvain-la-Neuve, 1997.
Alfred Leo Duggan :
– King of Pontus; the life of Mithradates Eupator, Coward-McCann, New York, 1959.
Michael Curtis Ford :
– The last King: Rome’s Greatest enemy, Thomas Dunne Books, New York, 2004.
François Hinard :
– Sylla, Fayard, Paris, 1985.
Jakob Munk Højte :
– Mithridates VI and the Pontic Kingdom, Aarhus University press, Aarhus, 2009.
Michael Lee Lanning et Bob Rosenburgh :
– The battle 100 : The stories behind history’s most influential battles, Sourcebooks, Naperville, 2003.
Wolfram Letzner :
– Lucius Cornelius Sulla : Versuch einer biographie, Lit, Münster, 2000.
Andrè Piganiol :
– Le conquiste dei Romani, Il saggiatore, Milano, 1971.
Nuadha Trev :
– Battle of Chaeronea (86 BC), Lect Publishing, 15 Août 2012.
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