Sa durée de règne et son accession au trône
Empreinte d’un des sceaux trouvés à Abydos –
British Museum
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Péribsen (ou Seth-per-ib-sen), pour les partisans d’un Roi différent
avec Sekhemib, aurait régné autour de 11 ans. Pour les partisans d’un
Roi unique Péribsen/Sekhemib la longueur du règne est de 18/20 ans.
Hans Wolfgang Helck,
Nicolas Grimal et Barbara
Bell avancent que lors de la fin du règne de
Ninetjer (2787-2743),
prédécesseur de Sekhemib/Péribsen, une sécheresse sévère sur plusieurs
années eut un impact profond sur l’ensemble du système politique
de la fin de la IIe Dynastie
(2828-2647). Des preuves concrètes de leur propos sont indiquées sur la
Pierre de Palerme qui note un
faible niveau du Nil vers la fin du règne de
Ninetjer. Ce manque
d’eau amena des pénuries alimentaires qui déclenchèrent de graves émeutes et la désintégration de l’État Égyptien. Les
héritiers de Ninetjer auraient apparemment décidé
de partager le pays en deux moitiés indépendantes chacune avec un Roi.
Selon les égyptologues, si cette conjecture est correcte, Péribsen,
puis Sekhemib sont évidemment les Rois du Sud (Haute-Égypte) et
Sénedj fut celui du
Nord (Basse-Égypte).
Grimal assimile
Ouneg (ou Ouadjenes, 2742-2735, le successeur
de Ninetjer) à Sekhemib. De ces mêmes faits
Henri Gauthier et
Dietrich Wildung
soupçonnent, eux, que Péribsen serait le même Roi que
Sénedj. Ils appuient cette
théorie d’après l’étude des
Tables d’Abydos de l’époque
Ramesside.
Toutefois, à leur décharge, des inscriptions sur la fausse porte dans le mastaba du haut
fonctionnaire Shery (ou Scheri,
IVe dynastie) à
Saqqarah mentionnent les noms de
Sénedj et Péribsen
(sans le nom de Sekhemib) explicitement côte à côte. Ce fait rend l’existence de
deux personnes différentes plus que probable.
La politique du Roi
La division du royaume a semble t-il forcé
le Roi à opérer des changements fondamentaux dans son rôle de
leadership. Tout d’abord, il a adapté à son nom des titres liés
une situation politico-géographique. En effet le Dieu Ach (identifié à
Seth) était très apprécié en Haute-Égypte.
C’est sûrement pour cette raison que Péribsen lui voua une dévotion
particulière. Probablement même que la province Égyptienne de
Kôm Ombo lui donnait le titre de
Seth/ Ash-Péribsen,
fait souligné par la modification de son sceau royal, comme le montre ceux retrouvés à
Abydos et
Éléphantine.
Walter Bryan Emery pense que
son nom et l’élévation de
Seth au
rang de Dieu dynastique était une décision purement tactique dans le but d’une
propagande politique. Péribsen/Sekhemib va pratiquer un remaniement de l’État
qui va avoir des incidences significatives sur la gestion de sa moitié de pays.
Empreinte d’un sceau de Péribsen
avec la représentation du Dieu Ach, trouvée à Abydos – British Museum
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Des sceaux officiels d’Abydos et
Éléphantine et des fragments de vases
indiquent que le "Chancelier des sceaux"
est explicitement reconnu comme "administrateur du Sud"
et "confident du Roi de la Haute-Égypte". Péribsen/Sekhemib n’avait évidemment aucune influence
dans le Nord du pays, mais dans le Sud, il réussit à étendre son pouvoir au-delà des
frontières d’Éléphantine et du
1er nome de Haute-Égypte, le
nome "Du Pays
de l’arc ou du Pays de Nubie"
(tA-sty) dont elle fut un temps la capitale et un important
centre administratif à cette époque, comme le précise Jean-Pierre Pätznik.
Toby Alexander Howard
Wilkinson nous dit qu’une inscription, trouvée à Helwan (ou Hélouan ou Hilwan), en face de
Memphis, datant de la fin de la
IIe dynastie (2828-2647), fait état de la nomination
d’un Prêtre appelé Néfersetech, ce qui témoigne de la popularité du Dieu
Seth à l’époque.
Walter Bryan Emery prétend que la capitale de la Haute-Égypte devient
Kôm Ombo (ou Noubet).
Le nom apparaît sur un sceaux et est indiqué entouré d’une clôture, sorte de
cartouche pour une cité qui
désigne qu’elle fut une capitale royale. Bien que Péribsen/Sekhemib n’ait eu aucune influence
sur les décisions de la famille royale en Basse-Égypte à
Memphis, il semble n’y avoir jamais eu de
conflit important entre les deux maisons royales, ni aucune hostilité. Péribsen/Sekhemib est étrangement
absent des listes royales.
En lieu et place de son règne on trouve plutôt les Rois :
Néferkarê Aaka,
Néferkasokar et
Houdjefa I. Les égyptologues
Richard Weill et
Hans Wolfgang Helck pensent
qu’en ce qui concerne les Tables
d’Abydos, celles-ci réfléchissaient les traditions
Memphites,
hors Péribsen/Sekhemib a choisi d’être enterré à
Oumm el-Qaab
près d’Abydos. Il se pourrait donc que le Roi
fut omis volontairement par les Prêtres scribes, principaux actifs de
Memphis, des définitions des
annales, comme la Pierre de Palerme,
parce que seulement les Rois de Memphis étaient
reconnus comme ancêtres légitimes.
Les traces de son existence
Il est possible qu’il soit enterré dans la nécropole
d’Oumm el-Qaab à
Abydos (tombe P)
où l’on a découvert des objets en cuivre et des poteries. Le bâtiment ne fut
jamais terminé, probablement que Péribsen/Sekhemib
mourut prématurément. Aucun tombeau de ce(s) Roi(s) n’a été retrouvé à
Saqqarah.
On a retrouvé une stèle en granit provenant de la tombe
d’Oumm
el-Qaab sur laquelle est gravé le nom du Roi dans un
Sérekh. La forme de la stèle
est assez grossièrement taillée et diffère sensiblement des
stèles habituelles que l’on trouve à Abydos datant de cette
période.
Sceaux au nom de Péribsen
Civiche Raccolte Archeologiche – Milan
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Selon
William Matthew
Flinders Petrie à son verso était gravée l’image du Dieu
Seth qui a été volontairement
presque entièrement ciselée des années plus tard. Dans la tombe, elle-même, ont
été dégagés plusieurs vases polis en grès, quartzite et porphyre. La plupart d’entre eux ne portent que le nom
de Péribsen. Les vases ou bols sont principalement cylindrique, la majorité a été gravement endommagée et
découverte complètement cassée. Péribsen est également connu par empreintes de sceaux trouvées à
Abydos et
Éléphantine.
Francesco Raffaele prétend qu’un des sceaux contient la première phrase complète en hiéroglyphes.
Il existe également un sceau cylindrique en grès poli avec le nom du souverain. L’inscription mentionne le nom
Péribsen dans un cartouche.
Un autre sceaux cylindrique similaire, mais à partir
d’un matériau différent, affiche le nom de Péribsen sans
cartouche, mais il nous
donne que son nom de Nebty. Dans le complexe de la
pyramide à degrés de Djoser à
Saqqarah ont été
dégagés près de 35.000 artefacts, des vases de pierre datant généralement des
dynasties antérieures à la sienne, avec le nom de plusieurs Rois
mais bizarrement aucun avec celui de Péribsen.
Dans le mastaba du haut fonctionnaire Shery (ou Scheri,
IVe dynastie) à
Saqqarah, on a retrouvé sur la fausse porte,
non seulement le nom de Péribsen mais aussi celui de son
prédécesseur Sénedj. Les noms des deux dirigeants ont été
inscrits dans des cartouches.
Sa sépulture
Détail de l’enceinte de Péribsen, montrant les offrandes,
derrière l’enceinte de Khâsekhemoui
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La tombe du Roi, (tombe P)
d’Oumm el-Qaab à
Abydos (si c’est la sienne),
est simplement décorée. Elle mesure 21 m x 18,50 m et est significativement différente de celles
de la dynastie précédente. La chambre funéraire est construite
en brique. Un hall d’entrée débouche, par deux ouvertures, sur deux rangées de quatre
chambres de stockage et la chambre funéraire. Celle-ci, au
carrée, à des dimensions de 7,30 × 2,89 m de haut. La tombe fut pillée,
mais lors de sa découverte il restait encore des sceaux, dont un avait d’inscrit la première phrase
écrite en hiéroglyphes, et des vases en pierre au nom
de Péribsen et d’anciens dirigeants de la
IIe Dynastie.
Il y avait aussi de nombreuses empreintes de sceaux au nom de Sekhemib
ce qui a fait considérer à quelques égyptologues qu’il s’agissait de
la même personne. Les premières fouilles furent réalisées par
Emile Amélineau.
Elles permirent de mettre au jour des vases de pierre et
de nombreux vases de cuivre. Avant la tombe se trouvaient
autrefois deux piliers avec le nom du souverain. Le tombeau lui
même appartenait à un complexe dans lequel le culte du mort était effectué.
Ce quartier, de 108 m x 55 m, était entouré d’un
monumental mur de briques crues et contenait aussi quelques
bâtiments. Les murs de ces bâtiments internes avaient une épaisseur de 1,50 m. L’enceinte
possédait trois entrées, une au Nord, une au Sud et une à l’Est.
À son Sud-est se trouvait une chapelle, dont les dimensions
étaient de 12,30 × 9,50, qui possédait trois chambres.
Depuis le début de cette dynastie les Rois ont mis fin aux chambres secondaires. L’accès
de la tombe se faisait par une rampe.
Sekhemib Perenmaât
Fragment d’un vase en albâtre au nom de Sekhemib
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Si l’on accepte le fait que ce soit un Roi différent successeur
de Péribsen, pour les partisans de cette théorie, la durée exacte de son règne est inconnue. La recherche moderne
tende à approuver une durée de six à huit ans.
Pour les partisans d’un Roi unique Péribsen/Sekhemib la longueur du règne est de 18/20 ans.
Les récentes découvertes archéologiques à
Saqqarah soutiennent la théorie d’un
Sekhemib Perenmaât prédécesseur du Roi
Khâsekhemoui.
Des incertitudes existent cependant concernant la situation géographique de Sekhemib en Égypte.
Walter Bryan Emery et
William Matthew
Flinders Petrie pensent qu’une crise religieuse, en plus de l’agitation nationale, est possible au début de son
règne, due à l’abandon par Péribsen du culte d’Horus au
profit de celui de Seth.
Le nom de ce "Roi" est surtout connu par de nombreux sceau en argile. La majorité de ceux-ci
sont dans un état fragmentaire.
Selon Pierre Lacau et
Jean-Philippe Lauer, d’autres
artéfacts pouvant être attribués à Sekhemib ont été trouvés dans le
complexe funéraire de Djoser à
Saqqarah.
De cette localité pourraient aussi provenir deux vases en calcite et albâtre avec le nom de Sekhemib.
Siegfried Schott prétend
qu’il y a eu une corégence de Sekhemib lors des dernières années de Péribsen. Il y a beaucoup de questions en ce
qui concerne son identité exacte et sa position chronologique.
Cela est dû à la découverte des sceaux trouvés dans le tombeau de Péribsen, avec le nom de "Horus Sekhemib", ou
"Hor-Sekhemib Perenmaât".
Bibliographie
Pour d’autres détails sur le Roi voir les ouvrages de :
Walter Bryan Emery :
– Ägypten – Geschichte und Kultur der Frühzeit, 3200-2800 v. Chr.
Wiesbaden, München, 1964 – En Français, L’Egypte, l’histoire et la culture de la première période, 3200-2800,
Fourier, 1964.
Günter Dreyer :
– Die Arbeiten des DAI Kairo am Grab des Königs Ninetjer, Sokar 11, 2005.
Alan Henderson Gardiner:
– Histoire de l’Egypte ancienne (Geschichte des Alten Ägypten), Augsburg, (Posthume) 1994.
Nicolas Grimal :
– Histoire de l’Égypte ancienne, Fayard, Paris, Novembre 1988 et 1997 – LGF, Livre de Poche, Janvier 1994 –
Wiley-Blackwell, Weinheim 1994.
Hans Wolfgang Helck :
– Untersuchungen zurthinitenzeit, Ägyptologische Abhandlungen45, Otto Harrassowitz, Wiesbaden, 1987.
Michael Höveler-Mueller :
– Am anfang war Ägypten : Die geschichte der pharaonischen hochkultur von der frühzeit bis zum ende des neuen
reiches ca. 4000-1070 v. Chr. Neue … großen hochkultur – Das pharaonische Ägypten, Philipp Von Zabern, Mainz,
Juillet 2005.
Werner Kaiser :
– Zur nennung von Sened und Peribsen in Saqqara B3,
GM 122, Beiträge zur ägyptologischen Diskussion, Ägyptologisches Seminar der
Universität Göttingen, Göttingen, 1991.
Peter Kaplony :
– Die inschriften der ägyptischen Frühzeit, Ägyptologische Abhandlungen. Bd. 1 à 8, Otto Harrassowitz, Wiesbaden, 1963.
Alexandre Moret :
– Fragments du mastaba de Shery, prêtre des rois Péribsen et Send, Ernest Leroux, Paris, 1922.
Jean-Pierre Pätznik :
– Le sceau et les sceaux-cylindriques de la ville d’Éléphantine dans le troisième Millénaire avant J.-C.,
Oxford-Archaeopress, 2005.
Thomas Schneider :
– Lexikon der Pharaonen, Artemis, Zuürich, 1994 – Avec Arne
Eggebrecht, Deutscher Taschenbuch, München, 1996 – Artemis & Winkler,
Düsseldorf, 1997 – Albatros, Düsseldorf, 2002.
Jürgen Von Beckerath :
– Handbuch der ägyptischen königsnamen, pp.108-113,
MÄS 20, Deutscher Kunstverlag, München, Janvier 1984. –
MÄS 49, Philipp von Zabern, Mainz, 1999.
– Chronologic des pharaonischen Ägypten : Die zeitbestimmung der ägyptischen geschichte von der Vorzeit bis 332 v.
Chr., Münchener Universitäts schriften,
MÄS 46, Philipp von Zabern, Mainz,Janvier 1997.
Dietrich Wildung :
– Die rolle Ägyptischer Konige im bewußtsein
ihrer nachwelt, Teil I. Posthume Quellen über die Könige der ersten vier
Dynastien, Bruno Hessling, Berlin, 1969 – Münchener Ägyptologische Studien,
Bd. 17, Deutscher Kunstverlag, München/Berlin, 1969.
Toby Alexander Howard Wilkinson :
– Early dynastic Egypt, New York : Routledge, London, Mars 1999 et Juin 2001.
– Royal annals of ancient Egypt : The Palermo stone and
its associated fragments, Kegan Paul International, New York, Distributed by
Columbia University Press, Janvier 2000.
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