Son origine, son début de carrière
Polyperchon (ou Polyspérkhôn, en Grec :
Πολυσπέρχων) fut régent de
Macédoine de 319 à 317 av.J.C. Général
Macédonien, il fut un des Lieutenants (ou Diadoques)
d’Alexandre le Grand
(336-323). Il naquit en 394 et fut le fils de Simmias de Tymphaea (ou Tymphaia) en
Épire. Il fut Général d’abord sous
Philippe II (359-336), puis sous
Alexandre le Grand
(336-323) qu’il accompagna dans tous ses longs voyages. Durant la conquête de l’Empire
Perse, il se distingua au combat
en tant qu’officier supérieur dans la phalange. À la
bataille de Gaugamèles, le 01 Octobre 331, il commanda, selon Arrien
(ou Lucius Flavius Arrianus Xénophon ou Arrien de
Nicomédie, historien Grec et philosophe de l’époque Romaine, v.85-v.145),
un régiment d’asthétaires, terme désignant les phalanges regroupées en formations régionales.
L’auteur témoigne aussi qu’il eut un respect des traditions Macédoniennes et une grande franchise en condamnant, avec
Callisthène (Historien Grec, v.360- ? ) la pratique de la proskynèse (Rituel qui sacralisait et divinisait le souverain qui en
était l’objet) ce qui le fit emprisonner quelques mois vers 327/326.
En 326, il obtint de nouveau un commandement lors de la
campagne dans le Gandhâra et prit la ville d’Ora.
Lors de la descente de la vallée de l’Indus, il seconda
Cratère (ou Kraterós,
v.370-321) à la tête d’un corps d’armée formé pour l’essentiel
de vétérans et il fut chargé avec ce dernier, par
Alexandre, de ramener en Macédoine
10.000 vétérans dont le corps d’élite des Argyraspides. Cependant il n’avait seulement atteint que la
Cilicie au moment de
la mort d’Alexandre en 323 ce qui
permit de sauver Antipatros (ou Antipater) alors empêtré à Lamia.
C’est ce que l’on appela la Guerre Lamiaque, conflit qui se déclencha en Grèce qui opposa des cités Grecques révoltées
aux Macédoniens (323/322). Il devint rapidement un proche
d’Antipatros (ou Antipater). Il resta en Macédoine, le
remplaçant, pendant la première guerre des Diadoques, celui-ci le chargeant notamment de reprendre la
Thessalie aux Étoliens,
où il écrasa la cavalerie de Menon de Pharsale ( † 321), tandis
que lui voyageait en Asie Mineure
pour affirmer sa régence sur tout l’Empire.
Le Régent
À l’été 319, par le testament
d’Antipatros (ou Antipater),
Polyperchon, qui était l’aîné des Généraux Macédoniens, fut nommé Protecteur (Épimélète) des Rois et Stratège d’Europe.
Il devint donc à la fois Régent de Macédoine et tuteur des Rois
Philippe III Arrhidée et
Alexandre IV Aigos, avec la lourde tâche de maintenir
la Macédoine hors du giron d’Antigonos (Roi 306-301) et de
Ptolémée
(Roi 305-282). Le fils aîné
d’Antipatros,
Cassandre (Roi
301-297) fut quant à lui confirmé dans ses fonctions de
Chiliarque, alors que Polyperchon aurait préféré voir son fils Alexandros accéder à ce poste.
Cette nouvelle organisation déplaisait à
Cassandre qui se sentait exclu et réclamait sa part et elle relança les
conflits les uns refusant de se soumettre, d’autres revendiquant pour eux-mêmes l’héritage etc…
Ils tombèrent tous dans la guerre civile qui éclata très vite parmi tous les successeurs
d’Alexandre.
En
Macédoine, des factions s’organisèrent autour de chacun des
protagonistes, Olympias prit le parti de
Polyperchon, qui rallia à sa cause Eumène de Cardia (ou Eumènès, 362-316), qu’il désigna Stratège d’Asie au nom des Rois,
avec la charge de combattre Antigonos, tandis que
Cassandre obtint le soutien
d’Antigonos et
Ptolémée. Polyperchon décida à ce moment
du retour en Macédoine d’Olympias alors réfugiée en
Épire avec
Alexandre IV.
Cassandre, farouchement
hostile à la Reine mère, entra en guerre ouverte contre le nouveau Régent.
En 318, Polyperchon promulgua un édit dans lequel il rendit la liberté aux cités Grecques afin de s’assurer leur soutien.
Son fils Alexandros, prit le contrôle du Pirée. Mais cette victoire fut de courte durée, la même année, sa flotte fut
détruite par Antigonos et
Cassandre, qui reprirent
Athènes
l’année suivante, malgré l’arrivée de renfort de Polyperchon. Polyperchon laissa alors Alexandros
devant la ville et tenta de prendre Megalopolis qui refusait d’appliquer
son édit. Cependant malgré la construction de machines de siège élaborées et le creusement de tunnels, les assiégés parvinrent
à repousser les assauts.
La maîtrise des mers était vitale pour Polyperchon afin de pouvoir joindre ses forces à celles d’Eumène de
Cardia contre Antigonos. Il chargea l’Amiral
Macédonien
Cleithos (ou Cleitus † 317) d’empêcher la jonction entre les forces du
Satrape de Thrace
Lysimaque (322-281) et celle
d’Antigonos. Vainqueur en mer, la flotte de Cleithos
fut néanmoins détruite la même année. Le soir de la bataille
Antigonos était parvenu avec l’aide des Byzantins à passer ses
troupes sur la rive européenne de l’Hellespont et à détruire la flotte ennemie au mouillage.
La fin de son règne
En 317,
Cassandre entra en
Macédoine où il avait maintenant une grade popularité, notamment
grâce à son alliance avec Démétrios de Phalère (Orateur et homme d’État
Athénien,
360-282) qui venait élu Archonte décennal d’Athènes.
Il s’entendit avec la Reine Adéa-Eurydice,
épouse de Philippe III,
véritable maîtresse du pouvoir pour son époux handicapé, et se fit rapidement proclamer Régent, alors que Polyperchon était
privé de ce titre. Toutefois, il ne pouvait prétendre officiellement à
la fonction tant que Polyperchon n’était pas déchu complètement. Toujours en 317,
Cassandre marcha donc sur
lui afin de le chasser de Macédoine. Ce dernier se sauva
en Épire, où il rejoignit
Olympias, la veuve
d’Alexandre,
Roxane et leur fils
Alexandre IV.
Pour reprendre la Macédoine, il forma une alliance avec Olympias,
qui fit venir une armée et avec le Roi d’Épire
Éacide (ou Eacides, 322-317).
Au début cela ce passa assez bien pour cette alliance. Leurs troupes
rencontrèrent celles d’Adéa-Eurydice et
Philippe III à la frontière entre la
Thessalie et la
Macédoine
sans qu’il y ait de réels affrontements. Selon l’historien Romain, Justin (III siècle ap.J.C), les soldats de
Philippe III
refusèrent de s’attaquer à la mère d’Alexandre
et désertèrent en masse. Philippe III
et son épouse perdirent la bataille et furent fait prisonniers.
Adéa-Eurydice réussit à s’enfuir, mais elle fut rattrapée vers Amphipolis.
Philippe III et
cent de ses partisans (Dont le frère de
Cassandre, Nicanor ou Nikanor)
furent assassinés en Septembre 317 (ou le 25 Décembre 317 selon les sources), sur l’ordre
d’Olympias,
peu de temps après Adéa-Eurydice se suicida.
La réaction de
Cassandre, alors qu’il combattait à Tégée dans
le Sud-est de l’Arcadie, fut rapide. Il voulait venger son frère,
Philippe III et
Adéa-Eurydice, et, alors que ses officiers poursuivaient
les combats contre Polyperchon, il assiégea
Olympias,
Roxane et le jeune Alexandre IV,
dans Pydna. Olympias se rendit contre la promesse d’être épargnée,
mais elle fut livrée par
Cassandre aux parents de
ses victimes. En 316, par crainte de l’influence encore importante de la
Reine-mère, Cassandre la fit assassiner après une parodie de procès.
Il s’empara ensuite d’Alexandre IV et de
Roxane. |
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Cassandre et
Ptolémée
chassèrent définitivement Polyperchon de Macédoine, qui fuit alors vers le
Péloponnèse, où il contrôlait encore avec son fils Alexandros quelques places
fortes. Il se réfugia en Étolie où il se constitua une principauté de 316 à 301. En 315, il s’allia à
Antigonos maintenant en lutte contre
Cassandre et il dirigea bientôt une grande
partie du Péloponnèse y compris Corinthe et
Sicyone.
Cassandre engagea la
guerre dans le Péloponnèse contre Alexandros qui
fut rapidement battu par les démocrates de
Sicyone. Polyperchon, affaibli, choisit
alors de se rallier à la cause de
Cassandre. Après le traité de paix de 311 entre
Cassandre et ses ennemis, et en 310 le meurtre
d’Alexandre IV et de sa mère,
Polyperchon maintint quand même son “petit Empire”.
Lorsque la guerre éclata de nouveau entre
Antigonos et les autres Diadoques, Polyperchon entra de nouveau en
conflit contre Cassandre. Il lui opposa, Hercule, qu’il fit
passer pour le fils illégitime
d’Alexandre et le présenta
comme un successeur potentiel
d’Alexandre IV, dans le même temps, il leva une
importante armée de 20.000 hommes.
Cassandre, plutôt que de s’engager dans un combat difficile,
proposa à Polyperchon de le conserver dans ses possessions. La situation allait changer pour Polyperchon. En 309, Polyperchon
changea de stratégie, il cassa son traité de paix avec
Antigonos et il fit empoisonner le jeune
Héraclès et sa mère, Barsine, pour rentrer dans les bonnes grâces de
Cassandre.
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Il se plaça dès lors sous l’égide de ce dernier qui le confirma dans ses possessions, dont
Corinthe et
Sicyone.
Cassandre tenta en 307 de le
déposséder de l’ensemble du territoire partagé mais Polyperchon parvint à se maintenir dans le Péloponnèse. Toutefois, il ne joua
plus aucun rôle politique jusqu’à sa mort vers 303, à l’âge de plus de 90 ans, il n’y a pas de date sûre pour sa mort.
L’absence de référence sur cette période est du au fait que le récit ultérieur de
Diodore de Sicile (Historien
Grec, v.90-v.30) fut perdu et aucun autre
ne couvre cette époque de façon suffisamment détaillée. Une mention dans la Vie de Pyrrhus 8.3 de
Plutarque
(Philosophe, biographe et moraliste Grec, 46-v.125), suggère qu’il pourrait avoir vécu dans le début du IIIe siècle ?.
Bibliographie
Pour
d’autres détails sur le Régent voir les ouvrages de :
André Aymard :
– Le monde Grec au temps de Philippe II de Macédoine et d’Alexandre le Grand
(359-323 av. J.-C.), Centre de Documentation Universitaire, Paris, 1976.
Richard A.Billows :
– Kings and colonists : Aspects of Macedonian imperialism, E.J.Brill, Leiden, New York, 1995.
Albert Brian Bosworth :
– Polyperchon, Oxford University Press, Oxford, 2005.
Robert Malcolm Errington :
– A history of the Hellenistic world, Blackwell Publishing, Malden, 2008 – Wiley, Chicester, 2011.
René Ginouves, Giannēs M.Akamatēs et Manolēs Andronikos :
– La Macédoine de Philippe II à la conquête Romaine,
CNRS Editions, Paris, 1993 – Ekdotike Athenon,
Athènes, 1993 – En Anglais, Macedonia : from Philip II to the Roman conquest,
Princeton University Press, Princeton, 1994 – Ekdotike Athenon, Athènes, 1994.
Nicholas Geoffrey Lemprière Hammond :
– A History of Macedonia, vol. 3, 336-167 B.C, Clarendon Press, Oxford, 1972 et 1988.
Waldemar Heckel :
– Leonnatos, Polyperchon and the introduction of Proskynesis, pp : 459-461,
The American Journal of Philology 99, N°4, 1978.
– The marshals of Alexander’s empire, Routledge, London, 1992.
– Who’s who in the age of Alexander the Great : Prosopography of Alexander’s empire,
Blackwell Publishing, Malden, 2006.
– Polyperchon as ‘Brigand’: Propaganda or Misunderstanding ?, pp : 123-126, Mnemosyne60, N°1, 2007.
Paschalis Paschidis :
– Missing years in the biography of Polyperchon (318/7 and 308 BC onwards),
National Hellenic Research Foundation, 2009.
Joseph Roisman :
– Alexander’s veterans and the early wars of the successors, University of Texas Press, Austin, 2012.
Graham Shipley :
– The Greek world after Alexander, 323–30 BC, Routledge, London, New York, 2000.
Robert H.Simpson :
– Antigonus, Polyperchon and the Macedonian Regency, pp : 371–373, Historia 6, 1957.
Tran Tam Tinh :
– La Macédoine de Philippe II a la conquête Romaine, Phoenix – Toronto 50, N°1, 1996.
Phillis Wheatley :
– The date of Polyperchon’s invasion of Macedonia and murder of Herakles, pp : 12–23, Antichthon 32, 1998.
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