L’Art  en  Égypte
 

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Sommaire
 

L’art à la période de Nagada et à l’Époque Thinite
L’art à l’Ancien Empire

L’architecture funéraire
Dans le domaine de la sculpture

L’art au Moyen Empire

L’architecture funéraire et les temples divins
Dans le domaine de la sculpture

L’art au Nouvel Empire et à la Basse Époque

Sur le plan architectural
Dans le domaine des arts graphiques et de la statuaire

La période Amarnienne
Bibliographie
Quelques musées ou sites

 

Tête de Néfertiti –
Ägyptisches Museum – Berlin

 

   L’Égypte, fut de tous temps un pays conquérant qui au cours de son histoire côtoya beaucoup de civilisations, quelles fussent de méditerranée ou d’Asie. Paradoxalement ce pays resta jusqu’à l’époque Grec, puis Romaine très fermé aux influences artistiques et culturelles étrangères, ce qui donna naissance à un style artistique spécifique qui évolua lentement lors de la longue période située entre le début de l’épopée pharaonique, jusqu’à la dynastie Ptolémaïque. L’art de l’Égypte antique est caractérisé par des lignes claires, associées à des formes simples et des aplats de couleur. Les artistes utilisaient un quadrillage avec des lignes verticales, horizontales et perpendiculaires, pour former et donner les proportions à leurs esquisses.
 
   Bizarrement il fallut attendre le milieu de cette civilisation pour voir apparaître des dessins avec des perspectives. La symbolique est aussi très importante dans l’art Égyptien. Ainsi, les animaux sont des représentations mythiques des divinités. La couleur avait également une grande importance en fonction du sens recherché : Le bleu et le vert représentaient le Nil et la vie, le jaune suggérait le Soleil, le rouge évoquait la force, le pouvoir et la vitalité.  L’art sera très influencé, au cours des différentes grandes périodes historiques du pays, par l’importance sociale et religieuse, l’État et la politique.


 

Représentation d’une procession

 
   La hauteur des personnages dépendait par exemple de leur rôle dans la société, les plus importants étant bien sur les plus grands. Le Roi ou le Pharaon est ainsi toujours représenté comme le plus grand des hommes. Il en était évidement de même pour les Dieux qui étaient plus ou moins imposants selon qu’ils étaient plus ou moins puissants. À part quelques exceptions, ils étaient représentés supérieurs aux Rois ou Pharaons.
 
   De par la nature très religieuse de cette civilisation de l’Égypte antique, la plupart des œuvres d’art de cette époque sont à l’image des divinités ou du Pharaon qui était l’incarnation divine dans le monde des vivants. En fonction de nos critères modernes, l’expression artistique Égyptienne peut paraître austère et statique.
  

   Néanmoins, il faut préciser que pour les Égyptiens l’intention n’était pas de recréer exactement l’apparence des choses, mais plutôt de saisir l’essence d’une personne, d’un animal ou d’un objet et ce pour l’éternité. Ils ne recherchaient pas en priorité la beauté. Les statues et les bas-reliefs enfouis au fond des temples et des tombes n’étaient pas destinés à être vus. Les Égyptiens, dans leur religion, attachaient beaucoup d’importance à l’apparence physique et au corps, qui devait être le plus pur possible afin de pouvoir renaître dans l’au-delà (Voir momie).
 
   C’est pour cette raison que la statuaire représentera l’homme au meilleur de sa force, avec un corps jeune, élancé et vigoureux. Lorsque le sculpteur ou le peintre devait travailler sur un fond plat, il se livrait à une analyse précise des éléments importants, révélateurs de la personne humaine et de la situation et recréait ceux-ci suivant une synthèse qui était régie par quelques grands principes dont : La tête et le bas du corps présentés de profil tandis que l’œil et le torse se présentent de face. La multiplicité des échelles permettait de noter la hiérarchie des personnages ou de mettre en valeur tel ou tel aspect important d’une scène. Comme on l’a vu plus haut, le Roi, par exemple, était beaucoup plus grand que ses ennemis ou les gens qui étaient sous ses ordres. Les artistes avaient une connaissance approfondie de l’anatomie et un sens perfectionniste du détail, surtout pour les dessins animaliers.

 

L’art dans l’histoire
 

Vase en terre cuite peinte d’un
bateau et d’animaux schématisés.
Musée archéologique de Laon

 

L’art à la période de Nagada et à l’Époque Thinite    (v.3150 à 2147)

 
   Le terme de Nagada provient du nom de l’ancien nom du site de Haute-Égypte, Ombos. On désigne ainsi la période couvrant entre 5200 (Nagada I ab) et 3050 (Nagada IIIb2). Sur cette immense période l’art est principalement connu par les tombes. Il prouve que déjà l’artisanat avait atteint un haut niveau, tant dans le domaine de la céramique que dans celui de la métallurgie et de la taille des pierres. C’est lors des deux premières dynasties que vont être réellement mises en place les conventions de l’art Égyptien. Elles évolueront en parallèle avec l’émergence du système politique et social. On connaît à la fois une architecture funéraire qui se développe et un mobilier funéraire varié.
 

L’art à l’Ancien Empire  (2647 à 2150)

 
   Cette période de l’histoire fut caractérisée par une formidable croissance de la civilisation qui fut accompagnée par un progrès artistique continu. C’est l’époque des grandes pyramides, de la création du scribe accroupi, des complexes funéraires monumentaux et d’une stature gigantesque. Mais c’est surtout, pour la plupart des historiens de l’art, l’apogée de l’art Égyptien, qui atteint alors une perfection inégalée. Le pays enfin unifié devient fort et riche sous l’emprise d’une administration bien installée. Grâce aux richesses accumulées on va assister à la réalisation d’immenses ouvrages, que ce soit donc dans l’architecture funéraire ou dans la sculpture.
 
   L’architecture funéraire, aux débuts de la IIIe dynastie, voit les tombeaux des Rois se résumer à des mastabas en briques. La pyramide à degrés de Djoser (ou Djéser, 2628-2609) à Saqqarah, conçue par Imhotep va constituer une révolution, avec la première construction monumentale en pierre de l’histoire de l’humanité. Elle symbolisait la butte primordiale, lieu de la création. La IVe dynastie voit se développer le concept de la pyramide et les architectes vont s’attacher à rendre leurs monuments funéraires de plus en plus lisses. Plusieurs édifices vont être construits avant d’arriver à la perfection que sera la pyramide de Khoufou (ou Khéops, 2551-2528).
 
   Vont suivre à celle de Djoser, les trois pyramides de Snéfrou (2575-2551). Celle de Meïdoum, puis les deux pyramides de Dahshour : La pyramide rhomboïdale et la pyramide rouge, ce qui constituera le plus grand exploit architectural de tous les temps à l’actif d’un seul souverain. Viendra celle de Khoufou qui est considérée comme la pyramide la plus complexe et la plus parfaite, puis celles de ses successeurs : Djédefrê (2528-2518), Khafrê (ou Khéphren, 2518-2492) et Menkaourê (ou Mykérinos, 2492-2472) qui seront d’une conception plus modeste.
 


 

Pyramides de Khoufou et Khafrê

   Les deux dynasties suivantes continueront à utiliser la forme lisse, sur les sites d’ Abousir (Ve dynastie) et de Saqqarah (VIe dynastie). Malheureusement, les techniques utilisées seront plus fragiles et ne permettront pas une conservation des monuments dans le temps. À partir du règne d’Ounas (2356-2323, fin Ve dynastie) les concepteurs améliorent encore leurs pyramides en décidant d’une décoration intérieure. C’est avec la pyramide de ce Roi que l’on verra pour la première fois des Textes des Pyramides, sculptés dans la chambre funéraire.
 
   Si avec ces deux dynasties la pyramide prend des dimensions plus réduites, l’activité de bâtisseur des Rois va maintenant comporter un nouveau style de temple : Les grands temples solaires, nouveaux lieux de culte au Dieu . Ces monuments son caractérisés par une nouvelle architecture représentant le cosmos, avec des colonnes végétales dites palmiformes et des obélisques. L’Ancien Empire est parallèlement le théâtre de nombreuses autres évolutions. Les sépultures, les temples funéraires et solaires vont s’orner de bas-reliefs peints.
 


 

Les oies de Meïdoum

   On assiste au développement de la représentation du défunt. La chapelle du mastaba d’Akhtetep, remontée au musée du Louvre, en est l’un des exemples. Aux thèmes traditionnels s’ajoutent des scènes de la vie quotidienne, le voyage dans l’au-delà, les porteurs d’offrandes, les fausses portes, la représentation d’une procession funéraire, etc… Chacune de ces représentations avait un sens symbolique et une place précise. Le but était de toujours recréer le déroulement de la vie. À partir du règne du Roi Ounas, le décor peint se trouvera aussi dans les chambres funéraires des pyramides. Celle de ce Roi, décorée d’un ciel étoilé et du livre des pyramides est particulièrement représentative. La fameuse fresque des dites "les oies de Meïdoum" (Peinture de six oies trouvée dans le mastaba de Néfermaât) est, elle aussi, un témoin du développement de l’art de la fresque sous la VIe dynastie.


 

Scribe accroupi –
Musée du Louvre

 
  Dans le domaine de la sculpture, on constate des innovations telles que les sculptures de scribes, symboliques du style de l’Ancien Empire. Mais la grande évolution dans la statuaire est l’augmentation de la taille. Si les statues du Roi Khâsekhemoui (2674-2647, IIe dynastie) ne dépassaient pas les 70 cm, celle trouvée dans le serdab (Pièce que l’on trouve dans les monuments funéraires) accolée à la pyramide de Djoser, est haute de près d’1,50 m. Elle représente le Roi presque grandeur nature. Parfois, on rencontre des formes plus rares telles que des reproductions fidèles de têtes. On constate également qu’au début de la période, les statues sont assez massives.

Pépi I à genoux
Brooklyn Museum

 

 
   Les jambes et les bras ne sont pas détachés du bloc, la tête est un peu engoncée, les jambes sont massives et lourdes. Une autre œuvre caractéristique de l’Ancien Empire se trouve être le sphinx, représentant éternel de la puissance royale symbolisée par l’association d’une tête humaine et d’un corps de lion. Le plus connu est le grand sphinx de Gizeh, qui représente soit le Roi Khoufou (ou Khéops, 2551-2528), soit le Roi Khafrê (ou Khéphren, 2518-2492), les avis encore aujourd’hui divergent entre spécialistes.
 
   Les statues des particuliers sont généralement de plus petite taille, à l’exception du groupe de Sépa et Nésa. Si celles de la IVe dynastie possèdent plutôt un corps musclé, la tendance sous la Ve dynastie est au réalisme. Le visage se doit d’être assez fidèle au modèle, car il contient une réalité magique. On remarque les traces de fard vert sous les yeux des jeunes femmes, cette couleur est caractéristique des maquillages de la IIIe dynastie. Ensuite, les fards prendront la couleur noire.
 
   Les statues sont peintes, avec des couleurs conventionnelles qui sont : Le brun pour l’homme, l’ocre clair pour la femme et le noir pour les cheveux. Dans le "scribe accroupi" du musée du Louvre, les yeux sont faits en cristal de roche pour la pupille, en pierre blanche pour la cornée et cernés par du cuivre. À partir du règne du Roi Ounas, un nouveau style apparaît. Les statues sont en général de plus petites tailles et le bois en est le matériau privilégié. La représentation du corps humain change, les têtes deviennent plus grosses, avec des yeux larges, un corps longiligne, une taille mince et les bras se détachent du corps. Le sujet est généralement représenté agenouillé.
 

  Pour d’autres détails voir : : L’Art de l’Égypte antique. (Wikipédia)

 

Sphinx au nom d’Amenemhat II
Musée du Louvre

L’art au Moyen Empire (2022 à 1650)

 
   Lors de la Première Période Intermédiaire (2150/40-2022) la production artistique s’est régionalisée et le savoir-faire des artistes de l’Ancien Empire c’était un peu perdu, ainsi les œuvres apparaissent maladroites. Après cette période troublée, le Moyen Empire va marquer un retour au faste et un nouveau chapitre dans l’art Égyptien va s’ouvrir. Cette renaissance est marquée par un effort évident pour renouer avec les traditions artistiques antérieures. La pyramide revient pour les inhumations royales et quelques exemples de temples funéraires font leur apparition. La statuaire gagne en hauteur et en diversité et les bijoux sont de plus en plus finement travaillés. Ceux trouvés dans une tombe inviolée à Dahshour, sont de magnifiques exemples d’orfèvrerie. la capitale de l’Ancien Empire devient l’inspiratrice des élans artistiques sous le règne des souverains de la XIIe dynastie (1991-1783) et les reliefs décorant les tombeaux, quoique fait dans le style de la tradition de l’ancien régime, gagnent en finesse et en précision et certaines scènes furent conçues uniquement en peinture.
 
   Cet élan artistique ouvrit de nouvelles voies aussi dans le domaine de la sculpture. Cette époque a laissé un héritage important, les artistes ont quitté le style académique pour se diriger vers des représentations plus personnelles. Le Moyen Empire sera donc considéré comme une époque variée et novatrice pour la statuaire avec l’apparition d’un type de statue très particulier, aux formes géométriques et inconnues dans l’iconographie royale, généralement appelée "la statue-cube" ou "statue-bloc". Ce style restera en grâce jusqu’à la Basse Époque. Sous le Moyen Empire va se développer aussi un nouveau type de sarcophage, rectangulaire et emboîtable, le plus souvent en bois stuqué et peint. Celui-ci va se parer de motifs et de textes, comme :
– La frise des sarcophages, représentant les objets dont le défunt aura besoin dans l’au-delà,
– Les Textes des Sarcophages, un recueil magique et religieux,
– Le texte des deux chemins, une sorte de carte du monde souterrain.


 

Tête d’une femme inconnue
Brooklyn Museum

 
   L’architecture funéraire et les temples divins dont on connaît plusieurs exemples, comme : Le temple de Tôd dédié au Dieu Montou, construit sous la XIIe dynastie, par Sésostris I (1962-1928), où fut découvert un important trésor d’argenterie (Aujourd’hui conservé au musée du Louvre). Toujours sous Sésostris I, c’est pour commémorer sa première fête Sed (ou Heb-Sed) que fut construit la chapelle blanche. À Médamoud, Sésostris III (1878-1843) édifia un temple consacré aussi à Montou.
 
   Les vestiges de ce temple ont été dispersés dans différents musées du monde, dont le Louvre et celui du Caire. Ce souverain construisit aussi à Abydos un temple cénotaphe consacré à Osiris, dont le plan et la structure sont précurseurs des temples du Nouvel Empire. Le Fayoum fut une région particulièrement favorisée par les Rois de la XIIe dynastie.
 
   Lorsque le Roi Amenemhat I (1991-1962) arriva au pouvoir, il y fonda une nouvelle capitale, délaissant Thèbes. Cette nouvelle capitale, il l’appela Itchaouy (ou Itj-Tawi) "Celui qui saisit les Deux Terres". Elle n’a jamais été localisée avec précision. Presque chaque Roi de la XIIe dynastie (1991-1783) va construire son monument funéraire près de l’oasis du Fayoum. (Voir pyramide). Le monument funéraire d’Amenemhat I se trouve près du village moderne de Licht (ou El-Lisht).
 


 
La femme aux pouces coupés – Musée du Louvre

   Les égyptologues supposent donc qu’ Amenemhat I choisit cet emplacement parce qu’il était près de sa capitale et de ce fait ils identifient Itchaouy à Licht. Outre les complexes funéraires, les Rois construisirent plusieurs temples autour du lac Karoun qui occupe le centre de la dépression du Fayoum. Celui de Qasr el-Sagah est de loin le plus obscur par son architecture qui rappelle ceux de la IVe dynastie.
 
   Celui de Médinet Mâdi, actuellement englobé dans des bâtiments d’époque Ptolémaïque, était dédié au Dieu Sobek. Il fut réalisé par les Rois Amenemhat III (1843-1797) et Amenemhat IV (1797-1787). Amenemhat III fit aussi ériger deux colosses à son image au bord du lac. Ces deux statues représentent le Roi assis sur son trône. Seuls les vestiges des deux socles massifs qui les supportaient restent aujourd’hui encore visibles. Les premiers Rois du Moyen Empire furent enterrés dans la région de Thèbes, dans des hypogées creusées à même la roche.
 
   Le Roi Montouhotep II (2061-2010) fit construire sa sépulture à Deir el-Bahari, à côté du futur temple d’Hatchepsout (1479-1457, XVIIIe dynastie). Son complexe funéraire était consacré en partie à Amon. Les particuliers riches ou les hauts fonctionnaires du Moyen Empire furent principalement inhumés dans les nécropoles de Beni Hassan et d’Assouan. Dans la première se trouvent creusées dans la falaise près de 30 tombes datant des XIe et XIIe dynasties. À cette époque se développa aussi l’art de La faïence. L’utilisation de ce matériau de couleur bleue turquoise, typique de l’Égypte antique, connu une croissance sous deux formes : On trouvait les hippopotames et les concubines. L’hippopotame était associé au mal.
 
   On peignait donc sur les statuettes de faïence des plantes des marais pour qu’il reste dans son élément. Les concubines, quant à elles, sont des statuettes féminines. En général, elles ne possédaient pas de jambes, mais avaient des caractères sexuels bien marqués. Leur symbolique et leur utilisation restent encore aujourd’hui assez mystérieuses.


 

Statue cube de Sénènmout
British Museum

 
   Dans le domaine de la sculpture, il faut évoquer, les statues de Sésostris III (1878-1843, XIIe dynastie) qui montrent le Roi à différents âges de la vie, quelquefois jeune et robuste, quelquefois âgé avec les traits marqués. Dans le domaine privé, des changements aussi ont lieu, dans les perruques, les vêtements et les attitudes données aux personnages. Il a été évoqué plus haut l’apparition de la "statue-cube". Les premières statues annonciatrices du genre datent de la VIe dynastie. Le personnage est représenté accroupi sur le sol, les bras croisés posés sur les genoux et serrés contre sa poitrine. Le corps est entièrement recouvert d’un manteau dissimulant les membres. Seule la tête et la coiffure émergent la masse qui laisse à peine percevoir les membres. Cet ensemble, qui constitue ainsi un cube parfait aux angles arrondis, donne la possibilité de graver de longues inscriptions hiéroglyphiques sur les côtés.
 
   La "statue cube" était au début faite en bois et se trouvait sur les barques funéraires. Elles étaient vendues notamment dans la ville sainte d’Abydos, aux visiteurs à l’occasion des grandes fêtes annuelles. Les gens, même s’ils ne disposaient pas de revenus élevés, pouvaient acquérir une pièce sur laquelle leur nom était gravé et la déposer comme offrande votive dans l’enceinte du temple. Un exemple, la statue cube en calcaire de Si-Hathor, datant du milieu de la XIIe dynastie, aujourd’hui au British Museum. Il s’agit de l’un des plus anciens exemples retrouvés dans la Ville Sainte. Ce type de statuaire subit diverses modifications au fil du temps. Progressivement, la forme originelle va tendre vers la simplification, des variantes pouvant intervenir : Les jambes disparaissent sous la draperie et les pieds furent apparents ou non.
 

   Le bois est également de plus en plus utilisé. La statuette de la "femme aux pouces coupés" aujourd’hui au musée du Louvre, est représentative, avec sa raideur, ses yeux grands ouverts et ses longs doigts. Le groupe de Senpou, en calcaire, mais avec une table d’offrande en albâtre, est l’un des nombreux objets retrouvés à Abydos. Cette mode semble avoir été particulièrement importante à la fin de la XIIe dynastie (1991-1783) et au début de la XIIIe dynastie (v.1783-v.1625). Le défunt est entouré de ses parents et devant lui s’étale une table d’offrande. L’orfèvrerie et la joaillerie deviendront des arts particulièrement importants au Moyen Empire. Ils nous sont surtout connus grâce à la découverte de tombes inviolées de Princesses à Dahshour.
 
   Dont la découverte de Jacques Jean Marie De Morgan qui dans un tombeau appartenant à la Princesse Sithathor-Iounet (ou Sathathor Younet ou Sit-Hator-Lunet ou Sithathoriounet ), fille de Sésostris II (1895-1878), a mis au jour un coffre avec les bijoux de la Princesse et son mobilier funéraire. Il y avait entre autres, un magnifique pectoral au nom de Sésostris II. Le jour suivant il a trouvé un autre trésor, dans un autre tombeau, appartenant celui là à la Princesse Meryt (ou Merite), autre fille de Sésostris II. Il contient plusieurs mêmes éléments que celui de Sithathor-Iounet. Le lapis-lazuli, la cornaline et la faïence sont incrustés sur l’or par la technique du cloisonné, pour créer des diadèmes et des pectoraux. Celui de la Reine Méretseger (ou Mereretséger (ou Mertseger ou Meretseger ou Mertseger ou Mert-Seger), épouse de Sésostris III, est particulièrement remarquable.
 

  Pour d’autres détails voir : L’Art de l’Égypte antique. (Wikipédia)

 
L’art au Nouvel Empire   (1540 à 1080)  et à la Basse Époque  (656 à 332)

 
   Sur le plan architectural, après l’ère tumultueuse de la Deuxième Période Intermédiaire (v.1650-1550/49),c’est avec la réunification du royaume que l’art peut à nouveau reprendre ses marques, en revenant, comme au début du Moyen Empire (2022-1650) aux formes simples. Avec les nombreux succès militaires des Rois Thébains de la XVIIe dynastie (1625-1549), contre l’envahisseur Hyksôs, qui caractérisent le début du Nouvel Empire, de nombreuses constructions sont réalisées, tel que le domaine d’Amon à Karnak. On note aussi un grand nombre de temples funéraires sur la rive gauche de la capitale.


 
Vase en forme de femme
agenouillée avec un enfant –
Musée du Louvre

 
   Avec la XVIIIe dynastie (1549-1295) l’expansionnisme Égyptien étant à son plus haut niveau et les victoires se succédant, le pays devient de plus en plus riche et les souverains vont le parer de magnifiques réalisations. Le temple de Karnak fut agrandit au cours des siècles pour remercier le Dieu Amon de ses faveurs, jusqu’à faire de cet édifice le plus gigantesque sanctuaire qu’ait connu le monde antique, sa salle hypostyle recouvrant à elle seule une surface de 5.000 m² pour une hauteur de 24 m.
 
   Parmi les autres prouesses architecturales accomplies au cours du Nouvel Empire ont citera un grand nombre d’obélisques et de statues colossales édifiées tout au long de cette période et dont le souverain bâtisseur le plus actif dans ce domaine, fut sans aucun doute le Pharaon Ramsès II (1279-1213). Certains souverains se caractérisèrent par leur volonté de marquer le royaume de leurs empreintes par l’accomplissement de prouesses architecturales.
 
   Avant Ramsès II et son temple d’Abou Simbel, ainsi que sa capitale Pi-Ramsès, on citera surtout les réalisations de la Reine Hatchepsout (1479-1457), dont son magnifique temple de Deir el-Bahari, édifice monumental adossé à la falaise où des dizaines de portiques furent posés sur trois terrasses superposées. Mais aussi Amenhotep IV (ou Amenôphis ou Akhénaton, 1353/52-1338), qui par sa révolution religieuse créera lui aussi une ville, Amarna d’où en découlera un nouveau style artistique appelé, l’ art Amarnien.
 


 

Couple d’époux – Musée du Louvre

   Dans le domaine des arts graphiques et de la statuaire, on a d’abord eu recours aux principes du passé, mais peu à peu, le style du Nouvel Empire s’est affirmé jusqu’à atteindre un degré de maîtrise tel que cette période sera considérée comme l’âge d’or de ce mode de représentation. Dans les tombeaux, on s’écarta de la représentation des scènes de la vie quotidienne et ce furent les événements importants d’une vie qui furent dépeints pour l’éternité. Il y eut de nombreuses nouveautés introduites dans les motifs, comme les plantes, les fleurs, les oiseaux, les paysages etc… Cette période fut aussi marquée par une plus grande ouverture de l’Égypte vers l’étranger et cela se ressentit dans les styles qui évoluèrent au rythme des influences étrangères. La statuaire vit également de nombreuses innovations.
 
   Au niveau des accessoires sont introduits des emblèmes divins. Sous le règne d’Amenhotep IV on l’a dit plus haut, tous les talents se libérèrent sans que l’on sache vraiment la signification de ce grand changement. Les statues cube ne perdent pas de leur importance au contraire, les formes sommaires et stylisées reviennent dans la statuaire privée, placées dans la cour des temples. Leurs formes de plus en plus dépouillée, où les corps se réduisent à un simple cube d’où n’émerge plus que le visage, offrent de belles surfaces planes permettant d’ajouter des inscriptions, prières et dédicaces. À l’époque Ramesside, les attitudes et les costumes se diversifient. Les formes du corps apparaissent plus souples et un peu plus détachées du bloc. On va ensuite rencontrer durant la Basse Époque des œuvres remarquables par leur vérité et leur réalisme, que l’on retrouve aujourd’hui dans tous les grands musées mondiaux.

 


 
Akhénaton – Musée du Caire

La période Amarnienne   (v.1350 à 1338)

 
   Au cours de la XVIIIe dynastie, le Pharaon Amenhotep IV (Aménophis ou Akhénaton, 1353/52-1338) décide, peu après son arrivée au pouvoir, d’abolir la religion polythéiste en place et surtout le culte d’Amon. Il installe sa capitale en Moyenne-Égypte, à Amarna et met en place une religion monothéiste basée sur le culte d’Aton, Dieu du disque solaire. Ce bouleversement va se ressentir dans l’art, surtout dans la statuaire, sans que l’on en connaisse aujourd’hui pleinement la signification. Certains textes de l’époque (Dont une stèle du sculpteur Bak) nous rapportent que le souverain lui-même aurait enseigné aux artistes ces modifications profondes dans la représentation.


 

Fragment de relief représentant Akhénaton et
sa famille – Ägyptisches Museum – Berlin

   Ce nouveau style qui se développe est appelé l’art Amarnien. Il est très différent par bien des aspects de l’art classique en place avant lui. Dans le domaine des arts graphiques, l’art royal, représente le souverain et sa famille dans des scènes intimes. Ce sont des nouveaux sujets que les artistes peignent ou gravent sur les fresques et bas-reliefs. La Reine Néfertiti est assise sur les genoux du Roi, les enfants jouent avec leurs parents, le Roi embrasse la Reine, la famille est en train de manger, on voit des cadeaux, des gestes d’affection, ce qui est unique dans l’histoire de l’art Égyptien.
 
  Jusque là, l’art officiel représentait avant tout le Roi dans des postures manifestes. La peinture illustre aussi les grands hymnes naturistes : Plantes, fleurs, oiseaux et papillons aux couleurs éclatantes qui prennent leur envol. Le Dieu solaire Aton est représenté surmonté d’un disque placé dans le ciel. Il communique avec tous les membres de la famille royale grâce à des petites mains situées à l’extrémité de ses rayons.
 
   La prospérité et l’intimité de la famille royale garantissent l’équilibre de l’Empire. Les tombes des nobles sont décorées de scènes de la famille royale qui se rend au temple d’Aton sur un char. L’art décoratif Amarnien est constitué d’objets de verrerie et de faïence d’une grande qualité. Les décors du mobilier et la bijouterie deviennent sophistiqués. L’or est coloré de rose. Certains archéologues estiment que l’iconographie d’Amarna ne faisait que suivre une exigence du Pharaon, qui voulait que fût mis en évidence le lien exclusif qui unissait la famille royale, au Dieu unique et créateur de toute vie.


 

Akhénaton –
Musée du Louvre

 
   Au niveau de la statuaire, les fouilles entreprises sur le site de Tell el-Amarna par Ludwig Borchardt et la Deutsche Orient Gesellschaft révélèrent au monde entier un art surprenant, mais d’une grande beauté, que par ses formes on pourrait tout à fait présenter comme de l’art contemporain. Certaines de ces œuvres sont aujourd’hui la possession du musée Égyptien de Berlin. Après la mort d’Amenhotep IV, la religion traditionnelle reprenant sa place et les artistes reviendront à un style plus classique, mais qui restera marqué par certains aspects de l’art Amarnien
.

 

Buste de Néfertiti – Ägyptisches Museum – Berlin

 
  
L’art Amarnien dans ses représentations humaines, se veut réaliste (Voir le fameux buste de Néfertiti, du sculpteur Thoutmès ci-contre), vivant, expressif, voire caricatural, privilégiant les courbes. Souvent considéré comme excessif, cet art se singularise par de longs visages au crâne allongé, l’œil est oblique presque exorbitant, les paupières lourdes avec des rides d’expression, les lèvres minces et serrées ou au contraire très charnues et bien dessinées, une moue boudeuse avec des pommettes accentuées, de longs cous et des corps mous avec des ventres très courbé.
 
   Amenhotep IV y a souvent une apparence androgyne ou caricaturale, ainsi, les statues colossales découvertes dans le temple d’Aton, à Karnak, construit par ce Pharaon. Le Souverain est présenté avec tout un tas de tares physiques : La déformation crânienne, le visage émacié, les lèvres charnues, le menton prognathe, la poitrine étriquée, le ventre proéminent, les hanches féminines exagérément accentués. Sur un bas-relief, aujourd’hui conservé au musée de Berlin, Néfertiti et les petites Princesses sont représentées avec le même visage étiré en longueur, en tout point identique à celui d’ Amenhotep IV qui leur fait face. Cet excès se tempéra avec le magnifique buste du souverain coiffé de la couronne bleu, aujourd’hui au musée du Louvre. Si la révolution religieuse introduite par Amenhotep IV fut sans lendemain, l’influence Amarnienne demeura sur l’art Égyptien.

 

Bibliographie

 
   Pour d’autres détails voir les ouvrages de :
 
Rose-Marie Hagen, Rainer Hagen et Norbert Wolf :
Egypt art, Taschen, Köln, London, 2007
Marie Ange Bonhême :
L’art Égyptien, n°1909, Que sais je?, PUF, Paris, 1992 et 1996.
Rita E.Freed, Lawrence Michael Berman et Denise M.Doxey :
Arts of ancient Egypt, Museum of Fine Arts, MFA Publications, Boston, 2003.
Lise Manniche:
L’art égyptien, Collection : Tout l’Art – Histoire, Flammarion, Juin 1993.
Maarten J.Raven :
Atlas of egyptian art, The American University in Cairo Press, Février 2001 et Septembre 2007.
Gay Robins :
The art of ancient Egypt, Harvard University Press, Cambridge, 1997.
Abdel Ghaffar Shedid, Matthias Seidel, Régine Schulz, Claire Debard et Martina Ullmann :
Ägypten : Kunst & Architektur, Könemann, 2001 – En Français, Egypte : Art & Architecture, Collection : Visites guidées, Editions Place des Victoires, Mai 2005 – Könemann, Février 2006 – En Espagnol, Egipto : Arte y architectura, Könemann, Janvier 2003 et Janvier 2006.
William Stevenson Smith et William Kelly Simpson :
The art and architecture of ancient Egypt, Yale University Press Pelican history of art, Yale University Press, New Haven, 1998.
Steffen Wenig :
The art of the empire of Kush, dynasty 25 and Napata, Éditeur inconnu, 1974.

 

Quelques musées ou sites Cliquez sur les images
 

  British Museum – Londres   Ägyptisches Museum – Berlin
  Musée du Louvre – Paris   Musées royaux des Arts de Belgique – Bruxelles
  Metropolitan Museum of Art – New York   Allard Pierson Museum – Amsterdam
  Musée Égyptien du Caire   Museum of Fine Arts (MFA) – Boston
  Museo delle antichità egizie – Turin   The Cleveland Museum of Art Egyptian Highlights
  Musées du Vatican   Musée d’Atlanta – Art de l’Égypte ancienne
  Museu Egipci de Barcelona   North Carolina Museum of Art
  The George Ortiz collection    Oriental Institute Museum – Chicago
  Insecula   Akhenaten and family
  Musée national archéologique d’Athènes   National Gallery of Art – Washington
  Brooklyn Museum   L’Ermitage – Saint-Pétersbourg
  Musée de l’Acropole – Athènes   Neues Museum – Berlin

 

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