Quelques  grandes  villes :
Pi-Ramsès
 

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Sommaire
 

▪  La ville, noms et localisation
▪  L’histoire de la cité
▪  Bibliographie
▪  Filmographie

Vue d’une partie
du site

 

 ou    Aa-nakhtu

 

Vue d’une partie du site
Photo avant retouche :  flickr.com

 

Noms  et  localisation

 
   Pi-Ramsès (ou Pi-Ramesse ou Per-Ramsès ou Aa-nakhtu ou Per-Rames-su-méri-amon-pa-ka-aa-en-pa Ra-Hor-achti "La maison dans la ville de Ramsès" en Égyptien, ou Qantir en arabe) fut une ville de Basse-Égypte entre le Nil et le désert arabique dans le 19e nome de Basse-Égypte, le nome "inférieur de l’enfant royal"  (nn-pH). Le site exact fut très longtemps sujet à plusieurs interprétations. Pour l’égyptologue Pierre Montet Pi-Ramsès se trouvait sur le site de Tanis où il mit à jour entre 1929 et 1939 un temple d’ Amon. Il mit aussi à jour des sanctuaires dédiés à Horus, Khonsou et Mout, vingt trois obélisques et un grand nombre d’habitations et des tombes encore intactes des XXIe dynastie (1070/69-945) et XXIIe dynastie (945-715).
 
   Pour d’autres égyptologues il s’agissait du site même de Qantir, où furent retrouvés beaucoup d’objets datant de la XIXe dynastie (1295-1186) : Des poteries, des mosaïques et dalles, des faïences ainsi que des ostraca et des blocs de granit provenant d’un sanctuaire. D’après les textes la ville et le port furent établis à la jonction de deux bras du Nil : "Les eaux d’Avaris" à l’Est et "Les eaux de " à l’Ouest.
 
   Ces idées furent abandonnées depuis la découverte, dans les années 1960, par l’égyptologue Manfred Bietak d’un autre site. Aujourd’hui on pense que c’est ce dernier qui abrita la ville de Ramsès II (1279-1213) qui se situe plus précisément entre Tell el-Dabâ (ou Tell el Dab’a ou Tell el-Dabaä), Qantir et Khatana, sur la branche pélusiaque du Nil, à environ 1 km des bases de l’ancienne Avaris, la capitale des Hyksôs. Le port de la cité doté de vastes docks pouvait accueillir de nombreux bateaux. Il était facilement accessible depuis la Méditerranée.

 

L’histoire…..

 
   La cité fut fondée par Ramsès II (1279-1213) de la XIXe dynastie (1295-1186), aucune trace d’habitation ne remonte avant cette dynastie. Cette région d’Avaris fut le berceau des Ramessides, Séthi I (1294-1279) y avait fait construire un palais et Ramsès II y avait grandi. Cependant la décision du Pharaon de transférer son gouvernement et la résidence royale de Thèbes au Delta fut sûrement plus influencée par des questions géopolitiques que par amour de la région, ou raisons familiales. En effet, il choisit cet emplacement, dans le Delta oriental du Nil, dans le but de pouvoir accéder plus rapidement en Palestine en cas de rébellion des territoires soumis. Les renseignements et les diplomates atteignaient le Pharaon beaucoup plus rapidement. La ville était la première grande cité que l’on découvrait en arrivant en Égypte par l’Est et son aspect monumental devait impressionner, tant elle comportait de monuments à la gloire du souverain.
 


 

Autre vue d’une partie du site

   La cité fut aussi la première défense de la vallée du Nil contre une éventuelle invasion. Les armées Égyptiennes de mer et de terre étaient cantonnées à proximité de la ville, donc des frontières asiatiques et pouvaient être rapidement mobilisées pour faire face aux incursions des Hittites ou des Shasous, Shsw, bédouins localisés d’abord en Transjordanie, qui furent ensuite cités en Palestine du Sud). Son choix fut aussi dicté par le fait que sa nouvelle capitale devait être établie au confluent des nouvelles routes commerciales. Entourée sur trois côtés par des bras secondaires de la branche pélusiaque du Nil, la capitale Ramesside se trouvait au nœud des réseaux marchands et de circulation de l’Empire.
 
   Ramsès II fit de Pi-Ramsès sa capitale économique et politique, Thèbes ne se cantonnant plus qu’à un simple rôle religieux. Construite sur les rives de la branche pélusiaque du Nil et avec une population de plus de 300 000 habitants, Pi-Ramsès prospéra pendant plus d’un siècle après la mort de Ramsès II et des poèmes furent écrits sur sa splendeur. En l’espace de quelques années, sous la direction de son architecte, May, Ramsès II dota sa nouvelle cité d’éblouissants palais, de temples, de villas, de bâtiments administratifs, de quartiers d’artisan et de casernes.
 
   L’aménagement de la ville se composait d’un énorme temple central, d’une zone importante de maisons en bordure du fleuve à l’Ouest et de rues et d’une collection désordonnée de maisons et d’ateliers à l’Est. Le palais de Ramsès est censé se trouver sous le village moderne de Qantir. Le site comprenait aussi un sanctuaire dédié au Dieu Seth, le Dieu dynastique. Une équipe d’archéologues, de l’Institut archéologique Autrichien du Caire, dirigée par l’égyptologue Manfred Bietak, depuis les années 70, mène des fouilles qui nous permettent de connaître peu à peu le plan de la ville et son histoire. Les archéologues ont trouvé des preuves de nombreux canaux et de lacs et ont décrit la ville comme la "Venise de l’Égypte".


 

Autre vue d’une partie du site
Photo avant retouche :   flickr.com

 
   Dans les gigantesques écuries ont été mises au jour des petites citernes situées à côté de chacun des 460 points d’attache de chevaux. Selon les dernières estimations, Pi-Ramsès s’étalait sur une vaste zone d’environ 18 km2, soit environ 6 km de longueur sur 3 km de largeur. Ce qui en fait l’une des plus grandes villes de l’ancienne Égypte. Rien que le palais que Ramsès II se fit construire possédait une enceinte qui s’étendait sur plus de 500 m de côté. Il était bordé au Sud de la ville par le temple de Seth, le temple de à l’Ouest, le temple de Ptah au Nord et le grand temple d’Amon à l’Est. Les murs du palais étaient ornés de peintures évoquant des scènes champêtres et les mosaïques représentaient des parterres de fleurs ou de lotus et des étangs.
 
   Des vastes terrasses s’ouvraient sur le grand lac sacré et les jardins du palais. Au centre de la ville se trouvait le grand parvis ou se déroulaient les fêtes et les jubilés. Il possédait six obélisques en granit. Dans toute la cité on trouvait des colosses à l’effigie du Pharaon. Les portes et les fenêtres de toutes les maisons blanchies à la chaux étaient encadrées de dalles vernissées d’un bleu particulier qui donna son surnom à la cité de "ville turquoise". La cité resta une grande capitale plus d’un siècle, jusqu’au règne du Pharaon Ramsès III (1184-1153, XXe dynastie), puis elle déclina rapidement, comme le reste de l’Empire sous le règne des Ramsès suivants de la XXe dynastie (1186-1069).
 
   Pi-Ramsès subit les incursions Libyennes et Asiatiques et, de ce fait, fut vite supplantée par Tanis, 100 km au Nord-ouest, qui devint, vers l’an 1100, la résidence du gouvernement. Les Pharaons de la XXIe dynastie (1070/1069-1045) firent transporter tous les vieux temples de Ramsès II, les obélisques dont certains pesaient 200 tonnes, les stèles, les statues et les sphinx de Pi-Ramsès vers leur nouvelle capitale. On a retrouvé à Tanis de très nombreuses traces de ces déménagements. Les bâtiments de moindre importance qui ne pouvaient être emmenés d’un seul bloc furent démontés et leurs pierres furent recyclées pour la création de nouveaux temples et édifices à Tanis.


 

Autre vue d’une partie du site

 
    C’est sûrement en raison du déplacement de la branche pélusiaque du Nil, vers 1060, que la cité fut peu à peu abandonnée à la fin de la XXIe dynastie. Il faut aussi préciser qu’à cette époque, la ville de Thèbes reprenait de l’importance jusqu’à devenir la capitale de Haute-Égypte et la résidence des Grands Prêtres d’Amon dont certains se proclamèrent Rois. Le pouvoir se trouvait désormais à Thèbes et à Tanis appelée aussi la Thèbes du Nord. Tanis dont les grands obélisques, qui portent presque tous le nom de Ramsès II, devaient être initialement dressés sur les parvis du palais royal et des temples de Pi-Ramsès. Abandonnée, la ville deviendra une vaste carrière comme beaucoup d’autres cités, pour disparaître définitivement à la fin de la Basse Époque (656-332), mais surtout quand les Romains occuperont le pays.
 
   Aujourd’hui en raison de la mise en culture intense du Delta, le site est difficile à cerner. Au milieu des champs sont éparpillés des socles de colonnes et des vestiges de statues en granit. Le soubassement d’un colosse dont il ne reste que les pieds et qui devait dépasser dix mètres de haut confirme les descriptions grandioses de la cité qui marqua les imaginations de l’époque. Les fouilles régulières dirigées par Manfred Bietak, en collaboration avec l’institut d’égyptologie de l’université de Vienne, nous éclairent un peu plus chaque année sur ce que fut cette cité et son influence sur la politique du pays. Selon l’Ancien Testament Pi-Ramsès serait le point de départ depuis lequel le peuple d’Israël partit en Exode.

 

Bibliographie

 
   Pour d’autres détails sur la cité et ses monuments voir les ouvrages de :
 
Shehata Adam :
Recent discoveries in the eastern Delta (Dec. 1950 – May 1955), pp : 301-324, ASAE 55, Le Caire, 1957.
Manfred Bietak :
Vorläufiger Bericht über die erste und zweite Kampagne der österreichischen Ausgrabungen auf Tell el-Dab im Ostdelta Ägyptens (1966/1967), pp.79-114, MDAIK 23, 1968.
Vorläufiger Bericht über die dritte Kampagne der österreichischen Ausgrabungen auf Tell el-Dab‘a, pp.15-41, MDAIK 26, 1970.
Tell el-Dab´a II. Der Fundort im Rahmen einer archäologisch-geographischen untersuchung über das ägyptische Ostdelta, Wien, 1975.
Avaris and Piramesse : Archaeological exploration in the Eastern Nile Delta, Mortimer Wheeler archaeological lecture, Oxford University Press, Oxford, 1981.
Ein Friedhofsbezirk der mittleren Bronzezeitkultur mit Totentempel und Siedlungsschichten. Tell El-Dab’a. Bd V/1. Verlag der österreichischen Akademie der Wissenschaften, Wien, 1991.
Ricardo A.Caminos :
Late-Egyptian Miscellanies, Brown egyptological studies 1, Oxford, 1954.
Labib Habachi :
Khatâ’na – Qantir : Importance, pp : 443-562, ASAE 52, Le Caire, 1954.
Features of the deification of Ramesses II, Abhandlungen DAIK 5, Ägyptische reihe, J.J.Augustin, Glückstadt, 1969.
Labib Habachi, Peter Jánosi, Eva-Maria Engel, Christa Mlinar et Ernst Czerny :
Tell Al-dab’a I : Tell Al-dab’a and Qantir the site and its connection with Avaris and Piramesse, Verlag der Österreichischen Akademie der Wissenschaften, Wien, 2001.
Mahmud Hamza :
Excavations of the department of antiquities at Qantîr (Faqûs district) : (season, May 21st-July 7th, 1928), pp : 31-68, ASAE 30, Le Caire, Janvier 1930.
Edgar Bruno Pusch :
Die grabungen des Pelizaeus-Museums Hildesheim in Qantir-Piramesse : Forschungen in der Ramses-Stadt, Österreichischen Archäologischen Instituts Kairo, Philipp Von Zabern, Mainz, 1978.
Hochtemperatur-technologie in der Ramses-Stadt 1/2 Grabungen des Pelizaeus-Museums Hildesheim in Qantir-Piramesse. 6, Katalog, Gerstenberg, Hildesheim, Janvier 2007.
Edgar Bruno Pusch et Thilo Rehren :
New kingdom glass-melting crucibles from Qantir-Piramesses, pp : 127-141, JEA 83, 1997.
Dominique Roussel :
Les inscriptions monumentales des temples de Pi-Ramses d’après les vestiges de Tanis : Architectures, images et textes, IOAN : Paris 3, Paris, 1991 et 1992.
Andreas Tillmann :
Ein steingerätinventar des neuen reiches aus Qantir/Piramesse (Ägypten Vorbericht), Archäologisches Korrespondenzblatt 16, Verlag der römisch-germanischen Zentralmuseums, Mainz, 1986.

 

 
Filmographie

Versunkene Metropolen : Operation Piramesse, Documentaire 45 Min., Réalisation : ZDF,   TV, Première diffusion : 24. Juni 2007.
Lost cities of the ancients : The vanished city of the Pharao, Documentaire 58 Min., Réalisation : Dan Clifton, Mark Everest, Mark Halliley, British Broadcasting Corporation, National Geographic Channel (Television station : Washington, D.C.), Zweites Deutsches Fernsehen et ABC-TV (Australia),   DVD vidéo, Éditeur : BBC/National Geographic – 2006.

 

 

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