Bibliographie de quelques grands auteurs antiques : Strabon |
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Biographie
Strabon (ou Strábôn en Grec : Στράbων "qui louche", en Latin : Strabo) est un géographe, historien et philosophe Grec. Il nait à Amasée en Cappadoce (Actuelle Amasya en Turquie), une ville dans la région du Pont-Euxin qui deviendra partie de l’Empire Romain, en 64 ou 63 av.J.C et il serait mort en 23 ap.J.C. Ses dates de naissances et de décès sont incertaines et sujettes à débat. La date de naissance peut-être attestée de cette manière : Le royaume du Pont tombe aux mains du général Romain Pompée (106-48 av.J.C) en 63 av.J.C, après l’assassina (ou suicide) de son dernier Roi Mithridate VI le Grand (120-63). Le Pont est divisé en provinces plus petites la même année. Strabon (Livre XII.3.41) stipule que les Romains prennent possession de la Bithynie "un peu avant mon temps", fixant ainsi la date de sa naissance en 63.
Le peu que nous savons sur sa vie est
reconstruit à partir des références dans son œuvre. Il est issu d’une riche
famille d’Amasée. Strabon nous raconte qu’il a étudié en
Carie, auprès d’Aristodème de Nysa (Historien et rhéteur
Grec,
110 av.J.C-30 ap.J.C), qui était également le précepteur des fils du général
Romain Pompée, avant de prendre résidence à Rome. Là, il est sous la tutelle de
Tyrannion, un grammairien et géographe. Strabon était philosophiquement et
politiquement stoïcien et un partisan de l’impérialisme Romain.
Globalement, Strabon prétend avoir
beaucoup voyagé, de l’Arménie
à l’Étrurie et du Pont-Euxin à l’Éthiopie (Strabon, Livre II.5.11). Un événement
précisément datable de sa vie est un voyage en
Égypte en 25 ou 24 av.J.C. Il y explore les rives du Nil en compagnie du
préfet Romain d’Égypte
Caius (ou Gaius) Ælius Gallus (Strabon Livre II.5.12) jusqu’au pays de Kouch. Mais il y a
des lacunes dans ses connaissances, il est évident, par exemple, qu’il ne voyait
Cyrène (Strabon Livre XVII.3.20) qu’à partir d’un bateau et non pas dans la
ville elle même. Après ses voyages, Strabon retourne à Amasée, on ne connait pas la date précise.
Là, il entreprend de
rédiger une Histoire (ou Historika Upomnêmata, en
Grec :
Historika Upomnêmata) en 43 volumes, qu’il
voulait la continuation de l’œuvre de
Polybe (Général, homme d’État et historien
Grec,
v.205-126 av.J.C). Aucun de ces volumes ne nous est malheureusement
parvenu. Bien que Strabon cite lui-même son œuvre et que d’autres auteurs
classiques mentionnent qu’elle existe, le seul document survivant est un
fragment de papyrus maintenant en possession de l’Université de Milan (renuméroté [Papyrus] 46).
Ensuite il commence un deuxième travail,
une Géographie (ou Geôgraphiká, en
Grec :
Γεωγραφικά), qui est conçue
d’après ses dires (Strabon Livre I.1.23) comme complémentaire de l’Histoire.
Elle se compose de 17 volumes, qui eux n’ont pas été perdu, sauf quelques
parties manquantes du livre VII. On ne sait pas quand cette Géographie a
été écrite, si les observations à l’intérieur même de la version finale sont
justes, cela la situe sous le règne de l’Empereur Tibère (14-37 ap.J.C). Certains spécialistes
placent son premier projet autour de 7 ap.J.C et d’autres autour de 18 ap.J.C.
La dernière mention datable qui est donnée est, 24 ap.J.C, à la mort du Roi de
Numidie et Maurétanie Juba II (25 av.J.C-24 ap.J.C), qui, dit-il, "est mort
tout récemment" (Strabon Livre XVII.7).
Sur la présomption que
"récemment" signifie moins d’un an, Strabon aurait arrêté d’écrire lors de cette
période, en 24/23 ap.J.C. Faute de plus amples précisions cette idée est pour le moment la
seule qui est retenue. Plusieurs dates différentes ont été proposées pour la
mort de Strabon, mais la plupart d’entre elles conclurait qu’il est décédé peu
après 23 ap.J.C. On ne sait pas non plus si Strabon a publié ses œuvres à
Amasée, sous le patronage de la Reine du Royaume du
Pont Polémoniaque,
Pythodoris de Trallès (ou Pythadoris,
8 av.J.C-38
ap.J.C) qui contrôlait alors la région, comme il a été souvent écrit ou ailleurs.
Comme elles ne sont pas cités par les écrivains Romains des générations suivantes, il semble
peu probable qu’elles aient été publiées à Rome. Strabon participa également à l’élaboration
de la liste des Sept Merveilles du monde.
Son travail
On a connaissance de deux grandes œuvres de Strabon : Une Histoire (ou Historika Upomnêmata, en Grec : Historika Upomnêmata) en 43 volumes et une Géographie (ou Geôgraphiká, en Grec : Γεωγραφικά), qui se compose de 17 volumes. Son but était d’offrir à un lectorat aussi large que possible un livre agréable et instructif.
La Géographie est divisée comme suit :
• Les Livres I et II constituent une longue introduction à l’ouvrage où Strabon entend prouver
qu’Ératosthène (Astronome, géographe, philosophe et mathématicien
Grec,
v.276-v.194) a eu tort de rejeter l’œuvre d’Homère d’un point de vue géographique. • Les Livres III à X décrivent l’Europe et plus particulièrement la Grèce dans les Livres VIII-X. Sans surprise, ces ouvrages traitant du monde Grec, ont Homère comme guide et cela peut expliquer en partie les quelques erreurs. • Les Livres XI à XIV décrivent l’Asie Mineure. • Les Livres XV à XVI décrivent l’Orient. • Le Livre XVII décrit l’Afrique dont l’Égypte et Libye.
Dans la portion de l’œuvre sur la Grèce, dans les Livres VIII-X, Strabon formule une théorie intéressante selon laquelle il y a une corrélation entre le contact avec la mer et la croissance d’une civilisation (Strabon Livre VIII.1.3). Il pensait donc que la fortune de la Grèce était partiellement due à sa situation maritime. En même temps, il insistait sur le fait que seules les considérations géographiques ne peuvent expliquer la grandeur d’un peuple et il affirmait que la Grèce était devenue puissante en raison d’un respect de ses citoyens pour la politique et les arts (Strabon Livre II.5.26). Strabon à des vues sur Rome qui sont généralement positives. Il admire les rouages de l’Empire et l’efficacité du règne des hommes qui seront au pouvoir. Il ne montre aucune émotion dans la description de l’asservissement de sa région natale par les Romains (Strabon Livre XII.3.33). La perte de l’indépendance, en apparence, était considérée comme un prix modique à payer pour bénéficier d’un bon gouvernement (Strabon Livre VI.4.2).
Son œuvre reprend parfois des textes antérieurs de plusieurs siècles à la période où il a vécu, néanmoins sa connaissance du droit Romain des différentes cités en fait aussi une source essentielle pour décrire les débuts de la romanisation en Gaule et dans la Péninsule Ibérique. À côté des grands thèmes de Géographie Strabon nous fait part d’innombrables observations fascinantes sur la nature physique de l’écoumène (ou oikoumene, notion géographique pour désigner l’ensemble des terres habitées ou exploitées par l’Homme). Quelques exemples : Le Péloponnèse a la forme d’une feuille de platane (Strabon Livre VIII.2.1), il ya toujours plus de neige sur le côté Nord d’une montagne que sur le Sud (Strabon Livre XVI.1.13), le soleil brille presque jamais en Grande-Bretagne (Strabon Livre IV.5.2) etc…
Strabon souhaitait que sa Géographie puisse être lue par les dirigeants de l’Empire Romain, afin qu’ils puissent comprendre la géographie des lieux les plus important de l’histoire (Strabon Livre I.1.18). Mais son œuvre resta dans l’ombre sous l’Empire Romain. Ce ne fut qu’à partir du Ve siècle ap.J.C qu’elle commença à être évoquée. Elle est régulièrement citée par Stéphane de Byzance (Écrivain Byzantin du VIe siècle), auteur d’un lexique géographique dédié à l’Empereur Justinien, vers 528/535, les Ethnika (Eθνικά). Plus tard, durant le Moyen-âge, la popularité de Strabon va augmenter considérablement et il va arriver à être considéré comme l’archétype du géographe par les écrivains. Au XVe siècle Guarino Veronese (Humaniste Italien, v.1370-1460) traduisit la totalité de l’œuvre de Strabon, contribuant ainsi à sa redécouverte.
À une époque plus récente, l’éminent historien classique Allemand Wilamowitz (1848-1931) a reconnu l’intérêt de son œuvre. Il fait l’éloge de Strabon comme un écrivain sensible aux nombreux talents littéraires, qui lui permettaient de décrire un lieu où il n’était pas allé, mieux que Pausanias (Géographe Grec, v.115-v.180), qui lui l’avait visité (Vol KlSchr. 5, pt. 1 [Berlin 1937] 373).
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