Autres  Royaumes  et  Villes :
Le  Bosphore  Cimmérien 
 

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Sommaire
 

Définition
Localisation et généralités
Les principales cités
L’histoire
Bibliographie

 

Vue d’une partie du site
de Panticapée
 

 

Définition

 
   Bosphore – Nom donné par les Grecs à deux détroits : Celui qui relie la mer Noire (ou Pont-Euxin) à la mer de Marmara (ou Propontide) était le Bosphore de Thrace (Le Bosphore d’aujourd’hui) et celui qui relie la mer Noire (ou Pont-Euxin) à la mer d’Azov (ou Palus Méotide) était le Bosphore Cimmérien (Aujourd’hui le détroit Kertch ou Ienikale).
 
   Chersonèse – (En Grec Khersonêsos – Khersos = le continent et nêsos = île) C’était le nom générique donné par les Grecs à plusieurs péninsules, les deux plus célèbres étant la Chersonèse Taurique (Aujourd’hui la Crimée) le long du Bosphore Cimmérien et la Chersonèse de Thrace (Aujourd’hui la presqu’île de Gallipoli, détroit des Dardanelles).

 

Localisation  et  généralités

 
   Le Royaume du Bosphore, fut un royaume Grec établi sur les rives du Bosphore Cimmérien et sur la Chersonèse Taurique. Celle-ci fut d’abord colonisée au VIe av.J.C siècle par des Grecs d’Ionie, plus précisément de Milet, qui y fondèrent le royaume vers 480 av.J.C. Pour la première partie de l’histoire du royaume on débute la liste des souverains avec Spartokos (ou Spartocus, 438-431), pour la terminer avec Pairisadès V (ou Parisades, 124-108). Celui-ci, en 115, ne pouvant résister aux attaques des Scythes, demanda de l’aide auprès du Roi du Pont, Mithridate VI (120-63). Ce dernier le débarrassera des envahisseurs, mais à sa mort récupérera le royaume. Le fils de Mithridate VI, Pharnace II (63-47) lui succéda comme Roi du Pont et Roi du Bosphore Cimmérien.
 
   En 47 av.J.C, le royaume du Pont fut partagé par Rome. Une partie fut rattachée à la province Romaine de Bithynie et une autre attribuée sous Antoine (83-30) à une dynastie vassale de Rome, les Polémon (Royaume du Pont Polémoniaque) avec Trapézonte pour capitale. Resta le royaume du Bosphore Cimmérien qui perdurera jusqu’au Roi Oliotès (ou Oliotos ou Olympios) en 307 ap.J.C où il disparut, conquis par les Goths, lors des invasions Barbares. Le Bosphore Cimmérien est un détroit, qui n’est navigable qu’en été et qui n’a jamais eut l’importance du Bosphore de Thrace, même si les bateaux Grecs remontaient jusqu’à l’embouchure du Tanaïs (ou Don). Vers l’Ouest, depuis le Don, le royaume comprenait presque toute la Crimée et la péninsule de Taman, mais vers l’Est ses limites restent encore assez vagues. Il contrôlait aussi le débouché du lac Méotide (Aujourd’hui mer d’Azov).

 


 

Vue du site de Chersonésos

Les principales cités

 
   Plusieurs des cités du Bosphore furent florissantes grâce à l’activité principale de leur port qui consistait en grande partie en un approvisionnement en blé des cités Grecques du continent, dont Athènes :
 
• Kerkinitis (En Grec : Kerkinitis ou Κερκινίτης ou Eupatoria  Eupatoria, en Ukrainien : Євпаторія  Evpatoria, en Russe : Евпатория  Evpatoria, en Arménien : Եվպատորիա Yevpatoria, en Criméen Tatar : Kezlev, en Turc : Gözleve) dont la création remonte à vers 500 av.J.C. Avec le reste de la Chersonèse Taurique (ou Crimée), Kerkinitis fit partie des dominations du Roi du Pont, Mithridate VI (120-63) dont le surnom, Eupator, donna le nom à la ville moderne.
 
• Chersonésos (ou Chersonèse ou Chersonese ou Chersonesos, en Grec : Khersonêsos, en Latin : Chersonesus, en Slave oriental : Корсунь Korsun, en Russe : Херсонес Khersones) fut une cité de Chersonèse Taurique (ou Crimée) près de l’actuelle Sébastopol. Elle fut fondée en vers 600 av.J.C par des exilés d’Héraclée du Pont, dont Miltiade l’Ancien, exilé volontairement à l’avènement de Pisistrate. Il y établit une dynastie et la ville fut rapidement très florissante. Il fonda aussi plusieurs colonies en Chersonèse de Thrace.
 
Théodosie (En Grec : Theodosia Théodosia ou Θεοδοσία  Feodosia, en Ukrainien : Феодосія  Feodossia ou Feodosiya, en Russe : Феодосия Feodossia, en Tatars de Crimée : Kefe) fut une ville de Chersonèse Taurique (ou Crimée) fondée au VIe siècle av.J.C par des colons de Milet. Elle s’appela Caffa lorsqu’elle fut une colonie Génoise et Keve à l’époque Ottomane. Remarquée pour ses riches terres agricoles, sur lesquelles son commerce dépendait, elle fut détruite par les Huns au IVe siècle de notre ère.
 
• Kimmerikon (ou Cimmericum ou Kimbrique, en Grec : Κιμμερικόν) était située sur la rive Sud de la péninsule de Kertch et sur le versant occidental du mont Opuk. La ville fut fondée au Ve siècle av.J.C. par des colons de Milet. Elle fut un maillon important du système de défense du royaume du Bosphore contre les Scythes, car située sur un lieu stratégiquement très favorable et elle était dotée de murs épais. Elle fut toutefois mise à sac par les Goths vers la moitié du IIIe siècle.


 

Vue du site de Nymphaion

 
• Nymphaion (en Grec : Νύμφαιον) était située au Sud-est de l’actuelle Crimée en dessous de Panticapée. Ce fut une possession Athénienne durant la seconde moitié du Ve siècle, elle fut livrée au royaume du Bosphore à la fin de la Guerre du Péloponnèse (431-404) par Gylon, le grand-père de Démosthène (384-322).
 
Panticapée (En Latin : Panticapaeum, en Grec : Παντικάπαιον, Pantikápaion), aujourd’hui Kertch, fut une importante cité et port Grec de Chersonèse Taurique, située sur une colline (Le mont Mithridate) sur le côté Ouest du Bosphore Cimmérien. Elle fut fondée a la fin du VIIe ou début du VIe siècle av.J.C par des colons de Milet. Aux Ve et IVe siècles av.J.C, la ville devint la résidence du premier membre des Archéanactides (ou Arkhéanaktides, en Grec : Αρχαιανακτίδαι), puis celle des Spartocides (ou Spartacides, en Grec : Σπαρτοκίδαι), dynastie des Rois du Bosphore.
 
Phanagoria (En Grec : Phanagoria ou Φαναγορεία  Phanagoreia) fut la plus importante colonie Grecque sur la péninsule de Taman.  Elle fut fondée en 543 av.J.C par des colons de Milet. Elle contrôlait les deux plateaux le long de la rive asiatique du Bosphore Cimmérien, 25 kilomètres au Nord-est d’Hermonassa. La ville antique devint le grand emporium de tout le trafic entre la côte de la mer d’Azov (ou Palus Méotide) et le pays de la rive Sud du Caucase. Elle fut choisie par les Rois du Bosphore comme leur capitale en Asie, Panticapée étant leur capitale en Europe. Elle prospéra aussi grâce à ses pêches abondantes en mer d’Azov.
 
• Hermonassa (ou Tmoutarakan, en Russe : Тмутаракань, en Grec : ρμώνασσα) était située sur la péninsule de Taman, dans l’actuel kraï de Krasnodar, en face de Kertch. La ville avec les cités de Phanagoria et Panticapée, constituait un des principaux centres de négoce du royaume du Bosphore et contrôlait la Tauride. Elle fut détruite par les Huns.
 
• Gorgippia (ou Sindike ou Sindos ou Anapa, en Russe : Анапа) fut la plus à l’Est du royaume. C’est aujourd’hui une ville du kraï de Krasnodar, en Russie. Elle fut construite sur le site de Sindos (ou Sinda) au VIe siècle av.J.C. par des Grecs Pontiques, qui lui donnèrent ce nom tiré de celui d’un Roi du Bosphore. Au cours des IIIe et IIe siècle av.J.C. la ville connue une grande prospérité, de même que sa guilde des armateurs, qui contrôlaient le commerce maritime dans la partie orientale de la mer Noire. Gorgippia fut habitée jusqu’au IIIe siècle ap.J.C, et fut alors envahie par les tribus nomades. Ces tribus, sans doute d’origine Circassienne ou Adyghéenne, lui donnèrent son nom actuel.

 

 

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L’histoire…..

 
   L’histoire de ce royaume est assez mal connue sur la période avant le Ve siècle. On sait que lors de la fondation des cités, les contacts avec les tribus indigènes furent pacifiques, ce qui permit le développement rapide de ces nouvelles villes avec le reste du monde Grec. Les cités furent ensuite détruites, vers la fin du VIe siècle, par l’expédition de Darius I (522-486) contre les Scythes, à laquelle elles participèrent. Puis, au début du Ve siècle, plusieurs poleis (ou cité-État) de la région du Bosphore Cimmérien se regroupèrent sous la domination de la dynastie des Archéanactides (ou Arkhéanaktides, en Grec : Αρχαιανακτίδαι). Les spécialistes supposent que la pression qu’exerçaient les Scythes en fut la cause.


 

Vue du site d’Hermonassa

 
   En 438/437, un Thrace au nom de Spartokos I (ou Spartakos ou Spartocus ou Spartacus ou Spártokos, en Grec : Σπάρτοκος A’, 438/7 à 433/2 ou 438 à 433 ou 438 à 431) chassa cette dynastie, prit le pouvoir et s’installa à Panticapée (ou Panticapaeum), qu’il prit pour capitale de son nouveau royaume. Il fonda ce que l’on appela la dynastie des Spartocides (ou Spartacides, en Grec : Σπαρτοκίδαι). Il faut signaler que l’hypothèse d’une origine Iranienne a été récemment avancée pour cette dynastie. Selon Diodore de Sicile (Historien et chroniqueur Grec, v.90-v.30), de là il put contrôler le passage entre la mer d’Azov (ou Palus Méotide) et la mer Noire (ou Pont-Euxin) ce qui fit prendre rapidement de l’importance à son royaume. Les exportations du royaume du Bosphore reposaient principalement sur le blé, le poisson et la fourrure. Les importations concernaient : La céramique, le vin, l’huile et le métal.
 
   Succédèrent à Spartokos I, ses deux fils : Séleucos (En Grec : Σέλευκος) 433 à 393 ou 433 à 391 ou 433/2 ou 393/2) et Satyros I (ou Satyrus, en Grec : Σάτυρος A ‘, 433 à 389 ou 433 à 387 ou 433/2 à 389/8) qui régnèrent conjointement pendant 40 ans, puis Satyros I seul jusqu’à sa mort. Satyros I conquit la ville de Nymphaion (en Grec : Νύμφαιον, en Latin : Nymphée) qui était un centre important du Bosphore et il mit le siège devant la ville de Théodosie, qui était un rival commercial sérieux en raison de son port et de la proximité des champs de céréales de Chersonèse Taurique (ou Crimée) à l’Est. Les échanges économiques se firent surtout à cette époque avec Athènes. L’importance Athénienne dans le royaume du Bosphore se manifesta au travers des privilèges que lui accordèrent les Rois, ainsi que du soutien des nobles à Panticapée. Polyen (Orateur et écrivain militaire Grec, milieu du IIe siècle ap.J.C) nous rapporte que Satyros I entra en conflit avec le Roi des Sindes, Hekataios (ou Hécataios), qui furent, selon certains spécialistes, peut-être les citoyens de la ville de Sindike (ou Sindos, ancien nom de Gorgippia ou Anapa), et son épouse Tirgatao, fille du Roi des Ixomantes (Peuple situé près de la mer d’Azov).
 
   Hekataios fut vaincu par le Roi du Bosphore qui récupéra ses territoires et il dut épouser une fille de ses filles, qui lui demanda de tuer sa première femme Tirgatao. Toutefois, celle-ci fut sauvée par son mari et se réfugia dans le royaume des Ixomantes où elle devint l’épouse du successeur de son père. Avec ce dernier, elle leva une armée et ils ravagèrent le royaume de Satyros I jusqu’à ce que le Roi fut contraint de demander la paix et envoya Métrodore, un de ses fils, comme otage. Satyros I poursuivit toutefois son idée de supprimer Tirgatao et envoya deux transfuges chargés de la tuer. Les deux hommes échouèrent dans leur mission et avouèrent le complot à la Reine, qui tua son otage et reprit la guerre. Satyros I serait mort de chagrin de la perte de ce fils et ce fut un autre de ses fils, Gorgippos (ou Gorgippus), qui implora et obtint finalement la paix avec la Reine.


 

Vue d’une partie du site de Phanagoria

 
   À la mort de Satyros I, son fils Leucon I (ou Leukon ou Leuco ou Leuko ou Leúkōn, en Grec : Λεύκον A ‘, 389 à 349 ou 389 à 348 ou 389/8 à 349/8 ou 387 à 348) arriva sur le trône. Il maintint les bonnes relations avec les Athéniens et reçut même d’eux en 357, le titre de Citoyen pour leur avoir expédié du blé lors de la famine pendant la Guerre Sociale. Il réussit à augmenter de manière significative les territoires de son royaume. Il prit en 355 la ville de Théodosie, puis celle d’Héraclée du Pont et les zones de Toreteer, Dandarier et Psesser, en Chersonèse Taurique (ou Crimée), furent conquises dans le but d’annexer toutes les colonies Grecques du Bosphore. Leucon I lança également une réforme monétaire semi-frauduleuse dans laquelle il fit récupérer toutes les pièces de monnaie de la région qui furent de nouveau frappées avec le double de leur valeur nominale ce qui remplit rapidement les caisses de l’État.

 

 
   Leucon I eut trois fils, Apollonios, qui ne régna pas et qui est mentionné sur une stèle trouvée près d’Athènes, Spartokos II (ou Spartakos ou Spartocus ou Spartacus ou Spártokos, en Grec : Σπάρτοκος B’, 349/8 à 344/3 à 349 à 344 ou 348 à 344) et Pairisadès I (ou Parisades ou Pairisades ou Pairisádēs, en Grec : Παιρισάδης A’ ou Παρισάδης  Parisádēs ou Βηρισάδης  Bērisádēs, 349/8 à 311/10 ou 349 à 311 ou 348 à 311) qui prirent sa suite et règnent conjointement jusqu’en 344, puis Pairisadès I seul. Strabon (Géographe, historien et philosophe Grec, 64 av.J.C-23 ap.J.C) nous dit que “Pairisadès I gouverna avec beaucoup de douceur et de modération et aurait même mérité qu’on lui rendît les honneurs divins“. Au cours du IIIe siècle, suite à l’élargissement du monde Grec, grâce aux conquêtes d’Alexandre le Grand (336-323), les relations commerciales entre le Bosphore Cimmérien et Athènes déclinèrent doucement. Le royaume se tourna alors vers de nouvelles puissances comme Délos ou l’Égypte pour les échanges commerciaux. Selon Yulia Ustinova, Pairisadès I épousa Kamasarye, une fille de Gorgippos (ou Gorgippus). Elle est connue par une dédicace aux Dieux Sanergès et Astara retrouvée à Phanagoria. Elle lui donna plusieurs enfants, dont au moins quatre fils : Satyros II, Gorgippos, Prytanis et Eumélos (ou Eumèle) qui se disputèrent la succession au trône.
 
   Satyros II (ou Satyrus, en Grec : Σάτυρος B’, 311/10 à 310/09 ou 311 à 310 ou 310 à 309) régna conjointement avec Prytanis (310 ou 310/09) pendant neuf mois. Son règne est rapporté de manière détaillée par Diodore de Sicile (Historien et chroniqueur Grec, v.90-v.30). À la mort de Pairisadès I les quatre frères entrèrent en lutte pour le pouvoir. Satyros II marcha contre Eumélos (ou Eumèle, en Grec : Εμηλος, 310/09 à 304/3 ou 310 à 304 ou 309 à 304) à la tête d’une armée composée de 2.000 mercenaires Grecs, autant de Thraces, le reste étant formé d’alliés Scythes au nombre de plus de 20.000 hommes d’infanterie et de près de 10.000 cavaliers. Il traversa le fleuve Thapsis et vint camper près de l’ennemi. De son côté, Eumélos avait pour allié le Roi des Thraces, qui lui amena un secours de 20.000 cavaliers et 22.000 hommes d’infanterie. Après de lourdes pertes réciproques, Satyros II parvint à enfoncer les lignes ennemies et à mettre en déroute l’armée d’Eumélos. Il se lança à la poursuite des fuyards et massacra tous ceux qu’il rattrapa.
  


 

Vue d’une partie du site de Gorgippia

    Cependant, à ce moment, son frère repris l’avantage et mit en fuite les troupes mercenaires de Satyros II qui abandonna sa poursuite pour aider son armée et remporta finalement la victoire. Eumélos se réfugia dans le palais royal situé sur les bords du Thapsis qui était protégé entre autres par de grands précipices et une forêt surveillée par des tours élevées et des retranchements. Satyros II ravagea la campagne environnante et incendia les villages, où il fit de nombreux prisonniers et recueillit un important butin et arriva au palais. Il s’approcha de l’enceinte du palais, mais il essuya de lourdes pertes. Satyros II, fut atteint au bras par un coup de lance, grièvement blessé, il retourna au camp où il mourut la nuit suivante. Son armée leva le siège et rentra dans le château royal de la ville de Gargaza, dont Diodore de Sicile (Historien et chroniqueur Grec, v.90-v.30) donna une description. De là, le corps du Roi fut porté par la rivière jusqu’à Panticapée et remit à son autre frère Prytanis.
 
   Selon Diodore de Sicile, Prytanis lui fit de magnifiques funérailles. Il déposa son corps dans les caveaux royaux et se rendit à Gargaza, où il prit possession du trône et du commandement de l’armée. Eumélos envoya une députation pour demander à Prytanis sa part du royaume, mais ce dernier refusa. Il laissa à Gargaza une garnison et revint à Panticapée pour y consolider son pouvoir. Dans le même temps, Eumélos prit Gargaza ainsi que plusieurs autres villes. Prytanis marcha à sa rencontre, mais il fut vaincu dans une bataille et bloqué dans un isthme près la mer d’Azov (ou Palus Méotide) et forcé de capituler. Aux termes de cette capitulation, il livra son armée et abdiqua. Cependant, de retour à Panticapée, il fit une nouvelle tentative pour recouvrer le pouvoir mais il fut de nouveau vaincu, il se alors réfugia à Cépes, à l’entrée même du Bosphore, où il fut tué. Eumélos s’empara alors du trône qu’il gardera jusqu’en 304. Voulant après la mort de ses deux frères régner en toutes sûretés, Eumélos décida d’éliminer les femmes et les enfants de ces derniers ainsi que leurs partisans.
 
    Pairisadès (ou Parisades ou Pairisades ou Pairisádēs), un fils de Satyros II, échappa seul à ce massacre et parvint à se réfugier auprès du Roi des Scythes, Agaros (ou Agarose). Dans le même temps, Eumélos fut informé que les habitants de Panticapée indignés des meurtres qu’il avait commis étaient sur le point de se rebeller. Il convoqua alors une assemblée où il essaya de justifier sa conduite et annonça le rétablissement de l’ancienne forme de gouvernement qui comprenait de rendre aux citoyens de Panticapée les immunités dont bénéficiaient leurs ancêtres. Par ces actes il recouvra rapidement une grande popularité. Eumélos eut la même attitude en politique extérieure et combla de bienfaits les habitants de Byzance, ceux de Sinope et la plupart des autres cités Grecques de la mer Noire (ou Pont-Euxin). Il accueillit également 1.000 habitants de Callatis (Ouest de la mer Noire, aujourd’hui Mangalia) que la famine avait forcé à abandonner leur ville, assiégée par le Roi de Thrace, Lysimaque (ou Lysimachus, 322-281). Il leur accorda asile et selon Diodore de Sicile il leur fit cadeau d’une contrée, qu’il indique vers le Pont-Euxin au nom de Psoa.
 
   Le Roi débarrassa aussi la mer Noire (ou Pont-Euxin) des pirates et protégea sa navigation en faisant la guerre aux Hénioques (ou Heniochi, peuple de Colchide) et à certains peuples de Chersonèse Taurique qui l’infestaient, ce qui renforça sa popularité auprès des commerçants. Il eut pour ambition de ranger sous son autorité tous les peuples du Pont, mais il décéda avant de mettre un terme à ce projet. Après un règne 5 ans et 5 mois il fut victime d’un accident, alors qu’il revenait de Scythie. Diodore de Sicile raconte que les chevaux de son char s’emportèrent et Eumélos craignant d’être jeté dans le fossé essaya de sauter en bas du char, mais son épée se prit dans une des roues et il fut emporté et écrasé. On ne connait pas le nom de son épouse mais il eut comme successeur son fils Spartokos III. Quelques spécialistes ne comptent pas Eumélos comme un fils de Pairisadès I, mais comme un usurpateur, il serait un noble du Bosphore ?.
 
   En 304, Spartokos III (ou Spartakos ou Spartocus ou Spartacus ou Spártokos, en Grec : Σπάρτοκος Y’, 304/3 à 284/3 ou 304 à 284) prit le pouvoir. À partir de ce Roi nous manquons d’information sur la succession des souverains et la chronologie dans laquelle elle s’effectua. Lui et ses successeurs ne sont connus que grâce à quelques inscriptions et à leurs émissions monétaires. On sait qu’il entretint de bonnes relations avec Athènes, qu’il ravitailla en blé. La ville lui édifia d’ailleurs une statue en son honneur. Spartokos III fut peut-être le père de Pairisadès II (ou Parisades ou Pairisades ou Pairisádēs, en Grec : Παιρισάδης B’ ou Παρισάδης  Parisádēs ou Βηρισάδης  Bērisádēs, 284/3 à 245 ou 284 à 245) qui lui succéda. À moins qu’il ne fut le Pairisadès, évoqué par Diodore de Sicile, fils de Satyros II qui échappa au massacre d’Eumélos ?. On ne connait pas la date exacte de sa mort. Il était encore sur le trône en 250 car cette année là il fit l’offrande d’une coupe à la ville de Délos. Les spécialistes sont assez unanimes pour dire qu’il mourut sans doute peu après, vers 245, car ce fut un de ses fils qui reconnut par une lettre le droit d’asile au sanctuaire de Cos (ou Kos) et la célébration en 242 des Asclépieia (Concours en l’honneur du Dieu médecin Asclépios). Ses deux fils vont lui succéder.


 

Monnaie de Leucon II 

 
   Spartokos IV (ou Spartakos ou Spartocus ou Spartacus ou Spártokos, en Grec : Σπάρτοκος Δ’, 245 à 240) le fils aîné de Pairisadès II lui succéda. Il est évoqué dans une inscription faite peu de temps après la mort de son père où il se nomme Roi. Il est également connu par les monnaies de cuivre émises pendant son règne. Celui-ci fut bref selon une tradition rapporté par le poète Latin Ovide (ou Publius Ovidius Naso, 43 av.J.C-17/18 ap.J.C). Il aurait été tué par son frère Leucon II dont il avait séduit l’épouse Alcathoé (ou Alkathoé) ?. Cette dernière aurait plus tard tué son propre mari par vengeance.
 
   Leucon II  (ou Leukon ou Leuco ou Leuko ou Leúkōn, en Grec : Λεύκον B’, 240 à vers 220 ou 240 à vers 210) arriva donc au pouvoir après le meurtre de son frère. Il n’est connu que par une inscription dans laquelle il ne porte pas le titre de Roi, et qui est sans doute antérieure à son avènement et par ses monnaies. Il fut le premier souverain du Bosphore à émettre des pièces en bronze à son propre nom. Pour une raison encore inconnue de nos jours, après l’assassinat de Leucon II par son épouse, le gouvernement du royaume du Bosphore fut assumé par un certain Hygiainon (ou Hygiaeon ou Hygiaíōn, en Grec : γιαίων, vers 220 à vers 200 ou vers 210 à vers 200), qui, de plus, n’était peut-être pas un Spartocide. Sa place dans la chronologie du royaume du Bosphore demeure encore imprécise et ses dates de règne sont disputées entre spécialistes. Certains, comme John Boardman, le comptent au gouvernement jusque vers 150 ?. La tradition retient aujourd’hui qu’il succéda bien à Leucon II, mais ne prit pas le titre de Roi, mais celui d’Archonte. Sur ses monnaies il apparaît d’ailleurs sans le diadème royal.
 
   Vers 200, lui succéda, Spartokos V (ou Spartakos ou Spartocus ou Spartacus ou Spártokos, en Grec : Σπάρτοκος E’, vers 200 à vers 180) dans des circonstances inconnues. Son origine précise demeure elle aussi inconnue, mais il est considéré par beaucoup comme le petit-fils de Spartokos IV, fils d’un Prince nommé Pairisadès ?. Aucune information n’est parvenue sur son règne au cours duquel il émit des pièces de monnaie en cuivre. À sa mort, que l’on estime vers 180, il eut comme successeurs sa fille la Reine Kamasarye Philoteknos ou Kamasarýē Philóteknos (en Grec : Καμασαρύη Φιλότεκνος, vers 180 à vers 160) en co-reigne avec son premier époux, un certain Pairisadès III (ou Parisades ou Pairisades ou Pairisádēs, en Grec : Παιρισάδης Y’ ou Παρισάδης  Parisádēs ou Βηρισάδης Bērisádēs, vers 180 à vers 170 ou vers 180 à vers 150). Kamasarye devint Reine après la mort de son père, elle épousa alors Pairisadès III, qui selon les spécialistes peut être son frère ou demi-frère, où encore un fils de Leucon II. Elle eut un règne très actif et son nom est mentionné dans de nombreuses inscriptions, notamment en 178/177 lorsqu’elle dédicaça au temple d’Apollon Didymaios de Milet un objet en or. À partir de cette période, les spécialistes ont émis plusieurs hypothèses, parfois contradictoires concernant les derniers souverains du royaume.
 
   Pour les Premiers, et ils sont la minorité, Kamasarye décéda vers 160 et son époux garda le trône jusque vers 150 où il fut succédé par son fils Pairisadès IV Philométor (ou Parisades ou Pairisades ou Pairisádēs, en Grec : Παιρισάδης Δ’ Φιλομήτωρ ou Παρισάδης Parisádēs ou Βηρισάδης Bērisádēs, vers 170 à vers 150 ou vers 150 à vers 125). Pour d’autres, comme Michael Ivanovitch Rostovtzeff, et ils sont la majorité aujourd’hui, après la mort de Pairisadès III, vers 170, Kamasarye régna conjointement avec leur fils Pairisadès IV et ce jusque vers 160. Ce serait à ce moment que la Reine et son fils adoptèrent respectivement les noms de Philoteknos "Qui aime ses enfants" et Philométor "Qui aime sa mère", copiés sur les noms courants à la cours du Roi Ptolémée VI (176-145) contemporain, avec lequel, selon Gary Reger, ils entretinrent des rapports diplomatiques et commerciaux. Vers 160, la Reine laissa le trône à son fils et se remaria avec un certain Argoats (ou Argatou, en Grec : Αργότου), considéré parfois comme un Prince Scythe et qui figure à ses côtes avec son fils dans une inscription.
 
   À la mort de Pairisadès IV Philométor la succession apparait toujours aussi confuse. Pour certains il est suivit directement par Pairisadès V (ou Parisades ou Pairisades ou Pairisádēs, en Grec : Παιρισάδης E’, vers 125 à 108 ou vers 140 à 107). D’autres, qui sont majoritaires, comme Hatto H.Schmitt, Ernst Vogt et Michael Ivanovitch Rostovtzeff, insèrent un Roi du nom de Spartokos VI  (ou Spartakos ou Spartocus ou Spartacus ou Spártokos, en Grec : Σπάρτοκος Fʹ, vers 150 à vers 140) qui serait le fils de Pairisadès IV Philométor, auquel succéda son fils, Pairisadès V. En 111/110, ne pouvant résister aux attaques des Scythes menées par Saumacus (ou Saumakos), Pairisadès V demanda de l’aide au Roi du Pont, Mithridate VI (120-63). De 110 à 107, celui-ci réussit à mettre un terme au conflit. Cette réussite fut organisée par un des Généraux de Mithridate VI, un certain Diophante (ou Diophantos), qui plus tôt fut envoyé en Chersonèse Taurique pour aider les villes Grecques contre Palacus de Petite Scythie, mais il lui fallut donc pas moins de quatre campagnes. Saumacus (ou Saumakos) vaincu, fut envoyé captif dans le royaume du Pont. La reprise ne se fit pas sans heurts, Pairisadès V fut assassiné par des Scythes (ou tué au cours d’une bataille, on trouve les deux versions ?).
 
    À la mort de Pairisadès V, Mithridate VI récupéra le trône du Bosphore Cimmérien, avec le nom de Mithridate I (108 à 63 ou 107 à 63) qu’il laissa gérer à partir de 70 par son fils aîné, qu’il eut de sa sœur et épouse la Reine Laodice (ou Laodiké ou Laodicée), Macharès (En Grec : ο Μαχάρης, "guerrier", 70 à 65) avec des pouvoirs royaux. En 66, lors de la guerre entre Mithridate VI et le Romain Pompée (106-48), Macharès choisit le parti des Romains. Il alla même jusqu’à leur faire parvenir du blé. Vers 66/65, lorsque Mithridate VI décida de reconquérir son Empire et qu’il pénétra en Chersonèse Taurique (ou Crimée) pour reprendre le contrôle du Bosphore Cimmérien, craignant la vengeance de son père, Macharès, enfermé dans Panticapée, fut acculé au suicide.

 

Suite…….

 

Bibliographie

 
   Pour d’autres détails sur le royaume voir les ouvrages de :
 
Neal Ascherson :  
Black Sea, Hill and Wang, New York, 1995 – Vintage, London, 1996.
Stanley M.Burstein :
The war between Heraclea Pontica and Leucon I of Bosporus, pp : 401–416, Historia: Zeitschrift fur Alte Geschicte, 4e trimestre, 1974.
Marie Nicolas Bouillet et Alexis Chassang :
Dictionnaire universel d’histoire et de géographie, Hachette, Paris, 1874-1878.
Louis Carrez :
Atlas de Géographie ancienne, Lefort, Lille, Paris, 1886.
Marc Desti :   
Les civilisations anatoliennes, PUF, Paris, 1998.
Guennadi Kochelenko :
La colonisation Grecque du Bosphore Cimmérien, Lordkipanidzé, 1998.
Askold I.Ivantchik :
Les Cimmériens au Proche-Orient, Editions Universitaires, Fribourg, 1993 – Vandenhoeck & Ruprecht, Göttingen, 1993.  
Henry Lenormant :
La monnaie dans l’antiquité, PUF, Paris, 1878.
Otar Lordkipanidze :
Le Pont-Euxin vu par les Grecs : Sources écrites et archéologie : Symposium de Vani Colchide), Les Belles Lettres, Annales littéraires de l’Université de Besançon, Paris, Septembre 1990.
Claude Orrieux et Pauline Schmitt Pantel :
Histoire grecque, (Pour le Bosphore Cimmérien), PUF, Paris, 2004.
Gary Reger :
Traders and travelers in the Black and Aegean seas, Aarhus University Press, Aarhus, 2007.
Salomon Reinach et Ludolf Stephani :
Antiquités du Bosphore Cimmérien (1854), Firmin-Didot & C., Paris, 1892.
Michael Ivanovitch Rostovtzeff :
Skythien und der Bosporus 1, Kritische übersicht der schriftlichen und archäologischen quellen, H. Schoetz & Co., Berlin, 1931.
Skythien und der Bosporus 2, Wiederentdeckte kapitel und verwandtes, auf der grundlage der russischen Edition…, Franz Steiner, Stuttgart, Janvier 1993.
Mikhaïl Ivanovitch Rostovtzeff :
Pontus, Bithynia and the Bosporus, Annual of the British School at Athens, 22, 1916-1918.
Anna A.Trofimova :
Greeks on the Black Sea : ancient art from the Hermitage, J. Paul Getty Museum, Los Angeles, 2007.
Yulia Ustinova :
The supreme Gods of the Bosporan Kingdom : Celestial Aphrodite and the most High God, Library of Congres, 1999 – E.J. Brill, Leiden, Boston, 1999.

 

 
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