Les grandes batailles de l’antiquité :
Bataille de Djahy –
Bataille du Delta du Nil
 

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                     Bataille  de  Djahy vers 1176/75

 

Présentation

 
   La bataille de Djahy est une importante bataille terrestre entre les forces Égyptiennes du Pharaon Ramsès III (1184-1153) et les Peuples de la mer à la conquête de l’Égypte. Le conflit se déroula à la frontière orientale du pays de Djahy (Désignation Égyptienne pour le Sud du Rétjénou [ou Réténou]), au cours de l’an 8 de Ramsès III. Dans cette bataille, les Égyptiens, dirigés personnellement par Ramsès III, écrasèrent les Peuples de la mer qui tentaient d’envahir le pays par terre et par mer. Presque tout ce que nous savons sur la bataille vient du temple funéraire de Ramsès III à Médinet Habou. La description de la bataille et des prisonniers est bien documentée sur les murs du temple où on trouve aussi la plus longue inscription hiéroglyphique. Les bas-reliefs représentant la bataille fournissent une grande partie des informations relatives à ce conflit. On y voit les troupes Égyptiennes et leurs chars contre un ennemi qui employait également des chars, très semblables dans leur conception de ceux d’Égypte.
 

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Scène de la bataille de Djahy – Temple funéraire
de Ramsès III – Médinet Habou

Image avant retouches : wikipedia.de

Le contexte

 
   En Égypte, Ramsès III se battait pour sauver son pays de l’invasion de diverses puissances du Proche-Orient et des Peuples de la mer connus sous plusieurs autres noms, tels que les Lukka (ou Luka ou Loukou ou Lyciens), les Peleset (ou Pelischti ou Péléset, en Égyptien : Prst, en Hébreu : פְּלִשְׁתִּים  Pelištīm), les Shardanes (ou Sardanes ou Sherden ou Chardanes , en Égyptien : ^rdn.w), les Thekker (ou Tjeker ou Tjekar ou Tjekker ou Tyekker en Égyptien : Tkr ou T-k3-r) etc …,  qui envahirent le Moyen-Orient et l’Est de la Méditerranée. Le Pharaon avait déjà repoussé une attaque précédente des Libyens à l’Ouest de la frontière Égyptienne lors de l’an 5 de son règne. Mais la plus grande menace ne venait pas des Libyens, mais de ce groupe de peuples migrants les Peuples de la Mer. Durant cette crise qui frappa la Méditerranée au XIIe siècle, un grand nombre d’anciennes civilisations furent détruites par les attaques. L’Empire Hittite tomba ainsi que la civilisation Mycénienne et d’autres grandes cultures, y compris le royaume de Chypre et d’Ougarit.
 
   Quelle que soit l’origine des Peuples de la mer, ils se sont déplacés autour de la Méditerranée orientale, en attaquant les côtes de l’Anatolie, Chypre, la Syrie et le pays de Canaan, avant de tenter une invasion de l’Égypte vers 1180. Même si nous savons que les Peuples de la mer furent de formidables guerriers, certaines données suggèrent également qu’ils avaient un niveau élevé d’organisation et de stratégie militaire. L’Égypte était en danger notamment parce que les envahisseurs ne voulaient pas simplement le butin et les biens de la terre, mais la terre elle-même, et il n’y avait pas de pays avec de plus grandes richesses que l’Égypte.
 
  Toutefois, aucun autre pays que ce dernier ne pouvait résister à leurs attaques, ce que les inscriptions du temple funéraire de Ramsès III à Médinet Habou établissent clairement :

“Les pays étrangers (les peuples de la mer) ont créé une conspiration… Aucune terre ne pouvait résister devant eux : le Hatti, Qode, Karkemish, Arzawa et Alashiya ont été détruites à un moment donné. Ils ont anéanti le peuple d’Amourrou, sa terre a été dévastée comme si elle n’avait jamais vu le jour. Ils arrivaient vers l’Égypte, alors qu’un camp se préparait contre eux ; leur confédération réunissait les Peleset, les Thekker, les Shekelesh, les Denyen et les Weshesh. Ils avaient le cœur confiant, leur plan réussirait” (Inscriptions de Médinet Habou de l’an 8 de Ramsès III, lignes 16-17)

 

Le déroulement

 
   Avant l’attaque de l’Égypte, les Peuples de la Mer avaient envahi l’Amourrou qui était situé près de la frontière Égyptienne. Cela donna le temps au Pharaon d’organiser les préparatifs en vue de l’attaque prévue par les envahisseurs. Comme le note Ramsès III dans une inscription de son temple funéraire de Médinet Habou : “J’ai équipé ma frontière de Zahi (Djahy) pour me préparer contre eux”
Ramsès III relate sa bataille avec les Peuples de la Mer en ces termes :
“Les charriers Égyptiens sont des guerriers…, et tous de bons officiers. Leurs chevaux sont prêts à écraser les étrangers sous leurs sabots… Ceux qui atteignent ma frontière, de leurs semences ne sont pas, leur cœur et leur âme sont morts pour toujours et à jamais”.
 
   Alors que la bataille se termina par une grande victoire Égyptienne, et que le Pharaon ait vaincu toutes ces tentatives d’invasions, il ne put empêcher les Peuples de la Mer de s’installer dans la partie orientale de son Empire. La guerre entre l’Égypte et les Peuples de la Mer n’était pas encore terminée. Les Peuples de la Mer envisageaient la prochaine attaque contre le pays avec une flotte navale. Cette attaque eut lieu autour de l’embouchure du Nil.

 

 

           Bataille  du  Delta  du  Nil vers 1175

 

Présentation

 
   La bataille Delta du Nil fut une importante bataille navale entre l’Égypte et les Peuples de la mer, qui se déroula vers 1175 (ou 1178 pour certains spécialistes) lorsque le Pharaon Ramsès III (1184-1153) repoussa une invasion majeure par la mer. Le conflit eut lieu quelque part sur les rives Est du Delta du Nil et en partie sur les frontières de l’Empire Égyptien en Syrie, bien que la localisation précise soit inconnue. Ce deuxième conflit majeur du Pharaon est enregistré sur les murs de son temple funéraire à Médinet Habou.


 

Inscription décrivant la victoire de Ramsès III sur
les Peuples de la mer dans son temple funéraire
à Médinet-Habou

Photo avant retouches : wikipedia.de

 
Le contexte

 
   Au cours du XIIe siècle, les Peuples de la mer, également connus sous plusieurs autres noms, tels que les Lukka (ou Luka ou Loukou ou Lyciens), les Peleset (ou Pelischti ou Péléset, en Égyptien : Prst, en Hébreu : פְּלִשְׁתִּים  Pelištīm), les Shardanes (ou Sardanes ou Sherden ou Chardanes , en Égyptien : ^rdn.w), les Thekker (ou Tjeker ou Tjekar ou Tjekker ou Tyekker en Égyptien : Tkr ou T-k3-r) etc …, envahirent le Moyen-Orient et l’Est de la Méditerranée. Ils détruisirent et pillèrent Hattousa, la capitale de l’Empire Hittite, et attaquèrent également la Syrie et la Palestine, où de nombreuses villes furent brûlées et ruinées. Karkemish fut une des rares villes qui survécurent aux attaques de ces Peuples.
 
   Chypre fut également submergée et sa capitale saccagée. Leur mouvement atteignit sans problème les plaines de l’Amourrou, au Nord des régions Phéniciennes. Voyageant par bateaux ou par terre, hommes, femmes et enfants des tribus se déplaçaient avec tous leurs biens, transportés dans de lourds chariots. Après un long périple en provenance du Nord, ils s’approchèrent dangereusement de la ligne de défense organisée par le Pharaon, à la hauteur de ses frontières Phéniciennes
 
   Des inscriptions à Médinet Habou dépeignent des femmes et des enfants chargés dans des chars à bœufs, les agresseurs sont soupçonnés être des migrants à la recherche d’un endroit pour s’installer. Leurs attaques sont signalées, par exemple, dans les lettres d’Hammourabi III (1191-1182), le dernier Roi d’Ougarit. Il écrivit une lettre (RS 18,17) en réponse à un plaidoyer en faveur d’une aide du Roi de Chypre (ou Alasia ou Alašija) qui a été préservée. C’est de cette époque que datent la plupart des sources épigraphiques retrouvées sur le site de Ras-Shamra. Hammourabi III dans son courrier met en lumière la situation désespérée d’Ougarit face aux attaques des Peuples de la mer :

 "Mon père, voici les ennemis qui nous ont été expédiés, mes villes (?) ont été brûlées et ils ont fait des mauvaises choses dans mon pays. Est-ce que mon père sait que toutes mes troupes et mes chars (?) sont dans le pays de Hatti et tous mes navires sont dans le pays de Lukka … Ainsi, mon pays est abandonné à lui-même. Mon père vous le savez, les sept navires de l’ennemi qui sont venu ici nous ont infligés beaucoup de dommages…".

 
   Selon les textes Égyptiens, la destruction du Hatti serait due aux Peuples de la mer, qui ravagèrent toute la région, mais il est peu probable que ceux-ci se soient avancés aussi loin à l’intérieur des terres. Il est plus vraisemblablement que ce sont d’autres tribus ennemies qui ont profité de l’affaiblissement de l’Empire pour abattre définitivement les Hittites et leurs vassaux. Les invasions des Peuples de la mer sont souvent citées parmi les causes ou les symptômes de l’effondrement de l’âge du bronze. Ramsès III avaient déjà eu à combattre les Peuples de la mer dans le Sud de l’Amourrou, à la bataille de Djahy. Il décrivit un grand mouvement des peuples à l’Est de la Méditerranée, qui causa une destruction massive des anciens grandes puissances du Levant, de Chypre et de l’Anatolie, ce que les inscriptions de son temple funéraire à Médinet Habou établissent clairement :

“Les pays étrangers (les peuples de la mer) ont créé une conspiration… Aucune terre ne pouvait résister devant eux : le Hatti, Qode, Karkemish, Arzawa et Alashiya ont été détruites à un moment donné. Ils ont anéanti le peuple d’Amourrou, sa terre a été dévastée comme si elle n’avait jamais vu le jour. Ils arrivaient vers l’Égypte, alors qu’un camp se préparait contre eux ; leur confédération réunissait les Peleset, les Thekker, les Shekelesh, les Denyen et les Weshesh. Ils avaient le cœur confiant, leur plan réussirait” (Inscriptions de Médinet Habou de l’an 8 de Ramsès III, lignes 16-17)
 


 

Fresque représentant la bataille –
 Temple funéraire  de Ramsès III – Médinet Habou

Le déroulement

 
   Après avoir vaincu les Peuples de la mer sur un terrain en Syrie à la bataille de Djahy, Ramsès III se précipita vers l’Égypte où les préparatifs pour contrer un nouvel assaut des envahisseurs était en cours d’achèvement. Pour le Pharaon, l’heure était critique, d’autant plus qu’il fallait arrêter le mouvement des étrangers à la fois sur terre et sur mer. Il mobilisa toutes les forces disponibles. Selon les inscriptions de Médinet Habou, Ramsès III regardait la mer et voyait une force de milliers d’ennemis, et peut-être envisagea-t-il la fin de l’Empire Égyptien.
 
   Si nous ne connaissons pratiquement rien de la victoire terrestre du Pharaon, nous en savons davantage sur la tactique utilisée pour sa “bataille navale”. En fait, il pouvait compter sur une donnée technique précise : Les navires des Peuples de la mer n’utilisaient que la voile pour se déplacer. Leur invasion par le Delta, empruntant l’un des bras du Nil, s’avérait donc une opération à haut risque puisque leurs navires étaient peu manœuvrables, surtout que ceux des Égyptiens étaient en mesure de se déplacer à volonté, grâce à leur équipe de rameurs.
 
   Le Pharaon aligna sur les rives du Delta du Nil des rangées d’archers qui étaient prêts à libérer des volées de flèches sur les navires ennemis s’ils tentaient de toucher terre. Sachant qu’il serait battu dans une bataille en pleine mer, Ramsès III surprit les Peuples de la mer sur leurs navires dans la bouche du Nil, où il avait assemblé une flotte en embuscade. Certains spécialistes pensent que le gros de la bataille eut lieu quelque part au Nord de la capitale Pi-Ramsès, sur le bras pélusiaque du Nil. Si l’on suit les détails gravés sur les murs du temple de Médinet Habou, il est clair que les combats furent très acharnés.
 
   Cette flotte Égyptienne, à partir du pont de leurs navires, harcela les bateaux ennemis qui, comme dit plus haut, avaient du mal à manœuvrer. Les navires furent repoussés vers les rives où les attendaient des archers qui firent pleuvoir sur eux des volées de flèches. Puis les soldats Égyptiens, à la fois sur terre et sur les navires, utilisant leur épée, leurs javelots et leurs arcs, décimèrent l’envahisseur. Beaucoup de bateaux des Peuples de la mer furent coulés et leurs équipages noyés. Enfin, d’autres furent capturés et certains traînés vers le rivage où ils furent massacrés. Dans les inscriptions, Ramsès III proclama sa victoire. La bataille du Delta sauva l’Égypte de la destruction qui frappa le Hatti et d’autres grandes puissances du Proche-Orient. Il n’y a aucune documentation qui fait mention d’une poursuite du conflit par les Peuples de la mer une fois vaincus. Bien que défait dans le Delta, certains de ces Peuples (En particulier les Peleset) sont soupçonnés s’être installés en Palestine quelque temps après la mort de Ramsès III.

 

Bibliographie

 
   Pour d’autres détails sur les batailles voir les ouvrage de :
 
Friedrich Abitz :
Ramses III. in den Gräbern seiner Söhne, Orbis Biblicus et Orientalis 72, Universitätsverlag, Freiburg, 1986.
James Henry Breasted :
Ancient records of Egypt : Historical documents from the earliest times to the Persian conquest, Vol.1, The first to the seventeenth dynasties, C. Scribner’s Sons 1905 – The University of Chicago press, Chicago, 1906, 1907 et (posthume) 1962 – Simon Publications, Décembre 1937 – University of Illinois Press, Mai 2001.
Eric H.Cline et David O’Connor :
Ramesses III : The life and times of Egypt’s last hero, University of Michigan Press, Ann Arbor, 2012.
Barbara Cifola :
Ramses III and the Sea Peoples : A structural analysis of the Medinet Habu inscriptions, pp : 275-306, Orientalia, 1988.
Robert Drews :
The end of the Bronze Age: Changes in warfare and the catastrophe ca. 1200 BC, Princeton University Press, 1995.
Kenneth Anderson Kitchen :
Ramesside Inscriptions, Historical and Biographical V, Blackwell, Oxford, 1983.
Jesse Russell et Ronald Cohn :
Battle of Djahy Paperback, Book on Demand, London, Janvier 2012.
Nancy K.Sandars :
The Sea Peoples warriors of the ancient Mediterranean, London, 1978 et Thames & Hudson, Revised edition, Novembre 1985 – En Espagnol, Los pueblos del mar, Oberón, Madrid, 2005.
Werner Widmer :
Zur Darstellung der Seevölker am großen tempel von Medinet Habu, pp : 67–77, ZÄS 102, Berlin, 1975.
Michael Wood :
In search of the Trojan war, Facts on File, New York, 1985.

 

 

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