Les  Cananéens
de  vers  2400  à  1200
 

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  Pour plus de détails voir aussi :   Baalbek Byblos Dor Ougarit Sidon

Tripoli du Liban Tyr Les Phéniciens

 

 
Sommaire

 
Localisation
Étymologie
Civilisation
Langue et écriture
L’histoire
Égyptiens et Cananéens
Archéologie
Bibliographie

 

Médaillon royal
Cananéen – Byblos –
Musée de Beyrouth

 

   La Palestine est la région de l’Asie Occidentale bornée à l’Ouest par la mer Méditerranée, au Nord par le mont Taurus (Asie Mineure) à l’Est par l’Euphrate, au Sud-est et Sud par l’Arabie. Très tôt le couloir Syro-palestinien joua un rôle de passage entre l’Égypte, la Mésopotamie, l’Asie Mineure et l’Arabie. Cette situation géographique stratégique, plus des montagnes riches en bois de construction navale, contribuèrent à la faire convoiter par tous les puissants États voisins qui rivalisèrent tour à tour, au fil du temps, pour contrôler le territoire.
 
   La région fut occupée par les Amorrites et les Cananéens, qui étaient en fait des Phéniciens Sémites qui s’établirent en pays de Canaan sur la côte, depuis le mont Carmel jusqu’à Ougarit et fondèrent de nombreux ports comme : Byblos, Tripoli du Liban, Sidon, Tyr. Délibérément orientés vers la mer, ils entrèrent en relation avec l’Égypte, dont ils subirent fortement l’influence, puis en devinrent peu à peu les vassaux notamment lors du Moyen (2022-1650) et Nouvel Empire (1549/1540-1080). (Voir aussi les Phéniciens). Ces deux peuples sémites, en dépit de leurs disparités culturelles, parlaient pratiquement la même langue. Les Cananéens subirent l’influence Égyptienne et les Amorrites celle de la Mésopotamie et des Hourrites au Nord. La cité d’Ebla au Sud d’Alep est connu par des textes Akkadiens.

 


 

Cliquez sur un nom de ville ou de région

Localisation

 
   Le Pays de Canaan (En Hébreu : כנען  Kna’n, en Masoretic : כְּנָעַן  Kənā’an, en Phénicien : KNˁN  Kná’an, en Akkadien : Kinahhu ou LUki-na-a-numMEŠ, en Assyrien : KURki-na-aḫ-ḫi ou KURki-na-i, en Babylonien : KURki-na-a-aau, en Grec : Χαναάν  Canaan, en arabe : كنعان  Kanʿān ou Bilad Kana’an) fut un terme utilisé dans les récits bibliques pour décrire le pays de l’Asie occidentale qui englobe aujourd’hui : Israël, les territoires Palestiniens, le Liban (la Phénicie), ainsi que les terres côtières adjacentes, l’Ouest de la Jordanie, l’Est de l’Égypte et de le Sud de la Syrie.
 
   Grossièrement on trouve généralement écrit comme zone géographique : La partie du Proche-Orient située entre la Méditerranée et le Jourdain. Dans la Bible Hébraïque, le "Pays de Canaan" s’étend vers le Sud du Liban à travers la bande de Gaza et la vallée du Jourdain, ce qui inclut Israël moderne et les Territoires Palestiniens.
 
   Dans les lettres de Tell el-Amarna, de l’époque du Pharaon Amenhotep IV (Aménophis ou Akhénaton, il est mention de Canaan (en Akkadien : Kinahhu) dans le cadre de Gaza et d’autres villes le long de la côte Phénicienne et en Haute-Galilée. Beaucoup plus tôt les sources Égyptiennes firent mention de nombreuses campagnes de sensibilisation menées dans le pays de "Ka-na-na", juste à l’intérieur de l’Asie.

 

Étymologie

 
   Le nom Hébreu de Canaan a des origines obscures, avec une possibilité d’être un nom non sémitiques, mais Hourrite : Knaa, ou Akkadien : Kinahhu, se référant aux riches colorant violet produits à partir du murex. Une autre étymologie plus simple du sens de Canaan est "basses terres". Il a été appliqué pour la première fois à la plaine de Phénicie, principalement de Sidon (ou Saïda), puis par extension à toute la région. Une troisième possibilité est que Canaan découle de la racine sémitique k-n-‘ qui signifie "être faible". Ce sens est soutenu par l’histoire contenue dans la Bible. Celle-ci attribue le nom de la région à Ham (ou Cham), qui conformément à la "table des nations" dans la Genèse, était le fils de Noé (Genèse 10 : 1) et le père de Koush (ou Cusch), Misraïm (ou Mitsraïm), Phut (ou Puth) et Canaan (Genèse 10 : 6), les divers groupes ethniques dans le pays de Canaan.


 

Noé maudit Canaan – Illustration
de Gustave Doré (1832-1883
)

 
   Certains auteurs pensent que l’attribution du nom a été faite parce que la côte Cananéenne, mais pas l’intérieur des terres, fut sous la domination Égyptienne pendant plusieurs siècles et le nom dériverait du mot Égyptien "Kemet" (KMT) un mot appliqué à la terre le long du Nil. Sa possession avait été promise par Dieu aux Israélites et à Abraham d’où son nom aussi de "Terre Promise". Selon la tradition Judéo-chrétienne, ce territoire est appelé ainsi du nom du personnage de Canaan, dont les descendants sont censés avoir peuplé l’Afrique. La Bible fait ensuite mention de sept ethnies qui peuplèrent le Pays de Canaan et qui sont connues sous le nom générique de Cananéens : Les Amorrites ; les Cananéens ; les Héthéens (ou Hittites ou Héthiens) ; les Guirgasiens (ou Girgashites ou Girgashiy “demeurant sur un sol argileux", peuple vivant à l’Est de la mer de Galilée) (Genèse 15 : 21, Deutéronome 7 : 1) ; les Hivvites ; les Jébuséens (ou Yebuwciy ou Yevusi, “descendant de Jébus”, peuple autour de Jérusalem – Deutéronome Chapitre 7 Dt 7 : 1.) et les Perizzites. Dans le livre de Josué, le pays de Canaan fit l’objet de la conquête et du partage du pays par les Hébreux.

 

Civilisation

 
   On appelle Cananéens les peuples occupant au IIIe millénaire, la Palestine et le Liban actuel. Mais dans un contexte ethnique, il semble que les Cananéens, voisins et proches parents des Amorrites, furent en fait des Phéniciens Sémites. Les Cananéens se fixèrent d’abord dans la région d’Ashdod (ou Asdod), Gaza et Ascalon (ou Ashkelon). Ils possédèrent une armée très puissante et une flotte qui convoyait en Méditerranée les produits venus de l’Arabie. On pense que les fondateurs de Tyr, de Sidon ou de Byblos furent aussi des Cananéens. Ils développèrent l’artisanat, en particulier le travail du cuivre et celui de la fonte du bronze. Dès le milieu du IIe millénaire, la commercialisation de la teinture de pourpre, qu’eux seuls savaient extraire du murex, fit d’eux un peuple prospère. Les Cananéens furent en relation avec les Égyptiens dès l’Ancien Empire de ceux-ci de 2670-2650. Un scribe du Roi Snéfrou (2575-2551) mentionne l’arrivée de 40 navires chargés de fûts de cèdres provenant de Gebal (ou Byblos). Les artisans du Liban étaient réputés pour leurs constructions navales et le martelage des feuilles d’or sur des tables de pierre. Ils multiplièrent les contacts aussi avec la Mésopotamie.
 

Langue  et  écriture

 
   Les Cananéens parlent la langue cananéenne qui est étroitement liée à d’autres langues sémitiques de l’Ouest. Leurs scribes, maîtrisant l’usage de l’écriture cunéiforme, transcrivaient aussi bien l’Akkadien, langue internationale de l’époque, que le Sumérien, ou leur propre langue sémitique Cananéenne. Cependant, malgré certaines simplifications (on passa de 2.000 à 600 signes) l’écriture cunéiforme resta difficile à manier. Pour pallier ces difficultés, les scribes de Byblos mirent au point un système pseudo-hiéroglyphique comportant 100 signes, tandis que vers 1400, à Ougarit, on voyait naître un alphabet de 30 signes en graphie cunéiforme, dit alphabet Ougaritique, dont l’ordre est celui que nous connaissons aujourd’hui.


 

Comparatif des alphabets : Protocananéen, Phénicien et Grec

 
   Cependant les habitants de l’antique Ougarit ne semblent pas s’être considérés comme Cananéens et ils ne parlaient pas la langue cananéenne mais une langue qui lui était étroitement liée. Une grande partie des connaissances modernes dans ce domaine sur les Cananéens provient de fouilles sur le site d’Ougarit redécouvert en 1928. L’Araméen, une des deux langues de la civilisation Cananéenne se parle encore dans un certain nombre de petits villages Syriens. On pense que la langue Phénicienne Cananéenne a disparu, comme une langue parlée, dans les environs de 100 ap.J.C.
 
   L’alphabet linéaire, également appelé alphabet protocananéen, ou alphabet protosinaïtique, est un des plus anciens parmi les alphabets connus. Comportant 23 signes distincts, ce qui indique qu’il ne peut pas s’agir d’un syllabaire, il est dérivé des hiéroglyphes Égyptiens. Plus de la moitié des signes peuvent être mis en relation avec leur prototype Égyptiens. Certains chercheurs estiment qu’il ne s’agit que d’un syllabaire dégénéré où chaque symbole représente une consonne suivie d’une voyelle quelconque, ce qui correspond de facto à un abjad (ou alphabet consonantique, désigne un alphabet ne notant que des consonnes).
 
   On ignore par qui et où fut inventé ce premier alphabet. Néanmoins les spécialistes pensent généralement qu’il est une adaptation de l’écriture Égyptienne créée pour transcrire leur propre langue par des ouvriers parlant un ou plusieurs idiomes sémitiques, ceux-ci travaillant dans le Sinaï alors sous domination Égyptienne. On estime son apparition à la fin du Moyen Empire (2022-1650) Égyptien. Les plus vieilles inscriptions sont datées de 1700 environ et ont été retrouvées à Serābit al-Khādim, dans le Sinaï. On nomme généralement protosinaïtique les inscriptions mal déchiffrées les plus anciennes datant de la moitié de l’âge du bronze (entre 2000 et 1525) et protocananéennes celles, plus sûres de la fin de l’âge de bronze (entre 1525 et 1200), écrites dans une langue sémitique.

 

L’histoire…….

 
   Le nom de Canaan est extrêmement ancien et semble être apparu au IIIe millénaire. Vers 2670, au temps de la IIe dynastie Égyptienne (2828-2647), on fait mention des "Fenkhou" au nombre des vaincus de la côte Syrienne rançonnés par le Roi. Ils se trouvaient sur cette côte depuis quelques siècles déjà, étant arrivés sur le littoral de la Méditerranée vers 2900. Dans des documents, datés de 2350, issus des archives de la ville d’Ebla, certains chercheurs pensent avoir trouvé la plus ancienne mention des Cananéens sous leur nom ethnique, ga-na-na. Les archives d’Ebla font références à un certain nombre de sites bibliques, y compris Hatsor (ou Tell Hazor ou Tell el-Qedah), Jérusalem et peut-être Sodome et de Gomorrhe, mentionnées dans Genèse. L’effondrement de l’Empire d’Akkad (v.2142) vit l’arrivée de populations qui venaient à l’origine des montagnes du Zagros, à l’Est du Tigre. Il est supposé par quelques spécialistes que cet événement marqua l’arrivée en Syrie et pays de Canaan des Hourrites, peut-être les gens plus tard connue dans la tradition biblique comme "Horites".
 


 

Hazor, aussi connue sous le nom de Tel Hazor

   On a retrouvé des mentions des Cananéens sur des tablettes découvertes sur le site de la ville de Mari où ils apparaissent en tant qu’entité politique distincte, probablement sous la forme de confédération de cités-États. Une lettre de cette époque se plaint de certains "des voleurs et des Cananéens (des Kinahhu)" causant des problèmes dans la ville de Rahisum. Des tablettes trouvées à Ougarit nous apprennent que les Cananéens s’installèrent tout d’abord en Arabie Pétrée, entre les golfes actuels de Suez et Aqaba, ils s’arrêtèrent dans la région du Negeb et, de là, gagnèrent la côte de la Méditerranée où ils restèrent par la suite. Ils se fixèrent d’abord dans la région d’Ashdod, Gaza et Ascalon (ou Ashkelon).
 
   Au cours de ces périodes, les Cananéens profitèrent de leur position intermédiaire entre les anciennes civilisations du Moyen-Orient. Ils jouèrent des rivalités entre l’Égypte et les Empires proche-orientaux (Akkadien, Mitannien, Hittite et Hourrite) et réussirent à garder une autonomie de fait en fondant des cités-États dirigées par des Princes marchands le long de la côte, ou des petits royaumes se spécialisant dans des produits agricoles à l’intérieur des terres et en développant leur commerce maritime.
 
   À Alalah (ou Alalakh en Syrie moderne) se trouve la statue du Roi Idrimi (v.1490-v.1450) où il y est inscrit qu’après un soulèvement populaire contre son régime, Idrimi fut contraint à l’exil avec sa mère, sa famille et une partie de la population. Il quitta la cité et rejoignit le peuple d’Apirou (ou Hapiru ou Habiru ou Abirou ou Hapirou ou Habirou ou Ha biru ou Apiru, groupe de personnes qui vivaient comme des nomades dans les régions du Croissant fertile de la Mésopotamie du Nord et l’Iran aux frontières de l’Égypte) en Ammija sur la "terre de Canaan". Vers 1350, les références aux Cananéens se retrouvent également dans les lettres de Tell el-Amarna, de l’époque du Pharaon Amenhotep IV (Aménophis ou Akhénaton, 1353/52-1338) où il est souvent fait référence à "la terre de Canaan".


 

Stèle représentant le Dieu Égyptien
Min, la Déesse Syrienne Qadesh,
le Dieu Cananéen Reshep –
Musée du Louvre

 
   Les fouilles archéologiques de plusieurs sites, plus tard identifiés comme Cananéens, montrent que la prospérité de la région atteignit son apogée au cours de la période 1500-1200, sous la direction de la ville d’Hazor (ou Hatzor ou Tell Hazor ou Tell el-Qedah) et il semble, d’après la Bible, qu’Hatsor fut le chef d’une importante coalition de ville dans le Sud. Dans le nord, les villes du Yamkhad et du Qatna connurent leur hégémonie et furent d’importantes confédérations. À la fin de l’âge du Bronze, les confédérations Cananéennes furent centrées sur les villes de Megiddo et Kadesh, avant d’être à nouveau soumises par les Égyptiens.
 
   Puis les Cananéens furent vaincus par les Hébreux. Ils remontèrent alors plus au Nord et rejoignirent ceux de leurs compatriotes qui occupaient déjà cette partie du littoral Méditerranéen. Cependant contrairement au récit exposé dans le Livre de Josué des découvertes archéologiques menées par Israël Finkelstein dans les années 1990, tendraient à prouver que le pays de Canaan ne fut pas conquis militairement, mais que l’apparition des premières communautés Israélites sur les hautes-terres intérieures, dateraient de vers 1200. Ce qui fait des Israélites des groupes de souches Cananéennes.
 
   La conquête du pays de Canaan dans le récit du Livre de Josué à été confirmée et/ou réinterprétée par l’archéologie dans un certain nombre de domaine grâce aux données issue du terrain. Dans ce récit, les lieux géographiques des batailles sont situés très précisément, mais il reste très vague sur les dates des campagnes ou sur celle de l’Exode. Les dates proposées vont de 1600 à 1200. Les spécialistes pensent que la date que l’on peut retenir à partir du récit, qui est 1450, est impossible car à cette époque, la Palestine fut sous le contrôle de l’Égypte. Le texte mentionne à un moment la construction de la "ville de Ramsès", dont on peut raisonnablement penser qu’il s’agit de Pi-Ramsès ou peut-être la proche Tanis, ce qui fait alors situer la conquête Israélite deux siècles plutôt vers 1250.
 
   Une autre précision nous vient de la stèle du Pharaon Mérenptah (1213-1203), qui date de vers 1205 et qui précise que la population d’Israël est déjà installée en Palestine lors de son règne. Ce qui réduit donc la fourchette de la date de cette conquête entre 1250 et v.1205. Le récit le plus célèbre est celui de la bataille de Jéricho, avec l’effondrement des murailles de la ville, mais il se rapproche plus de la légende que de faits réels. (Voir ci-dessous).
 


 

Stèle de Baal (Ba’al) –
Musée du Louvre

   D’une façon générale, la fin des Cananéens en tant qu’entité et la destruction des cités s’échelonnent dans la durée sur plus d’un demi-siècle et non pas dans le court temps du récit biblique. Le phénomène ne toucha pas que cette région puisqu’il fut général dans tout le bassin oriental de la Méditerranée et concerne aussi des régions qui n’ont rien à voir avec les Hébreux. Cette fin est plutôt à rapprocher de l’effondrement (dit "effondrement systémique") de tout le Proche-Orient qui se situe entre l’âge du bronze récent et l’âge du fer, vers 1200, époque où se produisit l’invasion, à grande échelle, de ce que l’on appelle les "Peuples de la mer".
 
   Parmi ces peuples, les plus connus furent les Peleset (ou Philistins ou Péléset) qui donneront leur nom à la Palestine. Ce sont les plaines et leurs villes côtières qui furent le plus touchées. Les zones montagneuses, pour une raison géographique étant moins exposées, virent apparaître, vers 1200, les premiers Israélites. On observe ensuite une croissance régulière de leur population, qui se poursuivit à l’époque des conquêtes dans la région, des Rois David (1010-970) et Salomon (970-931). Pierre de Miroschedji, prétend que la culture Israélite émergea dans les collines du centre du pays, en continuité avec la culture Cananéenne de l’époque précédente.
 
   À partir du moment où Israël émergea, le terme Canaan laissa sa place à trois nouveaux termes selon les régions : La Phénicie qui désignait le littoral Nord ; la Philistine (les Philistins) qui désignait le littoral Sud et le royaume d’Israël pour les terres intérieures. Plus tard, la chute définitive des Cananéens en tant que civilisation eut lieu avec l’intégration de la région dans le monde Gréco-romain (Iudæa province), et après Byzantin, puis arabe, ottoman et abbasside. La langue Phénicienne Cananéenne disparut, comme une langue parlée, aux environs de 100 ap.J.C.

 

Égyptiens  et  Cananéens

 
   Au cours du IIe millénaire avant notre ère, les textes anciens Égyptiens utilisèrent le terme de Canaan pour se référer à une province Égyptienne, dont les limites viennent généralement corroborer la définition de Canaan trouvée dans la Bible Hébraïque. Soit une région délimitée à l’Ouest par la mer Méditerranée, au Nord, à proximité d’Hamath (ou Hama, une ville sur les rives de l’Oronte dans le centre de la Syrie), à l’Est par la vallée du Jourdain et au Sud par une ligne étendue de la mer Morte aux environs de Gaza. Les textes Égyptiens identifient également la ville de Kadesh (ou Qadesh) en Syrie, près de la Turquie, comme faisant partie du cadre du "Pays de Canaan". Il est donc difficile de savoir avec certitude si le nom de Canaan, chez les Égyptiens, se référait à un groupe ethnique en particulier ou à une région où ils vivaient ou encore à une région sous le contrôle de l’Égypte.
 


 

Le nom de Canaan en
hiéroglyphes  k3n’n’  sur la
stèle de Mérenptah.

   À la fin de ce que l’on appelle le Moyen-Empire Égyptien (2022-1650), le pays fut en proie à une rupture de pouvoir centralisé. Divers monarques dans le Delta prirent leur indépendance. Profitant de ces temps troublés et d’un pays divisé, des tribus nomades de Canaan, essentiellement en majorité Amorrites selon certains spécialistes ou Hourrites selon d’autres, s’infiltrèrent lentement, mais en grand nombre, au Nord-est du pays. Dans l’Ancien Testament, nous trouvons mentionnés les Amorrites dans le tableau des peuples (Genèse 10 : 16 à18). Autour de 1663, leurs dirigeants, que les Égyptiens dénommaient "heqa khâsout", Chefs ou Princes des Pays étrangers" d’où le terme "Hyksôs" (en Grec), exploitèrent la faiblesse du Roi et le manque de pouvoir central, pour fonder deux dynasties parallèles : Les XVe par Salatis et XVIe par Anat-Her. Il faut noter que cette version des faits est très discutée par les égyptologues et certains proposent d’autres chronologies (Voir à Hyksôs, XVe et XVIe dynastie). Après avoir balayé les derniers souverains de la XIVe dynastie, Avaris devint leur capitale et de là ils étendirent leur domination. Il est évident que les Amorrites jouèrent un rôle important dans l’histoire de Canaan. Dans la Genèse nous les trouvons situés dans le Sud du pays et nous entendons aussi parler de deux grands Rois Amorrites résidant à Heshbon et Ashtaroth, à l’Est du Jourdain.


 

Statue de Ramsès II enfant et le
Dieu Cananéen Houroun sous
la forme d’un faucon.

 
   Ce fut avec les Rois de la XVIIe dynastie que les Égyptiens retrouvèrent leur souveraineté en éliminant les Hyksôs et petit à petit en reprenant possession de leurs anciens territoires en Canaan. Dans les siècles précédant l’apparition des Hébreux, le pays de Canaan et la Syrie devinrent tributaire des Rois Égyptiens, bien que la domination par le souverain n’était pas, au début, assez forte pour éviter de fréquentes rébellions locales. Il fallut attendre le règne des Rois Thoutmôsis III (1479-1425) et Amenhotep II (ou Aménophis, 1428/27-1401) pour voir une présence forte de l’Égypte dans la région.
 
   Néanmoins, Thoutmôsis III fit état d’une nouvelle et inquiétante population au nom d’Apirou (ou Hapiru ou Habiru ou Abirou ou Hapirou ou Habirou ou Ha biru ou Apiru) qui furent indiqués pour la première fois. Bien que les Apirou furent signalés aussi en Mésopotamie lors du règne du Roi d’Ur, Shulgi (ou Sulgi ou Shoulgi, 2094-2047), leur apparition en Canaan semble avoir été due à l’arrivée d’un nouvel État dans le nord de la Mésopotamie, associés aux dirigeants Hourrites, connu sous le nom de Mitanni.
 
   Le pouvoir Égyptien en Canaan subit un revers important lorsque les Hittites (ou Hatti) avancèrent en Syrie sous le règne d’Amenhotep III (ou Aménophis, 1390-1353/52) et devinrent encore plus menaçant sous celui de son successeur, le déplacement du royaume d’Amourrou (ou Amurru) incitant une reprise des migrations Sémitiques. Dans les lettres de Tell el-Amarna, correspondance du fils du Roi Amenhotep III, le premier Pharaon Amenhotep IV (Aménophis ou Akhénaton, 1353/52-1338), envoyées par les Gouverneurs et les Princes de Canaan au Pharaon nous trouvons, à côté de Amar et Amourrou, les deux formes Kinahhi et Kinahni, correspondant respectivement à Kena et Kena’an. Juste après la période d’Amarna le nouveau problème qui se posa pour l’Égypte fut la difficulté à contrôler le pays de Canaan.
 


 
Scarabée Cananéen avec le Dieu Égyptien Ptah

   Le Pharaon Horemheb (1323-1295) fit une campagne ;contre les Shasous (ou Shasus, bédouins localisés d’abord en Transjordanie, qui sont ensuite cités en la Palestine du Sud) vivant dans des tribus de pasteurs nomades, qui avaient traversé le Jourdain et menaçaient le commerce Égyptien à travers la Galilée et la vallée du Jezraël (ou Jezréel ou Jezrahel ou Jizreel ou Yizréel). Ce fut le Pharaon suivant, Seti I (1294-1279), qui conquit définitivement ces Shasous installés au Sud et à l’Est de la mer Morte. Après le quasi-effondrement, à la bataille de Kadesh, des Égyptiens face aux Hittites, le Pharaon Ramsès II (1279-1213) fit une campagne vigoureuse en Canaan afin de maintenir le pouvoir Égyptien. Les forces Égyptiennes pénétrèrent dans le Moab et l’Ammon, où une forteresse abritant une garnison permanente fut créée. Après l’effondrement du Levant du fait de ce que l’on appelle les "Peuples de la mer", Ramsès III (1184-1153) construisit un temple au Dieu Amon en "Ka-n-‘-na".
 
   Ce nom géographique entend probablement l’ensemble de la Syrie et l’Ouest de Canaan, avec Raphia "la (première) ville de Ka-n-‘-na.", sur la frontière Sud-ouest vers le désert. Certains archéologues ont proposé que les Égyptiens du XIIIe siècle aient déjà rédigé des rapports écrits sur le début d’une croyance monothéiste en Yahvé, qui aurait été noté parmi les nomades Shasous. Ce qui est sûr c’est que la foi en Yahvé surgit entre ces peuples nomades. Sous le règne du Roi de Juda Josias (640-609), la croyance en Yahvé déplaça le polythéiste de "El" (le Dieu principal) parmi ceux qui vivaient dans le haut pays d’Israël et de Juda.

 

Vue du site de Jéricho

 

L’archéologie

 
   Les premières fouilles dans la région datent de la première moitié du XXe siècle. Elles ont mis au jour une série de cités importantes avec des traces évidentes de destructions violentes (Incendies). Jusqu’à 1960 ces premières découvertes non pas été très précisément datées et donnaient un crédit important au récit du Livre de Josué. Mais depuis cette période l’amélioration et la sophistication de plus en plus grande des techniques d’analyse de datation ont progressivement mis le doute sur la réalité historique du récit biblique. Un des plus grands spécialistes remettant en cause le récit est l’archéologue Pierre de Miroschedji qui est Directeur de Recherche au CNRS et Directeur du Centre de Recherche Français de Jérusalem.
 


 

Le squelette d’un soldat cananéen découvert à
Sidon (Saïda) qui remonte à 1800 av.J.C.

   Les fouilles et datations donnent désormais une image précise de la situation sur le terrain. Par exemple pour la ville de Jéricho, le récit biblique évoque vers 1250, la prise de la cité par Josué. Ce dernier fut le fils de Nun, de la tribu d’Éphraïm et successeur de et le successeur de Moïse à la tête du peuple Hébreu), il était devenu vice-Roi (ou ministre) d’Égypte. Il fit la connaissance de l’échanson royal qui par la suite l’introduisit à la cour. Interprétant des songes, qu’il avait eu pour le Roi, il obtint de hautes fonctions administratives. Le livre de Josué relate les faits de la prise de la ville : Le septième jour après l’arrivée des Hébreux, les murailles de la cité s’effondrèrent par la simple volonté divine après le défilé sept fois autour de la cité, pendant sept jours, de l’arche d’alliance et de sept Prêtres sonnant sept chofars (Sorte de trompettes).
 
   Lors de cette guerre Jéricho fut rasée intégralement et la ville et son butin furent alors maudits. Dans la réalité archéologique, Jéricho fut une cité florissante à l’âge du bronze ancien (1800-1500) et à partir de 1400, où elle était devenue une petite bourgade sans mur d’enceinte, elle fut abandonnée. Donc, à l’époque où le récit biblique situe sa conquête, vers 1250, la ville était inoccupée depuis 150 ans et tombait en ruines. Les archéologues n’y ont d’ailleurs relevé aucune trace de destruction guerrière. Le récit biblique de sa prise par les Hébreux est donc une pure invention et ne peu refléter le déroulement d’une réelle bataille. Pierre de Miroschedji explique qu’il faut prendre énormément de précaution avec le Livre de Josué. Les villes énumérées lors de la conquête, soit n’existaient pas vers 1250, soit elles existaient mais ne furent pas détruites, soit elles ont bien été détruites mais à une date différente.

 

Bibliographie

 
   Pour d’autres détails sur les Cananéens voir les ouvrages de :
 
Umberto Cassuto :
The goddess Anath; Canaanite epics of the patriarchal age, Magnes Press, Hebrew University, Jerusalem, 1971.
Sophie Cluzan :
De Sumer à Canaan : L’Orient ancien et la Bible, Éditions du Seuil, Paris, 2005.
Michael David Coogan :
Stories from Ancient Canaan, Westminster John Knox Press, Philadelphia, 1978.
The Old Testament : A Historical and literary introduction to the Hebrew scriptures, Oxford University Press, New edition, Novembre 2005.
John Day :
Yahweh and the gods and goddesses of Canaan, Sheffield Academic Press, London, New York, 2002.
Henri E.Del Medico :
La Bible Cananéenne : Découverte dans les textes de Ras Shamra, Payot, Paris, 1950.
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Homeland or holy land? : The “Canaanite” critique of Israel, Indiana university press, Bloomington, 1986.
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Ancient Canaan and Israel : New perspectives, ABC-CLIO, Santa Barbara, 2004 – Oxford University Press, Oxford, New York, 2009.
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A comparative Lexicon of Ugaritic and Canaanite, Université de Berlin, Collection : Alter Orient und Altes Testament 340, Ugarit-Verlag, Münster, 2008.
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Cuneiform in Canaan. Cuneiform sources from the land of Israel in ancient times, Israel Exploration Society, Jerusalem, 2006.
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