Les  cités  Phéniciennes
Ougarit
 

Nous avons besoin de vous

 

  Pour plus de détails voir aussi :   Baalbek Byblos Dor Sidon

Tripoli du Liban Tyr Les Phéniciens

 

 
Sommaire

 
Localisation et origine
L’histoire
Economie et commerce
La religion
Le site archéologique
Alphabet et littérature
      Alphabet
      Littérature
Bibliographie

 

Vue des vestiges du
palais royal d’Ougarit
(Ras Shamra)

 

Localisation, origine

 
  Ougarit (ou Ugarit, en Hébreu : אוגרית, en Grec : Ουγκαρίτ, en arabe : رأس شمرة Ras Shamra) se trouve sur le site de l’actuelle Ras Shamra, initialement nommée Ras ech-Chamra "la colline du fenouil", près de Lattaquié dans l’actuelle Syrie. Ce fut une ancienne cité portuaire cosmopolite de Phénicie sur la côte Méditerranéenne Syrienne. Ougarit fut un important port de commerce qui, comme Byblos subit l’influence Égyptienne au IIe millénaire. Elle maintint aussi des liens diplomatiques avec Chypre (ou Alasia ou Alashiya), qui sont documentés dans les archives récupérées sur le site et corroborés par de la poterie Mycénienne Chypriote qui s’y trouvait. L’apogée de la citée se situe entre 1450 et 1200 av.J.C. La ville tira l’essentiel de sa richesse du commerce du cuivre Chypriote et des métaux travaillés et de l’exportation, en outre, de la pourpre tirée d’un coquillage, du sel et des céréales.
 
   Les archives d’Ougarit comportent des textes en plusieurs langues, certains rédigés dans une écriture cunéiforme alphabétique. La société Ougaritique fut d’après les textes divisée en deux groupes : Les "hommes du Roi" et les "fils d’Ougarit". Les premiers furent les membres de l’administration palatiale, dépendant du souverain. Ils exerçaient un métier en relation avec le palais. C’étaient les administrateurs, les artisans et les marchands. Le second groupe était composé essentiellement de ruraux, vivant dans des communautés villageoises et travaillant pour leur propre compte dans des champs leur appartenant. À côté du groupe des hommes libres, il existait aussi une classe servile, sans doute assez limitée en nombre.

 

L’histoire…….

 


 

Autre vue du site

   Bien que le site semble avoir été habité plus tôt, l’Ougarit néolithique était déjà suffisamment importante pour être fortifiée avec un mur au début de 6000 av.J.C. Les premiers contacts Ougaritiques avec l’Égypte et la première date exacte de la civilisation Ougaritique, nous sont renseignés par une perle cornaline identifiée datant du Moyen-Empire Égyptien et son Roi Sésostris I (ou Senoueseret, XIIe dynastie, 1962-1928).
 
   Une stèle et une statuette du Roi Sésostris III (ou Senoueseret, 1878-1843) et Amenemhat III (ou Aménémès, 1843-1797) ont également été trouvés. Toutefois, il est difficile de savoir à quel moment exact ces monuments ou objets sont arrivés à Ougarit. Ce dont nous sommes sûr c’est que la prospérité de la cité commença à la fin du XIXe siècle pendant une période de paix entre le Mitanni et l’Égypte, dont la ville était officiellement vassale, bien qu’elle reconnaissait aussi l’autorité des Hittites. Elle entretint aussi des relations avec le monde Égéen des Mycéniens.
 
   La première trace écrite mentionnant la ville vient de la ville voisine d’Ebla et date de vers 1800 av.J.C. De la même époque, la cité est mentionnée dans les archives de Mari. Ougarit est alors vassale du puissant royaume du Yamkhad (ou Alep) et le Roi de Mari, Zimri-Lim (1775-1761/60) allié du Roi d’Alep, Hammourabi I (1765-v.175), y effectua un voyage.
 
   Ougarit repassa ensuite dans la sphère d’influence de l’Égypte, qui influença profondément son art. À son apogée, entre 1450 et 1200, Ougarit resta en contact permanant avec l’Égypte et Chypre (ou Alashiya). Le premier Roi attesté est Yaqarou (ou Yaqurum ou Yaquru, v.1760), on ne connaît, encore aujourd’hui, absolument rien de son règne. Il fut suivi sur le trône par Ibiranou I (ou Ibiranu, v.1740), puis suivirent plusieurs Rois dont on ne sait rien (Voir liste des Rois). Notre connaissance de l’histoire d’Ougarit n’est bonne qu’à partir du milieu du XIVe siècle. Le royaume était alors dirigé par Ammistamrou II (ou Ammistamru, ? à 1354 ou 1349) qui fut un vassal de l’Égypte, contemporain du Roi Amenhotep III (ou Aménophis, 1390-1353/52). Dans une lettre qu’il lui adressa, retrouvée à Tell el-Amarna, il demandait son assistance militaire contre un ennemi non spécifié. Son fils lui succéda.


 

Stèle de Baal (Ba’al) –
Musée du Louvre

 
   Niqmaddou II (ou Niqmadu “Addou a donné raison”, 1380 à 1346 ou v.1360 à v.1340 ou 1353 à 1318 ou 1349 à 1315) arriva sur le trône. Il est identifié sur un vase en albâtre avec une femme en robe de cour Égyptienne où il est mentionné comme Roi. Les premières années de son règne sont documentées par un traité conclu avec le Roi d’Amourrou Azirou (ou Aziru, v.1344-v.1315), dans lequel il demandait sa protection militaire, en échange d’une contribution. Alors qu’il était vassal du Pharaon Amenhotep IV (Aménophis ou Akhénaton, 1353/52-1338) au début de son règne, il se soumit a l’Empereur des Hittites, Souppilouliouma I (ou Suppiluliuma, 1355-1322), lorsque celui-ci entama sa première campagne en Syrie du Nord et conclut un traité de vassalité avec lui.
 


 

Plat en argent représentant une
scène de chasse – XIX siècle –
Musée du Louvre

   Lorsque les Rois Itur-Addu (v.1350) d’Alalah (ou Alalakh ou Alakhtum ou Mukish ou Tell Açana) et Addu-Nirari du Nuhashshe (ou Nukhashshe ou Nuhasse ou Nuhašša ou Nuhašše, petit royaume au Sud d’Alep) se soulevèrent contre les Hittites et cherchèrent à rallier les royaumes voisins à leur cause, Niqmaddou II choisit de rester dans le camps des Hittites. Plusieurs lettres nous montrent des propositions faites par Souppilouliouma I à Niqmaddou II pour le convaincre de rester fidèle. Quand la coalition fut matée, Niqmaddou II rejoignit son suzerain à Alalah où il conclut un accord diplomatique. Les dates exactes de son règne sont encore très discutées.
 
   Son fils, Ar-Halba (ou Arhalba ou Arhalbu, v.1340 à v.1315 ou 1317 à 1314 ou 1315 à 1313), lui succéda. Ses dates de règne sont aussi très discutées. Certains chercheurs avancent une datation relativement précise qui serait pendant l’an 7 à 9 du règne de l’Empereur des Hittites Moursil II (ou Mursil ou Mursili, 1321-1295) et d’autres pendant l’an 16 à 18 du règne du Pharaon Horemheb (1323-1295) ?. Contrairement à son père, il choisit de se rallier à une révolte fomentée par le Roi de Kadesh (ou Qadesh) contre leur suzerain respectif, l’Empereur des Hittites Moursil II (ou Mursil ou Mursili, 1321-1295), deuxième fils de Souppilouliouma I. Cette rébellion fut très vite matée, ils furent battus par les Hittites.
 
   Devant la déroute, une révolte se produisit à Ougarit et Ar-Halba fut renversé par son frère Niqmepa VI (ou Niqmiepu, v.1315 à v.1260 ou 1313 à 1251 ou 1312 à 1260). Celui-ci monta sur le trône et se soumit aux Hittites. Moursil II lui fit alors signer un traité de paix très astreignant, qui nous est parvenu, contenant les clauses de la mise en vassalité du royaume d’Ougarit. Ce dernier mettait la cité sous la tutelle des Rois de Karkemish (Ceux-ci étant issus depuis Piyassilis, troisième fils de Souppilouliouma I, de la dynastie Hittite) qui se chargeaient de contrôler et de faire appliquer les directives venant du pouvoir central Hittite à Hattousa. De plus le royaume d’Ougarit se vit retirer de son autorité deux petits royaumes vassaux, le Siyannou (ou Siyannu) et l’Oushtanou (ou Ushtanu) qui passèrent aussi sous le contrôle de Karkemish ce qui réduisit de moitié la zone que la ville contrôlait. À partir du règne de Niqmepa VI, Ougarit devint un fidèle vassal des Hittites. Il épousa Ahatmilki (ou Aat-milki ou Ahatmilku), la sœur du Roi d’Amourrou, Tuppi-Teshub (ou Duppi-Teššup, 1313-1280), qui lui donna un fils qui lui succéda.


 

Tablette en Ougaritique

 
   Ammistamrou III (ou Ammistamru ou Ammittamru, 1265 à 1240 ou v.1260 à v.1230 ou 1250 à 1210) eut un règne paisible sur le plan politique. Ougarit était vassale des Hittites et il dut se soumettre au pouvoir des Rois de Karkemish à qui ces derniers avaient donné la gérance de la ville. Dans le traité signé par son père, Ougarit n’était pas obligée de fournir une aide militaire aux Hittites, mais ceux-ci la taxaient d’un tribut qui servait à entretenir l’armée. Le règne d’Ammistamrou III fut abondamment documenté sur des tablettes cunéiformes retrouvées à Ougarit, écrites en Akkadien ou en Ougaritique, qui nous renseignent sur le fonctionnement de l’administration du royaume, ses activités économiques et diplomatiques.
 


 

Statuette représentant
un souverain Ougarite
tenant une sorte de
masse d’arme

   On y trouve notamment une grande affaire politique qui marqua le règne d’Ammistamrou III. Il s’agit de son divorce avec la fille du Roi d’Amourrou (ou Amurru) Benteshina (ou Bentešina ou Pendishena, 1280-v.1250). Celle-ci, apparemment, effectua une "faute" à son encontre, dont la nature exacte nous est inconnue. Ammistamrou III la répudie et la renvoya chez elle, avant d’exiger son retour, sans doute pour l’exécuter. Le nouveau Roi d’Amourrou (ou Amurru), Shaushga-Muwa (v.1230-v.1210), le frère de la fautive, refusa dans un premier temps de livrer sa sœur. Intervinrent alors le souverain de Karkemish Ini-Teshub et celui des Hittites Tudhaliya IV (ou Touthalija ou  Duhalijas, 1234-1215), dont il était à la fois neveu et le beau-frère, qui le forcèrent à livrer la jeune femme. Celle-ci fut sans doute exécutée plus tard par Ammistamrou III. Le Roi soutint ensuite les Hittites dans un conflit contre l’Égypte de Ramsès II (1279-1213).
 
   Son deuxième fils Ibiranou V (ou Ibiranu, 1240 à 1225 ou v.1230 à v.1220 ou 1230 à 1210 ou 1209 à 1200) lui succéda. Le frère ainé de ce dernier, l’héritier présomptif du trône, Utri-Sarruma (ou Utri-Šarruma), avait décidé de quitter le royaume lorsque le mariage de sa mère fut annulé et Ibiranou V devint alors le nouveau Roi d’Ougarit. Lorsqu’il monta sur le trône, il récupéra un royaume solide mais vassal d’un Empire Hittite sur le déclin, qui essayait de faire face à l’invasion des Peuples de la mer. Il fut un contemporain des Empereurs Arnouwanda III (1215-1214), qui mourut jeune et son frère Souppilouliouma II (ou Suppiluliuma, 1214/13-1190).
 
   Ibiranou V commit une faute, il oublia de présenter hommage au Seigneur Hittite ainsi que le protocole diplomatique d’un État vassal l’obligeait. Pour faire passer sa négligence il envoya des précieux cadeaux pensant compenser son erreur et lever les inquiétudes. Mais il reçut plusieurs lettres de réprimande du Vice-roi de Karkemish, Talmi-Teshub (ou Talmi-Teššup). Les lettres, découvertes parmi les tablettes cunéiformes trouvées à Ougarit, ont également révélé que la relation avec les Hittites continua de se détériorer, lorsque le Vice-roi de Karkemish demanda le déploiement immédiat de troupes et des chars. Ibiranou V n’envoya pas la quantité suffisante pour participer aux campagnes de l’Empereur et il fut suspecté de garder ses meilleurs chars à Ougarit. Une lettre du Vice-roi l’informa qu’un inspecteur de l’Empereur Hittite serait envoyé à Ougarit pour vérifier le nombre de troupes qu’Ibiranou avait effectivement à sa disposition. La réticence du Roi pour présenter son allégeance aux Hittites semble suggérer une perte de confiance dans leur protection. Cette explication est corroborée par une lettre trouvée dans les archives Ougaritiques, adressée par Ibiranou V à l’Empereur d’Assyrie, Toukoulti-Ninourta I (ou Tukulti-Ninurta ou Tukultininurta, 1245-1208), décrivant la lourde défaite que les Hittites subirent dans le Nord de la Mésopotamie. On ignore le nom de son épouse et son fils lui succéda.
 
   Niqmaddou III (ou Niqmaddu, 1225 à 1215 ou 1220 à 1215 ou 1199 à 1192) arriva sur le trône. Il n’est connu que par un sceau dynastique scellé, qui rapporte dans un texte qu’il fut le fils d’Ibiranou V et une lettre de Kushmeshusha (ou Kušmešuša ou Kuszmeszusza, v.1210-v.1190), le Roi de Chypre (ou Alasia ou Alašija), qui documente la livraison de cuivre par Niqmaddou III. Hammourabi III (1215 à 1180 ou 1194 à 1188 ou 1191 à 1182) lui succéda. On ne sait pas si les deux dirigeants furent liés. Il fut le dernier Roi d’Ougarit. Ce fut un contemporain du dernier Empereur Hittite Souppilouliouma II (1213-v.1190).


 

Bas-relief en ivoire représentant
la Déesse Astarté – Musée du Louvre

 
   Il écrivit une lettre (RS 18,17) en réponse à un plaidoyer en faveur d’une aide du Roi de Chypre (ou Alasia ou Alašija) qui a été préservée. C’est de cette époque que datent la plupart des sources épigraphiques retrouvées sur le site de Ras-Shamra. Hammourabi III dans son courrier met en lumière la situation désespérée d’Ougarit face aux attaques des Peuples de la mer :
 

 "Mon père, voici les ennemis qui nous ont été expédiés, mes villes (?) ont été brûlées et ils ont fait des mauvaises choses dans mon pays. Est-ce que mon père sait que toutes mes troupes et mes chars (?) sont dans le pays de Hatti et tous mes navires sont dans le pays de Lukka … Ainsi, mon pays est abandonné à lui-même. Mon père vous le savez, les sept navires de l’ennemi qui sont venu ici nous ont infligés beaucoup de dommages…".

 
   Dans le même temps, les textes Hittites nous indiquent que leur pays du Hatti subit une période de grande famine, accompagnée de forts mouvements de population qui minèrent complètement l’Empire jusqu’a amener sa disparition. Selon les textes Égyptiens, la destruction du Hatti serait due aux Peuples de la mer, qui ravagèrent toute la région, mais il est peu probable que ceux-ci se soient avancés aussi loin à l’intérieur des terres. Il est plus vraisemblablement que ce sont d’autres tribus ennemies qui ont profité de l’affaiblissement de l’Empire pour abattre définitivement les Hittites et leurs vassaux.
 


 

Pot en terre cuite peint retrouvé
à Ras Shamra – Musée du Louvre

   Ce qui est sûr c’est qu’Hattousa et les principales villes Hittites furent détruites et ne se relevèrent jamais. Ougarit fit parti de ces nombreux États du Proche-Orient qui furent détruits ou abandonnés au cours de l’effondrement. La ville fut prise, pillée et détruite et plus habitée après. Une tablette cunéiforme trouvée en 1986 montre qu’Ougarit fut détruite après la mort du Pharaon Mérenptah (ou Mineptah, 1213-1203). Il est généralement aussi admis qu’elle était déjà détruite lors de la 8e année du règne de Ramsès III (1184-1153), soit en 1176. Qu’Ougarit fut détruite avant ou après la capitale Hittite Hattousa, généralement donné en 1190, est toujours débattue. La destruction fut suivie par une interruption de règne.
 


 

Figurine d’une femme
nue à coiffure Syro-phénicienne – Ras Shamra

Économie  et  commerce

 
   Ougarit tirait l’essentiel de sa richesse, du commerce du cuivre Chypriote et des métaux travaillés provenant d’Anatolie qui transitaient par son port et de l’exportation en outre de la pourpre tirée d’un coquillage, du sel, des céréales, de l’huile d’olive, du vin et des matières textiles. Cependant l’activité principale était l’agriculture. Le territoire du royaume était un très bon terroir agricole, propice à la culture de : Céréales, d’oliviers et de vigne. Les champs pouvaient appartenir au palais ou être la possession de particuliers.
 
   La cité disposait d’une position géographique privilégiée pour le commerce maritime, car il s’agissait du seul port du littoral Nord de la Syrie, entre Byblos et la Cilicie. De ce fait, ce fut le seul débouché maritime possible pour toute la région du moyen-Euphrate. À côté de cela un commerce terrestre actif existait aussi le long du littoral Méditerranéen, mais aussi vers l’intérieur des terres. Les marchands faisaient partie de la catégorie des "hommes du Roi", qui accomplissaient un service pour le compte du palais en échange d’une rétribution en ration ou un champ de subsistance.
 
   Mais rien ne les empêchait de faire des affaires pour leur propre compte à côté. Les marchands avaient également une activité financière et effectuaient des prêts. Ils étaient organisés en firmes familiales, disposant de plusieurs intermédiaires dans d’autres places commerciales. À l’inverse, des marchands étrangers s’installaient à Ougarit, ville très attractive pour l’exercice du commerce à longue distance.


 

Statuette en bronze de Baal
trouvée à Ras Shamra –
Musée du Louvre

 
La religion

 
   La religion Ougaritique était centrée sur le chef des Dieux El (ou Ilu, le "père de l’humanité", "le créateur de la création"). El fut décrit comme un Dieu âgé avec des cheveux blancs, assis sur un trône. La cour d’El (ou Ilu) fut dénommé Ihm (ou Élohim). Les plus importants des grands Dieux étaient : Hadad, le Roi des cieux ; Athirat (ou Asherah, de l’Hébreu : אשרה) était la Déesse mère ; Yam était le Dieu de la mer, le Dieu du chaos primordial, des tempêtes et de la destruction massive et Mot était le Dieu de la mort.
 
   D’autres Dieux furent adorés à Ougarit comme : Dagon, Dieu des céréales et de l’agriculture, de la fécondité du blé ; Tirosh ; Reshep (ou Reshef ou Resheph ou Ræšæf, en Hébreu : רשף) divinité de la peste, de la guerre et de la guérison ; Horon ; Kothar-wa-Khasis (ou Kothar-et-Khasis, en Hébreu : כושר וחסיס "habile et intelligent" ou "habile avec les mains") le Dieu des artisans, des ingénieurs, des architectes et inventeurs ; Shahar le Dieu de l’aube, il était le frère jumeau et de Shalem (ou Shalimu) le Dieu homologue de la tombée de la nuit du crépuscule.
 
   Les textes universitaires Ougaritiques ont fourni une foule de documents sur la religion des Cananéens et ses liens avec celle des Israélites. La religion d’Ougarit et la religion de l’antique Israël ne sont pas les mêmes, mais il y avait certains chevauchements frappant. Par exemple, le nom de l’ultime autorité divine à Ougarit fut El, un des noms du Dieu d’Israël (par exemple, Genèse 33 : 20), mais un autre Dieu est important sur la terre d’El, comme son Vizir au nom de Baal (ou Ba’al). À Ougarit Baal était connu par plusieurs titres : "Roi des Dieux", "le Très-Haut", "Prince Baal" et "le Coureur sur les nuages".
 

   Voir pour plus de détails : La religion Ougaritique  –  Wikipédia.fr

 
Le site archéologique

 
   Le site d’Ougarit fut oublié jusqu’en 1928 lorsqu’un paysan alaouite ouvrit accidentellement une ancienne tombe alors qu’il labourait son champ près du site voisin de Minet el-Beida, l’ancienne Mahadu, le port d’Ougarit. La zone couvrait la nécropole d’Ougarit située dans les environs du port de Minet el-Beida. Les fouilles ont révélé une ville importante qui prit sa place aux côtés des cités d’Ur et É>ridou, comme un des berceaux de la culture urbaine. Elle possède une préhistoire remontant à 6000 av.J.C, peut-être parce qu’elle était à la fois un port et se trouvait au début des routes commerciales de l’Euphrate et du Tigre.
 

Un des bâtiments Entrée du palais La terrasse Les bains Autre vue du site Lieu des ancêtres

 
   La plupart des fouilles d’Ougarit furent entreprises par les archéologues Claude-Frédéric-Armand Schaeffer et René Dussaud du musée préhistorique et gallo-romain de Strasbourg. Ils mirent au jour les ruines d’Ougarit, sur le tell le plus important de la région de Lattaquié, Ras Shamra. Elles se poursuivirent depuis, dirigées par des équipes d’archéologues Français jusqu’aux années 1970, puis une équipe Franco-syrienne qui étendit les recherches dans tout l’arrière-pays d’Ougarit. Elles permirent de découvrir un palais royal de 90 chambres disposées autour de huit cours closes, de nombreux logements privés, dont deux bibliothèques privées (Une appartenant à un diplomate nommé Rapanu) qui contenait des textes diplomatiques, juridiques, économiques, administratifs, scolaires, littéraires et religieux.


 

Statue de la Déesse Athirat
(ou Asherah)

 
   ur la colline où la ville fut construite deux principaux temples furent découverts : Un dédié au Dieu Baal (ou Ba’al) le "Roi" et un dédié à Dagon, le Dieu de l’agriculture. Les fouilles ont aussi permis de découvrir sur le site plusieurs dépôts de tablettes d’argile en écriture cunéiforme, qui constituaient une bibliothèque du palais, un temple bibliothèque apparemment unique dans le monde à l’époque, deux bibliothèques privées datant de la dernière phase d’Ougarit, autour de 1200 av.J.C. Les tablettes trouvées dans cette cité cosmopolite sont rédigées en quatre langues : Sumérien, Hourrite, Akkadien, la langue de la diplomatie de cette époque au Proche-Orient et Ougaritique. Au cours de fouilles en 1958, une autre bibliothèque de tablettes fut mises au jour. Cependant beaucoup ont été vendues au marché noir et n’ont pas été immédiatement récupérées.
 
   Les "tablettes de Ras Shamra" sont maintenant gardées à l’Institut de l’Antiquité et du Christianisme (Claremont School of Theology, Claremont en Californie). Elles ont été publiées par Loren R. Fisher en 1971. En 1973, une archive contenant près de 120 tablettes a été découverte au cours de fouilles de sauvetage, en 1994, plus de 300 autres ont été mises au jour sur ce site dans un grand immeuble en pierre de taille, couvrant les dernières années de l’existence de la ville à l’âge de bronze. La plus importante littérature récupérée à Ougarit est sans doute le cycle de Baal (ou Ba’al), décrivant la base de la religion et le culte Cananéen. De nombreux objets provenant de divers endroits du monde Méditerranéen (Égypte, Chypre, Grèce Mycénienne) ont été mis au jour lors des fouilles de Ras Shamra et Minet el Beida.

 

Alphabet  et  littérature
 
Alphabet


   Les scribes d’Ougarit semblent être à l’origine de l’alphabet Ougaritique autour de 1400 av.J.C. 30 lettres correspondant aux sons, furent adaptées de caractères cunéiformes et inscrits sur les tablettes d’argile. Un débat existe quant à savoir si le Phénicien est à l’origine de l’alphabet Ougaritique. On peu constater que bon nombre des lettres montrent peu ou pas de similitude formelle, il y a aussi bon nombre de ressemblances entre les deux, ce qui suggère que les systèmes Phénicien et Ougaritique n’étaient pas totalement indépendants. Le Phénicien étant devenu la base pour le premier véritable alphabet.

  
   Ce dernier naquit à la date à laquelle il fut adopté par la langue Grecque qui modifia certains de ses signes pour représenter des voyelles, de ce fait à leur tour, les populations en Italie adoptèrent et modifièrent les signes. Par rapport à la difficulté de l’écriture cunéiforme Akkadienne, comme les Lettres de Tell el-Amarna de vers 1300, la souplesse d’un alphabet ouvrit un horizon pour l’alphabétisation de tous types de personnes.
 


 

Tablette d’un texte mythologique Ougaritique.

   En revanche, le syllabaire (appelé linéaire B) utilisé en Grèce sur les sites des palais Mycéniens, à peu près à la même période, était tellement lourd que l’alphabétisation a été largement limitée à des fonctions de spécialistes.
 

Littérature
 

   En dehors de la correspondance royale, à l’âge du bronze, avec des monarques voisins, la littérature Ougaritique a laissé des tablettes trouvées dans les bibliothèques avec des textes mythologiques écrit dans un style explicatif proche de la poésie, des lettres, des documents juridiques tels que les transferts fonciers, un peu de traités internationaux et un certain nombre de listes administratives. Les fragments de plusieurs œuvres poétiques ont été identifiés : La "Légende de Kirtu", la "Légende de Danel", les contes Ba’al qui expliquent en détail les conflits entre Yamm (Dieu de la mer et des rivières) et Mot (Dieu de la mort) et d’autres fragments.
 
   La découverte des archives Ougaritique fut d’une grande importance pour compléter les études bibliques. Ces archives, pour la première fois, ont fourni une description détaillée des croyances religieuses Cananéennes au cours de la période précédant le règne des Israélites. Ces textes révèlent des parallèles avec la littérature Biblique Hébraïque, en particulier dans les domaines de l’imagerie divine et poétique. La poésie Ougaritique a de nombreux éléments communs avec ceux découvert par la suite de la poésie en Hébreu. Les découvertes à Ougarit ont conduit à une nouvelle évaluation de l’Ancien Testament comme littérature.

 

Bibliographie

 
   Pour d’autres détails sur la ville voir les ouvrages de :
 
Jehad Aboud :
Die rolle des Königs und seiner familie. Nach den texten von Ugarit, Ugarit-Verlag, Münster, 1994.
Daniel Arnaud, Jean Pierre Adam et Olivier Callot :
Le royaume d’Ougarit, Bayard-Presse, paris, 1987.
André Caquot et M.Sznycer :
Textes ougaritiques, t. 1, Mythes et légendes, Le Cerf, LAPO, 1974.
Ugaritic Religion. Iconography of religions, Institute of Religious Iconography, State University Groningen, E.J.Brill, Leiden, 1980.
André Caquot, Jean-Marie de Tarragon et Jean Louis Cunchillos :
Textes ougaritiques, t. 2, Textes religieux et rituels, correspondance, Le Cerf, LAPO, 1989.
Izak Cornelius et Herbert Niehr :
Götter und Kulte in Ugarit. (Reihe: Zaberns Bildbände zur Archäologie), Philipp von Zabern, Mainz, 2004.
Josette Elayi :
Histoire de la Phénicie, Éditions Perrin, Paris, 2013.
Jacques Freu :
Histoire politique du royaume d’Ugarit, L’Harmattan, Association Kubaba, Paris, 2006.
Jacqueline Gachet-Bizollon :
Les ivoires d’Ougarit et l’art des ivoiriers du Levant au Bronze Récent, Éditions Recherche sur les civilisations, Paris, 2007.
Geneviève Galliano :
Le royaume d’Ougarit : Aux origines de l’alphabet, Catalogue de l’exposition du Musée des Beaux-arts de Lyon, Janvier 2004.
Ougarit : aux origines de l’alphabet, Editions Faton, Dijon, 2004.
John Gray :
The Krt text in the literature of Ras Shamra, Documenta et monumenta Orientis antiqui 5, E. J. Brill, Leiden, 1955.
Michael Heitzer :
The rural community in ancient Ugarit, Dr. Ludwig Reichert Verlag, Wiesbaden, 1976/
Edmond Jacob :
Ras Shamra-Ugarit et l’Ancien Testament, Cahiers d’Archéologie Biblique, 12, Neufchâtel, Editions Delachaux & Niestlé, 1960.
Oswald Loretz :
Ugarit und die Bibel. Kanaanäische götter und religion im Alten Testament, Wissenschaftliche Buchgesellschaft, Darmstadt, 1990.
Sophie Marchegay et Marguerite Yon :
Les tombes d’Ougarit : Architecture, localisation et relation avec l’habitat, Université Lumière, Archéologie du Proche-Orient, Lyon 2, 1999-2003.
Ignacio Márquez Rowe :
Ugarit, pp : 719-735, A History of Ancient Near Eastern Law 1, E.J.Brill, Leyde, 2003;
Dennis Pardee :
Ritual and cult at Ugarit, Society of Biblical Literature, 2002.
Claude-Frédéric-Armand Schaeffer et René Dussaud :
Les fouilles de Minet-el-Beida et de Ras Shamra, Librairie Orientaliste Paul Geuthner, Paris, 1929-1955.
William M.Schniedewind et Joel H.Hunt :
A primer on Ugaritic : Language, culture, and literature, Cambridge University Press, New York, 2007.
Itamar Singer :
A political history of Ugarit, Handbook of Ugaritic Studies (= Handbuch der Orientalistik. Abt. 1: Der Nahe und Mittlere Osten. Bd. 39), E.J. Brill, Leiden, 1999.
Mark S.Smith :
Untold Stories : The Bible and ugaritic studies in the twentieth century, Hendrickson Publishers, Août 2001.
Charles Virolleaud :
Les inscriptions cunéiformes de Ras Shamra (Ougarit), pp : 304-310, Syria 10, 1929.
Wilfred G.E. Watson :
Handbook of Ugaritic studies, HdO 39, E.J.Brill, 1999.
Marguerite Yon :
La cité d’Ougarit sur le tell de Ras Shamra, (Translation of La cité d’Ugarit sur le Tell de Ras Shamra 1979),  ERC, 1997 et 2005.

 

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