Rê – Musée du Louvre |
Fonctions et origine
Rê (ou Râ, en Copte : RīÇu
“Celui qui fait“) est le Dieu du soleil. Il est le Dieu primordial, à l’origine de tout.
Il est Seigneur de l’infini, créateur du Ciel et de la Terre, premier à être venu à l’existence avant tout ce qui existe, celui
qui s’est créé lui-même. La signification de son nom est incertaine. On pense que ce ne fut pas un mot
pour "soleil“, mais peut être une variante des mots signifiant
“force créatrice” et “créateur“. Ce fut sous
l’Ancien Empire
(2647-2150) qu’il devint une divinité principale. Plus précisément au cours de la
Ve dynastie (2465-2323) il fut élevé au rang
de divinité nationale et par la suite lié au Dieu
Thébain
Amon pour devenir
Amon-Rê, la divinité principal du panthéon Égyptien.
Le Roi Khafrê (ou Khéphren,
2518-2492) fut le premier à inclure le
nom de Sa-Rê “Le fils de Rê” dans sa
titulature.
Il précédait le nom de naissance
du Roi et était inscrit dans un cartouche.
On le considérait comme le Dieu créateur de l’univers,
le Dieu de l’État et de la justice. Il est assimilé à Horus,
l’autre divinité solaire. Quels que soient ses aspects ou ses noms, Rê est une
des plus importantes divinités du panthéon Égyptien. C’est à
Abousir qu’Ouserkaf
fit élever le premier temple solaire dédié à Rê. Il fut l’époux
d’Hathor et le père de
Sekhmet et
Bastet. Selon la cosmologie
Héliopolitaine, où il est associé à
Atoum, Rê s’est créé : Ou bien d’une fleur de
lotus, ou bien d’une butte où apparurent les eaux primitives au commencement du
monde. Puis il donna naissance à
Shou et à
Tefnout. Une ancienne tradition en
fait aussi le fils de Geb et de
Nout (La Déesse
du ciel) qui l’avalait chaque soir pour lui donner naissance à l’aube.
Il naquit d’un océan primitif par sa propre volonté,
se posa sur une colline, la colline primitive, et se leva sur la pierre Benben, à
Héliopolis, pierre qui servira plus tard de modèle aux
futurs obélisques. Rê est associé à la création, qu’elle soit originelle (La création du monde), ou annuelle avec le
réveil de la nature au printemps. On le vénéra donc comme créateur et protecteur. Il est de ce fait le maître des saisons et
aussi le juge des mondes divins et terrestres. Comme le soleil Rê fut celui qui permettait au monde d’exister et de se développer,
car sans soleil il n’y a pas de vie, et donc sans Rê il ne pouvait non plus y avoir de vie. Il était considéré comme le père de
tous les Dieux et par extension, le créateur de tous les hommes.
Autre représentation de Rê
sur la Barque |
Ses représentations et symboles
Rê est représenté dans une grande variété de formes :
▪ Sa forme la plus habituelle était celle d’un homme à tête de faucon,
coiffé du disque solaire et protégé par le cobra dressé.
▪ Sa phase nocturne lui faisait prendre parfois les traits d’un homme à tête
de bélier. Il tenait le sceptre Ouas et la croix Ânkh.
▪ Il est aussi sous la forme d’un chat tueur de serpents.
▪ Le scarabée, image terrestre de Rê, se dit
kheprer en Égyptien. L’insecte fut choisi comme hiéroglyphe pour inscrire le verbe
khéper qui signifie “se créer, se former“. Cette homophonie associa
donc le scarabée à la notion de création qu’incarnait Rê lorsqu’il était Khépri-Rê. C’est pour cette raison que le soleil
levant porte le nom de Khepri-khéper-em-ta “Khepri qui est advenu de la terre“.
▪ L’Œil de Rê, c’est l’œil divin que le Dieu envoie parfois sur terre qui peut
revêtir plusieurs formes : La lionne, ou encore l’uraeus, un cobra au souffle brûlant que l’on retrouve coiffant la divinité.
En fait l’origine viendrait d’une croyance encore plus ancienne qui disait que le Dieu du ciel avait la forme d’un faucon,
appelé Horus, celui-ci avait pour yeux le soleil et la lune. Rê fut
très vite identifié à ce Dieu du ciel par le clergé
Héliopolitain et conserva son œil soleil,
Horus ne conservant qu’un œil lunaire
▪ Le phénix et la mangouste. Vénéré à
Héliopolis comme symbole solaire, le phénix fut assimilé
au bennou “celui qui se lève" ou l’aigrette ou le héron dont le vol très
haut le rapproche de Rê. On le vénéra donc dans la ville comme l’âme de Rê. Il
prenait de ce fait parfois la forme d’un homme à tête de héron.
Ses symboles étaient :
▪ Ses attributs divins : Le
pilier Djed, symbole de stabilité et de durée ; Le disque solaire ceint de
l’uraeus.
▪ Les animaux qui lui étaient associés : La mangouste (L’ichneumon) chasseur
de serpents et le taureau. Ce sont ses animaux sacrés. Il y avait aussi, le chat et le scarabée qui sans être sacrés, lui
étaient associés.
▪ Ses emblèmes : Le sceptre Ouas, signe de force et de puissance ;
L’obélisque, qui rappelle la première Terre sur laquelle se leva le Salera la création.
▪ Sa couleur et élément : Le feu et le rouge, couleur de la violence redoutable et
teinte brûlante.
▪ Les fêtes en son honneur : Le premier jour de l’année lui était consacré
ainsi que les 6e et 7e jours de chaque mois. Il était également fêté dès qu’un Dieu auquel il était associé l’était.
Représentation du voyage que Rê fait chaque jour |
Ses lieux de cultes principaux
Ses lieux de cultes principaux furent :
▪ Héliopolis,
en Basse-Égypte (Héliopolis est le nom
Grec hélios = soleil) qui fut la capitale
du culte rendu à Rê du temps des premières dynasties où la cité s’appelait Iounou (ou Onou-Iounou “Ville du pilier“)
et où il fut identifié avec le Dieu soleil local
Atoum. Sous le
Nouvel Empire (1549-1080), on ne comptait dans la
cité pas moins de dix temples et plusieurs obélisques dédiés à Rê. Dans la ville était vénérée l’ennéade,
ou assemblée des neuf Dieux issus de Rê qui symbolisaient la création du monde : Rê (le soleil – le feu divin),
Shou (l’air – le souffle divin),
Tefnout (l’humidité – la semence divine),
Geb (la terre),
Nout (la voûte céleste), Ausare
(Osiris), Aset
(Isis),
Seth et
Nephtys.
▪ Abou-Gourad (ou Abou Gurab), au Sud du Caire. Les ruines
sur le site qui subsistent
aujourd’hui ne permettent
guère d’imaginer l’ampleur des cinq complexes religieux que les Rois de la
Ve dynastie, de
Ouserkaf (2465-2458) à
Niouserrê (2430-2399) firent édifier au Dieu Soleil.
Le plus important fut bâti par ce dernier. Orienté Est-ouest, le complexe se composait d’abord d’un temple bas bâti au niveau
d’un chenal qui permettait de rejoindre le Nil. De là, une chaussée inclinée montait jusqu’au temple supérieur. Celui-ci composé
d’une vaste cour à l’extrémité de laquelle se dressait un obélisque symbole du Dieu. Un autel rituel fut placé devant.
Ce temple était richement décoré de bas-reliefs peints. L’allusion à l’action bienfaitrice du soleil y est évidente.
Au Sud du temple, Niouserrê fit bâtir une immense barque
solaire en briques de près de 30 mètres, allusion, là aussi au voyage de Rê dans le ciel.
▪ Abou-Simbel où fut creusé à flanc de
montagne le temple de
Ramsès II
(1279-1213). L’ouverture du temple fut orientée de
telle façon que, deux fois par an à son lever, le soleil après avoir traversé quatre salles venait illuminer les quatre grandes
statues de Ptah,
Amon-Rê,
Ramsès II et Rê.
▪ Rê fut aussi vénéré dans de grands sanctuaires comme ceux de :
Dendérah,
Edfou,
Hiérakonpolis et Karnak.
▪ Rê fut également fortement associé
et fêté au jour de l’an.
Le I jour du mois Akhet de l’an 1,
jour de l’an pour les Égyptiens, était l’occasion d’une fête de Rê. Selon un papyrus et un ostracon datant
de la XXe dynastie
(1186-1069),
il s’agissait du jour de sa naissance. Mais déjà, dans les
Textes des
Pyramides, Rê était considéré comme
"Le Maître de l’année".
Le disque solaire avec Rê à la tête de bélier et le
scarabée qui lui est associé |
Légendes et mythes
Les Égyptiens pensaient que suite à un long règne sur les hommes, Rê devint
vieux et dut faire face à leur rébellion. Sa fille
Tefnout la réprima, mais désormais vulnérable il décida de gagner le ciel.
Il la rappela à lui et elle se transforma alors pour devenir la vache céleste
Hathor formant la voûte céleste destinée à porter en son
sein la barque solaire et son cortège divin désormais symbolisé par les étoiles.
Pendant la journée Rê parcourait le ciel sur la “Barque des millions d’années” et chaque nuit il traversait les mondes
souterrains, synonyme d’enfer. Il commençait sa vie quand il surgissait le matin au-dessus de l’horizon après sa victoire
remportée sur les forces des ténèbres. Ces dernières étaient représentées par le serpent
Apophis, qui cherchait chaque nuit à renverser la barque
solaire et à avaler le monde pour le plonger dans les ténèbres.
Il prenait des formes et des noms différents tout au long du voyage.
Il était : Khépri-Rê (Le scarabée) "celui qui est en devenir" ou "celui qui vient à l’existence
de lui-même", le matin au Soleil-levant, Rê-Horakhty (Le soleil), le souverain du ciel qu’il traversait, au soleil du midi
et Atoum-Rê (Un vieillard courbé) au soleil couchant. À la tombée du jour, Rê changeait de barque pour apporter cette fois de la
lumière et chaleur au monde de l’au-delà et réapparaissait à l’Est chaque matin pour les vivants. Le Pharaon, après sa
mort, prenait place sur la barque de Rê pour rejoindre le royaume des morts.
Selon George Hart, les anciens Égyptiens avec leurs croyances polythéistes complexes, adoraient Rê comme le Dieu
créateur, en particulier ses disciples à Héliopolis.
Ils pensaient que lorsque Rê pleurait, de ses larmes venaient les hommes. Ces disciples croyaient que Rê s’était
créé lui-même, tandis que les adeptes de
Ptah pensaient que Rê avait été créé par
Ptah. On pense que c’est la raison pour laquelle les
pyramides
de l’Ancien Empire
(2647-2150), fidèles à Héliopolis mentionnent
rarement Rê. Dans un passage du
Livre des Morts, Rê se coupe et son sang se transforme en deux personnifications intellectuelle :
Hu, l’autorité, et Sia l’esprit.
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Pour plus de détails voir l’article :
Mythe de Rê – (Wikipédia-fr)
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Bibliographie
Pour d’autres détails sur le Dieu voir les ouvrages de :
Mary Barnett et Michael Dixon :
– Gods and myths of ancient Egypt, Smithmark, New York, 1996 –
En Allemand, Götter und Mythen des alten Ägypten, Verlag Gondrom, 1998 – En Français, Les dieux et les mythes de
l’Egypte ancienne, Thames & Hudson Editeur, 1998.
Hans Bonnet :
– Lexikon der Ägyptischen religionsgeschichte, Nikol-Verlag, Hamburg, 2000 et 2005.
Jacques-Joseph Champollion-Figeac, Léon Jean-Joseph Dubois et
David Roberts : – Panthéon égyptien, J. de Bonnot imprimerie, Paris, 2006.
Rolf Felde : – Ägyptische gottheiten, Rolf Felde, Wiesbaden, 1988 et 1995.
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Isabelle Fleuraud : – L’Egypte : Dieux, mythes et religion : Un voyage dans le monde fascinant des mythes et de
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Jean-Claude Goyon et
Marcel Kurz :
– Râ, Maât et pharaon : ou le destin de l’Egypte antique, Éditions
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– A Dictionary of Egyptian Gods and Goddesses, Routledge & Kegan Paul Inc, London, 1986.
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– Re, Kleines Lexikon der Ägyptologie, Otto Harrassowitz, Wiesbaden, 1999.
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– Der eine und die vielen : Agyptische Gottesvorstellungen, Wiss. Buchges, Darmstadt, 1971 –
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Marcel Kurz et
Jean-Claude Goyon :
– Rê, Maât et Pharaon ou Le destin de l’Égypte antique, Édition ACV, Lyon, 1998.
Leonard H.Lesko :
– Rê, Macmillan, New York, 1987. Manfred Lurker et Patrick Jauffrineau :
– Dictionnaire des Dieux et des symboles des anciens Égyptiens : Le monde magique et mystique de l’Egypte, Pardès,
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Joachim Friedrich Quack :
– Re / Re-Harachte, Das wissenschaftliche Bibellexikon im Internet (WiBiLex), Stuttgart 2006-2012.
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Richard H.Wilkinson
– The complete gods and goddesses of ancient egypt, Thames and Hudson, New York, Mars 2003 et Septembre 2005 –
En Espagnol, Todos los dioses del Antiguo Egipto, Oberön, Madrid, 2003 et Juin 2004 – En Allemand,
Die welt der götter im alten Ägypten : Glaube, macht, mythologie, Theiss, cop. Stuttgart, Septembre 2003 – En Français,
Dictionnaire illustré des Dieux et Déesses de l’Égypte ancienne, Gollion, Infolio, Novembre 2006.
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