Origine et fonction
Osiris est son nom
Grec
Όσιρις, son nom Égyptien fut Ousir (ou Asar ou Ausar ou Asir ou Asari ou Aser ou
Ausir ou Iousires ou Ouesir ou Ounen-Néfer
“L’éternellement beau” ou “Siège de l’œil du soleil" ou "L’œil puissant“)
et Khentamentiou (ou Khenty-Imentyou) “Celui qui est à la tête des Occidentaux (des défunts)".
En 1980,
John Gwyn Griffiths proposa que
Wsjr Ousir ou Ouser signifie “le Puissant”. Une des
plus anciennes attestations du Dieu Osiris apparaît dans le mastaba du défunt Netjer-ouser (Dieu-puissant). En 1987,
Wolfhart Westendorf proposa
l’étymologie Waset-jret : “Celle qui porte l’œil“. En 1985, David Lorton émit l’hypothèse que
Wsjr fut un mot composé issu du morphème set associé à jret,
set-jret signifiant “l’activité rituelle“. Osiris serait alors “Celui qui bénéficie de l’activité rituelle“.
Osiris est l’une des principales divinités du panthéon Égyptien. Cependant ses origines restent encore très
obscures. En l’état des connaissances on pense qu’il tire son origine de la fusion de Dieux locaux des deux principales villes
qui vont le vénérer, Khentamentiou (Dieu-chacal) à Abydos et
Andjty à Bousiris (ou Busiris, près de la ville moderne de Abu Sir Bana, sur la
branche de Damiette dans la partie centrale du Delta du Nil). À son origine, Osiris était un Dieu de la terre,
des forces végétales, de la fertilité et du renouveau de la végétation (de l’agriculture). Il était aussi
la personnification de la terre fertile du Delta et de la disparition et réapparition de l’étoile Sothis. Puis
lorsqu’il fut tué par son frère
Seth il devient
le Dieu des morts et de la résurrection dans le monde souterrain. Il fut le Roi de ce monde de l’au-delà et
fut le maître et le protecteur du défunt. Il présidait également le tribunal divin chargé de juger l’âme des défunts.
Représentation d’Osiris dans
sa forme la plus courante |
De ce fait Osiris, en tant que souverain des morts, fut un Dieu particulièrement vénéré.
Grâce à l’amour d’Isis, sa parèdre, Osiris put renaître
après sa mort. Il incarnait donc le renouveau de la vie. Grâce à lui tout homme, s’il passait positivement le dernier jugement,
pouvait revire. Celui qui est jugé “juste de voix” verra son nom précédé du qualificatif “Osiris“. Dans les
Textes
des Pyramides, le Roi (ou Pharaon) défunt est identifié à Osiris. En tant que souverain des morts, Osiris fut aussi parfois appelé
“Roi de la vie“. Il fut le fils de
Geb et de
Nout, le frère et époux
d’Isis et le père
d‘Horus.
Selon
Bernard Mathieu, l’apparition d’Osiris résulte d’une décision royale, car son culte se diffuse soudainement sur l’ensemble du territoire
Égyptien.
Osiris est d’abord attesté dans le milieu de la Ve dynastie
(2465-2323), mais selon
John Gwyn Griffiths il est probable qu’il fut adoré beaucoup plus tôt. Le
nom Khentamentiou remonte au moins à la
Ière dynastie (v.3050/3040-2828). La plupart des informations dont nous disposons sur les mythes d’Osiris sont dérivées
des allusions contenues dans les
Textes des Pyramides, datant de la fin de la Ve dynastie
(2465-2323). Plus tard de nouveaux documents servirent de base tels que la stèle
de Chabaka (716-707/06) et beaucoup plus tard, dans les récits
d’auteurs Grecs, dont
Plutarque (Philosophe, biographe et
moraliste Grec,
46-v.125) et de Diodore de Sicile
(Historien et chroniqueur Grec,
v.90-v.30).
Dès la Ve dynastie,
Osiris fut incorporé à l’Ennéade
Héliopolitaine. A partir de la
XVIIIe Dynastie (1549-1295), il fut probablement le Dieu le plus
adoré en Égypte. Sa popularité demeura jusqu’aux dernières heures de l’Égypte pharaonique et même
des Empereurs Romains, lui firent des offrandes dans ses temples.
Certaines parties de cette mythologie Osirienne ont incité des comparaisons avec les croyances et pratiques Chrétiennes.
L’égyptologue
Ernest Alfred Thomson Wallis Budge propose des connexions possibles ou parallèles dans l’histoire de la résurrection d’Osiris
avec celle trouvée dans le Christianisme, de la Vierge Marie et son enfant.
Statue d’Osiris
– Musée du Louvre
|
Ses représentations et symboles
Osiris est un Dieu anthropomorphe. À son aspect humain, s’ajoute l’aspect
de momie
que lui donne le linceul blanc dans lequel il est enveloppé. Cet aspect fait allusion au monde des morts sur lequel règne Osiris.
Il est toujours représenté statique, assis ou plus souvent, debout mais jamais en marche. Il peut être parfois représenté
entouré de ses sœurs Isis et
Nephtys. Il arrive quelques fois qu’il soit représenté
allongé. Cela renvoie à l’histoire
de “l’Osiris végétant". Il est montré sous la forme humaine, les bras croisés sur la poitrine, portant la
couronne
Atef, momifié et gainé dans un linceul de lin qui ne laisse apparaître que
sa tête et ses mains nues qui tiennent les attributs royaux. On le représente souvent, un animal sacrifié
face à lui. Sa peau, est soit verte, soit noire.
Ses symboles étaient :
▪ Ses attributs divins : Le pilier Djed, symbole de stabilité et de durée.
▪ Ses emblèmes étaient : La crosse Heka, le fouet rituel Nekhekh,
la couronne Atef bordée de plumes, le collier
Ouselth.
▪ Animaux, couleur et élément : Osiris n’avait pas
d’animal qui lui soit rattaché. Ses éléments étaient la terre et l’eau et sa couleur le vert couleur de la végétation.
▪ Les fêtes en son honneur : En tant que Dieu de “l’agriculture” les grandes
fêtes Osiriennes avaient lieu durant le mois de Khoiak (ou Koiak – kA Hr kA –
17 Octobre-15 Novembre) entre le retrait des eaux du Nil et les premières semailles.
À cette période étaient utilisés dans le domaine funéraire des statuettes appelées “Osiris végétant“.
Ses lieux de cultes principaux
Ses lieux de culte principaux furent :
▪ Bousiris (ou Busiris, près de la ville
moderne de Abu Sir Bana, sur la branche de Damiette dans la partie centrale du Delta du Nil), dont le nom évoque le Dieu,
qui fut le plus important des lieux de culte exclusivement consacrés à Osiris.
Pendentif du Roi Osorkon II – La Triade Osirienne – Abydos –
XXIIe dynastie – Musée du Louvre
|
▪ Les sanctuaires de : Biggeh,
Héliopolis, le mettant en
lien avec Rê,
Memphis et
Sais.
▪
Abydos (Haute-Égypte), où il aura un magnifique
temple plusieurs fois
reconstruit et embelli au fil des siècles. La cité d’Abydos
était la porte reliant le monde des vivants au monde souterrain et le lieu de la "Grande Procession" annuelle en
l’honneur d’Osiris. Il y fut reconstitué une “tombe d’Osiris”, l’Osireion.
Successivement de la
Ière (v.3050/3040-2828) à la XXVIe dynastie (664-525),
neuf ou dix temples dédiés à Osiris furent construits sur le seul site de la ville.
▪ D’autres sépultures d’Osiris on été
identifiées, dont la sépulture récemment découverte de
Gizeh, celle de
Philae près du
grand temple d’Isis et celles de
Dendérah (ou Tentirys) et Karnak.
▪ Il faut noter qu’en fait, tout tombeau fut un temple dédié à Osiris,
puisque par la renaissance de ce Dieu, tout homme devenait un Osiris.
▪ Selon la tradition, dans les quatorze endroits où
Seth enfouit chaque partie du corps d’Osiris, les
Égyptiens érigèrent un temple. Comme à
Abydos où il y aurait eut sa tête, à
Bousiris (ou Busiris) son épine dorsale, à Létopolis (ou Sekhem) son épaule gauche, à
Athribis son cœur, à
Memphis où fut également déclaré sa tête etc…
Le culte d’Osiris
Le culte d’Osiris, qui était essentiellement un Dieu de la régénération et
de la renaissance, avait un intérêt particulièrement fort dans le concept de l’immortalité. Comme vu plus haut Osiris tire
son origine de la fusion de Dieux locaux des deux principales villes qui vont le vénérer, Khentamentiou (ou Khenty-Imentyou)
(Dieu-chacal) à Abydos et Andjty à Bousiris
(ou Busiris). Du premier il semble tirer son
rôle royal et du second, il prend le titre de "Celui qui est à la tête des Occidentaux (des défunts)".
Parce qu’il est à la fois Dieu funéraire et souverain des morts, Osiris fit l’objet d’un culte unanime de la part de toute
la population. Le fait qu’il prédestinait au jugement une fois la mort survenue expliquait l’enthousiasme que les
Égyptiens mettaient à le célébrer. Abydos fut la cité d’Osiris et
dès les premières dynasties, les Rois se rapprochèrent de la ville en raison de la présence de Khentamentiou.
Les souverains des Ière (v.3050/3040-2828) et
IIe dynasties (2828-2647) s’y firent inhumer.
Ce fut à partir des Ve
(2465-2323) et VIe dynasties (2321-2150), que
Khentamentiou fut progressivement identifié à l’Osiris de Basse-Égypte. L’assimilation faite, le culte prit au sein même de
la cité d’énormes proportions. Au Moyen Empire
(2022-1650), Abydos devint un lieu de dévotion très populaire.
On y vint en pèlerinage de tout le pays, d’autant que le clergé de la ville avait bien vite proclamé qu’il détenait la
tête du Dieu. Successivement de la
Ière (v.3050/3040-2828) à la XXVIe dynastie (664-525),
neuf ou dix temples dédiés à Osiris furent construits sur le seul site de la ville.
Beaucoup d’Égyptiens voulaient se rapprocher du Dieu surtout à l’approche de leur mort.
Représentation d’Osiris dans
le Livre des Morts |
Ils se firent aménager
de petits cénotaphes en briques, ou dresser des stèles en pierre dans la zone située entre le
temple d’Osiris et les nécropoles.
Le temple fut d’abord dédié à Khentamentiou,
puis à partir de la XIIe dynastie (1991-1783), il le sera à Osiris.
D’origine très ancienne, il avait été construit en briques. Seuls chambranles et linteaux étaient en pierre.
C’est ce qui explique la disparition presque totale des vestiges de ce temple. De part la présence mythique d’Osiris,
plusieurs Rois et Pharaons firent bâtir leur temple funéraire à
Abydos. Sésostris III (1878-1843) fut le premier
d’entre eux. Par analogie, le Roi ou le Pharaon vivant et régnant était un
Horus et mort, il devenait un Osiris. En fait pour les Égyptiens toutes funérailles étaient un culte à Osiris.
Il fallut tout de même attendre le
Moyen Empire pour que le commun des mortels put avoir la possibilité d’être associé à cet espoir de renaissance offert
par Osiris. En ouvrant la voie de la renaissance, le Dieu offrait aux hommes les clefs d’un nouveau royaume, celui de l’au-delà.
C’est la raison pour laquelle il était prié durant les différentes phases menant à l’inhumation du mort : Embaumement, rituel
d’ouverture de la bouche, procession, etc… Les souverains morts et embaumés sont toujours représentés en Osiris, enveloppés
du suaire blanc, coiffés de la couronne Atef,
portant les insignes royaux du Dieu.
On trouvait aussi le culte du Dieu sous la forme de l’“Osiris végétant” également connu comme
“grain momie“. C’était une pratique funéraire qui fut en usage dès la
XVIIIe dynastie (1549-1295). Elle symbolisait le cycle d’Osiris
comme Dieu de la végétation qui au cours de l’inondation de la Nil, resta enseveli sous la boue et renaquit sous la forme
du blé semé à la fin au printemps. L’adjectif “végétatif” est né de la nature divine en tant que Dieu de la fertilité des
champs, mais était aussi connu comme “vert” comme indiqué dans l’Aegyptiaca de
Manéthon, dans le
Canon de Turin et les
Textes des Pyramides, où
représenté dans les peintures murales aux funérailles où sa peau est de cette couleur.
La cérémonie se composait de statuettes posées à côté de la
momie dans les tombes. Elles étaient composées de deux formes,
une pour l’avant et l’autre pour l’arrière, en argile ou en bois qui étaient ensuite remplis de boue et de céréales et parfois
enveloppées dans du lin. Après un certain temps après le dépôt dans les tombes, les céréales
commençaient à germer.
Cette croissance presque miraculeuse du blé exprimait, pour les initiés, la nouvelle vie du défunt et était liée au culte
des mystères d’Osiris.
Une autre pratique propitiatoire, qui était réalisée avant le semis, était de modéliser avec du limon
le corps momiforme du Dieu et d’y planter les graines qui germaient et envahissaient la statue. Ensuite celle-ci était portée
en procession sur la barque sacrée du Dieu appelé Neshmet. Ces statues de blé permettent de comprendre comment la
résurrection des morts était l’un des traits constants et principe fondamental de la religion Égyptienne.
Une légende est née autour de ces grains de blé trouvés dans les tombes, qui auraient germé après 3000 ans. En fait,
en 1930, le British Museum a bien examiné ces statues, mais les savants avaient établi sans aucun doute que les graines
semées non seulement n’étaient plus fertiles et aussi qu’elles étaient décomposées.
Le culte d’Osiris continua jusqu’au VIe siècle ap.J.C sur l’île de
Philae dans le Haut-Nil.
Le décret Théodosien de 390, ordonnant de détruire tous les temples païens, ne fut pas appliqué dans l’île.
Le culte d’Isis et d’Osiris fut autorisé à continuer à
Philae jusqu’à l’époque de Justinien
I (527-565 ap.J.C), par un traité signé entre les Blemmyes-Nobadae et Dioclétien
(284-305). Chaque année, ils se rendaient à
Eléphantine. Les pratiques prirent fin lorsque
Justinien I envoya Narsès pour détruire les sanctuaires, arrêter les Prêtres et saisir les images divines, qui furent
envoyées à Constantinople.
Osiris – Musée du Louvre |
Légendes et mythes
Il existe plusieurs versions du mythe Osirien, la plus récente est rapportée dans un
récit de Plutarque (Philosophe, biographe et
moraliste Grec, 46-v.125). Osiris
fut le
premier enfant de Geb l’incarnation de la Terre et de
sa sœur Nout l’incarnation du Ciel.
Tous deux enfants de Shou et
Tefnout. Ils étaient tant l’un à l’autre qu’il ne
fut plus possible de les dissocier. Plus rien ne séparait alors le ciel de la terre et
Rê (le soleil) était condamné à ne plus pouvoir circuler dans le ciel.
Shou parvint à arracher sa fille à son époux libérant ainsi
l’atmosphère, laissant ainsi le champ libre à l’air, à l’eau et surtout au soleil.
Rê voulut alors faire payer aux deux amoureux leur insouciance.
Sachant que Nout portait en elle
quatre enfants, le Dieu décida que ceux-ci ne pourraient naître à aucun des douze mois de l’année. Le Dieu
Thot intervint alors et se tourna vers la Lune auprès de laquelle
il gagna au jeu cinq jours supplémentaires à rajouter à la fin de l’année (dits jours
épagomènes). Osiris fut le premier des cinq
enfants à naître et le premier de ces cinq jours lui fut consacré. Ses trois frères et sœurs furent :
Seth,
Nephtys et
Isis, qui sera aussi son épouse.
Osiris hérita de son père la terre d’Égypte et en devint le Roi, alors que
Seth, son frère, hérita des déserts qui
entourent le Double Pays. Cette dimension royale sera reprise par les Pharaons des premières dynasties qui ne manquèrent pas de
lui rendre un culte appuyé. Dès le début de son règne Osiris arracha immédiatement les Égyptiens à leur existence de privation,
il leur donna les fruits de la terre, des lois et leur apprit à respecter les Dieux.
L’amour que lui rendaient les hommes pour tant de bienfaits, attisa la jalousie de
Seth. Celui-ci fomenta un plan
pour assassiner son frère. La légende raconte qu’il mesura secrètement la taille d’Osiris, puis il construisit
à ces dimensions un coffre de bois. Un soir de festin, il le fit apporter et promit qu’il ferait présent de ce coffre
à quiconque pouvant s’y allonger parfaitement. Beaucoup essayèrent, mais sans succès, sauf Osiris qui s’y allongea de tout
son long. Des complices de Seth refermèrent alors rapidement
le couvercle et le clouèrent, puis le coffre fut jeté dans le Nil avec le pauvre
Osiris enfermé à l’intérieur.
Après l’assassinat de son époux,
Isis se mit à la recherche de son corps.
Le mythe de la quête d’Osiris présente plusieurs versions. L’une d’elle rapporte
qu’Isis et
Nephtys, partirent en quête du corps d’Osiris et le
retrouvèrent sur les berges du Nil. Mais selon une autre version, connue sous le nom de “démembrement d’Osiris“,
Isis aurait découvert le corps de son mari à
Byblos en
Phénicie.
Elle l’aurait alors ramené en Égypte par la ruse pour l’enterrer et caché.
Mais Seth finit par découvrir le tombeau et furieux,
découpa le corps en en quatorze (Ou seize) morceaux qu’il dispersa dans toute l’Égypte. Avec l’aide de
Nephtys,
Isis retrouva les morceaux du corps de son époux et le reconstitua
(Ce sera la première
momie, Ounen-Néfer “L’éternellement beau”),
sauf le phallus qui aurait été avalé par un poisson et qu’elle refit en argile.
Ce furent ensuite de longs suppliques de la part des deux sœurs à l’attention de
Rê,
Thot et
Anubis, pour qu’ils redonnent la vie au Dieu.
Puis Isis se fit féconder
et conçut un enfant de son époux défunt. Elle donna naissance à un fils,
Horus qui ne manquera pas d’exercer sa vengeance
vis-à-vis de Seth. Quant à Osiris, ressuscité par l’amour
de sa femme, il ne put rester parmi les vivants et devint le souverain de la nuit, seigneur du monde sous-terrain et
de l’au-delà, le royaume des morts, et laissa à
Rê la souveraineté sur le jour et le monde des vivants.
Il transforma son royaume en champs fertiles, les champs d’Ialou, et présida le tribunal divin pendant la pesée du cœur
où il accordait au défunt la vie éternelle ou le condamnait au néant.
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