Noms et localisation
Héliopolis (En
Grec :
Ήλίου πόλις ou
Ήλιούπολις "La maison du soleil", en Égyptien :
Jwnw Iounou ou Onou-Iounou
"Ville du pilier", en arabe :
عين شمس Aîn-ech-Chams “Œil du Soleil”)
fut une ville de Basse-Égypte. Elle est mentionnée dans la Bible sous les noms
Hébreux de :
Ôn אן ou Awen און ou Beth-Shemesh.
Le site couvre aujourd’hui les quartiers
d’Aîn-ech-Chams "L’Œil du Soleil", de Matarieh et de Tell el-Hisn. De ce fait la ville antique a
presque disparue sous la ville moderne. Elle était à l’époque pharaonique reliée au Nil par un canal et son port devait se
situer aux environs d’Atar en-Nabi au Sud du Vieux-Caire, d’après les renseignement que nous livre le papyrus Haris.
Son nom est également attribué de nos jours à un quartier de la banlieue du Caire, également connu sous le nom arabe :
مصر الجديدة, Masr al-gidedah.
La cité antique se situait au Sud du Delta à environ 10 km au Nord-est de ce quartier du Caire.
À l’époque Gréco-romaine, Héliopolis sera dénommée le "Ciel d’Égypte".
Selon Diodore de Sicile
(Historien et chroniqueur Grec,
v.90-v.30 av.J.C), Héliopolis fut construite par Actis, l’un des fils du Dieu Hélios et de la Déesse Rhode, qui aurait
nommé ainsi la ville en hommage à son père et, alors que toutes les villes
Grecques auraient été détruites
pendant le Déluge, les villes Égyptiennes, y compris Héliopolis, auraient survécu.
Elle fut la capitale religieuse de l’Égypte et celle du
13e nome de Basse-Égypte.
Le nome "du Sceptre intact" ou
"du souverain fort" ou "le pilier" – HqAt-aD.
Dans leur titulature,
quelques Pharaons incorporeront dans leur Nom de
Naissance (ou Sa-Rê) le terme Heqaiounou "Seigneur (ou Régent) d’Héliopolis"
– HqA-iwnw ou Netjer Heqaiounou
"Dieux Seigneur d’Héliopolis" – nTr-HqA-iwnw
marquant ainsi leur lien étroit avec la cité du soleil. Le premier étant le Roi
Amenhotep II (1428/27-1401), le suivront
Amenhotep IV (1353/52-1338),
Toutânkhamon (1336/35-1327),
Ramsès III (1184-1153),
Ramsès VI (1143-1136),
Ramsès VII (1136-1129),
Ramsès XI (1099-1069) et
Sheshonq I (945-924).
Atoum naviguant sur sa barque
solaire et protégé par le serpent Méhen |
La religion dans la cité
Héliopolis fut le centre du culte solaire de l’Égypte et
la capitale religieuse du pays. Elle fut à l’origine consacrée au Dieu
Atoum, Dieu qui dans la genèse des
divinités Égyptiennes, occupe la place du créateur et qui sera plus tard la personnification du soleil couchant,
sous une forme du Dieu Rê.
Atoum fut vénérée dans le temple
principal qui était connu sous le nom Per-Ath (pr-aAT)
"Grande Maison" et Per-Atoum (Pr-itmw)
"Temple [maison] d’Atoum". On vénérait aussi à Héliopolis toutes les divinités liées au soleil :
Le Dieu Khépri, représentant le soleil renaissant ; le Dieu
Atoum-Rê, représentant le soleil couchant ; le Bénou, oiseau représentant l’âme de
Rê qui le précède dans la barque céleste etc…
On y adorait aussi le Dieu taureau Mnévis, animal sacré, incarnation terrestre vivante
d’Atoum puis du Dieu
Rê, choisi par les Prêtres selon des critères très
stricts. Le taureau sacré était gardé dans le temple d’Héliopolis où il paissait dans un enclos sacré et à sa mort, il était
enterré avec tous les honneurs. Plusieurs tombes de ces animaux furent mises au jour dans la cité
au Nord de l’enceinte du temple de Rê. La
ville était également le siège d’un culte de la Déesse Hathor,
Dame du Sycomore. Selon la légende c’est à Héliopolis, au milieu d’un bois sacré, que se trouvait l’arbre-ished, un perséa sacré, sur les fruits duquel
Thot inscrivait les noms de chaque souverain,
héritier du trône d’Horus.
Un autre arbre, l’acacia de la Déesse Ioûsas (Jw.s3w),
était déifié dans la cité.
L’oiseau Bénou d’Héliopolis |
On y vénérait aussi Nebethetepet "La Dame de la satisfaction" Déesse
coiffée de cornes de vache entourant un disque solaire, Elle fut créée tardivement en tant que contrepartie féminine
d’Atoum, au même titre que la Déesse
Ioûsas. À l’Ancien Empire (2647-2150) les cultes
d’Atoum et de
Rê entrèrent en concurrence avec celui du Dieu
Ptah, adoré dans la ville voisine de
Memphis et dont le culte est attesté dès la
Période Thinite (v.3150-2647).
La cité se développa surtout sous le
Nouvel Empire (1549-1080), comme capitale religieuse,
lorsque Rê, sous le nom
d’Amon-Rê, devient le Dieu principal du panthéon
Égyptien. Le mythe d’Atoum lui aussi fusionna à
cette époque dans le Panthéon avec celui de Rê, qui
était également le créateur et un Dieu solaire, sous le nom
d’Atoum-Rê, sous l’aspect d’un vieillard courbé.
Héliopolis fut à cette période la seconde métropole après
Thèbes. Ses deux principaux temples furent celui consacré à
Atoum et un grand temple consacré à
Rê,
qui atteint son apogée sous le règne du Pharaon Ramsès II
(1279-1213), il comptait alors près de 13 000 Prêtres à son service et servait de dépôt aux archives royales. La ville fut
également la source d’origine du culte de l’Ennéade du panthéon. Au cours de la Période
d’Amarnienne, Le Pharaon
Akhenaton (ou Amenhotep IV, 1353/52-1338) introduisit
le monothéiste avec le culte d’Aton,
Dieu du disque solaire.
Héliopolis se vit alors doter, pour diviniser ce dernier, d’un temple qui lui fut consacré nommé
Ouetjes Aton (wts itn) "En donnant au Disque solaire".
Ahmose sera Grand Prêtre de Rê à Héliopolis
sous le règne de son frère (ou Demi-frère)
Thoutmôsis IV (1401/00-1390). Une stèle lui étant attribuée se trouve aujourd’hui au
musée de Berlin et une statue brisée le représentant
se trouve dans celui du Caire. Un des fils de la Reine
Néfertari et de
Ramsès II,
Mériatoum sera lui aussi
Grand Prêtre d’Héliopolis.
La ville, l’histoire…….
Bien que les textes nous indiquent qu’Héliopolis fut un centre important
pour la religion, la théologie, les sciences et la littérature, on ne sait que relativement peu de choses de la cité
antique. La ville fut occupée depuis la
Période Pré-dynastique (v.3500-v.3150). Elle fut le berceau de la monarchie et elle entra dans l’histoire aux
environs de 2900 av.J.C. Du Roi Djoser
(2628-2609, IIIe dynastie) jusqu’au Pharaon
Ptolémée II Philadelphe (282-246),
l’œuvre monumentale des souverains y fut considérable. La cité connut notamment des campagnes de constructions
intensives au cours de l’Ancien
Empire (2647-2150) et du Moyen Empire (2022-1650).
Obélisque d’Héliopolis à Matarieh |
Sous le
Nouvel Empire (1549-1080) elle fut la seconde métropole après Thèbes.
La cité était protégée par une enceinte cultuelle qui avait des dimensions extraordinaires, près d’un kilomètre de long sur
500 m de large. Elle était divisée en son milieu par un mur et s’ouvrait à l’Est et à l’Ouest par des grandes portes. Sa porte
Est doit se trouver sous les habitations de Matarieh. Il ne subsiste aujourd’hui que la partie Sud de l’enceinte.
La partie Nord, aujourd’hui sous la ville moderne, devait certainement être celle contenant les temples dédiés aux trois
formes du Dieu soleil : Khépri, représentant le soleil renaissant,
Rê le soleil à son zénith et
Atoum le soleil couchant.
Les "reconstitutions" que nous pouvons faire de la cité et de son temple
de Rê sont basées sur seulement quelques documents ou
indications sur des monuments :
▪ Une liste de statues et d’objets d’un temple consacré à
Hathor. C’est le vestige d’un relief décrivant
probablement les dons du Roi à la ville solaire.
▪ La stèle des victoires du Pharaon
Piânkhy (747-716,
XXVe dynastie), qui raconte le passage du souverain à Héliopolis
lors de sa conquête de l’Égypte et nous en donne un aperçu.
▪ Un papyrus datant du Roi
Amenhotep II (1428/27-1401,
XVIIIe dynastie), nous décrit un temple avec ses obélisques et
ses trois pylônes qui donnaient accès à de grandes cours bordées de portiques. De nombreux obélisques ornaient la cité,
mais ils furent retirés plus tard et dispersés dans tout le pays.
▪ Un document au nom d’un Roi
Néferkarê, peut-être un de ceux de
la VIIe dynastie ?, donne une liste de statues et des objets
relatifs à la liturgie d’un temple consacré à la Déesse
Hathor. Une partie du plan de ce temple se
trouve sur le dos du bloc.
▪ Strabon
(Géographe, historien et philosophe
Grec, 64/63 av.J.C-23 ap.J.C), qui
visita la cité au début de la période Romaine, nous décrit son temple ancien avec ses obélisques, citant ceux qui ont déjà
été déplacés à Rome, ses trois pylônes et ses cours successives.
Les plus anciens vestiges de construction retrouvés remontent au Roi
Djoser (2628-2609) qui fut le bâtisseur de la
pyramide à degré de
Saqqarah.
Ses constructions à Héliopolis, dont les vestiges d’une chapelles, sont peut-être l’œuvre de son génial architecte,
concepteur de sa pyramide,
que fut Imhotep. Ce dernier possédait entre autres les fonctions de Grand Chancelier de la Basse-Égypte,
Prince royal, Médecin royal et Grand Prêtre d’Héliopolis. Puis, après cette période, les Rois vont
quelque peu délaisser la cité. Plus tard, un mythe sur le changement de dynastie entre la
IVe (2575-2465) et la
Ve dynastie (2465-2323) remit Héliopolis sur le devant de la
scène car la Ve dynastie n’apparaît
pas comme une suite directe de la lignée royale précédente.
Statue de Séthi II faisant offrande aux Dieux Atoum
et Shou – Héliopolis |
Le papyrus Westcar explique ce changement :
Le Dieu Rê aurait pris la forme de
Raoueser, un Grand-Prêtre d’Horus de Sakhébou
(Ville près d’Héliopolis.) Il aurait séduit une dénommée Rêdjedet (ou Redjdjeded ou Redjdjedet), l’épouse de
celui-ci et lui aurait fait trois enfants qui furent les trois premiers Rois de la
Ve Dynastie. Au cours de cette dynastie, sous
le règne du Roi Sahourê (2458-2446)
on assista au renforcement de l’influence du clergé d’Héliopolis.
Après les tumultes de la Première
Période Intermédiaire (2140-2022), avec le riche
Moyen Empire, l’activité de construction reprit dans la ville. On en retrouve des traces notamment sous le règne des
Rois de la XIIe dynastie : Celui
d’Amenemhat I (1991-1962) ; de
Sésostris I (1962-1928) qui en l’an 3 de son règne fit
ériger un temple consacré au Dieu
Rê ;
ainsi que sous celui d’Amenemhat IV (1797-1787).
La Deuxième Période Intermédiaire (v.1650-v.1540)
ne fut pas très productive pour Héliopolis. Toutefois il semble que les nombreux Rois qui se succédèrent eurent,
pour certains, la volonté de marquer leur passage dans la cité, comme en témoigne un bloc de pierre retrouvé au nom
d’Amenemhat VI (1768-1765) de la
XIIIe dynastie.
Obélisque “l’Aiguille de Cléopâtre”
dans Central Park – New York
|
La cité souffrit lors de la reconquête du pays sur les
Hyksôs par
les Princes Thébains. Selon le papyrus de Rhind, en l’an 11 du règne de
Khamoudy (1541-1530,
XVe dynastie),
le Roi Ahmès I (ou Ahmôsis I, 1549-1525/24, fondateur de
la XVIIIe dynastie) prit Héliopolis où les rudes combats
laissèrent des traces. Cette réussite lui servit de basse de lancement pour l’année d’après prendre la capitale
Hyksôs,
Avaris.
Avec le
Nouvel Empire (1549-1080) la cité reprit de l’importance, elle fut la seconde métropole après
Thèbes. Comme beaucoup de ville du pays elle profita de la grande
activité de bâtisseur de ses Rois qui pratiquement tous laissèrent leur marque, comme en témoignent par exemple :
Les "Aiguilles de Cléopâtre" qui est le surnom donné à deux obélisques
datant du règne du Roi Thoutmôsis III
(1479-1425) ; un temple consacré au Dieu
Aton
érigé par Akhenaton (ou Amenhotep IV, 1353/52-1338) etc…
Mais les plus grandes modifications se firent lors de la XIXe
dynastie (1295-1186) et surtout sous la XXe dynastie Ramesside
(1186-1069). Encore aujourd’hui on peut voir quelques vestiges d’un naos en grès, érigé par le Pharaon
Séthi I (1294-1279), dédié au Dieu
Atoum, qui sont conservés au
musée Égyptien du Caire.
Nous avons ainsi des indications assez précises de ce que fut le temple
d’Atoum à partir de la
XIXe dynastie.
Séthi I fit aussi reconstruire en partie le sanctuaire
de Rê.
Sur le Nord de l’enceinte, dans les vestiges d’un temple, on a mis au jour une stèle datant du règne du
Pharaon Mérenptah (1213-1203). Dans cette partie Nord
se trouvait un vaste secteur qui abritait sans doute une série de temples et de sanctuaires consacrés par les souverains
au Dieu soleil. Une équipe de fouille Allemande du Deutsches Archäeologisches Institut y a d’ailleurs découvert les vestiges
d’un temple érigé par Ramsès II (1279-1213,
XIXe dynastie). La dynastie
Ramesside fut sûrement celle dont les Rois bâtirent le plus dans
la cité. L’équipe mit aussi au jour des débris de toutes sortes, dont ceux d’une tête colossale ainsi que d’une
statue au nom de Ramsès II, le représentant en habit de
Prêtre.
Horus qui protège Nectanébo II entre ses pattes
– Metropolitan Museum
Obélisque de la Piazza di Montecitorio – Rome
|
Encore un peu plus au Nord, à
Tell el-Yahoudieh,
Ramsès III (1184-1153,
XXe dynastie), fit construire un complexe palatial. Dans la
cité même il fit ériger à l’Ouest de l’enceinte du grand temple de
Rê une porte monumentale protégée par une forteresse.
Elle permettait d’accéder à un espace dans lequel furent retrouvés les vestiges d’un édifice qui fut probablement un temple
de Ramsès III. Ce secteur fut mis au jour
jour au début des années 1950 et les fouilles se poursuivirent jusque dans les années 1980. Elles permirent également de
dégager, un peu plus au Nord de ce site, les ruines d’un petit temple attribué à
Ramsès IV (1153-1147) et d’un édifice, peut-être un
temple funéraire, au nom de Ramsès V (1147-1143).
Enfin, nous savons que Ramsès IX (1126-1105)
malgré la crise économique que traversait le pays sous son règne, concentra son activité de bâtisseur à Héliopolis.
Dans le même secteur l’équipe de fouille a d’ailleurs mis au jour un monument au nom d’un de ses fils,
avec sa porte au linteau décoré de représentations du Prince agenouillé devant les
cartouches de son père et une
colonnade palmiforme qui précédait le sanctuaire. Puis sous le règne du Pharaon
Siamon (978-959,
XXIe dynastie) de grands travaux furent entrepris à
Héliopolis. Le Pharaon Osorkon I (924-890/89,
XXIIe dynastie) marqua aussi de son emprunte la cité en
parant d’or les temples. Une découverte dans la ville, en 1998, des égyptologues
Pierre Tallet et
Suzanne Bickel de l’université
de Montpellier, a permis d’apporter de nouvelles précisions sur le règne du Roi
Pamy (773-767 ?) de la
XXIIe dynastie.
Obélisque de Sésostris I
à Héliopolis |
Les égyptologues pensaient que la date de l’année de règne la plus élevée pour ce souverain était sa 6ème année.
Idée basée sur sa stèle du Serapeum, hors la mise au jour d’un bloc de pierre indiquant les annales Héliopolitaines donne une
nouvelle datation. La section au sujet du règne de
Pamy fait la
chronique des donations annuelles du Roi aux Dieux du grand temple d’Héliopolis. La fin du bloc, bien qu’endommagée, fait
état d’une 7ème année de règne et une brève 8ème année possible.
Les derniers Pharaons dont on a retrouvé des traces de
constructions dans la cité sont Nectanébo I (380-362)
et Nectanébo II (360-342) de la
XXXe dynastie. De ce dernier ont été mises au jour des statues
dont une d’Horus qui protège le Roi entre ses pattes et qui
est actuellement exposées au Metropolitan Museum.
La ville fut célèbre dès la plus haute antiquité pour son école de théologie, de
philosophie et d’astronomie et de nombreux
Grecs la fréquentèrent dont : Pythagore (580-490, mathématicien, philosophe),
Hérodote (Historien
Grec, v.484-v.425),
Platon (Philosophe
Grec, 427-346) disciple de
Socrate,
Diodore de Sicile (Historien et chroniqueur
Grec, v.90-v.30),
Strabon (Géographe
Grec, v.63 av.J.C-v.23 ap.J.C) etc….
L’astronomie était apparemment une spécialité de la ville car quelques Grands Prêtres portaient le
titre de "Grands des scrutateurs", désignant ainsi probablement ceux qui scrutaient les étoiles. Les
Grecs vanteront "La cité
solaire" comme le foyer de la science et de la sagesse. Au IIIe siècle av.J.C,
Manéthon de
Sebennytos, Grand Prêtre à Héliopolis, écrivit en
Grec à la demande du Roi
Ptolémée I Sôter (305-282), l’histoire de
l’Égypte (Ægyptiaca) en trente volumes.
Cependant la cité commença à décliner à la fin de la période dynastique, surtout
après la fondation d’Alexandrie et les
Ptolémée la négligèrent complètement.
Strabon, lors de sa visite, nous décrit
une ville désertée, presque inhabité. À l’Époque
Romaine Héliopolis appartint à l’Augustamnique (en Latin : Augustamnica), qui était une province Romaine issue du
démembrement lors du Bas-Empire. Selon Pline l’Ancien (Écrivain et naturaliste Romain, 23-79 ap.J.C),
à cette époque sa population contenait un élément considérable d’arabes.
Aujourd’hui, la ville est en grande partie détruite, ses temples et autres bâtiments ayant été utilisés
pour la construction du Caire au Moyen-âge et peuvent-être vu dans certaines parties de la ville. Cependant sa
partie enfouie sous la métropole du Caire nous révèle de temps en temps des richesses, comme en 2005 dans le quartier
de Mostorod, qui jouxte la partie du site qui livra les monuments de
Ramsès III et de ses successeurs, à l’occasion d’un
chantier immobilier, toute une partie du parvis occidental de cet ensemble de temples fut mis au jour exigeant l’intervention
du Conseil suprême des antiquités Égyptiennes afin d’ordonner des fouilles d’urgence de sauvetage. Peu à peu sortent de terre
des restes de colosses et de statues, des blocs de granites colossaux, des pans entiers de l’Héliopolis antique.
Héliopolis, ville des obélisques
Lors de l’âge d’or d’Héliopolis, de nombreux obélisques ornaient la
cité. La symbolique qu’ils portaient était qu’à leur sommet était apparu pour la première fois le soleil comme il
apparaît chaque matin. Cependant ils furent retirés et envoyer pour orner les grandes villes
Grecques et Romaines.
On les retrouve actuellement dans les places et parcs du monde entier, au moins six obélisques de grandes
tailles, qui viennent des temples solaires, juste pour les villes d’Europe. Comme les "Aiguilles de Cléopâtre"
qui est le surnom donné à deux obélisques datant du règne du Pharaon
Thoutmôsis III (1479-1425), qui marquaient à
l’Époque Romaine l’entrée du Cæsarium.
Ces obélisques n’ont aucun rapport avec les Reines Cléopâtre de la
période Ptolémaïque. Aujourd’hui, l’une des
Aiguilles de Cléopâtre se trouve à Londres, sur la rive de la Tamise et l’autre dans Central Park à New York.
Chacune des deux est connue sous le nom de "Cleopatra’s Needle".
Un autre obélisque, d’une hauteur de plus de 23 m datant du Pharaon
Séthi I (1294-1279,
XIXe dynastie), se trouve actuellement sur la Piazza Del Popolo à
Rome. Enfin aux Piazza della Rotunda et via delle Terme, se dressent deux obélisques de
Ramsès II (1279-1213,
XIXe dynastie). |
|
Héliopolis, aujourd’hui, possède encore le plus ancien obélisque toujours dans
sa position initiale. Du grand temple dédié à
Rê et
de ses quartiers pour les Prêtres, il ne reste plus rien sauf une partie du tracé de l’enceinte du principal sanctuaire et
un obélisque qui fut érigé sous le règne du Roi
Sésostris I
(1962-1928, XIIe Dynastie) pour fêter le jubilé de ses 30 ans de
règne (fête Sed). Il est en granit rouge et fait 20,70 m de haut pour un poids de 120 tonnes.
Il marquait sans doute, avec d’autres l’entrée, d’un des principaux temples.
Ramsès II acheva la décoration de l’obélisque
du sanctuaire de Rê et fit ériger de nombreux monuments
dans son enceinte, avec leurs propres obélisques, dont au moins trois seront ramenés à Rome.
Les Romains, lors de l’occupation du pays, retirèrent les nombreux obélisques de la ville pour orner les
villes du Nord du Delta et utilisèrent les pierres des édifices de la ville comme matériaux de construction pour d’autres cités.
Des fragments d’obélisques découverts récemment au large de l’île de Pharos à
Alexandrie sont visibles aujourd’hui au
musée en plein air installé à proximité de l’odéon
Romain de Kom el-Dick.
|
Obélisque de Séthi I – Piazza del Popolo – Rome |
Le sanctuaire de Rê
Héliopolis eut un grand sanctuaire qui était en fait un ensemble de temples dédiés à :
Atoum,
Rê etc… Ils étaient sans doute reliés entre
eux et formaient le plus grand temple d’Égypte. Le plus important était celui de
Rê,
mais de ce temple et ses quartiers pour les Prêtres, il ne reste plus rien,
sauf une partie du tracé de l’enceinte du principal sanctuaire et un obélisque
au nom du Roi Sésostris I (1962-1928) qui marquait
sans doute, avec d’autres, l’entrée. La moitié de la surface décrite au XIXe siècle par les explorateurs de Napoléon, lors de
la campagne d’Égypte, est actuellement sous la ville moderne. Le reste est aujourd’hui ceinturé de clôtures, protégé ainsi
contre l’avancée de la ville du Caire. Le plan général de ce grand temple consacré à
Rê est assez identique aux temples solaires construits
par les Rois de la Ve dynastie (2465-2323) retrouvés à
Abou Ghorab dont il se serait inspiré. Depuis le début de l’histoire du pays, au fils des dynasties, les Rois érigèrent dans le
sanctuaire des obélisques à la gloire du Dieu Soleil.
Fragments de colonnes papyriformes
du Nouvel Empire trouvées à Héliopolis – Le Caire |
On a retrouvé des vestiges de constructions dédiés aux Dieux
Geb et
Seth, deux des neuf divinités de la Grande
Ennéade qui était vénérée à Héliopolis, datant du règne du Roi
Djoser (ou Djéser, 2628-2609,
IIIe dynastie). Le temple de
Rê atteint son apogée sous le Pharaon
Ramsès II (1279-1213,
XIXe dynastie) qui acheva la décoration de l’obélisque et fit
ériger de nombreux monuments dans son enceinte, avec leurs propres obélisques, dont au moins trois seront ramenés à Rome.
D’où souvent l’attribution de la construction de ce temple à
Ramsès II et non sa rénovation et son agrandissement. Les vestiges d’un pylône de calcaire
portent les cartouches du Pharaon.
L’un des obélisques du temple se trouve aujourd’hui à Florence, en face du Palais Pitti et les deux
autres sont encore à Rome : Un sur la Piazza della Rotunda et l’autre sur la viale delle Terme.
Sous le règne de Ramsès II le temple comptait près de
13 000 Prêtres à son service et servait de dépôt aux archives royales.
Une maquette en pierre du site fut mise au jour au Nord, à Tell Yahoudieh, et date du règne du Pharaon
Séthi I (1294-1279,
XIXe dynastie). Il s’agit d’une sorte de stèle en pierre taillée.
Elle porte sur ses côtés et sa face principale un motif dédicatoire du Pharaon. Il y est représenté agenouillé faisant des
offrandes au Dieu
Atoum.
Le dessus est formé d’un plateau qui présente un dénivelé traversé par un escalier à double rampe qui accède à une terrasse.
La maquette n’est peut-être pas terminée puisque sur cette terrasse ont été dessinés et creusés des espaces qui semble être
fait pour recevoir d’autres pièces que l’on pourrait ajouter pour la compléter. La reconstitution de l’ensemble nous permet
d’affirmer que l’on est en possession du plan de l’entrée du temple
d’Atoum, avec son pylône monumental, précédé de
colosses, de sphinx et d’obélisques, auquel on accédait par un escalier. Les fouilles n’ont pour l’instant concerné que
l’entrée, le pylône et ses abords et la partie Ouest. Parmi les dépendances du temple, des magasins de stockage et
des ateliers ont été mis au jour. On y a également dégagé des statues importantes, dont une qui à la tête qui mesure près
de six mètres de haut et une grande statue de Ramsès II
représenté en tenue de Grand Prêtre.
La stèle des victoires du Pharaon
Piânkhy (747-716, XXVe dynastie) nous a permis de déterminer
qu’il existait à Héliopolis un temple consacré au Dieu Ré-Horakhty distinct de celui
d’Atoum, puisque le Roi y relate ses visites
successives : "Il pénètre par l’Est dans la maison de Khépri avant d’accéder à la maison de Benben le Hout-Benben
(la maison des obélisques) et enfin de parvenir au temple d’Atoum".
Bibliographie
Pour d’autres détails sur la cité et ses monuments voir les ouvrages de :
James Peter Allen :
– Heliopolis, pp : 88–89, The Oxford Encyclopedia of Ancient Egypt 2-3, Oxford University Press and The
American University in Cairo Press, Oxford, New York, Le Caire, 2001.
Mutawa Balboush :
– Preliminary Report on the New Discovery of the Temple of Ramesses II at Heliopolis (Seasons
1964-1967), Mélanges Selim Hassan. II,
ASAE 63, Le Caire, 1979.
Mubabinge Bilolo :
– Les cosmo-théologies philosophiques d’Héliopolis et
d’Hermopolis : Essai de thématisation et de systématisation, African
university studies, Kinshasa, Libreville, Munich, 1986 et 1987 et Menaibuc, Munich, Paris, 2004.
Mark Collier,
Bill Manley, Richard Parkinson et
Ann Macy Roth :
– Literature & Literary Criticism : How to read egyptian hieroglyphs,
University of California Press, Août 1998 – British Museum Press,
1999, 2000 et Septembre 2005 – Middle East Studies Association bulletin 34, N°1, New York,
2000 – En Allemand, Hieroglyphen, Entziffern, lesen, verstehen, Droemersche
Verlagsanstalt Th. Knaur Nachf., GmbH & Co., Avril 2001 – En Français, Avec
Nathalie Baum, Décrypter les hiéroglyphes, Collection : Arts Graphiques, Flammarion, Paris, Octobre 2009.
Labib Habachi :
– Akhenaten in Heliopolis, Franz Steiner, Wiesbaden, 1971.
– The obelisks of Egypt : Skyscrapers of the past, Scribner, Le Caire, 1977 – Littlehampton Book
Services Ltd, Juin 1978.
William Matthew Flinders Petrie :
– Heliopolis, Kafr Ammar and Shurafa, School of archaeology in Egypt, 1915.
Stephen Quirke et
Nathalie Baum :
–Le culte de Rê : L’adoration du soleil dans l’Égypte ancienne, Collection :
Champollion, Editions du Rocher, Février 2004.
Donald Bruce Redford :
– Heliopolis, The Anchor Bible Dictionary, Vol. 3 of 6 vols, edited by David
Noel Freedman, Doubleday, New York, 1992.
Abdel-Aziz Saleh :
– Excavations at Heliopolis : Ancient egyptian Ounû. Vol.1, The site of Tell el-Hisn-Matarîyah,
Cairo University, Faculty of archaeology, 1981-1983.
Pierre Tallet et
Susanne Bickel :
– La nécropole Saïte d’Héliopolis, Étude préliminaire,
BIFAO 97, pp
: 67-90,
IFAO, Le Caire, 1997.
Jean Yoyotte, Stéphane Gompertz et Pascal Charvet :
– Le voyage en Égypte : Un regard romain, Le Grand livre du mois, 1997.
|