Localisation et
généralités
Pergé (ou Perga, en
Grec :
Πέργη Pérgê, en
Hittite : Parcha ou Parha) est situé à 14 km. à l’intérieur de la côte et à 16/17 km. au Nord-est d’Antalya.
Le site se trouve près de l’actuelle ville de Murtana sur les bords de la
rivière Cestrus (ou Kestros ou Aksu ou Çayı Aksu aujourd’hui) dans la région du Taurus.
Selon Strabon (Géographe, historien et philosophe
Grec, 64 av.J.C-23 ap.J.C) à
l’époque à 60 stades
de sa boucle. Cet accès fluvial donnait à la ville comme pour
Aspendos l’avantage de
disposer d’un port éloigné du bord de mer et qui se trouvait donc à l’abri des
attaques de pirates. Elle fut avec Sidé la ville la plus
importante de Pamphylie et en 73/74 ap.J.C elle devint la capitale de
la province Romaine de Lycie
Pamphylie (ou Pamphylia Secunda).
Parmi les personnages importants issus de la ville qui marquèrent l’histoire on
trouve en particulier : Apollonius de Pergé (ou Apollonios de Perga, 262-v.190), géomètre, astronome et mathématicien.
Élève d’Archimède, ce mathématicien étudia les sections coniques (cercles, ellipses, paraboles, hyperboles) ;
Artemidoros de Pergé (ou Artémidore de Pergé, 240-180), Proxène (Protecteur des citoyen) à Oropos ;
Sainte-Matrone de Pergé (fin du Ve, début du VIe s. ap.J.C), Abbesse de Constantinople.
L’histoire…….
Des traces de la colonisation du site remonteraient au début du chalcolithique
(IVe millénaire).
Au XIIe siècle, après l’effondrement de l’Empire
Hittite maître de la région, une vague d’immigration
Grecque, venant du Nord se produisit en
direction de la côte Méditerranéenne. Une partie de ces migrants s’implanta dans la région, qui prit le nom de
Pamphylie. Quatre grandes villes se développèrent : Pergé,
Sillyon, Aspendos et
Sidé.
Le nom de la ville, Parcha ou Parha, entre dans l’histoire dans les documents
Hittites. Dans un traité entre le Roi
Tudhaliya IV
(ou Touthalija ou Duhalijas, 1234-1215) et son vassal, le Roi de Tarhuntassa (ou
Tarhundassa, dont localisation exacte est encore indéterminée, on pense dans le
Sud Anatolien, en
Cilicie ou Pamphylie), au sujet de la cité.
Vue du site de Pergé – Les ruines de la porte
hellénistique avec ses tours ovales |
Selon la tradition, Pergé fut fondée vers 1000. Eckart Olshausen prétend que la ville fut créée
à la période
Mycénienne
(Fin de l’âge du bronze, de 1450 à 1100) par des habitants
d’Argos et de
Sparte. Dans la première moitié du VIe siècle,
comme beaucoup de cité de Pamphylie elle fit partie du royaume de
Lydie voisin, en pleine expansion.
En 546-547, après la chute de ce dernier elle fut la possession de l’Empire
Perse Achéménide (549-331), le nouveau maître
de la région qui la contrôla jusqu’aux conquêtes d’Alexandre le Grand (336-323)
qui pénétra en
Pamphylie, puis en
Pisidie. Ces régions n’appartenaient que
très nominalement à l’Empire Achéménide.
Le plus souvent les villes étaient autonomes et rivales entre elles.
Alexandre profita de ces rivalités et reçut la
soumission de Sidé et de Pergé.
Après la mort d’Alexandre et du
partage de son Empire, Pergé devint une cité Hellénistique.
Les murailles de la ville témoignent de cette présence hellénique. D’abord sous la domination du
Macédonien,
Antigonos Monophtalmos
(“Le borgne“, en Grec :
Αντίγονος A’, 306-301). Puis de 301 à 215 sous celle des
Ptolémée
d’Égypte.
Avec la dernière "Guerres de Syrie” le Roi
Séleucide,
Antiochos III Mégas
("Le Grand", en
Grec : ‘Aντίoχoς Μέγας,
223-187) s’empara de l’Empire maritime
Lagide, de toute la Syrie, de la
Palestine et de l’Asie
Mineure. Pergé, comme toute la
Pamphylie, fut intégrée à l’Empire
Séleucide.
Ce fut toutefois pour relativement peu de temps, car
Antiochos III fut battu par les
Romains en 191 et 190 et fut contraint de signer la
"paix d’Apamée",
qui était un partage de l’Asie Mineure
(Voir la
carte) où il dut renoncer à ses conquêtes dans cette région à l’Ouest du
Taurus. Le consul Romain Gnaeus Manlius Vulso fut l’arbitre pour l’attribution
de Pergé qui revint au profit du Roi de
Pergame
Eumène II (ou Eumènès, 197-159) allié des Romains.
En 133, Pergé intégra l’Empire Romain lorsque celui-ci reçut en héritage le Royaume de
Pergame. En 73/74 ap.J.C elle devint
la capitale de la province Romaine de Lycie
Pamphylie (ou Pamphylia Secunda). Aux IIe et IIIe siècles, la ville
devint la plus belle cité d’Anatolie. Au début du Christianisme, les Apôtres Saint Barnabé et Saint Paul vinrent à Pergé, il est
dit que ce fut là qu’ils firent leur premier sermon (Actes 14:25) avant de
partir pour Attalia. Dans la première moitié du IVe siècle,
sous le règne de Constantin le Grand (324-337), Pergé devint un centre important du Christianisme devenu la religion officielle
de l’Empire Romain. La ville conserva son statut de centre Chrétien jusqu’au VIe siècle. Elle fut le siège de l’Évêque titulaire
de l’Église Catholique Romaine de la province Romaine de Lycie
Pamphylie (ou Pamphylia Secunda).
Au fil des siècles, le fleuve sur les rives duquel s’était bâtie
la cité se combla d’alluvions et il devint finalement impraticable pour accéder à la cité. Confrontée aux incursions
arabes du VIIe siècle, la ville se vida progressivement de ses habitants et fut abandonnée.
Le Nymphée (ou Nymphaion) |
La ville et
ses monuments
Pergé est aujourd’hui un des site archéologique
les plus intéressant de Pamphylie avec
Sidé,
Attalia et
Aspendos et donc une attraction touristique majeure. La
Pergé antique fut l’une des principales villes de Pamphylie et dans
les écrits de l’époque elle était réputée comme une des plus belles et, de ce fait, elle possédait des monuments à la hauteur de
sa réputation. Sa taille à l’époque Romaine était d’environ 61 hectares. Depuis les années 1970, des fouilles
sont faites sur le site par l’université d’Istanbul. Elles furent d’abord dirigées par Arif Müfid Mansel, puis par
Jale Inan et aujourd’hui par Halûk Abbasoğlu. On trouve aujourd’hui dans la
ville malheureusement pas très bien conservés :
▪ Une longue voie ornée de colonnes qui traversait la ville du Nord au Sud, en passant sous l’arc
de triomphe de Démétrius Apollonos. Un aqueduc passait au centre de la voie qui apportait l’eau à la cité. La voie se terminait
par le Nymphée (ou Nymphaion, grotte avec une fontaine dédiée aux nymphes). Cette fontaine située au pied de l’acropole,
alimentait l’aqueduc de la voie. Dans la partie centrale était représenté le Dieu du fleuve.
▪ Un théâtre de type Gréco-romain d’une hauteur est de 25 m., qui est adossé au flanc de la
colline et qui pouvait contenir 14.000 spectateurs ce qui en fait l’un des plus importants du genre.
Sa façade richement ornée avait cinq portes d’accès. La moitié du bâtiment de la scène est préservée dans son intégralité,
on y trouve encore voir certaines parties des anciennes installations. Elle était décorée de statues, de lambris, de niches, de
frises en marbre et de bas-reliefs dont certains sont visibles au musée d’Antalya. Les reliefs montrent, entre autres,
la bataille des géants et des centaures. Le sommet des 48 rangées de sièges offrent une vue panoramique sur toute la ville
en ruines et ses environs. Le théâtre fut fermé au public en 2011 pour être restauré, certains blocs menaçant de s’effondrer.
▪ Un gymnase avec sa grande palestre (Lieu où l’on pratiquait la lutte et les autres
exercices physiques). Ce bâtiment est le plus ancien à l’extérieur des murs de la ville d’origine.
▪ Une agora qui se trouve à l’Est de l’entrée et de la porte hellénique. Elle date du
IIe siècle. Derrière les piliers qui la bordaient se trouvaient les boutiques. Les sols étaient revêtus de mosaïques.
Aujourd’hui il ne reste malheureusement essentiellement que les colonnes qui la bordent, dont la plupart ont été restaurées
et donnent une bonne idée de la dimension du lieu.
▪ Une fontaine monumentale qui se trouve à l’Ouest de l’entrée. Son bassin et sa façade étaient
très richement ornementés. Elle était dédiée à l’Empereur Septime Sévère (193-211). Certaines statues et sculptures appartenant
à la façade sont exposées aujourd’hui au musée d’Antalya.
▪ Un temple Dorique dédié à Artémis, à
l’extérieur de la porte Sud. Selon Strabon (Géographe,
historien et philosophe Grec,
64 av.J.C-23 ap.J.C), dans le sanctuaire d’Artémis avait lieu une fête annuelle. Le culte de cette Déesse est attesté dans
des inscriptions en alphabet Pamphylien où elle est nommée “Dame de Pergé“.
Autre vue de l’Agora |
▪ Les vestiges d’un stade qui date du IIe
siècle. Il se trouve de l’autre côté de la route menant au théâtre. En forme de fer à cheval et d’une dimension de 334 m. × 34 m.,
il pouvait accueillir 15.000 personnes. Ce stade avait une particularité, il possédait des boutiques à arcades qui surmontaient
les gradins soutenues par 50 arches.
▪ Les vestiges des murs d’enceinte
construit au IIIe siècle av.J.C et les portes de ville d’époque hellénique. Deux tours
ovales à trois étages de 12 m. de hauteur sont encore visibles à l’entrée du site. Les murs arboraient des statues représentant
des Dieux et les fondateurs de la cité. L’entrée actuelle de la ville de type Romain dispose d’un arc de triomphe en son centre
(de Démétrius Apollonos).
▪ Un propylée, porte monumentale, située entre la fontaine et la porte hellénistique.
▪ Des thermes, qui se situent derrière le propylée
à la porte Ouest. Ils datent du IIe siècle. Ils comportent
diverses salles ornées de statues et une cour à colonnade avec des bas-reliefs
▪ Les vestiges de deux basiliques, l’une date du Ve siècle et l’autre du VIe siècle.
▪ Une nécropole située en dehors de la cité,
elle se compose de constructions funéraires de diverses architectures. Le plus
important des sarcophages et des statues sont aujourd’hui au musée archéologique d’Antalya.
Bibliographie
Pour d’autres
détails sur la cité et ses monuments voir les ouvrages de :
Halûk Abbasoğlu :
– Perge Roma devri mimarı̂sinde arşitravların soffit bezemeleri : Tipolojik yönden bir araştırma,
Publication gouvernementale nationale, Türk Tarih Kurumu Basımevi, Ankara, 1994.
Halûk Abbasoğlu et Wolfram Martini :
– Die akropolis von Perge. Survey und sondagen 1994–1997, Philipp von Zabern, Mainz am Rhein, 2003-2004.
Atila Akan et Sabri Aydal :
– Aspendos et Pergé : Guide archéologique des villes antiques de la Pamphylie, Seçil Ofset, Antalya, 1987-1988.
Hüseyin Sabri Alanyalı :
– Der kentauromachie – und der Gigantomachiefries im theater von Perge, Wiener Forschungen zur Archäologie 15,
Wien, 2013.
Gaetano Arena :
– Città di Panfilia e Pisidia sotto il dominio romano : Continuità strutturali e cambiamenti funzionali
Ed. del prisma, Catania, 2005.
Neşe Atik :
– Die keramik aus den südthermen von Perge, Wasmuth, Tübingen, 1995.
Hartwin Brandt :
– Geschichte und wirtschaft Pamphyliens und Pisidiens im altertum, Habelt, Bonn, 1992.
Hans J.Colin :
– Die münzen von Perge in Pamphylien aus hellenistischer zeit, Kölner Münzkabinett Tyll Kroha,
Köln, 1996.
Kayhan Dörtlük et Hayriye Buyan :
– Side ; Aspendos ; Perge ; Sillyon ; Seleukia ; Manavgat ; Selge, Keskin, Istanbul, 2000.
John D.Grainger :
– The cities of Pamphylia, Oxbow Books, cop., Oxford, Oakville, 2009.
Jale Inan :
– Neue Porträtstatuen aus Perge, Ankara, 1974.
– Perge’nin Roma devri heykeltraşlığı 1, İstanbul Arkeoloji ve Sanat Yayınları,
Galatasaray, 2000.
– Perge’nin Roma devri heykeltraşlığı 2, İstanbul Arkeoloji ve Sanat Yayınları, Galatasaray, 2003.
Jale Inan et Nezih Başgelen :
– Perge’nin Roma devri heykeltraşlığı, Arkeoloji ve Sanat Yayınları, Galatasaray, İstanbul, 2000-2003.
Karl Lanckoroński et Eugen Adolf Hermann Petersen :
– Les villes de la Pamphylie et de la Pisidie, Librairie de Firmin-Didot et cie., Paris, 1890-1893.
Arif Müfid Mansel et Aşkidil Akarca :
– Excavations and researches at Perge, Türk Tarih Kurumu, Ankara, 1949.
Eckart Olshausen :
– Perge, p : 262, Der Kleiner Pauly Visowa, vol.V, Alfred Druckenmüller, 1969.
Adnan Pekman :
– Perge tarihi – history of Perge, Türk Tarih Kurumu Basimevi, Ankara, 1973.
Sencer Şahin :
– Die inschriften von Perge. Band 1 : Vorrömische zeit, frühe und hohe kaiserzeit,
Österreichische Akademie der Wissenschaften, R.Habelt, Bonn, 1999.
– Die inschriften von Perge. Band 2 : Historische texte aus dem 3. Jhrd. n. Chr., grabtexte aus den 1.3.
jahrhunderten der römischen Kaiserzeit, Fragmente, Österreichische Akademie der Wissenschaften, R.Habelt, Bonn, 2004.
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