Quelques Reines importantes :
Sobeknéferourê
1787 – 1783
 

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Sommaire
 

▪  Sa titulature
▪  Sa durée de règne
▪  Son origine
▪  Son histoire
▪  Ses différentes représentations
▪  Sa sépulture
▪  Bibliographie

 

     DATES  de  RÈGNE
      1787-1783
    D.Arnold, J.Kinnaer
1805-1801  J.Malek
1799-1795  I.Shaw
1798-1794  J.von Beckerath
1798/97-1794/93  S.Quirke
1790-1786  D.B.Redford
1790-1785  N.Grimal
1788-1784  P.A.Piccione
1785-1782  P.A.Clayton
1785-1781  A.M.Dodson
1782-1778  D.Sitek
1763-1759  D.Franke
1760-1756  R.Krauss

 

Sa titulature
  • Hr mrit-ra
  • nbti sAt-sxm- nbt-tAwi , sAt -iAmt nbt tAwj
  • bik nbw Ddt-xaw
  • kA-sbk-ra
  • <ra>-nfrw-sbk , nfrw-sbk , nfrw-sbk Sdti

  •  
    Skemiophris  ou  Scemiophris (Manéthon)

 

Nom d’Horus Horus Méritrê
(Horus l’aimée de Rê)
Hr mrit-ra
Nom de Nebty Nebty Satsekhem Nebettaouy  ou  Satiamet Nebettaouy
(Fille gracieuse, Maîtresse [Souveraine] des Deux Terres)  ou
(Fille de la gracieuse Maîtresse des Deux Terres) 

nbti sAt-sxm- nbt-tAwi , sAt -iAmt nbt tAwj
Nom d’Horus d’or Bik Nebou Djédetkhâ
(Le faucon d’or est stable d’apparence)
bik nbw Ddt-xaw
Nom de Roi
Saqqarah 37
Sobekkarê
(Sobek est le ka de Rê)
kA-sbk-ra
 
Turin 6.2
 
 Noms de naissance
Sobeknéferourê
(Sobek est la perfection de Rê) ou (Les beautés de Sobek)
ra-nfrw-sbk
Néferousobek
(Beauté parfaite de Sobek)
nfrw-sbk
Néferousobek Shedeti
(Celui qui proclame (?) la beauté de Sobek Shedeti)
nfrw-sbk Sdti

 

Sa durée de règne

 
   Sobeknéferourê (ou Néferousobek ou Sobeknéferou) est une Reine d’Égypte de la XIIe dynastie dont elle fut le dernier souverain. Manéthon l’appelle Skemiophris ou Scemiophris et lui compte 4 ans de règne (Africanus). Le Papyrus de Turin (6.2) lui en compte 3 ans 10 mois et 24 jours. Elle est également mentionnée dans les listes de Karnak et Saqqarah (37). La durée exacte de son règne est inconnue. En fonction des spécialistes les estimations vont de de 6 ans pour Dieter Arnold, Jacques Kinnaer, Donald Bruce Redford et Ian Shaw, entre autres, à 4 ans pour Jürgen von Beckerath, Detlef Franke ou Jaromir Malek, voire moins d’1 an pour ceux qui compte un règne conjoint avec son époux.
 
   Le fait qu’elle fut répertoriée dans la liste royale de Turin est, en soi, intéressant car cela montre qu’elle ne fut pas considérée comme un simple Régent, ou comme un usurpateur, mais comme une Reine régnante à part entière. Sobeknéferourê fut la première femme Roi connue à avoir eu une titulature royale complète. Celle-ci, en grande partie dédiée au Dieu crocodile Sobek, incarnation de , montre, si besoin est, qu’elle fut considérée comme une souveraine.


 

Sobeknéferourê –
Musée de Louxor

 

Son origine

 
   En ce qui concerne son origine, là non plus les spécialistes sont loin d’avoir un avis qui fait l’unanimité. Pour la majorité, toutefois, elle serait la sœur et l’épouse d’Amenemhat IV (1797-1787). Son œuvre monumentale est toujours associée avec celle d’ Amenemhat III plutôt que d’Amenemhat IV, c’est ce qui a appuyer la théorie selon laquelle elle était la fille d’Amenemhat III. Mais elle pourrait tout aussi bien être sa petite-fille ?. L’égyptologue Kim Steven Bardrum Ryholt note que les sources contemporaines de son règne montrent qu’elle n’a jamais porté le titre de : Sœur du Roi (snt-nswt) ou Fille du Roi (s3T-nswt), comme cela aurait du être la cas selon cette hypothèse. De plus, il faut aussi souligner qu’à part Manéthon, il n’existe aucune preuve de ce mariage qui aurait légitimé Amenemhat IV, si celui-ci, comme le proposent certains égyptologues, dont Jacques Kinnaer, n’était pas d’origine royale.
 
   La question est donc loin d’être réglée. Selon Aidan Marc Dodson et Hilton Dyan, il est possible que ce fût sa sœur, Néferou-Ptah, qui fût considérée par Amenemhat III comme son successeur, son nom étant d’ailleurs aussi écrit dans un cartouche. Cependant celle-ci mourant relativement jeune le Roi aurait choisit un autre Régent, Amenemhat IV, et, s’il s’agit bien de sa fille, Sobeknéferourê aurait donc prétendu de droit à la succession au décès de celui-ci.
 
   Son nom de naissance (Sa-Rê) est accolé avec le nom de Shedeti, qui signifie "de Shedet". C’est une référence à la ville de Shedet dans le Fayoum, où Sobek était le Dieu principal. Certains spécialistes pensent que cela pourrait indiquer que la Reine était impliquée dans un mouvement religieux dans cette ville du Fayoum. Il est pour eux possible (Mais non confirmé), que les Prêtres locaux de cette divinité ancienne auraient soutenu la Reine, leur chef de file national, lorsque l’occasion de monter sur le trône se présenta au décès d’Amenemhat IV. Cela expliquerait aussi la rupture de la tradition en ajoutant le nom du Dieu crocodile dans sa titulature, pour la première fois dans l’histoire Égyptienne. Plusieurs Rois après elle reprendront le nom de ce Dieu dans leur titulature.

 

Son histoire

 
   Les preuves matérielles de son règne sont rares, mais des inscriptions trouvées à la hauteur de la seconde cataracte, un sceau-cylindre avec ses noms et des textes l’associant à "son père" Amenemhat III, ont survécu. À la mort de son époux, l’Égypte qui avait vu déjà le désordre s’installer, du faire face à un pouvoir royal divisé. Amenemhat IV n’ayant pas de successeur mâle légitime, ses deux fils lui venant d’une concubine, le pouvoir revint à son épouse, qui régna seule. Selon Christian Jacq, aucun état de crise ne précède la venue au pouvoir de Sobeknéferourê, ce qui tend à prouver qu’elle fut reconnue de suite comme "Roi" légitime.


 

Buste de Sobeknéferourê –
Musée du Louvre

 
   Des inscriptions en Nubie, à Khumma, montrent qu’elle et son époux contrôlaient encore un peu ce territoire conquis pendant le règne de Sésostris III (1928-1895). Cependant ils vont abandonner certaines forteresses Nubiennes, un processus qui se poursuivra au cours de la XIIIe dynastie. Ces abandons sont plus considérés motivés par des raisons économiques, plutôt que d’être le résultat d’une perte de territoire. La Reine aura essayé de prolonger l’œuvre de son "père" Amenemhat III, mais sous son règne le désordre va continuer de s’installer dans l’Empire Égyptien. Le pays, après elle, restera divisé et le Moyen Empire va s’effondrer petit à petit laissant la place à la Deuxième Période Intermédiaire.
 
   Toujours selon Christian Jacq, le Nord-est du Delta, où la frontière de l’Égypte était fragile, devint une voie d’invasion naturelle pour des populations nomades, les Hyksôs, qui formaient des clans de pasteurs (idée très discutée). On ne sait pas vraiment pourquoi une vague d’invasion se déclencha vers 1785 avec l’intention de s’emparer de l’Égypte. Le dispositif de sécurité des Rois précédent se révéla très insuffisant, l’attaque des Hyksôs fut un succès. L’armée de Sobeknéferourê ne parvint pas à repousser ces envahisseurs qui s’installèrent dans le Nord du pays et contrôlèrent même Memphis. Alors que le pays se divisa en zones occupées, on ignore ce que devint Sobeknéferourê, elle disparaît, et semble t-il sans laisser d’héritier.
 
   La date précise de l’invasion des Hyksôs reste inconnue et il n’est même pas certain que la Reine eut à les affronter directement. D’où la version d’autres spécialistes qui avancent que le passage entre Sobeknéferourê et le premier Roi de la XIII dynastie (Peut-être Ougaf (1783-1780) ce serait fait sans heurt et qu’il y eut une certaine continuité sociale et artistique entre les deux dynasties. Cependant il est pratiquement admis aujourd’hui que ce sont les fils qu’Amenemhat IV eut d’une concubine qui succédèrent à la Reine. De ce fait, il semble donc aussi tout à fait possible qu’il y eut des conflits de succession.
 

Ses différentes représentations 

 
   La présence historique de Sobeknéferourê est confirmée par plusieurs monuments et plusieurs traces de son règne nous sont parvenues par le biais d’inscriptions, ou de vestiges statuaires démontrant qu’elle a effectivement régné, comme à Semna, la forteresse de Nubie, où une inscription relevant le niveau d’une crue exceptionnelle du Nil (hauteur de 1,83 m) lors de l’an 3 de son règne, a été mise au jour.


 

Tête de statue de
Sobeknéferourê

  
   Plusieurs statues, ou morceaux de statues, de Sobeknéferourê ont été trouvés qui combinent les attributs traditionnels royaux avec la réalité que ce Roi était une femme. Comme celle en quartzite de 1m 60 qui est aujourd’hui au musée du Louvre (E 27 135). La Reine y est identifiée par son cartouche inscrit sur la boucle de sa ceinture. La statue représente Sobeknéferourê portant la tunique traditionnelle typiquement féminine, maintenue par deux bretelles, mais à la place de sa perruque, la Reine porte le Némès signe de la royauté.
 
   Un buste, en Grauwacke vert foncé, qui est aujourd’hui au Metropolitan Museum of Art (MMA 65.59.1), la représente coiffée d’une perruque ronde à boucles serrées, le front orné d’un uræus et vêtue de la robe caractéristique des cérémonies liées au couronnement et notamment au jubilé du Heb-Sed. À Gezer (ou Guézer ou Tel Guezer ou Tell el-Jezer), en Canaan, on a mis au jour une statue d’une Princesse nommée Sobeknéferou. Toutefois, comme le précise James M.Weinstein, elle ne se rapporte pas nécessairement à cette Reine, car par exemple une fille du Roi Sésostris I (1962-1928) portait ce nom.
 
   Sur le site d’Avaris (Tell el Dab’a) ont été mis au jour : Trois statues en basalte la représentant presque grandeur nature en costume de Reine et un sphinx découvert par Henri Édouard Naville à la fin du XIXe siècle. À Hawara (ou Haouara ou Havera), dans le Fayoum, une stèle fragmentaire fut découverte par Sir William Matthew Flinders Petrie, elle présente la titulature de la Reine à côté de celle de "son père" Amenemhat III. Elle se trouve aujourd’hui au musée Petrie de Londres (UC14337). Toujours à Hawara, la Reine a également contribué à l’amélioration du temple d’Amenemhat III, appelé "labyrinthe" par les auteurs Grecs comme Hérodote (Historien, v.484-v.425) c’est ce qui probablement lui a accordé le statut d’ancêtre divin dans le Fayoum.
 

Sa sépulture
 

   La tombe de Sobeknéferourê n’a pas encore été identifiée avec certitude, mais traditionnellement on lui attribue la construction de la pyramide Nord, non terminée, à Mazghouna (ou Mazghuna) qui aurait été sa sépulture. Rien, à aujourd’hui, ne vient positivement confirmer que la Reine y fut vraiment enterrée. Les mesures de la superstructure ne sont pas connues avec précision. Le caveau a été fait à partir d’un monolithe de quartzite et était censé contenir le sarcophage et le coffre à vases canopes. Le sarcophage remplit presque totalement la chambre funéraire. Il est recouvert d’une fine couche de plâtre coloré rouge dont la signification reste inconnue. D’ailleurs tous les blocs de quartzite que l’on trouve dans le tombeau, les herses et les linteaux ont été peints en rouge. La majorité des spécialistes, dont Ernest John Henry Mackay et William Matthew Flinders Petrie l’attribuent à la Reine Sobeknéferourê.
 

Bibliographie

 
   Pour d’autres détails sur la Reine voir les ouvrages de :
 
Vivienne Gae Callender :
What sex was king Sobekneferu ? And what is nnown about her reign ?, pp : 45–56, KMT 9, N°1, 1998.
Materials from the reign of Sobeknofru, pp : 227–236, Eyre, Christopher J. : Proceedings of the Seventh International Congress of Egyptologists, Cambridge, 3–9 September 1995, Peeters, Leuven, 1998.
Aidan Marc Dodson et Dyan Hilton :
The complete royal families of ancient Egypt, Thames and Hudson, London, Septembre 2004 et Février 2010.
Wolfram Grajetzki :
The Middle Kingdom of Ancient Egypt : History, Archaeology and Society, Duckworth, London, 2006.
Ingo Matzker :
Die letzten Könige der 12. Dynastie : (Ägyptologie), Europäische Hochschulschriften III, Geschichte und ihre Hilfswissenschaften 297, Lang, Frankfurt am Main, New York, 1986.
Stefania Pignattari :
Due donne per il trono d’Egitto : Neferuptah e Sobekneferu, Piccola biblioteca di egittologia 10, La mandragora, Imola, 2008.
Percy Edward Newberry :
Co-regencies of Ammenemes III, IV and Sebknofru, JEA 29, London, 1943.
Michel Valloggia :
Remarques sur les noms de la reine Sébek-Ka-Rê Néferou Sébek, pp : 45–53, RdE 16, Paris, 1964.
Jürgen Von Beckerath :
– Zur Begründung der 12. Dynastie durch Ammenemes I., pp : 4–10, Zeitschrift für Ägyptische Sprache und Altertumskunde 92, 1965.
Chronologic des pharaonischen Ägypten : Die zeitbestimmung der ägyptischen geschichte von der Vorzeit bis 332 v. Chr., Münchener Universitäts schriften, MÄS 46, Philipp von Zabern, Mainz, Janvier 1997.
Handbuch der ägyptischen königsnamen, MÄS 20, Deutscher Kunstverlag, München, Janvier 1984 – MÄS 49, Philipp von Zabern Mainz, 1999.
Raymond Weill :
XIIe dynastie, royauté́ de Haute-Egypte et domination hyksôs dans le Nord, IFAO, Le Caire, 1953.
James M.Weinstein :
A statuette of the Princess Sobeknefru at Tell Gezer, pp : 49-57, Bulletin of the American Schools of Oriental Research 213, Février 1974.
Dietrich Wildung :
L’âge d’or de l’Égypte : Le Moyen Empire, New York University Press, 1977 et PUF, Paris, Novembre 1984.
Christiane Ziegler, Hartwig Altenmüller et Marine Yoyotte :
Reines d’Egypte : D’Hetephérès à Cléopâtre – En Anglais, Queens of Egypt : From Hetepheres to Cleopatra, Somogy, Paris, Juillet 2008 et Grimaldi forum, Monaco, Octobre 2008.

 

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