Buste de Sésostris I – Musée Égyptien de Berlin
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Son origine et sa durée de règne
Sésostris I (ou Senoueseret ou Senusret ou Senwosret) est le
2e Roi de la XIIe dynastie.
Il est le fils d’Amenemhat I et de la Reine
Néferoutatenen (ou nefrytatenen ou Nefru-Tatenen).
Manéthon
l’appelle Sesonchosis et lui compte 46 ans de règne (Africanus, Eusebius).
Le
Papyrus de Turin (5.21) lui compte 45 ans et quelques mois.
La date d’enregistrée la plus élevée est sa 44e
année de règne. Elle est inscrite sur une stèle aujourd’hui au
Musée de Leyde. Cela confirmerait les données de
Manéthon et
du
Papyrus de Turin. Les égyptologues aujourd’hui sont assez unanimes pour lui attribuer un règne
d’environ 45 ans (de 43 à 47 en fonction des spécialistes), dont en corégence,
10/11 avec son père et 1 ou 2 ans avec son fils
Amenemhat II (3 ans selon certains spécialistes, comme
Jacques Kinnaer).
Il faut noter cependant, que depuis peu, il y a quelques doutes de la part de
quelques chercheurs, quant à la durée de la corégence entre Sésostris I et son père.
Son Règne
Bien
qu’Amenemhat I
fut le véritable fondateur de la XIIe dynastie, de tous temps Sésostris I
fut considéré comme son père politique. C’est peut-être pour cette raison que
Manéthon a ajouté Amenemhat à la fin de la
XIe dynastie.
Prince Corégent, il fut chargé par son père d’établir sur la Nubie l’autorité Égyptienne.
Mais ce fut au retour d’une campagne militaire en Libye qu’il apprit le complot dont celui-ci
fut victime.
Le fait que le Corégent (ou Prince héritier) fut en campagne lors de l’assassinat peut indiquer que les meurtriers
d’Amenemhat I
avaient essayé de faire un coup d’État afin de s’emparer du pouvoir en son absence,
mais cette hypothèse reste à l’état de supposition sans plus de preuve.
Sésostris I dut s’imposer comme chef et déploya donc une intense activité en
politique extérieure. Il parvint à établir fermement la légitimité de la XIIe
dynastie. Il se lança à la conquête de Nubie et soumit les rebelles du
pays de Kouch. Une première campagne fut organisée au cours de l’an 10 du Roi.
Une seconde, vers l’an 18, poussa la frontière Sud de l’Égypte jusqu’à Bouhen.
Sésostris I continua sa progression et étendit ainsi l’Empire Égyptien jusqu’à la
troisième cataracte. Il installa un formidable système défensif. Il fit ériger,
des villes fortifiées, des bastions et des citadelles, chargés d’affirmer l’autorité Égyptienne en Nubie.
Sésostris I Musée Égyptien du Caire
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On compte aussi pas moins de douze
forteresses en briques, comprenant des fossés et des douves longeant le fleuve, qui
protégèrent le pays contre les envahisseurs Soudanais. Le Roi annexa ainsi toute la
Basse-Nubie. Bouhen, ville frontière au niveau de la deuxième cataracte, devint
le centre administratif Égyptien, assurant le contrôle fluvial et terrestre des
marchandises. Malheureusement les vestiges de cette cité sont maintenant perdus
à jamais sous l’eau du lac Nasser. L’importance économique de cette région
résidait dans ses mines de minéraux et de l’extraction de l’or, de l’améthyste
et du gneiss (Roche métamorphique contenant du quartz, du mica).
La relation avec l’Asie semble avoir
été d’une nature plus passive et défensive. Apparemment, la fortification appelée le "Mur du Prince",
construite par Amenemhat I,
fut efficace pour repousser les Bédouins et protéger les routes commerciales avec l’Asie.
Sésostris I entreprit une expédition dans le Sinaï, à la recherche de nouveaux filons de turquoise et en
Canaan.
Il reprit les relations commerciales avec les villes de
Byblos et
Ougarit.
Les mines d’or à l’Est de Coptos,
ainsi que les carrières de pierre de l’Ouâdi Hammamât,
situées au Nord-est de Thèbes, entre
Coptos et la
mer Rouge, furent de nouveau exploitées. En l’an 24 de son règne l’armée Égyptienne, commandée par un nommé Nesmonth,
fit une campagne contre des Bédouins. En politique intérieure, Sésostris I divisa la charge de vizir en plusieurs fonctions.
Son règne fut aussi marqué par une production artistique et littéraire de qualité. Deux œuvres majeures de la
littérature Égyptienne, "l’enseignement d’Amenemhat" et la "Biographie de Sinouhé", datent de
cette époque. Ces textes nous donnent un aperçu de la vie des Égyptiens à cette période. Ils relatent aussi des événements
survenus au palais, à la fin du règne de son père. Le second volume raconte notamment les conditions de la mort de ce dernier.
De ces textes nous savons aussi qu’une famine eut lieu au cours de l’an 25 de son règne.
La chapelle blanche de
Sésostris I à Karnak
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Ses constructions
Sésostris I fut non seulement un
habile militaire, mais également un grand bâtisseur et son activité se traduisit
par la construction de nombreux monuments. Il remit les temples en état et fit
ériger et rénover de nombreux sanctuaires. On lui doit de nombreuses
constructions, notamment : En Basse-Nubie ; Une chapelle dédiée à Satis à
Éléphantine ;
En l’an 3 de son règne un temple consacré au Dieu
Rê à
Héliopolis ;
Dans cette même ville, il érigea deux obélisques de granit rouge de
20,70 m de hauteur (120 tonnes), dont un pour le jubilé de ses 30 ans de règne
(Fête Sed
ou Heb-Sed). On trouve aussi des traces de ses constructions à :
Abydos où il fait remodeler le
Grand Temple d’Osiris,
ce qui souligne l’importance de la ville comme un site religieux;
Edfou ;
El Kab ;
Héracléopolis et Tanis.
L’ancienne capitale,
Thèbes conserva son rôle d’important centre religieux, Sésostris I y fit construire à
Karnak. Il y est crédité d’avoir commencé la construction de la
première structure monumentale du temple
d’Amon.
Elle abritera la célèbre Chapelle Blanche, considérée comme la plus belle et la plus ancienne structure survivante du
Moyen Empire.
Il y est noté la liste complète des
nomes d’Égypte.
Sa sépulture
Sésostris I construisit son
complexe
funéraire, au nom de "Senoueseret veille sur les Deux Terres",
à Licht,
sur une colline à environ 2 kilomètres au Sud de
celui de son père,
où son culte funéraire fut longtemps perpétué et un immense complexe comprenant
neuf petites pyramides pour
les Reines et les Princesses. Celles-ci furent construite au fil des années, la
dernière étant sûrement érigée plusieurs années après la mort du Roi. Avec sa base de 105 m et sa hauteur de 61,25 m,
la pyramide de Sésostris I
est la plus grande depuis la fin de la IVe dynastie.
Aujourd’hui, cependant, les seuls restes de cette
grande pyramide sont un monticule de débris dont la partie
la plus inférieure est encore revêtue de calcaire. (Voir l’article sur
son complexe funéraire).
Pyramide de Sésostris I à Licht
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Sa famille
Sésostris I eut une ou deux épouses
en fonction des spécialistes :
● Néferou III
(ou Nefrou ou Neferu – nfrw – “la Perfection, le beauté"), sa sœur. Sa
pyramide dans le
complexe funéraire de son
époux à Licht est la
plus grande des neuf qu’il contient. Toutefois la Reine n’y fut pas enterrée, mais fut ensevelie près de
la pyramide
de son fils à Dahshour au Sud de
Saqqarah.
Cette souveraine est citée à la fin d’un texte datant du règne de Sésostris I,
“l’histoire de Sinouhé”. Le conte nous dit qu’accompagnée des Princesses royales, Néferou III accueillit ce voyageur
à son retour en Égypte en chantant et en jouant du sistre en hommage à la Déesse
Hathor qui lui permit de revenir sain et sauf. Le Roi ayant eu six enfants il est
probable que Néferou III fut la mère d’un ou plusieurs d’entre eux.
Elle est sûrement celle d’Amenemhat II, comme semble l’attester une
inscription trouvée dans le Sinaï. Elle portait les titres :
Princesse héréditaire (iryt-pat) ;
Grande de louanges (wrt-hzwt) ;
Mère du Roi de haute et Basse-Égypte (mwt-nswt-biti) ;
Sœur du Roi (snt-nswt) ;
Épouse du Roi (Hmt-nswt) ;
Épouse du Roi unie avec les lieux [sanctuaires] de Khéperkarê (Hmt-nswt-m-khnmt-swt-khpr-kA-ra) ;
Épouse du Roi unie avec les lieux [sanctuaires] de Senousret (Hmt-nswt-m-khnmt-swt-[-]n-wsrta) ;
Maîtresse [Souveraine] de toutes les femmes (Hnwt hmwt nbwt) ;
Fille du Roi de son corps (sAt-nswt-nt-kht.f) ;
Fille du Roi Haute dans la beauté d’Amenemhat (sAt-nswt-m-kAi-nfrw-imm-mhat).
● Itakaiet I (ou Itakayt), qui est peut-être sa fille, cette filiation est très discutée
par les spécialistes.
Sésostris I eut 5 ou 6 enfants : Ameny le futur
Amenemhat II ; Amenemhat-Ânkh
qui selon Aidan Marc Dodson et
Hilton Dyan serait le deuxième fils d’Amenemhat
II ; Sébat ; Sobeknéferou (ou Néferousobek) et Néferou-Ptah, mais on ne sait pas qui en sont
les mères. Itakaiet I (ou Itakayt) est donnée par quelques spécialistes aussi comme son épouse.
Bibliographie
Pour d’autres détails sur le Roi voir les ouvrages de :
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Florence Maruéjol,
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