Quelques Rois Importants :
Taharqa
690 – 664
 

Nous avons besoin de vous

….Retour à la XXVe dynastie

 

 
Sommaire
 

Sa titulature
Son origine
Son règne
Ses constructions
Sa sépulture
Sa famille
Bibliographie

 

Tête de statue de Taharqa –
Musée de Nubie – Assouan
 
          DATES  de  RÈGNE
           690-664
   P.A.Clayton, A.Eggebrecht,
K.A.Kitchen, J.Kinnaer, S.Quirke,
 D.Sitek, P.Vernus, J.Yoyotte

 

Sa titulature
  • Hr qAi-xaw
  • nbti qAi-xaw
  • bik nbw xwi-tAwi
  • xwi-nfrtm-ra
  • thr-kA sA-ra , mri-imn
     
    Taracus  (Manéthon)

 

Nom d’Horus Horus Kaikhaou
Hr qAi-xaw
Nom de Nebty Nebty Kaikhaou
nbti qAi-xaw
Nom d’Horus d’or Bik Nebou Khouitaoui
(Le Faucon d’or qui protège les Deux Terres)
Hr xwi-tAwi
Nom de Roi Khouinéfertoumrê  ou  Néfertemkhourê
(Néfertoum protège Rê)
xwi-nfrtm-ra
Nom de naissance Taharqa Sarê  ou  Taherouk
(Taharqa fils de Rê)
thr-kA sA-ra

 


 

Taharqa en sphinx – British Museum

Son origine

 
   Taharqa est le IVe Pharaon de la XXVe dynastie si l’on compte à partir de Piânkhy. Il fut le 6e Roi de Napata, capitale du pays de Kouch (Nubie), là encore si l’on compte à partir d’Alara, mais s’il est dans la convention que ce dernier fut le fondateur de la dynastie Kouchite, il apparaît dans divers textes qu’il serait en fait le septième souverains de la dynastie, fils du Roi Piânkhy Miamoun et de la Reine Kenensat. Taharqa fut le fils de Piânkhy et de la Reine Abara (ou Abar, sa tante ?), que quelques spécialistes nomment Abale (ou Abal), elle n’est peut-être pas la même dans ce cas que la sœur de Piânkhy ?. C’est le plus connu et le plus fastueux des souverains d’origine Kouchites.
 

Son Règne

 
   Manéthon l’appelle Taracus (Eusebius, Africanus) et lui compte 18 ans de règne (Africanus) ou 20 ans (Eusebius de Cesarea), mais la grande majorité des égyptologues optent pour une durée de 26 ans. Il fut très tôt un grand chef militaire. Sous le règne de son frère, à l’âge de seize ans, il commanda un corps expéditionnaire pour contrecarrer les menaces Assyriennes. Le Roi de Judas, Ézéchias (ou Hezekiah, 726-697), cherchait à se débarrasser de sa dépendance face aux Empereurs Assyriens. Il refusa de verser le tribut et se rebella contre Sennachérib (705-681). En 703, une énorme coalition se forma sous l’impulsion des Égyptiens et de son Pharaon Chabataka (ou Shabataka, 707/06-690), qui envoya un corps expéditionnaire commandé donc par Taharqa, à laquelle vinrent se greffer les Rois : Lulle (ou Elulée ou Elulaios, 729-694) de Sidon, Cili-Bel (720-v.690) de Gaza, ceux d’Ashdod, d’Édom, d’Ascalon (ou Ashkelon) et Marduk-Apla-Iddina II (ou Merodach-Baladan, 722-710 et en 703) de Babylone (Isaïe 30, 31; 36 : 6-9).
 
   Cependant Taharqa sentant qu’il ne pourrait faire face aux troupes Assyriennes préféra retourner en Égypte. La coalition forte pourtant de près de 200.000 hommes fut écrasée près de Cition (ou Kition). Sennachérib s’empara alors de Sidon et plaça la gouvernance de la ville sous contrôle d’un souverain Tyroassyrien, Ithobaal (Ethbaal ou Eth-BaʾaL ab ou Ittobaal). Lulle s’enfuit à Chypreet l’Empereur continua vers le Sud où les autres cités Phéniciennes, ainsi que les Rois de Moab Kemoch-Nadab II (ou Khemosh, v.720), d’Édom et d’Ashdod se soumirent.


 

Détail d’une statuette – Taharqa
présente des vases de vin au
Dieu Hémen – Musée du Louvre

 
   Taharqa fut couronné à Memphis. Son règne se divisa en deux parties, la première fut marquée par sa valeur militaire. Fortement Égyptianisé, il organisa la Nubie en provinces, les contrôlant militairement, administrativement et économiquement, assurant à l’Égypte et à la Nubie, une période de paix et de prospérité. Lors de la seconde partie de son règne, il ne put empêcher l’invasion Assyrienne du pays jusqu’à Thèbes. Les Assyriens attaquèrent l’Égypte vers 677, mais l’Empereur Assarhaddon (681-669) écourta la bataille pour mater une rébellion au Nord de son Empire.
 
   En l’an 17 de Taharqa (674), une nouvelle attaque fut menée par les Assyriens qui avant d’arriver en Égypte ravagèrent la Palestine. L’Empereur Assarhaddon prit la ville stratégique d’Ascalon (ou Ashkelon), aux portes du Delta. Taharqa dépêcha une armée qui repoussa les Assyriens. Cette victoire apporta presque trois ans de paix au pays. En 672 l’Assyrie lança à nouveau toute son armée contre l’Égypte. L’Empereur Assarhaddon nettement plus fort militairement s’empara du Delta. Puis, en 671, après trois batailles contre l’armée Égyptienne, le 5 juillet, il fit le siège de Memphis et captura de nombreux membre de la famille royale et assit son autorité jusqu’à Assouan.

 
   Il se proclama Pharaon la même année, Taharqa dut alors se réfugier dans le Sud d’où il garda apparemment le contrôle sur la Haute-Égypte. Les Assyriens ayant besoin d’appuis locaux pour garder le pouvoir sur leur nouveau territoire, favorisèrent les “Roitelets” du Nord, au premier rang desquels se trouvaient les Princes Saïtes. En 669, l’ennemi parti, Taharqa se lança dans une reconquête du pays et la ville de Saïs fut prise. Le nouvel Empereur d’Assyrie, Assurbanipal (669-631 ou 626) lança son armée contre l’Égypte et reprit sans grande difficulté Basse et Haute-Égypte. Taharqa s’enfuit de nouveau et se réfugia à Napata. Comme lors de la première invasion, les Assyriens laissèrent le pouvoir au “Roi” de Saïs, puis quittèrent le pays. Ce fut le moment que choisirent les Princes de la ville pour négocier avec Taharqa une alliance contre le nouvel envahisseur. Assurbanipal lorsqu’il apprit le complot prit des mesures drastiques, afin d’empêcher toutes rébellions futures il fit exécuter les principaux chefs de Saïs.


 

Taharqa entre les pattes d’Amon sous
la forme du bélier – British Museum

  
   Un grand chef fut épargné, Néchao I (672-664) à qui il confia le royaume et il installa son fils, Psammétique I (Le futur Pharaon, 664-610) à la tête de l’ancien royaume d’Athribis (ou Het-ta-hérieb ou Tell-Athrib, cité du Delta). Les Saïtes prirent ainsi le pouvoir avec l’appui et la reconnaissance des envahisseurs qui quittèrent une nouvelle fois le pays. Cette nouvelle distribution politique ne changea pas grand chose aux ambitions de Taharqa qui espérait reconquérir l’Égypte, mais il mourut avant de concrétiser son rêve. Selon Arthur Carl Piepkorn il serait mort à Thèbes. Dans les représentations bibliques, Taharqa est considéré comme le sauveur du peuple Hébreu, lorsque ceux-ci furent assiégés par Sennachérib (Esaïe 37:8-9, 19:8-9 et 2 Rois). Aujourd’hui, le peuple Soudanais considère Piânkhy et Taharqa comme des figures historiques et les vénèrent plus que tout autre Pharaon de la XXVe dynastie.


 

Oushebti de Taharqa –
British Museum

 

Ses constructions

 
   L’activité de bâtisseur de Taharqa aura été importante, Il lança un programme de construction et de restauration des temples sur tout le pays. Le plus célèbre est celui dédié à Amon, au pied du Gebel Barkal, qui est à l’image de celui de Karnak, mais aussi à Tabo ; Sanam, dans le temple d’Amon-Rê ; Kawa, où l’on note la construction du temple d’Amon avec la voie processionnelle, des pylônes et des statues ; Semna ; Kasr Ibrim ; dans le temple de Faras etc…. On lui attribue aussi de nombreux bâtiments dans la région de Thèbes. Il fut un grand bâtisseur dans la cité et lui redonna un aspect digne d’une capitale, développant notamment les sanctuaires et à Karnak en agrandissant le lac sacré et en érigeant des colonnades gigantesques dans le temple d’Amon. À Médinet Habou il agrandit le temple d’Amon.
 
   On trouve aussi sa trace à El-Kab où il lança de grands travaux dans le temple, qui furent terminés par la dynastie suivante. Plusieurs agrandissements dans les petits temples de Bouhen et Tanis sont à son actif.
On lui attribue également plusieurs groupes de sculptures en métaux divers, aujourd’hui au musée du Louvre, des oushebtis découverts dans sa pyramide de Nuri et bien d’autres objets à son nom aujourd’hui au musées Petrie et au British Museum.
 

Sa sépulture

 
   Taharqa ne se fit pas enterrer à El-Kourrou, comme ses prédécesseurs, mais à Nuri, en face du Gebel Barkal. Il inaugura ainsi une nouvelle nécropole qui sera celle des futurs Rois de Napata. Une autre tombe surmontée d’une pyramide au nom de Taharqa a été découverte sur l’Île de Saï. On pensait que le Roi y était enterré car une collection d’oushebtis y fut découverte. Mais en 1963 on découvrit dans la pyramide (N1) de Nuri, des ossements et des restes d’un riche mobilier funéraire à son nom. Les spécialistes penchent donc plus pour Nuri pour sa sépulture finale. Il a aussi été avancé un autre endroit, à Sédeinga où une pyramide-tombeau possède des blocs avec le nom de Taharqa et le cadavre d’un homme d’une cinquantaine d’années y a été mis au jour ?.
 

Sa famille

 
   Taharqa eut quatre ou cinq épouses en fonction des spécialistes :


 

Oushebti de Taharqa –
trouvé dans la
pyramide de Nuri

 
• Takahatamani (ou Takahataon ou Tabekenamun ou Takahatamon), qui selon Aidan Marc Dodson et Dyan Hilton, fut sa sœur (ou demi-sœur). On lui a attesté les titres de : Sœur du Roi (snt-nswt) ; Épouse du Roi (hmt-nswt) ; Noble Dame (iryt pat) ; Grande de louanges (wrt hzwt) et Dame de toutes les femmes (hnwt hmwt nbwt). Elle est montrée derrière Taharqa au temple du Gebel Barkal. George Andrew Reisner propose qu’elle fut enterrée dans la pyramide 21 à Nuri, en face du Gebel Barkal. Pourtant cette tombe est datée, de l’époque du Roi de Napata Senkamanisken (640-620), ce qui signifie que la Reine serait morte septuagénaire, voire plus tard pour y être enterrée. Elle donna deux enfants à Taharqa :

Une fille, Aménardis II que le Pharaon installa comme Divine Adoratrice d’Amon (670-640).
Un fils, Atlanarsa qui succèdera à Tanoutamon à Napata de 653 à 643 (ou 640) et qui sera le fondateur de Dynastie de Napata et qui épousa sa sœur (ou demi-sœur) Ietourou (ou Ieturow). Pour d’autres spécialistes Takahatamani ne fut pas la mère d’Atlanarsa qui serait une Reine qui a son nom qui n’est pas intégralement préservé, finissant par …… Salka (voir ci-dessous).

 
• Naparaia (ou Naparaja ou Naparaye), dont on lui connait les titres : d’Épouse du Roi (hmt-nswt) ; Grande de Grâce (wrt imAt) ; Grande de louanges (wrt hzwt) ; Douceur d’amour (bnrt mrwt) ; Dame des Deux Terres (hnwt tAwy) et sœur du Roi (snt-nswt). Selon Aidan Marc Dodson, Dyan Hilton et Wolfram Grajetzki, elle fut enterrée à El-Kourrou, pyramide KU3. Elle nous est connue que par une pierre d’offrande en albâtre aujourd’hui au musée de Khartoum. Nous ne connaissons pas d’enfant de cette union. Pour quelques spécialistes, dont Aidan Marc Dodson et Dyan Hilton, elle fut la sœur (ou demi-sœur) de Taharka.
  
• Tabakenamon (ou Tabaketenamun), qui fut sa sœur (ou demi-sœur) et qui est donnée par Aidan Marc Dodson et Dyan Hilton. On lui connait les titres de : Sœur du Roi (snt-nswt) ; Fille du Roi (s3T-nswt) et Épouse du Roi (hmt-nswt). Elle est connue d’une statue, aujourd’hui au musée du Caire (49157) qui fut mise au jour à Karnak. D’autres spécialistes ont suggéré qu’elle fut l’épouse de son oncle Chabaka. Elle fut Prêtresse d’Hathor de Dendera, Prêtresse de Neith et Maîtresse de Tepihu (Aphroditopolis). Ces postes sacerdotaux peuvent confirmer qu’elle fut bien une fille de l’un des Pharaons Libyens. Nous ne lui connaissons pas d’enfant de cette union.
 
• Atakhebasken, dont il lui est attesté le titre de Grande Épouse Royale (Hmt-nswt wrt). Selon Aidan Marc Dodson, Dyan Hilton et Wolfram Grajetzki, elle fut enterrée dans une tombe (36) à Nuri, en face du Gebel Barkal. Les découvertes dans la tombe comprennent : un oushebti, et des vases canopes qui sont aujourd’hui au musée de Boston et un autel aujourd’hui au musée Méroé à Khartoum. Nous ne connaissons pas d’enfant de cette union.
 
• Asalka (ou [A]Salka), cette union est contestée par certains spécialistes qui voient plutôt en elle une épouse de Tanoutamon et la mère d’Atlanarsa.
 
   Par contre on connaît au Roi quatre autres enfants dont nous ne savons pas qui sont les (ou la) mères :

Deux fils : Nisuonuris et Nesshoutefnout.
Deux filles : Ietourou (ou Ieturow ou Jeturow) qui épousa son frère (ou demi-frère) Atlanarsa et Peltasen (ou Peltaseñ).
 

Bibliographie

 
   Pour d’autres détails sur le Pharaon voir les ouvrages de :
 
Klaus Baer :
The Libyan and Nubian Kings of Egypt : Notes on the chronology of dynasties XXII to XXVI, pp : 4-25, JNES 32, N° 1/2, Chicago, Janvier
Jürgen Von Beckerath : 
Chronologic des pharaonischen Ägypten : Die zeitbestimmung der ägyptischen geschichte von der Vorzeit bis 332 v. Chr., Münchener Universitäts schriften, MÄS 46, Philipp von Zabern, Mainz, Janvier 1997.
Robert Steven Bianchi :
Daily life of the Nubians, Greenwood Press, Westport, 2004.
John Thomas Biggers :
Taharqa, King of Nubia (710-664 B.C.), Anheuser-Busch, St. Louis, 1977.
Peggy Brooks-Bertram :
King Taharqa of Kush, pp : 101-103, Egypt in Africa / Theodore Celenko, 2001.
Peter A.Clayton :
Chronicle of the Pharaohs : The Reign-by-Reign Record of the Rulers and Dynasties of Ancient Egypt, Thames & Hudson, New York, 2006. En Français, Avec Florence Maruéjol, Chronique des pharaons : L’histoire règne par règne des souverains et des dynasties de l’Égypte ancienne, Casterman, Paris, 1994 et 1995.
Aidan Marc Dodson et Dyan Hilton :
The complete royal families of ancient Egypt, Thames and Hudson, London, Septembre 2004 et 15 Février 2010.
Richard A.Fazzini :
Egypt Dynasty XXII to XXV, Brill, Leiden, New York, 1988.
Rudolf Fischer :
Die schwarzen Pharaonen, Bergisch Gladbach, Lübbe, 1980.
Godefroy Goossens :
Taharqa le conquérant, pp : 239-244, Chronique d’Egypte 22, N°44, 2009. Base de données : Brepols Publishers NV Journals
Jozef Marie Antoon Janssen :
Que sait-on actuellement du pharaon Taharqa ?, Institut biblique pontifical de Rome, 1953.
Robert G.Morkot :
The black Pharaohs, Egypt’s Nubian rulers, Rubicon Press, Londres, 1999 et 2000.
Richard Antony Parker, Jean Leclant et Jean-Claude Goyon :
The edifice of Taharqa by the sacred lake of Karnak, Brown University Press et Lund Humphries, Décembre 1979.
Richard Antony Parker :
The length of reign of Taharqa, Kush 8, Sudan Antiquities service, Khartoum, 1960.
Donald Bruce Redford :
Taharqa in Western Asia and Libya, Eretz-Israel, vol.24., Israel Exploration Society, Jérusalem, 1993.
Thomas Schneider :
Lexikon der Pharaonen, Artemis, Zuürich, 1994 – Avec Arne Eggebrecht, Deutscher Taschenbuch, München, 1996 – Artemis & Winkler, Düsseldorf, 1997 – Albatros, Düsseldorf, 2002. 4.
William Kelly Simpson et Vladimir Vikentiev :
The Pharaoh Taharqa, Directorate-General of Antiquities, Baghdad, 1954.

 

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