Les  cités  de  Chypre  :
Salamine 
 

Nous avons besoin de vous

 

Sommaire

 
Localisation et généralités
L’histoire
L’archéologie
Bibliographie

Salamine  de  Chypre


 
Vue du théâtre

 

Localisation  et  généralités

 
   Salamine (ou Salaminia, en Assyrien : Ki(i)-su, en Grec : Σαλαμίνα ou Σαλαμίς, en Persan : سلامیس Slamys, en Latin : Constantia) fut une riche cité-État antique de Chypre. Elle était située sur la côte Est de l’île de, à 6 km au Nord de la moderne Famagouste, à l’embouchure de la rivière Pediaeos (ou Pedieos).
 
   Les débuts de Salamine sont liés aux fondations mythiques établies à Chypre après la Guerre de Troie par les héros Grecs. Selon la tradition, le fondateur fut Teucros (ou Teucrides ou Teucer), fils de Télamon, qui ne pouvait pas rentrer chez lui après la Guerre de Troie parce qu’il avait échoué à venger son frère Ajax. Sa position côtière sur la mer Méditerranée fut un facteur important de sa croissance économique et explique la diversité de sa population composée notamment de Phéniciens, Grecs, Perses et Égyptiens.
 
   Son excellent port lui assura rapidement le premier rang des cités de l’île. Salamine fut célèbre pendant l’époque archaïque et classique comme un des royaumes les plus prospères de l’île. Alors que rien d’antérieur au VIIIe siècle n’était véritablement attesté sur le terrain, des fouilles de la mission Française ont mis au jour une riche tombe du XIe siècle, ainsi qu’un sanctuaire consacré au Dieu de la cité (Désigné comme Zeus). Ils ont été construits à la même époque, à proximité de la mer, le long d’un rempart. 

 

L’histoire

 
   Les vestiges archéologiques d’habitat dégagés sur le site de la ville historique attestent que, dès la fin du IIe millénaire, existait sur la côte une véritable cité, qui resta pendant plus de 1800 ans la plus importante des villes de Chypre. Le minerai de cuivre de Chypre fit de l’île un nœud essentiel dans les réseaux commerciaux très tôt. On a des traces d’une occupation importante du territoire dès le XIe siècle av.J.C., période où Salamine tint la tête de tous les royaumes Chypriotes. Mais très peu de traces antérieures au VIIIe siècle av.J.C. ont été retrouvées.
 


 

Vue d’une partie du site

   En 877 une armée Assyrienne atteignit les rives de la Méditerranée pour la première fois. En 708 les cités-États de Chypre rendirent hommage au Roi Sargon II (722-705) d’Assyrie. Une des premières mentions de la ville se retrouve dans une inscription Assyrienne. Elle est identifiée comme un des dix royaumes de l’île, énumérés sur le prisme du Roi d’Assyrie d’Assarhaddon (ou Esarhaddon ou Asarhaddon, 681-669) en 673/2, qui lui rendaient hommage. Les premières pièces de monnaie furent frappées au cours du VIe siècle av.J.C. Chypre était sous le contrôle des Assyriens à ce moment, mais les cités-États de l’île jouissaient d’une relative indépendance aussi longtemps qu’elles payaient leur tribut au Roi Assyrien. Cela permit aux Rois de différentes de ces villes d’accumuler des richesses et du pouvoir.
 
   Certaines coutumes funéraires observées dans les tombes royales de Salamine de cette époque se rapportent directement aux rites Homériques, comme le sacrifice des chevaux en l’honneur des morts et l’offre des jarres d’huile d’olive. Grâce au commerce la cité prit de l’importance. La plupart des marchandises venaient du Levant ou de l’Égypte. Comme dit plus haut ce fut au cours du XIe siècle av.J.C., que la ville assez petite se développa autour du port et bientôt s’étendit vers l’Ouest pour occuper la zone, qui est aujourd’hui couverte par la forêt. La cité se dota d’une immense nécropole qui couvre une grande surface de la limite Ouest de la forêt au monastère de Saint Barnabé, à la périphérie du village d’Hagios Sergios (ou Ayios Serghios) au Nord, et à la périphérie du village Enkomi au Sud. Ses tombes les plus importantes datent du IXe siècle av.J.C. et il fut utilisé jusqu’à la paléochrétienne. Les tombes antérieures se trouvent dans la zone de la forêt, près de la limite du début du village.
 
   On sait que pendant le période VIIIe/VIIe siècle av.J.C., Salamine maintint des liens directs avec le Proche-Orient, Un tombeau royal contenait une grande quantité de céramique géométrique Grecque et cela fut expliqué par la dote d’une Princesse Grecque qui épousa un membre de la famille royale de Salamine. De la poterie Grecque fut également retrouvée dans les tombes de citoyens ordinaires.
 
   La période d’indépendance totale des cités-États de l’île dura en fait peu de temps au regard de son histoire car dès 570 av.J.C., Chypre fut conquise par l’Égypte sous son Pharaon Amasis (ou Ahmosis II, XXVIe dynastie, 570-526). Cette brève période de domination Égyptienne marqua son influence principalement dans les arts, en particulier la sculpture, où la rigidité et la robe de style Égyptien peuvent être observées. Les artistes Chypriotes laissèrent plus tard ce style Égyptien en faveur de prototypes Grecs. Les statues en pierre montrent souvent un mélange des deux l’influences, alors que la céramique récupérées dans l’île montrent l’influence de la Crète. On retrouve des influences aussi dans les vêtements et les hommes portaient des perruques Égyptiennes et la barbe de style Assyrien.
 
   À cette période Égyptienne Salamine occupa un rôle de premier plan. La suzeraineté de l’Égypte se retrouve sur les pièces de monnaie du premier Roi de la ville dont on ait connaissance, Évelthôn (ou Evelthon ou Euelthôn, 560-526/5). Il s’y décrit comme Gouverneur de l’île entière. Les pièces avaient avec un bélier sur l’avers et un ankh (symbole Égyptien) sur le revers. Il fut probablement le premier dans l’île à utiliser argent et bronze pour ses pièces de monnaie.
 
   En 526 av.J.C., le Roi Perse Achéménide Cambyse II (ou Cambise ou Cambises, 529-522) conquit Chypre. Sous les Perses, les Rois de l’île conservèrent toutefois leur indépendance, mais devaient rendre hommage à leur suzerain. Au cours de la domination Perse, l’influence Ionienne sur les sculptures s’intensifia. La poterie dans l’île conserva ses influences locales, bien que certaines poteries Grecques fussent importées. Sauf pour la cité-État d’Amathonte (ou Amathus), les royaumes Chypriotes prirent part à la révolte Ionienne en 499 av.J.C. En 498, la révolte dans l’île fut menée par Onésilos de Salamine, frère du Roi Gorgos (500/499-494), qu’il détrôna parce qu’il ne voulait pas se battre pour l’indépendance et se rallia aux Ioniens. Les Perses écrasèrent les armées Chypriotes et assiégèrent les villes fortifiées la même année.
 
   Salamine joua un rôle de premier plan dans les affrontements qui opposèrent les Perses aux Grecs. Comme le montre des textes littéraires et des inscriptions, les Rois de Cition (ou Kition), alliés des Perses, affrontèrent les Rois de Salamine qui soutenaient la politique Grecque, chacun s’efforçant d’agrandir son territoire aux dépens de l’autre. Vers 400, les deux cités connurent un développement urbanistique considérable, pour Salamine, on le sait par les textes des auteurs Grecs (Dont Isocrate, 436–338, orateur Athénien).
 
   Un des premiers Rois de Salamine de cette période dont on connait bien l’existence fut Évagoras I (ou Euagoras, en Grec : Εαγόρας, 411 à 374 ou 410 à 374), qui fut le fils de Nicoclès ([I] ou Nikoklès ou Nikokleos, en Grec : Νικοκλής, ? à 415). Certains spécialistes avancent qu’il naquit autour de 435 ?. Il se réclamait descendant divin de Teucros (ou Teucrides ou Teucer), le demi-frère d’Ajax, fils de Télamon. Sa famille régnait depuis longtemps sur Salamine, mais durant son enfance la cité tomba sous la domination Phénicienne (Ces derniers se partageant Chypre avec les Hellènes), c’est ce qui provoqua son exil. Il partit alors en Cilicie afin de trouver une aide militaire pour reprendre son trône. Il réunit l’appui de 50 partisans et en 410 (on trouve aussi 411 ?), il rentra à Salamine en clandestinité et s’empara de la ville et du trône de ses ancêtres, après une attaque surprise contre l’usurpateur en place, le Phénicien Roi de Tyr, Abdémon (En Grec : Αδήμων, v.420 à 411). Certains spécialistes avancent que ce dernier fut originaire de Cition (ou Kition).


 

Stater argent d’Évagoras I

 
   Au début, Évagoras I eut de bonnes relations avec les Perses, reconnaissant leur suzeraineté, ce qui lui garantit l’aide des Rois Darius II (423-404), puis d’Artaxerxès II Mnémon (404-359), contre Sparte. Puis il se brouilla avec ce dernier lorsqu’il agrandit son royaume sur des terres appartenant aux Phéniciens, alliés des Perses et l’étendit à presque toute l’île. Orontès, Gendre (?) d’Artaxerxès II, qui fut placé à la tête de l’armée et Tiribaze qui commandait une flotte de 300 trirèmes, furent alors chargés de conduire une campagne militaire contre Évagoras I. Il avait recueilli le Général Athénien Conon (444-390) après la bataille d’Aigos Potamos, en 405, ce qui lui valut l’aide d’Athènes.
 
   En 394, il prit part à la bataille Cnide et contribua à la victoire des Athéniens, au cours de laquelle la flotte Spartiate fut défaite. Pour ce service rendu, il vit les Athéniens ériger une statue en son honneur, à côté de celle de Conon, dans le Céramikeion (Quartier des potiers à Athènes). En 390, il s’allia au Pharaon Achôris (393-380) contre les Perses et étendit son pouvoir au-delà de Chypre. Il prit plusieurs villes en Phénicie et en Syrie, et d’autres comme Amathonte (ou Amathus) dans l’île, acquises aux Perses. Il persuada les Ciliciens de se révolter, mais en 387/386, la paix de Sardes (En Lydie, paix dite d’Antalcidas), conclue entre les Grecs et les Perses, à laquelle Évagoras refusa d’adhérer, ruina ses efforts, car si Artaxerxès II acceptait de perdre les cités Ioniennes, il voulait toujours la possession de Chypre. De plus les Athéniens lui retirèrent leur appui, car selon les termes du traité, ils reconnaissaient le contrôle des Perses sur Chypre. Les années suivantes Évagoras I fut donc contraint et forcé de continuer les hostilités en solitaire, à l’exception de l’aide occasionnelle de l’Égypte, mais de faible ampleur, car eux-mêmes étaient menacée par les armées Perses.
 
   En 385, les Généraux Perses, Tiribaze et Orontès, réussirent enfin à envahir Chypre, avec une armée beaucoup plus importante que celle qu’Évagoras I commandait. Celui-ci, contraint désormais de poursuivre seul la lutte et conscient de son infériorité militaire, refusa l’affrontement direct. Il multiplia les escarmouches et s’efforça de couper les communications de l’ennemi afin de gêner son ravitaillement pour affamer leurs troupes dans l’espoir qu’elles se rebellent. Malgré cela la guerre tourna à l’avantage des Perses. Il fut battu sur mer à la bataille de Cition (ou Kition) et il fut contraint de se réfugier à Salamine où il fut assiégé. Évagoras I réussit toutefois à tenir la place et il profita d’une querelle entre les deux Généraux Perses pour, en 376, conclure la paix. Il obtint de rester Roi sur la cité, mais vassal de la Perse, à qui il devait payer un tribut annuel. Il dut également renoncer à ses conquêtes et à son ambition de réaliser l’unité Chypriote.
 
   La chronologie de la dernière partie de son règne est incertaine. Évagoras I fit de Salamine un des principaux centres politiques et culturels du monde Grec. Selon Isocrate (436–338, orateur Athénien), Évagoras I fut "un Roi modèle, qui contribua à l’amélioration de la civilisation Hellénique par la culture et qui avait pour buts de favoriser le bonheur de ses sujets et d’agrandir le pouvoir de son royaume". Il le proposa même comme chef de l’Hellénisme. Évagoras I fut le premier Roi qui fit graver son nom sur ses monnaies en caractères Grecs, à côté du Chypro-syllabique (ou syllabaire Chypriote). En 374, il fut assassiné avec son fils Pnytagoras par Thrasydaios, un eunuque, pour des motifs de vengeance privée. Il fut succédé par son autre fils.


 

Détail en Ivoire d’un trône, trouvé
dans les tombes royales de
Salamine – vers 700.

 
    Nicoclès ([II] ou Nikoklès ou Nikokleos, en Grec : Νικοκλής, 374 à 361 ou 374 à 359/58 ou 374 à 355 ou 374 à 353) arriva sur le trône de Salamine et il continua la politique philhelléniste de son père. Certains auteurs ont supposé qu’il avait participé à la conspiration à laquelle son père fut victime, mais il n’existe pas d’autorité pour cette supposition. Guère de détails sont connus du règne de ce Roi, mais il semble avoir été celui de la paix et de la prospérité. En fait Nicoclès n’est connu que par les deux discours pédagogiques qu’Isocrate (Un des dix orateurs Attiques, 436–338), son maître, lui adressa, et qui traitent, l’un, de la science du gouvernement, l’autre, des devoirs des sujets envers leur Prince.
 
   Le règne de Nicoclès fut relativement bref. Isocrate précise que sous celui-ci les villes furent florissantes et qu’il aurait reconstitué le Trésor, qui avait été épuisé par les guerres de son père, sans opprimer ses sujets par des taxes exorbitantes et qu’il montra le modèle d’un souverain doux et équitable. L’auteur lui vante aussi son attachement à la littérature et la philosophie et lui fait aussi l’éloge de la pureté de ses relations familiales. À l’inverse nous apprenons de Théopompe (Historien Grec, v.378-v.323) et Anaximène de Lampsaque (Historien et maître de rhétorique Grec, 380-320), qu’il était une personne avec des habitudes de luxe et qu’il voulait constamment rivaliser avec le Roi de Sidon, Straton, dans la splendeur et le raffinement de ses fêtes.
 
   Selon les mêmes autorités il périt finalement de mort violente, mais ni la période ni les circonstances de cet événement ne sont enregistrées. On pense qu’il voulait sans doute prétendre à la liberté et qu’il fut assassiné, probablement avec Straton, par des agents des Perses, pour s’être rallié à la révolte des Satrapes de Phénicie contre Artaxerxès II (404-359). Il eut comme successeur son fils (Certains spécialistes comme Achilleus K.Aimilianidēs disent son frère ?).
 
   Évagoras II (ou Euagoras, en Grec : Εαγόρας, 361 à 351) devint Roi de Salamine de Chypre et dut se soumettre au souverain Achéménide, Artaxerxès II (404-359). Il fut également Satrape pour ce dernier de 351 à 349 et enfin dynaste de Sidon de 349 à 346. Comme dit plus haut Évagoras II est généralement considéré comme un fils de Nicoclès, mais certains spécialistes comme Achilleus K.Aimilianidēs disent qu’il fut son jeune son frère ?. En 351, une révolte contre l’autorité d’Artaxerxès III Okhos (358-338), débuta de Sidon. Le Pharaon Nectanébo II envoya 4.000 mercenaires, commandés par Mentor de Rhodes, aider les Sidoniens contre leur suzerain Perse et la révolte s’étendit en gagnant chypre où elle fut dirigée par Pnytagoras le neveu d’Évagoras II.
 
   Ce dernier ami des Perses, fut chassé de Salamine. Il se réfugia en Asie Mineure, puis en Carie, auprès d’Idrieos (ou Idrieus, 351-343), souverain de Carie Halicarnasse où il devint Satrape pour le compte d’Artaxerxès III. La même année, Artaxerxès III ordonna à Idrieos (ou Idrieus) de lever une armée et une flotte pour la reconquête de Chypre. Les Satrapes de Cilicie et de Syrie, Mazæos (ou Mazaeus) et Belesys (ou Belysis), furent eux chargés de contenir la rébellion de Sidon. Toutefois, ils furent repoussés par Mentor et il est possible que la révolte se soit propagée en Judée à Samarie et dans le Sud. Artaxerxès III excédé prit personnellement les choses en main et reprit Sidon à son Roi Tabnit (ou Tennès, 358-346/345), dans laquelle il fit de nombreux prisonniers, dont Mentor. Conscient de la disproportion des forces ce dernier changea de camp.


 

Tétradrachme d’Évagoras II

 
   En 349, Idrieos, avec une armée de 8.000 mercenaires et 40 navires que dirigeait le commandant Athénien Phocion (ou Phokion, 402–318) et Évagoras II débarquèrent à Chypre et mirent le siège devant Salamine. Mais ils échouèrent et Évagoras II dut abandonner définitivement Chypre. Pourtant, battu, Pnytagoras fut étonnamment confirmé dans ses fonctions par Artaxerxès III et Évagoras II pas rétablie. Pour le dédommager, Artaxerxès III lui attribua le gouvernement de Sidon. Toutefois, il est possible qu’Idrieos fut un peu responsable de la défaite et qu’il ne resta pas tout à fait fidèle à Artaxerxès III.
 
   En effet, en 346, l’orateur Athénien Isocrate adressa un discours au Roi de Macédoine, Philippe II (359-336) dans lequel il fit valoir qu’il serait facile de renverser l’Empire Perse, parce que l’Égypte, la Phénicie et Chypre étaient toujours en révolte et qu’Idrieos de Carie, qui est présenté comme le dirigeant le plus riche en Asie Mineure, serait un allié utile. Peut-être Isocrate savait quelque chose que l’histoire moderne n’a pas retenu pour l’instant. En 349, Évagoras II reçut donc du Roi Perse, le gouvernement de la ville de Sidon. Il ne put s’y maintenir que jusqu’en 346 avant d’être chassé pour sa mauvaise administration par la population, qui fit appel à un descendant de l’ancienne lignée royale pour le remplacer. Il revint alors se réfugier à Chypre mais il fut capturé et mis à mort.
 
   Pnytagoras (En Grec : Πνυταγόρας, 351 à 332 ou 351 à 331) monta sur le trône en 350 alors à la tête de l’insurrection Chypriote contre Artaxerxès III Okhos (358-338). En 343, le Roi Perse ordonna à Idrieos de mater la rébellion. Comme dit plus haut, ce dernier et Évagoras II, débarquèrent à Chypre et mirent le siège devant Salamine. Mais ils échouèrent et Évagoras II dut abandonner définitivement Chypre. Pourtant, battu, Pnytagoras fut étonnamment confirmé dans ses fonctions par Artaxerxès III et Évagoras II pas rétablie. En Novembre 333, Alexandre le Grand (336-323) écrasa l’armée de Darius III Codoman (336-330) à Issos en Cilicie. Pnytagoras de Salamine et d’autres Rois de Chypre rencontrèrent à Sidon le Roi Macédonien et décidèrent de combattre à ses côtés pendant le siège de Tyr en Janvier 332, siège qui dura pendant 7 mois. Après la conquête de la ville Alexandre laissa une large autonomie aux royaumes Chypriotes et donna à Pnytagoras la souveraineté sur Tamassos qui était la possession Cition (ou Kition). Il eut deux ou trois fils : Nitaphon et Nicocréon et l’on trouve aussi un certain Nifothona.
 
   Nicocréon (ou Nicocreonte ou Nikokréon, en Grec : Nικoκρέων, 331 à 311 ou 331 à 310) succéda à son père. En 321, lorsque l’Empire d’Alexandre le Grand (336-323) fut partagé, Chypre revint à Ptolémée I (Roi, 305-282) qui régnait sur l’Égypte. Il entretient de bons rapports avec Nicocréon et d’autres Rois Chypriotes. Il eut l’appui de Pasikratis de Sole (ou Soloi), Nikoklis de Paphos et Androclès d’Amathonte (ou Amathus). Lors des guerres des diadoques, le rival de Ptolémée I, le Roi de Macédoine, Antigonos I Monophtalmos (306-301), chercha à récupérer l’île en s’appuyant sur les souverains : Praxippos de Lapithos et Kyrenia (ou Kerynia ou Kerýneia), Poumiaton (ou Pumiathon, 361-312) de Cition (ou Kition) et Stasioikos de Marion. Nicocréon prit donc parti pour Ptolémée I. Chypre devint ainsi un champ de bataille entre Ptolémée I et Antigonos I. En 315, il collabora activement avec les Généraux Lagides, Séleucos et Ménélas (ou Ménélaos) pour écraser les cités Chypriotes qui avaient prit le camp opposée.
 
   Il reçut du Roi Égyptien en échange de sa fidélité les territoires de Cition (ou Kition), Kyrenia (ou Kerynia ou Kerýneia) et Lapithos (ou Lapathos), ainsi que le commandement général de l’île. Toutefois, les relations se dégradent après la paix de 311 et Nicocréon entama des pourparlers diplomatiques avec Antigonos I. Furieux, Ptolémée I lui donna l’ordre de se suicider et Nicocréon se donna la mort en 310. Il fut enterré par les décombres du palais brûlé.
 


 

Vue du sanctuaire

  Sa femme, Axiothée (épouse de Nicoclès), égorgea alors ses deux filles, puis se donna également la mort ainsi que ses beaux-frères et belles-sœurs. Selon Diogène Laërce (Diogenês Laertios ou Diogenes Laertius ou Diogène de Laërte, poète et un biographe, début du IIIe s. ap.J.C. – IX, 59), Nicocréon aurait fait broyer vivant dans un mortier après l’avoir torturé le philosophe Anaxarque d’Abdère (ou Anaxarchos), pour venger une insulte que ce dernier lui avait faite à l’occasion de sa visite à Alexandre. Il semble qu’il fut le dernier Roi.
 
   En 306, le Macédonien Démétrios I Poliorcète (Roi, 294-287) remporta à Salamine une grande victoire navale sur la flotte Égyptienne lors de la troisième bataille de Salamine. Salamine suivit ensuite les destinées de l’île de Chypre. En 294 Ptolémée I reprit Salamine et Chypre resta aux mains de la dynastie Lagide jusqu’à la conquête Romaine deux siècles et demi plus tard. L’île vit disparaître ses Rois, qui furent remplacés par un Gouverneur nommé par le souverains Égyptiens. L’influence Égyptienne s’étendit largement sur l’île où l’on honora désormais les Dieux Osiris et Sérapis et où la ville d’Arsinoé fut construite en mémoire de l’épouse de Ptolémée II Philadelphe (282-246).
 
   L’île connut sous la dynastie Égyptienne une grande prospérité et vit son apogée culturel, avec entre autres les philosophes Eudème de Chypre (ou Eudémos, contemporain d’Aristote, † 354 av.J.C.) et Zénon (335-261, fondateur du stoïcisme) qui était natif de Cition (ou Kition) et l’historien Aristos. En 58, Chypre devint Romaine, unie administrativement à la Cilicie voisine. En 22 av.J.C elle devint province Sénatoriale gouvernée par un Proconsul de rang Prétorien. En 117 ap.J.C, sous l’Empereur Trajan (98-117), l’insurrection Juive conduite par Artémion engendra de nombreux massacres de Grecs et de Romains et Salamine fut détruite par les Juifs rebelles. La ville et l’île profiteront ensuite des bienfaits de la paix qui permettra l’essor économique des cités. Salamine fut détruite encore une fois par des tremblements de terre entre 333 et 342 et reconstruite par l’Empereur Constance II (337-361) sous le nom de Constantia. Elle fut ruinée par les arabes en 647. Les ruines sont visibles à Hagios Sergios (ou Ayios Serghios).

 

L’archéologie

 
   Les fouilles archéologiques sur le site ont commencé à la fin du XIXe siècle, sous les auspices du Fonds d’Exploration de Chypre. Salamine est un site archéologique très riche qui s’étend sur 5 km². De nombreux bâtiments ont été mis au jour, dont une nécropole à mi-chemin entre l’entrée du site et le couvent de Saint-Barnabé. Beaucoup des découvertes sont aujourd’hui au British Museum. Après avoir été arrêtées quelques années, les fouilles reprirent en 1952 et durèrent jusqu’en 1974 dirigées par Vassos Karageorghis. Avant l’invasion Turque il y avait beaucoup d’activité archéologique sur l’île. Une mission Française creusait la proche Enkomi, prouvant que les deux colonies existèrent en parallèle, une autre à Salamine et le Département des antiquités était occupé presque toute l’année avec des réparations et des restaurations de monuments et était engagé également dans les fouilles de Salamine.


 

Autre vue du sanctuaire

 
   Après l’invasion Turque, l’embargo international empêcha la poursuite des fouilles. Le site et les musées sont entretenus par le service des antiquités. Des collections archéologiques importantes sont également conservées dans le monastère Saint-Barnabé. Au District Archaeological Museum on trouve des statues de marbre du gymnase et du théâtre de Salamine, de la poterie Mycénienne et des bijoux d’Enkomi et d’autres objets représentatifs du riche patrimoine archéologique de l’ensemble du district. Les bâtiments publics découverts sur le site de la ville ont été datés de la période postclassique. Le temple de Zeus Salaminios, dont le culte a été établi, selon la tradition, par Teucer lui-même, exista depuis la fondation de la ville.
 
   Des fouilles réalisées sur le secteur de la nécropole ont mis au jour de nombreuses tombes datant des VIIIe et VIIe siècle et contenant des objets précieux. Il fut mis un trône en lapis-lazuli, or et électrum, incrusté de têtes d’animaux. Une des tombes les plus impressionnantes est la tombe T79 datant de 700 av.J.C., sans équivalent à Chypre. On y a mis au jour des objets Syro-palestiniens, témoins de la présence des Phéniciens, des chaudrons en bronze etc…
 
   La mission Française mit au jour une riche tombe du XIe siècle, ainsi qu’un sanctuaire consacré au Dieu de la cité (Zeus Salaminios). Malgré les nombreux pillages, trois importantes sépultures ont été épargnées offrant un mobilier funéraire composé d’un lit d’apparat couvert d’ivoire, des fauteuils et des objets destinés à la vie après la mort. Une grande partie est exposée au Cyprus Museum.
 
   Les fouilles ont mis en évidence que des chevaux furent sacrifiés en l’honneur des morts et des offrandes d’huile d’olive furent faites. Certains chercheurs ont interprété ces faits comme l’influence des épopées Homériques dans l’île. En 2006 fut mis au jour une tombe royale datant de vers 800 av.J.C. Les fouilles confirment que Salamine était bien un des royaumes les plus importants de l’île. Parmi les nombreux bâtiments mis au jour, un théâtre, un gymnase, des thermes, une citerne (Construite dans l’axe de l’amphithéâtre), des remparts, la basilique de la Campanopetra, le temple de Zeus Salaminios, un port et une nécropole. Un temple périptère fut construit au-dessus d’une esplanade de 250 m. avec des éléments architecturaux mélangeant architrave, frises Doriques et chapiteaux de style Corinthien. Des statuettes votives en calcaire et en terre cuite y furent mises au jour.

 

Bibliographie

 
   Pour d’autres détails sur Salamine voir les ouvrages de :
 
Achilleus K.Aimilianidēs :
Histoire de Chypre, Presses universitaires de France, Paris, 1962-1963.
Marie Claire Amouretti et François Ruzé :
Le Monde grec antique, Hachette université, Paris, 1978.
Gilbert Argoud et Sylvie Aguettant :
Anthologie salaminienne, Institut Fernand-Courby, Éditions de Boccard, Paris, 1973.
Walter Burkert :
The orientalizing revolution : Near eastern influence on Greek culture in the early archaic age, Harvard University Press, Cambridge, 1992.
Helga Gesche :
Nikokles von Paphos und Nikokreon von Salamis, pp : 103–125, Chiron 4, 1974.
Vassos Karageorghis :
Excavations in the necropolis of Salamis, 1 à 4, Department of Antiquities, Chypre, 1967-1970-1973-1978.
Salamis in Cyprus, Homeric, Hellenistic and Roman, Thames and Hudson, Londres, 1969.
Salamis : Recent discoveries in Cyprus, W. de Gruyter, Berlin, 1966 – McGraw-Hill, New York, 1969.
Salamis. Die zyprische metropole des altertums, Bergisch Gladbach, G. Lübbe, 1970-1975.
Early Cyprus – Crossroad of the Mediterranean, The Paul Getty Museum, Los Angeles, 2002.
Peter Hogemann :
Évagoras seconde, New Pauly de Brill (DNP), Volume 4, Metzler, Stuttgart, 1998.
Jean Pouilloux et Georges Roux :
Salamine de Chypre (Séries), Maison de l’Orient Méditerranéen ancien, Lyon, 1969 – Institut Fernand-Courby, Mission archéologique Française de Salamine de Chypre, Éditions de Boccard, Paris, 1969 à 2004.
L’hellénisme à Salamine de Chypre, École Française d’Athènes, Athènes, 1989 – Éditions de Boccard, Paris, 1989.
Patrick Schollmeyer :
Das antike Zypern, Philipp von Zabern, Mainz, 2009.
Martha C.Taylor :
Salamis and the Salaminioi : The history of an unofficial Athenian demos, J.C. Gieben, Amsterdam, 1997.

 

 

Salamine – Île de Grèce

   L’île de Salamine (ou Salamís, en Grec : Σαλαμίς ou Η Σαλαμίνα – I Salamína), petite île à environ 2 kilomètres au large du Pirée, le port d’Athènes, se situe le long de la côte Sud-ouest de l’Attique, dans le golfe Saronique, en face d’Éleusis. Elle ferme la baie d’Éleusis, dont elle est la plus grande île. C’est la ville moderne appelée Koulouri. Elle est séparée par d’étroits bras de mer des côtes d’Attique et de Mégaride. Elle comprend une large baie intérieure qui la divise en deux presqu’îles. Sur la côté Est de l’île se trouve le port principal, Paloukia, deuxième en taille en Grèce après celui du Pirée. Le chef-lieu est le port de Salamine, sur la côte Ouest de l’isthme, qui soude les deux moitiés de l’île, mais la Salamine antique était sur la côte Sud, puis elle fut transférée sur la côte Est.
 
   Selon la mythologie, l’île prend son nom de la nymphe Salamis dont le père fut le Dieu fleuve Asopos. Le nom de Salamine est attesté dans l’épopée Homérique, l’Iliade. Selon Strabon (Géographe Grec, v.63 av.J.C-v.23 ap.J.C), Salamine était connue sous les noms de : Skirás (En Grec : Σκιράς) : de Pityousa (En Grec : Πιτυούσα, qui vient de pin), en raison des nombreux pins qui y sont présents et Cychrée (En Grec : Κυχρεύς), qui fut le fils de Poséidon et de Salamis et devint le premier Roi mythique de l’île.
 
   D’autres traditions relient le nom de Salamine dérivé de Baal Salam (ou Ba-al Shalam), le Dieu de la paix des Phéniciens, attestant d’une occupation des lieux par ceux-ci. Ils furent remplacés par des Grecs d’Égine. D’autres encore le relient à un serpent sacré, qui aida la flotte Grecque lors de la bataille de Salamine, provoquant la confusion des navires Perses. L’île est également connue sous le nom de Koulouri, qui est le nom du cap éponyme, dorénavant cap Pounda, sur lequel sont construits l’ancienne ville et le port au IVe siècle av.J.C. Selon Spyrídon Lámpros (ou Spyrídon Lámpros ou Spirídon Lámpros, chercheur, universitaire et Premier ministre Grec, 1851-1919), le nom Salamine n’est pas d’origine Grecque.
 
   Après de longues luttes contre Mégare et Athènes, ou elle fut successivement conquise par ces deux cités, à partir de 598 elle demeura Athénienne. Elle fut immortalisée dans l’histoire par la victoire décisive qu’y déroula le 29 Septembre 480, de la flotte de la coalition Grecque, menée par Eurybiade et Thémistocle, sur la flotte Perse de Xerxès I (486-465). (Voir les Guerres Médiques). En 348, l’île fut conquise par les Macédoniens. En 232, Aratus (v.315-245, poète et astronome Grec) intervint auprès du Roi de Macédoine, Antigonos II Gonatas (277-239) pour qu’il la redonna aux Athéniens, ce qu’il fit. L’île disparut de l’histoire au IIe siècle ap.J.C. Dans l’antiquité elle était réputée pour son miel, ses volailles et son fromage.


 

  Pour plus de détails voir l’article : La bataille de Salamine (ou sur Livius)

 

Pour voir correctement les traductions des noms en Grec ancien,
vous pouvez télécharger et installer la police de caractère jointe.
  Copyright © Antikforever.com