Haut d’une statue de Moutnofret,
provenant de Thèbes Ouest – Musée du Caire
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Son origine
Moutnofret I (ou Moutneferet ou Mutnofret ou Moutnéfert –
Mwt nfrt) est une Reine d’Égypte de la
XVIIIe dynastie. On ignore
exactement ses origines. Il a jadis été prétendu qu’elle fut une fille
d’Amenhotep I (1525/24-1504),
cependant aucun témoignage ne vient confirmer cette proposition. Aujourd’hui beaucoup de
spécialistes se rangent sur la proposition
d’Aidan Marc Dodson et
Dyan Hilton. Les égyptologues, sur la base de ses titres : Fille du Roi
(s3T-nswt),
Sœur du Roi (snt-nswt),
découvert sur une inscription à Karnak, avancent qu’elle est susceptible d’avoir été une fille du Roi
Ahmès I (ou Ahmosis, 1549-1525/24), mais
on ignore le nom de sa mère.
Elle ne porta jamais le titre de
Grande Épouse Royale.
Son histoire et ses représentations
Elle fut la 2e épouse du Roi
Thoutmôsis I (1504-1492),
pour certains le première.
Christian Leblanc
nous précise que ce mariage dut avoir lieu aux environs de l’an 10 du Roi.
D’autres égyptologues pensent qu’elle n’était qu’une concubine; ou une épouse
mineure, dans tous les cas certainement pas d’origine royale et qu’elle prit
principalement de l’importance parce qu’elle donna au Roi quatre fils.
Son existence est connue exclusivement d’après quelques monuments et objets de provenance
des environs de Thèbes. Elle fut représentée, notamment :
– Sur un bas relief en grès dans le temple de
Thoutmôsis III. Il fut mis au
jour durant l’hiver 1961/1962 par Jadwiga Lipinska;
– Dans l’une des chambres Sud de la terrasse supérieure du temple de
Deir el-Bahari,
consacrée à la famille royale, elle apparait aux côtés de deux de ses enfants, mais les noms sont perdus;
– Sur une stèle privée, fragmentaire, retrouvée au Ramesseum, sur laquelle elle
figurait en compagnie de son fils Thoutmôsis II.
Tout deux semble visiblement divinisés;
– Sur un colosse représentant Thoutmôsis II;
– Dans la chapelle funéraire de son époux, à Thèbes,
une chambre latérale fut réservée au culte de divers membres de la
famille, y compris pour Moutnofret I. Elle y apparait avec une couronne de
vautour surmontée d’un uræus et son nom est inscrit dans un
cartouche;
– Une statue d’elle, la représentant assise les deux mains posées à plat sur les cuisses, porte une dédicace de la part de son fils
Thoutmôsis II,
ce qui tendrait à confirmer qu’elle était toujours en vie sous son règne.
Cette statue fut découverte en 1887 lors des fouilles menées dans la chapelle du Prince
Ouadjmès;
– Dans la tombe (TT8)
de Kha et Mérit, son épouse, "Chef d’équipe de la Place de Vérité, Responsable
des travaux de la nécropole et architecte du Roi" à
Deir el-Médineh,
Ernesto Schiaparelli mit
au jour une situle (Récipient généralement muni d’une anse, souvent en bronze), aujourd’hui au
musée de Turin.
Un texte sur celle-ci mentionne la Reine et nous dit qu’elle bénéficia d’un culte populaire et que le fils
du Scribe Saou, un certain, Ouserhat, exerçait les fonctions de “Prêtre purificateur de la Mère du Roi, Moutnofret” et de
“Prêtre funéraire de la statue de la Princesse Satamon"
– Des objets mis au jour à Karnak la décrivent aussi clairement comme la mère de
Thoutmôsis II.
Christian Leblanc avance que le cintre d’une stèle, aujourd’hui au
musée de
Berlin, représente Rê-Horakhty faisant face à
Thoutmôsis II qui est suivit par la Reine
Ahmès et son
épouse Hatchepsout
ce qui signifie peut-être que Moutnofret I mourut avant la
Grande Épouse Royale
Ahmès.
Si l’on souscrit à l’opinion qu’Ahmès
disparut autour de l’an 5 de
Thoutmôsis III (1479-1425), Moutnofret I serait donc décédée avant cette date ?.
Toujours Leblanc
prétend que deux des fils de Moutnofret I,
Amenmès (ou Amenmosé)
et
Ouadjmès (ou Ouadjmosé ou Wadjmès) furent élevés par les membres d’une famille de
Hierakonpolis, dont la loyauté envers la Cour remontait à l’époque des
Hyksôs. Leurs principaux tuteurs furent Iterouri
et Pahéri (ou Pahery), descendant d’
Ahmès fils d’Abana. Pahéri possède une magnifiques tombe à El Kab
(EK3).
Ouadjmès assis sur les genoux de
Pahéri – Tombe (EK3) d’El Kab
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Sa famille
Moutnofret I donne quatre ou cinq enfants à
Thoutmôsis I,
mais qui ne sont cependant pas attestés avec certitude puisque que quelques
égyptologues les donnent comme enfants de la Reine Ahmès.
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Amenmès (ou Amenmosé ou Imenmès
– Jmn ms – “Né d’Amon“) qui est l’ainé. La
Grande Épouse Royale
Ahmès est aussi
donnée comme une mère probable. Selon beaucoup d’égyptologues, dont
Christian Leblanc,
Aidan Marc Dodson,
Hilton Dyan et Claire Lalouette,
il ne parvint pas au pouvoir car il décéda avant son père Thoutmôsis I.
Un fragment de naos provenant de Guizèh et
aujourd’hui au musée du Louvre,
nous en garde un souvenir. Il est apparemment né bien avant le couronnement de celui-ci. Il peut être vu sur une stèle du Roi datant de l’an 4 du règne, trouvée
près de Memphis. Il devient Général des armées de
Thoutmôsis I quelques temps avant sa mort, qui selon
Alan Henderson Gardiner,
eut lieu plus tard au cour de l’an 12 du règne de son père.
▪
Ouadjmès (ou Ouadjmosé ou Wadjmose ou Wadjmès ou Wadj-Messu –
WAD ms), qui est probablement né quelques années avant
l’accession au trône de son père. Il faut signaler que selon les égyptologues
Aidan Marc Dodson et Dyan Hilton,
il serait le fils de la Reine Ahmès. À l’inverse beaucoup d’autres spécialistes, dont
Michael Höveler-Müller,
voit en Ouadjmès un fils de Moutnofret I. Selon
Christian Leblanc,
Aidan Marc Dodson,
Hilton Dyan et Claire Lalouette,
entre autres, il ne parvint pas au pouvoir car il décéda aussi avant son père. Il est représenté dans la tombe
(EK3) de son tuteur, Pahéri à
El-Kab, où on le voit assis sur les genoux de ce dernier.
▪ Ramosé (Ra ms),
qui fut à l’époque Ramesside associé au culte
d’Ouadjmès.
C’est du moins ce que l’on pense d’une stèle fragmentaire, contemporaine du règne de
Ramsès II (1279-1213),
retrouvée dans sa chapelle et faisant état du nom et de la stature de ce
personnage. Christian Leblanc nous dit qu’il est attesté dans
la tombe (TT2) à Deir el-Médineh, de Khâbekhnet,
“Serviteur dans la place de vérité” lors du règne du Pharaon
Ramsès II, parmi les membres de la famille
royale de la XVIIIe dynastie. Il est également connu
d’une statue inventoriée dans la collection de l’Université de Liverpool, qui lui fut dédiée par un Prêtre
funéraire au nom de Kaheri. L’opinion de divers spécialistes, dont
George Daressy,
qu’il fut un frère d’Ouadjmès et
d’Amenmès ne
peut définitivement être écartée car celle avancée par
Aidan Marc Dodson et
Hilton Dyan selon laquelle il serait un fils d’Ahmès I ou
d’Amenhotep I ne repose sur rien.
Claire Lalouette,
nous dit qu’il mourut avant son père.
▪
Thoutmôsis II qui fut Roi (1491-1479),
et qui épousa sa demi-sœur Hatchepsout. Selon une
étude récente de l’ADN de Thoutmôsis II, celui-ci
ne serait peut-être pas lié paternellement à la lignée principale de
la XVIIIe dynastie au pouvoir depuis 1549 ?, idée qui est loin de faire l’unanimité.
▪ Selon certains spécialistes, dont
Christian Leblanc,
Aidan Marc Dodson
et Dyan Hilton etc.., Moutnofret I aurait aussi donné au Roi une fille au nom
également de Moutnofret (ou Moutnéfert) ?.
Leblanc précise que si l’existence de cette Moutnofret (II) est incontestable, en revanche son
ascendance aussi bien paternelle que maternelle reste controversée. Elle nous est connue par une statue colossale de
Thoutmôsis II,
restaurée par Thoutmôsis III (1479-1425),
et découverte par Auguste
Edouard Mariette devant le 8e pylône de Karnak. Sur celle-ci une inscription de cette Princesse fut remaniée. En se fondant sur de récentes recherches
faites à son sujet beaucoup de spécialistes y on vu une fille de Thoutmôsis I
et Moutnofret. Cependant d’autres préfèrent admettre que c’est sa mère qui fut représentée avant d’y substituer plus tard l’image d’une Princesse homonyme,
issue de Thoutmôsis II et d’une concubine. Enfin d’autres encore y voient là
une des épouses (ou peut-être qu’une concubine) de Thoutmôsis II ?. Le débat reste
ouvert.
Bibliographie
Pour d’autres détails sur la Reine voir les ouvrages de :
Olga Bialostoka :
– Was Mutnofret depicted in Dscheser-dscheseru ?, pp : 7-10,
GM 203, Göttingen, 2004.
Janet R.Buttles :
– The queens of Egypt, A. Constable, London, 1908.
Aidan Marc Dodson et Dyan Hilton :
– The complete royal families of ancient Egypt, Thames and Hudson, London, Septembre 2004 et Février 2010.
Wolfram Grajetzki :
– Ancient Egyptian Queens : A hieroglyphic dictionary, Golden House Publications, London, 2005.
Christian Leblanc :
– Reines du Nil au Nouvel Empire, Bibliothèque des introuvables, Juillet 2010.
Gay Robins :
– Women in ancient Egypt, Harvard University Press, Cambridge, Mass., 1993.
Kurt Heinrich Sethe :
– Urkunden des ägyptischen Altertums, vol. IV : Urkunden der 18. Dynastie,
Hindrich’sche Buchhandlung, Leipzig, 1932 (posthume) 1961.
Joyce Anne Tyldesley,
Aude Gros de Beler et Pierre Girard :
– Chronicle of the Queens of Egypt : From early dynastic times to the death of Cleopatra, Thames & Hudson Ltd,
Octobre 2006 et Janvier 2007 – En Français, Chronique des Reines d’Egypte : Des origines à la mort de Cléopâtre,
Éditions : Actes Sud, Collection : Essais Sciences, Juillet 2008.
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