Le village
Vue du temple d’Het-Her de Deir el-Médineh
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Deir el-Médineh (ou Der el-Médinet ou Deir el-Medina
ou Deir el-Medinah, en arabe :دير المدينة) fut
un village où résidait la confrérie des maîtres artisans ainsi que leur
famille, qui étaient chargés de creuser et décorer les tombeaux et les temples funéraires
des souverains, de leur famille et de certains nobles, durant le
Nouvel Empire,
de la XVIIIe dynastie à la
XXe dynastie. Il est situé sur la rive Ouest du Nil,
près de la moderne Louxor.
Le nom arabe de Deir el-Médineh (avec
des variantes de transcription) signifie "le couvent de la ville", c’est
parce qu’à l’époque de la conquête musulmane de l’Égypte, le temple
Ptolémaïque du
village fut transformé en église Chrétienne. Les fouilles du village nous ont
livré une importante documentation sur les comptes de la vie de la communauté qui s’étend sur près de quatre cents ans.
Il fut créé sous le règne du Roi
Amenhotep I (1525/24-1504,
XVIIIe dynastie). Son nom antique, "Set Maât her imenty
Ouaset" signifie "La place de Maât (ou Place de Vérité) à l’occident de Thèbes". On trouvait là
rassemblés, les meilleurs carriers, plâtriers, dessinateurs, peintres et sculpteurs de toute l’Égypte. Ces
artisans avait le titre de Serviteurs dans la Place de Vérité.
Grâce à sa localisation, le village devait fournir
un environnement agréable. Son enceinte prend la forme de la vallée verdoyante étroite dans laquelle elle se trouve,
masquée par la colline de Gournet Murrai
(ou Gournet Mar’eï), sur le chemin qui mène du Ramesseum à la
vallée des Reines, à l’Ouest de Thèbes,
sur la rive opposée du Nil. Ses dimensions étaient de 130 m x 50 m. À son
apogée, sous de
Ramsès IV (1153-1147), le village couvrait une superficie de 5.600 m².
Chapelle – Deir el-Médineh |
Le village était ceint par un
mur de près de 5 m de hauteur, percé d’une porte et gardé nuit et jour (Souvent par des Libyens au service de l’Égypte).
Il logea jusqu’à presque 70 familles résidantes à l’intérieur de ses murs et environ 40 en dehors du mur d’enceinte,
dont les membres apparaissent comme un personnel très qualifié, bien logés, bien nourris, bénéficiant d’un service de
santé et d’un statut social enviable, car ils dépendaient directement du Vizir.
Le village lui-même fut construit autour d’une allée centrale, avec quelques petites ruelles.
Il était constitué de petites maisons mitoyennes, de brique crue, bien que la pierre fut utilisée vers la fin de son
existence, intérieurement blanchies à la chaux et décorées. Leur entrée était parfois ornée d’un petit pylône qui
s’ouvrait sur une cour dans laquelle était bâtie une chapelle surmontée d’une petite
pyramide. La plupart des maisons étaient
avec un étage. Les maisons comprenaient plusieurs pièces en enfilades, certaines surement jusqu’à 5 : La pièce de réception,
la salle de séjour, la chambre à coucher, sous laquelle se trouvait un cellier. Une ou deux pièces qui s’ouvraient sur une
cour intérieure équipée d’un four et servant de cuisine.
Tombe de Pachedou – TT3
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La cour était protégée du soleil par des canisses de roseau. Les maisons étaient
équipées d’une cave taillée dans la roche qui abritait les réserves alimentaires et les jarres. Le village fut abandonné au
cours de la période d’instabilité qui suivit la mort de
Ramsès XI (1099-1069) à la fin de la
XXe dynastie. Puis il fut pillé, durant la
Troisième Période Intermédiaire, mais il fut
presque totalement reconstruit sous le règne de
Ptolémée IV Philopator (222-204).
La vie des Artisans
Les habitants de Deir el-Médineh furent à l’origine
de la construction d’une grande partie des tombeaux de la
vallée des Rois et des temples funéraires qui longent la rive Ouest du Nil. On leur doit également le
temple monumental d’Hatchepsout
(1479-1457). Les artisans étaient payés en nature, en viande, poissons, blé, légumes, bière etc… Comme salariés employés
de l’État, ils étaient payés, dans ces rations, plus de trois fois le taux d’un ouvrier normal.
Ce qui ne les empêchait pas d’avoir presque tous une deuxième activité, à leur compte, qu’ils pratiquaient leur jour de repos.
Le tout était consigné par des scribes du village chargés de l’intendance. Sur la base de l’analyse des revenus et des prix,
on peu estimer que les ouvriers, en termes modernes, pouvaient être considérés comme faisant parti de la classe moyenne.
Autre vue du site |
Les ouvriers étaient séparés en deux équipes : l’équipe de droite et
l’équipe de gauche, qui se relayaient tous les dix jours. Huit jours de travail et deux jours de repos. L’administration
royale leur fournissait tout ce qu’ils avaient besoins, aussi bien pour leur travail : Les différents outils, ciseaux, haches
de silex, lampes à huiles, pigments et liants pour les peintures, or et argent pour l’ornement, que pour leur nourriture et
habillement. Sur leur lieu de travail ils vivaient dans de petites cabanes de pierre. Quand ils manquaient leur travail, ils
devaient enregistrer leurs excuses sur des Ostraca.
La grande majorité des femmes avaient un statut religieux et pouvaient détenir des titres ou des positions
officielles dans les temples ou les sanctuaires locaux, peut-être même dans les grands temples de
Thèbes. Des femmes pouvaient être fournies par le gouvernement
pour aider à la mouture du grain, à la cuisson du pain qui était d’une importance primordiale dans ce type de sociétés et aux
tâches de blanchisserie. Le brassage de la bière était aussi généralement supervisé par la maîtresse de maison. Des
exemples de chansons d’amour récupérées montrent les relations entre les ouvriers célibataires et ces femmes. Une grande partie
de la communauté, y compris les femmes savaient lire et écrire.
La communauté avait entre seize et dix-huit chapelles. Les plus grandes furent dédiées à
Hathor,
Ptah et
Ramsès II. La Déesse
Mereretséger (ou Mertseger ou Meretseger ou Mertseger ou Mert-Seger “La cime“) fut la
protectrice du village. Elle résidait au sommet d’une
pyramide naturelle formée par un pic, haut de 450 m, de la montagne
Thébaine. Les ouvriers semblent avoir honoré
Ptah-Reshep et les scribes,
Thot-Seshat comme patron des divinités.
Lorsque qu’Amenhotep I mourut, son culte funéraire devint
le principal du village. Il était adoré en tant "qu’Amenhotep de la ville". Quand sa mère, la Reine
Ahmès-Néfertari I
décéda, elle fut aussi déifiée et devint "Maîtresse du ciel" et
"Femme de l’Ouest". Chaque année, les villageois célébraient la fête
d’Amenhotep I.
Temple d’Hathor – Deir el-Médineh
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Les travailleurs et leurs familles n’étaient pas
des esclaves, comme cela à longtemps été dit, mais des citoyens libres avec des possibilités de recours au système de
justice. Lors de l’an 24 du règne de
Ramsès
III (1184-1153) les ouvriers étaient si exaspérés par les retards dans les livraisons de nourriture, qu’ils jetèrent
leurs outils et quittèrent leur poste, ce qui constitua la première grève dans l’histoire. Ils écrivirent une lettre au
Vizir pour se plaindre du manque de rations de blé. Le chef de village tenta de les raisonner, mais ils refusèrent de retourner
au travail jusqu’à ce que leurs doléances furent adressées au Pharaon.
Dix-huit jours s’écoulèrent et ils n’avaient toujours pas reçu leurs rations. Ils furent contraints d’acheter
leur propre blé mais finirent par obtenir satisfaction et ils retournèrent au travail. Il y a eu plusieurs grèves qui suivirent
cet épisode. Après le règne de Ramsès IV (1153-1147)
les conditions de vie dans le village devinrent de plus en plus instables. Par moments, il n’y avait pas de travail, de peur de
l’ennemi. Les livraisons de grains étaient devenues moins fiables, ce qui provoqua de nouvelles grèves. Des bandes de voleurs
commencèrent à piller les tombeaux et certains fonctionnaires, au fait de ces pratiques, acceptèrent des pots de vin en échange de
leur silence.
Les excavations
Autre vue du site |
Une importante découverte de papyri, qui sont pour beaucoup des lettres
personnelles, a été faite dans les années 1840 dans les environs du village et de nombreux objets furent également mis au jour
au cours du XIXe siècle. Le site archéologique fut sérieusement fouillé par
Ernesto Schiaparelli, de 1905 à 1909,
qui découvrit de grandes quantités d’ostraca (Débris de matériaux sur lesquels on a écrit ou dessiné). Puis, entre 1917 et 1947,
par une équipe Française dirigée par
Bernard Bruyère, qui fouilla l’ensemble du site, y compris le village, ses hauteurs et entre 1922-1951 un cimetière.
Malheureusement, par manque de contrôle, il est estimé que près de la moitié des papyri récupérée fut
retirée sans la connaissance ou l’autorisation de l’équipe de direction. Les lettres nous révélèrent beaucoup sur les relations
sociales et la vie des villageois. Son économie est documentée par des enregistrements de transactions de vente qui fournissent
des informations sur les prix et les échanges. De nombreux exemples des plus célèbres œuvres de la littérature Égyptienne
ancienne ont également été trouvés. Dans cette grande quantité de document on trouve en fait de tout : Des copies de
transactions, des affaires judiciaires, des livres de comptes, des essais d’écriture d’écoliers etc…
Un livre des rêves fut trouvé dans la bibliothèque du vieux Scribe Kenhirkhopeshef. Ce livre fut utilisé pour
interpréter les différents types de rêves. Ces interprétations manquaient de précision et des rêves ont souvent des significations
différentes. Dans de nombreux cas, l’interprétation est le contraire de ce que le rêve décrit par exemple, un rêve heureux va
souvent manifester la tristesse, si un homme se voit mort, cela signifie une longue vie devant lui etc….
Le site comprend également :
Partie de fresque de la tombe de Senedjem – TT1
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▪ Entre seize et dix-huit chapelles, dont une dans une grotte dédiée à
Ptah.
▪ Un temple édifié par
Ptolémée IV Philopator (222-204) et dédié
à Hathor,
Amon-Rê,
Osiris et
Maât.
Ce petit temple 9 m x 22 m comporte un mammisi (Petite chapelle construite près d’un temple majeur qui servait aux représentations
des mystères de la naissance divine) et trois sanctuaires juxtaposés précédés d’un vestibule soutenu par deux colonnes à chapiteau
hathorique. On trouve dans un des sanctuaires une très rare représentation de la pesée du cœur devant
Osiris.
▪ Un temple où l’on vénérait plusieurs Déesses et Dieux :
Maât, Mereretséger (ou Mertseger ou Meretseger ou Mertseger ou Mert-Seger),
Thot, le patron des scribes et des dessinateurs et
Khnoum, le patron des potiers et des sculpteurs.
▪ Le site est aussi parsemé de fondations de temples plus anciens, notamment le
petit temple d’Amenhotep I et la chapelle
d’Hathor construite par
Séthi I.
▪ Enfin la nécropole des artisans creusée dans la falaise qui borde le village, dont
les tombes furent construites et décorées par les ouvriers eux-mêmes.
Les
tombes les plus connues sont :
▪ La tombe (TT1) qui
est la sépulture de Senedjem et de sa famille. Senedjem fut "Serviteur dans la Place de Vérité" sous
Séthi I (1294-1279) et
Ramsès II (1279-1213).
Le tombeau fut trouvé par des archéologues Italiens en 1886. Il contenait plus de 20 sépultures, la plupart
d’entre elles appartenant certainement à des membres de la famille de Senedjem. Beaucoup d’objets furent excavés
de sa tombe : Oushebtis, coffre à
vases canopes, mobilier funéraire, meubles etc … Ils furent vendus à plusieurs
musée à travers le monde, les objets les plus
importants se trouvent aujourd’hui aux musées du
Caire, de New York et de Berlin.
Décoration d’une des faces de la porte de la tombe
de Senedjem – TT1 |
Presque toutes les décorations à l’intérieur du tombeau, furent peintes sur
un fond ocre jaune. Elle sont parfaitement intactes et sont sûrement certaines des plus belles au sein de la nécropole. La tombe
est très simple, avec un escalier étroit qui mène dans une petite pièce suivie par la chambre funéraire. Celle-ci est
rectangulaire et orientée vers l’Ouest avec un plafond voûté. Le tombeau avait initialement une ouverture avec une porte en bois.
Après la porte, une embrasure forme un couloir d’entrée de 1 m de long et 1,50 m de hauteur, à plafond plat et
dont le sol s’incline en pente douce vers l’intérieur du caveau.
Dans la première petite pièce, on trouve une scène représentant
Senedjem et son épouse, Lynéferti, jouant au jeu du Senet. De l’autre côté de la porte on voit Senedjem et sa famille adorant
Osiris, ainsi que dans le registre supérieur
Maât et dans le registre inférieur
Ptah-Sokar,
Osiris et
Isis.
Le style des décorations du tombeau est typique de la
période Ramesside, spontané et frais, avec des détails vifs.
Il représente les thèmes funéraires traditionnels.
Décoration de l’autre face de la porte
de la tombe de Senedjem – TT1 |
Dans la chambre funéraire, sur le mur avant gauche nous trouvons d’abord
une scène représentant la momie du défunt dans son sarcophage, couchée sur un lit funèbre et protégée à gauche par
Isis et à droite par
Nephtys. Dans le registre inférieur se trouve une
scène du fils du défunt, lui apportant des offrandes et se purifiant tandis que d’autres parents sont assis à
proximité. Dans la scène suivante du même mur, le défunt est représenté avec sa femme et tient un sceptre Sekhem, un
symbole de puissance. Plus loin nous rencontrons une scène de Senedjem et son épouse adorant les Dieux sous la forme d’une
double représentation d’Anubis.
Sur le mur du fond, nous trouvons des scènes de l’entrée du défunt dans l’au-delà, accompagnées de texte du
Livre des Morts. Dans la scène suivante, on voit
Osiris, en tenue de cérémonie. L’image juste après, montre Senedjem adorer cette représentation
d’Osiris. Enfin, sur ce mur, nous trouvons
Anubis sous une forme humaine, mais avec une tête
de chacal, introduisant Senedjem dans l’au-delà. Au sommet du mur se trouve une scène de babouins adorant
Rê. Sur le mur avant droit il y a une scène du défunt
et sa femme face au garde des portes du royaume d’Osiris.
Le plafond est également décorée avec du texte, avec trois bandes qui le traversent, le divisant en deux groupes de quatre carrés.
Dans le premier carré on voit des scènes de la personne décédée et le culte de divinités différentes,
comme Thot,
Rê-Horakhty
et Atoum.
Dans la zone suivante se trouve une scène représentant Senedjem et Lynéferti, recevant des offrandes de nourriture et de
boisson, de la part de la Déesse du sycomore. Il s’agit d’une représentation de la Déesse
Nout dans son rôle de protecteur des morts.
Ces scènes sont suivis par d’autres représentant le couple adorant 4 esprits.
Décoration de la tombe de Pachedou – TT3 |
▪ La tombe (TT3) de Pachedou
(ou Pashedu ou Pashed) et de sa famille. Il fut "Serviteur dans la Place de Vérité". On sait peu de chose à
propos de cet individu. il fut un fils de Menna et Huy. Son père apparemment travailla pour le
temple d’Amon sur la rive Est et nous pensons que
Pachedou fut probablement le premier membre de sa famille à travailler avec la communauté de Deir el-Médineh.
Sa femme se nommait Nedjémet-Behdet. Pachedou est également propriétaire de la tombe TT326. Le tombeau
lui-même date probablement des premières années du règne de
Ramsès II (1279-1213). De sorte que le défunt a dû commencer à travailler sous celui de
Séthi I (1294-1279). La tombe fut apparemment
violée pendant l’antiquité. Elle fut redécouverte en 1834 par les soldats Égyptiens qui étaient probablement en chasse au
trésor. Un voyageur Écossais et artiste du nom de Robert Hays se trouvait à Louxor à ce moment et ayant entendu
parler de la découverte, il fit des dessins de l’intérieur de la tombe.
Autre vue des décorations de la tombe de Pachedou
|
Il s’agit d’une sépulture très simple avec une antichambre et un petit
couloir menant à une chambre funéraire. Seul le couloir et la chambre funéraire sont ornés. Le couloir a une grande peinture sur
les deux parois du Dieu
Anubis sous la forme d’un
chacal assis sur un piédestal. Ces deux images sont le reflet miroir l’une de l’autre. En entrant dans la chambre funéraire,
juste au-dessus de la porte, sur le mur avant gauche, se trouve une petite image de la Déesse
Nout dans un arbre. Elle émerge du tronc et verse
une libation sur Pachedou à genoux, dont les mains sont posées de sorte de recueillir l’eau.
En trois registres, le reste de la paroi inférieure est une scène représentant la famille du défunt en adoration.
Dans l’arc au dessus de la porte, nous trouvons Pachedou adorant le Dieu
Sokar-Osiris sous la forme d’un faucon ailé sur un
bateau. Au-dessus du Dieu on voit un œil Ouadjet. Plus loin, sur le long mur à gauche, nous rencontrons d’abord une scène
montrant Pachedou et sa femme, les mains levées en l’honneur
d’Horus. À leurs pieds, il y a un de leurs fils et petite fille,
la représentation est accompagnée de passages du
Livre des Morts.
Autre vue des décorations de la tombe de
Pachedou – TT3 |
Plus bas, le mur possède une image fragmentaire
d’Horus en faucon, également entourée par le texte du
Livre des
Morts. Dans la partie inférieure de la paroi arrière de la chambre funéraire nous trouvons une scène représentant
Osiris en tenue de cérémonie. Une divinité soulève
un brasier ardent devant lui. Derrière lui se trouvent les montagnes de l’Ouest. Sur la partie la plus à gauche se trouve un
autre faucon (Peut-être Horus?). On y voit Pachedou à genoux dans l’adoration. La première scène, à l’arrière de la paroi de
droite, que nous trouvons représente Pachedou et sa femme sur un bateau.
L’enfant avec eux est peut-être une de leurs filles. On nous dit qu’ils font leur chemin vers l’Ouest du
pays des morts. Devant eux, sur le bateau, se trouve une table d’offrandes. Ensuite, il y a une plus grande scène montrant
le défunt et une jeune fille adorant les Dieux
Rê-Horakhty,
Atoum et
Ptah, qui sont assis. La scène finale sur le mur de
droite montre le défunt adorant
Ptah-Sokar-Osiris, tandis que sur le mur à côté
de la porte d’entrée, nous trouvons sans doute la scène la plus connue dans ce tombeau : Pachedou près d’un ruisseau à l’ombre
d’un palmier. Le chapitre 12 du
Livre des Morts décrit comment l’eau va éteindre les feux du mal et ainsi de préserver le défunt.
Statuette de Khâ – TT8 |
▪ La tombe (TT7)
de Ramosé, "Scribe dans la Place de Vérité" sous le règne de
Ramsès II (1279-1213).
Ramosé a également créé un total de trois tombes pour lui-même dans la
nécropole, les autres étant TT212 et TT250. Ses parents se nommaient Amenemheb Kakaï
et son épouse Moutemouia.
▪ La tombe (TT8) de Khâ et de Mérit, son épouse. Il fut "Chef d’équipe
de la Place de Vérité, Responsable des travaux de la nécropole et architecte du Roi" sous les règnes
d’Amenhotep II (1428/27-1401),
Thoutmôsis IV (1401/00-1390) et
Amenhotep III (1390-1353/52).
La plupart des objets de sa tombe sont exposés au musée
égyptologique de Turin. Le tombeau fut découverte par
Arthur Edward Pearse Brome Weigall et
Ernesto Schiaparelli en 1906 au nom
de la Mission Archéologique Italienne. Ses découvreurs ont utilisé 250 travailleurs afin de creuser à la recherche de
la tombe pendant plusieurs semaines.
La
pyramide-chapelle de Khâ et de sa femme Mérit était déjà bien connue depuis de
nombreuses années, en effet, des scènes avaient déjà été copié par plusieurs égyptologues, y compris Sir
John Gardner Wilkinson
et Karl Richard Lepsius au XIXe siècle.
Le pyramidion de la chapelle avait déjà été enlevé par un visiteur et se trouve maintenant au
musée du Louvre. Par conséquent, la surprise fut grande
pour
Schiaparelli de trouver la sépulture de Khâ et de Mérit isolée dans les falaises qui entourent le village et non pas à
proximité immédiate de la chapelle, comme cela est traditionnellement le cas pour les autres sépultures de
la noblesse Égyptienne.
Les objets trouvés dans la tombe montrent que Khâ et Mérit étaient très riche. L’inhumation de Khâ avait été
soigneusement planifiée. Leurs cercueils avaient été enterrés emboîtés dans deux autres cercueils. La momie de Khâ était d’une
réalisation soignée avec plusieurs articles de bijouterie insérés dans les enveloppes. Sa radiographie montre qu’elle était ornée
d’un collier en or et de lourdes boucles d’oreilles. C’est l’un des premiers exemples trouvé d’hommes portant des boucles
d’oreilles. Les deux cercueils anthropoïdes de Khâ sont d’excellents exemples des techniques artistiques sous le règne
d’Amenhotep III. Mérit fut enterré dans un cercueil externe
unique et un masque de carton. Sa momie fut ornée avec des bijoux funéraires.
▪ La tombe (TT211) de Paneb. Il fut "Artisan du village d’ouvriers, contremaître
du côté droit". Son nom fit la chronique judiciaire lors de la
XIXe dynastie (1295-1186). Pendant le règne de Ramsès II
(1279-1213), une série de vols qualifiés furent réalisés à Deir el-Médineh et dans la
Vallée des Rois. Paneb en fut semble t-il un des protagonistes.
Il fut accusé d’avoir volé des statues du temple du Roi Séthi I,
avec l’intention d’en décorer son propre tombeau. Il aurait ensuite assassiné son chef d’équipe dans l’espoir de prendre sa place.
Arrêté puis envoyé en jugement devant le Vizir Amenmosé, Il réussit néanmoins, par l’exercice d’on ne sait quelle
influence, à obtenir son acquittement.
▪ La tombe (TT290) d’Irinoufer (ou Irounéfer). Il fut "Serviteur
de la Place de Vérité sur l’Occident". Nous savons que ses parents étaient Siouazyt, un Prêtre et Taousert, sa mère,
et qu’il était marié à une femme nommée Mehytkhati, qui fut sûrement aussi enterrée dans son tombeau. Il vécut probablement
au cours de la XIXe dynastie (1295-1186), mais nous ne savons pas
sous quel Roi le situer. Sa tombe fut découverte par l’archéologue Français,
Bernard Bruyère en 1922.
Décoration dans la tombe TT290
d’Irinoufer |
Sa tombe fut dépouillée de presque
tout dans l’Antiquité. Les seuls restes de l’équipement funéraire qui y furent découverts
furent quelques fragments de stèle et des fragments d’un cercueil en bois. Aujourd’hui, le complexe
funéraire d’Irinoufer se compose d’une surface offrant une chapelle faite de briques et une chambre
souterraine creusée dans la roche. La chapelle en surface possédait un toit en berceau, et dispose
d’une profonde niche stèle au centre de la face du long mur de l’entrée. Les
chambres souterraines sont atteintes par le biais d’un talus rocheux à la
vertical de quelques mètres de profondeur.
Le tombeau est situé dans une cour, qui est partagée avec une tombe proche (TT291), en
face de la chapelle. Au bas de cet axe quatre marches conduisent à une petite
chambre creusée dans la roche. Cette chambre donne également suite à un autre
tombeau que celui de Irinoufer, menant vers la gauche. À droite, elle conduit à
une assez grande chambre de forme irrégulière. Ceci amène le long d’un escalier
de petite taille creusé dans la roche. Cet élément communique enfin avec la
chambre funéraire d’Irinoufer.
Décor de la tombe de Nebenmaât -TT250
|
Il s’agit d’une tombe bien fini, qui est entièrement décorée. La chambre
funéraire a un plan rectangulaire. La tombe était bordée de briques qui furent ensuite recouvertes de plâtre pour faire une
surface bien plane pour les thèmes de la décoration. Le plâtre dans la chambre fut recouvert d’une peinture jaune d’or,
typique de la XIXe dynastie
dans les tombes privées de ce domaine.
Ensuite, presque tout l’espace disponible fut décorée avec des peintures représentant la volonté divine et
des figures humaines et animales. En divisant ces scènes en colonnes verticales, nous trouvons dans les textes funéraires des
glyphes noirs. Contrairement à d’autres tombes privées, il n’y a pas toutes les représentations de la vie quotidienne normale.
Au lieu de cela, nous trouvons de très strictes décorations funéraires aux sujets symboliques.
▪ La tombe (TT359) d’Inherkhâou (ou Inherkau) qui
avait le titre de "Contremaître du Seigneur des Deux Terres de la Place de Vérité". Il vécut et travailla
pendant la période du règne de Ramsès III
(1184-1153) et Ramsès IV (1153-1147).
Il avait une position importante dans la vie et donc son tombeau possède des décorations très riches et raffinées.
Elles représentent le sommet du savoir faire artistique au cours de la
XXe dynastie. C’est la seule tombe dans cette nécropole que nous connaissons
datant de période. Il ya des décorations dans une chambre haute et la chambre funéraire, toutes peintes sur un fond jaune.
Dans la chambre haute on trouve des scènes du
Livre des Portes, des textes du
Livre des Morts et une image d’Inherkhâou et sa
femme face au Roi et à la Reine. Dans cette dernière scène, le couple offre l’encens aux Rois. Sur le plafond se trouve des
motifs composés de rosaces et de spirales entrelacées avec les noms d’Inherkhâou et de son épouse, Ouâbet. Les plus belles
scènes sont celles trouvées dans la chambre funéraire. Dix-sept scènes sur trois registres à gauche et quatorze scènes en
trois registres à droite. Les scènes sur la gauche pour la plupart présentent l’au-delà, tandis que celles sur la
droite représentent des créatures mythologiques.
Texte de la chanson du harpiste,
décor de la tombe d’Inherkhâou – TT359 Photo avant retouche :
Projet Rosette |
En entrant dans la chambre funéraire, nous voyons une scène, sur la façade
gauche, de membres de la famille qui offrent des libations à la personne décédée. La première scène sur le mur de gauche représente
le Dieu Thot et l’introduction du défunt en présence de
Osiris. Ensuite, nous trouvons une scène caractéristique
d’Inherkhâou vêtu de peau de léopard, comme un Prêtre. Sa tête est rasée. Puis il y a une représentation des âmes de Pê et de
Nekhen rendant hommage aux défunts. La scène suivante est une peinture d’un magnifique harpiste jouant devant Inherkhâou et sa
femme, tandis que la dernière scène significative sur ce mur est une image du chat
d’Héliopolis tuant le serpent
Apophis sous l’arbre sacré Perséa. D’autres scènes
sur le mur gauche comprennent l’adoration défunt. Le mur du fond de la chambre présente une scène où l’on voit
le défunt avec ses deux fils, Kenna et Armin.
À l’arrière de la paroi de droite, la première scène montre le défunt et son épouse recevant des offrandes de
leurs deux fils, tandis que quatre petits-enfants jouent. La série de scènes suivante sur le registre haut représente Inherkhâou
adorant les quatre chacals tirant la barque solaire lors de son voyage nocturne. Dans le registre inférieur, le défunt est en
présence de cinq Prêtres. D’autres scènes sur le mur de droite représentent le défunt assis avec la famille. Aucun équipement
funéraire de la tombe n’a survécu, donc il faut supposer que celle-ci fut pillée pendant l’antiquité.
Liste des propriétaires des tombeaux du site |
TT1 TT2
TT3 TT4 TT5 TT6
TT7 TT8 TT9 TT10
TT210 TT211 TT212 TT213 |
Senedjem Khâbekhnet Pachedou Qen (ou Ken) Néferabet Nebnéfer (ou Néferhotep) Ramosé Khâ et Mérit son épouse Amenmosé Kasa
(ou Penbouy)
Raoueben Paneb Ramosé Penamon |
TT214 TT215 TT216 TT217 TT218 TT219 TT220
TT250 TT265 TT266 TT267 TT268
TT290 |
Khâoui Aménémonet Néferhotep Ipuy Amenakhte et Iymouay
Nebenmaât Khâemteri (ou Khâemter) Nebenmaât / Ramosé Aménémonet Amenakhte Hay
Nebnakhte et sa famille Irinoufer (ou Irounéfer)
|
TT291 TT292 TT298 TT299 TT321 TT322 TT323 TT325 TT326 TT327
TT328 TT329 TT330 |
Nakhtmin (ou Nu)
Pachedou Baki (ou Ouennéfer) Inherkhâou (ou Inherkau) Khâemopet
Penchenabou Pachedou Simen ? Pachedou Tourobay Hay Mosé, Mosé et Ipy
Karo |
TT335 TT336 TT337 TT338 TT339 TT340
TT354 TT355 TT356 TT357
TT359 TT360 TT361 |
Nakhtamon Néferrenpet Eskhons (ou Ken) May Huy et Pachedou Amenemhat
Nom inconnu Amenpahapy Amonemouia Thoutihermaktouf
Inherkhâou Qeh Huy |
Bibliographie
Pour plus de détails sur le site voir
les ouvrages de :
Schafik Allam :
– À propos de l’approvisionnement en eau de la colonie ouvrière de Deir el-Médineh, pp
: 1-14,
Les problèmes institutionnels de l’eau en Égypte ancienne et dans l’Antiquité,
IFAO, Le Caire, 1994.
– La vie municipale à Deir el-Médineh : Les supérieurs (houtjou/hentjou) du village, pp
: 1-17,
BIFAO 97, Le Caire, Janvier 1997.
Charles Bonnet et
Dominique Valbelle :
– Le village de Deir el-Médineh : Reprise de l’étude archéologique, pp
: 429-446,
BIFAO 75, Le Caire, Janvier 1975.
– Le village de Deir el-Médineh : Étude archéologique (suite), pp : 317-342,
BIFAO 76, Le Caire, Janvier 1976.
Bernard Bruyère :
– Un jeune prince ramesside trouvé à Deir el Médineh, pp : 147-165,
BIFAO 25, Le Caire, 1925.
– Deir el-Médineh, La nécropole de l’ouest,
FIFAO 14,
IFAO, Le Caire, 1937.
– Deir el-Médineh, La nécropole de l’est,
FIFAO 15,
IFAO, Le Caire, 1937.
– Rapport sur les fouilles de Deir el Médineh de 1923/24 à 1946-1947,
FIFAO 2 à 21,
IFAO Le Caire, 1925 à 1952.
14 volumes différents.
Il y a énormément d’ouvrage de cet auteur sur le site, voir sa bibliographie.
Agnès Cabrol et
Guillemette Andreu-Lanoë :
– Les artistes de Pharaon, Deir el-Médineh et la vallée des Rois,
RMN,
diffusion Seuil, Paris, 2002 – Brepols, Turnhout, Avril 2002.
– Les artistes de Pharaon : Deir el-Médineh au Nouvel Empire, Les dossiers d’archéologie 272,
Archéologie, Dijon,2002.
Georges Castel et
Dimitri Meeks :
– Deir el-Médineh 1970, fasc. 1, Gournet-Mar’ei-Nord, fasc. 2, Gournet-Mar’ei-Sud,
FIFAO 12,
IFAO, Le Caire, 1980 et Janvier 1981.
Isabelle Franco,
Marcel Kurz et Jacques Livet :
– Deir el-Medineh: N° 290 : Irynefer, J.E. Livet publications, Paris, 2000.
– Deir el-Medina: N° 3 : Pached, J.E. Livet publications, Paris, 2000.
Charles Maystre :
–Tombes de Deir el-Médineh, La tombe de Nebenmaât (N°219),
MIFAO 71,
IFAO, Le Caire, 1936.
Dominique Valbelle :
– Oushebtis de Deir el-Médineh,
DFIFAO,
IFAO, Le Caire, 1972.
– La tombe de Hay à Deir el-Médineh, N°267,
MIFAO,
IFAO, Le Caire, 1975.
– Les ouvriers de la tombe, Deir El-Médineh à l’époque ramesside,
BiEtud 96,
IFAO, Le Caire, 1985.
Jacques Vandier et
Jeanne Marie-Thérèse Vandier D’Abbadie :
– Tombes de Deir el-Médineh,
MIFAO 69,
IFAO, Le Caire, 1935.
– Catalogue des ostraca figurés de Deir el-Médineh, fasc.2,
DFIFAO,
IFAO, Le Caire, 1939.
Jean Yoyotte,
Geneviève Pierrat-Bonnefois, Robert Démarée,
Pierre Grandet,
Alessandro Roccati,
Pascal Vernus,
Dominique Valbelle et
Guillemette Andreu-Lanoë :
– Deir-el-médineh et la vallée des Rois : La vie en Égypte au temps des pharaons,
Éditions Khéops, Paris, Décembre 2004.
Alain-Pierre Zivie :
– La tombe de Pached à Deir el-Médineh,
MIFAO 103.3,
IFAO, Le Caire, 1979.
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