Présentation
La Première bataille de Chéronée (ou Chaeronea ou Chaironeia ou
Naumachia tēs Chaeroneia, en Grec :
Ναυμαχία της Χαιρώνεια) fut une
bataille qui se déroula le 02 Août 338 av.J.C (on trouve aussi 1 Septembre 338).
Elle eut lieu près de Chéronée (ou Chaeronea ou Khairốneia, en Grec : Χαιρώνεια), une cité
Grecque de Béotie située entre la Phocide et l’Attique,
non loin du fleuve Céphise (ou Kifisos ou Khèphisos ou Mavronero).
Elle fut une confrontation entre une coalition de cités
Grecques, dont
Thèbes, menée par
Athènes et les armées du Roi de
Macédoine
Philippe II (En
Grec : Φίλιππος
B’, 359-336). La bataille fut le point culminant de la campagne de
Philippe II en
Grèce (339-338) et aboutit à une victoire décisive pour les
Macédoniens.
Le contexte
Dans la décennie qui suivit son arrivée au pouvoir, en 359 av.J.C, le Roi de
Macédoine
Philippe II (En
Grec : Φίλιππος
B’, 359-336), renforça et élargit rapidement son royaume en Thrace et
Chalcidique sur la côte Nord de la mer Égée. Ce processus d’expansion fut favorisé par le fait
qu’Athènes et
Thèbes, les deux cités-États les plus importantes de l’époque,
ne se mêlèrent pas de ses projets prisent par des événements ailleurs. Entre autres la Guerre Sociale entre
Athènes et ses anciens alliés (357-355), et la
Troisième Guerre Sacrée qui éclata dans le centre de la
Grèce, en 357 ou 356,
entre les Phocidiens et les autres membres du Conseil Amphictyonique. Une grande partie de l’expansion de
Philippe II au cours de cette période est à mettre au compte des
Athéniens, qui considéraient la côte Nord Égéenne comme
leur sphère d’influence et qui entrèrent en guerre contre Philippe II
(356-346).
Le Roi n’était en principe pas un belligérant pour des Guerres Saintes, mais il le devint lorsqu’il fut impliqué à la demande des
Thessaliens
dans les Guerres Sacrées,
voyant là une occasion d’étendre son influence au sein de la Grèce
proprement dite. En 353 ou 352 il remporta une victoire décisive sur les Phocidiens à la bataille du
Champ de Crocus en
Thessalie.
Dans la foulée, le Roi fut nommé Tage (ou Tagos) de Thessalie,
ce qui lui donnait le contrôle sur les impôts et les revenus de la
Ligue Thessalienne
(ou Confédération Thessalienne), ce qui augmentait donc considérablement son pouvoir. Cependant, il n’intervint pas d’avantage dans la
Troisième Guerre Sacrée jusqu’en 346.
Au début de cette année, les Thébains, qui avaient supporté tout le poids
de la Guerre, ainsi que les
Thessaliens, demandèrent à
Philippe II d’assumer la direction de la
Grèce et de se joindre à eux dans la lutte contre les Phocidiens.
La puissance du Macédonien était maintenant telle que finalement les
Phocidiens n’essayèrent même pas résister et se rendirent au Roi de sorte que ce dernier fut vainqueur sans même livrer un combat.
Puis il laissa au Conseil Amphictyonique la responsabilité formelle de punir les Phocidiens,
mais en veillant à ce que les conditions ne soient pas trop sévères. Néanmoins, les Phocidiens furent expulsés de la Ligue Amphictyonique et toutes leurs villes
furent détruites et leurs habitants réinstallés dans des villages de pas plus de 50 maisons. En 346 av.J.C., les
Athéniens, las de la guerre et incapables de faire face à la force de
Philippe II, commencèrent à envisager la nécessité de faire la paix
avec le Roi de Macédoine.
Cependant, lorsqu’il devint évident que Philippe II marcherait au Sud
cette année-là, les Athéniens qui avaient initialement prévu d’aider les Phocidiens
(Avec qui ils étaient alliés), pour garder les Macédoniens en dehors de la
Grèce centrale, décidèrent de les bloquer aux Thermopyles,
où la supériorité numérique de Philippe II n’aurait que peu d’utilité.
|
Les Athéniens
avaient déjà utilisé avec succès cette tactique pour empêcher Philippe II
d’attaquer la Phocide après sa victoire à la bataille du Champ de Crocus.
L’occupation des Thermopyles n’était pas faite seulement pour protéger le Phocide, mais aussi pour garder les
Macédoniens loin de la
Grèce centrale et les empêcher de marcher contre
Athènes elle-même. Cependant, à la fin de Février 346, le Général Phalaikos (En
Grec :
Φάλαικος, † 342) fut restauré au pouvoir en Phocide et il refusa de permettre aux
Athéniens de bloquer l’accès aux Thermopyles.
Incapable alors de garantir leur propre sécurité, les Athéniens
furent contraints de signer la paix avec le Macédonien.
Le traité, appelé la Paix de Philocrate (Du nom de celui à qui l’on confia la rédaction du texte), faisait des
Athéniens les
alliés réticents du royaume de Macédoine.
Pour les Athéniens, le traité fut opportun, mais il ne fut jamais populaire.
|
Buste de Démosthène – Copie Romaine d’un original de
Polyeucte – British Museum |
Les actions de Philippe II
en 346 avaient élargi son influence sur toute la Grèce et bien qu’il ait
apporté la paix, il était considéré comme l’ennemi de la liberté traditionnelle des cités-États. L’orateur et homme politique
Athénien
Démosthène (ou Dêmosthénês, en
Grec : Δημοσθένης,
384-322) avait été le principal architecte de la paix de Philocrate, mais dès le traité signé il avait commencé à le désavouer.
Au cours des années suivantes, Démosthène devint à
Athènes le chef des partisans de la guerre contre les
Macédoniens, et à chaque occasion, il essayait de saper la paix.
En 343, toujours dans cette optique, l’Athénien et ses
disciples se servirent de chaque expédition et action de Philippe II
pour faire valoir qu’il enfreignait la paix.
En revanche, il y avait aussi à Athènes un
mouvement, dirigé par Eschine (ou Aiskhínês, en Grec :
Αiσχίνης, v.390-314), avec le sentiment que la paix, si impopulaire, devait être maintenue et consolidée.
Vers la fin de la décennie, le parti pour la guerre gagna de l’ascendant et commença à provoquer ouvertement
Philippe II.
L’année 341 allait être riche en rebondissement. En Mars/Avril,
Philippe II envoya des secours à Cardia après le
refus d’Athènes de régler un conflit territorial entre les
habitants de la ville et les clérouques par voie judiciaire. Au Printemps, lorsque
l’armée Macédonienne approcha en Chersonèse
(aujourd’hui connue sous le nom péninsule de Gallipoli), un Général
Athénien nommé Diopeithès (ou Diopites ou Diopithe, en
Grec :
Διoπείθης) ravagea les côtes de
Thrace, exhortant ainsi la colère de
Philippe II.
Ce dernier adressa une lettre de protestations aux
Athéniens et
réclama le rappel de Diopeithès. Démosthène
s’opposa vigoureusement à cette demande.
En raison de cette turbulence, l’Assemblée
Athénienne fut convoquée
et Démosthène convaincu les
Athéniens ne pas rappeler Diopeithès.
Philippe II obtint alors le ralliement de la ville de Cardia, malgré la
résistance de Diopeithès, et installa le Tyran Hécatée à la tête de la cité. Dans le même temps les
Macédoniens poursuivirent leur guerre victorieuse en
Thrace. Elle se terminera à l’hiver par la défaite du Roi
Cersobleptès I (ou Kersobleptès ou Cersouleptes, 359-341)
et son incorporation comme province Macédonienne.
À l’hiver 341/340 Démosthène fut envoyé à Byzance,
où il chercha à renouveler son alliance avec la ville et un nouvel accord
fut négocié. Grâce à des manœuvres diplomatiques de Démosthène,
Abydos conclut également une alliance avec Athènes. Ces développements inquiétèrent
Philippe II et augmentèrent sa haine contre
Démosthène et il protesta vivement auprès de l’Assemblée
Athénienne.
L’Ecclésia, non seulement, mit de côté les griefs de
Philippe II contre la conduite de
Démosthène, mais elle dénonça le traité de paix.
Ce faisant, s’éleva une déclaration officielle de guerre contre la Macédoine.
Le prélude
La campagne du Roi de
Macédoine
Philippe II (En
Grec : Φίλιππος
B’, 359-336) en Grèce fut liée à la
Quatrième Guerre Sacrée
(automne 339 à l’automne 338).
À l’instigation des Thébains, Amphissie (ou Amphissa) avait accusé
Athènes, en 340, devant le Conseil
Amphictyonique, d’avoir commis une faute de caractère religieux en installant une inscription. En fait les
Thébains étaient agacés parce que sur
cette inscription, il y était rappelé qu’au cours des
Guerres Médiques ils avaient pris
le parti des Perses. Eschine
(ou Aiskhínês, en Grec :
Αiσχίνης, v.390-314), représentant
d’Athènes, retourna la situation et démontra que c’était les
gens d’Amphissie (ou Amphissa) qui étaient des sacrilèges, car ils cultivaient la plaine de Crisa consacrée à Apollon et
avaient reconstruit le port détruit pendant la Première Guerre Sacrée,
ce qui était un mauvais présage. Le Conseil Amphictyonique condamna Amphissie (ou Amphissa) et envoya des troupes pour dévaster les terres cultivées et
déclara une Guerre Sacrée contre Amphissie.
Après l’échec d’une première excursion militaire contre la Locride, la session d’été du Conseil Amphictyonique donna le commandement des
forces de sa Ligue à Philippe II et lui demanda de mener une seconde excursion.
Le Roi ne se fit pas prier, il avait là une trop bonne occasion qu’il saisit aussitôt. Ce fut un prétexte pour faire campagne en
Grèce, il est cependant probable que le Roi y serait allé de toute façon.
Au début de 339, les Thébains avaient pris la ville de Nicée près des
Thermopyles, où Philippe II avait une garnison depuis 346.
Le Roi ne semble pas avoir traité cela comme une déclaration de guerre, mais ça lui présenta néanmoins un problème important.
En effet cette action lui bloquait la route principale vers la
Grèce.
Cependant, deuxième chemin était possible, en traversant le mont Kallidromo (ou Callidromos, en
Grec : Καλλίδρομο)
dans le Sud de la Phthiotide et en redescendant sur la Phocide.
Les Athéniens et les
Thébains avaient soit oublié l’existence de cette route, ou pensaient
que Philippe II ne l’utiliserait pas et ils la laissèrent sans
surveillance. Les troupes de Macédoniennes entrèrent donc en
Grèce centrale sans opposition.
Le traitement relativement clément de Philippe II envers les
Phocidiens à la fin de la Troisième Guerre Sacrée,
en 346, allait maintenant porter ses fruits. Il arriva à Elatée (ou Elateia, en
Grec : Ελάτεια)
vile de Phocide la plus importante après Delphes,
qu’il prit et où il fit restaurer les fortifications et ordonna que
la ville soit repeuplée, et qu’au cours des prochains mois, l’ensemble de la Confédération Phocidienne soit restaurée.
Cela fournit à Philippe II une base en
Grèce et de nouveaux alliés reconnaissants parmi les Phocidiens.
Le Roi arriva probablement en Phocide en Novembre 339, mais la bataille de Chéronée n’eut pas lieu avant le mois d’Août 338.
Au cours de cette période il délégua sa responsabilité au Conseil Amphictyonique.
|
Par la ruse, il trompa une armée de 10.000
mercenaires qui gardaient la route menant à Amphissie (ou Amphissa ou Amfissa),
les obligeant à abandonner leurs postes, puis il s’empara de la cité, expulsa ses citoyens qu’il renvoya à
Delphes.
Il a probablement aussi engagé dans les tentatives diplomatiques pour éviter un nouveau conflit en
Grèce, mais il échoua. Lorsque la nouvelle de l’arrivée des
Macédoniens à Elatée (ou Elateia) arriva à
Athènes (À trois jours de marche) ce fut la panique dans la ville.
Dans ce que George Cawkwell décrit comme son moment le plus fier, seul
Démosthène conseilla de lutter contre le désespoir, et proposa que les
Athéniens cherchent une alliance avec les
Thébains. Son décret fut adopté, et il fut envoyé comme Ambassadeur.
Philippe II de son côté envoya également une ambassade à
Thèbes, en demandant que les
Thébains le rejoigne, ou du moins lui permettre de passer à travers
la Béotie sans entrave. Étant donné que ces derniers n’étaient pas encore officiellement en guerre contre
Philippe II, ils auraient pu éviter tout conflit.
|
Buste de Philippe II – Ny Carlsberg Glyptotek – Copenhague
|
Cependant, en dépit de la proximité des armées
Macédoniennes et de leur inimitié traditionnelle avec
Athènes, les
Thébains choisirent de s’allier avec les
Athéniens, dans la cause de la lutte pour la liberté de la
Grèce.
L’armée Athénienne avait déjà été envoyée préventivement vers la Béotie,
afin qu’elle puisse se joindre éventuellement à la force Thébaine
quelques jours après l’alliance si celle-ci était convenue. Les détails de la campagne menant à Chéronée sont presque totalement inconnus.
Il est présumé que Philippe II fut empêché d’entrer en
Béotie par la route du mont Hélicon, comme les Spartiates
avaient fait à la bataille de Leuctres,
ou par l’un des autres cols qui conduisait de Phocide en Béotie. Il y eut certainement quelques escarmouches préliminaires.
Démosthène fait allusion dans ses discours à une “bataille d’hiver”
et une “bataille sur la rivière“, mais aucun autre détail n’a été préservé. Enfin, en Août 338, l’armée de
Philippe II marcha droit sur la route principale de Phocide à la Béotie,
pour faire face à la majeure partie de l’armée alliée qui défendait la route à Chéronée.
Les effectifs et tactiques
Selon Diodore de Sicile
(Historien et chroniqueur Grec, v.90-v.30),
l’armée Macédonienne comptait 30.000 fantassins et 2.000 cavaliers,
chiffres généralement admis par l’historiographie moderne. Philippe II
prit le commandement de l’aile droite de l’armée Macédonienne et
plaça son fils de 18 ans, Alexandre (Le futur Alexandre le Grand, 336-323)
au commandement de l’aile gauche, accompagné par un groupe de Généraux expérimentés de
Philippe II. Les effectifs de l’armée
Grecque sont moins bien connus, mais étaient probablement supérieurs
à ceux des Macédoniens.
Les plus gros contingents venaient d’Athènes (environ 10.000 hommes) et de
Thèbes (12.000 hommes, dont les 300 soldats d’élite du Bataillon Sacré).
D’autres cités alliées étaient aussi représentées, il y avait des contingents : d’Achaïe, de Corcyre,
de Corinthe, d’Epidaure,
de l’île d’Eubée, de Leucade,
de Mégare et de Trézène, pour un total d’environ 8.000 hommes.
L’armée Grecque était complétée par un contingent de 5.000
peltastes mercenaires (infanterie légère). Le contingent Athénien
était dirigé par les Généraux Charès (ou Chàrēs, en Grec :
Χάρης, 400-330) et Lysiclès (ou Lysikles, en Grec :
Λυσικλῆς, † 338) et les Thébains par Théagène.
Aucune source ne fournit des chiffres exacts pour l’armée Grecque,
bien que Justin (ou Marcus Junianus Justinus, historien Romain, IIIe s. ap.J.C) suggère qu’ils étaient “de loin supérieur
en nombre de soldats“. Les historiens modernes penchent pour un chiffre d’environ 35.000 hommes.
Les Athéniens prirent position sur l’aile gauche, les
Thébains à droite et les autres alliés au centre.
L’armée coalisée prit position près de Chéronée, à cheval sur la route principale. Sur son flanc gauche, la ligne
Grecque atteignait les contreforts du mont Turion,
bloquant le côté de la route menant à Livadiá (ou Lébadée ou Lébadie ou Levádia ou Lebedeia ou Labadée, en
Grec :
Λιβαδειά ou Λειβαδιά),
tandis que sa droite reposait contre le fleuve Céphise (ou Kifisos ou Khèphisos
ou Mavronero), à proximité d’un contrefort rocheux du mont Aktion,
soit une longueur de 4 km. sécurisée sur les deux flancs.
De plus, cette ligne
Grecque semble avoir été orientée vers le Nord-est,
le long de la plaine, de de sorte qu’elle ne faisait pas face directement à la formation
Macédonienne.
Cela empêcha Philippe II
de tenter de concentrer ses forces sur l’aile droite alliée, car le flanc gauche
Grec menaçait son flanc droit. Bien que le Roi essaya alors de
déborder la gauche Grecque,
il n’y parvint pas, les troupes situées là occupaient un point haut ce qui rendait toute attaque difficile. Parce que les alliés n’avaient
qu’à rester sur la défensive, ayant seulement à empêcher l’avancée de
Philippe II, leur position était stratégiquement et tactiquement très forte.
Représentation d’un cavalier (hetâiroi) Macédonien |
Le déroulement
Les détails sur le déroulement de la bataille sont rares.
Diodore de Sicile
(Historien et chroniqueur Grec,
v.90-v.30) est le seul qui fournit un récit formel.
Il dit qu’une fois que les deux armées se rejoignirent, la bataille fut très disputée pendant une longue période et beaucoup d’hommes tombèrent des deux côtés,
de sorte que pendant un certain temps la lutte permit l’espoir d’une victoire aux deux camps à la fois.
L’auteur ajoute, que le jeune Alexandre, “qui avait à cœur de montrer
son talent à son père“, réussit à rompre la ligne Grecque, aidé par
ses compagnons et finalement à mettre leur aile droite en fuite. Pendant ce temps,
Philippe II se déplaçait contre l’aile gauche alliée qu’il mit également en fuite.
On peut accorder un crédit à cette courte histoire qui serait confirmée par des écrits sur le combat de Polyen
(ou Polýainos, en Grec :
Πολύαινος, orateur et écrivain militaire
Grec, mi IIe s. ap.J.C.),
qui recueillit de nombreux éléments d’information sur cette guerre dans ses stratagèmes.
Certaines données sont également connues par des sources fiables, mais d’autres sont manifestement fausses.
En l’absence d’autres éléments de preuve, on ne sait pas si son passage au sujet de Chéronée doit être acceptée ou rejetée.
Polyen dit que
Philippe II engagea l’aile gauche Grecque,
mais qu’ensuite il retira ses troupes qui furent poursuivie par les Athéniens.
Quand il atteignit et occupa la zone surélevée, il arrêta la retraite, ses soldats firent demi-tour et il attaqua et vaincu les
Athéniens.
Dans un autre stratagème, Polyen suggère que le Roi prolongea délibérément la bataille, pour bénéficier de l’inexpérience des soldats
Athéniens
(Ses anciens combattants étant plus habitués à la fatigue) et qu’il retarda son attaque principale jusqu’à ce que les
Athéniens soient épuisés.
Cette dernière anecdote apparaît également dans les stratagèmes racontés par Frontin
(ou Sextus Iulius Frontinus, Consul, Général, Gouverneur et écrivain militaire Romain, v.35/40-v.103).
L’histoire de Polyen a conduit certains historiens modernes à proposer provisoirement la synthèse suivante de la bataille de Chéronée.
Après l’engagement général, qui avait commencé depuis longtemps,
Philippe II essaya de faire exécuter à son armée un mouvement de torsion, mettant son aile droite en retrait et faisant tourner
l’ensemble de sa ligne sur son centre. Dans le même temps, l’aile gauche
Macédonienne attaquait les
Thébains sur la droite
Grecque et perçait leur ligne.
Sur la gauche Grecque, les
Athéniens, comme dit plus haut, suivirent
Philippe II et ses hommes, leur ligne devenant distendue et désordonnée. Puis les
Macédoniens se retournèrent et attaquèrent ce qui mit en déroute les
Athéniens inexpérimentés et fatigués.
L’aile droite Grecque, attaquée par les troupes
Macédoniennes dirigées par
Alexandre,
fut également mise en déroute, mettant ainsi fin à la bataille.
Plusieurs historiens modernes, comme George Cakwell, pensent
qu’Alexandre
commandait une compagnie de cavalerie pendant la bataille (hetairoi ou hetâiroi) en raison peut-être de l’emploi par
Diodore de Sicile du mot “Compagnon”.
Cependant, il n’y a aucune mention de cavalerie dans tous les anciens récits de la bataille. Il ne semble même y avoir eu la place sur le champ de bataille pour
qu’elle puisse opérer puisque fonctionnant contre le flanc gauche de l’armée Grecque.
Plutarque (Philosophe, biographe et moraliste
Grec,
46-v.125 ap.J.C) dit qu’Alexandre fut “le premier à rompre les rangs du bataillon sacré des Thébains” infanterie d’élite Thébaine, déployée à
l’extrémité droite de la ligne bataille alliée. Toutefois, il dit aussi que ce bataillon sacré avait “combattu les lances de la phalange
(Macédonienne) face à face“. Ceci conjointement avec l’improbabilité que la cavalerie charge contre des lances d’infanterie
Thébaines (Généralement la cavalerie cherchait toujours à éviter ces obstacles),
a conduit l’historien Robert E.Gaebel et d’autres à suggérer qu’Alexandre
devait être Commandement d’un corps de phalange Macédonienne.
Le Lion de Chéronée, érigé par les Thébains en mémoire de leurs morts.
|
Diodore de Sicile dit que lors de la bataille de Chéronée plus de 1.000
Athéniens furent tués et 2.000 fait prisonniers et que les
Thébains subirent des pertes similaires.
Plutarque suggère que les 300 hommes du Bataillon Sacrée furent tués,
autrefois considéré comme invincible. À l’époque Romaine on croyait que le Lion de Chéronée, un monument sculptural énigmatique érigé sur le site
de la bataille, marquait le lieu de repos de ce Bataillon Sacré. Des fouilles modernes ont trouvé les restes de 254 soldats sous le monument,
il est donc généralement admis que c’était bien la tombe du Bataillon Sacrée. George Cawkwell prétend que la bataille de Chéronée fut l’une des batailles les
plus décisives de l’histoire ancienne. Après cette défaite l’armée alliée ne fut plus en mesure d’empêcher l’avancé de
Philippe II et la guerre prit fin.
À Athènes et à
Corinthe des écrits signalent les tentatives désespérées pour
reconstruire les murs des villes et se préparer à un siège. Cependant, Le Roi n’avait aucune intention d’assiéger ces cités, ni même de conquérir la
Grèce. Son intention était que les
Grecs
soient alliés pour son invasion planifiée de l’Empire
Perse et il voulait laisser une
Grèce stable sur ses arrières lorsqu’il partirait en campagne,
donc continuer à se battre était contraire à ses projets. Philippe II
marcha en premier sur Thèbes, qui se rendit.
Après quoi il en expulsa les Chefs qui s’étaient opposés à lui, il les remplaça par des
Thébains
pro-Macédoniens qui avaient été exilés, et il installa une garnison.
En général, Philippe II
traita les Thébains sévèrement,
les faisant payer pour la libération de leurs prisonniers et même pour enterrer leurs morts. En revanche, le Roi fut très indulgent avec
Athènes, bien qu’il dissout la
Ligue de Délos (ou Seconde Confédération Athénienne),
mais les Athéniens furent autorisés à garder leur colonie sur
Samos et leurs prisonniers furent libérés sans rançon.
Les raisons de cette bienveillance de Philippe II
ne sont pas claires. Une explication possible est qu’il espérait utiliser la flotte
Athénienne
dans ses campagnes contre l’Empire Perse, parce que la
Macédoine n’avait pas une marine puissante.
Bibliographie
Pour d’autres détails sur la bataille voir les ouvrages de :
John Buckler et Hans Beck :
– Central Greece and the politics of power in the fourth century BC, Cambridge University Press, Cambridge, New York, 2008.
John Buckler :
– Philip II and the sacred war, E.J. Brill, Leiden, New York, 1989.
Ida Carleton Thallon
– Readings in Greek history, from Homer to the battle of Chaeronea; a collection of extracts from the sources, New York Ginn, Boston, 1914.
George Cawkwell :
– Philip of Macedon, Faber & Faber, London, Boston, 1978.
– Cyrene to Chaeronea : Selected essays on ancient Greek history, pp : 10-27, Oxford Oxford University Press, 2011.
Jean-Nicolas Corvisier :
– Guerre et société dans les mondes grecs (490-322 av.J.C), Armand Colin, Paris, 1999.
– Bataille de Chéronée : printemps 338 : Philippe II, Roi de Macédoine, et le futur Alexandre le Grand, Economica, Paris, 2012.
Bruce Dexter Endler :
– Phillip II of Macedon, the battle of Chaerone and a legacy for world domination, California State University, Dominguez Hills, 2005.
John V.A.Fine et Rogers D.Spotswood :
– The ancient Greeks : A critical history, Belknap Press of Harvard University Press, Cambridge, 1983.
Richard A.Gabriel :
– The Greek way of war : Marathon – 490 B.C., Leuctra – 371 B.C., Chaerona – 338 B.C.,
U.S. Army War College, Department of National Security and Strategy, Carlisle Barracks, 1992.
– Philip II of Macedonia : Greater than Alexander, Potomac Books, Washington, 2010.
Robert E.Gaebel :
– Cavalry operations in the ancient Greek world, University of Oklahoma Press, Norman, 2002.
Jesse Russell :
– Battle of chaeronea, Book On Demand Ltd, 2013.
Raphael Sealey :
– A history of the Greek city states, ca. 700-338 B.C., University of California Press, Berkeley, 1976.
Spencer Tucker :
– Battles that changed history : An encyclopedia of world conflict, ABC-CLIO, Santa Barbara, 2011.
Michael Whitby :
– Chaeronea, battle of (338), The Oxford Companion to Military History, Oxford University Press, January 2001.
|