Localisation
Ctésiphon est une des grandes villes de moyenne
Mésopotamie. Elle se trouvait sur
la rive Est du Tigre, face à
Séleucie du Tigre,
au Sud de Bagdad (environ 30/35 Km). La ville s’étendait sur 30 km², à comparer
aux 13,7 km² pour Rome au IVe siècle. La cité fut une capitale Impériale pendant plus de 800 ans, d’abord des
Parthes Arsacides, puis de leurs
successeurs, les Sassanides.
Ctésiphon est mentionnée pour la première fois dans le livre d’Esdras (Ezra
08:17) de l’Ancien Testament comme Kasfia (ou Casphia).
Au VIe siècle, la cité fut la plus grande ville du monde. Seule reste visible aujourd’hui la grande arche, Taq-i Kisra (ou
Tagh-e Kasra, ou Ṭāq-e Kesrā, en Persan :
طاق كسرى “L’iwan de Chosroes” ou
Ayvān-e Kesrā, en Persan :
إيوان كسرى), qui est
située dans la ville Iraquienne actuelle de Salman Pak (En Persan : Salmān pāk
سلمان پاک
“Salman le Pur“).
Les différents noms
Le palais, Taq-i Kisra, vue en 1932 |
Le nom Latin Ctésiphon (ou Ctesifonte ou Ctesifon ou Ktesiphon) fut tiré du
Grec : T(h)esifon ou Et(h)esifon, puis plus tard de Ktēsiphôn Κτησιφών,
une forme hellénisée d’un nom local
connu comme comme Tosfōn ou Tosbōn. Dans des sources Iraniennes de la période
Sassanide, la ville est attestée
en Pahlavi sous le nom : Tyspwn, puis en Persan : Tīsfūn ou Tîsfûn
تيسفون.
En Syriaque elle est mentionnée sous le nom : Qṭēsfōn.
ܩ ܛ ܝ ܣ ܦ ܘܢ ,
en
Hébreu : קטסיפון,
en Arménien :
Տիզբոն Tizbon.
Dans les textes arabes on trouve généralement le nom de
Ṭaysafūn
طيسفون
ou Qaṭaysfūn
قطيسفون,
en arabe moderne elle est appelée : Al-Madâ’in ou Madain ou Maden ou Al-Mada’in ou Al-Ma’in
المدائن.
Selon Yaqut (Abdullah ibn-al-Rumi al-Hamawi, biographe et géographe Syrien,
1179-1229) la forme originale était Tusfun, qui fut arabisée en
Ṭaysafūn. Enfin, Ctésiphon est mentionnée dans le
Livre d’Esdras (Ezra 08:17) de l’Ancien Testament comme : Kasfia (ou Casphia).
L’histoire….
Ctésiphon, dessin du Taq-i Kisra par le capitaine Hart, 1824 |
Ctésiphon prit de l’importance au cours de
l’Empire Parthe Arsacide, au premier siècle av.J.C et fut le siège du
gouvernement pour la plupart des souverains de cette dynastie. La ville était située à proximité de
Séleucie du Tigre,
la capitale hellénistique
Séleucide. Selon Strabon (Géographe
Grec, v.63 av.J.C-v.23 ap.J.C)
qui décrivit abondamment sa fondation :
"Dans les temps anciens
Babylone fut la grande
métropole de l’Assyrie,
mais maintenant la grande métropole est
Séleucie,
Séleucie du Tigre, comme on
l’appelle. À sa proximité se trouve un village appelé Ctésiphon, un grand village. Ce village, les Rois des
Parthes ont coutume d’en faire leur résidence d’hiver, épargnant
ainsi aux
Séleuciens, d’être opprimés par des soldats cantonnés chez eux. En raison de la puissance
Parthe, Ctésiphon devint une
ville plutôt qu’un village, sa taille fut telle qu’elle hébergea un grand nombre
d’habitants et elle fut équipée de bâtiments construits par les
Parthes
eux-mêmes……." (Strabon
– Livre XVI, 1, 16).
En raison de son importance, la cité fut un objectif militaire important pour les
dirigeants de l’Empire Romain dans les guerres de l’Est. La ville fut prise par Rome ou par son successeur, l’Empire
Byzantin, quatre fois dans son histoire. Trois fois rien qu’au deuxième siècle (En 116, 164 et 197). L’Empereur Romain Trajan
(98-117) prit Ctésiphon en 116 ap.J.C. Le Roi
Parthe, Pacorus II (78-105) fit apparemment un pacte
avec les Chinois Han et leur permit d’établir pour quelques années des forts dans le Royaume
Parthe, dont à un à Ctésiphon, de
manière à faire la police sur les routes commerciales (Routes commerciales que nous connaissons
aujourd’hui comme la Route de la soie).
Après Trajan, Ctésiphon fut occupés pendant un an par son successeur l’Empereur Hadrien (117-138). Celui-ci
décida de retourner volontairement à Ctésiphon en 117 dans le cadre d’un traité de paix.
Le général Romain Avidius Cassius prit la cité en 164 au cours d’une autre
guerre contre les Parthes, mais l’abandonna lorsque la paix fut conclue.
Vue de l’aile droite
|
En 197, l’Empereur Romain Septime Sévère (193-211) prit lui aussi Ctésiphon et
déporta des milliers de ses habitants, qu’il vendit comme esclave. Vers la fin du IIIe siècle, les
Parthes furent supplantés par les
Perses Sassanides, la ville devint alors une source
de conflit avec Rome. En 295, le Romain Galère (ou Galerius, Empereur 305-311) fut vaincu par
les Perses aux abords de la ville. Humilié, il revint
un an plus tard et remporta une énorme victoire. Ce fut la quatrième et dernière fois que la ville
fut prise par une armée Romaine.
Il rendit la cité au Roi Sassanide
Narses (294-302) en échange de
l’Arménie.
De 325 à 410 la ville fut le site de l’église concile pour l’Église d’Orient. L’Empereur Romain Julien l’Apostat (360-363) fut
tué juste en dehors des murs de la cité, en 363, au cours de la guerre contre le Roi
Sassanide
Châhpûhr II (ou Shapur,
309-379). Enfin, en 627, l’Empereur Byzantin Héraclius I (610-641) assiégea la
ville, qui fut alors la capitale de l’Empire
Sassanide, obligeant les
Perses à accepter sa paix.
Ctésiphon tomba ensuite aux mains des musulmans au cours de la conquête islamique de la
Perse
en 637, sous le commandement militaire de Saad Ibn Abi Waqqas.
La population en général fut épargnée, pourtant, la cité
n’ayant plus d’activité politique et économique elle déclina rapidement, surtout
après la fondation de la capitale abbasside de Bagdad, au VIIIe siècle et devint
rapidement une ville fantôme. Les ruines de Ctésiphon furent le site d’une
grande bataille lors de la Première Guerre mondiale en Novembre 1915. L’Empire
ottoman y défit les troupes de la Grande-Bretagne en tentant de prendre Bagdad.
Le palais de Ctésiphon
La splendeur du site est le palais impérial
légendaire de Ctésiphon. Le site comprenait : Le palais ou le palais blanc, qui fut selon la tradition
construit par le Roi Sassanide,
Khosrô I Anushiravān (ou
Chosroès ou Osroès ou Khusrau ou Khosroes ou Shâhigân-ǐ Sepid, en Persan :
انوشيروان
“À l’âme immortelle“, 531-579).
Cette thèse répandue n’est pas tout à fait clair et beaucoup de spécialistes attribuent l’édification
au Roi Châhpûhr I (ou Shapur, 310-379).
De la splendeur du complexe palatial impérial, aujourd’hui presque
tout est totalement détruit, il ne reste que des ruines et la Grande arche de Taq-i Kisra (ou
Tagh-e Kasra, en arabe طاق كسرى Kisra Taq).
Un vaste porche voûté en briques (ou iwan) de 30 mètres de haut marque l’emplacement du palais. La salle du Trône se trouvait vraisemblablement
sous ou derrière l’arche.
Autre vue du site
|
Cette grande voûte en berceau couvrait une zone d’environ 24/25 m. de large
sur environ 50/48 m. de long. Elle était la plus grande voûte jamais construite en Perse.
L’arche de Ctésiphon, est maintenant tout ce qui reste de la ville qui fut la capitale
pendant sept siècles des dynasties des
Séleucides, Parthes et
Sassanides. Les seuls vestiges de la structure qui
nous soient parvenus, c’est le portail principal de la salle d’audience des
Sassanides. L’aile droite,
écroulée au début du XXe siècle, fut en partie reconstituée ces dernières années. Un contrefort y fut ajouté sur l’aile gauche
subsistante.
Architecturalement il est important pour l’utilisation de la brique, des voûtes
(Il possède toujours la plus grande voûte en briques non armée au le monde), des arches, comme on le voit dans la
façade et en particulier des dômes. On trouve également une véranda avec une grande arcade ouverte sur une cour,
qui apparaîtra plus tard dans l’art islamique.
L’arche est située dans ce qui est aujourd’hui la ville Irakienne de Salman Pak
(anciennement Al-Madâ’in<), au Sud de la capitale, Bagdad. Le monument fut reconstruit dans les années 80, lorsque l’aile Nord commença
à s’écrouler partiellement, mais tout le travail fut arrêté après la guerre du Golfe de 1991. Le gouvernement Irakien coopère
avec le projet de l’université de Chicago pour restaurer l’endroit. Au niveau de l’archéologie, une société Orientale Allemande
et l’université de Pennsylvanie, dont l’équipe est dirigée par Oscar Reuther, ont excavé à Ctésiphon en 1928-1929 et 1931-1932,
principalement à Qasr bint al-Qadi sur la partie Ouest du site. À la fin des années 1960 et au début des années 1970, une équipe
Italienne de l’université de Turin, dirigée par Antonio Invernizzi et Giorgio Gullini, a travaillé sur le site, en faisant
principalement la restauration au palais de
Khosrô I.
Bibliographie
Pour d’autres détails sur la ville voir les ouvrages de :
Stefan Hauser :
– Vēh Ardashīr and the identification of the ruins at Al-Madā’in,
pp : 461-486, Facts and Artefacts, Art in the Islamic world, Leiden/Boston, Janvier 2007.
Ernst Herzfeld :
– Seleukeia und Ktesiphon, Reimer, Berlin, 1917.
Antonio Invernizzi :
– Ten years research in the al-Madain Area, Seleucia and Ctesiphon, pp : 167–175, Sumer 32, 1976.
Antonio Invernizzi et Giorgio Gullini :
– Preliminary report of excavations at Seleucia and Ctesiphon, 1 to 7. Season 1964 to 1975/76,
Mesopotamia 1 to 7, 1966 to 1977 – Giappichelli editore, Torino, 1966 to 7977.
Jens Kröger :
– Ctesiphon, pp : 446-448, Encyclopedia Iranica 6,
Mazda, Costa Mesa, 1993 – Routledge & Kegan Paul, London, 1984.
Eduard Meyer :
– Seleukia und Ktesiphon, pp : 1-26, Mitteilungen der Deutschen Orient-Gesellschaft zu Berlin
, vol. 67, Berlin, 1929.
Mariamaddalena Negro Ponzi :
– Al-Ma’in : Problemi di topografia, pp : 145–169, Mesopotamia XL, 2005.
Oskar Reuther :
– Die ausgrabungen der Deutschen Ktesiphon-expedition im winter 1928-29, Staatliche Mussen in Berlin
Islamische Kusntabteilung, Berlin, 1929.
Klaus Johann Schippmann :
– Ktesiphon-expedition im winter 1928-1929, grundzüge der geschichte parthischen, Darmstadt, 1980.
Maximilian Streck :
– Seleucia und Ktesiphon, J.C. Hinrichs, Leipzig, 1917.
Joseph M.Upton :
– The expedition to Ctesiphon 1931–1932, pp : 188–197, Bulletin of the Metropolitan Museum of Art 27, New York,
Août 1932.
André Verstandig :
– Histoire de l’Empire Parthe, Edition Le Cri, Bruxelles, 2001.
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