Localisation
La Décapole (en
Grec : Δεκάπολις de deka dix, polis ville,
en Latin : Decapolis) fut un groupe de
dix villes, principalement à l’Est du Jourdain, en Jordanie, marquant : La frontière orientale de l’Empire Romain,
Israël et la Syrie. Ces dix villes n’étaient pas une ligue officielle ou unité politique, comme dans les regroupements de
cités chez les Grecs, mais elles étaient
rassemblées en raison de leur langue, de leur culture, de leur emplacement géographique et leur statut politique. Les villes
de la Décapole étaient centrées sur la culture
Grecque et Romaine dans une région à forte densité sémitique
(Nabatéens,
Araméens et
Juifs).
À l’exception de Damas,
la région de la Décapole était située dans l’actuelle Jordanie. Une seule des dix cité était située sur la rive Ouest du
Jourdain (Israël moderne), les autres se trouvant sur la rive Est. Chaque ville avait un certain degré d’autonomie. Elles
subirent à la suite de l’effondrement du royaume Séleucide
la rivalité de leurs voisins Judéens et
Nabatéens. La "ligue" de ces villes résultait
du besoin de favoriser leurs relations commerciales et de se défendre face aux agressions éventuelles. Les
Évangiles citent la Décapole à quelques reprises.
Les villes de la Décapole,
Cliquez sur les noms pour accéder à leur article |
L’histoire…….
À l’exceptions de
Damas, les villes de la décapole furent fondée
dans l’ensemble au cours de la période Hellénistique, entre la mort
d’Alexandre le Grand en 323 et la
conquête Romaine de Cœlé-Syrie, y compris la
Judée en 63 av.J.C. Certaines furent créées dans le cadre de la
dynastie Ptolémaïque
Égyptienne qui régna en
Judée jusqu’à 198 av.J.C.
D’autres furent créées plus tard, lorsque la dynastie des
Séleucides avait la main mise sur la région (Royaume
de Syrie), sous le Roi
Antiochos III Mégas (223-187). Certaines des villes étaient inscrites "Antioche" ou "Séleucie" dans
leurs noms officiels (Hippos Antioche, par exemple), qui témoignent de l’origine
Séleucide.
Elles furent probablement fondées par des colons
Grecs et Macédoniens, elles-mêmes sur la
modélisation de la polis
Grecque.
La Décapole fut une région où deux cultures interagirent. Celle des colons
Grecs et la culture Sémitique autochtone.
Il y eut très souvent des conflits. Les habitants
Grecs étaient choqués par certaines
pratiques Sémitiques telle que la circoncision, alors qu’à l’inverse, divers éléments de la dissidence Sémitique assimilèrent
la nature de la civilisation Hellénistique. Dans le même temps, les villes agirent en tant que centres pour la diffusion de la
culture Grecque. Certaines divinités locales
commencèrent à être appelées par le nom de Zeus, le premier Dieu du panthéon
Grec.
À l’inverse, dans ce domaine aussi, certaines villes, des Grecs
adorèrent des divinités locales à côté de leurs propres Dieux Olympiens.
Le temple de Théandrios de Canatha |
Il est prouvé que les colons adoptèrent le culte d’autres Dieux antisémites, y compris
les divinités Phéniciennes et le chef des Dieux
Nabatéens, Dushara, adoré sous le nom Hellénisé de Dusarès.
Le culte de ces Dieux Sémitiques est attesté dans les pièces de monnaie et certaines inscriptions trouvées dans les villes.
Au cours de la période Hellénistique, les villes se sont clairement distinguées des autres citées qui les entouraient dans
la région par leur pratique de la culture
Grecque. Flavius Josèphe
(ou Titus Flavius Josephus ou Josèphe ben Mattathias, historien Juif, 37-v.100) donne le nom de plusieurs d’entre elles
dans une liste de villes en Judée
avant la conquête Romaine. Le terme "Décapole" était déjà utilisé pour identifier ces villes au cours de la période
Hellénistique.
Vue du site de Gadara |
Ce terme, cependant, fut plus souvent associé à la période après
la conquête Romaine en 63 av.J.C. Le Général Romain Pompée (106-48) conquit la
Judée au cours de cette année.
La conquête Romaine fut perçue, par ces cités de culture
Grecque, comme une libération du royaume
Juif Hasmonéen qui régnait sur la plus grande
partie de la région. On parle alors de deuxième décapole. Les villes fondèrent leur calendrier sur cette
époque de conquête : L’an 63 av.J.C fut l’année Pompéienne, qui servit à compter les années dans l’ensemble Romain et ce jusqu’à
la Rome Byzantine. Ce fut à partir de ce moment-là que les historiens ont identifié la région et les villes
avec le terme "Décapole". Le gouvernement Romain voulait que la culture Romaine
se développe dans les régions plus éloignés de son Empire.
Ils encouragèrent alors la croissance
de ces dix villes, leur permettant une autonomie politique au sein de la sphère de protection de Rome. Chaque ville fonctionna
comme un polis ou comme une cité-État, avec une juridiction aussi sur la campagne environnante. Chaque ville frappa également ses
propres pièces de monnaie. Beaucoup de pièces des villes la Décapole définissaient leur cité comme
"autonome", "libre", "souveraine" ou "sacrée", termes qui impliquent une sorte
de statut d’auto-administration. Comme les
Grecs avant eux les Romains vont fortement laisser leur emprunte culturelle sur l’ensemble de ces villes.
Chacune d’elles fut finalement reconstruite avec un style d’urbanisme Romain, des rues autour d’un cardo et /
ou decumanus. Les Romains parrainèrent et construisirent de nombreux temples et autres bâtiments publics comme il le faisaient
dans leur propres cités. Le culte impérial, le culte de l’Empereur Romain, fut une pratique très courante dans l’ensemble de la
Décapole et fut l’une des caractéristiques qui reliait ces différentes villes.
Théâtre Nord de Jerash (Gerasa) |
Un petit style de temple, appelé Kalybe, dédié à
l’Empereur, est propre à cette région. Les Romains jouèrent, une fois n’est pas
coutume, un rôle positif aussi dans le domaine
commercial, par le développement systématique qu’ils faisaient au niveau des infrastructures routières.
Cela conduisit à leur identification
commune aujourd’hui comme une "fédération" ou "ligue". La pax romana (La
Paix Romaine qui désigne la longue période de paix imposée par l’Empire Romain sur les régions contrôlées), puis le découpage
administratif Romain de la région fit progressivement perdre de son sens à la "ligue", qui disparut, le
terme de décapole n’étant plus utilisé au-delà du règne de Trajan (98-117).
La région fut ajoutée à la province d’Arabie de l’Empire Romain à cette époque.
Cette nouvelle province fut baptisée la Palestine. En outre, les villes furent regroupées différemment dans différentes
provinces Romaines : La Syrie, la Palestine et l’Arabie. Toutefois, la Décapole resta une importante entité culturelle
de cette région du monde Romain, même si le terme n’était plus utilisé. Les villes continuèrent d’être distinctes des autres,
par exemple par l’usage du calendrier Pompéien. Les historiens et les archéologues parlent souvent de la
"Décapole villes" et "Décapole région" même lorsqu’il s’agit de ces villes dans
des périodes plus tardives. La Décapole Romaine et Byzantine fut une région influencée progressivement par le Christianisme.
Certaines villes furent plus réceptives que d’autres à la nouvelle religion.
Pella fut une base pour certains des premiers
responsables de l’Eglise (Eusèbe rapporte que les apôtres fuirent dans la cité pour échapper à la Grande révolte Juive).
Dans d’autres villes, le paganisme persista pendant l’époque Byzantine. Puis, en fin de compte, la région devint
presque entièrement Chrétienne et la plupart des villes servirent de sièges aux Évêques. À la fin de la période Byzantine,
la plupart des villes furent abandonnés au cours des années de la conquête de la Palestine par le
califat omeyyade en 641, mais quelques unes continuèrent à être habitées durant dans la période islamique.
Le théâtre Romain de Philadelphia (Amman)
|
Les villes de la décapole
Les noms des dix villes traditionnelles de la Décapole proviennent de l’historien, écrivain et
naturaliste Romain Pline l’Ancien (ou Caius Plinius Secundus, 23-79, NH 5.16.74). On trouve aussi une énumération des sites de
la Décapole par : Ptolémée (ou Claudius Ptolemaeus, astronome et astrologue
Grec, v.90-v.168) dans sa
"Géographie". Par Eusèbe (ou Eusèbe Pamphile de Césarée, Prélat
Grec, écrivain, théologien et apologète
Chrétien, v.265-v.340) dans son "Onomastique" où il essaie d’identifier les endroits exactes des noms qui
sont cités dans la Bible. Dans les Évangiles et enfin dans les œuvres de
Flavius Josèphe. Selon ses sources, ce sont
dix-huit, voire dix-neuf villes Gréco-romaines qu’il faut considérer comme faisant partie de la Décapole. Par
exemple, Abila est très souvent cité comme appartenant au groupe.
Pline l’Ancien décrivait la décapole de la manière suivante : "Près de la Judée, du côté de la Syrie,
est la Décapole, ainsi nommée du nombre de ses villes, sur lequel tous les auteurs ne sont pas d’accord. La plupart comptent
Damas, fertilisée par les dérivations du fleuve
Chrysorrhoas (le Barada aujourd’hui), qui s’y absorbe….….. Entre ces villes et autour d’elles sont des
tétrarchies, dont chacune est comme un pays et forme un royaume : la Trachonitis, la Panéade où est Césarée avec la
source susnommée Abila, Arca, Ampeloessa, Gabe"
Canatha
(En Latin : Canatha, en
Grec : Κάναθα, en arabe :
قنوات Kānātā ou
Qanawat) : En Syrie.
Damas
(En Latin : Damascus, en
Grec : Δαμασκός, en Arabe :
دمشق الشام
Dimashq-Ash-Shām ou الشام
Ash-Shām ou Ach-Cham) : La capitale moderne de la Syrie, Damas est considérablement au Nord des autres cités et on pense
qu’elle ne devait avoir qu’un rôle de membre d’"honneur" de la Décapole.
Dion (ou
Tell al-Ashari ou Capitolias, en Latin : Dium, en
Grec : Δïον) : En Jordanie.
Gadara
(En Latin : Gadara, en
Grec : Γάδαρα, en Arabe :
أم قيس
Umm Qais ou Umm Qeis) : En Jordanie, "Au pied de laquelle coule le Hieromix".
Hippos
(ou Hippos Antioche, en Hébreu :
סוסיתא Sussita, en Latin : Hippon, en
Grec : ‘lππος, en
arabe : قلعة الحصن
Qala’a al-husun) : En Israël, "Déjà nommée : Dion".
Jerash
(En Latin : Gerasa, en Grec :
Γέρασα, en arabe : جرش
Jaraš ou Jerash) : En Jordanie.
Pella
(En Latin : Pella, en Grec :
Πέλλα, en arabe :
طبقة Tabaqat ou Tabaqa ou
فحل Fahil) : À l’est de Irbid en Jordanie,
"Riche en eaux".
Philadelphia
(En Latin : Philadelphia, en
Grec : Φιλαδελφεία, en Arabe :
عمان
Hamān) : La moderne Amman, capitale de la Jordanie, "Qui s’avancent vers l’Arabie".
Raphana (ou Abila ou Capitolias, en Latin :
Rhaphana, en Grec :
Καπιτωλιάς, en Arabe :
بيت راس Bayt rās ou Bayt Ras) :
En Jordanie, "Qui s’avancent vers l’Arabie".
Scythopolis
(En
Hébreu : בית שאן
Bet šeān ou Beït-Shéan ou Beth-Shean, en Latin : Scythopolis, en
Grec :
Σκυθόπολις, en Arabe :
ب يسان
Baysān ou Baysan) : En Israël, la seule ville sur le côté Ouest du
Jourdain. Elle aurait fait office de capitale de la "ligue". "Ainsi appelée
des Scythes qui y furent établis, et portant auparavant le nom de Nysa à cause
de Bacchus, dont la nourrice y fut ensevelie".
On trouve aussi :
As-Salt (En Latin : Gadora, en
Grec : Γαδώρα,
en arabe :ا لسلط As-salt).
Baalbek (En Latin : Héliopolis, en
Grec :
‘Hλίου πόλις, en arabe :
بعلبك B’albak).
Quwayliba (ou Qweilbeh, en Latin : Abila,
en Grec :
‘Aβιδα, en arabe : قويلبة
Quwayliba) qui est identifiée comme Abila ou Abida de la Décapole. Les vestiges
s’étendent sur le tell Abil et le tell Abû al-`Amad et le site est bordé au Sud
par la rivière Abila. Quwayliba/Abila est citée par Pline mais n’est pas dans sa
liste de la Décapole.
Abila (En Latin : Abila
Lysanias, en
Grec :
‘Aβιλα επικληθεïσα
Λυσανίου).
Lysanias I en était le Tétrarque.
?
(En Latin : Saana, en Grec :
Σάανα).
?
(En Latin : Samulis, en Grec :
Σαμουλίς).
?
(En Latin : Ina ou Hina, en Grec :
‘Aνα).
?
(En Latin : Edrei ou Adra, en Grec :
Eδρα).
Bibliographie
Pour
d’autres détails sur la Décapole voir les ouvrages de :
Hans Bietenhard :
– Die syrische Dekapolis von Pompeius bis Trajan, pp : 220-261 ANRW II/8, 1977.
Mark A.Chancey et Adam Porter :
– The archaeology of Roman Palestine, pp : 164–198, Near Eastern Archaeology 64, N°4,
Atlanta, Décembre 2001.
Claire Epstein :
– Hippos (Sussita), The new Encyclopedia of Archaeological Excavations in the Holy Land 2, Editions Ephraim
Stern, Israel Exploration Society & Carta, Jérusalem, 1993.
Adolf Hoffmann et Susanne Kerner :
–Gadara – Gerasa und die Dekapolis (= Antike Welt, Sonderheft; Zaberns Bildbände zur Archäologie),
Philipp von Zabern, Mainz, 2002.
Achim Lichtenberger :
– Kulte und kultur der Dekapolis. Untersuchungen zu numismatischen, archäologischen und epigraphischen Zeugnissen,
Otto Harrassowitz, Wiesbaden, 2003.
Harold W.Mare :
– Decapolis, Eerdman’s dictionary of the Bible, Editions David Noel Freedman, Grand Rapids, William B.
Eerdman’s Publishing Company, Michigan, Janvier 2000.
Thomas S.Parker :
– The Byzantine period : An Empire’s new holy land, pp : 134–171, Near Eastern Archaeology 62, N°3, Septembre 1999.
Frank Rainer Scheck :
– Jordanien. Völker und Kulturen zwischen Jordan und Rotem Meer, DuMont-Reiseverlag, Köln, 1994 –
DuMont-Reiseverlag, Ostfildern, 2010.
Arthur Segal :
– The ‘Kalybe’ structures, Zinman Institute of Archaeology, Haifa University, Tel Aviv University, Tel Aviv, 2001.
Robert Wenning :
– Die Dekapolis und die Nabaäer, Universitätsbibliothek der Universität Heidelberg, Heidelberg, 1994.
|