Les  cités  Pamphyliennes  :
Aspendos
 

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Sommaire
 

Localisation et généralités
Quelques personnages importants
L’histoire
La ville, ses monuments
      Le théâtre
Bibliographie

 

Théâtre d’Aspendos

 

Localisation  et  généralités

 
   Aspendos (ou Aspende ou Primoupolis, en Grec : σπενδος) était une ville dans la province de l’actuelle Antalya en Turquie, près du village Balkesu (ou Belkıs), à 46 km à l’Est d’Antalya sur la route à Alanya. Elle était située sur un petit plateau qui domine la vallée avec la rivière Eurymédon (aujourd’hui Köprüçay” ou Köprü Çayı) en contrebas, à environ 16 km. de la Méditerranée à l’intérieur des terres. Son grand théâtre de l’époque Romaine est le mieux conservé de toute l’Asie Mineure. Il est encore utilisé de nos jours pour des représentations. Tous les bâtiments imposants datent du IIe et IIIe siècle ap.J.C, lorsque la cité était un centre important du commerce de la Pamphylie. Aspendos fut l’une des premières villes à battre sa monnaie. Elle commença à émettre vers 500 av.J.C, d’abord des tétradrachmes (ou statères) et plus tard des drachmes. La vaste gamme de sa monnaie retrouvée à travers tout le monde antique indique qu’au Ve siècle av.J.C, Aspendos était devenue la ville la plus importante de Pamphylie.


 

Le nymphée (ou nymphaion)

 

Quelques personnages importants

 
   Plusieurs personnages importants qui ont marqué l’histoire furent originaires d’Aspendos :
Aeto d’Aspendos, fils d’Apollonius, commandant Ptolémaïque, fondateur vers 238 d’Arsinoé (Ville sur la côte de Cilicie entre Anemurium et Kelenderis).
Apollonius d’Aspendos (ou Apollonios d’Aspendos, v.150 av.J.C), fils de Koiranos, Proxène à Lappa (Crète).
Apollonius d’Aspendos (début du IIIe s. ap.J.C), poète.
Diodore d’Aspendos (ou Diodorus d’Aspendus, IVe siècle avant J.C), pythagoricien et philosophe. 
Orestas d’Aspendos (ou Oreste d’Aspendos, fin IIIe début du IIe siècle av.J.C), fils d’Erimneo, Proxène à Dréros (Crète).

 

L’histoire…….

 
   La tradition rapporte qu’Aspendos fut érigée autour du XIIe Siècle av.J.C par des colons venant du Péloponnèse et plus précisément pour certains spécialistes d’Argos, après l’effondrement de l’Empire Hittite, qui avait colonisé la Pamphylie. Le légendaire Mopsos (Fils de Manto, fille de Tirésias et Apollon), qui est aussi considéré comme le fondateur de nombreuses villes comme Pergé, serait l’un de ceux d’Aspendos. Les pièces de monnaie de la ville d’Aspendos datant du Ve au IIIe siècle affichent le nom Estwediiys (ou Estwediya), qui est probablement, selon les spécialistes, soit le nom d’un chef Hittite de la région qui pourrait avoir une relation avec sa fondation, soit un nom Pamphylien de l’endroit, en dialecte local. On sait peu de chose de la cité avant la période Romaine. Les fouilles futures pourront certainement apporter plus de connaissances sur cette époque. En tant que ville portuaire, Aspendos était autrefois située sur la rivière Eurymédon (aujourd’hui Köprüçay” ou Köprü Çayı) reliée à la mer, ce qui lui assura une prospérité durable. Elle devint rapidement riche et attira les convoitises du royaume de Lydie voisin, en pleine expansion et fit partie dans la première moitié du VIe siècle de ses territoires.


 

Vue d’une partie de l’aqueduc

 
   En 546-547, après la chute de ce dernier elle fut la possession de l’Empire Perse Achéménide (549-331), le nouveau maître de la région et connut un fort développement sur le plan administratif. Après les Guerres Médiques (499-479), en 469, la littérature retrace la bataille de l’Eurymédon au cours de laquelle l’Athénien Cimon (ou Kimôn, en Grec : Κίμων, v.510-450/449) vainquit la flotte Perse à l’embouchure de la rivière. Il s’empara de près de 200 navires ennemis commandés par Tithrautès puis, ayant débarqué son infanterie, il défit complètement l’armée Perse dirigée par Phérendatès. À la suite de cette victoire, il imposa au Roi Perse, Artaxerxès I (465-424), un traité de paix qui reconnaissait la liberté des Grecs d’Asie Mineure et interdisait aux navires Perses l’accès à cette région. À cette date l’Eurymédon marqua la séparation entre ces deux grandes sphères politiques, Perse à l’Est et Grecque d’Asie Mineure à l’Ouest. Aspendos prit une part dans la guerre entre Perses et Grecs puisqu’elle fit partie de la Ligue de Délos (ou 1ère et 2ème Confédération Athénienne, en Grec : Δηλιακή συμμαχία) qui dura de 477 à 404, mais pour peu de temps car les Perses s’emparèrent à nouveau de la ville en 411 et l’utilisèrent comme une base.
 
   En 389 un commandant Athénien, voulut regagner la cité et il ancras sa flottes au large de la côte à la hauteur d’Aspendos, dans l’espoir d’obtenir sa reddition. Espérant éviter une nouvelle guerre, les habitants de la ville collectèrent de l’argent entre eux et le donnèrent à l’Athénien, le suppliant de se retirer sans causer de dommages. Ce dernier prit l’argent, mais ses hommes piétinèrent toutes les cultures dans les champs en se retirant. Furieux, les habitants poignardèrent et tuèrent le commandant dans sa tente. Puis, au printemps 333, Alexandre le Grand (336-323) pénétra en Pamphylie, puis en Pisidie. Ces régions n’appartenaient que très nominalement à l’Empire Achéménide. Le plus souvent les villes étaient autonomes et rivales entre elles. Alexandre profita de ces rivalités et reçut la soumission de Sidé et de Pergé. Les citoyens d’Aspendos envoyèrent alors des émissaires pour demander au Roi de ne pas s’établir dans la cité et en échange ils lui verseraient les taxes et les chevaux qu’ils avaient précédemment versés en hommage au Roi de Perse. Après avoir accepté cet accord, Alexandre repris sa route, laissant une garnison dans la ville.
 
   Il atteignait la cité de Sillyon lorsqu’il apprit que les habitants d’Aspendos n’avaient pas ratifié l’accord que leurs émissaires avaient proposé et se préparaient à se défendre. Le Roi marcha alors immédiatement vers la ville. Quand les Aspendiens virent Alexandre de retour avec ses troupes, ils se retirèrent sur leur acropole et envoyèrent de nouveau des émissaires pour demander la paix. Cette fois, cependant, ils durent accepter des conditions très difficiles, une garnison Macédonienne resterait dans la ville et 100 talents d’or, ainsi que 4.000 chevaux devraient être donné en impôt chaque année. Après la mort d’Alexandre et du partage de son Empire, Aspendos devint une cité Hellénistique. D’abord sous la domination du Macédonien, Antigonos Monophtalmos (“Le borgne“, en Grec : Αντίγονος A’, 306-301). Puis de 301 à 215 sous celle des Ptolémée d’Égypte.


 

Vue de la basilique 


   Avec la dernière "Guerres de Syrie” le Roi Séleucide, Antiochos III Mégas ("Le Grand", en Grec : ‘Aντίoχoς Μέγας, 223-187) passa une alliance avec le Roi de Macédoine, Philippe V (221-179). Par ses victoires, il s’empara de l’Empire maritime Lagide, de toute la Syrie, de la Palestine et de l’Asie Mineure. Aspendos, comme toute la Pamphylie, fut intégrée à l’Empire Séleucide. Ce fut toutefois pour relativement peu de temps, car Antiochos III fut battu en 191, par le Consul Romain Manius Acilius Glabrio, aux Thermopyles. Puis, les Romains furent encore vainqueurs en 190, à la bataille de Magnésie du Sypile (aujourd’hui Manisa, Turquie) et le Roi fut contraint de signer la "paix d’Apamée", qui était un partage de l’Asie Mineure (Voir la carte) où il dut renoncer à ses conquêtes dans cette région à l’Ouest du Taurus, au profit essentiellement du Roi de Pergame Eumène II (ou Eumènès, 197-159) allié des Romains.
 
   Après la domination des Rois de Pergame la cité tomba sous la coupe de l’Empire Romain. La ville eut de très bonnes relations avec Rome et par ses constructions devint un centre commercial majeur dans la région pour sa plus grande prospérité. À cette époque, la rivière Eurymédon était navigable jusqu’à Aspendos et la ville tirait une grande richesse en particulier des exportations de vin, d’huile, de sel et de laine. Sous l’Empereur Claude (41-54), la ville fit partie de la province impériale de Lycie Pamphylie. Les Pamphyliens laissèrent à cette époque de magnifiques monuments de leur civilisation. Enfin sous la réorganisation de l’Empereur Dioclétien (284-305), Aspendos fut comprise dans le Diocèse d’Asie et la Préfecture d’Orient et en devint la capitale. Avec la Chrétienté Aspendos fut le siège d’un Évêché. Durant la période Byzantine, la ville a longtemps été appelée Primoupolis. Comme une grande partie des cités antiques orientales, Aspendos fut abandonnée vers le VIe-VIIe siècle suite aux invasions arabes. Cependant au XIIIe siècle, un Sultan tomba sous le charme du théâtre Romain et le restaura pour en faire sa résidence d’été.

 

La  ville  et  ses  monuments

 
   Aspendos n’a pas encore été totalement excavée mais la ville livre déjà les ruines de ce qui dut être de magnifiques bâtiments, qui prouvent s’il en est la richesse de la cité à l’époque Romaine. À l’Ouest du théâtre se trouve l’Acropole avec la ville haute. Elle était entourée avec ses propres murs, une porte est encore préservée. Les vestiges de cette époque sont largement dominants sur cette colline et sont regroupées sur trois côtés d’un espace rectangulaire. Sur les longueurs à l’Ouest et à l’Est, on trouve le marché couvert. Le bâtiment Est fait 142 m. de long et se ferme à l’extrémité Sud par un Exèdre (Bâtiment ou salle de conversation équipée de sièges ou de bancs) et se termine par un bâtiment carré puissants, imposants de 15 m. La visite de l’acropole, au-dessus du théâtre, révèle également les vestiges importants d’une basilique, mais aussi ceux d’une agora (ou forum), de rues et sur le côté Nord de la place, domine la façade d’un Nymphée (ou Nymphaion, grotte avec une fontaine dédiée aux nymphes) à deux étages, qui fut probablement alimentées par l’aqueduc. Des niches pour des sculptures et la corniche en amont pour les colonnes et fronton témoignent qu’à l’origine les installations devaient être magnifiques.
 


 

Vue d’une partie de l’aqueduc

   Le bâtiment derrière elle sur le coin Nord-ouest a probablement servi de bouleutérion (Salle du conseil des citoyens chargés des affaires courantes de la cité). Au Sud du Théâtre se trouvent les vestiges des thermes et du complexe sportif, le gymnase et au Nord se trouvait le stade. En plus des nombreuses citernes que compte la cité, l’approvisionnement en eau se faisait par un aqueduc encore aujourd’hui bien conservé. Il apportait l’eau depuis les hauteurs situées à quelques kilomètres au Nord-ouest. Il comporte un siphon double, sans doute le mieux conservé de tout le monde Romain avec ceux de Lugdunum (l’actuelle ville de Lyon). Ses vestiges peuvent être suivis sur une longueur de plus d’un kilomètre.
 

Le théâtre

 
   Comme à Sidé, le bâtiment le mieux conservé de la cité et le plus imposant est son théâtre. Il est encore utilisé pour un festival d’opéra et de ballet. Ce théâtre est un bâtiment Romain de 96 m. de diamètre dont la pleine hauteur est préservée. L’intérieur de la scène en bois de 8 m. de large fut décoré avec des piliers riches de bijoux, de frises, de rosaces et d’ornements, dont certains demeurent encore aujourd’hui. Le pignon central au milieu de la paroi montre un relief de Bacchus. Sont également encore visibles sur le sommet des murs les emplacements où reposait une structure en bois, en pente, qui s’étendait sur la scène pour une meilleure acoustique. Un écrit en Grec et en Latin a été mis au jour à l’intérieur de l’espace scénique. Il cite la période de construction, pendant le règne de l’Empereur Marc Aurèle (161-180), avec Zénon comme architecte et comme fondateurs du théâtre, les frères Curtius. La cavea (Partie d’un théâtre Romain ou d’un amphithéâtre où se trouvent les gradins) a 41 rangées de sièges et offre jusqu’à 20.000 places. Le théâtre au fil du temps et de différents tremblements de terre fut plusieurs fois réparé et refait. C’est ce qui explique son bon état de conservation par rapport aux bâtiments environnants. Il fait partie des bâtiments publics de la ville basse.
 

Autres vues du théâtre

 

Bibliographie

 
   Pour d’autres détails sur la cité et ses monuments voir les ouvrages de :
 
Atila Akan et Sabri Aydal :
Aspendos et Pergé : Guide archéologique des villes antiques de la Pamphylie, Seçil Ofset, Antalya, 1987-1988.
Gaetano Arena :
Città di Panfilia e Pisidia sotto il dominio romano : Continuità strutturali e cambiamenti funzionali Ed. del prisma, Catania, 2005.
Hartwin Brandt :
Geschichte und wirtschaft Pamphyliens und Pisidiens im altertum, Habelt, Bonn, 1992.
Kayhan Dörtlük et Hayriye Buyan :
Side ; Aspendos ; Perge ; Sillyon ; Seleukia ; Manavgat ; Selge, Keskin, Istanbul, 2000.
John D.Grainger :
The cities of Pamphylia, Oxbow Books, cop., Oxford, Oakville, 2009.
Karl Lanckoroński et Eugen Adolf Hermann Petersen :
Les villes de la Pamphylie et de la Pisidie, Librairie de Firmin-Didot et cie., Paris, 1890-1893.
Hans Lauter :
Die hellenistische Agora von Aspendos, Editeur inconnu, Bonn, 1970.
M.Edip Özgür :
Aspendos : Un guide de voyage, NET Turistik Yayınlar, Istanbul, 1988.
John B.Ward-Perkins :
The aqueduct of Aspendos, Johnson, New York, 1971.

 

 
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