L’Arménie
De  Haik  à  la  dynastie  Orontide
Vers 2050  à  189 av.J.C
 

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  Pour plus de détails voir aussi :   L’histoire de l’Arménie Artaxiade

  L’histoire de l’Arménie Arsacide Les capitales Arméniennes

 

   L’Arménie (en Arménien : Հայաստան  Hayastan  “Terre d’Haik") est une région et un royaume du lac de Van, entre la mer Noire et la mer Caspienne. Elle forma un premier royaume dès 2050 (fondateur mythique : Haïk). Les Arméniens (tribu Thraco-illyrienne : Les Haïkans) qui se retrouvèrent, en 610, fixés dans les montagnes de l’Ourartou par le Roi des Mèdes, Cyaxare (633-585), adoptèrent la civilisation locale et fondèrent la nation Arménienne. Nous savons par des inscriptions cunéiformes Perses Achéménides, qu’au milieu du VIe siècle, les Arméniens occupaient une grande partie du territoire de l’Ourartou. Les inscriptions de Naqsh-e Rostam (ou Naqsh-e Rustam), à environ 4/5 km au Nord de Persépolis, mentionnent l’ancienne dénomination : Ourartou, sous sa forme Babylonienne : Ourashtou, mais les vieux textes Élamites le remplacent par le terme : Armina.


 

Vue du lac de Van

 
   Puis les Arméniens vont vivre sous l’occupation des Mèdes. Lorsque l’Empire de ces derniers s’effondra sous les coups du Roi Perse Achéménide, Cyrus II le Grand (559-529), ils devinrent une Satrapie de l’Empire Perse (de 549 à 334). Ils restèrent vassaux des Rois Achéménides jusqu’à la chute de leurs derniers Roi Darius III (336-330) devant le Roi de Macédoine, Alexandre le Grand (336-323), après sa conquête de l’Empire Perse. Puis, après la mort d’Alexandre et du partage de son Empire, l’Arménie redevint indépendante.
 
   De cette période nous avons les noms (Aux consonances Grecques) de quelques Rois. L’Arménie de part, sa position géographique attira toujours l’intérêt de ses puissants voisins aux différentes périodes de l’histoire. Mais face aux invasions, elle fit toujours preuve d’une volonté farouche de conserver son identité nationale. Malgré cet esprit "nationaliste" la culture Arménienne fut influencée par les puissances voisines dans de nombreux domaines comme l’architecture, la littérature, la musique etc…

 

L’histoire…..

 
   L’histoire de l’Arménie commence avec les cultures néolithiques du Sud Caucase, comme la culture Shulaveri-Shomu, on trouve les premières traces de peuplement de la région à cette époque (6000-4000). Cette période fut suivie par le début de l’âge du bronze où l’on trouve la culture de Kura-Araxes (4000-2000) qui fut suivie par celle du Trialeti (2200-1500). Les premiers ethnonymes (Nom de peuple) attestés de la région nous sont connus par les sources Hittites de la fin de l’âge du bronze, comme les Hayasa-Azzi ou les Mushki. Selon la tradition Arménienne, Haik I (ou Haïg ou Haïk ou Hayk, en Arménien : Հայկ ou Haik Nahapet : Հայկ Նահապետ “Hayk le chef tribal”), ? à 2026) serait le fondateur mythique du premier royaume Arménien. Il fut le fils de Thorgama (ou Torgom), fils de Gomer, fils de Japhet, lui-même fils de Noé et les Arméniens auraient peuplé la région au pied du mont Ararat (Aujourd’hui situé en Turquie), après le Déluge. Selon la légende, il combattit et gagna contre Bêl, un géant de Babylone. Cette victoire lui permit ainsi de donner à son peuple un territoire : L’Arménie. Il fut de ce fait considéré comme Patriarche de la nation qui s’appela désormais, en son honneur, HayastanTerre d’Haik” en Arménien : Հայաստան). De ce nom dériverait celui de Hay signifiant Arménien. Les historiens sont partagés quand à la réalité de ce personnages. Certains le considèrent vraiment comme un souverain ayant existé à cette période. Selon la tradition, le fils d’Haik I, Aramaneag (en Arménien :Արամանեագ, 2026 à v.2020) lui succéda et consolida le royaume. Il eut un enfant Armais (v.2020) qui lui succéda.
 


 
Château forteresse de Tushpa (l’actuelle Van Kalesi)

   Plus tard, entre 1500 et 1200, les Hayasa-Azzi existaient dans la moitié occidentale du territoire Arménien. On les retrouve souvent mêlés à des conflits avec l’Empire Hittite. Au début du Ier millénaire, les Arméniens / Hayasa-Azzi, en provenance d’Anatolie occidentale, atteignirent les vallées du Haut-Euphrate. À cette époque, le territoire de l’Arménie historique fut occupé par des tribus Hourrites.
 
   Entre 1200 et 800, une grande partie de l’Arménie fut unie dans le cadre d’une confédération de royaumes, que les sources Assyriennes appellent, Nairi (ou pays de Nihriya ou Mahri ou Nari “Terre des cours d’eau"). Dans la région du lac de Van, l’Empereur d’Assyrie, Téglath-Phalasar I (1116-1077) fit ériger une stèle qui commémore sa victoire sur des "Rois" de Nairi. Selon quelques spécialistes ce sont sans doute ces gens de Nairi qui s’unirent et fondèrent le royaume de l’Ourartou pour faire face à la pression Assyrienne. À partir du IXe siècle le royaume de l’Ourartou prospéra dans le Caucase et l’Est de l’Asie Mineure et il s’installa sur le plateau dans le territoire Arménien.
 
   Le fondateur du Royaume Ourartéen, Aramu (ou Arame, v.855-844) unit toutes les principautés Arméniennes qu’il ajouta à son royaume et se donna le titre de "Roi des Rois", le titre traditionnel des Rois de l’Ourartou. Les Ourartéens établirent leur souveraineté sur l’ensemble du Taron (Région du centre de l’Arménie, possédée initialement par les Mamikonian) et du Vaspourakan (ou Vaspurakan, en Arménien : Վասպուրական, province centrée sur le lac de Van). Le principal rival de l’Ourartou fut l’Empire Néo-assyrien (912-609). Pendant le règne du Roi Sarduri I (ou Sapur, 833-825), l’Ourartou devint un royaume fort et organisé et imposa des tributs très lourds aux pays voisins. Sarduri I fit de Tushpa (Van aujourd’hui), la capitale de l’Ourartou. Son fils, Ishpuhini (ou Ishpuinis ou shpouhini ou Išpuini, 825-810), étendit les frontières de l’État par la conquête de ce qui sera plus tard connu sous le nom de domaine Tigranocerta en atteignant le lac et la ville d’Ourmia. Les Ourartéens bâtirent un réseau de forteresses dont les ruines impressionnantes témoignent encore aujourd’hui de leur puissance.


 

Argishti I sur son char – Musée d’Erevan

 
   Menoua (ou Menua ou Menuas ou Meinua ou Menona, 810-785), le souverain suivant étendit le territoire vers le Nord, par l’annexion des domaines Araratiens. Il laissa plus de 90 inscriptions en utilisant les écritures cunéiformes Mésopotamiennes dans la langue Ourartéenne. Son fils, Argishti I (ou Argištiše, en Arménien : Արգիշտի Argishti, 785-766) lui succéda et dès les premières années de son règne, il mena une campagne vers l’Ouest. Il voulait s’emparer des principales routes commerciales contrôlées par les Assyriens et se procurer un accès à la Méditerranée. Il conquit la cité Néo-Hittite de Lattaquié (ou Latakiyah ou Ladhiqiyya ou Laodicée ou Laodikeia ou Laodiceia) qui fut la principale ville portuaire de la Syrie et parvint jusqu’à Byblos en Phénicie. Il construisit les villes : En 782, d’Erebouni (ou Erebuni, actuelle Erevan, à l’aide de 6.600 prisonniers de guerre (La plaque de la fondation est d’ailleurs conservée) et en 776 d’Argishtikhinili (ou Argishtihinili ou Armavir ou Sardarapat ou Hoktemberyan de nos jours) pour servir de fort et de citadelle de protection des territoires nouvellement conquis. L’Ourartou atteignit alors son maximum d’expansion territoriale, alors que l’Assyrie, l’ennemi de toujours, connaissait une période de régression politique.
 
   Plus tard vers 650, un nouvel État, les Mèdes, devint très puissant sur la scène politique. Sous son Roi Cyaxare (ou Ouvakhshatra ou Oumakishtar, 633-585) ils envahirent l’Assyrie mourante et mirent le siège devant Ninive. En 612, Cyaxare passa alliance avec le Roi de Babylone, Nabopolassar (626-605), il prit Nimrud, puis en Août il prit et détruisit Ninive. En 609, les deux alliés soumirent les derniers résistants Assyriens à Harran (ou Carrhes ou Carrhae), mettant fin ainsi à l’Empire Assyrien. Après la victoire et le partage de cet Empire, le Roi Mède régna sur une grande partie de l’Iran, l’Assyrie et le Nord de la Mésopotamie. Puis il poursuivit ses conquêtes vers l’Ouest et s’attaqua à l’Ourartou, s’emparant en 590 de Rushahinli qui fut détruite et en 585 de Tushpa, mettant un terme au royaume Ourartéen et annexant du même coup l’Arménie à son Empire.
 


 

Art Ourartéen – Détail d’un casque de Sarduri II

   L’origine des Arméniens est une question toujours fortement controversée. À défaut de sources locales, certains spécialistes, principalement Arméniens, avancent qu’après la chute de l’Ourartou, dans ses montagnes, une tribu Thraco-Illyrienne d’une des anciennes principautés : Les Haïkans (ou Hay, le nom des Arméniens dans leur propre langue), se retrouva fixée par les Mèdes. Ils font un rapprochement avec le pays de Hayasa, mentionné dans les documents Hittites, qu’on localise généralement au Nord de la ville d’Erzurum (Anatolie orientale), ce qui tendrait à accréditer la thèse du caractère autochtone des Arméniens. Il faut savoir que beaucoup d’auteurs rejettent de cette opinion. La théorie la plus couramment avancée est que les Arméniens auraient fait partie des groupes Thraco-phrygiens passés en Anatolie vers 1200 au moment des invasions des Peuples de la mer. Une branche se serait séparée des Phrygiens et déplacée vers l’Est jusqu’à l’Euphrate dans la région de la ville actuelle de Malatya.
 
   La souveraineté de l’Empire des Mèdes ne dura pas, leur Roi Astyage (585-550/49) fut renversé par le Roi Perse Achéménide (Son petit-fils), Cyrus II le Grand (559-529). Celui-ci construisit un Empire, qui s’étendait de la Grèce à l’Indus et l’Arménie devint une satrapie de l’Empire Perse. Il semble que dès cette période l’Arménie fut gérée par des Satrapes plus ou moins indépendants se considérants en véritables "Roitelets". Comme on peut le voir sur un bas-relief de l’Apadana de Persépolis, les Arméniens étaient réputés pour l’élevage des chevaux et s’acquittaient de leur tribut aux Rois Perses sous forme de poulains. Le pays resta sous la domination Perse pendant deux cents ans. Selon Hérodote (Historien Grec, v.484-v.425) qui donne une liste des satrapies Perses à l’époque du Roi Darius I (522-486), la XIIIe et la XVIIIe correspondaient à peu près au territoire de l’Arménie historique. C’est par Xénophon (Philosophe, historien et maître de guerre Grec, v.430-v.355), qui en 400 dirigea la retraite des "Dix Mille" (Voir Cyrus le Jeune) et traversa l’Arménie avec d’autres soldats Grecs pour regagner son pays, que nous connaissons le nom d’un Satrape d’Arménie, qui allait marquer le pays, Orontès.
  


 

Bas-relief représentant des Arméniens,
escalier Est de l’Apadana de Persépolis.

   Orontès I (ou Aroandes ou Orontes ou Ervand ou Yervand, en Perse : Auruand “Grand guerrier“, en Arménien : Երուանդ Ա, en Grec : Ορόντης, 401 à 344) fut le fils d’un certain Artasyras (ou Artasouras), Satrape de Bactriane sous le règne du Roi Darius III (336-330). Il fit partie des familiers du Roi Artaxerxès II (404-359) et grâce à cela il épousa Rhodogune, la fille de ce dernier et de Stateira, fille d’Hydarnes III d’Arménie. Selon Xénophon, dès 401, Orontès I dirigea l’Arménie comme Satrape, où il disposait d’une résidence et d’un palais. De 386 à 383/381, il participa à la campagne de Chypre contre Évagoras I (En Grec : Evagoras, 410-374).
 
   À cette époque il était chargé des forces terrestres et il accusa le Satrape Tiribaze (ou Tiribazos ou Tiribazus), commandant de la marine Achéménide, d’avoir mené des négociations personnelles lors du siège de Salamine. Artaxerxès II soutenant Tiribaze, Orontès tomba en disgrâce et fut exclut de ses amis et le Roi le transféra en Mysie. Orontès I fut ensuite impliqué dans la révolte des Satrape d’Asie Mineure de 366-361 avec le Roi d’Halicarnasse, Mausole (377-353), Datamès (ou Datame, 385-362) de Cappadoce et Ariobarzane de Phrygie (ou Ario Barzan ou Aryo Barzan ou Ariobarzanês, 407-362) etc… Orontès trahit ses alliés pour rentrer en grâce auprès du nouveau Roi Achéménide, Artaxerxès III (358-338). Il mourut en 344 et fut suivit à son poste de Satrape par Codoman, le futur Darius III (336-330). Il fut le père d’Orontès II, qui sera également Satrape d’Arménie et, selon Cyrille Toumanoff, le fondateur de la dynastie des Orontides (ou Ervandouni) qui régna jusqu’en 200 sur l’Arménie, la Sophène et la Commagène.
 
   Sous le règne de Darius III le Roi de Macédoine, Alexandre le Grand (336-323) envahit l’Empire Achéménide et prit possession petit à petit de tous ses territoires. Le Satrape d’Arménie en poste qui avait remplacé en 336, Codoman lorsque celui-ci était devenu Roi était Orontès II (ou Ervand ou Yervand ou Orontes, en Arménien : Երուանդ Բ, en Grec : Ορόντης, 336 à 1 Octobre 331), fils d’Orontès I et de Rhodogune. À la bataille de Gaugamèles, le 1 Octobre 331, il combattit sur le flanc droit pour le Roi Darius III contre les troupes d’Alexandre, avec 40.000 fantassins et 7.000 cavaliers sous son commandement, malheureusement pour lui, il mourut au cour de la bataille.
 


Monnaie d’Orontès I

   Comme le précise Cyrille Toumanoff, ironie du sort, son fils, Mithrénès (ou Mithranes ou Mithranès ou Mithrenes, en Arménien : Միհրան, en Grec : Mιθρένης ou Mιθρίνης, 331 à 323, puis 321 à 317), Satrape de Lydie, rejoignit Alexandre. En Mai 334, il se rendit au conquérant après la bataille du Granique, sans combat, et lui livra Sardes avec son trésor et sa forteresse. Il combattit ensuite à la bataille de Gaugamèles aux côtés d’Alexandre. Après la bataille, il fut nommé Satrape d’Arménie par Alexandre. Il n’est pas vraiment clair si Mithrénès réussit réellement à prendre le contrôle de sa satrapie car en fonction des auteurs Alexandre prit ou ne prit pas possession de l’Arménie. Quoi qu’il en fût, son gouvernement fut assez court car, après la mort d’Alexandre, il dut faire face aux ambitions territoriales des Diadoques. Au partage de 322, l’Arménie fut octroyée à Néoptolème (ou Neoptoleme, en Grec : Νεoπτόλεμος, 323 à 321), mais celui-ci fut tué dès 321 lors d’un combat contre Eumène de Cardia (ou Eumènès ou Eumenês, 362-316). La même année, lors du second partage de l’Empire d’Alexandre par les accords de Triparadisos, l’Arménie n’est plus concernée. On ne sait donc pas de quelle manière, mais Mithrénès fut restauré et il semble qu’il se proclama Roi. Comme nous en informe Cyrille Toumanoff son fils fut son successeur. Il faut noter qu’Orontès III n’est pas considéré comme tel par certains spécialistes. Les successeurs de Mithrénès resteront la plupart du temps indépendants face aux Séleucides, qui se réclamaient les successeurs d’Alexandre dans la région.
 
  Orontès III (ou Ervand ou Yervand ou Orontes, en Arménien : Երուանդ, en Grec : Ορόντης, 317 à vers 300 ou 260) voit donc une polémique sur son origine. Quelques spécialistes, dont Cyrille Toumanoff, le donnent comme le fils de Néoptolème, tandis que d’autres voient en lui un fils d’Orontès II ?. Son “règne” n’est guère plus clair. Diodore de Sicile (Historien et chroniqueur Grec, v.90-v.30) évoque en 316 un certain Ardoatès (ou Artaontès) qui, se recommandant de l’amitié du Général Macédonien Peucestas, fut établi en Arménie par les diadoques. René Grousset identifie cet Ardoatès à Orontès III. Pour Marie-Louise Chaumont et Giusto Traina, il s’agit d’Orontès II qui combattit à Bataille de Gaugamèles ?. Enfin d’autres historiens voient deux Rois différents, Orontès III de 317 à v.300 et Ardoatès de vers 300 à 260. Toujours selon Diodore de Sicile, vers 301 Ardoatès, qui devint Roi des Arméniens, donna son appui à Ariarathès II (301-280) pour reconquérir la Cappadoce sur le Stratège Macédonien Amyntas. Orontès III/Ardoatès lutta pour le contrôle du royaume d’Arménie et de Sophène contre le Roi Séleucide, Antiochos II Théos (261-246) avant d’être défait en 272 et contraint de payer un lourd tribut qui comprenait 300 talents d’argent et 1.000 chevaux et mulets. Orontès III/Ardoatès aurait ensuite été assassiné en 260 ?. Il choisit la ville d’Armavir (ou Sardarapat ou Sardarapat ou Hoktemberyan de nos jours, en Arménien : Արմավիր). Il eut comme successeur son fils Samès.
 
   Samès (en Arménien : Շամուշ, en Grec : Σαμωσ, 260 à 243 ou 260 à 240), naquit, selon certains spécialistes, en 290. Il commença sa carrière comme Satrape de Commagène. Sous l’emprise des Séleucides, il profita de la guerre entre ces derniers et le royaume Ptolémaïque d’Égypte pour prendre son indépendance. On ne sait pas quel côté il soutint pendant les guerres Syriennes car presque tout les documents de cette époque ont été perdus, mais il serait logique qu’il ait soutenu l’Égypte pour contrecarrer son puissant voisin Séleucide. Après la mort d’Orontès III, que la plupart des sources donnent comme son père, en 260, il prit le pouvoir également sur l’Arménie et la Sophène. Toutefois il faut souligner qu’il n’y a aucune trace de la manière de cette prise de pouvoir. La Commagène était en dehors des limites du territoire Arménien, mais les Satrapes continuaient d’occuper de nombreuses régions de l’Anatolie, comme la Cappadoce et Pont. Samès fonda la ville de Samosate, près de la cité actuelle de Samsat (Province d’Adıyaman en Turquie près de l’Euphrate). La cité fut aussi appelée Antioche de Commagène. Elle fut mentionnée pour la première fois par Eratosthène (Astronome, géographe, philosophe Grec, v.276-194) en 245 av.J.C. Le Roi de Bithynie, Zélas (ou Ziaelas ou Zielas, 254-229) trouva refuge à la cour de Samès à Samosate lorsqu’il fut chassé de son pays par sa belle-mère la Reine Etazèta. Le fils de Samès lui succéda.
 
   Arsamès I (ou Arsames, en Arménien : Արշամ, 243 à 228 ou 240 à 226) arriva au pouvoir et régna aussi sur la Commagène. Selon certains spécialistes il naquit en 260. Sous son règne l’Empire Séleucide essaya de renverser cette dynastie Arménienne. Arsamès I prit position dans les querelles de succession chez ces derniers en soutenant Antiochos Hiérax contre son frère, Séleucos II Kallinikos (246-225), qui fut battu lors d’une bataille contre le Roi Mithridate II (250-220) du Pont, près d’Ancyre (ou Ankara ou Ancyra) en 235, qui soutenait aussi Antiochos Hiérax. En 228, selon Polyen, lorsqu’Antiochos Hiérax traversait les montagnes d’Arménie, il fut reçu par Arsamès I qui était de ses amis. Après quoi Séleucos II perdit le contrôle de toutes les terres qu’il avait dans les montagnes du Taurus, ce qui fut à l’avantage d’Arsamès I. Ce dernier fonda ensuite la ville d’Arsamosata (ou Aršamašat ou Chimchât, en Arménien : Արշամշատ) en Sophène, située sur la rive Sud du Haut-Euphrate, mais son emplacement exact n’est pas connu, et en 235, la ville d’Arsameia (aujourd’hui Siverek, près de la ville d’Eski Kahta dans la province Turque d’Adiyaman) en Commagène. On ne connait pas le nom de son épouse mais Selon Cyrille Toumanoff, Arsamès I eut 4 fils : Xerxès, Abdissarès et Orontès IV qui lui succédèrent et Mithrénès II (ou Mithra, en Arménien : Միհրան) qui est enregistré comme étant le Grand Prêtre du temple du Soleil et de la Lune à Armavir (ou Argishtikhinili ou Sardarapat ou Hoktemberyan de nos jours).
 
   Xerxès (en Arménien : Շավարշ Šavarš, en Grec : Ξέρξης Xerxes, en Perse : šayāršā, 228 à 212 ou 226 à 212), l’aîné devint Roi de Commagène et Sophène alors que son frère Orontès IV gouverna l’Arménie. Au printemps 212, suite aux rébellions des Satrapes de Haute et Basse Médie et de Perse, soutenues par Xerxès, le Roi Séleucide, Antiochos III Mégas (223-187) envahit le territoire de Xerxès et l’assiégea dans la ville d’Arsamosata (ou Aršamašat ou Chimchât) dans le but d’annexer le pays à l’Empire des Séleucides. Xerxès réussit à s’enfuir mais il dut se soumettre au Séleucide et il fut forcé de reconnaître sa suzeraineté, de lui verser un tribut de 300 talents, 1.000 chevaux et 1.000 poulains, et d’épouser une de ses sœurs, Antiochis II. Pour beaucoup cet acte montre la puissance ou l’influence que Xerxès avait dans la région. Cependant, la même année, Antiochis II apprit que son mari avait décidé de trahir son frère, qui pensait qu’Antiochos III Mégas serait en mesure de prendre le contrôle de la Sophène et elle le fit assassiner (empoisonné). Cyrille Toumanoff émet l’hypothèse que Xerxès fut le père de Ptolémée I, Gouverneur puis Roi de Commagène (201-130). Lui succéda sur le trône de Sophène et de Commagène son frère Abdissarès (ou Abdissares, 212 à 200). Il n’y a pas de source connue pour ce Roi, seulement numismatiques. Ses pièces sont presque similaires à celles de son frère Xerxès. 
 
   Orontès IV (ou Ervand ou Yervand ou Orontes, en Arménien : Երուանդ, en Grec : Ορόντης, 228 à 200) aurait donc pris possession du trône d’Arménie en 228 à la mort de son père. Il prit comme capitale la ville d’Ervandachat (ou Ervandashat ou Jerwandaschat, en Arménien : Երվանդաշատ) située sur la rive gauche de l’Araxe et bordée par l’Akhourian. Il fut le dernier Roi de cette dynastie Orontide. Une inscription en Grec découverte en 1927 à Armavir (ou Argishtikhinili ou Sardarapat ou Hoktemberyan de nos jours) confirme l’existence de ce Roi et de sa mort, assassiné des mains de sa propre armée, et mentionne son frère Mithrénès II (ou Mithra, en Arménien : Միհրան) Grand Prêtre du temple du soleil et de la lune à Armavir. En 200, le Roi Séleucide, Antiochos III Mégas (223-187) décida d’envahir l’Arménie et il battit Orontès IV qui était déjà soumis à sa vassalité. Puis Antiochos III scinda le pays en deux petits royaumes, de chaque coté de l’Euphrate : La Petite Arménie ou Sophène à l’Ouest le long de la rive droite (Cilicie) et la Grande Arménie à l’Est sur la rive gauche. Pour diriger ces territoires il choisit deux de ses Généraux : Artaxias (ou Artašēs ou Artaxes ou Artashes), un Arménien d’origine noble (sûrement Orontide, bien qu’il n’y ait aucune preuve de ses liens avec cette famille) qu’il nomma Gouverneur (Stratēgós) de la Grande Arménie, et Zariadrès (ou Zareh ou Zariadres ou Zariadris) Gouverneur de la Petite Arménie Sophène.
 
   En 190, Antiochos III fut battu par les Romains à la bataille de Magnésie du Sipyle. Suite à cette défaite il fut contraint en 188 d’accepter le Traité d’Apamée qui vit la réorganisation de tous les territoires Séleucides. Antiochos III ne put plus intervenir au Nord du Taurus, créant ainsi un vide politique que remplirent immédiatement de nouveaux petits royaumes indépendants. Profitant de la situation, ses Généraux, Artaxias et Zariadrès, déjà Gouverneur (Stratēgós) de leur pays, avec le consentement Romain, déclarèrent leur indépendance et se proclamèrent Roi de leur territoire réciproque. Les nouveaux souverains débutèrent un programme d’expansion qui atteignit son apogée cent ans plus tard. Un sommaire de leurs acquisitions est fourni par le géographe Grec, Strabon (v.63 av.J.C-v.23 ap.J.C). Une nouvelle dynastie débuta en Arménie avec les Artaxiades.

 

Bibliographie

 
   Pour d’autres détails sur cette première période de l’Arménie voir les ouvrages de :
  
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Historical dictionary of Armenia, Scarecrow Press, Lanham, London, 2002.
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Chronologie de l’histoire de l’Arménie, p. 291, Revue de l’Orient Chrétien, Bureaux des œuvres d’Orient, Tome IX (XIX), Paris, 1914.
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Histoire de l’Empire perse de Cyrus à Alexandre, Fayard, Paris, 1996.
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Les Arméniens entre l’Iran et le monde gréco-romain (Ve s. av.J.C.-vers 300 ap.J.C, Histoire du peuple arménien, Privat, Toulouse, 2007.
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Histoire du peuple Arménien, Privat, Toulouse, 1986 et 2007.
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Histoire de l’Arménie des origines à 1071, Payot, Paris, 1947, 1973, 1984, 1995 et 2008.
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