Les  Phrygiens
De  vers  1200  à  vers  700
 

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  Voir aussi :  Apamée de Phrygie, Gordion, Les Peuples de la mer

 

Sommaire
 

Les origines
Localisation
La religion
La culture
La mythologie
L’histoire
Bibliographie

Théâtre d’Aphrodite
– Gordion 

 

Les origines

 
   La Phrygie (ou Phrygia, en Grec : Φρυγία, en Turc : Frigya) fut un royaume dans la partie Ouest de l’Anatolie centrale. Les Phrygiens (ou Phruges ou Phryges) qui parlaient une langue indo-européenne, sont originaires d’Europe centrale ou orientale. Selon Hérodote (Historien Grec, v.484-v.425), ils avaient au début le nom de “Briges” et auraient séjourné en Macédoine, puis ils seraient passés en Thrace, avant de migrer, via l’Hellespont, un peu avant la guerre de Troie dans cette ville en Asie Mineure. Ils auraient ensuite été les alliés de la cité dans son combat contre les forces du Roi Mycénien, Agamemnon. Si Hérodote a raison, il est possible que les Phrygiens aient fait partie des Peuples de la mer. Ils sont toutefois souvent considérés comme faisant partie d’un groupe Thraco-phrygien. Ce qui est sûr c’est qu’ils étaient liés aux Gasgas (ou Kaska ou Kaškäer ou Kaschkäer ou Gaschgesch ou Gašgeš ou Keschkesch ou Keske) qui était un petit royaume près de la mer Noire. Il nous est impossible de vérifier ce parcours par des sources Troyennes, qui nous seraient bien utiles, la langue parlée dans la cité n’ayant pas survécue, par conséquent, ses affinités exactes avec la société Phrygienne restent questions ouvertes. De même, que la date de cette migration et les relations que les Phrygiens vont avoir avec l’Empire Hittite.
 

Localisation

 
   Il est convenu aujourd’hui qu’ils s’infiltrèrent en Anatolie à partir de 1200, à l’époque de la chute de l’Empire Hittite et qu’ils constituèrent leur royaume sur le territoire de ces derniers, mais toutefois pas au centre même de l’ex puissance Hittite, qui se situait dans le grand virage du fleuve Halys. Ils prirent pour capitale Gordion qui était localisée près du fleuve Sangarius (ou Sangarios ou Sakarya) plus à l’Ouest. Selon Homère (Poète Grec, fin du VIIIe siècle), les Phrygiens habitaient deux régions d’Anatolie : En Ascania, qui fut la région autour du lac du même nom (aujourd’hui lac d’Iznik dans la province de Bursa), en Bithynie au Nord-ouest de l’Asie Mineure, et dans une terre de "forteresses", sur les bords du fleuve Sangarius, qui coule vers le Nord pour se jeter dans la mer Noire.
 

 
Cliquez sur un nom de ville ou de région

   Le royaume connut une extension variable suivant les époques. À son apogée, il s’étendait sur la plus grande partie du plateau Anatolien, de part et d’autre du Halys (Actuel Kizil Irmak). Le Nord-ouest de l’Asie Mineure reçut à une époque le nom de Phrygie Hellespontique. Vers 800/780, les Phrygiens vont même aller à l’Est empiéter sur le royaume de leur puissant voisin l’Ourartou, les descendants des Hourrites, les anciens rivaux des Hittites qui avait pris possession du Kummuhu (ou Commagène) et du Gurgum frontaliers du territoire Phrygien.
 
   Le royaume Phrygien fut très puissant dans la seconde moitié du VIIIe siècle, mais il fut affaibli, vers 700, par les invasions Cimmériennes (Peuple du Nord de la mer Noire qui se répandit en Asie Mineure pendant ce siècle) et la pression de l’Empire d’Assyrie, la dominante dans l’Est de l’Anatolie à l’époque. Aujourd’hui il subsiste peu de chose du royaume de Phrygie qui aura duré près de cinq siècles. En 103 av.J.C la Phrygie fut annexée par Rome, à l’importante province d’Asie. À des fins administratives, les Romains maintinrent la Phrygie divisée, en joignant la partie Nord de la province à la Galatie et la partie Ouest à la province d’Asie. La Phrygie cessa alors d’exister géographiquement. Toutefois, le nom de Phrygie fut toujours utilisé de façon intermittente jusqu’à l’effondrement de l’Empire Byzantin en 1453.

 

La religion

 
   Dans la religion Phrygienne le culte le plus célèbre fut celui de Kubila (la Grand-mère ou mère des Dieux) que les Grecs et les Romains nommèrent Cybèle (ou Agdistis). Elle fut à l’origine adorée dans les montagnes de Phrygie sur le mont Dindymon où elle était connue sous le nom "Mère Montagne". Dans ses représentations, elle portait une robe longue ceinturée, un Polos (une haute coiffe cylindrique) et un voile couvrant tout le corps. Cybèle était la personnification de la nature féconde, la "Maîtresse des fauves" qui peuple la forêt.


 

La Sibylle Phrygienne –
Musée du Louvre


 

Dieu Attis dansant une fleur à la
main – Musée du Louvre

 
   On disait d’elle qu’elle pouvait guérir des maladies et qu’elle protégeait le peuple lors des guerres. Elle était issue du père des Dieux, mais fut abandonnée à la naissance et recueillie par un léopard (ou un lion). Celui-ci éveillera la Déesse aux mystères qui lui permettront de rédiger ses récits sibyllins. Elle disposait des clés de la terre donnant accès à toutes les richesses et son trône était gardé par deux léopards (ou deux lions). Son époux, était le jeune berger Attis (ou Atys), qui était le fils de Nana, la fille du Dieu fleuve Sangarius (ou Sangarios ou Sakarya). Il mourait toutes les nuits et Cybèle parcourait le pays en se lamentant sur sa mort. Ses sanctuaires, aux façades richement travaillées (VIe siècle), ont souvent été pris pour des tombeaux. Cybèle y apparaît entourée de musiciens et de fauves.
 
   On trouvait aussi les sibylles, qui étaient des Grandes Prêtresses auxquelles on attribuait des pouvoirs médiumniques. Elles faisaient leurs prédictions dans un langage énigmatique permettant de nombreuses interprétations, ce qui les mettaient à l’abri de toute contestation ultérieure. La sibylle était généralement représentée mûre sinon vieille. Les Sibylles, furent à l’origine des servantes de la grande Déesse Cybèle.
 
   Enfin les Phrygiens vénéraient Sabazios, représenté à cheval. Son principal attribut était le serpent. Bien que les Grecs associaient Sabazios avec Zeus, puis plus tard à Dionysos, des représentations de lui, même à l’époque Romaine, le montrent comme un Dieu cavalier. Il était en conflits avec les autochtones et la Déesse Mère (ou la Magna Mater, la Grande Mère) dont la créature était le taureau. On célébrait en son honneur des mystères privés. On ne connait rien du rituel qui lui fut lié avant l’époque impériale Romaine.

 

La culture

 
   Les Phrygiens conservèrent une identité culturelle distincte. Ils parlaient une langue indo-européenne dont la classification n’est pas encore aujourd’hui certaine, elle serait peut-être en relation avec le Grec. La langue des Phrygiens est connue seulement par des inscriptions funéraires, qui mettent en évidence son coté asianique, par rapport au Hittite ou au Louvite. Elle est attestée par deux corpus dont l’un date d’environ 800 av.J.C. Bien que les Phrygiens aient adopté l’alphabet Phénicien et que plusieurs dizaines d’inscriptions en langue Phrygienne aient été trouvées, elles restent non traduites. Tout ce qui nous est connu de ce royaume nous vient des informations provenant de sources Grecques et tardivement Assyriennes. Leur alphabet, utilisé jusqu’au Ve siècle va aussi subir l’influence Grecque.
 


 

Rhyton à tête de bouc trouvé dans le
tombeau de Midas à Gordion


 

Cruche trouvée dans le tombeau de Midas
– Metropolitan Museum of art

   La culture Phrygienne, très développée à l’âge du bronze, influença beaucoup celle Grecs, notamment dans le domaine de la musique où les plus anciennes traditions seraient issues de Phrygie et transmise en Anatolie à travers les colonies Grecques. Un Roi Midas est supposé avoir été formée en musique par Orphée (fils du Roi de Thrace Œagre et de la Muse Calliope). Le aulos, instrument à anche à deux tuyaux (comme une flute), fut une invention musicale qui serait venue de Phrygie.
 
   Au niveau de la poterie, un type très particulier apparut au VIIIe siècle en Asie Mineure et est attribué aux Phrygiens. Pâris, le fils du Roi mythique de Troie Priam est réputé être Phrygien d’origine, comme le montre sa représentation habituelle, portant le bonnet (Bonnet Phrygien), qui sera ensuite repris en signe de liberté par les affranchis Romains, puis par les révolutionnaires Français en 1789. Le fabuliste Ésope naquit en Phrygie en 620. Une série de fouilles commencées à Gordion nous donnent la cité comme l’un des sites archéologiques les plus révélateurs de Turquie. Les fouilles confirment une destruction violente de la ville aux environs de 675 av.J.C.
 
   Une sépulture de la période de Midas III, communément identifiée comme le "Tombeau de Midas" a révélé une structure en bois profondément enfouis sous un vaste tumulus. Ce dernier contenait des biens funéraires, un cercueil, des meubles et des offrandes de nourriture. Ces artefacts sont aujourd’hui exposés au Musée archéologique d’Ankara. L’art des Phrygiens et leur culture ont continué d’exister, voire même à prospérer, bien après la chute de leur Empire. Les objets découverts dans la tombe de Midas III montrent que les Phrygiens étaient passés maîtres dans le travail du bronze ainsi que dans celui du bois. Leurs céramiques et les décors de leurs édifices présentent des ornements géométriques particuliers, dont les motifs se retrouvent sur des meubles en marqueterie.

 

La mythologie

 
   Tous les Rois mythiques de Phrygie furent nommés tour à tour : Gordias (ou Gordius, en Grec : Γορδίας ou Γόρδιος) et Midas (en Grec : Μίδας). Certaines sources place Tantale comme un Roi de Phrygie. Selon la légende à l’ère mythique avant la guerre de Troie, pendant une période d’interrègne, Gordias, un agriculteur Phrygien, devint Roi. À cette époque les Phrygiens s’étaient tournés vers la sibylle de Sabazios à Telmessos. La Grande Prêtresse les avaient chargé d’acclamer Roi le premier homme qui s’avancerait vers le temple de Sabazios sur un char. Cet homme fut Gordias (ou Gordios ou Gordius), un agriculteur, qui conduisait un char à bœufs qu’il attachait à un arbre avec le fameux “nœud gordien”, dont quiconque, selon la prophétie, parviendrait à le dénouer deviendrait le maître de l’Asie, exploit qu’accomplira le Roi de Macédoine, Alexandre le Grand (336-323).


 

Homme en costume Phrygien
– Période Hellénistique –
Vers IIe siècle av.J.C –
Musée du Louvre


   Gordias fonda une capitale Gordion, près du fleuve Sangarius (ou Sangarios ou Sakarya), dans l’Ouest de l’Anatolie centrale. Elle était située sur la voie de l’ancienne route commerciale qui traversait le cœur de l’Asie Mineure, qui deviendra la "route Royale" sous le Roi Perse, Darius I (522-486) et qui passait aussi par Pessinonte (ou Pessinus) et Ancyre (ou Ankara).
 
   Une autre version du mythe nous dit que, Midas se rendait sur un char à une assemblée du peuple, dont les membres lui étaient opposés, et qui s’apprêtaient à élire leur futur Roi. Dans le même temps la prédiction d’un oracle dit au peuple que serait Roi celui qui viendrait à eux sur son char. C’est ainsi que les électeurs choisirent Midas pour souverain. La version de Polyen (Orateur et écrivain Grec, milieu du IIe siècle av.J.C) dit que les partisans de Midas seraient sortis de la ville sous prétexte de participer à une cérémonie, ils auraient poignardé tous leurs adversaires et occupé la cité, puis ils auraient proclamé Midas Roi de Phrygie.


 

Attis coiffé du bonnet Phrygien –
Musée du Louvre

 
   Le point commun de la plupart des versions de ce même mythe est que Gordias est père de Midas, qui serait le fondateur du royaume et Gordias serait le fondateur de la ville de Gordion. Plusieurs mythes entourent un Roi Midas, que certains identifient à Midas III. Le premier le met en contact avec Silène (Demi-dieu, père adoptif et précepteur de Dionysos) qui lui aurait accordé la faculté de transformer en or tout ce qu’il touchait. Incapable de manger et de boire, Midas supplia le Dieu de reprendre son présent. Dionysos lui ordonna alors de se laver les mains dans les eaux du fleuve Pactole, dont le sable se changerait en or. Dans un autre, le Roi est un des juges à un concours musical entre Apollon, jouant de la lyre et Marsyas, le satyre Phrygien disciple de la Déesse Cybèle, jouant du aulos.
 
   Lors de ce concours les Muses déclarèrent Apollon vainqueur. Pour punir Marsyas de sa défiance Apollon le fit écorcher et jeta sa dépouille dans une grotte, d’où coule une rivière, qui prendra le nom du satyre. La Marsyas se jette dans le fleuve Méandre. Pour avoir tranché en faveur de Marsyas, le Roi Midas fut puni et se retrouva avec une paire d’oreilles d’âne. On trouve encore une autre version qui raconte que Midas est un Roi mythique de Thrace et accompagné par son peuple il voyageait en Asie Mineure pour aller se laver dans le fleuve Pactole afin de rompre le charme sous lequel l’avait mis Silène. Laissant l’or dans les sables du fleuve, Midas aurait été adopté par Gordias Roi de Phrygie sans enfants et prit sous la protection de Cybèle. Agissant comme le représentant de Cybèle Gordias aurait désigné Midas comme son successeur.
 
   Pendant la guerre de Troie, les Phrygiens envoyèrent des forces à l’aide de la cité, dirigées par Ascagne et Phorcys, les fils d’Aretaon. Quintus de Smyrne mentionne un autre Prince Phrygien, nommé Coroebus, fils de Mygdon, qui combattît à mort à Troie. La femme du Roi mythique de Troie Priam, Hecabe est dit généralement être de naissance Phrygienne, en tant que fille du Roi Dymas. Priam serait venu en territoire Phrygien à l’occasion de la guerre de ces derniers contre les Amazones à une époque où ses dirigeants avaient pour nom Otreus et Mygdon. Ces deux noms ne semblent n’être guère plus que des éponymes. Il y avait un endroit appelé Otrea sur le lac Ascania et les Mygdones étaient un peuple d’Asie Mineure, qui résidaient à proximité du lac Dascylitis. Son fils Pâris est réputé être Phrygien, comme le montre sa représentation habituelle, portant le bonnet (Bonnet Phrygien).

 

L’histoire…..

 
   Il est vraisemblable que l’installation des Phrygiens s’étendit sur plusieurs décennies et qu’ils se mélangèrent progressivement avec les populations en place. En réalité, nous connaissons plutôt mal qui ils étaient vraiment et nous ignorons tous des premiers siècles de leur présence. Après l’effondrement de l’Empire Hittite, vers 1200, le vide politique en Europe centrale et en Asie Mineure fut comblé par une vague d’Indo-européens migrants que l’on nomme les "Peuples de la mer". Ces derniers étant pour beaucoup d’historiens, les responsables de l’effondrement des Hittites.


 

Midas III

 


 
Monnaie bronze d’Apamée – IIe/Ier siècle av.J.C

   Parmi ces peuples se trouvaient les Briges (ou Byriges) qui venant de Thrace, migrèrent via l’Hellespont, un peu avant la guerre de Troie dans cette ville en Asie Mineure, puis se seraient installés en Phrygie. Ils s’implantèrent dans la région du fleuve Sakarya et prirent pour capitale Gordion (Aujourd’hui Yassihöyük), mais aussi sur les ruines des places fortes Hittites, comme l’ancienne capitale, Hattousa. Ils vont d’ailleurs emprunter bon nombre d’éléments culturels aux civilisations Hittite et Ourartéenne. On ne sait pas si les Phrygiens ont été activement impliqués dans la chute de la capitale Hittite où si ils ont simplement emménagé après l’effondrement de l’hégémonie Hittite.
 

  Vers 1100, les annales cunéiformes de l’Empereur Assyrien, Téglath-Phalasar I (1116-1077) mentionnent les attaques sur le haut-Euphrate d’un ennemi qu’ils appellent les Mosques (Mushki, ou Moushkis). Les Phrygiens représentèrent l’élément occidental de ce groupe de peuples. Probablement, le royaume Phrygien comprenait une confédération de peuples unis contre l’Empire Assyrien.
 
   Plusieurs siècles après cette première notification, à la fin du VIIIe siècle, les annales de l’Empereur d’Assyrie, Sargon II (722-705) parlent de Mita (ou Mi-Ta-A) un Roi des Mosques qui est identifié avec le Roi Midas III de Phrygie. Une de ces inscriptions le présente, en 709 av.J.C comme un ennemi de Sargon II. À partir de 1100 les Phrygiens fondèrent un royaume indépendant qui sans cesse au fils des siècles grandit en territoire et en puissance. Il perdura cinq siècles sous le règne des Rois nommés tour à tour Gordias ou Midas, en maintenant des contacts commerciaux étroits avec ses voisins de l’Est et les Grecs de l’Ouest. Cependant, il n’est pas certains que les Phrygiens aient eu un contrôle total de l’Anatolie.
 
   Par exemple, il n’y a aucune preuve que les Lydiens aient vécu sous l’hégémonie Phrygienne. Un autre point qui porte à croire que les Phrygiens ne contrôlaient pas totalement la région, est le manque de villes Phrygiennes le long de la mer Égée et des côtes méditerranéennes. Les fouilles des cités antiques sur ces côtes n’ont fourni aucune poterie ni objet Phrygien. Toutefois, le royaume semble avoir été assez puissant pour être en mesure de coexister avec les Assyriens, la puissance dominante dans l’Est de l’Anatolie à l’époque, jusqu’à la fin du VIIIe siècle, où plusieurs éléments conjugués menèrent à sa perte.
 
   Midas III (ou ou Mi-ta-a, en Grec : Μίδας ou Mita dans les sources Assyriennes, 740 à 696 ou 738-695 ou 715 à 676) est sans doute le Roi le plus connus de l’histoire du pays, bien qu’il soit entouré de beaucoup de légendes qui sont peut-être à mettre au profit d’un autre Midas ? (Voir Mythologie). La première mention sur ce Roi date de 738 av.J.C, lorsque le Roi Cimmérien Phrygerreich lança ses premières attaques sur l’Asie Mineure. Dans le même temps Midas III dut faire face à la poussé de l’Empereur d’Assyrie, Sargon II (722-705) qui cherchait lui aussi à se rendre maître de l’Anatolie. Afin d’essayer de le contenir, en 718/717, Midas III s’allia au Roi de Karkemish, Pisiris (ou Pisiri, v.730-718/717) et au Roi du Tabal, Hulli, mais ils furent écrasés et Karkemish fut prise par les Assyriens. Vers 707, Midas III dut payer un lourd tribut à ces derniers. Cette défaite explique peut-être le rapprochement des Phrygiens avec les cités Grecques de la côte. Il acquit une grande réputation chez les Grecs d’Europe en raison de ses richesses, il ira jusqu’à offrir son trône au temple de Delphes.


 

Tumulus de Midas

 
   Déjà affaiblie par sa lutte contre l’Assyrie, la Phrygie fut victime à partir de 700, de nouvelles invasions Cimmériennes, qui parties du Caucase, entraînèrent la ruine de la plupart des grandes citées. Les fouilles d’archéologues Américains ont révélé dans la capitale, Gordion un énorme rempart, très supérieur à celui des cités Grecques de l’époque, avec des tours régulièrement espacées, qui protégeaient des constructions bien alignées et faites selon le type traditionnel du mégaron (Nom de la pièce principale des habitations en Grèce et en Anatolie, elle dispose d’un foyer central entouré de deux ou quatre colonnes).
 
   Malheureusement la cité eut beau être dotée d’un système défensif perfectionné, avec ses hauts murs d’enceinte, elle ne résista pas en 696 (on trouve aussi 679) au Roi Cimmérien Phrygerreich qui envahit la capitale Phrygienne. Il saccagea et brûla la cité, tel que le rapporta beaucoup plus tard par Hérodote (Historien Grec, v.484-v.425). Midas III périt en les combattant, certains spécialistes avancent qu’il se serait suicidé en buvant du sang de taureau. Dans tous les cas sa mort mit fin à la courte hégémonie de la Phrygie.
 
   De plus en plus d’historiens et d’archéologues ont tendance à prendre 679 comme date de la chute de Gordion. De ces faits certains historiens vont plus loin en proposant que le Midas de 738 et celui de la prise de la capitale soit deux Rois différents du même nom ?. Des fouilles récentes, se basant sur la datation d’artefacts et de restes de poterie, confirment une destruction de la ville aux environs de 800, qui ne serait donc absolument pas due aux Cimmériens. Cette réinterprétation archéologique est cependant très débattue. Midas III épousa une Grecque, Démodiké (ou Hermodikè).
 
   Un grand tumulus à Gordion, appelé le "tumulus de Midas" lui est attribué. Le corps trouvé à l’intérieur de la chambre funéraire, entouré d’un impressionnant ensemble de vases de bronze et de mobilier, est celui d’un homme de petite taille, âgé de 60 ans. (voir Gordion, le grand tumulus). Ce qui a surpris les archéologues, qui ont fouillé ce tombeau, c’est le manque d’or dans la chambre funéraire, parce que Midas était célèbre pour ses trésors. L’une des raisons serait que les Cimmériens auraient pillé les richesses du Roi lors de la prise de la ville. Lui était attribué également une tombe de 17 m. de hauteur découverte au XIXe siècle, sur le site archéologique de Midas Sahr (ou Midas Şehri). Le site se trouve dans le village de Yazilikaya, à mi-chemin entre Eskişehir et Afyon. Ce monument n’est plus aujourd’hui considéré comme une tombe, mais plutôt un site sacré pour la Déesse Cybèle.


 

Autre monnaie d’Apamée sous
Julia Domna (v.170-217)

 
   La Lydie, la nouvelle puissance montante de la région, repoussa les Cimmériens et profita de l’affaiblissement des Phrygiens pour annexer quelques uns de ses territoires. Son Roi Candaule (ou Myrsilos, 714-687), de la dynastie des Héraclides, fut déposé par Gygès (685-644) de la dynastie des Mermnades, qui s’installa à Sardes avec le titre de Roi de Lydie et commença son extension territoriale. Le site de Gordion contient un vaste programme de construction fait plus tard, semble t-il sous le règne du Roi de Lydie, Alyatte II (618-562).
 
   Dès le début de son règne, il semble que Gygès profita que son ancien suzerain, Midas III soit mort en combattant les Cimmériens pour annexer plusieurs cantons de la Phrygie à son royaume, selon Strabon (Géographe Grec, v.63 av.J.C-v.23 ap.J.C) il essaya de prendre toutes les routes qui menaient à la mer. Toujours d’après Strabon, Gygès débuta sa première campagne en s’emparant de la côte Carienne, puis du Nord et du Sud de la Troade et de la Mysie. Il fut, semble t-il, aidé au début par les Milésiens.
 
   Le Roi des Mèdes, Cyaxare (633-585), qui avec l’aide du Général Chaldéen, Nabopolassar (626-605), venait d’écraser l’Assyrie (Voir Perse, les Mèdes ou Mésopotamie, les Néo-Babyloniens) et qui avait hérité des terres d’Asie centrale, s’inquiétait de la monté en puissance de la Lydie et en 590, il entra en conflit avec elle. À l’issue de cinq ans de guerre sporadique (Selon Hérodote) le 28 Mai 585 (ou 601 ou 597), Cyaxare conclut un traité de paix avec Alyatte II. Le traité fut scellé par le mariage d’Aryenis, la fille d’Alyatte II avec le nouveau Roi des Mèdes, Astyage (585-550/49) et le Halys fut choisit comme frontière entre les deux Empires. La partie orientale de l’ex Empire Phrygien tomba alors entre les mains des Mèdes.
 
   La Phrygie suivit à partir de cette époque l’histoire du royaume Lydien et tomba avec lui, en 546, sous le joug du Roi Perse, Cyrus II (559-529). Avec l’Hellespont, la Paphlagonie et la Cappadoce, elle forma alors une satrapie. La capitale de cette satrapie Phrygienne fut établie à Dascylion, une cité créée par le Roi de Lydie Gygès en 659 sur les rives de la Propontide (L’actuelle mer de Marmara), à l’embouchure du fleuve Rhyndacos. Les Phrygiens fournirent un contingent à l’armée de Xerxès I (486-465) en 480. Puis, à partir de 335, le Roi de Macédoine, Alexandre le Grand (336-323) déjà maître de toute la Grèce, commença sa conquête de l’Asie. Ayant laissé le Gouvernement du Royaume à Antipatros (ou Antipater, Régent 321-319) il traversa l’Hellespont à la tête d’une immense armée de près de 35.000 fantassins et 5.000 cavaliers et débarqua en Troade.
 
   Alexandre libéra successivement toutes les villes côtières Grecques d’Asie Mineure. L’hiver 334/333 fut mit à profit pour s’emparer de la Lycie, de la Pamphylie, puis de la Phrygie. Alexandre, par l’intermédiaire d’un de ses Généraux, Parménion (v.400-330), fit le siège de la citadelle et prit Gordion, défendue par une garnison Perse, ce qui lui assura la maîtrise de l’Anatolie. Lors de sa visite dans la cité il y coupa le fameux nœud Gordien dans le temple de Sabazios (ou Zeus). La légende disait que celui qui relèverait le défit et arriverait à défaire le nœud serait le maître de l’Asie.


 

Tombeau de Midas III ou site sacré dédié
à Cybèle, à Midas Sahr (ou Midas Şehri)

 
   Après la mort d’Alexandre, ses anciens Diadoques se disputèrent les parties de l’Empire et lors du premier partage des territoires, la Phrygie échut à Antigonos I Monophtalmos ("Le borgne", Roi 306-301), qui l’occupa durant une quinzaine d’années avec quelques intrusions du Roi de Thrace Lysimaque (322-281). Après quoi Séleucos I Nikatôr (305-280), fondateur de la dynastie Séleucides, prit le contrôle de la région pour peu de temps, car vers 275, toute la partie à l’Est du Sangarius (ou Sangarios ou Sakarya) fut conquise par les Celtes qui lui laissèrent le nom de Galatie. L’ancienne capitale Gordion fut prise et détruite par les Galates.
 
   Dans le même temps la Phrygie occidentale entra dans le royaume de Pergame Plus tard, en 189 av.J.C, lorsque le Général Romain Manlius Vulso fit campagne en Phrygie, il trouva le centre de l’ancienne citadelle et la ville basse de Gordion abandonnés, seules les banlieues de l’Ouest de la cité étaient toujours occupées. En 188, alors qu’elle était revendiquée par les Séleucides, les Galates et les Attalides, la Phrygie fut récupérée définitivement par ces derniers lors de la Paix d’Apamée qui fut imposée par Rome. (Voir carte).
 
   De nouveau disputée entre le Roi du Pont et le Roi de Bithynie, lors de la disparition du royaume de Pergame, la Phrygie fut rattachée, en 103, par Rome, à l’importante province d’Asie. À des fins administratives, les Romains maintinrent la Phrygie divisée, en joignant la partie Nord de la province à la Galatie et la partie Ouest à la province d’Asie. La Phrygie cessa alors d’exister même géographiquement. Toutefois, le nom de Phrygie fut toujours utilisé de façon intermittente jusqu’à l’effondrement de l’Empire Byzantin en 1453.

 

Bibliographie

 
   Pour d’autres détails sur les Phrygiens voir les ouvrages de :
 
Klaus Belke et Norbert Mersich :
Phrygien und Pisidien, Tabula Imperii byzantini 7, Verlag der Österreichischen Akademie der Wissenschaften, Wien, 1990.
William Moir Calder :
Monuments from eastern Phrygia, Monumenta Asiae minoris antiqua Vol. 7, Longmans, Green & Co, London, 1956.
Ernest Chaput et Albert Gabriel :
Phrygie 1, Géologie et géographie physique : Exploration archéologique, Éditions de Boccard, Paris, 1941.
Francesco D’Andria et Paul Arthur :
Hierapolis of Phrygia, Pamukkale : An archeological guide, Ancient cities of Anatolia 5, Ege Yayinlari, cop. Istanbul, 2003.
Albert Gabriel :
Phrygie 2, La cité de Midas, topographie, le site et les fouilles : Exploration archéologique, Éditions de Boccard, Paris, 1952.
Phrygie 4, La cité de Midas, architecture : Exploration archéologique, Éditions de Boccard, Paris, 1965.
Louis Garafalo :
The road to Phrygia, Outskirts Press, Inc., Denver, 2007.
Caroline Henriette Emilie Haspels :
Phrygie 3, La cité de Midas, Éditions de Boccard, Paris, 1951.
The highlands of Phrygia; sites and monuments, Princeton University Press, 1971.
Barclay V.Head :
Catalogue of the Greek coins of Phrygia, Forni, Bologna, 1976.
Hans-Dieter Kaspar :
Phrygien, Korient Verlag, Hausen, 1990.
Sir William Mitchell Ramsay :
The cities and bishoprics of Phrygia, Arno Press, New York, 1975.
Antiquities of southern Phrygia and the border lands, Analecta Gorgiana v. 252, Gorgias Press, Piscataway, 2009.
Salomon Reinach :
Les fouilles de Gordion en Phrygie, Ernest Leroux, Paris, 1904.
Bilge Umar :
Phrygia, Kültür kitaplari; serisi 6, Ak Yayinlari, Ankara, 1982.

 

 

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