Sa durée de règne
Pépi II est un Roi de la
VIe dynastie.
Il est appelé par Manéthon,
Phiôps et il lui compte 94 ans de règne (Africanus).
Le Papyrus de Turin (4.5)
a une lacune et lui en compte 90 ans. Comme pour le reste
des Rois de cette dynastie nous sommes loin d’un consensus entre les historiens, en
ce qui concerne sa durée de règne. Il a de toute évidence un règne très long, 90 ou
64 ans ?.
Quelques égyptologues, dont
Jürgen von Beckerath et
Jean Vercoutter pensent que ce chiffre est probablement exagéré. Les estimations des spécialistes vont de 93/94 ans pour
James Peter Allen,
Jacques Kinnaer,
Donald Bruce Redford,
Ian Shaw et
Jaromir Malek, à 64/65 ans pour
Detlef Franke,
Hans Goedicke,
Michel Baud et
Thomas Schneider, voire 60 pour
Jürgen von Beckerath et
Jean Vercoutter.
Il est vrai que la date la plus lointaine trouvée relative à son règne est celle concernant le 31e
enregistrement d’un recensement national du bétail aux fins de la collecte des impôts, le 20e jour du 1er mois
(Pakhon) de la saison
Shemou. Normalement ces recensements avaient lieu tous les deux ans, cependant à
une certaine période (que l’on ignore) ils furent fait tous les ans !. Donc, comme le précise
Anthony John Spalinger, la
durée maximum du règne de Pépi II ne devrait pas dépasser 61/62 ans ?.
Toutefois on pense généralement que Pépi II est mort à l’âge de cent ans.
Hans Goedicke présente une suggestion intéressante, il prétend avoir détecté
la trace de la mention d’un 33e enregistrement d’un recensement du bétail dans un décret royal pour le culte funéraire de la Reine
Ouedjebten (ou Udjebten
ou Wedjebten). Il en déduit que cela implique fortement que ce Roi mourut peu de temps après un règne de près de 64 ans.
Son origine
Pépi II est traditionnellement considéré comme le deuxième fils de
Pépi I que celui-ci aurait eu avec sa deuxième épouse, la Reine
Ânkhesenpépi II.
Cependant, la découverte récente de sceaux de la
VIe dynastie montrent
que la Reine
Ânkhesenpépi II a bien épousé
Mérenrê I
après la mort de Pépi I et
devint la première épouse du Roi. De ce fait, beaucoup d’égyptologues pensent
que Pépi II était en fait le propre fils de
Mérenrê I. Quoi qu’il en
soit, il monte sur le trône encore enfant (Six ou dix ans), prenant la succession de
son père ou demi-frère Mérenrê I,
mort prématurément, et qui dans le cas ou il serait bien son
demi-frère n’a pas d’héritier légitime.
Du fait de son jeune âge, c’est sa mère
Ânkhesenpépi II qui
assure la fonction de Régente, épaulée par son oncle le Vizir Djaou.
Décret de Pépi II pour
l’octroi d’une immunité fiscale au temple de Min – Metropolitan Museum |
Son règne
Au-cours de son très long règne Pépi II va développer
l’administration en lui apportant une certaine "décentralisation" ce qui va lui faire perdre
progressivement le contrôle du pays. La première partie de ce règne se déroule
dans une relative tranquillité, mais la deuxième partie est marquée par
l’affaiblissement du pouvoir central. Les Princes conspirent contre le Roi et
les Nomarques, Gouverneurs des provinces (Nomes),
transmettent leur charge à leurs fils. Ils forment ainsi des
dynasties de dignitaires très bien implantées que le Roi ne peut plus
congédier et avec qui il doit composer. Ces Nomarques prennent de plus
en plus d’autonomie en s’attribuant des titres comme "Directeur de
Haute-Égypte" ou "Vizir".
La charge de Vizir ayant été dédoublée
par Pépi II de façon à diriger séparément la Haute et la Basse-Égypte.
Autant de phénomènes qui expliquent les troubles sociaux et les infiltrations de
nomades, qui profitent du désordre et envahissent le pays. Cette période
d’anarchie est connue par un papyrus, le Papyrus Leyde 1344, publié en 1909 par
Alan Henderson Gardiner. Cependant, la date du texte n’est pas certaine et quelques égyptologues
pensent qu’il pourrait tout aussi bien se rapporter à la
Première Période Intermédiaire.
Ce que l’on peut affirmer, c’est que
sous le règne de Pépi II, la politique de colonisation de la Nubie s’intensifie
avec plusieurs expéditions. Certaines sont menées par le haut dignitaire
Herkhouf (ou Harchouf), le Gouverneur d’Éléphantine,
déjà en poste sous Mérenrê I, dont
le souci majeur est d’assurer la sécurité des routes. C’est peut-être sous Pépi II et non pas sous
Mérenrê I qu’Herkhouf atteint la région de la
troisième cataracte du Nil, le pays de Yam et obtient la soumission des chefs tribaux locaux.
Les expéditions ne sont pas sans danger, les Nubiens exploités et peut-être
maltraités (?) par les Égyptiens se révoltent parfois. Dirigés par des
"chefs" de la ville de Karma, ils opposent de vives résistances. Les
bateaux navigants vers le pays de Pount sont attaqués par des arabes nomades.
Cependant cela n’empêche pas les échanges commerciaux de se développer considérablement.
Il est également connu que vers la fin du règne de Pépi II, les relations avec certaines
contrées étrangères furent complètement rompues, un signe supplémentaire de la
désintégration de l’autorité centrale. Quelques expéditions aux carrières d’albâtre
à Hat-Nub (ou Hatnub) sont enregistrées en l’an 14 et 31, dans le Sinaï et à des fin d’exploitation
minière pour le cuivre et la turquoise à l’Ouâdi
Maghara. Au Nord, les relations commerciales entre
Byblos et l’Égypte sont maintenues.
Piliers de la cour du temple
funéraire de la pyramide de Pépi II |
Sa succession
Il ya peu de registres officiels contemporains avec des inscriptions
mentionnant des successeurs immédiats à Pépi II. C’est pour cette raison
que, dans de nombreux livres, le Roi est généralement crédité comme étant le dernier souverain vérifiable de la
VIe dynastie et, de
ce fait, de l’Ancien
Empire. Ce qui est sûr c’est qu’à la mort du Roi le pays traverse une période très troublée
où le pouvoir central est affaibli, au milieu des complots et des querelles de successions. Selon
Christian Jacq, s’ajoute à cela : Des mauvaises crues,
une invasion de tribus bédouines de plus en plus importante, la montée en puissance de chefs de
nome. Tous ces faits
annonçant la
Première Période Intermédiaire.
Toutefois, selon
Manéthon
et le
Papyrus de Turin, son fils
Mérenrê II, lui
aurait succédé pour un règne d’un peu plus d’un an. Ce dernier étant
remplacé pour certain spécialistes par un Roi au nom de
Netjerkarê Siptah (1er Roi de Roi de la
VIIe dynastie), qui est nommé
aussi sur la
Liste Abydos. Cependant, selon la tradition populaire, qui s’appuie sur les
écrits de Manéthon,
ce serait la Reine
Nitocris qui prit le pouvoir et termina cette dynastie à la mort de son époux
Mérenrê II. Elle
fut la première femme officiellement considérée par une majorité d’égyptologues comme "Pharaon"
(Roi de Haute et de Basse-Égypte) régnant.
Ils confortent leur théorie par la
lecture du fragment où figure le nom de Neit-Iqereti ou
Nitiqreti nt-iqrty Nitocris, qui appartient à la
VIe dynastie, ce qui semble être aussi confirmer, et
Manéthon et
Hérodote (Historien
Grec,
v.484-v.425) qui avance la même idée. Il y a néanmoins un doute considérable sur le fait qu’elle n’ait jamais
existée, étant donné l’absence de preuves matérielles contemporaines attestant de sa nomination. De plus, si elle exista d’où venait elle ?,
était-elle une fille de Pépi II ?, de Mérenrê I ?.
Ses représentations
Seules deux statues identifiées comme représentant
Pépi II existent, ce qui est curieux pour un des monarques ayant régné le plus longtemps sur
l’Égypte ancienne. Encore plus étrange, ces deux portraits représentent
Pépi II sous l’aspect d’un jeune enfant. La première d’entre elles, est
aujourd’hui au Brooklyn Museum. Elle le représente avec la Reine Ânkhesenpépi III
(ou Ânkhesenmérirê III ou Mériré-Ankhémes III), le jeune Pépi II étant assis sur ces genoux.
L’enfant porte le
Némès, coiffure significative de la royauté. La seconde, une petite
statue, est aujourd’hui au
musée Égyptien du Caire. Elle montre Pépi II sous l’aspect d’un
enfant nu, accroupi les jambes écartées, avec sa main droite (aujourd’hui disparu) en contact avec sa bouche
(un geste symbolique de l’enfance pour le Dieu Horus).
Aucune autre statue du Roi n’est connue, seuls des portraits de lui
représenté en homme adulte, apparaissent comme sculptures des bas-reliefs de
son
complexe funéraire.
Sa sépulture
Pyramide de Pépi II |
Pépi II choisit la région Sud du plateau de
Saqqarah pour son monument funéraire.
Environ 120 mètres plus loin au Nord-ouest du tombeau-mastaba du Roi
Shepseskaf
(2472-2467, IVe dynastie).
C’est le complexe funéraire le plus au Sud de la nécropole
à une distance importante du complexe funéraire de
Pépi I.
On ne connaît pas la raison pour laquelle le Roi choisit
cet emplacement aussi loin au Sud de son père. Le nom que
le Roi a préféré pour son complexe funéraire était,
mn-anx-nfr-kA-ra
"Néferkarê vivant et endurant".
Il se compose de tous éléments devenus maintenantstandards au cours la VIe dynastie :
Une pyramide principale avec
à son entrée au Nord une chapelle, à l’Est sont localisés un
temple funéraire et une petite
pyramide satellite.
Une longue chaussée d’environ 400 m reliait le
temple funéraire (ou
temple Haut) au temple de vallée (ou temple d’accueil ou temple bas) au Sud-est de la
pyramide, dont des restes furent dégagés.
Le site fut minutieusement étudié par l’égyptologue
Gustave Jéquier qui put reconstituer l’ensemble du complexe ainsi que les textes figurant sur les
parois de la chambre funéraire.
Vers la fin des années 80, trois
pyramides de Reines,
avec leurs propres temples funéraires, furent mises au jour aux Sud et au Nord-ouest du complexe du Roi.
Elles ont été attribuées à la Reine Ipout II, la Reine Neith et
la Reine Ouedjebten (ou Oudjebten ou Wedjebten).
La pyramide de Pépi II mesurait 78,50 m de base, pour une pente de 53° 07′ 48" et une hauteur
originelle de 52,50 m, soit les dimensions conforment aux normes pour les
pyramides royales de la
VIe dynastie.
Sa famille
Pépi II eut cinq ou six épouses attestées :
• Neith
(ou Neit – Nt),
sa demi-sœur, qui selon quelques égyptologues, dont
Aidan Marc Dodson et Dyan Hilton, serait la mère de
Mérenrê II et selon
Joyce Anne Tyldesley de Nitocris,
en fonction des théories, soit avec
Mérenrê I, soit avec Pépi II.
Pépi II est plus sûrement, que
Mérenrê I le père de
Mérenrê II.
Ce dernier lui succèdera mais ne règnera qu’un an, soit comme le propose
Manéthon parce
qu’il fut assassiné, soit parce que compte tenu de la durée de règne de Pépi II, il arriva au pouvoir à un âge avancé.
Il n’y a pas d’autre enfant connu de cette union.
Sa sépulture est située au Nord-Ouest de la
pyramide de Pépi II.
(Voir à Neith pour ses titres).
• Ipout II (ou Iput), qui est peut-être sa sœur (ou demi-sœur). Son origine n’est pas certaine pour certains spécialistes
elle est une fille de Pépi I, et pour d’autres celle du Roi
Mérenrê I,
dans les deux cas on ne connaît pas la mère.
La sépulture d’Ipout II est une
pyramide à faces lisses située à l’Ouest de
celle de Pépi II près de la
pyramide de la Reine Neith.
Le bâtiment a une longueur de côté de 22 m et une hauteur originelle de 15,80 m, mais elle est
maintenant presque entièrement détruite. Elle fut découverte par
Gustave Jéquier vers
le début du XXe siècle.
Son complexe funéraire
comprenait aussi un petit temple de culte et une
pyramide satellite. On y a
découvert une version en parfait état des
Textes des Pyramides et
dans le magasin Ouest du complexe pyramidal un sarcophage
de granit mentionnant le nom d’Ânkhesenpépi IV.
Sur le couvercle de ce sarcophage se trouvait aussi des inscriptions qui jusqu’a récemment n’avaient pu
être déchiffrées. Les techniques modernes de photographie ont
permis de découvrir qu’il s’agissait des annales de la famille royale de la VIe
dynastie. Celle liste royale est appelée aujourd’hui Annale de la Pierre de Saqqarah Sud. (Voir à
Listes Royales). Elle eut les titres de :
Épouse du Roi (Hmt-nswt) ;
Épouse du Roi sa bien-aimée (Hmt-nswt meryt.f) ;
Celle qui voit Horus et Seth (mAAt-@r-¤tx) ;
Fille du Roi (sAT-nswt) ;
Fille du Roi l’ainée de son corps sa bien-aimée (sAT-nswt Xt.f mrt.f) ;
Princesse héréditaire (iryt -pảt).
On ne connaît pas d’enfant de cette union.
• Ânkhesenpépi III (ou Ânkhesenmérirê ou Mérirê-Ankhémes ou Ankhnespepy
– anx n=s ppj –
"Elle vit pour Pépi") qui selon certains égyptologues est la fille de
Mérenrê I, mais on ignore la mère, peut-être la
Reine Neith ?.
Elle fut enterrée entre
les pyramides des
Reines Neith
et Ipout II à Saqqarah, mais pas sous une
pyramide.
Ceci pourrait peut-être indiquer qu’elle était de rang inférieur aux autres Reines de Pépi II.
Sa chambre funéraire comportait une ligne de hiéroglyphes inscrite tout autour sur les murs du caveau.
Gustave Jéquier a découvert le sarcophage de granit de la Reine et sur le couvercle de basalte de celui-ci restaient des
inscriptions, sûrement écrites pendant le règne de Pépi II. Elle donna un fils à Pépi II,
Néferkarê III Nebi,
qui sera un des Rois éphémères de la VIIe dynastie.
Elle eut les titres de :
Épouse du Roi (hmt-nswt) et
Fille du Roi (sAt-nswt).
• Ânkhesenpépi IV (ou Ânkhesenmérirê ou Mérirê-Ankhémes ou Ankhnespepy
– anx n=s ppj – "Elle vit pour Pépi")
dont on ignore l’origine. Selon certains égyptologues,
dont
Joyce Anne Tyldesley, c’est elle qui serait la
mère de Néferkarê III Nebi.
D’après certains spécialistes après la mort du Roi elle se remaria avec un nommé Iounou.
Un texte gravé sur le couvercle de son sarcophage, mis au jour dans le magasin Ouest du complexe pyramidal de Ipout II,
fait état de l’histoire de la monarchie Égyptienne, mais il est malheureusement
très endommagé. Ce morceau de basalte mesure 2,43 m x 0,92 m et 20 centimètres d’épaisseur. Il
est inscrit sur les deux côtés, mais une grande partie de l’inscription est
effacée et illisible. Les techniques modernes de photographie ont permis de découvrir
qu’il s’agissait des annales de la famille royale de la
VIe dynastie.
Outre la chronologie des Rois, il contient
également beaucoup d’informations intéressantes sur les évènements des règnes de
chaque souverain, notamment ceux qui mirent fin au règne de
Téti I. Celle liste royale est appelée
aujourd’hui : Annale de la Pierre de Saqqarah Sud. (Voir à
Listes Royales).
Ânkhesenpépi IV eut les titres de :
Mère du Roi Ânkh-Djed-Néferkarê (mwt-nswt-ankh-djd-nfr-k3ra) ;
Mère du Roi de Haute et Basse-Égypte (mwt-nswt-biti Xwfw) ;
Épouse du Roi (hmt-nswt) ;
Épouse du Roi sa bien-aimée (hmt-nswt-meryt.f) ;
Épouse du Roi des hommes Ânkh-Djed-Néferkarê (Hmt-nswt-mn-ankh-nfr-k3ra) ;
Fille du Dieu (z3t-nrt-tw) ;
Enfant de Ouadjet (sdjtit-w3djt).
Il n’y a pas d’autre enfant connu de cette union.
• Ouedjebten (ou Udjebten
ou Wedjebten) qui selon certains spécialistes, comme
Joyce Anne Tyldesley, serait une sœur de Pépi II et pour d’autres elle n’aurait pas été d’origine royale, mais
son complexe funéraire est tout aussi important que celui des premières épouses de Pépi II.
Aucun de ses titres n’indique qu’elle était une fille de Roi, elle ne peut
normalement donc pas avoir été la sœur Pépi II comme
ses autres épouses Neith et Ipout II.
Il n’y a pas d’enfant connu de cette union.
(Voir à Ouedjebten pour ses titres).
• Méritâtès (IV) (ou Mérititès ou Meryetiotes –
Mrj.t-jt = s – "La bien aimé de son père").
Cette union est contestée. Elle fut peut-être une filles de Pépi I
où plus vraisemblablement plutôt une de ses épouses, car il fit construire pour elle, sur une colline naturelle,
une petite pyramide au Sud de
la sienne à Saqqarah.
Elle fut découverte en 1995 par des archéologues Français.
Méritâtès (IV) eut les titres :
Grande de louanges (wrt-hzwt) ;
Grande (Dame) au sceptre Hetes (wrt-Hts) ;
Celle qui voit Horus et Seth (mAAt-@r-¤tx) ;
Épouse du Roi (Hmt-nswt) ;
Épouse du Roi, sa bien-aimée (Hmt-nswt meryt.f) ;
Fille du Roi de son corps Pepi-men-nefer (sAT-nswt-kht.f-ppa-mn-nfr) ;
Compagne d’Horus (smrt-@r). Il
n’y a pas d’enfant connu de cette union.
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