La ville, noms et localisation
Coptos (ou Koptos en
Grec :
Κόπτος, en Égyptien : Gebtou ou Gebtu ou Gebtyou,
en Copte : Keft ou Kebto, en Latin : Justinianopolis, en arabe :
فط ou Qift)
fut la capitale du 5e nome de Haute-Égypte,
le nome "des Deux Divinités" (ou
Faucons – Hrwy). Elle est située sur la rive droite du Nil, juste
en face de l’ancienne ville de Nagada
(ou Ombos) dans la Gouvernorat de Qena, à environ 40 km de Thèbes,
au bord de la piste qui conduit au Ouâdi
Hammamât (ou Wadi). Coptos fut également un important établissement mentionné dans la littérature
ancienne comme un port d’importation d’éléphants d’Afrique, qui étaient nécessaires pour la guerre.
Porte Ouest du temple dit d’Osiris (Mission Coptos 2002) |
Ce fut aussi une ville importante du point de vue religieux.
Ses divinités tutélaires étaient : Min qui était figuré sous une forme ithyphallique
(Amon-Min) représentant la renaissance des
forces de la nature, dont le symbole était un éclair. Il était aussi considéré comme la divinité mâle de la région
désertique de l’Est. Son culte prit de l’importance surtout en Moyenne-Égypte où il fut associé à
Horus pour devenir Horus-Min. La cité possédait un
temple consacré à ce Dieu et un sanctuaire dédié au Dieu
Geb.
Plus tard, au Moyen
Empire (2022-1650), le clergé de Karnak associa sa forme à l’image
d’Amon et il prit le nom
d’Amon-Min (ou
Min-Amon-ka-Mut-ef "Min-Amon-taureau de sa mère" [Isis-Hathor]). Selon
Plutarque (Philosophe,
biographe et moraliste
Grec, 46-v.125), la Déesse
Isis aurait appris à Coptos la mort de
son frère et époux Osiris,
c’est pourquoi la ville était censée abriter le tombeau contenant l’un des seize membres du Dieu.
Selon Pascale Ballet
à la période
Gréco-romaine Isis (Isis-Hathor) et son fils
Horus (enfant) seront des divinités liées à Coptos.
(Voir bibliographie ci dessous)
L’histoire ….
Coptos, dès la
Période Pré-dynastique (v.3500-v.3150), fut
un des points d’implantation humaine les plus favorables de la Haute-Égypte. La cité,
qui possédait un bassin agricole important,
avait aussi un port sur le Nil qui fut construit aux débouchés des principales routes qui conduisaient au
Ouâdi Hammamât (ou Wadi), routes qui permettaient
également l’accès à des gisements minéraux. Durant 4000 ans, la ville fut un pôle économique florissant. Dans
l’Égypte antique, Coptos, connue alors sous le nom de Gebtou, fut aussi un grand centre administratif.
Elle abrita de nombreux carriers, tailleurs de pierre, corporations chargées de découvrir de nouveaux filons, artisans qui
purifiait l’or ainsi que des orfèvres.
Toutes ses professions faisaient sa richesse et sa réputation dans toute le pays.
Façade Ouest du temple de Min et d’Isis
– Photo IFAO |
De ce fait, ce fut un carrefour commercial qui joua un rôle
important au début de l’histoire Égyptienne. La cité fut donc le point de
départ des grandes caravanes qui permettaient de rejoindre les côtes de la Mer
Rouge, vers le port de Bérénice (ou Shashirît-Bérénice) ou plus au Nord celui de Tââou (ou Myoshormos).
Le commerce pour tout le Sud du pays passait par ces deux pistes.
À l’époque Ptolémaïque (305-30) ainsi
qu’à l’Époque Romaine et Byzantine,
les commerçants ont suivi la même route à des fins de troc sur les côtes de Zanzibar et dans
l’Arabie du Sud, l’Inde et l’Extrême-Orient.
La ville atteignit son apogée sous la
XIe dynastie (2134-1991) où elle joua un rôle politique important, mais elle fut peu après éclipsée au profit
de sa voisine Thèbes. Elle ne récupéra de l’importance que
beaucoup plus tard, durant la période Romaine. Coptos fut très prospère sous
la dynastie des Antonins, ce fut le camp de base de la IIIe Légion Cyrénaïque ou au moins l’une de ses
sous-unités.
À la suite d’une rébellion, elle fut assiégée et prise en 292 par l’Empereur Dioclétien (284-305) qui
la détruisit presque totalement. Elle retrouva assez rapidement sa puissance et vers la fin du IVe
siècle, elle fut appelée Justinianopolis. Les Chrétiens s’y installèrent assez tôt.
Selon Michel Lequien (Historien et théologien, 1661-1733 – Livre II, 607) cinq Évêques de la ville sont connus :
Theodorus; Phoebammon en 431; Sabinus en 451; Vincent, l’auteur des "solutions canoniques" et Moyses, qui a
écrit le panégyrique de Vincent. Puis comme beaucoup de villes Coptos fut obligée de subir la domination arabe. Bien que beaucoup
plus tard, il est à signaler (Parce que trop rare dans l’histoire) en 1176, que ses habitants Chrétiens levèrent l’étendard de la
révolte contre les musulmans, malheureusement ils furent balayés rapidement par Al-Adil, le frère de Saladin, Qui commettra
l’horreur de pendre près de 3 000 Coptes aux arbres de la ville.
Archéologie
Il ne reste que des ruines de cette grande cité rivale un temps de
Thèbes, mais les vestiges retrouvés attestent de son importance.
Trois groupes de temples furent mis au jour, ils étaient entourés d’un mur d’enceinte. Ils furent fouillés pour la première
fois par Gaston Maspero en
1882-1884, puis par Sir
William Matthew Flinders Petrie en 1893-1894, puis, plus tard, deux saisons par
Raymond Weill et Ad.Reinach en 1910-1911.
Enfin ponctuellement des travaux : Américains, Dunham en 1923 ; Égyptiens,
Labib Habachi en 1956 et Australiens,
Gregory Gilbert en 2000-2002. Le premier temple, au Nord, est le grand temple de Min et
d’Isis.
Il fut, d’après certains spécialistes, érigé sous le règne de
Ptolémée II Philadelphe (282-246)
sur les ruines d’un autre temple qui remonterait à
Amenemhat I (1991-1962).
Amon-Min |
Chapelle oraculaire de Cléopâtre VII après le
remontage de la paroi Est – Photo IFAO |
Il fut ensuite agrandi par
Ptolémée
IV Philopator (222-204). Les Empereurs Romains Caligula (37-41) et Néron
(54-68) l’auraient aussi embelli et agrandi. Néanmoins, ce temple ne fut
jamais entièrement décoré. Les blocs d’une passerelle, qui était presque
certainement liée à ce temple, découverts sur son côté Nord, ont été récemment
réassemblés au Boston Museum of Fine Arts. Les vestiges d’une chapelle dédiée à
Osiris,
qui fut érigée par le Pharaon
Amasis (570-526) de la XXVIe
dynastie, ont également été mis au jour au Nord près du temple. Sur le deuxième temple
dédié au Dieu
Geb,
au Sud de la ville, on a retrouvé les portes datant du Pharaon
Nectanébo II (360-342)
de la XXXe dynastie, qui fut le
dernier Roi indigène.
Il semble avoir eu des ajouts plus tard, dont le sanctuaire actuel, construit
sous le règne de Cléopâtre VII (51-30) et son fils,
Ptolémée XV Césarion (44-30). Ce temple
aurait été le théâtre d’un oracle populaire et une petite crypte où un Prêtre s’asseyait à l’arrière de l’autel
est encore visible. Sur le site du dernier temple, appelé "temple du milieu", construit pendant le règne de
Ptolémée II Philadelphe (282-246), on a
retrouvé des blocs d’une structure qui dateraient du Roi
Sésostris I (1962-1928) de la XIIe dynastie et une
porte du Roi Thoutmôsis III (1779-1425) de la
XVIIIe dynastie, avec des ajouts probablement fait par
Osorkon II (874-850) de la
XXIIe dynastie.
Ce temple se verra agrémenté d’ajouts mineurs par trois Empereurs Romains : Caligula (37-41), Claude (41-54)
et plus tard Trajan (98-117). D’autres structures ont été mises au jour sur le site, notamment : Une chapelle de la
Dynastie des Ptolémée, datant de
Cléopâtre VII, ainsi que, construit plus tard
après la conquête par les Romains en l’an 30, des portails associés aux Empereurs Caligula et Claude. Au Nord-est de
Coptos, à l’endroit du village moderne d’El-Qala, l’Empereur Romain Claude construisit un petit temple, environ 24 m
x 16 m, dédié aux divinités Min,
Isis et
Horus.
Fragment de bas-relief du temple
de Cléopâtre VII et Césarion |
Les travaux d’excavation de Coptos ont également révélé les vestiges d’un
cimetière à Kom el Momanien (ou Kom el Koffar) où des tombes datant de la
VIIIe dynastie (2140-v.2130) furent découvertes. Il y a également
plusieurs grands bâtiments en briques crues d’une époque très ancienne, certains sont conservés avec une hauteur de plus de
dix mètres. Juste au Sud de Coptos/Qift on trouve Qus, qui était l’ancienne Gesa, connue des
Grecs comme Apollinopolis Parva.
On y trouve un temple dédié à Haroeris (ou Horus
l’Ancien) et Héqet, la Déesse à tête de grenouille. Il fut construit au cours de
l’époque Ptolémaïque, cependant tout ce qui reste
aujourd’hui des structures sont les pylônes.
Entre 2000 et 2003 un grand projet archéologique Australien fut entrepris sur le site. Les fouilles permirent
de dégager plusieurs statues de Min. On retrouva aussi dans les décombres du temple du milieu, une série d’ordonnances royales
datant de la VIe dynastie et de la
VIIe dynastie sous forme de stèles, aujourd’hui connues sous le nom
de "décrets de Coptos". D’autres fouilles ont aussi été faites par une équipe Franco-belge, dirigée par
Claude Traunecker, professeur
d’égyptologie à l’université de Strasbourg 2.
Depuis 2002, a été créée "la mission archéologique Française de
Coptos" à l’initiative de
Laure Pantalacci, professeur d’égyptologie à l’université de Lyon 2, avec la collaboration de
Claude Traunecker et de Geneviève
Galliano, conservateur des antiquités du MBAL (Musée des beaux-arts Le Locle). Depuis 2005, la mission est devenue une
mission conjointe IFAO/Université-Lyon 2,
qui regroupe des chercheurs de l’IFAO
et des doctorants de Lyon 2 pour des campagnes d’environ 4 semaines, en octobre-novembre de chaque année.
Bibliographie
Pour d’autres détails sur la cité et ses monuments voir les ouvrages de :
Hélène Cuvigny :
– Coptos, plaque tournante du commerce érythréen et les routes transdésertiques,
pp : 158-175, Catalogue de l’exposition : Coptos, l’Égypte antique aux portes du désert, musée des Beaux-Arts
de Lyon, Mai 2000.
Marc Gabolde,
Pascale Ballet et
Hélène Cuvigny :
– Coptos, L’Égypte antique aux portes du désert, Hors Collection, Musée des Beaux-arts, Paris
RMN, Février 2000.
William Christopher Hayes :
– Royal decrees from the temple of Min at Coptos, Egypt Exploration Society, London, 1946.
Sharon Herbert, Andrea Berlin et Donald T.Ariel :
– Excavations at Coptos (Qift) in Upper Egypt, 1987-1992, Journal of Archaeology 53, Porstmouth, 2003.
Dimitri Meeks :
– Coptos et les chemins de Pount, Topoi, Lyon, 2002.
Laure Pantalacci et
Claude Traunecker :
– Le temple d’El-Qal’a à Coptos : État des travaux, pp : 379-390,
BIFAO 93, Le Caire, Janvier 1993.
Claude Traunecker
– Coptos, hommes et Dieux sur le parvis de Geb,
OLA 43, Peeters, Louvain, 1992 –
David Brown, Janvier 1992.
Bruce Williams :
– Narmer and the Coptos colossi, American Research Center in Egypt, New York, 1988.
Jean Yoyotte :
– Le nome de Coptos durant la Première Période Intermédiare, Orientalia 35, N°1, Pontificio Istituto Biblico,
Rome, 1966.
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