Vue des ruines du Site
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Aphrodisias (En Grec :
‘Aφροδισιάς) fut une cité de Carie dont le site
est situé près du village moderne de Geyre, en Turquie, à environ 100 km. à l’Ouest des côtes de la mer Egée et 230 km. d’Izmir.
Elle doit son nom à Aphrodite, la Déesse de l’amour qui avait un sanctuaire dans la ville avec son unique statue de culte, l’Aphrodite d’Aphrodisias.
Selon la Suda (ou Soũda ou Suidas ou Souídas), encyclopédie Grecque de la fin du IXe siècle,
son nom changea successivement trois fois, il y eut : Lelegonopolis (ou Lelégōn Pólis en
Grec :
Λελέγων πόλις, Ville des Lélèges),
Megalopolis (En Grec :
Μεγάλη Πόλις Grande Ville)
et Ninoe (ou Nino, en Grec :
Νινόη) et finalement Aphrodisias au IIIe siècle av.J.C.
On sait également que quelques temps avant 640 ap.J.C, dans l’Antiquité tardive, période où
elle était au sein de l’Empire Byzantin,
la ville fut rebaptisée Stauroúpolis (En Grec :
Σταυρούπολις Ville de la Croix).
Selon des inscriptions Aphrodisias eut de très bonnes relations avec Rome qui bénéficiait de ses carrières de marbre,
mais la ville fut aussi connue pour ses produits textiles fins (laine et coton).
L’histoire…
Les origines de la première colonie sur le site remontraient au IIIe millénaire av.J.C.
Selon Stephanus (historien Byzantin), la ville fut fondée par les Lélèges, d’où son nom de Lelegonopolis (ou Lelégōn Pólis Ville des Lélèges).
Lors de la période Hellénistique la cité fut en connexion (en sympolity citoyenneté commune) avec celle adjacente de Plarasa.
Nous en avons confirmation par des pièces de monnaie frappées en commun, retrouvées sur le site.
Autre vue du site avec l’agora, le
temple et les bains
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Il semble que la cité ne prit vraiment de l’importance que lors de la domination Romaine,
à partir du Ier siècle av.J.C. Lors de la guerre de ces derniers contre le Roi du Pont
Mithridate VI (120-63), contrairement à beaucoup de cités
Grecques
d’Anatolie, la ville se rangea du côté des Romains et leur
fournit même un contingent lorsque Général Romain Quintus Oppius, Proconsul de
Cilicie,
fut assiégé en 88. Par gratitude Oppius fut un mécène et un défenseur de la ville.
Pendant la guerre civile Romaine, après l’assassinat de Jules César (100-44), la ville conserva de bonnes relations
avec les personnes au pouvoir. Quintus Labienus († 39 av.J.C.), fils du Général Romain Titus Labienus était un
fidèle à la cause de la République Romaine, et après l’assassinat de César, il rejoignit le camp de ses meurtriers et se mit au service de l’Empire
Parthe.
En 40/39 av.J.C., à la tête d’une de leur armée il prit Aphrodisias. Cette dernière fut rapidement libérée
et obtint des trois triumvirs, Antoine, Octave et Lépide le statut de ville libre, l’immunité d’impôts et le droit d’asile.
Ces privilèges furent confirmés, encore et encore, par plusieurs Empereurs jusqu’en 243 ap.J.C par l’Empereur Gordien III (238-244).
La ville devint importante à partir l’époque de l’Empereur Auguste (27 av.J.C-14 ap.J.C) et pendant les deux premiers siècles ap.J.C.
comme de nombreuses villes d’Asie Mineure, elle se dota de nombreux bâtiments publics. À la fin du IIIe siècle, elle devint la capitale de la nouvelle
province de Carie.
Au IVe siècle ap.J.C., un tremblement de terre, suivi d’une inondation, détruisit la majeure partie de la cité. Avec la forte implantation
du Christianisme dans la région dans l’Antiquité tardive, le culte d’Aphrodite fut interdit et fut abandonné.
À la fin de la période Byzantine, la ville fut rebaptisée Stavrapolis (Cité de la Croix) et le temple fut transformé en église.
Un des tombeau mis au jour dans la cité
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L’archéologie
Aphrodisias ne fut redécouverte par les archéologues qu’au XXe siècle.
Les premières fouilles officielles ont été entreprises en 1904/5, par un ingénieur des chemins de fer Français, Paul Augustin Gaudin.
Certaines des trouvailles architecturales (surtout des frises, pilastres et chapiteaux) découvert sur le site sont aujourd’hui British Museum.
À partir de 1961, Kenan T.Erim, un archéologue Turc, sous l’égide de l’Université de New York, décida de consacrer sa vie à la remise en état de la cité.
Lorsque les premiers chercheurs arrivèrent, le site était recouvert par un village.
Ils retrouvèrent quelques fragments de statues et des sarcophages encastrés dans les murs des maisons, ou servant d’enclos pour les chèvres.
Les fouilles en cours sont actuellement dirigée par le professeur R.Smith (à l’Université d’Oxford) et le professeur Katharine Welch de l’Institut des
Beaux-arts de New-York. En Septembre 2014, des drones ont été utilisés pour constituer une carte 3D des ruines d’Aphrodisias.
Les données sont en cours d’analyse par l’Institut Archéologique Autrichien à Vienne.
Le site est très riche et comporte de nombreux édifices qui furent au fil du temps mis au jour
par les différents archéologues : Le
bouleutérion (ou odéon) ; Les fortifications ; Le palais épiscopal ; Le portique de Tibère ; Le Sébasteion ; Le stade ; Le
Tétrapylon ; Le temple d’Aphrodite ; Le Tétrastoon ; Le théâtre ; Les thermes d’Hadrien ; Les thermes du théâtre.
Le Bouleutérion (ou Odéon)
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▪ Le bouleutérion
Le bouleutérion (ou maison de conseil ou Odéon), est centrée sur le côté Nord de l’Agora et au Sud du temple d’Aphrodite.
Tel qu’il est aujourd’hui, il se compose d’une salle semi-circulaire et une structure de scène, peu profonde, d’environ 46 m. de large très bien conservée.
La partie inférieure de la salle reste intacte, avec neuf rangées de sièges de marbre divisés en cinq par des escaliers.
Le plan est extrêmement ouvert, avec de nombreuses entrées au niveau du sol et plusieurs escaliers radiaux donnant accès aux douze rangées supérieures de siège.
Un système de contreforts massifs parallèles montre que le bâtiment était voûté.
Les données disponibles indiquent une date de construction fin de IIe ou au début IIIe siècle ap.J.C. Le bouleutérion
servit aussi pour toutes sortes de représentations musicales : concert, ballet etc… et pour des réunions publiques.
Il resta sous cette forme jusqu’au début du Ve siècle, lorsqu’un fonctionnaire municipal l’adapta en palestre.
Il fut complètement mis au jour entre 1962 et 1967. Différentes portes, se trouvant dans la paroi arrière semi-circulaire, permettaient
l’accès à la partie supérieure de la cavea.
Deux bases de statues se trouvent aux extrémités des murs de soutènement de l’auditoire. Ces statues encadraient et dominaient la scène.
Le mur de scène qui fait face à l’auditoire était en marbre et comportait deux étages à colonnes.
Le bouleutérion fut construit durant la dynastie des Antonins, ou au début de la dynastie des Sévères par la famille de Tiberius Claudius Attalos,
un Sénateur Romain. Beaucoup d’inscriptions y ont été retrouvées, principalement dans la cavea et sa structure.
Un atelier de sculpteur s’installa derrière au IIe ou IIIe siècle ap.J.C.
Les bains
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▪ Les fortifications
Le mur de fortification d’Aphrodisias est plus ou moins circulaire avec un périmètre de 3,5 km.
Il entoure toute la ville et comprend le stade à sa limite Nord. Il comportait 23 tours et huit portes, dont une au Sud du stade.
Sa hauteur varie entre 2 m. et 10 m., et son épaisseur entre 2 m. et 3 m. Selon certains spécialistes, il aurait été construit dès 260 ap.J.C
pour se protéger de l’invasion des Goths en Asie Mineure et servit de défense à la ville.
Selon d’autres, il aurait été construit vers 355, pendant une période de paix
et serait un symbole du pouvoir impérial. Enfin une autre hypothèse avance qu’il servit de défense durant la révolte de Procopius
(325/326-366, usurpateur Romain contre l’Empereur Valens, et membre de la dynastie Constantinienne) en 365.
Au total, sa construction a nécessité 25.000 m² de pierres, toutes d’origine locale.
▪ Le Sébasteion
Le Sébasteion (ou Augusteum) est un complexe religieux qui fut consacré conjointement,
selon une inscription Ier siècle sur son propylon, à Aphrodite et à l’Empereur Auguste. Un relief trouvé dans les ruines du portique Sud représentait
une personnification des polis faisant sacrifice à l’idole d’Aphrodite d’Aphrodisias, vénérée comme “mère ancestrale“.
Aphrodite représentait la force cosmique qui intégrait la puissance impériale avec le pouvoir des élites locales.
Cette connexion entre la Déesse et la maison impériale était aussi un particulièrement politique à l’époque.
Il se trouve dans le secteur Sud-est de la ville, non loin de l’agora. Il est composé d’un propylon, d’un temple,
d’une voie processionnelle et de deux portiques. Le complexe fut mis au jour en 1979 par le professeur Kenan T.Erim. Le Sébasteion fut construit
entre 20 et 60 ap.J.C., entièrement construit en marbre blanc et gris provenant des carrières avoisinantes.
Le complexe du Sébasteion est orienté Est-ouest et est composé de deux portiques parallèles longs de 80 m., face à face à une distance de 14 m. et
la voie processionnelle pavée les sépare. Le temple du Sébasteion est à l’Est, à l’extrémité des portiques et domine tout l’ensemble du complexe.
Il est de type impérial Romain.
Le Sébasteion
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▪ Le stade
Le stade, de forme arrondi à ses deux extrémités Est et Ouest, se trouvait à la limite Nord de la ville,
loin du centre urbain. Sa construction date du Ier ap.J.C. et il a été utilisé jusqu’au VIe siècle. Il est l’un des mieux conservés de cette période
et l’un des plus grands, il pouvait accueillir 30.000 spectateurs. Sa longueur est entre 262 m. et 273 m. et sa largeur entre 59 m. et 85 m.
La piste, faisaient de 228 m. sur 39 m. La cavea fait toute la circonférence et est composée de 22 à 30 rangées de sièges.
Il est supporté par des remblais de terre et a une structure voûtée construite en pierre.
Certaines parties sont en marbre blanc local.
Le stade
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L’entrée se faisait par des escaliers côté Sud.
Il fut modifié vers la fin du IVe siècle. Une des deux modifications consiste en une fermeture du côté Est par un mur courbe.
Cette construction permettait d’accueillir 5.000 personnes de plus.
La seconde modification est celle du mur de fortification qui fut construit autour des murs Est, Nord et Ouest.
Au-dessus du mur Est du stade, on peut observer une grande arcade qui appartenait à ce mur.
Le stade était un édifice qui accueillait de nombreux évènements car on y organisait des festivals pour honorer Aphrodite,
des réunions politiques ou encore diverses compétitions sportives.
▪ Temple d’Aphrodite (ou l’Aphrodision)
Le temple était un point focal de la ville, mais le caractère de l’édifice fut modifié lorsqu’il devint une basilique Chrétienne au Ve siècle ap.J.C.
Il fut construit aux alentours du Ier siècle av.J.C. Le temple actuel fut construit sur un plus ancien dont il ne reste que les fondations, néanmoins,
cet édifice reste un sujet délicat et son existence est remise en cause.
Le temple d’Aphrodite
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Les fouilles ont mis au jour des structures en mosaïque,
des statues et des pièces de monnaie. Les sculpteurs Aphrodisias étaient célèbres et bénéficièrent d’une offre abondante de marbre à portée de main.
L’école de la sculpture fut très productive. Une grande partie de leur travail peut être vu sur
le site et dans le musée. Beaucoup de statues en pied ont été mises au jour dans la proximité de l’agora. Des Sarcophages ont été récupérés
dans divers endroits, le plus souvent décorées avec des motifs constitués de guirlande et de colonnes.
Le Tétrapylon
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▪ Le Tétrapylon
Porte monumentale qui mène de la rue principale Nord-sud de la ville dans un grand parvis devant le temple d’Aphrodite.
La passerelle fut construite vers 200 ap.J.C. Les arches du Tétrapylon (“Quatre portes” en
Grec)
reposent sur seize colonnes. Situé à un carrefour, ce monument marquait pour les pèlerins, l’accès au sanctuaire d’Aphrodite.
Le Tétrapylon date du IIe siècle ap.J.C. Il fut entièrement construit en marbre blanc, à l’exception des colonnes, qui sont des monolithes gris.
La façade orientale du bâtiment se compose d’une arche centrale et d’un tympan sculpté.
Tandis que la façade occidentale
est constituée d’un fronton brisé plus élaboré et d’un linteau en demi-cercle.
Son entablement est riche en sculptures. L’architrave du bâtiment a une hauteur approximative de 0,5 m., et est divisée en trois bandes décoratives.
Le Tétrapylon comporte de nombreuses inscriptions datant d’époques différentes, trouvées pour la plupart par la New York University lors d’une
expédition en 1985. Il fut restauré durant la deuxième moitié du IVe siècle, à la suite d’un tremblement de terre qui affecta grandement l’édifice.
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Le Théâtre |
Autre vue du Tétrapylon |
Statue de la frise du Sébasteion |
Autre vue du Sébasteion |
Peristyle de l’atrium |
Bibliographie
Pour d’autres détails sur la ville voir les ouvrages de :
Simone Besques :
– Aphrodisias : La cité de Venus retrouvée ; de la Grèce à Byzance ; histoire et monuments d’un grand site archéologique en Turquie,
Archéologia, Fontaine-les-Dijon, 1989.
Paul Cartledge :
– The Greeks : Crucible of civilization, TV Books, New York, 2000.
Kenan T.Erim :
– Aphrodisias, Awakened city of ancient art, National Geographic Magazine, June, 1972.
– Aphrodisias, City of Venus Aphrodite, Facts on File, New York, 1986.
– Aphrodisias, A guide to the site and its museum, NET Turistik Yayinlar, Istanbul, 1989, en Français,
Aphrodisias : guide du site et de son musée, Net, cop., Istanbul, 1989.
Kenan T.Erim et Ali Döǧenci :
– Aphrodisias : Ein führer durch die antike stadt und das museum, NET Turistik Yayinlar, Sultanahmet-Istanbul, 1992.
Fahri Işık :
– Girlanden-sarkophage aus Aphrodisias, Phiipp von Zabern, Mainz am Rhein, 2007.
Martha Joukowsky :
– Prehistoric Aphrodisias : An account of the excavations and artifact studies,
Brown University, Center for Old World Archaeology and Art, Providence, 1986.
David J.MacDonald :
– The coinage of Aphrodisias, Royal Numismatic Society, London, 1992.
David Parrish et Halûk Abbasoğlu :
– Urbanism in Western Asia Minor : New studies on Aphrodisias, Ephesos, Hierapolis, Pergamon, Perge, and Xanthos,
Journal of Roman Archaeology, Portsmouth, Janvier 2001.
Rubina Raja :
– Urban development and regional identity in the eastern Roman provinces, 50 BC-AD 250 : Aphrodisias, Ephesos, Athens, Gerasa,
Museum Tusculanum Press, Copenhagen, 2012.
Christopher John Ratté :
– Archaeological computing at Aphrodisias, Turkey, Connect, Humanities computing, New York University, 1998.
– Aphrodisias. V, The Aphrodisias regional survey, Philipp von Zabern, Darmstadt/Mainz, 2012, 2012.
Joyce Reynolds :
– Aphrodisias and Rome. Documents from the excavation of the theatre at Aphrodisias, Society for the Promotion of Roman Studies, London, 1982.
Louis Robert :
– Hellenica : Recueil d’eépigraphie de numismatique et d’antiquités grecques. 13, D’Aphrodisias à la Lycaonie : compte rendu du volume VIII des
Monumenta Asiae Minoris Antiqua, Bontemps, Limoges, 1965.
Charlotte Roueché, Joyce Reynolds et Gabriel Bodard :
– Inscriptions of Aphrodisias, King’s College London, Centre for Computing in the Humanities, London, 2007.
Charlotte Roueché et Joyce Maire Reynolds :
– Aphrodisias in late antiquity : The late Roman and Byzantine inscriptions including texts from the excavations at Aphrodisias
conducted by Kenan T. Erim, Society for the Promotion of Roman Studies, 1989.
Cemil Toksöz :
– Ancient cities of western Anatolia : Priene, Miletus, Didyma, Aphrodisias, Zafer Ofset Reprodüksiyon,
Istanbul, 1974 – Hankur Matbaacilik, Istanbul, 1986.
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