Le temple des Empereurs Romains
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Stratonicée de Carie (ou Stratonikeia ou Stratoniki ou Hadrianopolis, en
Grec :
Στρατονικεῖα ou Στρατoνικη
ou selon Étienne de Byzance : Στρατονίκεια,
en Latin : Stratonicaea ou Stratonicée) est identifiée aujourd’hui avec la ville d’Eskihisar, dans le district de Yatağan, dans la province de Muğla,
en Turquie. Le site est situé à une distance d’1 km. de la route qui relie Yatağan avec Bodrum et
Mylasa (ou Milas).
La zone d’influence de la cité couvrait également des petites localités voisines. Tite-Live (ou Titus Livius, historien Romain,
59 av.J.C-17 ap.J.C.) et Strabon (Géographe
Grec, v.63 av.J.C-v.23
ap.J.C) mentionnent les localités de Tendeba, Astragon et Pedasa.
Ce fut une cité prospère de l’intérieur de la
Carie, sur le Sud de la rivière Marsyas, qui contrôlait également deux grands sanctuaires,
celui de Zeus à Panamara et celui d’Hécate à Lagina. Le problème fut que posséder au niveau régional des sanctuaires importants était un puissant facteur
de conflit politico-militaire.
Lors des fouilles, les découvertes archéologiques ont permis de dégager des anciennes carrières de marbre, les ruines d’un théâtre,
d’un odéon, d’un gymnase, d’un Nymphaion, d’un sérapéum, une fortification de fort et d’autres ruines. Elles permirent également de
mettre au jour des objets funéraires en bronze, des céramique et deux tombes, près de la ville, avec des chambres.
L’histoire…….
Stratonicée fut une cité
Grecque qui selon
Strabon (Géographe
Grec, v.63 av.J.C-v.23 ap.J.C) fut fondée vers 270 av.J.C. par le Roi
Séleucide
Antiochos I Sôter (280-261) et nommée ainsi d’après
le nom de son épouse Stratonice I
(ou Stratonikê, en Grec :
Στρατoνίκη A’). Certains historiens ont contesté cette date et en proposent une plus
récente avec comme fondateur
Antiochos II Théos (261-246), voire même
Antiochos III (223-187) ?.
Ce qui semble certain c’est que la ville fut fondée sur le site d’une ancienne cité de
Carie, Idrias,
anciennement appelée, selon Pausanias (Géographe
Grec, v.115-v.180) : Chrysaoris,
qu’il dit être la première ville financée par les Lyciens.
Si il s’agit bien de la même cité, vers 545 av.J.C., Idrias fut soumise par le Roi
Perse, Cyrus II le Grand (559-529), lors de son invasion de l’Asie Mineure.
Idrias fut ensuite mentionnée au Ve s. av.J.C, vers 425, dans une liste des villes qui payaient un tribut
à la Ligue de Délos sous la domination
Athénienne.
Elle était responsable du paiement de la somme considérable de six talents, mais ne
faisait pas partie de la
Ligue.
Dans les premiers temps Séleucides,
Stratonicée fut par contre membre de la Ligue Chrysaorienne, une fédération de cités voisines de
Carie, proches ethniquement, et liées par des intérêts
commerciaux et aussi militaires défensivement. Elle ne fut pas admise de suite dans la Ligue mais seulement parce qu’elle contrôlait d’autres
petites cités qui en faisait partie. La Ligue est attestée par une inscription en 267 av.J.C, mais était probablement encore plus ancienne.
Sous les Rois Séleucides suivants,
Stratonicée fut parée de splendides et couteux édifices.
L’odéon et le sérapéum
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Vers 240, la cité tomba sous la domination de
Rhodes.
Ils la gardèrent peu de temps puisqu’elle fut conquise en 227 par le Roi de
Macédoine,
Antigonos III Dôson
(ou Antigone, 229-221). En 201/200 av.J.C, le Roi de Macédoine
Philippe V (221-179),
avait fait hiverner sa flotte dans la cité de Bargylia
qu’il occupa, lorsqu’il fut bloqué par les flottes de Pergame
et de Rhodes.
La ville et sa proche région restèrent sa possession jusqu’à la fin de la
Deuxième Guerre Macédonienne (200-197), lorsque
Philippe V
après avoir été défait (En 197 à la
bataille de Cynocéphales) par le Consul Romain Titus Quinctius Flamininus, dut signer la paix à Tempé, aux conditions imposées par
les Romains et se retirer de la ville, et la région.
Les Rhodiens essayèrent à ce moment de reprendre la
cité mais sans succès. Ils la récupérèrent quand même grâce au Roi
Séleucide
Antiochos III (223-187) qui la pris et leur donna.
Après la défaite d’Antiochos III
face aux Romains et la signature de la paix d’Apamée en 188 av.J.C.,
Stratonicée fit partie du territoire laissé par Rome aux Rhodiens.
Ces derniers ne la gardèrent pas longtemps non plus puisqu’elle fut reprise par les Romains en 167/166 av.J.C. et devint une fidèle alliée de Rome.
En récompense de cette fidélité les Romains lui attribuèrent le statut de ville libre. Il fut renouvelé lors de la création de la
province de Carie en 133 av.J.C.
Aristonicos (ou Aristonikos ou Aristonicus ou Eumène III
ou Eumènès III, 133-129), second fils du Roi de Pergame
Eumène II, à la mort de son
demi-frère Attalos III Philométor (ou Attale ou Attalus, 138-133)
qui légua son royaume à Rome, se servit d’Héraclée
du Latmos et de Bargylia
comme base pour son insurrection. Il déclencha une révolte et afin de grossir les rangs de ses partisans,
il essaya d’obtenir un soutien en promettant la liberté aux cités Grecques
de la côte. Certaines villes se rallièrent à la révolte, mais d’autres par peur des Romains, ne voulurent pas apporter leur assistance.
Aristonicos considérant qu’il était désormais le Roi légitime enleva de
force ces résistantes. Puis il chercha de l’aide à l’intérieur de l’Asie Mineure avec la promesse de la liberté pour les esclaves et les serviteurs.
Malheureusement pour lui tout cela sans succès et les cités furent réincorporées à la Province Romaine d’Asie.
Monnaie
de Stratonicée
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En 89/88, lors de la
Première Guerre
de Mithridate (89/88-85) des Romains contre le Roi du
Pont
Mithridate VI (120-63) ce dernier conquis et occupa la cité. Après sa reconquête pour les Romains
par le Général et Consul Sylla (ou Lucius Cornelius Sulla Felix, 138-78), celui-ci honora les habitants pour leur fidélité
et leur aide et en 81 il confirma une fois encore le statut de ville libre.
En 40 av.J.C., comme beaucoup de ville de la région Stratonicée souffrit des guerres civiles Romaines. Le Général Quintus Labienus († 39 av.J.C.),
fils du Général Romain Titus Labienus était un fidèle à la cause de la République Romaine, et après l’assassinat de Jules César (100-44) en 44,
il rejoignit le camp de ses meurtriers et se mit au service de l’Empire
Parthe. Cette même année, à la tête d’une de leur armée il prit la région et assiégea
Stratonicée mais en vain.
Les Romains reprirent le terrain en 39 av.J.C. et là encore ils confirmèrent son statut en remerciement de sa lutte et d’avoir tenu face à Labienus.
Durant l’Empire Romain, la ville suivit l’histoire de la région, gardant son statut de cité libre
dans la province de Carie, sauf sous le règne de l’Empereur Vespasien (69-79 ap.J.C.),
pour des raisons inconnues, mais dès l’Empereur Domitien (81-96 ap.J.C.), elle retrouva sa liberté.
Depuis vers 165 av.J.C., Stratonicée fut autorisée à battre sa propre monnaie, privilège qu’elle garda jusque sous le règne de l’Empereur
Gallien (253-268). Stratonicée fut Christianisée tôt. Seulement trois de ses Évêques sont connus, par leurs signatures aux conseils : Eupeithus,
au concile de
Chalcédoine (451) ; Theopemptus, au concile de Constantinople (692) et Gregory, au Concile de
Nicée (787).
Bibliographie
Pour d’autres détails sur la ville voir les ouvrages de :
George Ewart Bean :
– Stratonikeia, The Princeton Encyclopedia of Classical Sites, Princeton University Press, Princeton, 1976.
Sara Bélanger :
– Le sort des cit”s hell”nistiques au coeur des conflits entre Mithridate et Rome : Le cas de Stratonicée de Carie, Université de Laval, 2008.
Hans Kaletsch :
– Stratonikeia 2, Der Neue Pauly (DNP), Band 11, Metzler, Stuttgart, 2001.
Ibrahim Hakan Mert :
– Untersuchungen zur hellenistischen und kaiserzeitlichen Bauornamentik von Stratonikeia, Wasmuth, Tübingen 2008.
Ramazan Özgan :
– Die skulpturen von Stratonikeia, Asia Minor Studien. Band 32, Habelt, Bonn, 1999.
Walther Ruge :
– Stratonikeia, Paulys Realencyclopädie der classischen Altertumswissenschaft (RE), Band IV A,1, Stuttgart, 1931.
Vincenzo Ruggieri, Franco Giordano, Alessandra Acconci et Jeffrey Featherstone :
– La Caria bizantina : Topografia, archeologia ed arte : Mylasa, Stratonikeia, Bargylia, Myndus, Halicarnassus,
Soveria Mannelli (Catanzaro), Rubbettino, 2005.
Mehmet Çetin Şahin :
– Die inschriften von Stratonikeia. Teil 1 : Panamara, Habelt, Bonn, 1981.
– Die inschriften von Stratonikeia. Teil 2.1 : Lagina, Stratonikeia und Umgebung, Habelt, Bonn, 1982.
– Die inschriften von Stratonikeia. Teil 2.2 : Neue Inschriften und Indices, Zusammenarbeit mit Arminda Lozano-Velilla, Habelt, Bonn, 1990.
– The inscriptions of Stratonikeia. Part III, Habelt, Bonn, 2010.
Riet Van Bremen :
– La communauté de Panamara entre Rhodes et Stratonicée de Carie : Autour de la date d’un décret des Panamaréens dans le Fonds Louis Robert,
Comptes rendus des séances de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, PERSEE, 2008.
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