Son origine
Attalos I Sôter (ou Attale ou Attalus, en Grec :
‘Aτταλος Σωτὴρ
"Le Sauveur") fut le
Ier Roi de la dynastie Attalide de Pergame, ces prédécesseurs n’ayant jamais prit
le titre. Attalos I n’était pas prédestiné à monter sur le trône compte
tenu de son rang dans la famille royale. Il fut le fils d’Attalos et de la
Princesse
Séleucide Antiochis I.
Il naquit en 269 et en 241 il fut le nouveau Dynaste de Pergame.
On sait peu de chose sur le début de sa vie, il est mentionné, avec ses oncles, comme un bienfaiteur de
Delphes. Il gagna la célébrité en tant
que conducteur de char et fut déclaré vainqueur à Olympie et un monument lui fut dédié à
Pergame. Attalos
était un jeune enfant lorsque son père mourut, peu avant 241, après quoi il fut
adopté par son cousin germain, le dynaste
Eumène I, sans
enfant qui le fit son héritier.
Son règne
La victoire sur les Galates et les Séleucides
Tétradrachme d’Attalos I
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Attalos I hérita d’un royaume riche,
disposant d’une puissante armée et d’un vaste territoire qu’il allait encore
agrandir. Vers 238, sa première action fut de se débarrasser de l’emprise des
Galates, il décida de ne plus leur verser leur tribut. Cette même année, grâce à
ses victoires, la renommée d’Attalos I grandit, il prit le titre de Roi
(Basileus) et certains spécialistes disent que ce fut en son honneur que la
dynastie prit le nom d’Attalides. Toutefois, les Galates se révoltèrent à nouveau.
Ils se regroupèrent près d’Ancyre (ou Ankara)
pour envahir le territoire d’Attalos I, mais vers 237, à la bataille du Caïque, ils subirent une défaite écrasante.
En 230, ils conclurent un accord avec le Prince
Séleucide,
Antiochos Hiérax,
le frère cadet de Séleucos II
Kallinikos (ou Callinicos ou Callinicus, 246-225) et attaquèrent de nouveau
Pergame. Attalos I les vaincu une première fois à la bataille d’Aphrodisium et de nouveau dans un affrontement à l’Est.
Des batailles suivantes furent menées et gagnées contre les
Séleucides seuls : Dans Hellespont
Phrygien, où
Antiochos Hiérax chercha refuge chez son beau-père le Roi de
Bithynie,
Zélas (ou Ziaelas ou Ziaèlas, 254-229) au printemps de 228 ; et, selon Esther Violet Hansen, dans la dernière campagne,
plus au Sud, en
Carie sur les rives de
la rivière Harpasus, un affluent du Méandre. Ces victoires eurent un
énorme retentissement en Asie Mineure. Par là même, Attalos I mit un frein à
l’invasion de ces tribus Celtes qui ravageaient l’Asie Mineure depuis 280.
D’après
Strabon (Géographe
Grec, v.63 av.J.C-v.23
ap.J.C), après cette nouvelle défaite, les Galates se tinrent tranquilles
pendant 36 ans.
Les habitants de Pergame décernèrent
alors à Attalos I l’épithète de Sôter "Le sauveur". Pour commémorer sa victoire, Attalos I consacra à
Pergame
un groupe statuaire imposant représentant des Galates vaincus. Plus rien ne put arrêter l’expansion de
Pergame, les
Séleucides
étant sous le coup de querelles de succession entre
Séleucos II Kallinikos
(246-225) et son frère
Antiochos Hiérax.
Attalos I en profita pour étendre les frontières de son royaume jusqu’aux monts Taurus. Le royaume englobait alors la Mysie, la
Lydie, la
Carie, la
Pamphylie et la
Phrygie. Les
Séleucides
tentèrent de reconquérir leurs territoires en 223 avec
Séleucos III
Sôter (ou Kéraunos, 225-223) et en 219 et 218, mais ils furent battus lors des trois campagnes.
Une des statues commandées par Attalos I –
"Galate Mourant" – Musée du Capitole
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L’alliance avec Rome, les
guerres Macédoniennes
L’Est sécurisé, Attalos I tourna son
attention vers l’Ouest. Peut-être à cause des préoccupations que lui apportaient les ambitions du Roi de
Macédoine,
Philippe V (221-179).
Peu avant 219, le Roi de Pergame était devenu l’allié des ennemis
de Philippe V, la
Ligue Étolienne, une union d’États
Grecs en Étolie dans le centre de la
Grèce, après avoir financé la fortification
d’un bastion, près de l’embouchure de la rivière Achéloos.
L’alliance de Philippe V avec
Hannibal (247-183) de Carthage en 215 suscitait également l’inquiétude chez les Romains, alors impliqué dans la
Deuxième Guerre Punique (218-202). En 211, un traité fut signé entre Rome et la
Ligue Étolienne avec une
disposition permettant l’inclusion de certains alliés de la
Ligue, dont Attalos I faisait parti.
Il fut élu l’un des deux Stratèges (Généraux) de la
Ligue.
En 210 avec ses troupes
il participa à la prise de l’île d’Égine, qui devint sa base d’opérations en
Grèce. Au printemps suivant, en 209,
Philippe V se dirigea vers le Sud
de la Grèce. Sous le commandement de
Pyrrhias, le collègue d’Attalos I en tant que Stratège, la
Ligue perdit deux batailles à Lamia.
Attalos I prit alors personnellement les choses en main et, en Juillet de la même année, alla lui-même en
Grèce rejoindre
à Égine le Proconsul Romain, Publius Sulpicius Galba Maximus où il passa l’hiver. L’été suivant,
en 208, la flotte combinée de Pergame et
Rome occupa et pilla l’île de Peparethos (ou Skópelos), possession
Macédonienne.
Puis ils saccagèrent les villes : d’Oraioi (ou Oreos ou Orée ou Oreum ou Oreus ou Ôrëus) sur la côte Nord d’Eubée et
Oponte (ou Opus), la principale cité de l’Est de la Locride. Cependant leurs forces étaient divisées et
Philippe V contrattaqua à Oponte.
Attalos I, pris par surprise, fut à peine capable de s’échapper avec ses navires.
Buste de Philippe V –
Palazzo Massimo – Rome
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Trop faible pour continuer la lutte, le Roi de
Pergame fut contraint de retourner en Anatolie, de plus il apprit qu’à l’instigation de
Philippe V, le Roi de
Bithynie,
Prusias I Cholus (ou Prousias, 229-182), lié à
la Macédoine
par son mariage avec Apama III, marchait contre Pergame. Peu de
temps après, les Romains abandonnèrent la
Grèce pour concentrer leurs forces contre Hannibal. En 206, les Étoliens furent contraint de signer la paix sur les
conditions imposées par Philippe V.
En 205, un traité fut établi en
Phénicie, mettant officiellement fin à la
Première Guerre Macédonienne (214-205). Attalos I conserva tout de même
Égine et Andros et la guerre avec Prusias I dut également se
terminer à cette date. Strabon (Géographe
Grec, v.63 av.J.C-v.23 ap.J.C)
précise, qu’après sa victoire
Philippe V accorda à ce dernier en 202, les ports de
Kios et Myrléa sur les rives de la mer de Marmara, actuellement près
de Mudanya, qui avaient été détruits lors de la guerre.
En 205, après la “paix de Phénicie“, Rome considéra Attalos I,
comme son seul ami en Asie Mineure. Empêché par le traité de pouvoir avoir
une expansion à l’Est,
Philippe V se tourna vers
la mer Egée et l’Asie Mineure. Au printemps de 201 il prit
Samos et il assiégea ensuite
Chios.
Ces événements forcèrent Attalos I, allié à
Rhodes, Byzance et
Cyzique, à entrer en guerre.
Une grande bataille navale eut lieu dans le détroit entre
Chios et le continent,
au Sud-ouest d’Erythrée où Attalos I fut écrasé s’échappant de justesse.
La même année, Philippe V voulut
envahir Pergame, mais il fut incapable de prendre la ville
défendue par ses importantes fortifications. Il rasa toutefois les temples environnants. Pendant ce temps, Attalos I
demanda de l’aide à Rome pour lutter contre
Philippe V. C’est comme ça qu’il se
retrouva, en 200, impliqué dans la
Seconde Guerre Macédonienne (200–197).
Autre monnaie d’Attalos I
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Publius Sulpicius Galba Maximus, maintenant Consul, demanda à Attalos I avec sa flotte d’harceler les
possessions Macédonienne en mer Egée.
Au printemps 199 il prit Andros dans les Cyclades, puis, Kythnos (ou Kithnos) et Skiathos au large de la côte de Magnésie. Sur terre,
malgré de lourdes pertes la coalition atteignit la côte Nord-est de la
Macédoine après quoi ils
retournèrent à
Eubée, leurs navires chargés de butin. Lors de la reprise des activités, Attalos I et les Romains
prirent Oraioi (ou Oreos ou Orée ou Oreum ou Oreus ou Ôrëus). Au printemps 198, Attalos I retourna en
Grèce avec 23 quinquérèmes rejoindre
une flotte de 20 navires de guerre Rhodiens à Andros
et acheva la conquête d’Eubée, bientôt rejoint par la flotte Romaine. Pendant ce temps, le nouveau Consul Romain, Titus Quinctius
Flamininus apprit que la
Ligue Achéenne, alliée de la Macédoine,
avait eu un changement de direction qui favorisait Rome.
Avec l’espoir que la
Ligue abandonna
Philippe V les Romains envoyèrent
Attalos I lui-même, à Sicyone dans le Péloponnèse pour essayer de la convaincre. Attalos I impressionna tellement les habitants
de Sicyone, qu’ils lui érigèrent une statue colossale et instituèrent des sacrifices en son honneur. Après un débat houleux la
Ligue accepta
de rejoindre l’alliance et lâcher
Philippe V. Attalos I conduisit son armée à travers l’isthme de
Corinthe et attaqua
la ville. Cependant, la cité teint et lorsque des renforts arrivèrent de
Macédoine, il dut abandonner le siège.
Attalos I retourna alors au Pirée. Au début de 197, Flaminius demanda à Attalos I de se joindre à lui à
Elatée (ou Elateia, en
Grec : Ελάτεια),
deuxième ville de Phocide maintenant aux mains des Romains, et de là ils partirent à un conseil
à Thèbes qui avait pour but de finaliser
leur politique pour la fin de la guerre. Au conseil Attalos I au cours de son
allocution s’effondra, avec un côté de son corps paralysé. Il fut ramené à
Pergame, où il mourut peu après.
À sa mort, apparemment de cet accident vasculaire cérébral, ses deux fils,
Eumène II et
Attalos II
lui succédèrent.
Ses constructions
Attalos I fut aussi un grand
bâtisseur, au sein du royaume de Pergame, il se livra à une politique
d’aménagement sans précédent, comme en témoigne l’édification de la
bibliothèque de Pergame, qui contenait plus
200.000 volumes (on trouve quelques fois le chiffre de 400.000) qui rivalisait
avec celle d’Alexandrie. Après ses victoires
sur les Galates et les Séleucides il para la ville de somptueux monuments.
Ses bâtiments dans leur grande majorité étaient afin de glorifier ses victoires sur les Galates et dans une moindre mesure
sur les Séleucides.
Il y a un énorme contraste avec les
Guerres Macédoniennes qui ont laissé peu de traces.
Vers 235, Attalos I célébra sa première victoire contre les Galates avec la construction d’un grand monument circulaire,
en l’honneur d’Athéna, dans le sanctuaire de la Déesse, dans la forteresse de
Pergame, qui
contenait une grande statue de la divinité.
Vers 220, il commença la construction en dehors de la ville d’un nouveau sanctuaire dédié à Athéna, qui fut
richement décoré avec des œuvres d’art. Il fut aussi probablement le commanditaire du temple le Zeus sur la Haute Agora.
Dans les territoires conquis, en particulier à Égine et Oraioi (ou Oreos ou Orée ou Oreum ou Oreus ou Ôrëus),
il embellit des résidences et des sanctuaires. En dehors de
Pergame Attalos I érigea des bâtiments dans différents
sanctuaires Grecs, en particulier à
Délos et
Delphes,
qui avait aussi les victoires contre les Galates comme sujet de décoration.
Sa famille
Nous ne connaissons qu’une épouse à Attalos I :
• Apollonis de
Cyzique (ou Apollônis ou Apollonide, en
Grec :
‘Aπολλωνίς), que
Polybe
(Général, homme d’État et historien
Grec, v.205-126 av.J.C) décrivit comme une femme qui, pour de
nombreuses raisons, méritait de recevoir tous les honneurs. Il poursuit, que
bien qu’elle naquit d’une famille modeste, elle sut naturellement devenir une Reine et conserva ce rang élevé
jusqu’à la fin de sa vie, et n’utilisa jamais de fascinations factices, mais ce
fut par la vertu et l’intégrité de sa conduite dans la vie publique et privée
qu’elle atteignit cette aptitude. L’affection que portait la Reine à ses
enfants ainsi que leur éducation sont remarquées par plusieurs sources antiques.
Elle serait morte vers 158. Elle donna quatre fils au Roi :
▪
Eumène II (ou Eumènès ou Eumenês ou Euménès ou Eumene ou
Eumène de Pergame, en Grec :
Ευμένης Β΄ της Περγάμου),
qui selon certains spécialistes naquit en 221. Il succéda à son père de 197 à 159.
▪
Attalos II Philadelphe
(ou Attale ou Attalus ou Attalos II Philadelphos, en
Grec :
‘Aτταλος Β’ ὁ
Φιλάδελφος) qui selon certains
spécialistes naquit en 220 et qui succéda à son frère de 159 à 138.
▪ Philetairos
dont nous ne savons rien.
▪ Athénée dont nous ne savons rien et qui reçut ce nom en hommage au père d’Apollonis.
Bibliographie
Pour d’autres détails sur le
souverain voir les ouvrages de :
Reginald Edgar Allen :
– The Attalid kingdom : A constitutional history, Clarendon press, Oxford, 1983.
Michel M.Austin :
– The Hellenistic world from Alexander to the Roman conquest : A selection of ancient sources in translation,
Cambridge University Press, Cambridge, New York, Janvier 1981.
Pierre Cabanes :
– Le monde hellénistique de la mort d’Alexandre à la paix d’Apamée, Collection : Points Histoire, Nouvelle histoire
de l’Antiquité, Éditions du Seuil, Paris, 1995.
Georges Daux :
– Sur une clause du traité conclu entre le roi Attale Ier de Pergame et la cité de Malla (Crète).
Sirey, Paris, 1971.
Robert Malcolm Errington :
– Rome against Philip and Antiochus, The Cambridge Ancient History VII, Cambridge University Press,
1993.
Esther Violet Hansen :
– The Attalids of Pergamon, Cornell University Press, Ithaca, New York, London, 1947-1971.
Joachim Hopp :
– Untersuchungen zur geschichte der letzten Attaliden, Beck, München, 1977.
Elizabeth Kosmetatou :
– The public and political image of the Attalids of Pergamon, University of Cincinnati, 1993.
– The Attalids of Pergamon, pp : 159–174, Andrew Erskine, ed., A Companion to the Hellenistic World,
Blackwell, Oxford, 2003.
Stephen Mitchell :
– The Celts in Anatolia, Anatolia, Oxford University Press, 1995.
Gerson J.Öz’El :
– Pergame. Histoire. Civilisation. Archéologie, Ticaret Gezetesi, Izmir, 1972.
Wolfgang Radt :
– Pergamon : Geschichte und bauten, funde und erforschung einer antiken metropole,
DuMont, Köln, 1988.
Hans-Joachim Schalles :
– Untersuchungen zur kkulturpolitik der pergamenischen herrscher im dritten jahrhundert vor christus,
Wasmuth, Tübingen, 1985.
Graham Shipley :
– The Greek world after Alexander, 323-30 B.C., Routledge, London, New York, 2000.
Peter Thonemann :
– Attalid Asia Minor : Money, international relations, and the state,
Oxford University Press, Oxford, 2013.
Henri Van Looy :
– Apollonis reine de Pergame, pp : 151–165, Ancient Society 7, Leuven, 1976.
Édouard Will :
– Histoire politique du monde hellénistique 323-30 av. J.C, Collection : Points Histoire,
Éditions du Seuil, Paris, 2003.
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