Les cités Ioniennes :
ChiosClazomènesColophon
 

Nous avons besoin de vous

 

 Pour plus de détails voir aussi les autres cités Ioniennes :  Éphèse, Érythrée, Lébédos, Magnésie du Méandre

Milet, Myonte, Phocée, Priène, Samos, Smyrne, Téos

  

Chios

 

  Chios (ou Chio ou Hios, en Grec : chíos ou Χίος  Kios ou Khios Khios) est la cinquième plus grande des îles Grecques de la mer Égée, proche de la Turquie actuelle, dont elle est séparée par un détroit de 8 kilomètres seulement. Avec l’île de Psara, elle forme aujourd’hui le nome de Chios, dont le centre administratif est également appelée Chios (ou Chora "la ville"). Elle est aussi connue dans l’antiquité sous le nom d’Ofioussa "ayant des serpents" et Pityoussa "ayant des pins", au cours de l’époque médiévale elle fut gouvernée par un certain nombre de puissances extérieures et fut également connue sous le nom de Scio en Génois, Chio en Italien et Sakız صاقيز en Turc Ottoman. La capitale a également été appelé Castro ou Kastron (au sens du château).
 
 Pour plus de détails voir aussi : La carte d’Ionie

 


 

Vue de la ville

   L’île est aussi réputée de nos jours pour sa forte communauté maritime marchande, ses villages médiévaux et son monastère de Nea Moni, du XIe siècle qui est un site du patrimoine mondial de l’UNESCO. Chios est une île en forme de croissant, de 50 km de long du Nord au Sud et 29 km de large. Le relief est principalement montagneux et aride, avec une crête de montagnes qui traverse la colonne vertébrale de l’île. Les plus important de ses monts sont : Pelineon (1297 m.) et Oros (1188 m.) qui sont situés dans le Nord de l’île. Chios est réputée pour être le lieu de naissance d’Homère. Cette tradition prend sa source vers 172 de l’un des Hymnes homériques, l’hymne à Apollon délien.
 
   De ce fait, l’île abrita ensuite la "confrérie des Homérides", un groupe de rhapsodes (Artiste qui récite les œuvres écrites par un autre) qui prétendaient descendre spirituellement du Poète. Parmi les autres natifs célèbres de l’île, on peut citer : Métrodore (Philosophe disciple de Démocrite, IVe siècle av.J.C), Ion (Philosophe et Poète tragique et lyrique, v.480-v.422), Théopompe (Sophiste et historien, IVe siècle av.J.C), Théocrite (Sophiste et poète bucolique, v.315-v.250), Hippocrate (Géomètre et mathématicien, v.470-v.410) à ne pas le confondre avec Hippocrate, le père de la médecine, né à Cos.

 

L’histoire…….

 
   Les recherches archéologiques sur Chios ont apporté des preuves que l’île fut habitée au moins depuis l’époque néolithique. Les principaux sites de recherche pour cette période, ont été les grottes d’Hagios Galas, dans le Nord et dans la nécropole d’Emporeio à l’extrême Sud de l’île. Le manque d’informations sur cette période ne peut cependant pas être surestimé et les théories sur la taille et la durée de ces établissements n’ont pas été bien établis. La British School d’Athènes a fouillé le site à Emporeio à partir de 1952-1955 et la plupart de nos informations sur la cité et l’île proviennent de leurs fouilles. Le Service archéologique Grec (GAS) a périodiquement effectué des travaux d’excavation sur l’île depuis 1970. Toutefois les chercheurs ont constaté qu’elle fut ensuite abandonnée puisque l’on ne trouve plus de trace au cours du Bronze Moyen (2300-1600). On retrouve des témoignages d’habitations au XIe siècle où l’île est un royaume / chefferie.
 

   Phérécyde d’Athènes (ou de Léros, mythographe et logographe Grec, v.480) a écrit que l’île était occupée par les Lélèges, les Grecs autochtones auraient été soumis aux Minoens de Crète. Puis ils furent finalement chassés lors de l’invasion Ionienne. À cette époque Chios intégra une confédération Ionienne regroupant douze cités :Clazomènes, Colophon, Éphèse, Érythrée, Lébédos, Milet, Myonte, Phocée, Priène, Samos et Téos. Smyrne (ou Izmir) fut ensuite rattachée à la confédération et Halicarnasse les rejoindra après avoir été chassée pour impiété de la sienne. Elle eut pour centre religieux le temple de Poséidon. Â la fin du VIIe siècle elle fut l’une des premières villes à battre une monnaie, établissant le sphinx comme son symbole spécifique. Cette tradition sera maintenue près de 900 ans. Vers 700, comme petit à petit toutes les cités d’Ionie, Chios passa sous protectorat des Lydiens.

   Cette domination dura près d’un siècle et demi puisque après la défaite du dernier Roi Lydien, Crésus (ou Kroisos, 562-546 ou 561-547) devant le Roi Perse, Cyrus II (559-529), les riches cités d’Ionie passèrent sous la domination des Achéménides. Chios dut leur payer de lourds tributs, mais en contrepartie les Perses lui laissèrent, semble t-il, une certaine autonomie. Du Ve au IVe siècle l’île augmenta sa population, qui est estimée à plus de 120.000 (Deux à trois fois la population estimée en 2005) sur la base de l’immense nécropole de la principale ville de Chios, l’Asty où on pense que la plupart des gens vivaient. Elle se joignit ensuite aux autres cités Grecques lors de la grande révolte de 499 à l’origine des Guerres Médiques (499-479) et elle envoya 100 trières à la bataille de Ladé, à l’été 494, près de Milet. Elle fut cependant battue et soumise par les Perses ainsi que les autres cités de la coalition.

 

Reproduction de l’emblème de Chios

   Après les Guerres Médiques et les Perses battus, l’île passa sous le contrôle d’Athènes qui avait joué un rôle prépondérant dans la victoire et qui tira profit de la région avec, en 478, la fondation de la Ligue de Délos dont Chios fut un des adhérents. La Ligue entreprit de constituer un Empire maritime assurant l’hégémonie d’Athènes sur la mer Égée et sa domination sur le monde Grec. Dans les décennies qui suivirent Chios fut le siège d’une école de rhétorique ouverte par Isocrate (L’un des dix orateurs Attiques, 436-338) ainsi que d’une faction qui soutint Sparte. En 424, sept ans après le début de la Guerres du Péloponnèse (431-404), Athènes, suspectant une défection de Chios, força les citoyens à abattre leurs murs.
 
   En 412, sur l’instigation d’Alcibiade (450-404), Chios voulut quitter la Ligue de Délos et se révolta avec d’autres cités Ioniennes. L’aventure fut de courte durée, Athènes envoya un contingent qui ravagea l’île et mit le siège devant la ville. Malgré une révolte des esclaves, la cité ne tomba pas. Dans le même temps Athènes qui était menacée en mer Egée et en Asie Mineure, fut obligé de lever le siège. Mais l’Ionie fut ramenée à l’obéissance vers 411/410 par la cité Attique. En 405, le Sparte Lysandre battit la flotte Athénienne à la bataille d’Aigos Potamos. Après sa victoire, toutes les cités restées fidèles à Athènes lui firent défection et se soumirent à Lysandre.
 
   En 404 l’hégémonie Athénienne n’exista plus et la Ligue de Délos fut dissoute. Les cités d’Ionie passèrent alors de nouveau sous la tutelle des Perses. En 395, le Roi de Sparte Agésilas II (398-360) lança une campagne en Asie Mineure contre le Satrape Perse de Lydie et de Carie, Tissapherne (v.413-395). La campagne d’Agésilas II se solda par la libération des cités d’Ionie de la tutelle Perse. Elles subirent ensuite la domination de Sparte, mais pour peu de temps. Beaucoup d’habitants de Chios étant déjà partisan de Sparte, l’île va jouir d’une certaine autonomie. Le climat politique était très tendu et en 387/386, Sparte menacée de tous côtés, conclut la paix d’Antalcidas ou paix du Roi avec les Perses et tous les Grecs. Elle acceptait la domination des Achéménides et leur cédait des cités Grecques d’Asie Mineure dont Chios.

 

  Après un sursaut de Sparte cette dernière fut définitivement battue par les Thébains d’Épaminondas (418-362) à de la bataille de Leuctres le 06 Juillet 371, les partisans des Lacédémoniens de Chios furent exilés. Parmi ceux-ci on trouvait Théopompe (Sophiste et historien, IVe siècle av.J.C) et son Père Damasistratos. L’hégémonie du vainqueur, Thèbes qui s’ensuivit n’eut que peu d’impact sur le monde Anatolien. Les Perses, profitant du cahot du monde Grec, reprirent possession de l’Ionie. Leurs nouvelles dominations, physique et politique, sur les cités furent similaires à celles qui précédaient les Guerres Médiques, en particulier sur les très lourds impôts.
 
   Théopompe revint dans l’île avec les autres exilés en 333, après que le Roi de Macédoine, Alexandre le Grand (336-323) est envahi l’Asie Mineure et décrété leur retour, ainsi qu’à l’inverse l’exil et le procès des partisans Perses de l’île. Malheureusement pour lui Théopompe fut exilé à nouveau peu après la mort d’Alexandre et se réfugia en Égypte.

   Au cours de cette période, l’île devint le plus grand exportateur de vin Grec. Ses amphores avaient un signe caractéristique, marquées d’un sphinx et de grappes de raisins, elles furent retrouvées dans presque tous les pays qui échangeaient avec les Grecs, aussi loin que la Gaule, la Haute-Égypte et la Russie orientale. La suite de l’histoire de l’île est assez vague, nous n’avons que des renseignements partiels. Chios fut soumise, vers 333/330, au Satrape de Lydie Autophradatès et son collègue Pharnabaze de Phrygie.
 
   Progressivement la flotte Perse, surtout composée de Phéniciens, se délita au fur et à mesure qu’Alexandre le Grand s’emparait de la côte Phénicienne. Chios finit par être libérée des Perses par ce dernier. Plus tard, en 201, on sait que la ville fut prise par le Roi de Macédoine, Philippe V (221-179). Elle semble passer ensuite sous domination Romaine puisqu’elle servit de base de ravitaillement aux Romains dans leur guerre contre le Roi Séleucide, Antiochos III (223-187).

 
   En 188, Antiochos III fut contraint de signer la paix d’Apamée, qui était un partage de l’Asie Mineure ( Voir carte) où il dut renoncer à ses conquêtes dans cette région à l’Ouest du Taurus, au profit essentiellement du Roi de Pergame allié des Romains. Chios passa alors sous le contrôle de ce dernier. Au cours de la Troisième Guerre Macédonienne (171-168), 35 navires alliés à Rome, transportant environ 1.000 soldats, ainsi qu’un certain nombre de chevaux, furent envoyés par le Roi de Pergame, Eumène II (ou Eumènès, 197-159), à son frère Attalos II Philadelphe (ou Attale, 159-138) dans l’île afin qu’elle serve de base de lancement pour envahir la Macédoine. Toutefois le commandant de marine Macédonien Perseus Antênor intercepta la flotte entre Erythrée (Sur la côte occidentale de la Turquie) et Chios. On retrouve ensuite Chios alliée du Roi du Pont Mithridate VI (120-63), qui était un ennemi juré des Romains, contre Rhodes. À la chute de celui-ci l’île retomba sous domination Romaine et fut incorporée à la province Romaine d’Asie. Ce fut l’une des régions dont le magistrat Romain Verrès pilla les statues. L’ile demeura sous le contrôle de Byzance après la chute de l’Empire Romain.
 

Bibliographie

 
   Pour d’autres détails sur l’île et ses monuments voir les ouvrages de :
 
Marie Bolduc :
Le Koînon des Étoliens et la cité de Chios au IIIe siècle av.J.C. : Politique et relations internationales à l’époque hellénistique, National Library of Canada = Bibliothèque nationale du Canada, Ottawa, 2003.
Paul Cartledge :
The Greeks : Crucible of civilization, TV Books, New York, 2000.
Michael A.Flower :
Theopompus of Chios : History and rhetoric in the fourth century B.C, Clarendon Press, Oxford, 1994 – Oxford University Press, New York, Janvier 1994.
Henry Houssaye :
L’Ile de Chio, Revue des Deux Mondes, Paris, 1881.
Anastasios K.Orlandos :
Monuments Byzantins de Chios, Imprimerie Hestia, Athènes, 1930.
Jeanne Robert :
Epigramme de Chios, Les Belles lettres, Paris, 1967.
Eva Simantoni-Bournia :
La céramique à reliefs au Musée de Chios, Arhaiologikē ‘etaireia, Athènes, 1992.

 

 

Clazomènes

 

   Clazomènes (ou Klazomenae, en Grec : Klazomenai ou Κλαζομεναί Klazomenaí) fut une cité Grecque d’Ionie, qui correspond de nos jours à l’île/ville d’Urla (ou Vourla en Grec) en Turquie, près d’Izmir, sur le golfe de Smyrne. Clazomènes fut à l’origine située sur le continent, mais sans doute au début du Ve siècle, lors de la révolte des cités Ioniennes contre l’envahisseur Perse, elle fut déplacée sur une île au large de la côte, que le Roi de Macédoine, Alexandre le Grand (336-323) finalement relia au continent par un pont-jetée, dont les vestiges sont encore visibles aujourd’hui.
 

  Pour plus de détails voir aussi : La carte d’Ionie

 


 

Monnaie de Clazomènes
représentant un cygne

   Elle fit partie dans l’antiquité d’une confédération Ionienne regroupant douze cités : Chios (ou Chio ou Kios), Colophon, Éphèse, Érythrée, Lébédos, Milet, Myonte, Phocée, Priène, Samos et Téos. Smyrne (ou Izmir) fut ensuite rattachée à la confédération et Halicarnasse les rejoignit après avoir été chassée pour impiété de la sienne. Elle fut l’une des premières cités à frapper une monnaie. Ce furent des colons de Clazomènes qui fondèrent Abdère  (ou Abdéra ou Ábdēra sur la mer Égée, près de l’embouchure du Nestos, en face de l’île de Thassos) en Thrace.


 

Vue des excavations sur le site

   Le principal Dieu de la ville fut Apollon. Selon le mythe, des cygnes tiraient le char dans lequel chaque année Apollon volait au Sud dans sa demeure d’hiver, au pays des Hyperboréens, d’où le symbole de la cité sur ses monnaies. Mais en fait Clazomènes fut aussi le foyer d’un grand nombre de cygnes et on pense que le verbe klazo fut utilisé pour décrire l’appel des oiseaux sauvages. Le cygne sur les pièces serait à la fois un attribut d’Apollon et un jeu de mots sur le nom Clazomènes ?.
 
   Clazomènes est célèbre pour des sarcophages en terre cuite peinte retrouvés, qui comportent les plus belles représentations de la peinture Ionienne au VIe siècle av.J.C, ainsi que pour sa production et ses exportations d’huile d’olive (işlik). L’extraction de l’huile d’olive date du troisième quart du VIe siècle av.J.C. Les pressoirs qui furent mis au jour dans la cité sont les plus anciens retrouvés du monde Grec. Un de ceux-ci a été restauré et reconstruit en 2004-2005 grâce à la collaboration entre l’Université d’Ege, un producteur Turc d’huile d’olive et un exportateur Allemand, ainsi que par des artisans locaux. L’huile d’olive obtenue s’est avérée être une réussite en termes économiques. Clazomènes fut la Patrie d’Anaxagore (Philosophe, 500-428) et d’Hermotime (Penseur Grec, du VIIe siècle av.J.C, mais il est peut-être légendaire).

 

L’histoire…….

 
   Bien qu’elle ne soit pas attestée avant l’arrivée des Ioniens en Asie, les fondateurs de la ville furent en grande partie des colons originaires de Phlionte (ou Phlius) et de Cléonaï (ou Cleonae). Elle fut entre le VIIe et le Ve siècle av.J.C un centre actif du commerce vers l’Égypte et la Thrace. Vers 700, comme petit à petit toutes les cités d’Ionie, Clazomènes passa sous protectorat des Lydiens. Cette domination dura près d’un siècle et demi puisque après la défaite du dernier Roi Lydien, Crésus (ou Kroisos, 562-546 ou 561-547) devant le Roi Perse, Cyrus II (559-529), les riches cités d’Ionie passèrent sous la domination des Achéménides. Clazomènes dut leur payer de lourds tributs et entretenir les garnisons, mais en contrepartie les Perses lui laissèrent semble une certaine autonomie.

Tombeau de Clazomènes en terre cuite –
Musée d’Izmir

 
   Après les Guerres Médiques (499-479) et les Perses battus, la cité passa sous le contrôle d’Athènes qui avait joué un rôle prépondérant dans la victoire et qui tira profit de la région avec, en 478, la fondation de la Ligue de Délos. Cette dernière entreprit de constituer un Empire maritime assurant l’hégémonie d’Athènes sur la mer Égée et sa domination sur le monde Grec. Profitant qu’Athènes fut occupée dans la Guerres du Péloponnèse (431-404), Clazomènes se révolta afin de se sortir de cet asservissement. Après une brève résistance, cependant, elle capitula et dut, de nouveau, reconnaître la suprématie Athénienne et même l’aider à repousser une attaque Lacédémonienne.
 
   En 405, le Sparte, Lysandre battit la flotte Athénienne à la bataille d’Aigos Potamos. Après sa victoire, toutes les cités restées fidèles à Athènes lui firent défection et se soumirent à Lysandre. En 404 l’hégémonie Athénienne n’exista plus et la Ligue de Délos fut dissoute. Les cités d’Ionie passèrent alors de nouveau sous la tutelle des Perses. En 395 le Roi de parte Agésilas II (398-360) lança une campagne en Asie Mineure contre le Satrape Perse de Lydie et de Carie, Tissapherne (v.413-395). La campagne d’Agésilas II se solda par la libération des cités d’Ionie de la tutelle Perse, dont Clazomènes. Elles subirent ensuite la domination de Sparte mais pour peu de temps. Le climat politique était très tendu et en 387/386, Sparte menacée de tous côtés, conclut la paix d’Antalcidas ou paix du Roi avec les Perses et tous les Grecs.
 
   Elle acceptait la domination des Achéménides et leur cédait des cités Grecques d’Asie Mineure. Après un sursaut de Sparte en Juillet 371, à la bataille de Leuctres la suprématie Spartiate sur le monde Égéen fut définitivement terminée. L’hégémonie du vainqueur, Thèbes qui s’ensuivit n’eut que peu d’impact sur le monde Anatolien. Les Perses profitant du cahot du monde Grec, reprirent possession de l’Ionie. Leurs nouvelles dominations, physique et politique, sur les cités furent similaires à celles qui précédaient les Guerres Médiques, en particulier sur les très lourds impôts, cependant Clazomènes continua à émettre ses propres pièces de monnaie. Il faudra qu’elle attende près un demi-siècle pour être libérée par le Roi de Macédoine Alexandre le Grand (336-323). Après la mort de ce dernier la région suivit l’histoire de l’Asie Mineure, passant sous la domination des Rois Séleucides, puis de ceux de Pergame, puis de l’Empire Romain. Ces derniers l’incorporèrent dans la province d’Asie et lui accordèrent de nombreux privilèges fiscaux et commerciaux.

 

Protomé féminin en terre cuite trouvé à
Clazomènes – Musée du Louvre

Restauration et reconstruction du pressoir Autre protomé féminin en terre cuite trouvé
à Clazomènes – Musée du Louvre

 

Bibliographie

 
   Pour d’autres détails sur la cité voir les ouvrages de :
 
Helmut Engelmann et Reinhold Merkelbach :
Die Inschriften von Erythrai und Klazomenai, R. Habelt, Bonn, 1972-1973.
Yasar Erkan Ersoy :
Clazomenae, UMI Dissertation Services, Ann Arbor, Michigan, 2003.
Charles Picard et André Plassart :
Sarcophages de Clazomènes, École Française d’Athènes, Bulletin de Correspondance hellénique XXXVII, Paris, 1913.
Jean Zafiropulo :
Anaxagore de Clazomènes, Les Belles Lettres, Paris, 1948.

 

 

Colophon

 

   Colophon (ou Kolophôn, en Grec : Kolophôn ou Κολοφών) fut une cité Grecque de l’Ionie, située au Nord-ouest d’Éphèse, dont le nom donna naissance à un terme d’imprimerie. Elle se situait entre Lébédos et Éphèse. Le nom de la ville vient du mot en Grec : Kolophôn ou Κολοφών qui veut dire "au sommet". Les ruines de l’antique cité se trouvent aujourd’hui à Castro de Ghiaour-Keui, un village de mineurs d’Izmir. Sur le territoire de la cité se trouvait l’oracle d’Apollon à Claros. Elle fut le lieu de naissance du poète et philosophe Xenophanes (v.570-v.480) et du poète Mimnermus (v.630-v.600). Selon certains auteurs, Colophon était aussi le lieu de naissance d’Homère (Poète Grec, fin du VIIIe siècle av.J.C).
 
   Elle donna lieu à une expression : Kolophôna epitithenai Kolophôna epitithenai  ajouter un Colophonien. Selon Strabon (Géographe Grec, v.63 av.J.C-v.23 ap.J.C), cela s’expliquait par la puissance de sa cavalerie, qui suffisait à enlever la victoire partout où elle participait à une bataille. Le scholiaste (ou scolie, commentaire ou note philologique) de Platon (Philosophe Grec, 427-346) explique pour sa part que les Colophoniens possédaient un double droit de vote à l’assemblée des cités Ioniennes, pour avoir convaincu Smyrne de se joindre à elles. De la sorte, les Colophoniens décidaient souvent de l’issue d’un suffrage incertain. Pour cette raison, le nom de la cité est devenu un nom commun signifiant "achèvement ou couronnement d’une chose". La cité était également célèbre pour son luxe et les mœurs efféminées de ses habitants.

 

  Pour plus de détails voir aussi : La carte d’Ionie

 
L’histoire…….

 
   D’après la tradition, rapportée par Pausanias (Géographe Grec, v.115-v.180, [7, 3, 1]), l’origine et la création de la cité sont attribuées à Andrémon (ou Andræmon), le fils du 17e et dernier Roi d’Athènes, Codros (ou Kodros), qui y établie une colonie. Puis Colophon fit partie d’une confédération Ionienne regroupant douze cités : Chios (ou Chio ou Kios), Clazomènes, Éphèse, Érythrée, Lébédos, Milet, Myonte, Phocée, Priène, Samos et Téos. Smyrne (ou Izmir) fut ensuite rattachée à la confédération et Halicarnasse les rejoignit après avoir été chassée pour impiété de la sienne. Elle fut surement l’une des plus anciennes cités de cette confédération.
 
   Vers 700, comme toutes les cités d’Ionie, Colophon attira la convoitise de son puissant voisin la Lydie. D’après Strabon (Géographe Grec, v.63 av.J.C-v.23 ap.J.C) un de ses Rois, Gygès (687-652 ou 685-644), qui fut le premier des Mermnades, débuta sa première campagne en s’emparant de la côte Carienne, puis du Nord et du Sud de la Troade et de la Mysie. Il fut, semble t-il, aidé au début par les Milésiens qui établirent la colonie d’Abydos sur l’Hellespont. La guerre avec l’Ionie ne se termina qu’en 604. Grâce à la supériorité de sa cavalerie, Gygès assiégea ensuite son ancien allié Milet, puis Smyrne, mais sans succès, par contre, selon Hérode, historien Grec, 484-v.425), il prit Magnésie et Colophon. Toute la région finit par tomber aux mains des Lydiens.
 
   Cette domination dura près d’un siècle et demi puisque après la défaite du dernier Roi Lydien, Crésus (ou Kroisos, 562-546 ou 561-547) devant le Roi Perse, Cyrus II (559-529), les riches cités d’Ionie passèrent sous la domination des Achéménides. Colophon dut leur payer de lourds tributs, mais en contrepartie les Perses lui laissèrent semble une certaine autonomie. Après les Guerres Médiques (499-479) et les Perses battus, la cité passa sous le contrôle d’Athènes qui avait joué un rôle prépondérant dans la victoire et qui tira profit de la région avec, en 478, la fondation de la Ligue de Délos. Cette dernière entreprit de constituer un Empire maritime assurant l’hégémonie d’Athènes sur la mer Égée et sa domination sur le monde Grec. Colophon comme beaucoup de villes Ioniennes entra dans la Ligue.
  


 

Monnaie de Colophon

   Puis, l’Ionie et ses cités subirent les Guerres du Péloponnèse (431-404) où Colophon fut alliée à Athènes. Cependant en 412, sur l’instigation d’Alcibiade  (450-404), elle se révolta avec le reste de l’Ionie, contre Athènes. L’aventure fut de courte durée, l’Ionie fut ramenée à l’obéissance vers 411/410 par la cité Attique. En 405, le Sparte, Lysandre battit la flotte Athénienne à la bataille d’Aigos Potamos. Après sa victoire, toutes les cités restées fidèles à Athènes lui firent défection et se soumirent à Lysandre. En 404 l’hégémonie Athénienne n’exista plus et la Ligue de Délos fut dissoute. Les cités d’Ionie passèrent alors de nouveau sous la tutelle des Perses. En 395 le Roi de Sparte, Agésilas II (398-360) lança une campagne en Asie Mineure contre le Satrape Perse de Lydie et de Carie, Tissapherne (v.413-395). La campagne d’Agésilas II se solda par la libération des cités d’Ionie de la tutelle Achéménide, dont Colophon.
 
    Elles subirent ensuite la domination de Sparte, mais pour peu de temps. Le climat politique était très tendu et en 387/386, Sparte, menacée de tous côtés, conclut la paix d’Antalcidas ou paix du Roi avec les Perses et tous les Grecs. Elle acceptait la domination des Achéménides et leur cédait des cités Grecques d’Asie Mineure. Après un sursaut de Sparte, en Juillet 371, à la bataille de Leuctres la suprématie Spartiate sur le monde Égéen fut définitivement terminée. L’hégémonie du vainqueur, Thèbes qui s’ensuivit n’eut que peu d’impact sur le monde Anatolien. Les Perses profitant du cahot du monde Grec, reprirent possession de l’Ionie. Leurs nouvelles dominations, physique et politique, sur les cités furent similaires à celles qui précédaient les Guerres Médiques, en particulier sur les très lourds impôts. Il faudra que Colophon attende près un demi-siècle pour être libérée par le Roi de Macédoine, Alexandre le Grand (336-323). Après la mort de ce dernier Colophon suivit l’histoire de l’Asie Mineure.
 
   Le Régent de Macédoine, Perdiccas (323-321) expulsa des colons Athéniens de Samos à Colophon, y compris la famille d’Epicure (Philosophe Grec, v.342-270), qui se joignit à eux après avoir terminé son service militaire. Puis lors de la conquête de la région par le Roi de Thrace Lysimaque (306-281), la cité fut détruite. Ses habitants furent chassés vers Lébédos. Colophon ne se récupéra jamais totalement de cette destruction, à l’inverse de Lébédos et perdit de son importance. Lors de la prise de possession de la région par les Romains son nom fut même transféré sur le site du village voisin.

 

Bibliographie

 
   Pour d’autres détails sur la cité voir les ouvrages de :
 
George Ewart Bean :
Kleinasien. Band 1. Die ägäische Türkei von Pergamon bis Didyma, 5. Auflage. Kohlhammer, Stuttgart, 1987.
Lionel Bovier, Christophe Cherix et Joshua Decter :
Colophon, Swiss federal Office of Culture, Berne, 1998.
William L.MacDonald :
Colophon, Ionia, Turkey, The Princeton Encyclopedia of Classical Sites, Princeton University Press, Princeton, 1976.
Louis Robert :
Villes de Carie et d’Ionie dans la liste des théorodoques de Delphes, Editions de Boccard, Paris, 1947.
Carl Schuchhardt :
Kolophon, Notion und Klaros, pp : 398–434, Athenische Mitteilungen 11, Berlin, 1886.

 

 
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