Autre statuette de Bastet – Musée du Louvre |
Fonctions et origine
Bastet (En
Grec : Bastis, en Égyptien : Bast ou
Baast ou Ubasti ou Baset)
fut l’une des divinités les plus adorées par les Égyptiens. Il y eut confusion, de la part des premiers égyptologues, sur la
traduction d’un hiéroglyphe ajouté à la fin de son nom, qui donna à tort la translittération en Bastet.
Il s’agit d’une divinité solaire symbolisant la chaleur apaisante du soleil, adoré pour sa puissance, sa force et son
agilité. Elle est la forme bienveillante d’une Déesse dangereuse, elle incarne la féminité. Elle est la protectrice des femmes
enceintes et est chargée de dispenser les bienfaits du soleil. Elle est aussi Déesse de la musique, de la danse,
de la joie, des festivals et maîtresse du foyer. Il s’agit d’une Déesse pacifique, mais, lorsqu’elle est en colère, elle devient
une femme à tête de lionne, parfois très violente. Comme l’animal totem qui la représente, Bastet était tendre imprévisible,
mais sa violence pouvait surgir à tout moment.
Elle est soit l’œil, soit la fille de Rê ou celle
d’Atoum, en prenant comme mère Hathor ou
Tefnout. À
certaine période elle forma une triade avec Atoum et Mahès (ou Miysis ou Mihos),
le Dieu lion, dont elle est la mère. Elle fut vénérée dès la
Période Thinite (v.3150-2647), puis après particulièrement sous le règne de
Pépi II (2246-2152) où elle fut le pendant
d’Hathor de
Dendérah. D’abord divinité locale sur son sanctuaire
de la ville de Bubastis (L’actuelle Tell Basta dans le Delta,
en Égyptien Per-bastet pr bAstt “la maison de Bastet“),
le culte de la Déesse se propagea dans tout le pays. Bastet protégeait le défunt dans l’Au-delà et aidait
Rê à tuer le serpent
Apophis.
Ses représentations et symboles
Bastet est l’une des Déesses les plus discrètes du panthéon
Égyptien et n’est que très rarement représentée, sinon dans son temple à
Bubastis. Les différentes représentations de Bastet sont,
initialement, sous la forme de la lionne Sekhmet qui dort en
elle et à laquelle elle est associée en femme à tête de lionne portant la croix ânkh d’une main et le sceptre de l’autre. Puis,
à partir du Moyen Empire (2022-1650), sous la forme d’une
chatte ou d’une femme à tête de chat.
Autre statuette de Bastet – Musée du Louvre
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Ses symboles étaient :
▪ Ses attributs divins : Le sistre (instrument de musique) parce qu’elle aimait
particulièrement la danse et la musique, le couteau et le panier. Selon
Jean-Pierre Corteggiani,
en plus la couronne Atef,
la couronne Hedjet, le disque solaire et l’uræus.
▪ Animaux, couleur et élément : Ses animaux étaient le chat et le lion.
Sa couleur le noir. Il n’y a pas d’élément qui lui soit attribué.
▪ Les fêtes en son honneur : Les fêtes annuelles de la ville de
Bubastis, en honneur de Bastet, étaient des événements très
attendus en Égypte.
Hérodote (Historien
Grec, v.484-v.425) en fit une description très
précise que l’on tint longtemps pour une invention de l’historien, jusqu’à ce que des archéologues modernes découvrent des preuves
de l’existence de ces fêtes mémorables. Vers la
Basse Époque (656-332), la fête de Bastet était l’une des plus populaires du calendrier Égyptien. En cette occasion, au moment
de l’inondation du Nil, la cité de Bubastis ne pouvait être
rejointe que par les voies fluviales. D’après Hérodote,
qui parle d’au moins 700 000 personnes, hormis les enfants, le peuple se pressait pour honorer l’occupante du temple de granit
rouge, il jouait de la musique, dansait, chantait et s’enivrait. Il nous raconte :
"La population arrivait en bateau. Des hommes et des femmes ensemble, en grand nombre sur chaque embarcation.
En chemin, les femmes jouaient de la musique avec des claquettes et quelques hommes jouaient de la flûte, tandis que d’autres
chantaient et frappaient dans leurs mains. Lorsqu’ils rencontraient une cité le long du fleuve, ils accostaient et certaines
femmes continuaient leur jeu, comme je l’ai dit plus haut, tandis que d’autres
lançaient des insultes aux
femmes du lieu et entamaient des danses en agitant leurs robes en tous sens. À leur arrivée, ils
célébraient la fête par des
sacrifices et l’on consommait à cette occasion plus de vin que durant le reste de l’année".
Ses lieux de cultes principaux
Les lieux de cultes principaux de Bastet furent :
▪
Bubastis, l’actuelle Tell Basta dans le Delta, en
Égyptien Per-bastet
pr bAstt "la maison de Bastet",
où un temple lui fut dédié qui selon
Hérodote (Historien
Grec, v.484-v.425) aurait été, à son époque,
le plus beau temple du pays, avec le plus de fidèles. Il était orienté Est-ouest et mesurait près de 200 m de longueur. Il
était entouré d’une grande enceinte de briques crues, dont
Hérodote laissa une description intéressante.
Sur trois de ses côtés un lac en forme de croissant entourait le tout. Aujourd’hui seuls les vestiges d’une salle
hypostyle, réduit aux premières assises, sont visibles. Un grand pylône de cinquante mètres de large, donnait sur deux cours
successives dont la dernière s’ouvrait sur le grand hall aux colonnes hathoriques (Sculpté à l’image de la Déesse
Hathor) de dix mètres de hauteur, érigé par
Osorkon II (874-850).
▪
Saqqarah, non loin du
complexe funéraire de
Téti I
(2321-2291) un culte lui fut dédié à la Basse Époque
(656-332) dont la ferveur est attestée par les innombrables ex-voto dédiés à la Déesse chat retrouvés sur place ainsi qu’aux
nécropoles d’animaux toutes proches qui abritent encore des milliers de momies félines témoignages des dévots antiques.
Bastet – Senckenberg Naturmuseum – Frankfort |
Le culte de Bastet
Son culte remonte aux premiers jours de la civilisation Égyptienne, mais
la Déesse va acquérir une grande notoriété plus tard. Elle est mentionnée dans les
Textes des Pyramides et le
Livre des Morts.
À ses origines, Bastet était la Déesse du culte solaire, mais au fil du temps elle fut de plus en plus celui de la lune. D’abord
divinité locale sur son sanctuaire de la ville de Bubastis,
le culte de la Déesse se propagea dans tout le pays. À partir de la
IIe dynastie (2828-2647), Bastet fut dépeinte comme un chat sauvage du désert, ou comme une lionne, de sorte qu’il pouvait
y avoir confusion ou assimilation avec à sa sœur, la Déesse
Sekhmet.
D’après Hérodote (Historien
Grec, v.484-v.425) il
était organisé dans la ville de
Bubastis de très grandes fêtes au moment de l’Inondation du
Nil “Le festival de l’ivresse” où le peuple jouait de la musique, dansait, chantait et s’enivrait. Ces
festivités étaient le moyen d’apaiser Bastet afin qu’elle ne se transforme pas en lionne destructrice. Bastet, associée à l’œil de
Rê, pouvait agir comme l’instrument de la vengeance du Dieu du soleil.
D’après une tombe de la vallée des Reines où elle porte
des couteaux pour protéger le fils du Roi, elle aurait aussi enfanté et
allaité le Pharaon dont elle serait la Déesse protectrice, mais ne devint une divinité dynastique
que lors de la XXIIe dynastie lorsque
Bubastis prit le statut de capitale.
À la Basse Époque (656-332) un culte
de la Déesse s’installa à Saqqarah non loin du
complexe funéraire de
Téti I (2321-2291), dont la ferveur est attestée par les
innombrables ex-voto dédiés à la Déesse chat retrouvés sur place. À
Saqqarah et à
Bubastis des nécropoles ont été mises au jour contenant des
milliers de chats momifiés ainsi que des statuettes et amulettes qui prouvent que la Déesse bénéficiait des faveurs des Égyptiens
et qu’elle avait une importance nationale bien avant d’être une divinité dynastique. D’autres nécropoles de ce type on été mises
au jour également à Tanis,
Béni Hassan et Thèbes. Lorsque l’influence de la société
Grecque
prolongea l’Égypte Pharaonique, Bastet devint définitivement une Déesse lunaire ceux-ci l’identifièrent avec Artémis
et les Romains avec Diane. Elle fut aussi identifiée avec l’étoile Sirius de ce fait les
Sumériens l’assimilèrent avec Inanna.
Autre représentation de Bastet |
Les anciens Égyptiens appelaient “myeu” le chat. Domestiqués ceux-ci
vivaient sur le bord du Delta du Nil, à l’origine pour éradiquer les rats qui infestaient les granges.
Au fil du temps, il n’y eut plus une seule maison, temple ou bâtiment qui ne posséda au moins un chat. Lorsque l’un de ceux-ci
mourait, il est dit que le propriétaire se rasait les sourcils en signe de deuil pour l’animal et le respect de la Déesse.
Le culte de Bastet atteint une propagation telle que le chat en Égypte fut protégé par la loi. Il était interdit de leur faire
du mal ou de les exporter à l’extérieur des frontières du royaume. Ceux qui violaient ces dispositions étaient passibles de mort.
Bien que les lois interdisaient l’exportation de chats Égyptiens, qui étaient considérés comme des animaux sacrés, les navigateurs
Phéniciens les sortirent
clandestinement du pays, ce qui en fit des biens de valeur.
Légendes et mythes
Une légende raconte que Bastet, mordu par un scorpion, fut guérie de
Rê. Les Égyptiens avaient un dicton : “Il ne faut pas caresser le chat Bastet
avant d’aborder la lionne Sekhmet“. Bastet était en effet communément associée à la Déesse à tête de lionne de
Memphis, ainsi qu’à
Ouadjet et Hathor.
Ce dicton tire ses racines dans la légende de Rê qui, furieux, provoqua une
sécheresse. Quand il se fut calmée, il envoya Thot chercher Bastet en Nubie,
où la Déesse se cachait sous la forme d’une lionne (Sekhmet).
Bibliographie
Pour d’autres détails sur la Déesse
voir les ouvrages de :
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Mythen des alten Ägypten, Verlag Gondrom, 1998 – En Français, Les dieux et les mythes de l’Egypte ancienne,
Thames & Hudson Editeur, 1998.
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– Lexikon der Ägyptischen religionsgeschichte, Nikol-Verlag, Hamburg, 2000 et 2005.
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– Panthéon égyptien, J. de Bonnot imprimerie, Paris, 2006.
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Jean-Pierre Corteggiani et
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– L’Égypte ancienne et ses dieux : Dictionnaire illustré, Collection : Littérature Générale, Fayard, Paris, 2007.
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Lucia Gahlin, Olivier Fleuraud et Isabelle Fleuraud :
– L’Egypte : Dieux, mythes et religion : Un voyage dans le monde fascinant des mythes et de la religion de l’ancienne
Egypte, EDDL, Paris, Janvier 2001.
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– The mysteries of ancient Egypt : An illustrated reference to the myths, religions, pyramids and temples of the land
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Roland Harari et Gilles Lambert :
– Dictionnaire des dieux et des mythes égyptiens, Le grand livre du mois, 2002.
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– Dictionnaire des Dieux et des symboles des anciens Égyptiens : Le monde magique et mystique de l’Egypte, Pardès,
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Pennsylvania Press, 1993 – Décembre 1998.
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des Dieux et Déesses de l’Égypte ancienne, Gollion, Infolio, Novembre 2006.
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