Sceaux cylindrique au nom du Roi – Museum Of Fine
Arts – Boston
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Sa durée de règne et son origine
Djedkarê Isési est un Roi de la
Ve dynastie. Il est appelé par
Manéthon,
Tancherês ou Tancherès et lui compte 44 ans de règne (Africanus). Le
Papyrus de Turin lui en compte 28 ans, bien que certain égyptologues pensent qu’il faut plutôt lire 38
ans. Par une inscription sur un vase en albâtre, on sait que le Roi aurait eut
une fête Sed
(ou Heb-Sed), qui est normalement organisée pour les 30 ans de règne. En
fonction des spécialistes on trouve donc entre 28 et 32 ans, mais les preuves
archéologiques récentes suggèrent que son règne est susceptible d’avoir dépassé
32 ans. La dernière année connue relative à son règne est celle du 22e décompte du bétail
aux fins du calcul des impôts.
Si ces recensements ont eu lieu à intervalles réguliers de deux ans,
comme ce fut normalement le cas, il faudrait compter 43 ans de règne pour Djedkarê, ce qui
confirmerait la proposition de Manéthon. Comme le précise
Miroslav Verner, Djedkarê
Isési est bien documenté par les Papyri d’Abousir et
de nombreux sceaux royaux et inscriptions contemporaines, prises ensemble, elles indiquent un règne assez long pour ce Roi.
On ne sait pas qui ont été les parents de Djedkarê.
Miroslav Verner pense qu’il
est un fils de Menkaouhor, d’autres spécialistes
le donnent comme un fils de Niouserrê Ini.
Il se peut aussi qu’il fut un cousin de son prédécesseur Menkaouhor.
De même l’identité de sa mère est aussi inconnue.
Son règne
Le nom de ce Roi à été trouvé
trouvé dans l’inscription biographique du tombeau de Senedjemib. Celui-ci était
le contrôleur des travaux, responsable de la construction de
son complexe
funéraire. Djedkarê est également mentionné en introduction aux préceptes du
Vizir Ptahhotep (ou Ptahotep), consacrés au Roi, ainsi que dans la
Liste royale de Karnak.
Enfin, des traces de son règne ont été trouvées à
l’Ouâdi Maghara dans le Sinaï et en Nubie
(Ouadi Halfa, Bouhen)
où des inscriptions indiquent qu’il a envoyé des expéditions, peut-être
militaires, afin de ramener des pierres semi-précieuses, comme de la turquoise.
Selon Nigel Strudwick, ses inscriptions peuvent être datées des années où eut lieu le 3e et le 9e
comptage du bétail (an 6 et 18 si comptage tous les deux ans). Selon
Nicolas Grimal,
Djedkarê est connu pour avoir effectué également des expéditions au pays de Pount et à
Byblos.
Fragment de relief avec le cartouche du Roi – Ägyptisches Museum – Berlin
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Il est fait référence à celle du pays de Pount
par l’autobiographie d’Herkhouf, Nomarque
d’Assouan, sous le règne de
Pépi II (2246-2152) quelques 150 plus tard.
Celui-ci mentionne que sous le règne de Djedkarê Isési, un Vizir était revenu du pays de Pount avec un nain danseur
et avait été largement récompensé par le Roi.
Sous le règne de Djedkarê on constate un affaiblissement du pouvoir royal, car l’administration du
royaume est aux mains de hauts fonctionnaires qui ne sont plus commandés. Les
Vizirs, dont le plus célèbre est Ptahhotep, vont prendre une telle importance
qu’ils vont se faire construire de riches tombeaux.
Certains font représenter dans leur tombe de véritable biographie, comme celle d’Itoush ou de Gemni à
Saqqarah.
Elles nous sont très utiles aujourd’hui et nous renseignent sur les faits du règne.
Lors de cette période le culte solaire perd de l’importance et on
voit l’apparition du culte d’Osiris.
Sa sépulture
Djedkarê fait construire
son complexe funéraire à
Saqqarah Sud, par Senedjemib,
qui avait le titre de contrôleur des travaux. Il est le premier Roi de la
Ve dynastie à retourner à
Saqqarah après que ses prédécesseurs aient établi leurs complexes funéraires à
Abousir.
Le seul autre Roi de la Ve dynastie avant lui à avoir construit sa
pyramide ici était
Ouserkaf (2465-2458), mais il a quand même
construit un temple solaire à
Abousir.
Reconstitution du complexe funéraire de Djedkarê Isési
D’après photo
Wikipédia
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Bien que revenant à
Saqqarah, Djedkarê Isési n’a pas choisi d’établir son complexe à proximité
directe de la pyramide à degré de
Djoser (2628-2609).
Il a choisi un emplacement environ à mi-chemin entre de la
pyramide (Non finie) de
Djoser-Téti (ou
Sekhemkhet, 2609-2603) et l’endroit où
Shepseskaf (2472-2467) a construit
son tombeau.
Ce choix d’emplacement, au Sud du site, a pu être incité par la hauteur de ce promontoire surplombant la vallée de
Memphis.
On peut y voir une confirmation dans le nom arabe moderne du site : El-Shawaf "La sentinelle".
Le nom antique de son monument funéraire était : nfr
"La belle (parfaite)".
Sa pyramide est
accompagnée d’une
plus petite pour la Reine, dont l’attribution à ce jour n’est toujours pas faite
précisément, mais que l’on alloue à,
Méresânkh IV.
Sa famille
Djedkarê Isési eut deux épouses :
• Méresânkh IV
(ou Meresankh ou Mereanch ou Mersyankh – Mr=s ˁnH
– "Elle aime la vie ou La vivante aimée ou La vie amoureuse"), dont la grande majorité
des spécialistes attribuent aujourd’hui
le complexe funéraire situé
au Nord-est à côté de
celui de son époux à
Saqqarah.
Aidan Marc Dodson et Dyan Hilton pensent que cette Reine fut plutôt l’épouse de
Menkaouhor.
Elle lui donne peut-être huit enfants, on n’est pas certain encore à ce jour
qu’elle en soit vraiment la mère. Certains sont inhumés à
Saqqarah
non loin de leur "mère", les autres sont enterrés dans la nécropole
d’Abousir :
Ruines de la pyramide de Djedkarê
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Quatre filles :
▪
Khekeretnebty
(ou Khâmerernebty IV ou Khekeretnebti) qui est surtout connue par sa sépulture, un mastaba édifié dans la
nécropole royale d’Abousir au
Sud-est du temple funéraire de
Niouserrê Ini.
Elle serait morte à l’âge de 30 et 35 ans.
▪ Hedjetnebou (ou Hedjetnebu) qui est inhumée dans un mastaba édifié au Sud-est
du temple funéraire de
Niouserrê Ini. Dans la tombe a été découvert le squelette d’une
femme mince âgée de 18-19 ans lorsqu’elle mourut. Des inscriptions du tombeau de
la Princesse l’identifient comme une sœur de
Khekeretnebty.
Les recherches montrent que le tombeau de
Khekeretnebty
fut construit en premier, suivi de celui d’Hedjetnebou. Elle portait, entre
autres, le titre de Fille du Roi de son corps sa bien-aimée (
sAt nswt nt Xt.f mrt.f).
▪ Méret-Isési (ou Méréret-Isesi), qui selon
Aidan Marc Dodson et Dyan Hilton apparaît avec le titre de Fille du Roi de son
corps sa bien-aimée (sAt nswt nt Xt.f mrt.f)
dans un relief qui provient probablement
d’Abousir.
Il se trouve aujourd’hui au
musée de Brooklyn.
Une inscription indique clairement qu’elle fut une sœur de
Khekeretnebty.
▪ Nebtyemnéferès qui fut enterré à
Abousir. Elle avait le titre de Fille du Roi (s3t-nswt).
Trois ou quatre fils :
▪
Rêmkoui (ou Raemka ou Raemkai), héritier au trône qui
serait mort prématurément. Il est enterré dans un mastaba (D3) situé au Nord du
complexe funéraire de Djoser aménagé dans la nécropole de
Saqqarah.
La chapelle de la tombe avec la stèle fausse porte a été démontée en 1906 et se
trouve aujourd’hui au Metropolitan Museum of Art de New York. L’étude des
reliefs de ce mastaba a démontré qu’initialement le tombeau était prévu pour un
autre dignitaire du royaume, Néferirtenes. Il fut attribué à Rêmkoui par
décret, sans doute suite à une disgrâce du notable.
▪
Néserkaouhor qui est enterré dans un mastaba aménagé dans la nécropole royale
d’Abousir.
Son tombeau semble à ce jour avoir été construit à une date légèrement postérieure à celui de sa sœur
Khekeretnebty
(ou Khâmerernebty IV ou Khekeretnebti).
Lorsque mastaba Néserkaouhor a été excavé, dans les années 1980, un grand nombre
de statues en bois y ont été trouvées.
▪
Isésiânkh (ou Isési-Ânkh)
qui outre son titre de "Fils royal de sa
chair", portait les titres de "Chef des expéditions" et "Directeur
de tous les travaux du Roi". Il possède un mastaba (D8) dans la nécropole de
Saqqarah.
▪
Ounas
(2356-2323) qui succède à son père, dont
Méresânkh IV est
donnée par certains spécialistes comme sa mère. Pour d’autres, sa mère
est cette Reine anonyme enterrée près du Roi. Comme le
précise Miroslav Verner il
n’existe aucune preuve concluante à l’appui de cette théorie.
• Une femme dont le nom est inconnu, qui est enterrée près de lui à
Saqqarah, dont il aurait eu deux
ou trois autres fils :
▪
(Des Jumeaux ?) Niânkhkhnoum et Khnoumhotep.
▪ Peut-être Ounas.
Bibliographie
Pour d’autres détails sur le Roi voir les ouvrages de :
Peter A.Clayton :
– Chronicle of the Pharaohs : The reign-by-reign record of the rulers and dynasties of ancient Egypt,
Thames and Hudson, New York, 1994, 1996, Novembre 2006 et janvier 2007 – American University in Cairo Press,
Le Caire, 2006 – En Français, Avec Florence Maruéjol, Chronique des pharaons : L’histoire règne par
règne des souverains et des dynasties de l’Égypte ancienne, Casterman,
Paris, 1994 et Mai 1995.
Aidan Marc Dodson et Dyan Hilton :
– The complete royal families of ancient Egypt, Thames and Hudson, London, Septembre 2004 et Février 2010.
Alan Henderson Gardiner :
– Geschichte des Alten Ägypten, Kröner, Stuttgart, (posthume)1965.
Nicolas Grimal :
– Histoire de l’Égypte ancienne, Fayard, Paris,Novembre 1988 et 1997, LGF, Livre de Poche, Janvier 1994.
Hans Wolfgang Helck :
– Geschichte des Alten Ägypten, E.J.Brill, Leiden 1968 et 1981.
Thomas Schneider :
– Lexikon der Pharaonen, Artemis, Zuürich, 1994 – Avec Arne
Eggebrecht, Deutscher Taschenbuch, München, 1996 – Artemis & Winkler,
Düsseldorf, 1997 – Albatros, Düsseldorf, 2002. Nigel Strudwick :
– The administration of Egypt in the Old Kingdom : the highest
titles and their holders, KPI, London, Boston, 1985.
Miroslav Verner et Vivienne G.Callender :
– Abusir VI : Djedkares family cemetery, Set Out, Janvier 2002 – En Français,
Aboussir VI, Éditeur inconnu, Le Caire, 2002.
Jürgen Von Beckerath :
– Handbuch der ägyptischen königsnamen,
MÄS 20,
Deutscher Kunstverlag, München, Janvier 1984 –
MÄS 49,
Philipp von Zabern, Mainz, 1999.
– Chronologic des pharaonischen Ägypten: Die zeitbestimmung der ägyptischen
geschichte von der vorzeit bis 332v. Chr., Münchener
Universitätsschriften,
MÄS46, Philipp von Zabern, Mainz, Janvier 1997.
Il existe de nombreux ouvrages sur le complexe funéraire et la pyramide, de ce Roi
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