Les grandes batailles de l’antiquité :
Bataille  des  Portes Persiques –
Bataille  de  l’Hydaspe
 

Nous avons besoin de vous

 

Sommaire
 

Présentation
Le contexte et prélude
Le déroulement
Après la bataille
Bibliographie

 Bataille  des  Portes  Persiques

20 Janv.
330

 


 

Alexandre le Grand -Musée
archéologique de Pergame

Présentation

 
   La bataille des Portes Persique (ou des Portes Persanes, en Grec : Ναυμαχία της Περσίδας πύλης) fut un conflit qui se déroula le 20 Janvier 330 av.J.C. Elle eut lieu au lieu-dit des Portes Persique, près de Persépolis. Les Portes Persiques, était l’ancien nom de la passe aujourd’hui connue sous le nom de Tang’e Meyran, dans les monts Zagros, reliant Yasuj avec Sedeh à l’Est, dans la province du Fars en Iran. La passe contrôle le lien avec la partie centrale de la Perse. Ce fut une confrontation entre l’armée Perse Achéménide, commandée par le Satrape de Perse (ou Persis ou Pārs, la province méridionale du Fars dans l’actuel Iran) et de Persépolis, Ariobarzane (ou Ario Barzan ou Aryo Barzan ou Ariobarzanês “exalter les Aryens“, en Persan : آریوبرزن, en Grec : ‘Aριoβαρζάνης, 368-330) et le Roi de Macédoine Alexandre le Grand (336-323) dans le cadre de sa campagne en Perse et qui vit la victoire du Macédonien.
 
   Ariobarzane (ou Ariobarzanês) fut fait Satrape en 335 par le Roi Darius III (336-330). Les historiens se demandent toujours pourquoi le Roi nomma un Satrape pour Persépolis et Persis (ou Pārs). Il semble qu’avant lui, ce poste n’existait pas. Après la défaite Perse à la bataille de Gaugamèles en 331, Darius III se rendit compte qu’il ne pouvait pas défendre sa capitale Persépolis et partit à l’Est pour tenter de reconstruire ses armées, laissant les commandes à Ariobarzane (ou Ariobarzanês).
 
   Pendant ce temps, Alexandre divisa son armée et en mena une partie vers la capitale Perse via les Portes Persiques. Durant l’hiver de 330, Ariobarzane (ou Ariobarzanês) mena la défense d’une dernière position malgré l’infériorité de ses forces. Il tendit une embuscade avec succès à l’armée d’Alexandre, infligeant de lourdes pertes aux Macédoniens. Toutefois, son succès aux Portes Persiques fut de courte durée car après avoir tenu pendant 30 jours, Alexandre déborda sa position et écrasa les défenseurs. Ariobarzane (ou Ariobarzanês) lui-même fut tué, soit pendant la bataille ou pendant la retraite vers Persépolis. Certaines sources indiquent que les Perses furent trahis par un chef de tribu capturé par Alexandre qui montra aux Macédoniens un autre chemin qui leur permis de déborder Ariobarzane (Ariobarzanês).

 

Le contexte et prélude

 
   L’Empire Perse Achéménide de Darius III (336-330) subit une série de défaites contre les forces du Roi de Macédoine Alexandre le Grand (336-323), au Granique en Mai 334, à Issos en Novembre 333 et enfin à Gaugamèles en Octobre 331. Cette dernière fut une défaite écrasante et permit à Alexandre, l’armée Perse démantelée, de continuer sa course dans les provinces centrales et de faire route vers Babylone et Suse. Après quelques jours de repos à Babylone, Alexandre continua de pourchasser Darius III. Cette poursuite le mena à la ville royale de Suse qui fut prise sans combat. Le Macédonien choisit comme prochaine destination, une autre cité royale, Persépolis. La Route Royal Perse qui partait de Suse (La première capitale d’Élam) était connectée avec les capitales les plus orientales de Persépolis et Pasargades en Perse (ou Persis ou Pārs, la province méridionale du Fars dans l’actuel Iran), et fut donc la destination naturelle pour la suite de la campagne d’Alexandre.


 

Peltaste Agrianien par Johnny Shumate

 
   Pendant ce temps, Darius III qui avait encore espoir de reprendre le dessus, reconstruisit une nouvelle armée à Ecbatane (Actuelle d’Hamadan (ou Hanadhân), au pied du mont Alvand, au Sud-ouest de la mer Caspienne, dans l’actuel Iran). Le Roi Perse qui ne pouvait pas en même temps défendre sa capitale Persépolis, nomma son Satrape Ariobarzane (ou Ario Barzan ou Aryo Barzan ou Ariobarzanês “exalter les Aryens“, en Persan : آریوبرزن, en Grec : ‘Aριoβαρζάνης, 368-330), pour surveiller la Route Royale et prévenir et contrecarrer l’avancée du Macédonien. À cet effet, Ariobarzane (Ariobarzanês) comptait beaucoup sur la route qu’allait emprunter Alexandre. Il n’y avait que quelques itinéraires possibles à travers les monts Zagros, qui étaient rendus plus dangereux par l’apparition de l’hiver.
 

 

   Alexandre traversa probablement le fleuve Pasitigris (ou Karoun) à Shushtar (Antique forteresse du Khouzestan, au Sud-ouest Iranien) et atteignit le mois suivant les contreforts de la partie Sud des monts Zagros. Il avait maintenant devant lui deux alternatives pour atteindre Persépolis. Soit il continuait de suivre la Route Royale, qui cependant contournait le Zagros plus au Sud, ou alors il prenait un raccourci, le chemin passant au travers de la chaîne de montagne d’une manière directe. Probablement du fait du gel Alexandre divisa son armée en deux parties. Le Général Parménion (v.400-330) en prit une moitié qu’il dirigea le long de la Route Royale, les troupes fédérales Grecques, les mercenaires et les unités lourdement armées. Alexandre prit la route vers la Persis (ou Pārs) avec l’autre moitié, l’infanterie Macédonienne, la cavalerie des “Compagnons“, les Agrianiens (Tribus Thraces), la cavalerie légère et les archers.
 
   Pour le Roi, l’accès en Persis (ou Pārs) à travers la montagne passait par la passe appelée “les Portes Persiques”, un étroit col de montagne qui se prêtait facilement à une embuscade, qui était dans les temps anciens la frontière entre l’Élam et la Persis (ou Pārs). Là les gens des montagnes, la tribu des Uxiens, lui demandèrent de payer un tribut pour traverser la passe, comme le faisait préalablement les Rois Perses. Bien sûr le Roi refusa et les habitants durent se soumettre devant la force militaire et Alexandre put continuer sa route. Estimant qu’il ne rencontrerait plus de forces ennemies au cours de sa marche, le Macédonien négligea d’envoyer des éclaireurs au-devant de son armée. La vallée appelée Meyrantals (ou Tang’e Meyran), précédant les Portes Persiques, était dans un premier temps très large, permettant à l’armée Macédonienne d’entrer dans la montagne à pleine marche, mais elle se resserrait petit à petit pour devenir une gorge très étroite, flanquée des deux côtés par des falaises abruptes. Elle était située sur la frontière de la province de Kohgiluyeh et Buyer Ahmad (Province de Fars).
 
   Alexandre atteignit ce “ravin” dans les premiers jours de l’année 330, ce qui se révélait être pour lui comme un but et il pensait n’avoir à rencontrer qu’une escouade Perse. Cependant, le Satrape Ariobarzane (ou Ariobarzanês), qui avaient déjà mené un contingent à la bataille de Gaugamèles, avait anticipé le chemin que prendrait le Macédonien et il occupait une position près du village moderne de Cheshmeh Chenar. Le passage comme dit plus haut était de moins en moins large et les courbes de la route au Sud-est (Pour faire face au soleil levant) se rétrécissaient considérablement à cet endroit, ce qui rendait le terrain particulièrement traitre et donc bien adapté pour les besoins d’Ariobarzane (ou Ariobarzanês).
 


 

Endroit supposé du camp d’Ariobarzane

   Selon l’historien Arrien (ou Lucius Flavius Arrianus Xénophon ou Arrien de Nicomédie, historien Grec et philosophe de l’époque Romaine, v.85-v.145), ce dernier avait une force de 40.000 fantassins et 700 cavaliers qui faisait face à une force Macédonienne de plus de 10.000 hommes (Certains historiens, dont Donald W.Engels vont jusqu’à 17.000). Diodore de Sicile (Historien et chroniqueur Grec, v.90-v.30) avance lui pour les Perses, 25.000 fantassins et 300 cavaliers et Quinte-Curce (ou Quintus Curtius Rufus, historien Romain, Ier s. ap.J.C), 25.000 fantassins. Encyclopædia Iranica suggère seulement 2.000 hommes ?.
 

Le déroulement

 
   Avec ses troupes le Satrape Ariobarzane (ou Ario Barzan ou Aryo Barzan ou Ariobarzanês “exalter les Aryens“, en Persan : آریوبرزن, en Grec : ‘Aριoβαρζάνης, 368-330) occupait la sortie Est de la gorge qu’il rendit impraticables en faisant entasser des pierres. Les Portes Persiques avaient seulement quelques mètres de large au point d’embuscade. Derrière eux, ainsi que sur les parois rocheuses de la gorge, il avait laissé ses archers. Alexandre stationna ses troupes au niveau de la forêt, à la sortie Ouest, pour une nuit, voulant attendre le lendemain pour marcher directement à travers la gorge. Apparemment, il considérait qu’une percée du mur de pierre par une attaque frontale était possible. Le lendemain donc il se mit en marche. Mais lorsque les Macédoniens eurent passé la gorge de moitié et qu’ils furent suffisamment avancés dans le passage étroit, depuis le versant Nord, les Perses firent pleuvoir sur eux des rochers et depuis les hauteurs au Sud une grêle de flèches. L’armée d’Alexandre subit de lourdes pertes, perdant des pelotons entiers à la fois, les bombardements les attaquant sur trois côtés en même temps.
 
   Alexandre confronté à tant d’insécurité donna l’ordre de reculer dans le canyon et de retourner à leur camp initial. Malheureusement sur ce chemin du retour avait déjà avancé l’arrière-garde Macédonienne ce qui rendit une retraite ordonnée dans ce passage étroit impossible. Alexandre fut contraint de laisser ses morts derrière lui pour sauver le reste de son armée. Une grande marque de honte pour les Grecs et les Macédoniens pour qui il était impératif la récupération et le bon enterrement des leurs. À ce moment Ariobarzane (ou Ariobarzanês) avait des raisons de croire que la victoire était proche et que celle-ci allait changer le cours de la guerre. Tenir le passage des Portes Persiques forcerait l’armée Macédonienne à utiliser d’autres routes plus appropriées pour envahir la Perse, ce qui donnerait à Darius III plus de temps sur le terrain pour construire une autre armée et peut-être arrêter complètement l’invasion Macédonienne.


 

Statue d’Ariobarzane à Yasuj
dans les monts Zagros

 
   Ariobarzane (ou Ariobarzanês) et ses troupes tinrent la position un mois. Alexandre n’avait aucune connaissance de la géographie locale et il buttait contre la résistance de ces derniers, pensant qu’il ne pouvait les contourner, mais il s’obstina refusant la défaite. Il eut alors l’idée de faire un interrogatoire sévère à des prisonniers pour que ceux-ci lui dévoilent un autre chemin pour contourner la passe. Parmi eux se trouvait un chevrier local, fils d’un Lycien et d’une Perse, on trouve aussi selon les sources un Chef de tribu. Pour une récompense de 30 talents il trahit les Perses et informa Alexandre d’un chemin caché dans les rochers sur lequel les défenses Perses n’avaient pas accès. Après avoir partagé ses troupes, Alexandre mena la majeure partie de ses soldats, de nuit par une marche forcée, par le sentier jusqu’aux positions arrière des Perses. La marche fut épuisante en raison de la forte accumulation de neige, mais ils arrivèrent inaperçus, sous le couvert de l’obscurité, sur les positions fortifiées Perses, qui furent surpris dans leur sommeil et surtout de la direction inattendue de l’attaque, ce qui provoqua la panique. Ils fuirent rapidement vers les montagnes et exposèrent leur camp sans protection.
 
   La place fut conquise avec 3.000 Macédoniens sous la direction de Ptolémée (Futur Ptolémée I, Roi 305-282), les Perses furent encerclés par une attaque en tenaille avec Philotas (ou Philôtas, † 330), un des plus proches “Compagnons” et officiers d’Alexandre, qui fit une brèche dans leurs défenses. À ce moment, le Roi décida d’une attaque directe sur Ariobarzane (ou Ariobarzanês). Il donna l’ordre, à la fois à ses hommes, commandés par Cratère (ou Kraterós ou Craterus, Général Macédonien, v.370-321), d’avancer dans le canyon et à d’autres l’attaque simultanée sur le mur. Les Perses furent alors en proie à de grandes difficultés, incapables de contrer ces attaques de directions différentes. À-la-merci des Macédoniens, et de plus légèrement armés, ils furent rapidement perdus dans la mêlée. Ils essayèrent de fuir, mais se retrouvèrent face à Ptolémée (Futur Ptolémée I) et ses hommes.
 
   Selon la tradition, l’armée Perse fut détruite dans un véritable massacre, quelques guerriers réussirent toutefois à s’échapper du champ de bataille, y compris Ariobarzane (ou Ariobarzanês) avec ses hommes restants, qui fuirent vers Persépolis pour se retrancher dans la ville. Mais les nouvelles de sa défaite l’avaient précédé et lorsqu’il se présenta aux portes de la ville il fut rejeté par Tiridate, le commandant de la forteresse, un noble Perse, qui avait pris des contacts secrets avec Alexandre. Avec les restes de son armée il retourna alors vers les rives de l’Araxe, où il fut très vite rejoint par le Macédonien. Dans une bataille finale avec le conquérant il fut tué. Youtab (En Persan : یوتاب), la sœur d’Ariobarzane (ou Ariobarzanês) combattit aux côtés de son frère dans la bataille.
 
   Les récits de la façon dont Alexandre gagna la victoire des Portes Persiques varient en fonction des auteurs. Selon Quinte-Curce (ou Quintus Curtius Rufus, historien Romain, Ier siècle ap.J.C) et Arrien (ou Lucius Flavius Arrianus Xénophon ou Arrien de Nicomédie, historien Grec et philosophe de l’époque Romaine, v.85-v.145), des prisonniers de guerre conduisirent le Roi à travers les montagnes à l’arrière de la position Perse, tandis qu’une force symbolique restait dans le camp Macédonien sous le commandement du Cratère (ou Kraterós ou Craterus). “[Les Perses] … menèrent une lutte mémorable … Désarmés comme ils l’étaient, ils saisirent les hommes armés dans des étreintes, en les faisant tomber sur le sol … ils poignardèrent la plupart d’entre eux avec leurs propres armes.
 
   Diodore de Sicile (Historien et chroniqueur Grec, v.90-v.30) et Plutarque (Philosophe, biographe et moraliste Grec, 46-v.125) sont généralement d’accord avec ce récit, bien que leur nombre de combattants varient considérablement. Les historiens modernes, comme Waldemar Heckel, Aurel Stein et Sir Fred H.Andrews, prêtent également du crédit à cet argument. Bien que les chiffres précis ne sont pas disponibles, certains historiens modernes considèrent que cette bataille des Portes Persiques fut le plus sérieux défi à Alexandre et lui coûta ses plus grandes pertes au cours de sa campagne pour conquérir l’Empire Perse. Selon certains récits, Ariobarzane (ou Ariobarzanês) et ses compagnons survivants furent pris au piège, mais plutôt que de se rendre, ils se jetèrent sur les lignes Macédoniennes. Un récit indique qu’Ariobarzane (ou Ariobarzanês) fut tué dans la dernière charge alors qu’une autre version, par Arrien, rapporte qu’il s’échappa au Nord, où il finit par se rendre à Alexandre.


 

Vallée au Nord, début du sentier
utilisé par Alexandre pour
contourner les forces d’Ariobarzane

 

Après la bataille

 
   Des Similitudes entre la bataille des Thermopyles et celles des Portes Persiques ont été reconnues par les auteurs anciens et modernes. La bataille des Portes Persiques aurait pu être une sorte de renversement de la guerre comme le fut celle des Thermopyles dans une tentative pour les Perses de repousser les forces de l’envahisseur, mais ce ne fut pas le cas. La campagne d’Alexandre était pour se venger de l’invasion Perse de la Grèce et la défaite des forces d’Ariobarzane (ou Ariobarzanês) retirait le dernier obstacle militaire entre le Macédonien et Persépolis. Après la bataille finale sur l’Araxe, Alexandre put donc se diriger sans résistance vers la plus ancienne ville royale Perse. Continuant son avancée, il franchit l’Araxe sur un pont de bateaux et parvint fin Janvier 330 dans cette ville symbolique du pouvoir Perse, où, selon Robin Lane Fox il trouva environ 120.000 talents en métaux précieux. La cité était un objectif important, ne serait-ce qu’en termes de propagande, parce qu’elle était le centre politique des Perses.
 
   À son arrivée dans la ville Alexandre nomma un Général du nom de Phrasaortes († 327/326), comme successeur d’Ariobarzane (ou Ariobarzanês). Quatre mois plus tard, le Roi permit à ses troupes de piller la cité, de tuer tous ses hommes et d’asservir toutes ses femmes, peut-être comme un dernier acte de vengeance envers les Perses ?. Cette destruction de la ville par le Macédonien est considérée comme inhabituelle et incompréhensible pour les chercheurs modernes, surtout que ses habitants se rendirent sans combat et Alexandre avait déjà quitté des villes Perses qu’il avait conquises, comme Suse, en les laissant relativement intacte. Cela ne s’arrêta pas là, en Mai 330, le Roi ordonna que les palais de la terrasse soient incendiés.
 
   En fonction des auteurs, cet incendie est interprété comme volontaire, bien qu’il aille à l’encontre de la politique d’intégration aux coutumes locales qu’Alexandre pratiquait. D’après certains le Roi aurait ainsi voulu venger les destructions Perses à Athènes, en 480. Une autre interprétation affirme qu’Alexandre aurait provoqué l’incendie dans un état d’ivresse, poussé par une jeune courtisane Athénienne du nom de Thaïs, qui fut en 323 l’épouse de Ptolémée I. Il est possible que le Roi ait simplement souhaité affirmer son pouvoir face à une population peu encline à se rallier à lui. Selon Plutarque (Philosophe, biographe et moraliste Grec, 46-v.125) il regrettera par la suite son geste qui fut très mal perçu par les Perses, mais accompli avec joie par les troupes Macédoniennes. Puis Alexandre quitta la ville et continua sa recherche pour retrouver Darius III (336-330).

 

Bibliographie

 
   Pour d’autres détails sur la bataille voir les ouvrages de :
 
Gregory S.Aldrete :
The decisive battles of world history, Teaching Company, Chantilly, VA, 2014.
Henry Bacon :
Alexander at the Gates Persan : A Study in Historiographie et topographie, pp : 15-234, American Journal of Ancient History, NS 1, Cambridge, 2002.
Pierre Briant :
Alexandre le Grand, de la Grèce à l’Inde, Gallimard, Paris, 1987.
Theodore Ayrault Dodge :
Alexander : A history of the origin and growth of the art of war from the earliest times to the battle of Ipsus, 301 BC, with a detailed account of the campaigns of the great Macedonian, Da Capo Press, New York, 1996. 
Raffaele D’Amato :
La più grande battaglia di Alessandro Magno : Gaugamela e la conquista del mondo, Newton & Compton, Roma, 2012.  
Donald W.Engels :
Alexander the Great and the logistics of the Greek army, Berkeley and Los Angeles, University of California Press, Berkeley, London, Los Angeles, 1978 -1980. 
Robin Lane Fox :
Alessandro Magno, Einaudi, Turin, 1981-2004- En Anglais, Alexander the Great, Penguin, London, 2005.
Andrea Frediani :
Les grandes batailles d’Alexandre le Grand, Newton Compton, 2004.
Peter Morris Green :
Alexander of Macedon, 356-323 B.C. : A historical biography, University of California Press, Berkeley, 1991.
Thomas Benfield Harbottle :
Dictionary of battles : From the earliest date to the present time, Republished by Gale Research Co., Detroit, 1966.
Waldemar Heckel :
Alexander at the Gates Persique, pp : 168-174, Athenaeum 58, London, 1980.
Shahram Pourhassan :
The Persian Gate, California State University, Los Angeles, 2012.
Henry Speck :
Alexander at the Persian Gates. A Study in Historiography and Topography, pp : 15-234, American Journal of Ancient History, n.s. 1.1, 2002.
Aurel Stein et Sir Fred H.Andrews :
Old routes of western Īrān; narrative of an archaeological journey, Greenwood Press, New York, 1969.
John Warry :
Alexander, 334-323 BC : Conquest of the Persian Empire, Osprey, London, 1991.

 

 

Sommaire
 

Présentation
Le contexte
Les effectifs
Le prélude
Le déroulement
Après la bataille
Bibliographie

Bataille  de l’Hydaspe Mai 326

 


 

Buste d’Alexandre –
Musée de Berlin

Présentation

 
   La bataille de l’Hydaspe (ou Hydaspes ou bataille de Jhelum ou Naumachia tēs Hydaspes, en Grec : Ναυμαχία της Υδάσπη) fut un conflit qui se déroula en Mai 326 av.J.C (On trouve quelques fois Juillet). Elle eut lieu sur les rives de la rivière Hydaspe (ou Hydaspes, aujourd’hui Jhelum ou Jhelam, un affluent de l’Indus) dans le Pendjab, près de Bhora (ou Bhera). Toute tentative de trouver l’ancien site exacte de la bataille est compliquée du fait des changements considérables dans le paysage au fil du temps. À aujourd’hui, l’endroit le plus plausible est juste au Sud de la ville de Jhelum, où l’ancienne route principale traversait la rivière et où une source Bouddhiste mentionne une ville qui peut être Nicée. Selon beaucoup de spécialistes, l’identification du lieu de la bataille près de la ville moderne Jalalpur Sharif est certainement erronée, car la rivière dans les temps anciens serpentait loin de l’emplacement de cette ville.
 
   Ce fut une confrontation entre le Roi (ou Raja) Pôros (ou Pûru ou Por) du Paurava (En Sanskrit : पौरव, peuple d’Asie centrale) et le Roi de Macédoine Alexandre le Grand (336-323) dans le cadre de sa campagne en Inde. Elle vit la victoire du Macédonien. Dans cette bataille il allait encore faire preuve d’une grande habilité à la tactique. Sa décision de traverser la rivière en période de mousson malgré une surveillance Indienne, afin d’attaquer l’armée de Pôros (ou Pûru) est désignée comme l’un de ses "chefs-d’œuvre”. Bien que victorieuse, ce fut la bataille la plus coûteuse en hommes pour les Macédoniens. La résistance mise en place par le Roi Pôros (ou Pûru) et ses hommes gagna le respect d’Alexandre, qui demanda à Pôros de devenir un Satrape Macédonien pour la région. La bataille est historiquement importante pour l’ouverture politique de l’Inde à la Grèce (Suivront les Séleucides, les Gréco-bactriens, les Indo-Grecs) et l’influence culturelle (L’art Gréco-bouddhique) qui continua à avoir un impact pendant de nombreux siècles. Alexandre a ensuite fondé la ville de Nicée du Pendjab (ou Nicaea) sur le site, mais cette ville n’a pas encore été découverte.

 

Le contexte

 
   Après que le Roi Macédoine Alexandre le Grand (336-323) ait vaincu en 328 les derniers représentants de l’Empire Achéménide, les forces de Bessos (ou Bessus ou Artaxerxès V, en Persan : اردشیر پنجم Ardeshir V, Grec : Βήσσος, † été 329) et Spatamenès (ou Spitaménès ou Spitamaneh ou Aspntman, en Persan : اسپنتمان, en Grec : Σπιταμένης, 370-328) les anciens Satrapes de Bactriane, il décida, en 327, de commencer une nouvelle campagne pour étendre son Empire vers l’Inde. Il s’empara de la Bactriane, de la Sogdiane et du Gandhara où il reçut des émissaires du Roi Omphis de Takshashîlâ (Aujourd’hui Taxila, en Sanskrit : तक्षशिला) qui craignait les ambitions de son voisin, le Roi (ou Raja) Pôros (ou Pûru ou Por) du Paurava , allié au Prince du Cachemire afin de soumettre le Pendjab sous sa domination.


 

Alexandre et Pôros à la bataille de l’Hydaspe –
Charles Le Brun – 1673 – Musée du Louvre

 
   Selon certains spécialistes ce serait afin de répondre favorablement à ces Ambassadeurs qu’Alexandre se lança à la conquête de l’Inde. Il pensait en effet qu’un allié puissant dans la région représentait une certaine garantie de succès. Au printemps 327, il quitta Bactres à la tête d’une troupe considérable. Il traversa les monts Paraponisadès (ou  Hindū-Kūsh ou Hindou Kouch, en Persan : هندوکش, en Hindi : हिन्दु कुश) une chaîne de hautes montagnes en Afghanistan et au Pakistan actuel (Dont Aristote [Philosophe Grec, 384-322] était convaincu qu’ils étaient l’extrémité orientale du monde) et passa par Alexandrie du Caucase (Actuelle Bagram près de Kaboul) où il fut accueilli par le Roi Omphis, qui lui offrit quelques éléphants de guerre.
  
   À l’été 327, Alexandre chargea Héphestion (ou Héphaestion) et Perdiccas de soumettre les peuples vivant sur la rive Sud du Cophen, la rivière qui descend de la vallée de l’actuelle Kaboul vers l’Indus, tandis que lui s’occupait de la rive septentrionale, secondé par son Général Cratère (ou Kraterós ou Craterus, v.370-321). Pour ces deux premiers Généraux il n’y eut guère de problème et ils atteignirent l’Indus bien avant lui. Aurel Stein et Sir Fred H.Andrews nous disent que pour le Roi par contre la tâche fut plus rude. Il fut confronté aux populations montagnardes, les Assacènes (ou Açvakas), qui opposèrent une forte résistance à l’été 327, et il eut de grandes difficultés à prendre leur capitale forteresse, Aornos (Identifiée à Pir Sar, au Pakistan). Alexandre fut blessé lors de la bataille, frappé d’une flèche qui perça son armure et avec elle la plèvre et le poumon, mais il échappa à la mort. Finalement, au printemps 326, il atteignit l’Indus, où Héphestion (ou Héphaestion) et Perdiccas avaient construit un pont, qu’ils franchirent à cette même période. L’armée fit une halte d’un mois à Takshashîlâ (ou Taxila), mais repris au début de l’été 326 la route pour aller combattre Pôros (ou Pûru ou Por) qui voulait interdire aux Macédoniens, avec une importante armée, l’accès à l’Hydaspe (ou Hydaspes).


 

Rivière Hydaspe aujourd’hui

 

Les  effectifs

 
   En ce qui concerne les effectifs, on trouve comme pour toutes les batailles de l’antiquité des différences entre les sources. Pour Alexandre, les troupes qui traversèrent le fleuve sont estimées par les auteurs modernes à environ 34.000 fantassins. Cependant on trouve aussi 40.000 soldats au total (Nick Welman, John Warry), idem pour Arrien (ou Lucius Flavius Arrianus Xénophon ou Arrien de Nicomédie, historien Grec et philosophe de l’époque Romaine, v.85-v.145), ou 46.000 soldats au total (Manav Guha), ou 50.000 soldats au total, ou 135.000 soldats au total (Thomas Benfield Harbottle). Auxquels il faut ajouter entre 5.000 (Arrien) et 7.000 cavaliers Indiens. John Frederick Charles Fuller parle de 25.000 hommes (force d’attaque) et 11.000 hommes et 2.000 cavaliers sous le commandement de Cratère. Selon les sources, Alexandre aurait été en infériorité numérique.
 
   Les chiffres ne sont pas plus précis pour Pôros (ou Pûru ou Por). On trouve 20.000 hommes (Plutarque, philosophe, biographe et moraliste Grec, 46-v.125), ou 30.000 (Arrien, Quinte-Curce, historien Romain, Ier s. ap.J.C), ou 50.000 (Diodore de Sicile, historien et chroniqueur Grec, v.90-v.30). Auxquels s’ajoutaient entre 2.000 cavaliers (Plutarque), ou 3.000 (Diodore de Sicile), ou 4.000 (Arrien) et plus 85 éléphants de guerre (Quinte-Curce), ou 130 (Diodore de Sicile, Peter Morris Green), ou 200 (Arrien, John Frederick Charles Fuller), ou 300 (Plutarque) ; et 60 chars (selon une source), ou 300 (Arrien, Quinte-Curce), ou 1.000 (Plutarque, (Diodore de Sicile).

 

Le prélude

 
   Au printemps 326, Pôros (ou Pûru ou Por) fit cantonner ses troupes, sur la rive Sud (rive gauche) de l’Hydaspe (ou Jhelum) dans le but de repousser toutes tentatives de passages de l’armée Macédonienne. Arrivé proche des troupes de Pôros (ou Pûru ou Por), Alexandre établit lui son campement dans les environs de la ville de Jhelum sur la rive droite de la rivière. Cette dernière était profonde et rapide, gonflée par la fonte des neiges et les premières pluies de mousson, ce qui fait qu’ayant peu d’endroits de passage praticables, des forces d’attaque s’en trouvaient rapidement condamnées. Alexandre savait qu’une approche directe avait donc peu de chances de succès et il essaya de trouver des gués alternatifs. Il attendit plusieurs jours où il déplaçait ses troupes montées le long de la berge de la rivière chaque nuit sans éveiller la surveillance des Indiens. Il organisa une campagne de désinformation, faisant passer, par les paysans locaux, le message qu’il considérait que l’eau était trop haute pour tenter un franchissement, désinformation qui arriva rapidement à Pôros (ou Pûru ou Por). Finalement, au bout de 28 nuits, il finit par trouver un passage convenable, à environ 27 km. en amont de son camp.


 

Phalange Grecque attaquant
le centre Indien pendant
la bataille de l’Hydaspe –
André Castaigne – 1911

 
   Son plan était une manœuvre classique de tenailles. Il laissa son Général Cratère (ou Kraterós) avec le gros des troupes et il décida de traverser en personne, avec sa cavalerie d’élite de "Compagnons" et ses hypaspistes, le fleuve dans une région boisée afin de prendre Pôros (ou Pûru ou Por) à revers. Son contingent était composé, selon Arrien (ou Lucius Flavius Arrianus Xénophon ou Arrien de Nicomédie, historien Grec et philosophe de l’époque Romaine, v.85-v.145) de 6.000 fantassins et 5.000 cavaliers, mais il est probable qu’ils étaient en plus grand nombre. Cratère (ou Kraterós) était positionné à deux gués prêt à soutenir l’attaque avec toutes ses troupes ou, à l’inverse, tenir la position si Pôros (ou Pûru ou Por) débordait Alexandre. Celui-ci déplaça donc ses hommes en silence en amont, puis il traversa la rivière dans le plus grand secret, en utilisant des flotteurs en peau remplis de foin, ainsi que des tous petits navires, des galères coupées en deux. Selon Arien, il débarqua sur un ilot qui lui servit de base en cette période de mousson pour traverser le reste de la rivière.
 
   Dans le même temps Cratère (ou Kraterós) faisait des va et viens fréquents le long de la rivière, donnant l’impression à Pôros (ou Pûru ou Por) qu’il s’apprêtait à la traverser. Pôros (ou Pûru ou Por), voyant toujours sur l’autre rive ce corps de troupe principal, ne craignait pas le danger. Cependant il finit par percevoir la manœuvre de son adversaire et envoya une petite cavalerie et des chars sous le commandement de son fils (frère ou neveu selon les sources), également nommé Pôros, pour le combattre, en espérant qu’il serait en mesure d’empêcher sa traversée.
 
   Alexandre était personnellement déjà sur l’autre rive et il envoya ses archers à cheval contrecarrer la cavalerie du jeune Pôros (ou Pûru ou Por). Selon Kaushik Roy, celui-ci se retrouva à faire face à une force inattendue et ses chars furent immobilisés par la boue près de la rive de la rivière. Le jeune Pôros (ou Pûru ou Por) n’eut qu’une solution, la fuite parmi les morts, sa petite armée étant en déroute. Lorsque cette nouvelle arriva à son “père”, il comprit qu’Alexandre avait traversé la rivière de son côté et se hâta de lui faire face avec la meilleure partie de son armée, laissant derrière lui un petit détachement pour perturber le débarquement de la force de Cratère (ou Kraterós) au cas où ce dernier tenterait de traverser lui aussi.

 

Le déroulement

 
   La bataille débuta réellement lorsque Pôros (ou Pûru ou Por) atteignit le point où l’armée d’Alexandre arrivait, il déploya ses forces et commença l’attaque. Les Indiens étaient rangés avec de la cavalerie sur les deux flancs, leur centre comprenant l’infanterie avec des éléphants de guerre, entre ou devant elle, à intervalles égaux. L’infanterie Macédonienne lourde était en infériorité numérique face à l’infanterie Indienne, 1 contre 5. De plus, selon Arrien et John Frederick Charles Fullerles, les 200 éléphants de guerre étaient une difficulté supplémentaire pour Alexandre car il devait revoir sa stratégie habituelle qui consistait à couper les lignes adverses, afin de lancer la cavalerie dans la brèche, ce qui avait été d’une efficacité redoutable à la bataille de Gaugamèles. Ajouté à cela que les éléphants rendaient les chevaux Macédoniens si nerveux, qu’ils refusaient toute attaque frontale.
 


 

Alexandre capturant Pôros – Gravure de 1696

   Le Roi fut donc forcé de revoir sa stratégie. Il envoya un groupe de cavaliers, sous le commandement de Koinos (ou Coenos ou Coenus, en Grec : Κονος, † 326) contourner les Indiens dans le but de les attaquer par l’arrière, ce qui les forceraient à diviser leurs forces pour faire face à l’ennemi sur deux fronts. Dans le même temps, il lança, avec lui-même à la charge, une attaque massive de cavalerie contre le flanc gauche de Pôros (ou Pûru ou Por). Il supposait à juste titre que ce dernier serait forcé de déplacer sa cavalerie, de son aile droite sur son aile gauche. Ce que fit l’Indien, ce qui permit à la cavalerie Macédonienne de Koinos (ou Coenos ou Coenus) d’attaquer sur ses arrières l’armée Indienne, comme Alexandre l’avait prévu. Les Indiens tentèrent de former une double phalange, mais les manœuvres compliquées nécessaires apportèrent encore plus de confusion dans leurs rangs ce qui rendit plus facile l’attaque de la cavalerie Macédonienne.
 
   Pôros (ou Pûru ou Por), contrairement à l’habitude des Rois Indiens, commandait depuis le haut d’un éléphant au lieu d’un char, et il prit la tête de la charge des éléphants. Les phalangistes Macédoniens et l’infanterie Perse de Cratère (ou Kraterós), traversèrent alors le fleuve, il stoppèrent brutalement la charge des éléphants qui leur faisaient face. Les éléphants causèrent toutefois de lourdes pertes à la phalange, avec leurs défenses équipées de pointes de fer. Mais repoussés par les piques denses Macédoniennes, ils s’affolèrent semant beaucoup de ravage dans leurs propres lignes. Un grand nombre de cornacs des éléphants furent tués. La cavalerie Indienne fuit parmi les éléphants espérant leur protection, mais les bêtes étaient hors de contrôle et se retiraient épuisées du champ de bataille, laissant le reste de l’armée de Pôros (ou Pûru ou Por) encerclé par la cavalerie et la phalange Macédoniennes.
 
   Après de lourdes pertes, Pôros (ou Pûru ou Por), malgré un combat courageux, cerné de tous côtés et gravement blessé, se laissa capturer. Pour récompenser son courage il eut droit aux honneurs d’Alexandre aux termes des négociations. Justin (ou Marcus Junianus Justinus ou Justinus Frontinus, historien Romain du IIIe siècle) prétend, au contraire des autres auteurs antiques, qu’au cours de la bataille, Pôros (ou Pûru ou Por) se serait retrouvé face à Alexandre, qui le chargeait à cheval dans un combat singulier. Alexandre tomba de son cheval dans le duel qui suivit, mais ses gardes du corps purent le protéger et capturer l’Indien. Mais Lucien de Samosate (ou Lucian ou Lucianus Samosatensis, Rhéteur et satiriste de Commagène, v.120- † après 180 ap.J.C) prétend qu’il s’agit d’une invention d’Aristobule de Cassandréia (ou Aristoboulos, en Grec : ᾽Αριστόβουλος, v.380-v.290), contemporain d’Alexandre et des diadoques, il rédigea des Mémoires, aujourd’hui perdues, au sujet des conquêtes du Roi. Cet épisode légendaire fut repris du vivant d’Alexandre dans le “décadrachme de Pôros“.


 

Éléphant de guerre indien
contre les troupes d’Alexandre –
Johannes van den Avele – 1685

 
   Il est difficile d’estimer les pertes des deux camps, mais les Indiens perdirent probablement toute leur cavalerie, beaucoup de leur infanterie et plus de 100 éléphants de guerre. Arrien (ou Lucius Flavius Arrianus Xénophon ou Arrien de Nicomédie, historien Grec et philosophe de l’époque Romaine, v.85-v.145) avance 20.000 fantassins et 3.000 cavaliers tués. Diodore de Sicile (Historien et chroniqueur Grec, v.90-v.30) donne 12.000 tués et 9.000 capturés. Ces chiffres sont proches, si l’on suppose qu’Arrien ajoute les prisonniers au total des victimes Indiennes. Deux fils de Pôros (ou Pûru ou Por) furent tués pendant la bataille, ainsi que son parent et allié Spitakes et la plupart de ses chefs.
 
   En ce qui concerne les Macédoniens. Alexandre captura plus de 80 éléphants, sa cavalerie fut épargnée mais il perdit une partie importante de son infanterie. Selon Arrien, les pertes Macédoniennes ne se furent que de 310, 80 fantassins et 230 cavaliers. Les historiens modernes, comme John Frederick Charles Fuller, considèrent plus réaliste le chiffre donné par Diodore de Sicile d’environ 1.000 hommes, 700 fantassins et 280 cavaliers, qui semble effectivement plus plausible compte tenu du succès partiel des éléphants de guerre Indiens. L’historien Peter Green estime qu’Alexandre perdit 4.000 hommes, la plupart étant des phalangistes qui subirent le combat contre les éléphants, car les chevaux de la cavalerie Macédonienne avaient refusé de s’en approcher.

 

Après la bataille

 
   La bravoure, les compétences de guerre et l’attitude princière de Pôros (ou Pûru ou Por) impressionnèrent grandement Alexandre, Blessé à l’épaule, Alexandre lui avait demandé comment il voulait être traité. “Traitez-moi comme un Roi traiterait un autre Roi” avait-il répondu. En dépit de la défaite de l’Indien, il épargna sa vie et le traita comme un Roi, puisqu’il lui permit de conserver son trône. C’était aussi plus ou moins intéressé de la part du Macédonien car il avait besoin de remettre un peu de stabilité dans une région aux peuplades turbulentes et Pôros (ou Pûru ou Por) avait l’autorité qu’il fallait pour cela. Après avoir soumis le Pendjab actuel, le Roi Macédonien fonda deux villes dans cette région, l’une à l’endroit de la bataille appelée Alexandrie Nicée du Pendjab (ou Nicaea ou Nikaia, en Grec : Νικαία “victoire“, mais cette ville n’a pas encore été découverte), en commémoration de son succès et l’autre sur l’autre rive de l’Hydaspe appelée Alexandrie Bucéphalie (ou Boukêphalia, peut-être sur le site de Bhora (ou Bhera)), en l’honneur de son fidèle destrier, qui mourut peu de temps après cette bataille. Il commémora aussi cette victoire en frappant monnaie à l’effigie de Pôros (ou Pûru ou Por).
 


 

Autre représentation libre de la bataille de l’Hydaspe

   En 326, l’armée d’Alexandre approcha les limites de l’Empire de la dynastie Nanda (Famille qui régna sur le Nord de l’Inde entre 343 et 321, l’Empire Nanda s’étendait du Bengale au Pendjab). Là l’armée Macédonienne épuisée par la campagne continue et effrayée à la perspective de faire face à une autre armée Indienne gigantesque, s’opposa à Alexandre, elle refusa de continuer et exigea de retourner à l’Ouest. Alexandre finalement céda et fit route vers le sud, le long de l’Indus, les limites de son Empire.
 
   Les principales raisons de la défaite Indienne furent dues à l’utilisation des tactiques d’Alexandre et à sa supériorité managériale et technologique. De plus leur cavalerie et infanterie étaient inférieure professionnellement à celles des Grecs. Ils n’avaient ni une infrastructure militaire soutenue, ni une armée permanente. Les historiens Grecs convinrent que Pôros (ou Pûru ou Por) combattit courageusement jusque-là fin contrairement à Darius III (336-330) qui fuit après avoir été battu lors de la bataille de Gaugamèles.

 

Bibliographie

 
   Pour d’autres détails sur la bataille voir les ouvrages de :
 
Gregory S.Aldrete :
The decisive battles of world history, Teaching Company, Chantilly, VA, 2014.
Pierre Briant :
Alexandre le Grand, de la Grèce à l’Inde, Gallimard, Paris, 1987.
Lee L.Brice :
Battle of the Hydaspes : Wars of Alexander the Great, World at War: Understanding Conflict and Society, 1996.
Theodore Ayrault Dodge :
Alexander : A history of the origin and growth of the art of war from the earliest times to the battle of Ipsus, 301 BC, with a detailed account of the campaigns of the great Macedonian, Da Capo Press, New York, 1996. 
Raffaele D’Amato :
La più grande battaglia di Alessandro Magno : Gaugamela e la conquista del mondo, Newton & Compton, Roma, 2012.  
Donald W.Engels :
Alexander the Great and the logistics of the Greek army, Berkeley and Los Angeles, University of California Press, Berkeley, London, Los Angeles, 1978 -1980. 
Robin Lane Fox :
Alessandro Magno, Einaudi, Turin, 1981-2004- En Anglais, Alexander the Great, Penguin, London, 2005.
Andrea Frediani :
Les grandes batailles d’Alexandre le Grand, Newton Compton, 2004.
John Frederick Charles Fuller :
The generalship of Alexander the Great, Rutgers University Press, New Brunswick, 1960.
Richard A.Gabriel :
The campaigns of Alexander : Granicus – 334 B.C., Issus – 333 B.C., Gaugamela – 331 B.C., Hydaspes – 326 B.C., Army War College (U.S.), Department of National Security and Strategy, Carlisle Barracks, 1992.
Paul Goukowsky :
Le roi Pôros, son éléphant et quelques autres, pp : 473-502, Bulletin de Correspondances Helléniques 76, 1972.
Peter Morris Green :
Alexander of Macedon, 356-323 B.C. : A historical biography, University of California Press, Berkeley, 1991.
Manav Guha :
Porus and Alexander : The battle of the Jhelum 327-326 BC, General Data LLC, Juin 2005.
Jim R.Hamilton :
The cavalry battle at the Hydaspes, pp : 26-31, The Journal of Hellenic Studies 76, 1956.
Thomas Benfield Harbottle :
Dictionary of battles : From the earliest date to the present time, Republished by Gale Research Co., Detroit, 1966.
Guy Rogers :
Alexander : The ambiguity of greatness, Random House, New York, 2004.
Kaushik Roy :
India’s historic battles : From Alexander the great to Kargil, Permanent Black, Delhi, Distributed by Orient Longman, Bangalore, 2004.
Nick Sekunda et John Gibson Warry :
Alexander the Great : His armies and campaigns 334-323 BC, Osprey, London, 1998.
Craig D.Starnaman :
Alexander, Porus, and the Battle of the Hydaspes, Michigan State University, 1990.
Aurel Stein et Sir Fred H.Andrews :
Old routes of western Īrān; narrative of an archaeological journey, Greenwood Press, New York, 1969.
Alexander’s track to the Indus : Personal narrative of explorations on the North-West frontier of India, Macmillan & Co., Londres, 1929 – New York, Benjamin Blom, 1972.
Aurel Stein :
The site of Alexander’s passage of the Hydaspes and the battle with Poros, pp : 31-46, The Geographical Journal 80, N°1, 1932.
John Warry :
Alexander, 334-323 BC : Conquest of the Persian Empire, Osprey, London, 1991.

 

 

 Copyright © Antikforever.com