Tablette retraçant les chroniques de
Nabopolassar – British Museum |
Ses dates de règne, son origine
Nabopolassar (ou Nabopolàssar ou Nabû-apla-uṣur
ou Nabu-Apla-Usur ou Nabou-Apla-Ousour ou Nabou-Apal-Ousour ou Nabu-APAL-usur) fut le 1er souverain de la
XIe dynastie de
Babylone
dite "Dynastie Chaldéenne" ou encore "Période
néo-Babylonienne". Ses dates de règne sont incertaines avec précision et sont encore sujettes à discussion entre
spécialistes. On trouve de 626 à 605 ou de 625 à 605 ou de 625 à 604, certaines sources donnent le 23
Novembre ou le 16 Novembre (26 Araḫsamna) de 626
pour sa prise de pouvoir. Il naquit selon certains spécialistes en
658 et il fut le fils d’un nommé Bel-Ibni de
Babylone.
Malgré ses origines obscures, dans une de ses inscriptions, connue sous le nom de “Cylindre de Nabopolassar” il s’appelle
lui-même “fils de personne", beaucoup de spécialistes pensent qu’il fut d’origine
Chaldéenne.
Sa prise de pouvoir
Au début de sa carrière, il fut le Général Gouverneur de
Babylone et peut-être de la région
du Pays de la Mer. Il profita des
troubles de succession en Assyrie pour s’emparer du
pouvoir à Babylone. Il fonda une nouvelle dynastie, dite
néo-Babylonienne. Il prétendit, au
début, soutenir l’un des prétendants Assyriens au trône,
Sin-Sar-Iskun
(ou Sin-Shar-Ishkoun ou Sarakos, 623-612) qui lui attribua l’autorité sur
Babylone en échange de son appui militaire.
Son pouvoir ne s’étendit d’abord que sur Babylone et sur
Borsippa, mais il profita de l’affaiblissement de l’Assyrie
pour attaquer Sin-Sar-Iskun et agrandir
son territoire. Après quelques années de conflit, entre 621 et 609, il réussira finalement à se libérer de la domination
Assyrienne, avec l’aide du Roi
des Mèdes,
Cyaxare (ou Ouvakhshatra ou OumaKishtar,
633-585) et des Scythes.
Son règne
Campagne contre les Assyriens
En 621/620, Nabopolassar prit
Nippur et en 616, il se sentit assez forts pour déplacer la guerre et il lança une attaque dans le
centre de l’Empire Assyrien, aidé dès 615 par les
Mèdes. Il prit plusieurs villes du Moyen-Euphrate,
atteignant Suhu (près de Mari) et Hindanu (au Sud
d’Harran) et en revint avec
un butin très lucratif. En 615, Nabopolassar remonta le cours du Tigre et assiégea
Assur, mais il fut rejeté. La même
année, le Pharaon Psammétique I (664-610),
comprenant que l’alliance entre les Mèdes et les
Babyloniens pourrait être potentiellement dangereuse pour
l’Égypte, envoya des troupes sur
l’Euphrate pour tenter de secourir l’ex-ennemi Assyrien
mourant dans ses guerres contre cette nouvelle alliance.
Cette aide ne suffit pas,
les capitales Assyriennes furent prises et incendiées,
Assur en 614,
Nimrud,
Ninive et
Dûr-Sharrukîn entre le 28 Juillet
et début Août 612 par le Roi Mède,
Cyaxare. Le sort de
Sin-Sar-Iskun
n’est pas connu, car la section de la chronique
Babylonienne
dans laquelle il est mentionné lors du siège de Ninive est
malheureusement endommagée. A t-il survécu au siège de la cité ?, a t-il abdiqué ou fut-il tué ?. Quoi qu’il en
soit l’armée Assyrienne se retrancha à
Harran et proclama Empereur un Général,
Assur-Uballit II (612-609). En 609,
Nabopolassar détruisit les restes de l’armée Assyrienne à
Karkemish.
Campagne contre les Égyptiens
Au printemps 609, le Pharaon
Néchao II (610-595), fils et successeur de
Psammétique I, commandant personnellement une importante force, fit campagne pour aider les
Assyriens. En Juin, à la tête de cette grande armée,
composée essentiellement de mercenaires, il prit la route de la côte, par la Via Maris en Syrie (Nom moderne de l’ancienne
route de commerce, reliant l’Égypte au
Nord de la Syrie, l’Anatolie
et la Mésopotamie), mais il trouva le passage bloqué par l’armée du Roi de
Juda,
Josias (ou Josiah ou
Yoshiyahu, 640-609) allié aux Babyloniens. Ce dernier lui
fit face et tenta de bloquer son avance à
Megiddo, où une féroce
bataille se déroula. Néchao II remporta la victoire
et Josias
fut tué. Herbert Donner conteste cette "grande" victoire Égyptienne dont il dit que la fin fut très incertaine.
Effectivement, car comme le précise Marvin A.Sweeney, il existe deux versions de la mort de
Josias.
Celle du second Livre des Rois où il fut tué à
Megiddo (23:29) et celle du Second Livre des Chroniques (35:20-27) où l’auteur des Chroniques décrit
Josias et
Néchao II à la bataille et où
Josias
fut mortellement blessé par des archers
Égyptiens et fut ramené à
Jérusalem pour mourir. En Juillet, le Pharaon continua son avancée pour joindre ses forces à celles
d’Assur-Uballit II
qui était assiégé à
Harran, mais il
ne parvint pas à repousser les Babyloniens,
Néchao II se retira alors en Syrie du Nord.
En Septembre
Assur-Uballit II fut impuissant face à l’avancée des troupes de Nabopolassar, la cité fut prise. À partir de cette date
on ne sait pas ce que devint l’Empereur
Assyrien qui disparait de l’histoire,
l’Assyrie tomba à la fin de l’année 609.
Néchao II – Brooklyn Museum |
Le pouvoir de
Néchao II en Syrie / Palestine
était fragile, il ne put maintenir ses forces, n’étant guère aidé par les dirigeants locaux. Fin 608, début 607, Nabopolassar
passa en revue son armée et en suivant la rive du Tigre, gagna les montagnes de Bit-Hanunya
(ou Bit-Hanounia), une province de l’Ourartou. Il pilla, rasa,
et mit le feu à plusieurs villes et en Décembre/Janvier (Mois de Tebêtu) il regagna sa capitale.
En Mai/Juin 607 il envoya son fils
Nabuchodonosor II poursuivre les hostilités contre
l’Égypte pendant que lui fit bataille
contre Biranati, située dans les montagnes
d’Ourartou.
Il fit beaucoup de prisonniers et se rendit maître de la région. En
Septembre/Octobre (Mois Tašrîtu) une partie de l’armée de
Néchao II, qui avait été laissée dans la région, fut
attaquée par celle du Babylonien
à Kummuhu (ou Kummukh ou
Kimuhu en Commagène,
dans la région proche de la ville de
Karkemish).
Nabopolassar voulait réaffirmer son pouvoir en Syrie. Cette action eut pour effet de couper en deux l’armée
Égyptienne qui était basée à
Karkemish. Les
Babyloniens traversèrent la rivière et attaquèrent la ville qui tomba en Novembre/Décembre (Mois Kislimu).
Les soldats de Pharaon aidés de mercenaires tinrent tout de même plus ou moins la région et en Janvier/Février (Mois Šabatu)
606, Nabopolassar laissa juste une garnison et quitta le pays pour retourner dans sa ville. À la fin de l’été
Néchao II réussit, en battant l’armée
Babylonienne,
après un siège de quatre mois, à reprendre Kummuhu.
En Septembre/Octobre (Mois Tašrîtu) Nabopolassar réagit immédiatement à cette défaite.
Il marcha le long de l’Euphrate et fit une incursion dans le Kuramati (ou Quaramatu). De là, il prit et pilla les villes
Syriennes de Shunadiri (ou Šunadiri), Elammu, Dahammu. En Janvier/Février (Mois Šabatu) de l’année 605, sûrement du fait de sa mauvaise santé, il rentra à
Babylone laissant sur place une garnison
dans le but de contenir la région.
Néchao II décida alors de refaire progresser l’armée
Égyptienne contre la garnison
Babylonienne dans le Kuramati (ou Quaramatu). Nabopolassar renvoya son fils
Nabuchodonosor II avec des renforts vers la région pour éviter la défaite de son armée bien inférieure en nombre.
Les détails de la Chronique Babylonienne permettent une datation plus précise des faits au cours de l’an 605. En
Août/Septembre (Mois Ululu), l’armée
Égyptienne fut écrasée à
Karkemish, puis à Hamath (ou Hama), sur les rives de l’Oronte dans le centre de la Syrie et la région repassa aux mains des
Babyloniens. Dans le Livre de Jérémie (46,2 UE), la défaite de
l’Égypte à
Karkemish est située dans la première année du règne de
Nabuchodonosor II et la quatrième année du règne du Roi de
Juda,
Joachim I
(ou Jehoiakim ou Yehoyaqim ou Eliakim, 609-598).
Par la suite
l’Égypte perdit de nombreuses régions de
la côte orientale de la Méditerranée. Néchao II
ne fut plus en mesure de récupérer la partie importante de ses territoires perdus. Par exemple, lorsque
Ascalon (ou Ashkalon) se souleva, en dépit des appels répétés aux
Égyptiens, aucune aide n’arriva.
Nabuchodonosor II poursuivit sa conquête et atteignit Péluse aux portes du pays de Pharaon, mais il fut obligé de rentrer à
Babylone pour se faire couronner,
Nabopolassar, le 1er Septembre (on trouve aussi le 9 ou le 15 ou le 16 Août ?) 605, venait de mourir de mort naturelle. De ce fait
l’Égypte échappa à l’invasion.
Nabopolassar fit épouser à
Nabuchodonosor II une fille de
Cyaxare.
Sa famille
On ne connaît pas le(s) nom(s) de la
ou des épouses de Nabopolassar, mais il eut trois fils attestés :
● Nabuchodonosor II Roi de
Babylone qui lui succéda
qui naquit selon certains spécialistes en 634.
● Nabu-Shumu-Lishir (ou Nabû-šum-lisir) Prince de
Babylone.
● Nabu-Zer-Ushabshi (ou Nabû-zer-ušabši) Prince de
Babylone.
Bibliographie
Pour d’autres détails sur le
souverain voir les ouvrages de :
Enrico Ascalone :
– Mesopotamia : Assiri, sumeri e babilonesi (Dizionari delle civiltà; 1), Electa Mondadori, Brossura, 2005.
Jean Bottéro et Marie-Joseph Stève :
– Il était une fois la Mésopotamie, Gallimard, Collection Découvertes, Paris, 1993.
Georges Contenau :
– La vie quotidienne à Babylone et en Assyrie, Hachette, Paris, 1950.
Rocío Da Riva :
– The Neo-Babylonian royal inscriptions : An introduction,
Ugarit-Verlag, Münster, 2008.
Jean-Jacques Glassner et Benjamin R Foster :
– Mesopotamian chronicles, Society of Biblical Literature, Atlanta, 2004.
Albert Kirk Grayson :
– Assyrian and Babylonian chronicles, J.J. Augustin, Locust Valley, 1975 et Eisenbrauns, Winona Lake, 2000.
Shalom E.Holtz :
– Neo-Babylonian court procedure, E.J.Brill, Leiden, Boston, 2009.
Henry Hoyle Howorth :
– The early history of Babylonia, p : 32, The English Historical Review 16, N°61, Janvier 1901.
Francis Joannès :
– La Mésopotamie au premier millénaire avant J.-C., Armand Colin, Collection : U Histoire, Novembre 2000.
Michael Jursa :
– Die Babylonier, C.H.Beck, München, 2004.
– Neo-Babylonian legal and administrative documents typology, contents and archives,
Ugarit-Verlag, Münster, 2005.
Amélie Kuhrt :
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Stephen Herbert Langdon :
– Building inscriptions of the Neo-Babylonian empire : part 1, Nabopolassar and Nebuchadnezzar …,
Ernest Leroux, Paris, 1905.
Joan Oates :
– Babylon, Thames and Hudson, New York, 1986.
Ira Maurice Price :
– The Nabopolassar chronicle, Journal of the American Oriental Society 44, Seiten, 1924.
Alfredo Rizza :
– Les Assyriens et les Babyloniens, Trésors d’une civilisation ancienne, Éditions : White star,
Paris, Septembre 2007.
Robert William Rogers :
– A history of Babylonia and Assyria, Eaton & Mains, New York, 1900 – Jennings & Pye, Cincinnati, 1901 –
Abingdon Press, New York, 1915 – Me. Books for Libraries, Freeport, 1971 – Lost Arts Media, 2003.
Georges Roux :
– Ancient Iraq, World Pub. Co., Cleveland, 1964-1965 – Penguin Books, London, New York, 1992.
Stefan Zawadski :
– The fall of Assyria and Median-Babylonian relations in light of the Nabopolassar chronicle,
Adam Mickiewicz University Press, Poznań, 1988 – Eburon, Delft, 1988.
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