Les  capitales  Assyriennes :
Ninive  et  Assur
 

Nous avons besoin de vous

  

 Pour plus de détails voir aussi : – L’Empire paléo-Assyrien

– Le premier Empire
– Le second Empire
– Apogée et chute de l’Assyrie
– Les capitales Assyriennes : Dûr-Shurrukîn, Nimrud (ou Kalkhû)

 

  Sommaire
 

Noms et localisation
L’histoire
Le Ninive biblique
Archéologie
Bibliographie

Ninive

Vue des remparts de Ninive – La porte Adad

 

 

Noms  et  localisation

 
   Ninive (ou Nineveh, en Akkadien : Ninua ou Ninuwa, en Syriaque : ܢܸܢܘܵܐ;, en Araméen : Nīnwē ou Ninwe ܢܝܢܘܐ, en Hébreu : Nīnəwē נינוה “Celle qui dépasse les grandes villes”, comme on l’appelle dans le Livre de Jonas, en Grec : Nineuē Νινευή, en Latin : Nineve, en Kurde : Nînewa, en Persan : Nainavā  نینوا‎, en Turc : Ninova, en arabe : Naynuwa ou Nīnawā نينوى), se situait sur la rive Est (Gauche) du Tigre, au confluant du Khoser (ou Khosr, Koussour aujourd’hui) à proximité de la ville moderne de Mossoul, en Irak qui se trouve de l’autre côté du fleuve. Aux quatre coins d’un quadrilatère irrégulier se trouvent les ruines de : Kourjaindjik (ou Kuyunjik), Nimrud (ou Kulkhû), Karamles et Dûr-Sharrukîn (ou Khorsabad).
 
   Ces quatre grands sites en ruines, avec l’ensemble de la zone qu’ils comprennent, sont considérés par certains comme composant l’ensemble des ruines de Ninive. Les sites de Ninive, connus sous le nom de Kourjaindjik (Kuyunjik ou Quyunjik) et Nebi Yunus (ou Nabī Yūnus ou Nebi Jenus ), sont situés dans la plaine et couvre une surface de 750 ha. Ils sont entourés de rempart en brique sur une longueur de 12 km. L’ensemble de ce vaste espace est aujourd’hui une superposition de ruines et il est recouvert à certains endroits par les nouvelles banlieues de la ville de Mossoul. Ninive est l’une des plus anciennes cité de Mésopotamie. On trouve des traces sur le site remontants à la protohistoire (IIIe millénaire). Ninive fut un important carrefour de routes commerciales traversant le Tigre.
 
   Elle occupa une position stratégique sur la grande route entre la mer Méditerranée et l’océan Indien, ce qui lui conféra de nombreuses richesses, ce qui fit qu’elle devint l’une des plus grandes cité de toute la région. L’origine du nom de Ninive est obscure. Peut-être que cela signifiait à l’origine le siège d’Ishtar, car Nina fut l’un des noms Babyloniens de cette Déesse. L’idéogramme signifie “Maison (ou le lieu) de poisson“, peut-être en raison de l’étymologie populaire.

 

L’histoire…….

 
   Le début de l’existence de la cité remonte au IIIe millénaire, époque où est attestée sa divinité principale, Ishtar. Selon les historiens Grecs écrivant à la période Hellénistique, le fondateur éponyme serait Ninus (en Grec : Νίνος, aussi appelé Νίνου πόλις ville de Ninive). Sa première mention écrite remonte aux environs de 2280. Elle fut ensuite intégrée dans l’Empire Akkadien dont le Roi Manishtusu (ou Man-Istusu, 2270-2255) y reconstruisit le temple. La cité est mentionnée ensuite aux environs de 1800 comme le plus important lieu de culte d’Ishtar. Puis elle fut un moment, au milieu XIVe siècle, suzeraine du royaume du Mitanni. Un de ses Rois enverra au Pharaon Amenhotep III (ou Aménophis, 1390-1353/52) une statue de la Déesse Ishtar. Elle repassa ensuite sous la domination des Rois Assyriens sous le règne d’Assur-Uballit I (1366-1330).
 


 

Bas-relief d’une partie de chasse au
taureau, frise de Ninive en albâtre –
Musée de Pergame – Berlin

   De cette époque il n’existe pas de preuve que les souverains Assyriens y construisirent des monuments. Par contre plus tard l’Empereur Salmanazar I (1275-1245) s’y fit ériger un palais et embellit la cité de nombreux monuments. Ninive dut attendre l’époque de l’Empire néo-Assyrien (912-609), en particulier à partir du règne d’Assurnasirpal II (ou Ashurnasirpal, 884-859) pour connaître une expansion architecturale considérable. L’apogée de sa splendeur fut à partir de l’Empereur Sennachérib (705-681) qui en fit la capitale de l’Empire.
 
   La ville s’étendait alors sur 730 ha et elle était protégée par une double enceinte de 12 km, avec une hauteur pouvant atteindre 25 m. dans laquelle étaient aménagées 15 portes. La plus belle était celle de Nergal. Sennachérib redéfini de nouvelles rues et places et construisit en son sein le fameux "Palais sans rival". Le plan de construction, qui a été récupéré lui donne des dimensions d’environ 210 m. x 200 m.
 
   Il comprenait au moins 80 pièces, dont beaucoup furent décorées de sculptures. Un grand nombre de tablettes furent retrouvées dans ce palais. Un système élaboré de dix-huit canaux amenaient l’eau à partir des collines de Ninive et plusieurs sections d’un aqueduc construit par Sennachérib furent mises au jour à Jerwan, à environ 40 km. de distance. L’espace clos de la ville accueillait plus de 100.000 habitants (Peut-être, selon certains spécialistes, plus proche de 150.000), soit environ deux fois plus que Babylone à l’époque, ce qui place Ninive parmi les plus grandes cité du monde antique. Les successeurs de Sennachérib, Assarhaddon (ou Esarhaddon, 681-669) et Assurbanipal (ou Assur-Banapliou, 669-631 ou 626), poursuivirent les travaux.
 
   Ils fondèrent de nouveaux palais et des temples dédiés à Sin (ou Sîn), Nergal, Shamash (ou Šamaš), Ishtar et Nabiu de Borsippa. Le nombre de palais, de riches demeures et de parcs augmentait à mesure que les richesses affluaient dans la ville, capitale du vaste Empire Assyrien. La grandeur de Ninive fut de courte durée. En 633, l’Empire Assyrien commença à montrer des signes de faiblesse et Ninive fut attaqué par les Mèdes. Ils furent rejoints par les Babyloniens et Suse en 625 et attaquèrent de nouveau la cité. Malgré ses fortifications, la ville fut prise et fut détruite en 612.
 


 

Bas-relief des Gardes
d’Assurbanipal,
palais de Ninive –
Musée du Louvre.

  Les habitants qui n’avaient pas pu s’échapper et rejoindre les derniers bastions de l’ex Empire Assyrien dans l’Ouest du pays, furent soit massacrés, soit déportés. De nombreux squelettes ont été découverts sans sépulture sur le site par les archéologues. Après l’anéantissement de l’Empire Assyrien, le site de Ninive resta inoccupé pendant des siècles jusqu’à la période des Perses Sassanides (224-637 ap.J.C). La ville est mentionnée pour une nouvelle bataille en 627 ap.J.C, lors de la guerre entre l’Empire Romain d’Orient et l’Empire Sassanides, près de la cité antique. Après la conquête des arabes, en 637, la ville de Mossoul, sur la rive opposée du Tigre, devint le “successeur” de l’ancienne Ninive.
 

La  Ninive  biblique

 
   Dans la Bible, Ninive est mentionnée pour la première fois dans la Genèse (10:11) qui attribue sa création à Nimrod, arrière-petit-fils de Noé,
"Il (Nimrod) régna d’abord sur Babel, Érec, Accad et Calné, au pays de Schinear. De ce pays-là sortit Assur ; il bâtit Ninive, Rehoboth Hir, Calach et Résen entre Ninive et Calach …" Genèse (10:10-11-12).
Bien que le Livre des Rois et le Livre des Chroniques parlent beaucoup de l’Empire Assyrien, Ninive elle-même ne sera remarquée qu’à l’époque de Jonas (ou Yonah) vers 850, quand elle est décrite (Livre de Jonas 3:3 ff; 4:11) comme "La grande ville nécessitant trois jours de voyage" (Probablement dans le cadre d’un circuit). Cela donnerait une circonférence d’environ 100 km. Il est aussi possible qu’il ait fallu trois jours pour couvrir la totalité de ses quartiers en marchant, ce qui correspondrait à la taille de l’ancienne Ninive. Il est dit qu’elle est la florissante capitale de l’Empire Assyrien (Deuxième Livre des Rois 19:36; Isa. 37:37).
 
   Il a également été mentionné dans Jonas que les habitants de Ninive se comportaient mal et devaient être condamnée. Pour résoudre ce problème, Dieu aurait envoyé à Ninive pour prêcher, Jonas et ils se repentirent. Le livre du Prophète Nahoum (ou Nahum) est presque exclusivement composé par des dénonciations prophétiques contre cette ville. Ses ruines et sa destruction totale sont prophétisés (Nahum 1:14, 3:19, etc.) "Avec une fin soudaine et tragique". Selon la Bible, c’est Dieu qui fit le jugement de l’Assyrie. Il prédit la destruction de la ville ainsi que la chute de l’Empire dont elle fut la capitale. Ninive est aussi rappelée dans l’Evangile de Matthieu (12:41) et celui de de Luc (11:32 ). Elle fut appelée la ville sanguinaire par le prophète Hébreu Nahoum (ou Nahum, 3.1).

 

Le  site  archéologique

 
   Aujourd’hui, l’emplacement de Ninive est marqué par deux grands monticules, Kourjaindjik (ou Kuyunjik) et Nebi Yunus (ou Nabī Yūnus ou Nebi Jenus) et les vestiges des murs de la ville (Environ 12 km. de circonférence). Les niveaux de la période néo-Assyrienne de Kourjaindjik ont été longuement étudiés. L’autre butte, Nebi Yunus, n’a pas encore été explorée parce qu’il y a un sanctuaire musulman dédié à ce prophète sur le site qui en gène hélas les fouilles. Toutefois, les travaux d’excavation de Nebi Yunus en 1990 ont dégagé un grand nombre de sculptures néo-Assyriennes qui semble être l’entrée d’un palais.
 


 

La porte Mashki reconstituée

   En 1843, le consul de France à Mossoul, Paul Émile Botta fit commencer à fouiller sur le site de Dûr-Sharrukîn (ou Khorsabad) le grand monticule qui se jettent le long de la rive opposée de la rivière. Il mit au jour des statues monumentales qui furent envoyées au Louvre, sauf quelques unes d’entre elles englouties lors d’un naufrage. À sa grande surprise, les fouilles dégagèrent aussi les ruines d’un bâtiment qui par la suite s’avéra être le palais d’été de Sargon II (722-705). Il a depuis été largement étudié pour ses sculptures et autres précieuses reliques.
 
   Les premiers éléments de la découverte dessinés par Eugène Flandin ont été publiés dans l’ouvrage "Monument de Ninive, découvert et décrit par Paul Émile Botta", publié en 1848-1849, qui décrit les plans du palais de Sargon II. En 1847, le Britannique Sir Austen Henry Layard explora les ruines. En 1849, dans le monticule Kourjaindjik (ou Kuyunjik), Layard découvrit le palais de Sennachérib (705-681) avec ses 71 pièces et ses immenses bas-reliefs. Il mit également en lumière le palais et la célèbre bibliothèque d’Assurbanipal (ou Assur-Banapliou, 669-631 ou 626), avec ses 22.000 tablettes d’argile en écriture cunéiforme.
 
   L’étude archéologique de Ninive révèle la richesse et la gloire de l’Assyrie sous des souverains tels que : Assarhaddon (ou Esarhaddon, 681-669) et Assurbanipal. Par la suite un travail de prospection fut mené par George Smith, Hormuzd Rassam et d’autres et un vaste trésor de spécimens uniques d’objets Assyriens fut progressivement exhumés pour les musées Européens. Avec la découverte des palais, leurs décorations et leurs dalles sculptées nous ont révélé la vie et les mœurs de ce peuple antique, les arts de la guerre, les particularités de leur religion, le style de leur architecture et la splendeur de leurs monarques. Le monticule de Kourjaindjik (ou Kuyunjik) fut fouillé à nouveau par les archéologues du British Museum, dirigé par Leonard William King, au début du XXe siècle. Leurs efforts se sont concentrés sur le site du temple de Nabû (Dieu de l’écriture et du savoir) où une autre bibliothèque était censée exister.


 

La porte Nergal reconstituée

 
   Toutefois, elle n’a jamais été trouvée, il semble probable, qu’elle fut détruite par les activités des résidents. Les fouilles ont recommencé en 1927, sous la direction de Campbell Thompson, mais ont été plutôt malheureuses. Certains travaux ont été réalisés à l’extérieur de Kourjaindjik (ou Kuyunjik), par exemple sur la butte de Nabī Yūnus, qui était l’ancien arsenal de Ninive ou le long des murs extérieurs. Près de l’angle Nord-ouest de la paroi, au-delà de la chaussée d’un édifice, les archéologues ont trouvé des fragments de près de 300 prismes.
 
   Après la seconde guerre mondiale, plusieurs fouilles furent menées par des archéologues Iraquiens. Ninive fut revisitée par l’archéologue et assyriologue Britannique David Stronach, de l’Université Berkeley de Californie. Il mena une série d’enquêtes et de fouilles sur le site à partir de 1987 jusqu’à 1990, en concentrant son attention sur plusieurs portes et sur les murs en briques, ainsi que sur le système qui fournissait l’eau à la ville en temps de siège.

 

Bibliographie

 
   Pour d’autres détails sur la ville voir les ouvrages de :
 
Richard David Barnett, Erika Bleibtreu et Geoffrey Turner :
Sculptures from the southwest palace of Sennacherib at Niniveh (668-627 B.C.), British Museum Press, Londres, 1976-1998.
Carl Bezold :
Catalogue of the cuneiform tablets in the Kouyunjik collection of the British Museum : Volume I-V, British Museum, London, 1889-1899.
Ninive und Babylon, Velhagen & Klasing, Bielefeld, 1926.
Paul-Émile Botta et Eugène Flandin :
Monuments de Ninive, en 5 volumes, Imprimerie nationale, Paris, 1849-1850.
Arnold C.Brackman :
The luck of Nineveh : Archaeology’s great adventure, McGraw-Hill, New York, 1978 – Eyre Methuen, London, 1980.
Reginald Campbell Thompson et Richard Wyatt Hutchinson :
A century of exploration at Nineveh, Luzac & Co.London, 1929.
Félicien De Saulcy :
Sur les inscriptions Assyriennes de Ninive. (Khorsabad, Nimroud, Koioundjouk), A. Leleux, Paris, 1850.
Walter Dietrich :
Ninive in der Bibel, Theopolitik. Studien zur Theologie und Ethik des Alten Testaments, Neukirchener, Neukirchen-Vluyn, 2002.
Léon Feer :
Les ruines de Ninive : Description des palais détruits des bords du Tigre, suivie d’une description du musée Assyrien du Louvre, Société des écoles du dimanche, Paris, 1864.
Meik Gerhards :
Ninive im Jonabuch, Einen Altar von Erde mache mir, Festschrift für Diethelm Conrad zu seinem siebzigsten Geburtstag. Hartmut Spenner, Waltrop, 2003.
Sven Anders Hedin :
Bagdad, Babylon, Ninive, F.A. Brockhaus, Leipzig, 1918.
Austen Henry Layard : 
Nineveh and its remains, George P.Putnam, New York, 1849 – John Murray, London, 1867 – Praeger, New York, 1969/1970 – En Français, Les ruines de Ninive, Éditions de l’Unesco, Paris, 1999.
Illustrations of the monuments of Nineveh, John Murray, London, 1849-1853.
The monuments of Nineveh, John Murray, London, 1849-1853 – Gorgias Press, New Jersey, 2004.             
Discoveries in the ruins of Nineveh and Babylon, John Murray, London, 1853.
The Ninevah court in the crystal palace, John Murray, London, 1854.
Gwendolyn Leick :
Città perdute della Mesopotamia, Newton & Compton, Milano, 2002.
Carlo Lippoli :
Ninive : Il palazzo senza eguali di Sennacherib, Silvana, Cinisello Balsamo (Milano), 2007.
Paolo Matthiae :
Ninive, Electa, Milano, 1998.
– Ninive, glanzvolle hauptstadt Assyriens, Hirmer, München, 1999.
Joachim Menant :
Ninive et Babylone, Hachette et Cie, Paris, 1888.
André Parrot
Ninive et l’Ancien Testament, Delachaux & Niestlé, Neuchâtel, Paris, 1953.
Nineveh and Babylon, Thames and Hudson, London, 1961.
Victor Place et Félix Thomas :
Ninive et l’Assyrie, en 3 volumes, Imprimerie Impériale, Paris, 1867-1970.
Julian E.Reade :
Greco-Parthian Nineveh, pp : 65-83, Iraq 60, 1998.
Ninive (Nineveh), Reallexikon der Assyriologie und Vorderasiatischen Archäologie 9, de Gruyter, Berlin, 1998–2001.
John Malcolm Russell :
Sennacherib’s palace without rival at Nineveh, University of Chicago Press, Chicago, 1991.
The final sack of Nineveh : The discovery, documentation, and destruction of King Sennacherib’s throne room at Nineveh, Yale University Press, New Haven, Janvier 1998.
Louise M.Scott et John Mac Ginnis :
Notes on Nineveh, pp : 63–73, Iraq 52, 1990.
Charles Seignobos et Didier Dennis :
Babylone, Ninive et le monde assyrien, Minerva, Genève, 1975.
David Stronach et Kim Codella :
Niniveh, The Oxford Encyclopedia of Archaeology in the Ancient Near East 4, Oxford University Press Inc, New York, 1997.
Marc Van De Mieroop :
Nineveh, Iraq 66 – 67, British school of archaeology in Iraq, London, 2004-2005.
Hermann Johann Christian Weissenborn :
Ninive und sein gebiet, Druck von Gerhardt & Schreiber, Erfurt, 1851-56.

 

 

Assur

 
   Assur (ou Ashour ou Ashur ou Assour ou Aschschur, en Assyrien : Aššur, en Akkadien : Aššūrāyu, en Araméen : Aûr  ܐ ܬ ܘ ܪ , en Hébreu : Aššûr  אשור, en arabe : Asur آشور) fut une ville de Mésopotamie au Sud de Mossoul (environ 100 Km), sur la rive Ouest du Tigre, au Nord du confluent du petit Zab. Elle est aujourd’hui identifiée au site de Qat’at Chergat (ou Qal’at Cherqat ou Qalaat Sherqat ou Qalaat Shirqat ou Kalat Sherkat ou Qal Šerqat). Assur est divisée en deux grands ensembles : La "vieille ville" (En Assyrien : Libbi āli, "Intérieur de la ville"), qui est la zone qui fut habitée en premier. Elle est située sur un éperon rocheux surplombant le Tigre. C’est elle qui abrite les monuments principaux de la cité : Palais royaux et temples, ainsi que les demeures les plus riches. La “nouvelle ville” (En Assyrien : ālu eššu "Ville nouvelle") s’étend vers le Sud, en contrebas au-delà des remparts. Au Sud-est, le long du Tigre, se trouvait le port de la cité (ou kāru).


 

Ruines de la Ziggourat d’Assur

 
   Assur fut la plus ancienne capitale de l’Assyrie, ses souverains furent à l’origine du grand Empire Assyrien. Assur fut aussi le nom de la divinité principale de la ville. Ce Dieu était considéré comme le plus grand Dieu du panthéon Assyrien et le protecteur de l’État. Dans la mythologie Mésopotamienne, il était l’équivalent Babylonien de Marduk.
 
   Le site d’Assur est un site du patrimoine mondial de l’UNESCO. Il fut placé sur la liste des sites du patrimoine mondial en péril en 2003, en partie du fait du conflit dans cette région, mais aussi en raison d’un projet de barrage qui aurait pour effet d’en inonder une partie.

 

Archéologie

 
   L’
exploration du site d’Assur débuta en 1898 par des archéologues Allemands. Les fouilles commencèrent en 1900 pour le compte de la Deutsche Orient-Gesellschaft (DOG) dirigées par Friedrich Delitzsch et se poursuivirent de 1903 à 1914, menées d’abord par Robert Koldewey et puis plus tard par Walter Andrae, mais ils durent surmonter de nombreuses difficultés avec les autorités locales. Plus de 16.000 tablettes en textes cunéiformes y furent mises au jour.
 
   Bon nombre des objets trouvés sont aujourd’hui au musée Pergamon à Berlin. En 1979 le ministère des Antiquités Irakien a continué à explorer le site de la ville, cela dura (avec des interruptions) jusqu’en 2002. De nouvelles fouilles Allemandes furent faites en 1988 et 1989 par Reinhard Dittmann de l’Université libre de Berlin, en 1989 et 1990 par Barthel Hrouda de Université de Munich et 2000 et 2001 par Peter A.Miglus de l’Université Martin Luther de Halle-Wittenberg. Depuis 1997, la Fondation Allemande pour la Recherche (DFG), finance un projet pour Assur, avec la Société Orientale Allemande et le Musée de l’Ancien Proche-Orient de Berlin afin de reprendre scientifiquement le travail de l’excavation Allemande de 1903-1914.

 

L’histoire…….

 
   Selon les traditions Judéo-chrétiennes, la ville fut fondée par Ashur le fils de Shem, qui devint le Dieu protecteur de la cité. Georges le Syncelle (ou Georgius Syncellus, chroniqueur et ecclésiastique Byzantin, mort après 810), dans son Chronographia, cite un fragment de Julius Africanus (v. 160/180 – v. 240), qui date sa fondation à 2284. L’historien Romain Velleius Paterculus (v.19 av.J.C– v.31 ap.J.C), citant Aemilius Sura, déclare qu’elle fut fondée 1995 ans avant que Philippe V (221-179) de Macédoine fut défait en 197 à la Bataille de Cynocéphales par les Romains. La somme est donc de 197 + 1995 = 2192 pour la fondation de la ville. Diodore de Sicile (ou Diodorus Siculus ou Diódôros, historien et chroniqueur Grec, v.90-v.30) a enregistré une nouvelle de Ctésias de Cnide (Médecin Grec au service d’Artaxerxès II, historien de la Perse et de l’Inde, mort après 398 av.J.C), qui date la fondation 1306 années avant 884/883 (La date de début du règne d’Assur-Nasirpal II (ou Assurnasirpal, 884-859), la somme est donc de 883 + 1306 = 2189.
 
   La Chronique d’Eusèbe de Césarée (Écrivain, théologien et apologète Chrétien, v.265-339) fournit encore une autre date qu’il situe avec l’arrivée au pouvoir de Ninus (Le fondateur éponyme de Ninive), en 2057, mais la traduction Arménienne de la Chronique met ce chiffre à 2116. Une autre tradition classique, trouvée dans les Excerpta Latina Barbari (ou Extraits Latins d’un barbare ou Excerpta Barbari), chronique universelle en Latin conservée dans un manuscrit établit en Gaule vers le début du VIIIe siècle, qui est la traduction d’un original Grec datant de la fin du Ve ou du début du VIe siècle, donne la fondation par le Roi légendaire Belus (ou Bélos, père de Ninus) en 2206.
 
   L’archéologie révèle que le site de la cité fut occupé dans le milieu du IIIe millénaire, dès la période Obeïd. Les plus vieux vestiges de la ville furent mis au jour dans les fondations du temple d’Ishtar, ainsi que dans l’ancien palais. Pendant longtemps, l’Assyrie se réduisit à une campagne qui portait le nom d’Assur. On ignore Les origines de la cité, les statuettes retrouvées indiquent l’influence Sumérienne, mais rien ne prouve la présence du Sumer dans cette région. La cité-État d’Assur, vers le XXIIIe siècle fit partie de l’Empire Mésopotamien d’Akkad. Puis la ville connut une période de pauvreté, probablement envahit par les Goutis, puis elle fut contrôlée par la IIIe dynastie d’Ur (vers 2109 à 2002). Après l’effondrement de cette dynastie (Tombée sous les coups Amorrites), vers 1970, Assur fut gouvernée par des Rois "Vicaires" (appelés iššiakku) indépendants. Un document donne des informations sur les listes royales qui énumèrent dix-sept Rois nomades, dont quinze portent des noms sémitiques de style Akkadien.
 
   Le 17e Roi nomade, Ushpia (v.2180) fut le fondateur du temple d’Assur. Vers 2000, le Roi Kikkiya fit construire les premières fortifications avec le mur de la ville et retrouva ainsi son indépendance vers la fin de l’Empire d’Ur. Assur, dont la terre est peu fertile, renonça à développer son agriculture et s’adonna plutôt au commerce. Cuivre, argent et or furent donc importés d’Anatolie, où un vaste système de colonies commerciales (ou Karu) fonctionnait, la plus connue fut Kanesh (Ville de Cappadoce au Nord de Kayseri, identifiée aujourd’hui au site de Kültepe).
 
   Le “chef” d’Assur était secondé par une bourgeoisie, les plus riches citadins contrôlaient la justice et le gouvernement royal. Sous le Roi Erishum I (1906-1867) les Assyriens par leur commerce importèrent de la laine et de l’étain ce qui permit la confection du bronze. Dans la ville d’Assur, les premiers grands temples dédiés au Dieu Assur et au Dieu Adad furent érigés. L’or et l’argent affluèrent dans la ville, mais Kanesh (ou Kültepe) fut détruite vers 1810 et le commerce fut interrompu entre l’Assyrie et la Cappadoce.
 

   Assur tomba ensuite sous la domination du Roi Amorrite d’Ekallāté, Shamshi-Adad I (ou Samsi-Addu, 1814-1775). Il avait attaqué l’Assyrie et reprit la forteresse d’Ekallāté (ou Ekallatum, v.1816-1814) alors sous sa domination. Shamshi-Adad I construisit un Empire qui comprit Alep, Terqa (ou Tirqa, Tell Ashara aujourd’hui), Mari, Arrapha, Ninive, Babylone et Eshnunna avec Assur pour capitale. Au cours de cette période, le grand palais royal fut construit et le temple d’Assur fut agrandi et fut élargi avec une ziggourat. Cet Empire, trop étendu et entouré par des voisins hostiles, ne reposait que sur Shamshi-Adad I, il s’effondra à sa mort en 1775. Isme-Dagan I (ou Ishme-Dagan, 1775-1741), son fils qui lui succéda vit son règne se terminer en se faisant chasser d’Assur.

 

   Le nouveau maître de la région le Roi de Babylone, Hammourabi (1792-1750) incorpora Assur à son Empire. L’Assyrie subit ensuite pendant plusieurs siècles la domination étrangère. Assur aura des Rois qui règneront sans grands pouvoir et seront les vassaux des différents dominateurs. On note cependant, que lors du règne du Roi Puzur-Assur III (1503-1479), celui-ci reconstruisit une partie du temple d’Ishtar dans la capitale et le Sud de la muraille de la ville. Au cours du XVe siècle, le temple du Dieu de la lune Sin (ou Sîn ou Nanna) et celui du Dieu soleil Shamash furent érigées. La ville qui avait repris une certaine importance, tomba alors sous le joug du Mitanni. L’Assyrie et Assur recouvrirent leur indépendance au XIVe siècle grâce à Assur-Uballit I (ou Ashur-Uballit, 1366-1330) qui se défit de la domination du Mitanni.

 
   Assur-Uballit I entreprit d’importantes conquêtes et Assur prit une autre dimension en devenant la capitale d’une grande puissance politique. Dans les siècles suivants, les anciens temples et palais d’Assur furent restaurés. Toukoulti-Ninourta I (ou Tukulti-Ninurta, 1245-1208) lança la construction d’un nouveau temple dédié à la Déesse Ishtar. Téglath-Phalasar I (ou Tiglath-Pileser, 1116-1077) construisit le temple Anu-Adad. Les remparts de la ville à la période de l’Empire médio-Assyrien (1392-912) couvrirent une surface de quelques 120 ha. Par la suite, lors de la période néo-Assyrienne (912-609), la résidence royale fut déplacée dans d’autres villes Assyriennes.


 

Bas-relief Temple d’Assur

 
   Assur-Nasirpal II (ou Ashurnasirpal, 884-859) transfert la capitale d’Assur à Nimrud (Kalkhû), mais la cité resta quand même le centre religieux de l’Empire, en raison de son temple du Dieu national Assur et les souverains vinrent toujours s’y faire couronner et enterrer. Sous le règne de Sennachérib (705-681), l’Akitu (Maison de la Nouvelle Année) fut construite et la fête fut célébrée chaque année dans la ville. Plusieurs souverains Assyriens furent ensevelis sous l’ancien palais. La fin de la grande époque d’Assur vint en 614, lorsque la ville fut pillée et détruite lors de la conquête de l’Assyrie par les Mèdes et les Babyloniens.
 
   La ville fut réoccupée quelques siècles plus tard, à l’époque des Parthes Arsacides (141 av.J.C-224 ap.J.C). De nouveaux bâtiments administratifs y furent érigés dans le Nord de la vieille ville et un palais au Sud. Le vieux temple d’Assur fut également reconstruit et le Dieu Assor (Forme hellénisée d’Assur), y fut vénéré, dans la nouvelle province d’Adiabène (l’Assyrie). Toutefois, la ville fut détruite à nouveau par le Roi Perse Sassanide, Chahpuhr I (ou Shahpur, 241-272). Certaines colonies sont connues pour avoir occupées l’emplacement lors des XIIe et XIIIe siècles, mais ensuite ce fut seulement par des bédouins nomades.

 

Bibliographie

 
   Pour d’autres détails sur la ville voir les ouvrages de :
 
Basile Aggoula :
Inscriptions et graffites araméens d’Assour, Istituto universitario orientale, Napoli, 1985.
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