Les cités  du  Sumer  et  de  l’Akkad :
Adab
   et  
Girsou
 

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  Pour plus de détails voir aussi :   Le Sumer – L’Akkad

 

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Localisation
Histoire
Archéologie
Bibliographie

Adab

 

Localisation

 
   Adab (ou Udab ou Ud-Nun) est une très ancienne ville Sumérienne, elle se situait au Nord de la région entre Girsou et Nippur. La cité est aujourd’hui identifiée au site archéologique de Bismaya (ou Bismya), près de la ville de Diwaniyah dans la province de Wasit en Irak.
 

L’histoire…….

 
   Adab fut occupée au moins depuis la période des dynasties archaïques. Selon un texte Sumérien "La descente d’Inanna de l’enfer", il y avait déjà un temple dédié à cette Déesse, nommé E-Shar, à Adab, pendant le règne du Roi d’Ur et d’Ourouk, Dumizi le Pêcheur (ou Dumuzid ou Dumuzi, v.2730-v.2700). Dans un autre texte de la même série, Dumizi rêve qu’il est renversé par une foule affamée composée d’hommes des grandes villes du Sumer, dont Adab. Le premier Roi d’Adab dont on ait une trace est, Lugal-Anne-Mudu (ou Lugal-Anne-Mundu ou Lugalannemundu, v.2600). Il apparait dans la liste des Rois Sumériens et il est mentionné dans quelques inscriptions contemporaines. C’est dans des inscriptions datant de son règne, retrouvées à Babylone, que l’on trouve les premières traces du peuple des Goutis. Peut-être qu’il eut à les combattre ?. D’autres, beaucoup plus tardives qui sont des copies, affirment qu’il mit en place un vaste, mais bref, Empire qui s’étendait de l’Élam au Liban et comprenait les territoires Amorrites le long du Jourdain.
 
   Suivent (peut-être pas directement) deux Rois dont on ne sait rien : Nin-Kisalsi (v.2550) et Me-Durba (v.2500). À cette même époque, un Roi de Kish de la IIe dynastie, Mesalim (ou Mesilim, v.2550), semble avoir pris le contrôle d’Adab, si on se base sur les inscriptions trouvées à Bismaya. Dans tous les cas si ce fut le cas ce ne fut pas pour très longtemps puisque Kish passa sous la domination des Rois d’Ur et Lagash juste à son règne. Adab est également mentionnée dans certaines des tablettes retrouvée à Ebla, en Syrie du Nord, datant à peu près la même époque. Elle y est présentée en tant que partenaire commercial Ebla, peu de temps avant que la cité ne fut détruite par des forces inconnues.
 


 

Statuette d’un Roi d’Ourouk

trouvée à Adad

   Une statue de marbre fut trouvée à Bismaya inscrite au nom d’un autre Roi d’Adab (le dernier dont on ait connaissance). Comme le précise George A.Barton le nom fut diversement traduit par Lugal-Dalu ou Lugal-Daudu ou Da-udu ou Lugaldalu (v.2450). Sous le règne du Roi d’Akkad, Rimush (ou Ouroumoush ou Alu-Usharsid ou Urumush, 2279 à 2270) on a connaissance d’une coalition de la ville, avec Lagash et Girsou (ou Girsu, Tellô aujourd’hui), qui lutta contre ce Roi mais qui fut écrasée. Rimush aurait déporté une partie de la population de la ville et détruit les murailles. Des briques trouvées sur les rives de l’ancien lit du fleuve au cours des fouilles d’Adab montrent que le souverain Akkadien, Naram-Sin (ou Naram-Suen ou Narām-Sîn, 2255-2218) construisit un temple dédié à Inanna dans la ville, mais celui-ci n’a pas été mis au jour lors des fouilles.
 
   Lors de la chute d’Akkad devant les Goutis, vers 2195, ces derniers ravagèrent la ville. Plus tard, alors que la cité se remettait à peine de leur passage, on sait que le Roi de Lagash, Goudéa (ou Gudea, 2142-2122) conquit la cité comme en témoignent des inscriptions retrouvées. Après celui-ci et le déclin de Lagash, Adab tomba sous la domination du Roi d’Ourouk et d’Akkad, Our-Nammou (ou Ur-Nammu, 2112-2095) qui fonda la IIIe dynastie d’Ur. Sous celle-ci on a connaissance de plusieurs Gouverneurs de la ville comme nous le rapportent des inscriptions datant de cette période. Avec la domination de cette dynastie la cité connut un plein essor et d’une certaine importance. Elle eut alors le statut de capitale provinciale. Bien qu’aucune preuve archéologique ne fut retrouvée à Bismaya indiquant des périodes plus récentes, il y eut des références épigraphiques de la ville ultérieures, comme celles dans le code d’Hammourabi (1792-1750).

 

Archéologie

 
   Divers monticules de ruines, c’est tout ce qui reste de la vieille ville d’Adab. Le site de Bismaya (ou Bismya) fait environ 1,5 km. x 3 km. Il est composé d’un certain nombre de crêtes basses, qui ne dépassent pas 12 m. de hauteur. Les premiers examens du site furent réalisés par William Hayes Ward de la Wolfe Expedition en 1885 et par John Punnett Peters de l’Université de Pennsylvanie en 1890, chacun ne passant que très peu de temps sur place qui ne permirent de mettre au jour qu’une tablette en cunéiforme et quelques fragments. Puis, en 1902, Walter Andrae visita Bismaya et produisit les premiers croquis du site. Des fouilles plus importantes furent menées pendant six mois, de Noël 1903 à Juin 1904, pour l’Université de Chicago, par le Dr. Edgar James Banks, qui prouva que les monticules qui couvraient le site étaient bien les vestiges de l’ancienne ville d’Adab, connue jusque là seulement à partir de la liste des Rois Sumériens et d’une brève mention de son nom dans l’introduction du code d’Hammourabi.
 
   La ville était divisée en deux parties par un canal, sur une île se trouvait le temple avec une ziggourat. Ce fut semble t-il une ville d’une importance considérable. Plusieurs couches de civilisations ont été constatées. Les ruines mises au jour à proximité de la surface des monticules appartiennent à des constructions datant des règnes des Rois, Our-Nammou (ou Ur-Nammu ou Namma Ur, 2112-2095) et Shulgi (ou Sulgi ou Shoulgi, 2094-2047) de la IIIe dynastie d’Ur et les plus anciennes, dans la dernière partie, datent de la fin du IIIe millénaire, si l’on se base sur la découverte de briques inscrites. Immédiatement au-dessus de celles-ci, comme à Nippur, ont été retrouvés des objets datant des règnes de Sargon d’Akkad (2334-2279) et de Naram-Sin (ou Naram-Suen ou Narām-Sîn, 2255-2218). En dessous, il y a encore 10,50 m. de restes stratifiés, constituant les sept huitièmes de la profondeur totale des ruines.
 
   Outre des vestiges de bâtiments, de murs et de tombes, Edgar James Banks à mis au jour un grand nombre de tablettes d’argile inscrites d’une période assez récente, des tablettes de pierre, des outils en bronze etc… Plus de 500 sceaux furent envoyés à l’Institut Oriental et environ 1100, principalement achetés auprès de la population locale plutôt que trouvés dans les fouilles, sont allés au musée d’Istanbul. Ces derniers sont apparemment encore inédits. Mais les deux découvertes les plus importantes sont : Une statue complète en marbre blanc, apparemment la plus ancienne trouvée en Mésopotamie, aujourd’hui au musée de Constantinople, portant l’inscription “Da-udu Roi d’Ud-Nun” , et un tas de vestiges du temple, composé d’une grande quantité de fragments de vases en marbre, albâtre, onyx et granit, dont certains sont inscrits, d’autres gravés et incrustés d’ivoire et de pierres précieuses.

 

Bibliographie

 
   Pour d’autres détails sur la ville voir les ouvrages de :
  
Walter Andrae :
Die umgebung von Fara und Abu Hatab, pp : 24-30, Mitteilungen der Deutschen Gesellschaft Orient 16, 1903.
Edgar James Banks :
The oldest statue in the world, pp : 57-59, The American Journal of Semitic Languages and Literatures 21, N°1, University of Chicago Press, Chicago, 1904.
The Bismya temple, pp : 29-34, The American Journal of Semitic Languages and Literatures 22, N° 1, University of Chicago Press, Chicago, Octobre 1905.
Bismaya or the lost city of Adab : A stoy of adventure, of exploration, and of excavation among the ruins of the oldest of the buried cities of Babylonia, G. P. Putnam’s Sons, New York, 1912.
George A.Barton :
The names of two Kings of Adab, pp : 295-296, Journal of the American Oriental Society 33, New Haven, 1913.
Jean Bottéro et Marie-Joseph Stève :
Il était une fois la Mésopotamie, Gallimard, Collection Découvertes, Paris, 1993.
Jean Bottéro et Barthel Hrouda :
L’Orient ancien : Histoire et civilisations, Bordas, Paris, 1991 – En Allemand : Der Alte Orient : Geschichte und Kultur des alten Vorderasien, Orbis-Verl, München, 1991-1998.
Jean-Jacques Glassner et Benjamin R.Foster :
Mesopotamian chronicles, Society of Biblical Literature, Atlanta, 2004.
Fritz Rudolph Kraus :
Sumerer und Akkader : Ein problem der altmesopotamischen Geschichte, North-Holland Publishing Company, Amsterdam, 1970.
Daniel David Luckenbill et Edward Chiera :
Inscriptions from Adab, University of Chicago, Haskell Oriental Museum, The University of Chicago press, Chicago Ill, 1930.
Massimo Maiocchi :
Classical Sargonic tablets chiefly from Adab in the Cornell University collections, CDL Press, Bethesda, 2010.
Caroline Nestmann Peck :
The excavations at Bismaya, University of Chicago, Department of Oriental Languages and Literatures, 1949.
Marc Van de Mieroop :
A history of the ancient near East : ca. 3000-323…, Blackwell, Oxford, 2004 – Blackwell, Malden, 2007.
Giuseppe Visicato et Aage Westenholz :
Early dynastic and early Sargonic tablets from Adab in the Cornell University collections, CDL Press, Bethesda, 2010.
Karen L.Wilson et Jacob Lauinger :
Bismaya – Recovering the lost city of Adab, Oriental Institute Publications 138, The Oriental Institute of the University of Chicago, 2012.
Charles Leonard Woolley : (Sir)
– The Sumerians, Clarendon Press, 1927-1929 – Norton, New York, 1965 – A.M.S. Press, New York, 1970 – Barnes & Noble, New York, 1995.
Yang Zhi :
The excavation of Adab, pp : 16-19, Journal of Ancient Civilizations 3, IHAC, Changchun, 1988.

 

 

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Localisation
L’histoire
Archéologie
Bibliographie

Girsou

 


 

Vue des vestiges du site

Localisation

 
   Girsou (ou Girsu ou Jirsu) fut une des principales villes du Sumer, que l’on situe aujourd’hui sur le site de Tellô (ou Tel Telloh), dans la province de Dhi Qar en Irak. On a longtemps cru que c’était la ville de Lagash qui se trouvait sur le site de Tellô qui est située en fait environs 25 km. au Sud de Girsou. Il est aujourd’hui certifié que ce site est bien celui de la cité de Girsou (ou Girsu), ville sainte du royaume de Lagash. Ce que nous connaissons de l’histoire de cette dernière vient des découvertes exhumées à Girsou, qui a livré de nombreuses inscriptions royales, tablettes d’argiles inscrites et une quantité importante d’objets d’art. 
 

L’histoire…….

 
   Girsou était probablement déjà occupée au cours du IVe millénaire, certains spécialistes vont même jusqu’à dire dès la période d’Obeïd (5300-4800), mais la cité pris réellement de l’importante dans le début de la période dynastique du Sumer (entre 2900 et 2400) alors que ce dernier était dominé par des cités comme Ur. Elle eut longtemps le statut de capitale régionale et il semble évident qu’elle connut une certaine importance nationale. Elle devint même la capitale du royaume de Lagash au cours de la seconde dynastie, sous le Roi Goudéa (ou Gudea, 2142-2122) et resta le centre religieux après le que pouvoir politique se fut déplacé dans la ville de Lagash.


 

Statue de Goudéa dédiée au
Dieu Ningishzida trouvée à
Girsou – Musée du Louvre

 
   Comme beaucoup de cité Girsou tomba ensuite sous la domination du Roi d’Ourouk et d’Akkad, Our-Nammou (ou Ur-Nammu, 2112-2095), qui fonda la IIIe dynastie d’Ur. Sous cette dynastie elle tira quand même son épingle du jeu puisqu’elle resta un important centre administratif de l’Empire. Après la chute d’Ur, Girsou diminua en importance, mais continua à être habitée et ne fut plus qu’une étape régionale. Beaucoup plus tard la cité connut une recrudescence au cours du II siècle av.J.C, tandis que toute la partie Sud de la Mésopotamie tombait sous le coup d’un potentat local, Adad-Nadin-Ahhe, qui y construisit un petit palais, encore utilisé au début de notre ère (Au moins jusqu’au moment de l’expédition de l’Empereur Trajan, 98-117) dont nous avons des traces dans des inscriptions en Araméen qui furent retrouvées.

 

Archéologie

 
   Tellô est un des premiers sites Sumériens largement fouillé, d’abord depuis 1877 jusqu’à 1900 par le Vice-consul Français à Bassora, Charles Ernest Gustave Chocquin de Sarzec, puis suivit par son successeur Gaston Cros entre 1903 et 1909. Léon Alexandre Heuzey et Henri de Genouillac continuèrent les fouilles de 1929 et 1931. Ils furent suivis par André Parrot entre 1931 et 1933. Sur le site ont été mis au jour les vestiges d’une ziggourat et d’un temple dédié à Ningirsu qui aurait été construit par le Roi Our-Nanshe (v.2490-v.2465) de Lagash, ainsi que de nombreux objets d’art en d’argile, mais malheureusement peu d’attention fut accordée à ses vestiges architecturaux. Le site fut également le terrain de nombreuses fouilles de pillards. La plupart des trouvailles appartiennent à la période du IIIe millénaire (Période d’Akkad et de la III dynastie d’Ur) et beaucoup sont aujourd’hui au musée du Louvre.
 
   Cela inclut une quantité énorme de tablettes qui sont des documents administratifs, la fameuse “stèle des vautours”, célébrant la victoire de la cité de Lagash sur son voisin Oumma, et des statues représentant Goudéa (ou Gudea, 2142-2122), Gouverneur puis Roi de Lagash. Une des tablettes les plus importantes qui fut trouvées, est un édit de réformes du Roi Our-Inimgina (ou Urukagina, ou Our-Uka-Gena ou Our-Uinim-Gina, v.2350-v.2340).
 
   Dans ce texte, le souverain dit avoir été choisi par le Dieu Ningirsu pour mettre fin à l’oppression des pauvres et décrit une série de réformes contre l’ancienne bureaucratie et l’immense pouvoir qu’avait pris la caste sacerdotale. Ce texte est très important car il met en lumière les problèmes sociaux de l’époque. Our-Inimgina fut un grand Roi, comme nous l’apprend le texte, qui “guérit” l’économie et établit un premier code juridique qui donna naissance à une sorte de programme social, qui entre autres, assura la protection et l’assistance aux veuves et aux orphelins.

 

Bibliographie

 
   Pour d’autres détails sur la ville voir les ouvrages de :
  
Jean Bottéro et Marie-Joseph Stève :
Il était une fois la Mésopotamie, Gallimard, Collection Découvertes, Paris, 1993.
Jean Bottéro et Barthel Hrouda :
L’Orient ancien : Histoire et civilisations, Bordas, Paris, 1991 – En Allemand : Der Alte Orient : Geschichte und Kultur des alten Vorderasien, Orbis-Verl, München, 1991-1998.
Harriet Crawford :
The Cconstruction inférieure at Tello. A reassessment, pp : 71–76, Iraq 49, 1987.
Gaston Cross et Léon Alexandre Heuzey :
Nouvelles fouilles de Tello, Mission Française de Chaldée, Ministère de l’éducation nationale, Académie des inscriptions & belles-lettres, Commission de la Fondation Piot, Ernest Leroux, Paris, 1910-1914.
Henri de Genouillac :
Inventaire des tablettes de Tello conservées au Musée impérial ottoman, Mission Française de Chaldée, Ernest Leroux, Paris, 1910-1912.
Jean-Jacques Glassner et Benjamin R.Foster :
Mesopotamian chronicles, Society of Biblical Literature, Atlanta, 2004.
Fritz Rudolph Kraus :
Sumerer und Akkader : Ein problem der altmesopotamischen Geschichte, North-Holland Publishing Company, Amsterdam, 1970.
Bertrand Lafont :
Documents administratifs sumériens : Provenant du site de Tello et conservés au Musée du Louvre, Musée du Louvre, Editions Recherche sur les civilisations, Paris, 1985.
André Parrot :
Tello : Vingt campagnes de fouilles, campagnes de 1877-1933, Albin Michel, Paris, 1948.
Claudia E.Suter :
A Shulgi statuette from Tello, pp : 63–70, Journal of Cuneiform Studies 43/45, New Haven, 1991–1993.
François Thureau-Dangin :
Statuettes de Tello, Ernest Leroux, Paris, 1925.
Marc Van de Mieroop :
A history of the ancient near East : ca. 3000-323…, Blackwell, Oxford, 2004 – Blackwell, Malden, 2007.
Charles Leonard Woolley : (Sir)
– The Sumerians, Clarendon Press, 1927-1929 – Norton, New York, 1965 – A.M.S. Press, New York, 1970 – Barnes & Noble, New York, 1995.

 

 
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