Quelques grands Rois de Mésopotamie :
Sargon  d’Akkad
2334  à  2279
 

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  Sommaire
 

Son origine, les légendes
Son règne, ses conquêtes
Ses constructions
Sa famille
Bibliographie

   

 

Sargon sur un soubassement
deKhorsabad –
Musée du Louvre

 

Son origine, les légendes

 
   Sargon d’Akkad (ou Sargon l’Ancien ou Sargon le Grand) fut le 1er souverain et le grand fondateur de ce qu’on appelle l’Empire d’Akkad. Ses dates de règne ne font pas l’unanimité, on trouve de : 2356 à 2300 ou 2335 à 2279 ou 2334 à 2279 (celles les plus courantes) ou 2292 à 2236 ou 2285 à 2229 ou 2270 à 2215 av.J.C. Il fut également Roi d’Ur, d’Ourouk, de Lagash et d’Oumma. Il n’était pas de sang royal et nous ignorons même son vrai nom, car son nom de règne, Sarru-kin (ou Sharrum-kin ou sharrukenu ou sharrukin ou Šarru-kinu), est un surnom qui signifie "Le Roi légitime" ou “Le vrai Roi“. Son origine est entourée d’une légende relatée dans des textes des époques néo-Assyriennes et néo-Babylonienne, soit près de quinze siècles après les événements.
 
   Cette légende nous raconte qu’il serait le fils d’une Prêtresse, qui l’aurait mis au monde en secret à Azupiranu, ville qui était située sur les bords de l’Euphrate et l’aurait abandonné sur le fleuve dans une corbeille de jonc dont elle ferma l’ouverture avec du bitume. On trouve là de fortes similitudes avec l’histoire d’autre grands hommes dans d’autres civilisations comme : Moïse, Cyrus II ou encore Romulus.
 
   Il aurait été récupéré par Akki (ou Aqqi), le puiseur d’eau, qui l’adopta et l’éleva comme son fils et lui enseigna son métier de jardinier. Sargon était donc un jardinier et la Déesse Inanna (Assimilée à la Babylonienne d’Ishtar) se serait prise d’amour pour lui. Il devint ensuite Ministre (ou Échanson) du Roi de Kish, Our-Zababa (ou Ur-Zababa, 2370-2334) contre lequel il finit par se rebeller et grâce à l’aide d’Inanna, qui le noya dans un fleuve de sang, il devint Roi.
 
   Une autre version de la fin de cette histoire est le témoignage de certains textes qui nous apprennent que Sargon était bien l’Échanson du Roi de Kish, Our-Zababa, mais qu’il aurait été choisi par ce Roi comme son héritier et aurait dû fuir et fonder la cité d’Akkad parce que le Roi d’Oumma et d’Ourouk, Lougal-Zaggesi (v.2340-2316) avait conquis Kish et mis à mort Our-Zababa ?. Malheureusement, aucun des monuments contemporains du Roi ne parle de sa prise du pouvoir. Lorsqu’ils se réfèrent à lui, il est déjà Roi de Kish (Mais pas encore Roi d’Akkad). 

 

Son règne, ses conquêtes

 
   Sargon après son accession au trône n’installa pas sa résidence dans une ancienne cité royale importante, mais déménagea dans la ville d’Akkad (ou Agade, dont l’emplacement exact est encore discuté). Le nom de la cité existe dans une inscription datant d’avant Sargon, de sorte qu’il ne peut être considéré comme son fondateur. Quelles raisons ont incité le Roi à déménager sa résidence ?, à aujourd’hui ce n’est toujours pas clair. L’emplacement de la ville à proximité des principales routes commerciales aura sûrement joué un rôle, où Peut-être que Sargon était originaire de sa région ?.
 
   Outre ces légendes, ce qui est sûr c’est que Sargon une fois au pouvoir commença ses campagnes militaires et s’empara très rapidement des principales cités Sumériennes, dont en 2316, Ourouk. Dans cette dernière, il y combattit Lougal-Zaggesi qui régnait depuis la cité. Il détruisit les remparts de la ville et le captura puis l’emmena dans un carcan, dans la ville sainte de Nippur et l’offrit en sacrifice au Dieu Enlil. Il eut une autre victoire sur le Roi Kashtubila, de Kazallu (Située au Nord-ouest d’Adab). Selon une source antique, Sargon mis la ville tellement à sac “Que les oiseaux ne pouvaient pas trouver un endroit pour se percher“. Ensuite il prit Lagash et Ur et devint ainsi maître de toute la Basse-Mésopotamie. Ses victoires marquent le début de la domination Akkadienne sur la Mésopotamie.
 
   Il continua sa progression et soumit au Sud : L’Élam, le Zagros et Anshan. Les sources antiques rapportent des victoires contre quatre chefs d’une fédération Élamite et son hégémonie sur Awan (Qui n’est pas localisée précisément, mais supposée se trouver aux Nord-est de Suse) qui dirigeait cette fédération et Warahshe (ou Marhashe ou Marhashi ou Barhashe ou Barakhshi, à l’Est de l’Élam, sur le plateau Iranien, mais qui n’a pas encore été localisée non plus avec précision) et les petits États voisins qui devinrent des vassaux d’Akkad. On ne sait pas avec certitude jusqu’où s’étendait son Empire. D’après une autre légende, une expédition atteignit la mer inférieure (Le golfe Persique). Sargon aurait embarqué des troupes et aurait trempé ses armes dans l’eau du golfe (on trouve aussi se laver les mains, pour montrer qu’il avait conquis le Sumer dans son intégralité), où il aurait conquis l’île de Dilmun (Royaume correspondant à l’actuel Bahreïn), ce qui n’a rien d’impossible.
  

   Vers le Nord et l’Ouest, il soumit, vers 2300, le mont Amanus (Entre la Cilicie et la Syrie), la région du fleuve Khābūr (ou Habur, actuelle Haut-Djézireh), dans l’extrême Nord de la Syrie les villes d’Urkesh et Nagar (ou Tell Brak), à l’Est de l’Euphrate et il franchit le mont Taurus. Le Roi d’Ebla, Ishar-Damu (ou Iskar-Damu, v.2340-v.2300) avait une certaine puissance économique et politique et son influence s’étendait sur la Haute-Mésopotamie. Il entretenait de bonnes relations commerciales avec la puissante cité de Nagar. À cette même période, il fonda une coalition avec cette dernière et les royaumes Amorrites de Mari et d’Ebla pour contrer la montée en puissance de Sargon. Cependant, le Roi d’Akkad battit la coalition et Ebla fut dévastée. Un texte Akkadien, connu sous le nom : "d’épopée de la bataille du Roi” ou "Combat du Roi", relate ces événements, la légende dit :


 

Sargon –
Statuette d’ivoire

"Il s’élança vers les montagnes claires et la forêt de cèdres" (Liban)…… Sargon, Roi de Kish, remporta trente-quatre batailles, il détruisit les fortifications jusqu’au rivage…… Sargon se prosterna en prières à Tuttul, devant le Dieu Dagan, qui lui donna tout le Pays Supérieur, les royaumes de Mari, Yarmuti et Ebla jusqu’à la forêt des cèdres et aux montagnes de l’argent (le mont Amanus)…..

 
   Sous prétexte de défendre des marchands opprimés, il s’empara du pays d’Ibla (ou Hatti) où se trouvait Purushanda (ou Burushattum ou Purušanda ou Purušattum ou Paršuanda), que l’on ne situe pas exactement, la ville du Dieu Dagan (ou Dagon, Dieu des semences et de l’agriculture). Cette campagne est relatée également dans l’épopée de la bataille du Roi” ou "Combat du Roi". Le texte présente Sargon qui avança profondément dans le cœur de l’Asie Mineure pour protéger les marchands, des exactions du Roi de Pursuhanda. Il est aussi écrit que Sargon traversa la mer de l’Ouest (mer Méditerranée) et se retrouva à Chypre ?.
 
  Toutes ces campagnes lui permirent de rapporter les matières premières qui manquaient aux villes de son Empire, comme du bois, du cuivre, de la diorite, du lapis-lazuli, des dattes etc…  À la fin de son règne, il dut faire face à des révoltes et soutenir un siège dans sa propre capitale. Il réussit à vaincre l’émeute et poursuivit les rebelles jusqu’au Subartu (ou Soubartou ou Subartum, Haut-Djézireh) avec l’aide de son fils Rimush. Lors de son règne la langue Akkadienne devint la lingua franca de l’ensemble de l’Empire. L’Akkadien fut normalisé et adapté pour une utilisation avec l’écriture cunéiforme utilisée précédemment dans la langue Sumérienne. Son Empire fut trop étendu pour les moyens de l’époque et ses successeurs vont vivre dans l’insécurité car immédiatement après la mort du Roi des révoltes vont éclater un peu partout.

 

Les  campagnes  de  Sargon

 
 
 Cliquez sur un nom de ville ou de région

 

Ses constructions

 
   On ne possède qu’un monument contemporain de Sargon, une stèle triomphale en diorite retrouvée à Suse (À l’état fragmentaire), qui est aujourd’hui au musée du Louvre. Elle est sculptée de bas-reliefs où les personnages sont représentés dans la tradition Sumérienne. On y voit un soldat Akkadien qui tient sur son épaule droite une épée et qui empoigne de l’autre main un prisonnier entièrement nu, les poignets liés dans le dos. Dans un autre endroit, qui est en partie effacée, on voit des prisonniers assis ou agenouillés, cette scène a été interprétée comme un massacre. Dans une deuxième partie de son règne, Sargon essaya d’organiser les relations commerciales dans son Empire.
 
   À Akkad, il fit élargir le port pour y accueillir des plus gros navires. Dans celui-ci affluaient des marchandises provenant de Dilmun (aujourd’hui le Bahreïn), de Magan (aujourd’hui Oman) et de Mélukhkha (ou Meluhha, vallée de l’Indus dans les textes Mésopotamiens). Du Nord et de l’Ouest il importait : Du bois des forêts de cèdres du Liban, de l’argent des montagnes d’Anatolie (Du mont Amanus, en Cilicie), qui transitaient par Tuttul, Ebla, Terqa (ou Tirqa, Tell Ashara aujourd’hui) et Mari. Il fit aussi construire dans sa capitale un immense et magnifique palais et des doubles remparts de fortifications. Il créa un service de poste avec des officiers tous les 50 km.

 

Sa famille

 
   Sargon n’a qu’une épouse connue :
 
• Tashlutum (ou Tašlultum ou Tashloutoum ou Tashlultum ou Ashlutum ou Ašlultum) qui n’est connue que par une inscription sur un fragment de vase ou de bol en d’albâtre (D’origine inconnue) aujourd’hui dans la collection Babylonienne du musée de l’université de Yale. Elle lui aurait donné cinq enfants, à moins qu’elle ne fut pas la mère de tous ?.
  Quatre fils :

Rimush (ou Ouroumoush ou Alu-Usharsid ou Urumush) qui succéda à son père de 2279 à 2270.
Manishtusu (ou Maništušu ou Man-Istusu ou Manishtousou) qui succéda à son frère de 2270 à 2255.
Ibarum (ou Ibaroum ou Shu-Enlil) dont nous ne savons rien.
Abaish-Takal (ou Ilaba’is-Takal) dont nous ne savons rien.

  Une fille :

En-Hedou-Ana (ou Enkheduanna ou Énhéduanna ou Enheduanna "Vraie femme d’Inanna" ou “La parure de la grande Prêtresse du Dieu“) qui fut Prêtresse de Nanna (Le Dieu-lune) dans son temple d’Ur. Elle fut la première à tenir le titre de “Prêtresse”, un rôle d’une grande importance politique qui fut souvent tenu par les filles royales. Elle créa de nombreux hymnes rituels en langue Sumérienne, dont le célèbre “Hymne à Inanna” ou “Exaltation d’Inanna” qui restera en usage des siècles par la suite.
 

Bibliographie

 
   Pour d’autres détails sur le souverain voir les ouvrages de :
  
Veronika K.Afanas’eva :
Das sumerische Sargon-epos. Versuch einer interpretation, pp : 237-246, Altorientalische Forschungen 14:2, 1987.
William Foxwell Albright :
– A Babylonian geographical treatise on Sargon of Akkad’s Empire, pp : 193-245, Journal of the American Oriental Society, Vol. 45, New Haven, Janvier 1925.
George W.Botsforth :
The reign of Sargon, A Source-Book of Ancient History, Macmillan, New York, 1912.
Jean Bottéro et Marie-Joseph Stève :
Il était une fois la Mésopotamie, Gallimard, Collection Découvertes, Paris, 1993.
Jean Bottéro et Barthel Hrouda :
L’Orient ancien : Histoire et civilisations, Bordas, Paris, 1991 – En Allemand : Der alte orient : Geschichte und kultur des alten vorderasien, Orbis-Verl, München, 1991-1998.
Georges Contenau, Gustave Fougères, Louis Halphen et René Grousset :
Les premières civilisations, Peuples et civilisations, Volume 1, ibrairie Felix Alcan, Paris, 1926-1929-1930-1938 – PUF, Paris 1950.
Jerrold S.Cooper et Wolfgang Heimpel :
The Sumerian Sargon legend, Journal of the American Oriental Society 1, Vol. 103, New Haven, Janvier et Mars 1983.
Stéphanie Mary Dalley :
Sargon, Encyclopædia Britannica, Oxford University Press, Oxford, New York, 2007.
Douglas Frayne :
Sargonic and Gutian periods, 2334-2113 BC, University of Toronto Press, Toronto, Buffalo, 1993.
Cyril John Gadd :
The dynasty of Agade and the Gutian invasion, University Press, Cambridge, 1963.
Joan Goodnick Westenholz :
Legends of the kings of Akkade : The texts, Eisenbrauns, Winona Lake, 1997.
Karl Hecker :
Sargons geburtslegende, Texte aus der Umwelt des Alten Testaments (TUAT), Ergänzungslieferung, Gütersloh, 2001.
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Francis Joannès, Cécile Michel et Luc Bachelot :
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Fritz Rudolph Kraus :
Sumerer und Akkader : Ein problem der altmesopotamischen geschichte, North-Holland Publishing Company, Amsterdam, 1970.
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Gebhard J.Selz :
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Edmond Solleberger et Jean Robert Kupper :
Inscriptions royales sumériennes et akkadiennes, Les Éditions du Cerf, Paris, 1971.

 

 
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