Quelques souverains importants :
Judas Maccabée
165  –  160
 

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….Retour sur l’histoire des Hasmonéens

 

 
Sommaire

 
Son origine
Son nom
Ses premiers combats
Après la prise de Jérusalem
La fin de sa vie
Bibliographie

 

Judas Maccabée – Plaque d’émail –
XVIe s. – Musée de Cluny – Paris

 

Son origine

 

   Judas Maccabée (ou Judas Machabée ou Macchabée ou Judas Maccabaeus ou Yéhouda Makkabi ou Yeouda HaMakabi ou Y’hudhah HaMakabi "Le marteau", en Hébreu : יהודה המכבי ou המקבי ) fut Grand Prêtre des Juifs de 165 à 160. Il fut le troisième fils de Mattathias. Son père, dès 167 avait lancé la révolte des Juifs contre l’Empire Séleucide alors maître de la Judée afin d’obtenir la liberté de culte pour son peuple. Cette année 167, le Roi Séleucide, Antiochos IV Épiphane (175-164) avait lancé une vaste politique d’Hellénisation. Mattathias était déjà vieux lorsque ces premières mesures anti-juives furent mises en application et lors de cette persécution, il retourna à Modiin, son village, pour y échapper, cependant le conflit le rattrapa. Après deux ans de combat victorieux il tomba malade et avant de mourir il demanda à ses fils de poursuivre la lutte. Judas reprit en 166 le commandement de la révolte des Juifs comme l’avait souhaité son père. Le Premier Livre de Macchabées fait l’éloge de Judas et de sa bravoure et valeur militaire. Il est reconnu comme un des plus grands guerriers de l’histoire Juive avec Josué (v.1200) et David (1010-970).
 

Son nom

 
   Dans les premiers jours de la rébellion, Judas reçut le nom de famille “Maccabée” (ou Macchabée). Plusieurs explications ont été avancées pour ce nom de famille. Une première suggestion est que le nom dérive de l’Araméen “maqqaba” ("makebet" en Hébreu moderne) qui veut dire "marteau" ou "masse", en reconnaissance à sa férocité au combat. Une autre hypothèse possible est que le nom Maccabée est l’acronyme pour la Torah verset Mi kamokha ba’elim YHWH, "Qui est comme toi parmi les puissants, ô Éternel !" (Exode 15:11), son cri de guerre pour motiver ses troupes. Rabbi Moché Schreiber (ou Hatam Sofer) écrivit au XVIIIe siècle que c’est un acronyme pour le nom de son père Matityahu ben Yohanan Hakohen. Certains chercheurs soutiennent que le nom est une forme raccourcie de l’hébreu de “maqqab-ya” (“pour marquer, pour désigner “), ce qui signifie “celui désigné par l’Eternel”.
 

Limites du territoire sous
Judas Maccabée

 

Pella

 
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Ses premiers combats

 
   Judas était conscient de la supériorité des forces Séleucides et au cours des deux premières années de la révolte, sa stratégie fut d’éviter toute implication de leur armée régulière et de recourir comme son père à la guérilla afin de leur donner un sentiment d’insécurité. Cette tactique permit de gagner une série de victoires. En 167, lors de la bataille de Nahal El-Haramiah (ou Ouâdi Haramiah, aujourd’hui Ma’ale Levona, en Cisjordanie, Judas battit une petite force Syrienne sous le commandement d’Apollonios (ou Apollonius), Gouverneur de la Samarie, qui fut tué au combat. Judas prit alors possession de l’épée d’Apollonios et l’utilisa jusqu’à sa mort comme un symbole de la vengeance. Après la victoire de Nahal El-Haramiah, les recrues affluèrent pour adhérer à la cause Juive.
 
  Peu de temps après (166), près de Beït-Horon (ou Beth-Horon ou Bethoron, petite chaîne montagneuse située à proximité des monts de Judée et au Nord de la vallée d’Ayalon) Judas mit en déroute une plus grande armée Séleucide sous le commandement de Séron. Cette victoire est due en grande partie à son choix du champ de bataille. Les victoires s’enchaînèrent dans cette année 166/165. Comme en Septembre 165 où il battit les forces Séleucides, dirigées par les Généraux Nicanor (ou Nikanor, † 161) et Gorgias, à la bataille d’Emmaüs (ou Emmaüs Nicopolis ou Nikopolis ou Amwas à environ 30 km. à l’Ouest de Jérusalem à la frontière entre les montagnes de Judée et la vallée d’Ayalon).

 

   Cette force avait été envoyée par Lysias (ou Lusias, Général et Gouverneur de la Syrie, ?-162), qu’Antiochos IV Épiphane (175-164) avait nommé comme vice-Roi après son départ pour une campagne contre les Parthes. Judas réussit à repousser Gorgias, qui avait l’intention d’attaquer et de détruire, avec sa cavalerie, les forces Juives dans leur camp. Alors que Gorgias le recherchait dans les montagnes, Judas fit une attaque surprise sur le camp des Séleucides et les écrasa. La défaite d’Emmaüs finit de convaincre les Séleucides qu’ils devaient se préparer à une guerre dure et longue. Ils décidèrent donc de réunir une plus grande armée et marchèrent sur la Judée du Sud par l’Idumée (Région d’Édom), mais l’année suivante Judas battit Lysias lui-même, à Beth-Zur (ou Bethsura, dans la région de Hébron – 164).
 

Pour plus de détails voir aussi :  La Bataille de Beth Zur  (Wikipédia.fr)

 

Après la prise de Jérusalem

 
   Après ces années de conflit, Judas réussit à prendre le dessus sur les Séleucides et il conduisit son armée près de Jérusalem, qu’il prit en 164. Les Séleucides furent exterminés à l’exception de la garnison de la citadelle d’Acra (ou Hakra). Judas fit purifier le Temple souillé de la ville en y enlevant les statues païennes et le 25 Kislev (14 Décembre 164) il rétablit le service dans le Temple. La fête Juive d’Hanoukka (ou Hanoucca, “Dévouement”) commémore aussi la restauration du culte Juif dans le Temple de Jérusalem. La libération de la ville fut la première étape sur la voie de l’indépendance ultime.


 

   Monnaie de Lysias 

 
   Après avoir entendu la nouvelle que les communautés Juives de Galaad (ou Gilead, chaîne de montagnes qui longent le Jourdain sur sa rive orientale, en Jordanie), de Transjordanie et de la Galilée étaient attaquées par leurs voisins, des cités Grecques, Judas se porta immédiatement à leur aide. Il envoya son frère, Simon, en Galilée, à la tête de 3.000 hommes. Celui-ci remplit sa tâche avec succès et réalisa de nombreuses victoires en Idumée, en Akrabatène (Région de Syrie), chez les Baïanites qu’il châtia. Il passa le Jourdain à la tête de son armée et pénétra chez les Ammonites pour dégager les Israélites réfugiés dans le fort de Dathema (ou Diathema, forteresse en Galaad). Il alla même jusque sous les murs d’Acre (ou Akko ou Ptolémaïs). Il prit Chaspho, Maked (ou Makéda) et alla jusqu’à Bosra (ou Bostra, ville au Sud de la Syrie). Il transplanta une partie importante des colonies Juives de ces deux régions, y compris des femmes et des enfants, vers la Judée.
 
   Dans le même temps Judas dirigea personnellement une campagne en Transjordanie, emmenant avec lui son frère Jonathan. Après d’âpres combats, il vaincu les tribus de la région et sauva les Juifs concentrés dans les villes fortifiées de Galaad. Là aussi la population Juive des zones prises par les Maccabées fut évacuée vers la Judée. À la fin des combats en Transjordanie, Judas se tourna contre les Édomites dans le Sud du pays. Il prit et détruisit Marésha (ou Marissa, dans le centre d’Israël située dans la Shéphélah) et Hébron. Il marcha ensuite sur la côte de la mer Méditerranée et détruisit les autels et les statues des Dieux païens à Ashdod et retourna en Judée avec un important butin.


 

Judas priant pour les âmes des pécheurs
tués – Peter Paul Rubens (1577-1640) –
Musée des beaux-arts de Nantes

 
   Antiochos IV mourut à Babylone en 164, lors de son expédition Perse et Judas s’aventura à attaquer Acra (ou Hakra), la citadelle isolée de Jérusalem. Les assiégés, qui comprenaient non seulement les Séleucides, mais aussi des Juifs Hellénisés, lancèrent un appel à l’aide à Lysias. Ce dernier qui avait pris la régence du trône Séleucide, Antiochos V Eupator (164-162) étant trop jeune pour régner, remonta une armée à Antioche et lança la contre-attaque. En 163/162, Lysias longea la Judée, comme il l’avait fait dans sa première campagne, en entrant par le Sud et il assiégea Beth-Zur qu’il reprit aux Juifs. Judas leva le siège d’Acra (ou Hakra) et alla à la rencontre
Lysias.
 
   En 162, ce dernier attaqua Judas à Beth Zékariah (ou Beth-Zacharie) au Sud de Bethléem. Les Séleucides réalisèrent leur première grande victoire sur les Macchabées, où le frère de Judas, Eléazar, surnommé Awaran "Poignardeur" fut tué. Judas fut forcé de se retirer à Jérusalem sur le Mont du Temple, mais il savait qu’il ne pourrait pas tenir en raison d’une pénurie alimentaire importante, Lysias faisant maintenant le siège de la ville. Cependant, alors que la capitulation semblait imminente, Lysias apprit que Philippe, Commandant en chef d’Antiochos IV à qui ce dernier avait donné la régence avant de mourir, lui disputait le pouvoir et s’était emparé d’Antioche, la capitale Séleucide, afin de prendre le pouvoir. Lysias signa alors un traité de paix avec les Juifs et leur donna une complète liberté de culte, l’autorisation de vivre en conformité avec leurs propres lois et officialisa le retour du Temple, puis il leva le siège de Jérusalem et marcha contre son compétiteur, qu’il défit la même année.
 
   La paix semblait revenue, toutefois, peu de temps après, Démétrios I Sôter (162-150), qui venait de s’échapper de Rome où il était otage, renversa Lysias et se proclama Roi légitime des Séleucides (Voir à Séleucides). En 162, Lysias et Antiochos V Eupator furent abandonnés et massacrés par leurs propres gardes sur l’ordre de Démétrios I.

 


 

Judas Maccabée contre l’armée de Nicanor –
Illustration Gustave Doré (1832-1883)

 


 

Mort de Judas Maccabée – José Teófilo de
Jésus (1758-1847) – Museum of Art de Bahia

Photo avant retouches : wikipedia.org

La fin de sa vie

 
   Malheureusement pour les Juifs, alors que la guerre contre l’ennemi extérieur avait pris fin, une lutte interne éclata entre le parti dirigé par Judas et le parti Helléniste. Le Grand Prêtre Helléniste Ménélas fut démis de ses fonctions et exécuté. Son successeur, un autre Helléniste, Alcime (ou Alcimus ou Jakim ou Alkimos) fut nommé par Démétrios I Sôter. Une garnison Séleucide resta à Jérusalem et les fortifications du Mont du Temple furent rasées. Lorsqu’Alcime exécuta soixante Prêtres qui s’opposaient à lui, il se retrouva en conflit ouvert avec les Maccabée. Alcime fuit Jérusalem pour se rendre auprès du Roi Séleucide et demanda son aide.
 
   Démétrios I accepta la demande du Grand Prêtre et afin de le rétablir dans ses fonctions, le renvoya en Judée avec une armée dirigée par Bacchidès (ou Bacchides), le Gouverneur de la Mésopotamie. L’armée Juive, plus faible, ne put s’opposer à l’ennemi et se retira de Jérusalem. Judas reprit alors sa tactique de guérilla qui avait payée auparavant. Peu de temps après, l’armée Séleucide dut retourner à Antioche en raison d’une situation politique agitée. Les forces de Judas profitèrent de l’aubaine et revinrent à Jérusalem. Les Séleucides réagirent et envoyant une nouvelle armée dirigée par Nicanor pour combattre cette contre-attaque. Dans une bataille près d’Adasa (Aujourd’hui les ruines de Khirbet`Adase ou Khirbat`Adasah en Cisjordanie), le 13 Adar (Mars) 161, l’armée Syrienne fut détruite et Nicanor fut tué. La "Journée de Nicanor" annuelle fut créée dans le calendrier Juif pour commémorer cette victoire.
 
   Juste après cette victoire, en 161, Judas signa un traité avec la république Romaine, ce fut le premier contact entre le peuple Juif et les Romains (2ème Livre des Maccabées – 11,34 – 38). En effet, fort de sa victoire il transmit une lettre à l’ambassade Romaine à Antioche leur demandant un appui. Les Romains furent très intéressés que des dirigeants Juifs créent une interférence effrontée dans les affaires intérieures de l’Empire Séleucide et ils donnèrent une reconnaissance implicite aux rebelles Juifs. Judas saisit l’occasion et envoya à l’été 161 une Ambassade à Rome. L’un de ces envoyés était Eupalamos (ou Eupolemos) fils de Johanan (ou Yohanan). Le résultat des négociations à Rome fut donc un traité d’assistance militaire mutuelle (Premier Livre des Maccabées – 8,17 – 32).
 
   Cependant cet accord avec les Romains n’eut aucun effet sur Démétrios I qui ne comptait pas en rester là. À la réception de la nouvelle de la défaite de Nicanor, il envoya une nouvelle armée, commandée de nouveau par Bacchidès (ou Bacchides). Cette fois, les forces Syriennes furent de 20.000 hommes et étaient nettement numériquement supérieure à celle des Juifs, ce qui eut pour effet que la plupart des hommes de l’armée de Judas quittèrent le champ de bataille et demandèrent à leur chef de faire de même et d’attendre une occasion plus favorable pour faire face aux Séleucides.
 
   La légende raconte que malgré son sous-effectif (Il ne lui serait resté que 800 hommes ?), Judas décida de tenter sa chance une fois de plus et tenir sa position. En Avril/Mai 160, à la bataille d’Éleasa (ou Elasa, près de l’actuelle Ramallah), Judas et ceux qui lui étaient restés fidèles, furent tués. Son corps fut récupéré par ses frères sur le champ de bataille et il fut enterré dans le tombeau familial à Modiin en 160. La mort de Judas Macchabée agita encore plus les Juifs prêts à renouveler la résistance. Son frère Jonathan Maccabée lui succéda et continua la lutte.

 

Bibliographie

 
   Pour d’autres détails sur Judas et les Hasmonéens voir les ouvrages de :
 
Bezalel Bar-Kochva :
Judas Maccabaeus : The Jewish struggle against the Seleucids, Cambridge University Press, Cambridge, New York, 1989.
William Maxwell Blackburn :
Judas the Maccabee and the Asmonean princes, Presbyterian Board of Publication, Philadelphia, 1864.
Klaus Bringmann :
Geschichte der Juden im altertum : Vom babylonischen exil bis zur arabischen eroberung, Klett-Cotta, Stuttgart, 2005.
Claude Reignier Conder :
Judas Maccabaeus and the Jewish war of independence, Published for the Committee of the Palestine Exploration Fund by A.P. Watt, Londres, 1894.
Edward Da̜browa :
The Hasmoneans and their state : A study in history, ideology, and the institutions, Jagiellonian University Press, Kraków, 2010.
Thomas Fischer :
Hasmoneans and Seleucids : Aspects of war and policy in the Second and First Centuries B.C., Bochum, 1985.
Dov Gera :
Judaea and Mediterranean politics, 219 to 161 B.C.E., E.J.Brill, Leiden, New York, 1998.
Richard Gottheil et Samuel Krauss :
Mattathias, Jewish Encyclopedia, Funk et Wagnalls, New York, 1901-1906.
Heinrich Graetz :
From the earliest period to the death of Simon the Maccabee (135 B.C.E.), Jewish Publ, Philadelphia, 1891.
Doris Lambers-Petry :
Judas Makkabäus, L’encyclopédie scientifique Bible sur Internet (WiBiLex), Stuttgart, 2006.
Albert Montefiore Hyamson :
Judas Maccabaeus : The hammer of God, M.L. Cailingold, Londres, 1935.
Harold U.Ribalow :
Fighting heroes of Israel, Signet Books, New York, 1967.
Christiane Saulnier :
Histoire d’Israël de la conquête d’Alexandre à la destruction du Temple, Paris, 1985.
Samuel Schafler :
The Hasmoneans in Jewish historiography, Diss, DHL, Jewish Theological Seminary, New York, 1973.
Joseph Sievers :
The Hasmoneans and their supporters : From Mattathias to the death of John Hyrcanus I, Scholars Press, Atlanta, 1990.
Claude Tassin :
Histoire d’Israël, 4e partie, Des Maccabées à Hérode le Grand, Service biblique catholique évangile et vie, Éditions du Cerf, Paris, 2006.
Victor Tcherikover :
Hellenistic civilization and the Jews, Philadelphie, 1956.

 

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