Une partie du site aujourd’hui |
Le
site de Sichem (ou Shechem ou Shkhem ou Shachmu ou Sychar ou Sychem ou Sikima, en
Hébreu :
שְׁכֶם / שְׁכָם,
en arabe : نابلس) ou Tell Balatah,
se situe aujourd’hui à Salim à 2 km. à l’Est de l’actuelle ville de Naplouse, à environ 65 km. de
Jérusalem. Le nom en Hébreu; Shékém,
qui signifie "épaule" ou "selle", semble avoir été suggéré par la configuration du site. Des preuves archéologiques indiquent que la
ville fut rasée et reconstruite jusqu’à 22 fois avant sa disparition définitive.
Dans les ruines de la cité on peut encore trouver un certain nombre de murs et de barrières construits pour la défense, les salles du gouvernement,
un quartier résidentiel et les vestiges d’un temple de Zeus édifié par l’Empereur Romain Hadrien (117-138), celui-ci datant du II siècle de notre ère.
Un des principaux lieux saint de la cité, est le mont Garizim qui surplombe la ville.
Porte de l’époque Cananéenne sur le côté Est de la ville |
Localisation
La position de la Sichem antique est clairement rapportée dans la Bible. Elle est indiquée au Nord de Béthel et
Shiloh, sur la grande route allant de Jérusalem au district du Nord (Livre des Juges, XXI, 19),
à une courte distance de Machmethath (Livre de Josué, 17 : 7) et de Dothain (Genèse, 37 : 12 à 17). Elle était dans la montagne du
pays d’Éphraïm (Livre de Josué 20 : 7, 21 : 21 et Premier Livre des Rois 12 : 25, 1), immédiatement au-dessous du mont Garizim (Livre des Juges 9 : 6-7).
Ces indications sont complétées par Flavius Josèphe
(ou Titus Flavius Josephus ou Josèphe ben Mattathias, historien Juif, 37-v.100), qui dit que la ville se situait entre le mont Ébal et le mont Garizim,
et par la carte de Madaba (Également connu sous le nom de la carte mosaïque de Madaba) où Sichem est également appelé Sikima.
Nous pouvons donc admettre sans hésitation que Sichem était sur Saint-Jérôme, Saint-Épiphane ou très près (carte Madaba), le site occupé aujourd’hui par la
ville de Naplouse, la Neapolis ou Flavia Neapolis de l’âge des premiers Chrétiens.
Le Mont Ébal et le mont Garizim |
L’histoire…….
Le site de la ville
Cananéenne de Sichem présente des traces d’habitations que l’on estime datées de quatre mille ans. Sichem apparaît dans le Tanakh, dans la Genèse
(12 : 6-8), qui enregistre la manière dont Abraham (v.1850) atteignit le "grand arbre de Moreh
(ou Moré)" à Sichem et les sacrifices offerts à proximité. Plus tard, les os de Joseph
furent sortis d’Égypte et inhumés à Sichem. DAns la ville,
Abraham "construit un autel à l’Éternel, qui lui était apparu…… et donna cette
terre à ses descendants" (Genèse 12.6-7). Ce récit biblique indique un lieu, considéré par certains comme le premier où
Abraham s’installa avec Sarah à leur entrée en
Canaan. La Bible déclare que, à cette occasion,
Dieu confirma dans la ville l’alliance qu’il avait formulée pour la première fois avec Abraham
à Harran, en ce qui concernait la possession de la terre de
Canaan.
Ruines sur le mont Garizim |
Plus tard, le récit nous dit que les fils de
Jacob vengèrent le viol de leur sœur en massacrant les habitants de la ville. Joshua
réunit les Israélites à Sichem et les encouragea à réaffirmer leur attachement à la Torah. Que la ville de Sichem, exista à l’époque
d’Abraham est réfutée par quelques spécialistes qui contestent la traduction qui est faite
de la Genèse (12 : 6). Toutefois la cité était destinée à jouer un rôle important dans l’histoire d’Israël, en raison de sa position centrale, de la
présence dans le voisinage des lieux sacrés à la mémoire d’Abraham
(Genèse 12 : 6-7), le puits de Jacob (Genèse 33 : 18 à 20, "il éleva un autel,
qu’il appela El Élohé Israël", 34 : 2, etc) et enfin le tombeau de Joseph (Livre de
Josué 24 : 32).
Figurine datant de l’époque Hellénistique trouvée à Sichem |
Sichem fut un carrefour commercial en raison de sa position géographique qui se trouve à un endroit
vital pour la traversée des routes commerciales dans la région. Il y était négocié en grande quantité, entre l’âge du
bronze-moyen et la fin de la période
Hellénique, soit entre 1900 et 100 av.J.C : Le raisins, les olives, le blé on y trouvait aussi de l’élevage et de la poterie. Sichem fut une colonie
Cananéenne. Elle est mentionnée pour la première fois sur une stèle
Égyptienne d’un noble de la cour du Roi
Sésostris III (1878-1843,
XIIe dynastie).
Plus tard Sichem est une nouvelle fois citée dans les lettres de Tell el-Amarna,
de l’époque du Pharaon Amenhotep IV (Aménophis ou Akhénaton, 1353/52-1338).
Il y est indiqué que Shachmu (c’est-à-dire Sichem) est le cœur d’un royaume construit par Labaya (ou Labayu), un chef de guerre
Cananéen qui recruta des mercenaires parmi la tribu des
Apirou (ou Habiru).
Labaya fut l’auteur de trois lettres pour Amarna et son nom apparaît dans 11
autres sur 382 lettres. Labaya serait en relation avec la rébellion et les campagnes des
Apirou (ou Habiru).
Puis, plus tard, la cité, y compris son temple de l’âge du bronze, tomba sous la domination des Israélites, elle devint un peu avant l’an 1000
la ville de la tribu de Manassé.
Ruines du temple de Baal-Berith
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Au cours de la
période des Juges d’Israël, après la mort du Juge Gédéon (ou Gideon), son fils Abimelech (1236-1233), qu’il eut d’une concubine Sichémite
massacra 70 de ses frères et se fit nommer Juge (ou chef) des Hébreux,
puis se proclama Roi de la ville (Livre des Juges, 9 : 1-6). Yotam, le fils cadet de Gédéon, fit un discours célèbre, sur le mont Garizim Yotam
connu sous le nom de l’allégorie, où il mettait en garde le peuple de Sichem contre la tyrannie d’Abimelech (Livre des Juges
9 : 7-20). Les Sichémites se rebellèrent à cause de ses cruautés et le chassèrent de la vile. Lorsque, trois ans plus tard,
Abimelech mata la rébellion et reprit la ville, il détruisit totalement et brûla le temple de Baal-Berith où les habitants s’étaient réfugiés.
Pressoir à olives – période Hellénistique – Mont Garizim |
La cité fut reconstruite au Xe siècle et devint probablement la capitale d’Éphraïm (Premier Livre des Rois, 4).
Sichem est l’endroit désigné, après la mort de Salomon (970-931),
pour la réunion du peuple d’Israël et l’investiture de Roboam (931-914). Ce dernier
entreprit donc un voyage à Sichem, afin de recueillir l’adhésion de toutes les tribus. Mais les chefs des tribus, sous la conduite de
Jéroboam I (931-909) profitèrent de l’occasion pour lui présenter leurs doléances. Ils
demandèrent, entre autres, une importante réduction d’impôts et l’abolition des corvées qui avaient été instituées afin de participer à l’embellissement du
royaume sous le règne de son père. Roboam refusa avec sévérité d’accéder aux demandes des
tribus et le leur fit savoir sans aucune diplomatie. Les tribus du Nord ne prêtèrent donc pas allégeance à
Roboam et se constituèrent en un royaume distinct, le
Royaume d’Israël, le schisme était prononcé.
Roboam dut fuir à Jérusalem
(Premier Livre des Rois 12 : 1, 14 : 17; Deuxième Livre des Chroniques 10 : 1). Sichem fut alors la première capitale du nouveau royaume.
Porte Nord – Mont Garizim |
Lorsque les Rois
d’Israël déplacèrent la capitale, dans un premier temps à Tirtza (ou Thirsa ou Thirtsa
ou Tirsa ou Tirzah) et plus tard à Samarie, Sichem perdit de son importance et on entendit
plus parler d’elle jusqu’à ce que se produisit la chute de Jérusalem (587
av.J.C; Jérémie 12 : 5). Les événements liés à sa restauration se mirent en place, lorsque, à sa deuxième visite à
Jérusalem, Néhémie (ou Nehemias) expulsa le petit-fils du Grand Prêtre Éliaschib, qui
refusait de se séparer de son épouse étrangère, Sanaballat, et avec lui de nombreux Juifs, des Prêtres et des laïcs, qui avaient pris parti pour les rebelles.
Ces exilés Samaritains (de Samarie) s’installèrent à Sichem où un temple schismatique
fut ensuite érigé sur le mont Garizim. Sichem devint alors leur "ville sainte".
Monnaie de Sichem -Époque Romaine |
Ces derniers, ne vont jamais être inquiétés par les diverses peuples qui
vont conquérir la région, tandis que les Juifs Orthodoxes vont être fortement pourchassés lors de l’époque
Séleucide, surtout sous
Antiochos IV Épiphane (175-164)
(Révolte des Maccabées ou Macchabées).
Ils vont accueillir à bras ouverts tous les renégats qui s’enfuyaient de Jérusalem, en
129, lorsque l’Ethnarque de Juda, Jean Hyrcan I (134-104) mena la
révolte. Plus tard, au cours de la conquête Romaine de la Samarie,
par Hyrcan I, Sichem fut détruite. Une deuxième cité (qui deviendra Naplouse)
fut fondée en l’an 72 par les Romains, à environ deux kilomètres à l’Est de la cité biblique de Sichem, elle était nommée initialement Flavia Neapolis
"Nouvelle cité de l’Empereur Flavius". Après la conquête de la ville par les arabes en 636, elle fut
renommée نابلس Nablus (transcription phonétique de son ancien nom).
Les Croisés la renommèrent "Naples".
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Vues de différentes parties du site |
Bibliographie
Pour
d’autres détails sur la ville voir les ouvrages de :
Dan P.Cole :
– Shechem 1. The middle bronze II B pottery, Ind. Eisenbrauns, Winona Lake, 1984.
Edward Fay Campbell :
– Shechem II : Portrait of a hill country vale, Ind. Eisenbrauns, Winona Lake, 1991.
– Shechem III : The stratigraphy and architecture of Shechem/Tell Balâṭah, American Schools of Oriental Research, Boston, 2002.
Edward Fay Campbell et Nancy L.Lapp :
– Shechem IV : The Persian-Hellenistic pottery of Shechem/Tell Balâṭah, American Schools of Oriental Research, Boston, 2008.
Walter J.Harrelson :
– The city of Shechem : Its history and importance, Union Theological Seminary, New York, 1953.
Karl Jaros :
– Sichem, eine archäologische und religionsgeschichtliche studie mit besonderer berücksichtigung von Jos 24
Universitatsverlag, Göttingen/Fribourg, 1976,
Benjamin Mazar :
– Shechem – A city of the Patriarchs, Biblical Israel. State and People, The Magness Press, The Hebrew University,
Israel Exploration Society, Jérusalem, 1992.
Avraham Negev et Shimon Gibson :
– Archeological encyclopedia of the Holy Land, Weidenfeld & Nicolson, London, 1972 –
Da Capo, cop. Warszawa, 2002 – Continuum International Publishing Group, Janvier 2005.
Eduard Nielsen :
– Shechem, a traditio-historical investigation, G.E.C. Gad, Copenhagen, 1955.
Lawrence E.Stager :
– The Shechem temple where Abimelech massacred a thousand, Biblical Archaeology Review 26, N°4, Washington D.C., Juillet/Aout 2003.
Zev Vilnay :
– Legends of Judea and Samaria : Bethlehem, Hebron, Jericho, Dead Sea, Jaffa, Tel Aviv, Beersheba, Shechem, Sharon, Caesarea,
Jewish Publication Society of America, Philadelphia, 1975.
Heinemann Vogelstein :
– Shechem and Bethel, Éditeur inconnu, London, 1892.
–George R.H.Wright :
– Shechem : The biography of a Biblical city, McGraw-Hill, New York, 1965-1964.
– Shechem Vol.2. The illustrations, Ind. Eisenbrauns, Winona Lake, 2002.
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