Quelques Patriarches importants :
Abraham

vers  2000  ou  1850
 

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….Retour sur l’histoire des Hébreux

 

 
Sommaire

 
Son origine
Étymologie
Son histoire
      Le départ d’Abram
      Abram en Égypte
      La séparation d’Abram et Lot
      Abram et Kedorlaomer
      L’alliance avec Dieu
      Abram, Hagar et Sarah
      Abraham et les trois visiteurs
      Abraham et Abimelech
      Naissance et sacrifice d’Isaac
      Sépulture de Sarah et mariage d’Isaac
      La fin de vie d’Abraham
Bibliographie


 

Le Sacrifice d’Isaac
Le Dominiquin (1581–1641)
Musée du Prado

 


 

Chapiteau représentant les Justes dans le
sein d’Abraham – Milieu du XIIe siècle –
Musée Unterlinden – Colmar

Son origine

 
   Abraham (ou Abram ou ābram ou Avraham ou ‘Abrāhām ou Avrohom ou Avruhom, en Hébreu : אַבְרָהָם, en arabe : ابراهيم  Ibrāhīm ou إبراهيم الخليل  Ibrāhīm al-khālil  "L’ami privilégié (de Dieu)") est considéré dans la bible comme l’ancêtre des Juifs, personnage fondateur du Judaïsme et comme l’un des principaux personnages du Christianisme, le père du monothéisme. L’histoire d’Abraham (ou Abram), Hagar et Sarah (ou Saraï) et de ses deux fils est racontée dans la Genèse chapitres 11,27 à 25,3122, ainsi que dans certaines parties du coran. Au sens strict du terme, il fut le premier des trois Patriarches Bibliques. Il fut un des personnages majeurs et son histoire joua un rôle de premier plan dans le Judaïsme, le Christianisme et l’islam.
 
   Abraham (ou Abram ou ābram) fut un descendant de Sem (ou Shem), fils de Noé (ou Noa’h). Il fut un fils de Tera’h (ou Terah ou Térach) et eut deux frères, Nahor II et Haran. Haran mourut en laissant un fils, Loth. Abram épousa sa demi-sœur Sarah (ou Saraï). Il naquit à Ur en Chaldée (ou Ur aśdîm dans la Bible).
 
   Selon William H.Shea, la chronologie interne de la Bible met la vie d’Abraham (ou Abram) aux environs de 2000. Toutefois, il faut signaler, qu’il n’y a rien de spécifique dans l’histoire de la Genèse qui peut être lié à l’histoire connue dans, ou autour, du pays de Canaan, au début du deuxième millénaire avant notre ère. Diverses études pointent des incohérences entre le récit Biblique sur Abraham (ou Abram) et les données archéologiques. Comme le précise Paula M.McNutt, en conséquence, il est aujourd’hui largement admis que la soi-disant période patriarcale ancestrale est une construction littéraire plus tardive et pas une période dans l’histoire réelle de l’ancien monde. La question de l’existence réelle ou non d’un tel personnage derrière ces légendes reste donc une énigme. La majorité des chercheurs pensent que le Pentateuque (Désigne chez les Chrétiens les cinq premiers livres de la Bible. Les Juifs le désignent sous le nom de Torah) fut composé dans la période Perse (entre 520 à 320 av.J.C).

 

Étymologie

 
   L’onomastique (Branche de la lexicologie qui étudie l’étymologie) propose plusieurs pistes concernant l’étymologie du nom d’Abraham. Le récit de la Genèse (17:5) offre une explication étymologique qui reste largement répandue, selon laquelle il signifie “Père d’une multitude (de nations)” mais qui selon quelques spécialistes, dont Albert De Pury, n’en est pas moins inexacte. L’origine du premier nom du Patriarche, “Abram” (En Hébreu : אַבְָרם) est, pour sa première partie (ab- ou av- , en Hébreu : אב) une racine Sémitique bien établie signifiant “père” et, pour sa seconde (-ram : en Hébreu : רם), soit dérivée de l’Akkadien : ra’âmu “aimer” ou du Sémitique occidental : rwm “être élevé”. Thomas Römer précise que ce nom : ab- (ou av- “le père“), pouvant désigner le Dieu (ou l’ancêtre divinisé), était courant au Ier et IIe millénaire chez les Araméens et les Sémites du Sud.

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Abraham, Sarah et Hagar, gravure
publiée en 1897 – Philadelphie

 
   D’autres sens sont proposés très souvent par les exégètes : “Le père est élevé“, “Père exalté (ou haut)” ou “Exalté par le père“. Le terme de “père” se réfère probablement alors à la divinité vénérée par le porteur du nom. Quoi qu’il en soit, le premier nom “Abram”, s’il n’est présent qu’à quatre reprises : Dans la Torah, dans la Genèse (11:26 et 17:5), dans le Livre de Néhémie (9:7) et dans le Premier Livre des Chroniques (1:26), semble avoir été relativement populaire dans le Proche-Orient antique depuis le IIe millénaire av.J.C. À l’inverse, on rencontre le nom “Abraham”, dont on ne connait pas de dérivatif en Hébreu, à de très nombreuses reprises dans la Bible, concernant exclusivement le Patriarche.
 
   Une partie de la communauté scientifique s’accorde pour considérer qu’il ne soit en fait qu’une simple variante du nom “Abram” par ajout du h (ה) à la racine verbale, un phénomène connu en Araméen. Selon Thomas Römer et David Banon, il est également possible que les noms de deux ancêtres différents aient été fusionnés par les rédacteurs Bibliques et que le nom “Abraham” fut choisi pour précisément distinguer le Patriarche Hébreu d’avec les multiples “Abram”.
 
   Certains spécialistes ont essayé de mettre Abraham en relation avec une tribu : R(w)hm (R(w)hm) mentionnée sur une stèle du Pharaon de Séthi I (1294-1279) datant de 1289 et découverte à Scythopolis (ou Beït Shéan ou Bethshan ou Beth-Shan, ville du Nord-est d’Israël). Selon Mario Liverani, les membres de cette tribu se définissaient comme les “fils de Raham” (ou Banu Raham) et ils avaient pour ancêtre éponyme un “père de Raham” (ou Abu-Raham), c’est-à-dire Abraham ?. De ce fait, en ressort l’hypothèse qu’Abraham fut à l’origine l’éponyme de cette tribu attestée en Palestine centrale au XIIIe siècle, qui disparut ensuite en tant que telle, mais en laissant des traces dans les généalogies.
 
   Selon Jack Finegan, une autre stèle de victoire, située dans le temple d’Amon à Karnak, fait peut-être référence au “champ d’Abraham” (ou “fort d’Abraham”) localisé dans le Néguev ?. Selon Manfred Görg, une autre proposition identifie ce nom à : rhn, apparaissant dans des textes théologiques d’exécration, datant de la fin du IIIe et du début du IIe millénaire, rapprochant Abraham à un dénommé Aburahana, Prince de Samhuna, en Galilée. Abraham signifierait alors “Père de la tribu rhn“. Aucune de toutes ses propositions ne peut être prise avec certitude (certaines sont même hasardeuses).

 

 

Son histoire

 
    


 

Voyage d’Abraham d’Ur à Canaan –
József Molnár (1821-1899) – 1850
Galerie Nationale Hongroise

     Le départ d’Abram
 
   Tera’h (ou Terah ou Térach) engendra trois fils, Abram (puis Abraham), Nahor II et Haran. Haran mourut dans sa ville natale, Ur en Chaldée (ou Ur aśdîm dans la Bible) et engendra Loth. Abram épousa Sarah (ou Sarai) sa demi-sœur. À ce moment Abram eut une rencontre avec Dieu, qui lui ordonna de prendre toute la famille et de quitter la ville pour gagner un pays qu’il lui montrerait, et il lui promit de faire de lui une grande nation (Genèse 12: 1-3). Tera’h coordonna le voyage avec l’intention d’aller dans cette nouvelle terre promise à son fils. Il rassembla la famille et quitta Ur, pour se rendre à Harran (ou Carrhae) dans le Haut-Euphrate, qui était un grand centre caravanier et était l’un des deux principaux sanctuaires, avec Ur dédié au Dieu-lune Sin (ou Sîn), vénéré par les Mésopotamiens, où il mourut à l’âge de 205 (Genèse 11: 20-32). Son personnage est enveloppé de mystère pour les chercheurs, pourquoi commença-t-il ce voyage qui prit fin prématurément.
 
   Abram lui était âgé de 75 ans lorsqu’il décida de continuer le voyage et il quitta Harran (ou Carrhae) avec sa femme Sarah (ou Saraï), son neveu Loth, ses bergers et ses troupeaux, en direction du pays de Canaan, où il s’arrêta d’abords à Sichem (ou Shechem ou Shkhem ou Shékém ou Tell Balatah, en Hébreu : שכם, aujourd’hui à Salim à 2 km à l’Est de l’actuelle ville de Naplouse) (Genèse 12: 4-6). Puis il fit halte au chêne de Mambré (ou Hirbet es-Sibte, à 2km. au Sud-ouest de Mambré près d’Hébron en Cisjordanie), où Dieu lui promit de donner ce pays à sa descendance. Abram y construisit un autel, puis un autre entre Béthel (Se trouverait à 10km. au Nord de Jérusalem) et Aï (cité un peu plus à l’Est) où il fit une invocation (Action de demander de l’aide, du secours par une prière à Dieu), puis il atteignit le Néguev.

 

      Abram en Égypte


 

La séparation d’Abraham et Loth –
Wenceslas Hollar (1607-1677) –
Thomas Fisher Rare Book Library –

Photos avant retouches : wikipedia.org

 
   À ce moment une famine frappa la région de sorte qu’Abram, Loth et leur famille voyagèrent au Sud vers l’Égypte. Sur la route, Abram demanda à Sarah de déclarer aux Égyptiens qu’ils rencontreraient qu’elle était sa sœur, car il pensait être tué s’il se présentait comme mari d’une si belle femme, alors qu’avoir une belle sœur lui vaudrait d’être bien traité (Genèse 12: 10-13). Lorsqu’ils entrèrent dans le pays, les Princes firent l’éloge de la beauté de Sarah (ou Saraï) au Roi. Il la fit venir dans son palais afin de se l’attribuer pour épouse. Il la “prit” (la définition exacte de prit est encore très discuté) et Abram reçut de nombreux cadeaux : bœufs, ânes, ânesses, chameaux, servantes et serviteurs. Cependant, Dieu infligea au Roi et à sa maison de multiple plaies pour lesquelles il ne comprenait pas la raison (Genèse 12: 14-17). Il découvrit enfin que Sarah (ou Saraï) était une femme mariée. Le Roi, après avoir reproché son mensonge à Abram, exigea qu’ils quittent immédiatement leur foyer et le pays, avec tous leurs biens (Genèse 12: 18-20).

 

      La séparation d’Abram et Loth
 
   Sur la route du retour, Abram et Loth passèrent par le Néguev pour refaire une invocation à l’autel qu’Abram avait construit entre Béthel et Aï. Mais ils arrivèrent dans la région avec maintenant un troupeau si immense que le pays en terme de pâturages ne pouvait plus subvenir à l’ensemble de leurs besoins. Une querelle éclata entre leurs bergers dont le bétail de chaque famille était affecté. Les conflits entre eux devinrent si gênants qu’Abram gracieusement suggéra à Loth de se séparer de lui pour préserver leur fraternité. Il lui demanda de choisir de partir soit sur sa main gauche (Nord) soit sur sa main droite (Sud). Mais Loth choisit d’aller à l’Est de la plaine du Jourdain où la terre était bien arrosée, et il habita dans les environs de Sodome. Dieu redit à Abram qu’il lui donnait le pays de Canaan et l’incita à le parcourir. Abram s’établit alors dans la plaine de Mambré, près d’Hébron, et y construisit un autel (Genèse 13: 1-18). Le “Conflit entre Abram et Loth” (en Hébreu : מריבת רועי אברהם ורועי לוט, Merivat Roey Avraham Ve’Roey Loth) est une histoire racontée dans la Genèse, dans la Parasha de la semaine (Portion hebdomadaire de la Torah), dans la Lekh Lekha, qui représente la séparation d’Abram et Loth, à la suite d’un combat parmi leurs bergers. Le conflit se termine toutefois de manière pacifique.

 


 

La rencontre d’Abraham et Melchisédech
– Pierre Paul Rubens (1577–1640) – 1625
– National Gallery of Art – Washington

      Abram et Kedorlaomer
 
   La guerre éclata entre les villes du Jourdain qui se rebellèrent et l’Élam (Genèse 14: 1-9). À ce moment Abram apprit la capture de Loth avec toute sa maison lors d’un sac de Sodome mené par le Roi de l’Élam, Kedorlaomer (ou Chedorlaomer, on n’a pas retrouvé le nom Kedorlaomer dans les listes des souverains de l’Élam, mais on admet qu’il s’agit d’un nom Élamite) maître de cette ville qui se rebellait. L’armée Élamite venait de recueillir le butin de guerre, juste après avoir vaincu les armées du Roi de Sodome (Genèse 14: 8-12). Loth et sa famille vivaient à l’époque à la périphérie de Sodome ce qui en faisait une cible facile (Genèse 13:12). Cependant une personne qui s’était échappée lors de l’attaque était venue prévenir Abram de la catastrophe. Le Patriarche réunit alors 318 vassaux et décida de poursuivre les ravisseurs Élamites vers le Nord.
 
   Une fois l’armée rattrapée, lors d’un raid nocturne près de Dan, Abram les écrasa et poursuivit les rescapés jusqu’à Damas d’où il ramena Loth, parmi d’autres prisonniers, et les biens confisqués lors de la victoire. Le Roi Élamite s’échappa, mais Abram le pourchassa, le rattrapa et le tua au Hoba, juste au Nord de Damas (Genèse 14: 13-16). À son retour, Abram fut béni par Melchisédech, Grand Prêtre et Roi de Salem (ou Jérusalem), qui lui donna du pain et du vin. Abram lui donna ensuite un dixième de tout ce qu’il avait récupéré. Puis le Roi de Sodome lui dit de conserver le reste des biens récupérés, ce qu’il refusa personnellement, laissant le butin à son peuple et aux vassaux qui l’avaient accompagnés (Genèse 14: 17-24).

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Abraham recevant la visite de Dieu –
Gravure Gustave Doré (1832-1883)

 

      L’alliance avec Dieu
 
   Après ces évènements, la parole de Dieu fut adressée à Abram dans une vision où il lui répéta la promesse d’une terre où sa descendance serait aussi nombreuse que les étoiles. Abram conclut avec lui une alliance, sur le site connu de nos jours comme le mont Betarim. Dieu décrivit à Abram les régions du pays que sa progéniture réclamerait : Le pays des Kéniens (ou Qeyniy “forgerons“, tribu dont le beau-père de Moïse était membre et qui vivait dans le secteur situé entre le Sud de la Palestine et les montagnes) ; des Keniziens (ou Qenizziy, descendant de Kenaz) ; des Kadmoniens (ou Qadmoniy “peuple de l’Est“, peuple qui occupait le pays de Canaan) ; des Héthéens (ou Hittites ou Héthiens) ; des Phérézéens (autour de Gaza) ; de la vallée de Rephaïm (
ou Emeq Rephaïm ou Nephilim) ; des Amorites (ou Amoréen ou Amorrhéen) ; des Cananéens ; des Guirgasiens (ou Girgashites ou Girgashiy “demeurant sur un sol argileux“, peuple vivant à l’Est de la mer de Galilée) et des Jébuséens (ou Yebuwciy ou Yevusi, "descendants de Jebus", peuple autour de Jérusalem) (Genèse 15: 1-21).
 
   Abram exprima alors ses préoccupations au sujet d’être sans enfant, que son seul héritier était son serviteur Éliézer de Damas, mais Dieu dit à Abram qu’il aurait un fils né de lui et une pléiade de descendants. Lorsqu’Abram lui demanda comment il saurait que le pays de Canaan lui appartiendrait, Dieu lui ordonna de préparer un sacrifice animal. Il lui donna une liste d’animaux à lui procurer, de les couper en deux, sauf les oiseaux (Genèse 15: 9). Comme le soleil se couchait, Abram tomba dans un profond sommeil. Dieu ajouta alors que ses descendants seraient pendant 400 ans des étrangers esclaves d’un autre pays, dont ils sortiraient avec de grands biens pour revenir dans la quatrième génération dans le pays de Canaan qu’il leur a donné, et qui s’étendra du Nil à l’Euphrate. Pour Abram, Dieu prédit une heureuse vieillesse. Selon la Bible Hébraïque, l’Alliance des pièces (ou Pacte des pièces ou Alliance entre les parties, en Hébreu : ברית בין הבתרים berith bayin hebatrim ou Brit bein HaBetarim) fut un événement important dans l’histoire biblique du Patriarche. L’histoire Biblique dans Genèse (12-17) raconte l’alliance des pièces. Ce fut la première d’une série d’alliances faites entre Dieu et les Patriarches.

 

      Abram, Hagar et Sarah

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Abraham recevant Hagar –
Gravure Gustave Doré (1832-1883)

 
   Abram et Sarah (ou Saraï) essayèrent de trouver un moyen à la façon dont il allait devenir cet ancêtre des nations puisque, après 10 années de vie en Canaan, aucun enfant n’était né. Abram accepta la proposition de Sarah (ou Saraï) qui, pour avoir un fils, lui offrit sa servante Égyptienne Hagar (ou Agar) comme femme. Hagar tomba rapidement enceinte et elle commença à mépriser sa maîtresse qui s’en plaignit à Abram. Ce dernier lui répondit qu’elle pouvait en faire ce qu’elle voulait et elle décida alors de la maltraiter. Hagar ne supportant pas la situation s’enfuit. Sur la route, à la fontaine de Shur, elle rencontra un Ange, envoyé de Dieu. L’Ange lui dit de retourner près d’Abram et qu’elle donnera naissance à son fils qu’elle appellera Ismaël. Abram avait 86 ans lorsque l’enfant naquit (Genèse 16: 4-16).
 
   Treize ans plus tard, Abram avait 99 ans, Dieu apparut et lui proposa une nouvelle alliance. Il le nomma Abraham “Père de nombreuses nations” (Genèse 17: 5), car il lui promit de nombreux descendants parmi lesquels des Rois qui régneront sur le pays de Canaan. En échange, Abraham et ses descendants devraient le reconnaître comme leur Dieu, et pratiquer la circoncision à l’âge de huit jours de tous leurs mâles, esclaves et étrangers compris (Genèse 17: 10-14). Puis Dieu changea le nom de Saraï en Sarah et la bénit (Genèse 17: 15-16). Il lui promit qu’elle enfantera dans un an, un fils qui s’appellera Isaac, par lequel sera transmise l’alliance, puis il s’éloigna après avoir prédit à Ismaël qu’il engendrera douze Princes et une grande nation. Le jour même, immédiatement après la rencontre avec Dieu, Abram devenu Abraham circoncit tous ses mâles, dont lui-même, Ismaël et ses esclaves (Genèse 17: 22-27).

 

       Abraham et les trois visiteurs

 
   Peu de temps après, au cours de la chaleur de la journée, Abraham était assis à l’entrée de sa tente à l’ombre d’un pistacia de Mamré (Variété de pistachier térébinthe, on trouve aussi le terme : chênes de Mambré). Il leva les yeux et vit trois hommes parmi lesquels se trouvait Dieu. Il courut et s’inclina à terre pour les accueillir et il leur offrit l’hospitalité. Abraham leur offrit de se laver les pieds et de prendre un morceau de pain. Il se précipita vers Sarah et lui commanda des gâteaux, puis il ordonna à un serviteur de préparer un veau de choix.
 


 

Abraham et les Trois Anges – Aquarelle de
James Jacques Joseph Tissot (1836-1902)

   Quand tout fut préparé, il mit le lait caillé et le veau devant eux, en attendant sous un arbre, pendant qu’ils mangeaient (Genèse 18: 1-8). Un des visiteurs dit à Abraham qu’à son retour l’année prochaine, Sarah aurait un fils. À l’entrée de la tente, Sarah entendit ce qui avait été dit et elle rit à ce sujet, de cette perspective d’avoir un enfant à leur âge ce que Dieu reprocha à Abraham (Genèse 18: 1-15). Le visiteur demanda pourquoi Abraham et Sarah riaient, car lui faire porter un enfant à son âge, n’avait rien de trop difficile pour Dieu. Effrayée, Sarah cessa de rire.
 
   Après avoir mangé, les trois visiteurs se levèrent. Ils se dirigèrent vers le sommet qui donnait sur les villes de la plaine pour discuter du sort de Sodome et Gomorrhe accusées de péchés détestables. Dieu annonça qu’il allait à Sodome et Gomorrhe pour juger ces villes, dont on se plaignait beaucoup. Abraham, parce que son neveu Loth vivait à Sodome, le supplia de ne pas détruire la ville s’il y trouvait 50 justes. Dieu accepta, puis Abraham négocia jusqu’à obtenir que 10 justes seulement sauvent la cité. Dieu s’éloigna et Abraham rentra chez lui (Genèse 18: 17-33). Lorsque les deux visiteurs arrivèrent à Sodome pour mener à bien leur mission, ils avaient prévu de rester sur la place de la ville. Toutefois, Loth se joignit à eux et insista fortement pour que ces deux “hommes” séjournent dans sa maison. Cependant, des hommes cherchèrent à briser la porte de Loth pour voir ses invités (Genèse 19: 1-9). Tôt le lendemain matin, Abraham se rendit sur la colline. Il regarda du côté des cités et vit au loin la fumée qui s’élevait de Sodome anéantie, mais Dieu avait épargné son neveu Loth. (Genèse 19: 27-29).

 

      Abraham et Abimelech


 

Abraham renvoyant Hagar –
Gravure Gustave Doré (1832-1883)

 
   Un jour Abraham se rendit dans la ville de Guérar (Cité Philistine). Il présenta au Roi Abimelech (ou Abimélek) Sarah comme sa sœur. Le Roi enleva Sarah, mais avant qu’il la touche, Dieu lui apparut dans un rêve et lui déclara que s’il ne rendait la femme à Abraham cela entraînerait sa mort car elle était l’épouse d’un homme. Le lendemain, Abimelech s’approcha d’Abraham lui demandant pourquoi il avait apporté une si grande culpabilité sur son royaume. Abraham déclara qu’il pensait qu’il y avait aucune crainte de Dieu en ce lieu, mais que lui pourrait le tuer pour sa femme. Puis Abraham se défendit en prétextant que ce qu’il avait dit n’était pas un mensonge du tout puisque Sarah était sa demi-sœur par son père. “Et pourtant, en effet elle est ma sœur, elle est la fille de mon père, mais pas la fille de ma mère, et elle est devenue ma femme” (Genèse 20:12). Abimelech ne posa pas la main sur elle, il rendit Sarah, et offrit des cadeaux à Abraham : Des moutons, des bœufs, et des fonctionnaires l’invitèrent à s’installer où il voulait, dans le royaume d’Abimelech. Puis Abraham pria et intercéda auprès de Dieu qui avait frappé les femmes d’Abimelech d’infertilité en raison de l’enlèvement de Sarah (Genèse 20: 8-18).
 
   Après avoir vécu pendant un certain temps dans le pays des Philistins d’Abimelech, Picol (ou Phikol) le chef des troupes de ce dernier, s’attaqua à Abraham en raison d’un conflit qui avait abouti à une confrontation violente à un puits. Il reprochait à Abraham de ne pas être le possesseur de ce point d’eau. Abraham se rapprocha alors d’Abimelech et se plaignit des attaques agressives de son serviteur et de la saisie de son bien. Le Roi fit mine de ne pas être au courant de l’incident. Abraham passa alors avec le souverain un pacte en lui fournissant des moutons et des bœufs. En outre, pour attester qu’il était bien celui qui avait creusé le puits, il donna aussi à Abimelech sept brebis pour preuve de sa bonne foi (Genèse 21: 25 et 32). En raison de ce serment, ils appelèrent cet endroit : Be’er Sheva (ou Beer-Sheva ou Bersabée ou Beersheba ou Biʼr as-Sabʻ, en Hébreu : בְּאֶר שֶׁבַע, “Puits du serment” ou “Puits des sept“) Puis Abimelech et Picol se dirigèrent vers le pays des Philistins, Abraham planta un arbuste à Be’er Sheva appelé “le Dieu d’éternité” (Genèse 21: 22-34).

 


 

Abraham sacrifiant Isaac –
Laurent de La Hire – 1650 –
Musée des Beaux-arts de Reims

      Naissance et sacrifice d’Isaac
 
   Comme cela avait été prophétisé à Mambré l’année précédente (Genèse 17:21), Sarah devenue enceinte, enfanta d’un fils au nom d’Isaac, qui fut circoncis à l’âge de huit jours (Genèse 21: 1-5), alors qu’Abraham était âgé de 100 ans. Isaac grandit sans problème et le jour où l’on fêta son sevrage, Abraham fit un grand festin pour honorer l’occasion. Cependant, pendant la célébration, Sarah trouva Ismaël moqueur. Il fit une observation concernant la clarification du droit d’aînesse d’Isaac (Genèse 21: 8-13).
 
   Ismaël avait quatorze ans lorsque le fils d’Abraham Isaac naquit. Sarah demanda alors à Abraham de chasser Ismaël et Hagar (ou Agar) le plus loin possible, pour qu’Isaac n’ait pas à partager l’héritage avec lui. Abraham fut profondément attristé par les paroles de sa femme et demanda l’avis à son Dieu. Le Seigneur lui dit de ne pas être contrarié et de toujours écouter Sarah, car l’alliance passait par Isaac et prédisait qu’il ferait une nation d’Ismaël “car il est ta postérité” (Genèse 21: 9-13).

 
   Tôt le lendemain matin, Abraham chassa Hagar et Ismaël (Genèse 21 : 1-21). Il leur donna du pain et de l’eau et les renvoya. Les deux errèrent dans le désert de Be’er Sheva jusqu’à ce que la bouteille d’eau fut complètement consommée. Dans un moment de désespoir, Hagar fondit en larmes. À ce moment, Dieu entendit sa voix et un Ange de Dieu confirma à Hagar que son enfant deviendrait une grande nation. Un puits d’eau apparut alors qui leur sauva la vie. Le garçon grandit, il devint un archer vivant dans le désert de Paran. Finalement, sa mère trouva une femme pour Ismaël dans son pays d’origine, l’Égypte (Genèse 21: 14-21).
 


 
Le sacrifice d’Isaac – Peinture du Caravage
(1594-1596) – Galerie des Offices – Florence

   Un jour, Dieu commanda à Abraham d’offrir son fils Isaac en sacrifice sur le mont Moriah (ou Mōriyyā, en Hébreu : מוריה). Le Patriarche voyagea trois jours pour arriver à la montagne que Dieu lui avait dite. Il ordonna aux serviteurs qui l’accompagnaient de rester là, alors que lui et Isaac monteraient seul dans la montagne. Abraham fendit des bûches, bois sur lequel Isaac serait sacrifié, et partit avec l’enfant et un âne sur la montagne. Sur la route, Isaac demanda où était l’agneau qui serait sacrifié et brûlé, et Abraham répondit qu’il s’en remettait à Dieu.
 
   Une fois arrivés, Abraham éleva un autel, disposa les bûches et lia son fils au bûcher. Tout comme Abraham était sur le point de sacrifier Isaac, alors qu’il tendait la main pour immoler l’enfant, il fut interrompu par un ange (le messager de YHWH). Convaincu de la crainte que Dieu lui inspirait, l’Ange cria à Abraham d’épargner Isaac. À ce moment, Abraham vit qu’un bélier était pris au piège, retenu dans un buisson par les cornes, et il le sacrifia à la place d’Isaac. L’Ange bénit Abraham et pour son obéissance il reçut une autre promesse que sa descendance proliférerait, promettant que toutes les nations de la terre se béniront en elle. Puis Abraham retourna à Be’er Sheva (Genèse 22: 1-19).

 


 

Tombeau des Patriarches – Makhpela

      Sépulture de Sarah et mariage d’Isaac
 
   Quelques années plus tard, Sarah mourut à Hébron et Abraham la pleura à ses funérailles. Il demande aux Héthéens (ou Hittites ou Héthiens), propriétaires du lieu, un tombeau pour y enterrer Sarah (Genèse 23: 1-20). Ils lui proposèrent de choisir parmi tous leurs tombeaux celui qu’il préférait, car ils craignaient d’offenser Dieu en lui refusant quelque chose. Abraham choisit la grotte de Makhpela (ou Me-arat Hamachpelah ou Makpéla ou caverne de Machpela, en Hébreu : מערת המכפלה  "Le tombeau des doubles tombes" connu aujourd’hui sous le nom “Tombeau des patriarches“), près d’Hébron. Éphron, son propriétaire, voulut la lui donner avec le champ qui l’entourait, mais Abraham tint à payer le champ. Éphron estima la terre à 400 sicles d’argent, qu’Abraham paya, puis il enterra Sarah (Genèse 23).
 
   Un jour, Abraham, vieillit, demanda à son plus ancien serviteur de ramener de son pays une femme de sa famille pour Isaac. Le serviteur partit pour le pays d’Aram (ou Syrie). Le soir venu, il fit se reposer ses chameaux près d’un puits et vit Rébecca, petite-nièce d’Abraham, charmante et vierge, y remplir sa cruche. Elle accepta de lui donner à boire. Elle remplit l’abreuvoir pour désaltérer les chameaux et lui proposa l’hospitalité. Le serviteur dévoila alors l’identité de son maître et le but de sa mission. Chez Rébecca, Laban, son frère et son père Betouel, acceptèrent qu’elle devienne la femme d’Isaac. Le serviteur d’Abraham leur offrit de nombreux présents et partit le lendemain avec Rébecca. Dès leur retour, Isaac aima et épousa Rébecca (Genèse 24).


 

Le sacrifice d’Isaac – 1635 –
Rembrandt (1606-1669) –
Musée de l’Ermitage

 

      La fin de vie d’Abraham
 
   Après la mort de Sarah, Abraham prit une autre femme, une nommée Ketourah (ou Ketura). Elle lui donna six fils :
Zimran (ou Zambran, en Hébreu : זִמְרָן  “vigneron ou célébré ou chanson“) ;
Jokschan (ou Josèphe ou Jazar ou Yoqšān, en Hébreu : יָק שָׁן  “une infraction ou dureté ou frapper“) ;
Medan (ou Madan, en Hébreu : מְדָ֥ן   “affirmation ou conflit“) ;
Madian (ou Midian ou Midyān, en Hébreu : מִדְיָן en désaccord ou procès“) ;
Jischbak (ou Ishbak ou Jisbak ou Josabak ou ish’băk, en Hébreu : וְיִשְׁבָּ֣ק  “qu’il va quitter ou laissant“) ;
Schuach (ou Shuah ou Shuakh, en Hébreu : שׁוּחַ  “fossé ou piscine ou humiliation ou enfoncé“).
Abraham leur fit des dons et les envoya vers l’Est, loin de son fils Isaac. Il mourut heureux à 175 ans et fut enterré aux côtés de Sarah dans la grotte de Makhpela par ses fils Isaac et Ismaël. (Genèse 25: 7-10 – Premier Livre des Chroniques 01:32).

 

Bibliographie

 
   Pour d’autres détails sur Abraham et les Hébreux voir les ouvrages de :
 
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