Les cités  du  Sumer  et  de  l’Akkad :
Ur    (ou  Our)
 

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  Pour plus de détails voir aussi :   Le Sumer – L’Akkad

 

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  Sommaire
 

Localisation et généralités
L’histoire
L’archéologie
Bibliographie

 

 

Localisation  et  généralités

 
   Ur (ou Our ou Our-Kassdim ou Ur aśdîm dans la Bible, en Sumérien : Urim, en Akkadien : Uru, en arabe : أور) fut une Ville de Basse-Mésopotamie, située à sa création près de l’ancienne embouchure de l’Euphrate, sur sa rive droite, sur le golf Persique. En raison de l’accumulation d’alluvion, aujourd’hui ses ruines sont situées dans les terres, à 15 km à l’Ouest de l’Euphrate, à 16 km près de la ville de Nasiriya, dans le Gouvernorat de Dhi Qar, en Irak, au Sud de Bagdad. Elle est identifiée au site de Tell Al-Muqayyar (ou Tell el-Mukayyar ou Tell el-Muqejjir ou Umgheîr), à 200 km au Nord-ouest de Bassorah.
 
   La ville s’étendait sur une superficie de 1,2 km sur 700 m et était défendue par un haut rempart. La grande enceinte occupait la partie Nord de la cité et mesurait 350 m sur 200 m. On entrait dans la ville par des portes monumentales qui abritaient les édifices les plus importants. Ur comprenait deux ports sur l’Euphrate, l’un au Nord, l’autre à l’Ouest. L’ensemble de la cité fut construit en briques crues. Dans l’Ancien Testament, Ur est la ville d’origine du patriarche Abraham. Elle fut fondée pendant la période d’Obeïd à la la fin du IVe millénaire. C’était à cette époque un village de huttes en roseaux qui fut semble t-il submergé vers 3900 à la suite d’une inondation exceptionnelle de l’Euphrate qui laissa un niveau de limons stériles appelé "diluvium". Elle fut très riche durant la période dynastique archaïque (2900-2340) comme en témoigne le cimetière royal.

 

L’histoire…….

 
   Ur fut fondée pendant la période d’Obeïd vers la fin du IVe millénaire. Plus tard, à la période des dynasties archaïques, les premiers souverains d’Ur furent aussi Roi d’Ourouk. Vers 2875, les Akkadiens s’emparent momentanément du pays de Sumer et la royauté dominante passa à Kish. Vers 2850 elle revint en Sumer, à Ourouk, qui groupa le pays tout entier autour de son centre religieux. Contemporaine de Kish et Lagash, Oumma et Ur s’impliquèrent dans des rivalités de territoire. Le premier souverain attesté de la cité est Mesh-Ki-Ang-Gaser (ou Meskiaggaser ou Mes­Ki’ag-Gasher, ou Mesh-Ki-Ang-Gasher ou Mesh-ki-Aag-gasher ou Meskiag-gaschir, v.2900 à v.2850 ou v.2850 à v.2800 ou v.2770), fils d’Utu (Le Dieu-soleil). Il devint Grand Prêtre "Patésis" et Roi "Lougal" (ou Lugal) et gouverna sur le trône des cités d’Ur et d’Ourouk où il fonda la Ière dynastie. Il affirma sa domination sur la cité rivale de Kish. Parallèlement, à cette époque, deux autres importantes cités-États : Mari et Ebla se développèrent au Nord de l’Euphrate.
 

Vue de la Ziggourat d’Ur dégagée par Léonard Woolley

 

   Son fils Enmerkar (ou Enmer­Kar ou En-merkar, v.2850 à v.2830 ou v.2800 à v.2780 ou v.2750) lui succéda sur le trône d’Ur et d’Ourouk. Il est le héros de plusieurs épopées. La Liste Royale Sumérienne le donne comme le fondateur de la ville d’Ourouk. Toujours selon cette Liste il aurait régné 420 ans (on trouve aussi 427 ou 900 ?).
 
   Lui succéda Lougal-Banda le Pasteur (ou le Berger ou Lugalbanda “Petit Roi” ou “Jeune Roi” ?, v.2830 à v.2800 ou v-2780 à v.2730 ou v.2740), dont on ne connaît pas l’origine ni même s’il avait un lien familiale avec le précédent. Il semble qu’il arriva au pouvoir en épousant Ninsun (ou Nin-Sun), la fille d’Enmerkar. Elle est donnée dans l’épopée comme la Déesse Nin-Sun (La Dame buffle). Lougal-Banda fut aussi le héros de plusieurs épopées : Lugal-Banda et la grotte de la montagne et Lugal-Banda et Enmerkar (ou Lugal-Banda et l’oiseau de tempête).
 
   Des fouilles ont permis de retrouver ces deux textes épiques parlant de ce souverain, mais aucun d’eux ne le mentionne comme Roi. Par contre ils nous informent sur sa carrière politique et militaire, où il fut apparemment un des Généraux de l’armée d’Enmerkar et où il se couvrit de gloire lors de la campagne de celui-ci contre Aratta. Comme cela semble confirmé par d’autres textes, cette carrière l’amena, quelques années plus tard, à être choisi comme le successeur d’Enmerkar sur le trône d’Ourouk et d’Ur. La Liste Royale lui attribue un règne de 1.200 ans. Il eut trois enfants : Enmen-Baragesi, Sulgi et Gilgamesh.
 
   Ces deux derniers ne régnèrent pas tout de suite puisque la Liste Royale donne comme successeur de Lougal-Banda sur les trônes d’Ur et Ourouk, Dumuzi le Pêcheur (ou Dumuzid ou Dumizi ou Dumu-zi-Abzou “Fils divin légitime“, v.2800 à v.2750 ou v.2720 ou v.2730 à v.2700). Il fut originaire de Kuara dans le pays Sumer. La Liste Royale déclare qu’il captura seul le Roi de Kish, En-Men-Barage-Si (ou Enmen-Baragesi ou Emmembaragesi, v.2615-v.2585) et affirme qu’il régna 100 ans. Lorsque l’on suit cette Liste Royale on voir là une certaine confusion dans les dates de règne de ces deux souverains. À sa mort les trônes des deux cités se séparèrent et furent pris par deux des fils de Lougal-Banda : Shulgi (ou Sulgi, v.2700 à ?) fut Roi d’Ur et Gilgamesh fut Roi d’Ourouk.

Casque en or – Tombeau de
Mesh-Kalam-Dug –
Musée d’Irak – Bagdad

 

 
   Va suivre une période d’un siècle ou Ur est complètement effacée par ses ex rivales Kish et Ourouk. La cité commence à reprendre de l’importance v.2600 avec ses Rois : Our-Pabilsag (? à v.2590), puis son fils : A-Kalam-Dug (ou Akalamdug, v.2590 à v.2570 ou v.2600 à v.2580). Son nom, en Sumérien, signifie "Le Père du bon Pays". Quelques spécialistes le donnent comme le fils de Mesh-Kalam-Dug, son successeur. Il ne figure pas sur la Liste Royale Sumérienne, mais il porte le titre de Lougal, comme son père. Il épousa Ashusikidingira (ou Ašusikildigira) comme nous l’atteste un sceau retrouvé dans sa tombe. Comme nous le précisent Jean-Robert Kupper et Edmond Sollberger, son tombeaux (1054), celui de son épouse et de Mesh-Kalam-Dug, son successeur, ainsi que de sa cour qui l’avait accompagné dans sa mort, ont été retrouvés dans la nécropole royal entouré d’un trésor. Il contenait de nombreux objets façonnés en or.
 
   Puis arrive sur le trône, Mesh-Kalam-Dug (ou Meskalamdug ou Mes-kalam-dug, v.2570 à v.2560 ou v.2500 ou v.2436), dont le nom en Sumérien, signifie "héros de la bonne terre". Il ne figure pas non plus sur la Liste Royale Sumérienne. Le nom de ce "Roi" est également mentionné dans son tombeau (1054) et celui de son "père" A-Kalam-Dug, avec le titre Lougal (Roi), cependant l’archéologue Léonard Woolley suppose que ce tombeau n’était pas royal. Dans les objets retrouvés dans celui-ci, comme cité plus haut, il y avait un magnifique casque en or ayant appartenu au Roi. Il épousa Ninbanda (ou Skoubad ?) et son fils lui succéda.
 
   Mesh-Ane-Pada (ou Mésannépada ou Mesanepada ou Mesannepadda ou Mes-Anne-Padda, v.2560 à v.2525 ou v.2450 ou v.2384). Son nom, en Sumérien, signifie "héros choisi par le Ciel", il est parfois appelé Nanne. Il succéda à son père Mesh-Kalam-Dug, comme attesté par une inscription sur une perle en lapis-lazuli trouvée dans la cité de Mari. Sur la Liste Royale Sumérienne, il est le premier Roi énuméré pour la Ière dynastie d’Ur. Cette liste lui compte 80 ans de règne. Pour cette raison les spécialistes le reconnaissent comme le fondateur de cette Ière dynastie. Il s’empara des cités de Kish, où il renversa le Roi Mesalim (ou Me-Salim ou Meslim, v.2550-v.2530), de Nippur et d’Ourouk, où il battit son Roi Lougal-Kitun (ou Lugal-Kitun ou Lougal-Kildou, v.2545-v.2510) et il étendit son pouvoir sur la Basse-Mésopotamie. Il fit des cadeaux aux Rois de Mari afin d’entretenir de bon rapport avec la cité.


 

Vue des ruines d’Ur avec la
ziggourat en arrière plan

 
   Mesh-Ane-Pada et son fils Mes-Ki-Ang-Nana (ou Meskiagnunna ou Meskiag-Nuna ou Mes-Ki’ag-Nuna), sont tous deux nommés sur une inscription trouvée dans le temple principal de Nippur se qui vérifie leur statut de Seigneurs de Sumer. À en juger par les inscriptions, Mesh-Ane-Pada prit également le titre Roi de Kish, pour indiquer son hégémonie. Du fait de cette inscription, dans les années 1950, Edmund I.Gordon proposa que Mesh-Ane-Pada soit attesté comme une seule et même personne avec le Roi de Kish, Mesalim (ou Me-Salim ou Meslim, v.2550-v.2530), et que leurs noms étaient interchangeables dans certains proverbes sur des tablettes Babyloniennes, mais il ne fut guère suivi dans ses déductions.
 
   Mesh-Ane-Pada épousa peut-être Pu-Abi (ou Puabi "Le monde de mon père" ou “Parole de mon Père“) qui est indiquée en tant que "Reine". Pu-Abi, est connue en Sumérien sous le nom Skoubad, qui est aussi identifié comme l’autre nom de sa mère. Des inscriptions indiquent qu’elle était une "Nin", mot Sumérien qui peut désigner une Reine ou une Prêtresse. Il est tout à fait possible que Puabi ait cumulé les deux fonctions. Mesh-Ane-Pada ne semble pas avoir été inhumé dans le cimetière royal de la ville. Il eut deux enfants : A-Ane-Pada et Mesh-Ki-Ang-Nanna qui lui succédèrent.
 
   A-Ane-Pada (ou Aanapadda ou A’-anepada, v.2525 à v.2485) va essayer de poursuivre l’œuvre de son père. Il est connu principalement par des inscriptions sur des ex-voto. Il aurait construit un temple au Dieu Ninhursag, à Tell el-Obed (Localité éponyme de la culture d’Obeïd) et un enclos pour le Dieu Enlil, à Nippur. Il ne semble pas avoir été inhumé dans le cimetière royal. Après sa mort la puissance d’Ur va s’effriter peu à peu, sous les règnes de ses successeurs qui vont perdre le contrôle de beaucoup de territoires, dont son frère Mesh-Ki-Ang-Nanna (ou Meskiagnunna ou Mes-Ki’ag-Nuna ou Mes-Ki’ag-Nanna ou Mes-ki-age-nuna ou Meskiag-Nuna “Le fils de Mesh-Ane-Pada“, v.2485 à v.2450). À partir de cette époque, il semble que la dynastie de Lagash, avec son Roi Our-Nanshe (ou Ur-Nanshe, v.2490-v.2465) ait pris une certaine prédominance sur les autres cités et soit vite entrée en conflit avec la ville d’Oumma et avec la Ière dynastie d’Ur, à qui elle prit beaucoup de leur territoire. La Liste Royale Sumérienne lui donne 36 ans de règne.


 

Tête de taureau qui orne une lyre –
Tombe royale – Ur

 
   Lui succède Elulu (ou Ellili ou Elulumeš ou E-lu-lu, 2475 à 2459 ou v.2450 à v.2445) que certains chercheurs relient avec le "Elilina" dont le fils En-Shakansha-Ana (ou En-Sakus-Anna) fut le fondateur de la IIe dynastie d’Ourouk, mais pour d’autres cette théorie est incertaine, en raison de difficultés chronologiques. La Liste Royale Sumérienne lui donne 25 ans de règne. Une inscription précoce pour un “Elulu (ou Elili), Roi d’Ur” a été trouvée à proximité d’Eridou.
 
   Elle précise que ce Roi aurait construit la ziggourat pour le Dieu Enki. Puis Balulu (ou Ba-lu-lu, v.2445 à v.2430) arriva sur le trône, dont on ne connaît pas les liens de parenté avec le précédent et qui aurait régné 36 ans. Balulu fut le dernier Roi de cette dynastie. Il perdit le contrôle de l’Empire et se fit envahir par les Élamites de Awan.
 
   Nous ne savons pas grand chose de la IIe dynastie, qui débuta juste après. La Liste Royale Sumérienne la cite avec les noms incomplets de quatre Rois qui auraient régné 116 ans. La citée est au début dominée par les Rois de Kish. Le premier Roi de cette dynastie serait, En-Shakansha-Ana (ou En-Sakus-Anna ou En-shag-Kush-ana ou Enshakushanna ou Enukduanna, v.2430 à v.2400), qui fonda également la IIe dynastie d’Ourouk et réussit à faire retrouver à la cité une situation dominante. Il est connu par quelques inscriptions qu’il a laissées. On y apprend qu’il fut le fils du Roi Elulu (ou Ellili). On a aussi trouvé une mention de lui dans une inscription sur un vase offert au Dieu Enlil, commémorant sa victoire sur le Roi de Kish, Enbi-Ishtar (ou En-Bi-Ishtar, v.2440), ville dont il fut peut-être même le Roi jusque vers 2410.
 
   Il conquit également Hamazi (ou Khamazi), Akkad et Nippur, affirmant hégémonie sur l’ensemble de Sumer. Il adopta le titre Sumérien de : en ki-en-gi lugal kalam-ma, qui peut être traduit comme “Seigneur de Sumer et Roi de toute la terre". La Liste Royale Sumérienne lui crédite un règne de 60 ans. On ne connait pas le nom de son épouse, mais son fils lui succéda.
 
   Lougal-Kinishe-Dudu (ou Lugal-kinishe-dudu ou Lugal-kinischedudu ou Lugal-Ure, v.2400 à v.2380) lui succéda sur les deux trônes. La Liste Royale Sumérienne le mentionne comme le deuxième Roi de la IIe dynastie d’Ourouk, auquel elle attribue une durée de règne de 120 ans, mais la lecture de ce passage est difficile. Les inscriptions de ce souverain qui ont été découvertes montrent qu’il a conservé la puissance héritée de son prédécesseur, puisqu’il se proclama Roi d’Ur et peut-être de Kish. Cependant, il entra en conflit avec Lagash et il fut battu par son Roi En-Teme-Na (ou Entemena, v.2400-v.2375). Puis il signa un traité de paix avec lui. Le document le plus important dans lequel il est mentionné est un clou d’argile retrouvé à Girsou, commémorant l’alliance qu’il conclut avec En-Teme-Na. Certains spécialistes avancent qu’il eut un fils qui lui succéda, Lougal-Kisalsi mais qui n’est pas mentionné dans la Liste Royale.
 


 

Autre vue des tombes royales

   Si ce fut le cas il garda le trône très peu de temps, puisque l’on trouve ensuite dans la Liste Royale un dénommé Nanne (ou Nani ou Nanni, v.2380 à ?), crédité d’un règne de 120 ans !, qui aurait récupéré son indépendance sur le Roi d’Ourouk Argandea (ou Arga-Ande-A). Puis le fils de Nanne, Mesh-Ki-Ang-Nanna (II) (ou Meskiagnunna ou Mes-Ki’ag-Nuna ou Mes-Ki’ag-Nanna ou Mes-ki-age-nuna ou Meskiag-Nuna “Le fils de Mesh-Ane-Pada",  ?  à v.2340) arriva au pouvoir. La Liste Royale lui donne d’un règne de 48 ans. Il est généralement considéré comme le dernier Roi de la dynastie, mais la Liste Royale cite un nom après lui, avec un règne de deux ans, malheureusement il est illisible.
 
   Mesh-Ki-Ang-Nanna fut l’adversaire malheureux du Roi d’Oumma, Lougal-Zaggesi (v.2340-2316), fondateur de la IIIe dynastie d’Ourouk. Ce dernier par ses conquêtes monta un petit Empire, mais qui ne lui survécu pas. Il fut renversé par Sargon d’Akkad (2334-2279), qui fonda un Empire englobant Ur et ses territoires, qui dura un siècle.
 
   Durant cette période, Ur participa à des révoltes contre les Rois d’Akkad, qui furent toutes matées sévèrement. Bien que l’histoire d’Ur de cette époque reste à peu près inconnue, on sait que la ville était assez prospère. Elle s’était enrichie par le commerce que favorisait sa position géographique sur Euphrate, en communication directe avec les marchés de Dilmun (aujourd’hui le Bahreïn), Magan (aujourd’hui Oman) et Mélukhkha (ou Meluhha, vallée de l’Indus). Mais son activité semble s’être ralentie pendant la domination d’Akkad.
 
   Seul son temple de Nanna garda son prestige, dont Sargon établit sa fille, En-Hedou-Ana (ou Énhéduanna ou Enheduanna "vraie femme d’Inanna") Prêtresse du sanctuaire. La chute de l’Empire d’Akkad, qui tomba aux mains des Goutis, permit aux différentes cités-États de reprendre leur indépendance. La civilisation Sumérienne connut alors une renaissance, notamment grâce aux villes de Larsa, Isin et surtout Lagash où son Roi, Goudéa (ou Gudea) s’illustra et domina la région. Puis ce fut au tour d’Ur, où le Roi Our-Nammou fonda la IIIe dynastie. La cité sous cette dynastie devint la capitale d’un nouvel Empire Sumérien. Cette dynastie de grands guerriers reconquit tous les territoires perdus et apporta à la région un siècle de prospérité.


 

Our-Nammou –
Institut oriental de Chicago

 
   Our-Nammou (ou Urnammu ou Ur-Nammu ou Namma Ur ou Ur-Namma ou Ur-Engur ou Ur-Gur, 2113 à 2095 ou 2112 à 2095 ou 2112 à 2085 ou 2048 à 2031 ou 2047 à 2030) dont le nom veut dire "Guerrier de la Déesse Nammou (ou Nammu)" arriva au pouvoir. Ce grand Roi fut un usurpateur, il fut Gouverneur d’Ur sous le règne du Roi d’Ourouk, Our-Hegal (ou Utu-Hegal, 2123-2113). Celui-ci est crédité par la tradition Mésopotamienne comme le responsable de la libération de la Basse-Mésopotamie de l’emprise des Goutis qui s’y étaient installés après qu’ils aient renversé la dynastie d’Akkad. On ne sait pas de quelle manière, mais Our-Nammou lui succéda sur le trône d’Ourouk. On sait qu’Our-Hegal abdiqua et que sa fille épousa Our-Nammou. La nature des relations entre Our-Hegal et Our-Nammou est mal connue. Certains spécialistes avancent qu’ils ont pu être frères ?, et le second prit le pouvoir en renversant le premier. En l’absence de sources plus étoffées sur cette période, ce point reste un grand débat entre les spécialistes.
 
   Les événements du règne d’Our-Nammou sont assez mal documentés. Ils sont essentiellement connus par plusieurs de ses noms d’années, commémorant les hauts faits de son règne, et plusieurs textes à sa gloire comme “le Cadastre d’Our-Nammou“, listant des villes qu’il dominait à la fin de son règne. Après avoir fondé la IIIe dynastie, il partit en campagne et soumit la région. Il prit le titre de "Roi du Sumer et d’Akkad" et il se fit reconnaître de ces régions dans la ville sainte de Nippur, où se trouvait le grand sanctuaire du Dieu Enlil. Our-Nammou gouverna ainsi sur un total de 23 cités-États.
 
   Les principales villes étant : Ur, Éridou, Larsa, Lagash où il soumit Nammahani (Nammahazi, 2114-2111), Nippur et Ourouk. Il lança également des campagnes dans la riche vallée du fleuve Khābūr, (ou Habur, actuel Haut-Djézireh), dans l’extrême Nord de la Mésopotamie. On connaît le nom d’un souverain de la région qui l’affronta, le Roi d’Urkesh, Tish-atal. On a aussi retrouvé des inscriptions à son nom à Nagar (ou Tell Brak), en Syrie du Nord, dans la vallée du Djaghdjagh (ou Jaghjagh l’ancien Mygdonios), qui font supposer qu’il mena des campagnes militaires jusque dans cette région. Il souda des alliances diplomatiques en donnant ses enfants en mariage aux Rois des États voisins, par exemple une de ses filles épousa le Gouverneur de Mari.
 
   Bien qu’il fut un Roi de nature expansionniste, il n’essaya pas de construire un immense Empire, tel que Sargon et ses successeurs l’avaient fait. Au lieu de cela, il se consacra à unir les villes de Mésopotamie et conforter son hégémonie. Il ne s’installa pas à Ourouk, il établit la nouvelle capitale à Ur et il mit en place de nombreuses réformes. Il réorganisa et centralisa de nouveau l’administration et la juridiction et entreprit la construction d’infrastructure importantes et de nouvelles routes commerciales furent ouvertes, notamment le commerce maritime du golfe Persique. Une de ses plus grandes réalisations fut la création d’un code de lois qui visait à assurer le bon fonctionnement de l’économie.
 
   Des tablettes trouvées à Nippur et Sippar, qui lui ont été attribuées, ont conservé fragmentairement ce code. Il faut noter que certains spécialistes pensent qu’il serait plutôt dû à son fils et successeur Shulgi. Pourtant, la partie du prologue introductif qui nous est parvenue semble plutôt s’accorder avec les conquêtes d’Our-Nammou. Un peu moins de 40 articles ont été conservés, concernant des sujets divers comme l’homicide, les unions entre personnes de diverses catégories, les faux témoignages, des litiges agricoles, etc… Our-Nammou développa l’économie par le creusement de voies fluviales et de canaux qui améliorèrent l’irrigation et replanta des dattiers. Il réorganisa les deux ports de la ville, l’un à l’Ouest sur l’Euphrate et l’autre au Nord de la cité, sur un canal qui l’entourait en partie. Ur, dont il rehaussa les remparts, retrouva avec lui sa splendeur d’autrefois. La ville sous son règne eut une population estimée à 30.000 habitants et une superficie d’environ 63 hectares.
 
  Ce fut un Roi très pieux, il restaura de nombreux temples dans le pays et permit leur bon fonctionnement en choisissant lui-même les Grand Prêtres et les Prêtresses dans les principaux sanctuaires. Sa propre fille, Ennirgalanna, devint Prêtresse de Nanna (Dieu-lune) à Ourouk. Il fit construire un quartier religieux dominé par une grande ziggourat en brique cuite, appelée Étemennigurru (ou Etemenigur ou É.temen.Ni.Gùr.ru), dédiée à Nanna (Sîn en Akkadien). À Nippur, il fit reconstruire le temple d’Enlil. Sous son règne la littérature connut, elle aussi, un grand essor avec de nouveaux genres littéraires, dont les hymnes royaux. Une stèle en son nom retrace l’ensemble de ses activités.
 
   Beaucoup de spécialistes pensent qu’il fut tué sur le champ de bataille lors d’un affrontement contre les Goutis. On a retrouvé un poème Sumérien, "La mort d’Our-Nammou", qui nous dit que le Roi fit une visite aux Dieux de l’Enfer suite à sa mort sur un champ de bataille où il avait été abandonné "comme un pot broyé" (Après avoir été abandonnée par son armée). Le musée de l’université de Pennsylvanie a reconstitué une stèle fragmentaire où l’on voit, notamment, le Roi faisant une offrande devant une divinité assise sur un trône (Peut-être Ningal ?). Son fils lui succéda.


 

Lettre au Roi Shulgi d’un haut
fonctionnaire. 1722 – Babylone

 
   Shulgi (ou Sulgi ou Šulgi ou Shoulgi, 2095 à 2047 ou 2094 à 2047 ou 2047 à 1999 ou 2030 à 1983 ou 2029 à 1982) dont le nom veut dire "Noble jouvenceau", comme son père, Our-Nammou, vit son règne consacré à des travaux de réfection ou de construction des temples, en particulier à Nippur. Pour beaucoup ce fut lui le véritable fondateur de l’Empire d’Ur et le réorganisateur de l’État. Il adopta le titre de “Roi des quatre nations“. Il créa et améliora les voies de communication du pays.
 
   En l’an 17 de son règne, il se lança dans une période de réformes très novatrices pour parer aux faiblesses de son royaume. Il bouleversa le système judiciaire par la création d’un code de loi (Que l’on attribue aussi à son père). Il unifia le système des impôts dans l’Empire avec l’introduction d’une nouvelle formule de taxation (Le hala) et l’installation de centres de redistribution des biens.
 
   Cet impôt touchait les plus riches, afin de faire circuler les biens. L’impôt était payé en général sous la forme de bétail. Il unifia l’étalon monétaire (Mine et sicle d’argent), le système des poids et mesures (Silà) et les calendriers des principales villes du royaume. Il réorganisa l’armée et créa une administration centralisée efficace et très contrôlée avec 20 provinces chacune gérée par un Gouverneur et des fonctionnaires transférables d’une province à l’autre en fonction des besoins. Il créa un système d’écoles (edubba) qui pouvaient fournir de manière uniforme la formation des fonctionnaires et il réforma le système d’écriture.
 
   À partir de l’an 24 de son règne, il se lança dans des campagnes militaires qui portèrent son Empire à son apogée. Il en effectua onze dans le Nord, au Kurdistan, pour s’assurer le contrôle de la grande route qui remontait le Tigre vers l’Arménie. Il soumit les populations Hourrites du Subartu (ou Soubartou ou Subartum, Haut-Djézireh) jouxtant le Nord de la Mésopotamie et les Assyriens. Ces campagnes lui assurèrent la domination totale de cette région dont le gouvernement était installé à Simurum. Puis il en fit contre Anshan qui devint un État vassal et l’Élam où il prit Suse et il y installa un Gouverneur Sumérien.
 
   En l’an 37, il fit construire des remparts dans tout le pays et il fit édifier entre le Tigre et l’Euphrate un mur pour contrer la menace que constituaient les Amorrites. Selon certaines sources, il aurait également dirigé une expédition en Palestine ?. Ses succès militaires furent en grande partie du à la création d’une armée régulière. Durant les six dernières années de son règne, il s’épuisa de campagnes militaires en campagnes militaires. Il tenta d’arrêter la progression de la Dynastie de Simashki (en Élam) en mariant une de ses filles, Nialimmidashu au Roi de Warahshe, Libanukshabash (v.2080-v.2060) et une autre au Roi d’Anshan. Shulgi fut adoré comme un Dieu.
 
   On lui éleva des temples où l’on déposait des offrandes aux pieds de ses statues. Il mourut victime d’une épidémie (ou assassiné) et fut enterré dans un tombeau en forme d’hypogée (Retrouvé par Léonard Woolley) à deux étages dont les ruines subsistent encore de nos jours à proximité du vieux cimetière royal d’Ur, avec deux concubines (ou épouses secondaires), Geme­Ninlila et Shulgi-Simti. On connaît mal sa famille. Une inscription nous a livré le nom de son épouse principale, Geme-Su’ena et ses trois fils vont lui succéder.
 
   Amar-Sin (ou Amar-Su’en ou Amar-Sîn ou Amar-Sina ou Amar-Suena ou Amarsuen ou Amarsuena ou Bur-Sin, 2047 à 2038 ou 2046 à 2038 ou 1982 à 197 ou 1981 à 1973) dont le nom veut dire "Taurillon de Sîn" fut l’aîné. Il continua l’œuvre de son père et comme lui il se nomma "Le Dieu soleil", ce fut sous ces deux Rois que le Sumer atteint son apogée. Il réussit à agrandir l’Empire en y annexant une partie de l’Assyrie et en s’emparant d’Assur. Il défendit le pays en menant une campagne dans les montagnes de l’Élam, et deux autres contre les Hourrites menaçants à la frontière Nord de l’Empire, dans la région de l’actuel Kurdistan. Une bataille est enregistrée à Erbil (ou Arbil ou Urbilum) et plusieurs autres dans des régions avec des noms obscurs : Shashrum, Shurudhum, Bitum-Rabium et Huhnuri ?.
 
   Il dut également à nouveau combattre le Warahshe, dirigé par son nouveau souverain, Arwilukpi (v.2045-v.2035). Chaque province fut tenue de verser, par un système de redevance, un impôt partagé entre la capitale administrative Ur et la capitale religieuse Nippur. Les pays vassaux versaient quant à eux un tribut sous forme d’argent ou de bétail. Malgré son organisation la IIIe dynastie d’Ur s’effondra progressivement. D’après quelques spécialistes, Amar-Sin serait probablement mort d’une infection plantaire. Comme son père, il fut déifié. Il demanda à être enterré dans la même tombe que celui-ci. Il épousa Abi-Simti (ou Abî-Simti), sans enfants ce fut son frère (ou son fils) qui lui succéda.


 

Poids avec le nom de Shu-Sin, de Girsou
– Musée du Louvre

 
   Shu-Sin (ou Su-Sin ou Shu-Suen ou Gimil-Sîn ou Šu-Sin ou Schu-Suen ou Schu-Sin, 2038 à 2029 ou 2037 à 2029 ou 2036 à 2028 ou 1974 à 1962 ou 1973 à 1965 ou 1972 à 1964) dont le nom veut dire "Celui de Sîn", deuxième fils de Shulgi succéda à son frère. Il faut noter que quelques spécialistes donnent Shu-Sin comme son fils. Dès son intronisation il dut faire face à des révoltes contestant son autorité au Nord.
 
   Il défit Zabshali (Royaume se trouvant dans la région du Zagros central), puissance montante de l’Est du Plateau Iranien. Sous son règne, se profila aussi une menace sur la frontière de l’Ouest. Dés le début du IIIe millénaire des tributs sémites d’Amorrites (Que les Sumériens appelaient "mar-tu" nomades) franchirent périodiquement l’Euphrate.Petit à petit elles se sédentarisèrent en Mésopotamie et plus tard en Palestine et en Syrie du Nord, assimilées ensuite aux populations autochtones. Mais à la fin du IIIe millénaire, cette immigration se développa considérablement par l’Ouest du pays, mettant les Sumériens sur la défensive.
 
   Shu-Sin fit alors renforcé le mur défensif de 275 kms de long érigé par son père. Il maria une de ses filles à un Prince d’Anshan et une autre au fils du Roi de Simanum (Ville près de l’Assyrie), mais ce dernier fut chassé de son trône et Shu-Sin vint alors en aide au beau-père de sa fille et mata la rébellion. Il fit déporter les insurgés dans la région de Nippur, où l’on construisit une ville pour les installer. Dans le pays de Sumer, Shu-Sin fit des offrandes aux sanctuaires des grands Dieux et restaura des temples. Plusieurs hymnes furent consacrés à ses réalisations cultuelles, notamment certains poèmes teintés d’érotisme liés au rituel du mariage sacré. Il épousa Kubatum et son frère Ibbi-Sin lui succéda. Pour lui aussi quelques spécialistes prétendent qu’Ibbi-Sin fut son fils.
 
   Ibbi-Sin (ou Ibbi-Sîn, 2029 à 2004 ou 2028 à 2004 ou 2027 à 2003 ou 1964 à 1940) dut à son arrivée au pouvoir lutter contre les Hourrites (Royaumes du Hourri, futur royaume du Mitanni). En Élam, il soumit Suse, puis le pays d’Anshan qui s’étaient révoltés, mais usé par des guerres incessantes l’Empire s’effrita. Face à la faiblesse du pouvoir central les cités-États reprirent leur indépendance. En 2027-2026, ce fut la ville d’Eshnunna sous l’impulsion de Ilushu-Ilia (2027- ?), puis Suse, Lagash et Oumma. À la même époque les Amorrites envahirent le Sumer, coupant les routes entre la capitale et le reste du pays. La perte des revenus, apportés par les impôts de ces cités, fit cruellement défaut à l’économie de Sumer qui s’enfonça dans l’inflation et la pénurie.
 
   Les guerres provoquèrent la destruction des récoltes et la famine dans le royaume. Plus récemment, des chercheurs, comme James Vincent Kinnier Wilson et William H.Stiebing Jr, ont suggéré que les famines dans l’Empire, qui ont débuté son déclin, n’étaient pas que la cause des guerres, mais aussi d’un réchauffement climatique qui engendra une sécheresse à long terme et que même sans les guerres la IIIe dynastie d’Ur se serait effondrée. William H.Stiebing Jr écrit, preuves à l’appui de cette affirmation :

"Les études des sédiments du golfe Persique indiquent que le débit du Tigre et l’Euphrate a été très faible autour de 2100-2000 […] Tous ces dommages causés à l’agriculture aboutissent à des pénuries alimentaires".

Le déroulement exact de la chute d’Ur est mal connu, car il est reconstruit par des sources postérieures, dont la fiabilité est mal établie, notamment les lettres apocryphes qui donnent des éléments sur les conditions de la sécession d’Isbi-Erra d’Isin.
 


 

Tablette des Lamentations d’Ur
– Musée du Louvre

    La tradition retient les faits ainsi, Ibbi-Sin envoya le Gouverneur de Mari et d’Isin, Isbi-Erra (ou Ishbi-Erra ou Išbi-Erra, 2017-1985), pour se procurer du grain à Isin, mais les Amorrites lui coupèrent la route et empêchèrent le ravitaillement. Isbi-Erra profita de cette situation et en 2017, il proclama l’indépendance de la région et repoussa les envahisseurs Amorrites. Il s’empara de Nippur, où il se fit couronner, de Kish et d’Eshnunna et avec l’aide des Élamites il conquit les États voisins. Pour contrer la menace Ibbi-Sin ordonna la construction de fortifications importantes dans les villes comme à Ur, mais ces efforts ne suffirent pas à arrêter les raids et à garder l’Empire unifié.
 
   En 2009, la Mésopotamie fut coupée en deux : Ibbi-Sin à Ur et Isbi-Erra à Isin. En 2007-2006, le Roi Élamite, Kindattu s’allia à Suse, traversa le Tigre et attaqua Ur où Ibbi-Sin se retranchait. Isbi-Erra vint au secours de la cité et la sauva de l’invasion, mais en 2004, la coalition lança une nouvelle offensive et prit la ville qui fut mise à sac. Les habitants qui ne pouvaient pas s’enfuir furent égorgés. Ibbi-Sin fut fait prisonnier et exilé en Anshan avec la statue du Dieu Nanna, divinité protectrice d’Ur, symbolisant sa défaite totale. Il fut le dernier Roi de la dynastie. Les vainqueurs rasèrent la ville, détruisirent les temples et brûlèrent les champs, ces actes furent rapportés dans un poème de lamentations appelé : “La Lamentation sur la destruction d’Ur” ou “Lamentations d’Ur“.
 
   À partir de cette époque la région passa sous la prédominance des Amorrites, qui créèrent plusieurs royaumes depuis les citées dont ils avaient le contrôle. Pendant les siècles qui suivirent les Rois des puissances qui se succédèrent prirent le titre de Roi d’Ur. De 2004 à 1998 ce fut les Rois de l’Élam, de 1998 à 1924 ceux d’Isin de la Ière dynastie, de 1924 à 1763 ceux de Larsa. Avec notamment Rim-Sin I (1822-1763), fils (ou frère, selon certains spécialistes) de Warad-Sin, qui en 1799, fut confronté à une coalition menée par le Roi de Babylone, Sin-Muballit (1813-1793) et qui perdit Ur.
 
   À la mort de Sin-Muballit, en 1793, Rim-Sin I profita de l’occasion, passa à l’offensive et reprit Ur, puis Ourouk et Isin. Mais il fut incapable d’exploiter sa victoire. En 1787, il ne put résister à l’invasion du nouveau Roi de Babylone, Hammourabi (1792-1750), qui lui reprit ses trois possessions. En 1763, Rim-Sin I fut une deuxième fois vaincu par la coalition du Roi de Mari, Zimri-Lim (1775-1761/60) et Hammourabi, qui se rendit maître de la Mésopotamie. Sous le règne de Rim-Sin I les arts, particulièrement les vieilles écoles Sumériennes de scribes, furent encouragés. En 1741, un soubresaut de Larsa vit l’arrivé sur le trône de Rim-Sin II (1741-1736) qui se proclama Roi de Larsa, d’Ourouk et d’Ur, mais il fut opposé au Roi de Babylone, Samsu-Iluna (ou Samsou-Ilouna, 1750-1712) dont il était le vassal. Il fut vaincu devant Kish et mourut dans son palais. Suite à cet affrontement, Samsu-Iluna pilla et incendia la ville d’Ur, puis fit abattre ses murailles et ses temples.
 
   Il fit de même avec la ville d’Ourouk. La ville fut apparemment abandonnée à partir de ce moment-là, comme plusieurs villes voisines dont, Ourouk et Larsa, et ceci pour plusieurs siècles. Ses habitants migrèrent probablement vers le Nord, comme le firent ceux d’Ourouk que l’on retrouva plus tard à Kish. Le très difficile contexte économique et social de l’extrême Sud Mésopotamien explique cet exode. Les traces d’occupation des sites de la région sont quasiment inexistantes pour les deux siècles et demi suivants. Les Babyloniens gardèrent tout de même le titre de Roi d’Ur jusqu’en 1235, puis ce fut de 1235 à 1227 les Assyriens, et de 1227 à 729 une nouvelle fois Babylone. De 729 à 626 on vit à nouveau l’Assyrie et de 626 à 539 l’Empire néo-Babylonien avec la dynastie Chaldéenne où la cité fut restaurée par le Roi Nabuchodonosor II (605-562). Toutefois ce regain d’activité fut bref, la ville fut définitivement abandonnée au IVe siècle av.J.C suite à un changement du cours de l’Euphrate.
 

Étendard représentant la paix – Tombe royale d’Ur Le site d’Ur aujourd’hui Autre vue de la Ziggourat d’Ur

 

L’archéologie

 
   Dans la première moitié du XVIIe siècle, en 1625, le site fut visité par Pietro della Valle, qui enregistra la présence de briques anciennes estampillés avec des symboles inconnus, cimentées par du bitume, ainsi que des pièces de marbre noir gravé. En 1853 et 1854, les premières fouilles furent effectuées par le Consul Britannique John George Taylor, pour le compte du British Museum, qui mit en lumière une partie de la ziggourat. Il y fut trouvé des cylindres d’argile portant des inscriptions en cunéiforme, appartenant au Roi de Babylone, Nabonide (555-539), qui se terminent par une prière pour son fils, Balthazar (ou Bêl-Shana-Usur ou Bel-šarru-usur ou Bêl-Shar-Utsur ou Belshazzar). À partir d’inscriptions que John George Taylor avait trouvées, le site fut identifié par Henry Rawlinson comme étant la cité antique d’Ur.
 

Masque retrouvé dans une
tombe de Kalkhû (Nimrud)

 

   Après l’époque de John George Taylor le site fut visité par de nombreux voyageurs, la quasi-totalité d’entre eux trouvèrent des artéfacts de la période néo-Babylonienne, pierres inscrites et autres, se trouvant à la surface. Le site fut alors considéré comme riche en vestiges et relativement facile à explorer. Après quelques sondages effectués en 1918 par Reginald Campbell Thompson, les premières fouilles de grandes envergures eurent lieu en 1919 et furent réalisées par Henry R.Hall. Plus tard, à partir de 1922, une mission conjointe du British Museum et de l’Université de Pennsylvanie, dirigée par Léonard Woolley, creusa pendant douze années consécutives.
 
   Woolley fut assisté par son compatriote Max Mallowan de 1925 à 1931. Ils mirent au jour un total d’environ 1.850 sépultures. La plupart des trésors de fouilles d’Ur sont aujourd’hui au British Museum et au Musée d’archéologie et d’anthropologie de l’Université de Pennsylvanie. Bien après la fin des fouilles Américano-britanniques, les autorités Irakiennes entreprirent la restauration de quelques édifices dont la grande ziggurat.
 
   Le site fut un temps occupé par l’armée Américaine après l’invasion de l’Irak de 2003, puis restitué aux autorités Irakiennes en 2009. Il avait cependant subi des dégâts en raison de la localisation à proximité de troupes Irakiennes et de combats qui s’y déroulèrent, notamment des bombardements. Les ruines des monuments furent par ailleurs soumises à un processus d’érosion qui menaçait leur existence, ce qui conduisit à la mise en place d’un projet de préservation.
 
   La ville d’Ur s’étendait sur une superficie de 1,2 km sur 700 m et était défendue par un haut rempart. La grande enceinte sacrée occupait la partie Nord de la cité et mesure 350 m sur 200 m. Elle était entièrement dédiée au Dieu Nanna (Dieu de la lune). On entrait dans la ville par des portes monumentales qui abritaient les édifices les plus importants. Ur comprenait deux ports sur l’Euphrate, l’un au Nord, l’autre à l’Ouest. L’ensemble de la cité fut construit en briques crues.
 
   Son plan cadastral avait un tracé irrégulier et très complexe, les murs se superposant à d’anciennes structures. On trouvait dans la cité : La ziggourat, sur trois étages, appelée Étemennigurru (ou Etemenigur ou É.temen.Ni.Gùr.ru, "Maison au fondement imposant"), dédiée au Dieu-lune Nanna. Le premier étage avait une base d’environ 63 m de longueur pour 43 m de largeur et une hauteur de 11 m. Le second faisait 36 m de longueur pour 26 de largeur et une hauteur estimée à un peu moins de 6 m. Au sommet se trouvait un temple dédié au Dieu Nanna/Sin.
 
   On y accédait par trois escaliers situés sur la face Nord-est, qui se rejoignaient au niveau du premier étage pour former un escalier central. Autour de la ziggurat se trouvait la zone sacrée dédiée au dieu Nanna/Sin. Contre la face Nord-ouest de la ziggourat se trouvait l’Ekishnugal "le temple de la grande lumière", le temple du Dieu-lune. À côté du temple, la grande cour servait de centre administratif au temple, il s’y trouvaient trois grands autres complexes monumentaux : Les magasins du temple, vaste de 80 m de côté et des comptoirs étaient disposés autour de la cour centrale ; la résidence officielle de la Grande Prêtresse du Dieu Nanna, L’Enunmah "Temple du très-haut Orince"  où l’on entreposait les trésors du temple ; un palais royal qui ne servait qu’à l’occasion des cérémonies officielles, le palais ou résidaient les Rois se trouvant dans la ville voisine de Nippur. L’Égipar servait quant à lui de résidence pour la Grande Prêtresse du temple, souvent issue de la famille royale. Des habitations appartenant aux Prêtresses Entu ont été retrouvées.
 


 

Boite de jeu – Les cases sont en coquillage, os et lapis-lazuli –
Trouvée dans une tombe royale – British Museum

   Dans l’enceinte, située au Sud du temenos de Nanna, se trouvait la nécropole royale, ou plutôt les tombes royales découvertes par Léonard Woolley. Les fouilles ont mis au jour 1.850 tombes dont les dates se situent entre 3000 et 2300 (Quelques spécialistes disent 2100). Parmi celles-ci, 16 sont considérées comme des tombes royales. Cette hypothèse est fondée sur la richesse du mobilier recueilli, le fait que les tombes étaient maçonnées et les titres (Lougal pour les hommes, Nin pour les femmes) qui accompagnaient les noms de quelques-uns des personnages qui y étaient ensevelis.
 
   Le propriétaire de l’une d’entre elles (N° 1050), A-Kalam-Dug (ou Akalamdug, v.2590-v.2570), s’est fait ensevelir avec une cinquantaine de personnes. Ces tombes contenaient : De la vaisselle de luxe ; des armes finement réalisées ; des poignards en or ; l’étendard d’Ur qui est une œuvre (20 cm de haut sur 47 de long) ; un char de trait que l’on a pu remonter ; des objets d’orfèvrerie d’une qualité et d’une finesse extrême ; une lyre de bois décorée d’une tête de taureau ; un bouquetin agrippé à un buisson etc…
 
   Au Nord de la nécropole les archéologues ont retrouvé la tombe de la Reine Pu-Abi (ou Puabi, en Akkadien "Le monde de mon père") l’épouse de Mesh-Ane-Pada, accompagnée des femmes de son entourage qui l’on suivi dans sa mort. La parure sur le visage de la Reine est en or. Le diadème est constitué de feuilles d’or.
 
   La Reine avait aussi de nombreux colliers réalisés en or, lapis-lazuli, cornaline et d’autres pierres précieuses. À l’exception des 16 tombes dont les possesseurs sont identifiés, on ne connaît ni les noms, ni la condition sociale des autres occupants des 1.850 tombes. Il est possible, comme l’a suggéré Susan Pollock, que n’ait été enseveli là, à peu de distance du Temenos, que le personnel du haut clergé du temple de Nanna et les dignitaires du palais.

 

Bibliographie

 
   Pour d’autres détails sur la ville et son histoire voir les ouvrages de :
 
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