Quelques Divinités du panthéon :
Neith
 

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Sommaire
 

Fonctions et origine
Ses représentations et symboles
Ses lieux de cultes principaux
Le culte de Neith
Légendes et mythes
Bibliographie

 

Relief représentant Neith,
maîtresse de Saïs –
Temple de Louxor –
XIXe dynastie

Photo avant retouches : wikimedia.org

 

 
  ou
Nt  ou  Nj.t

 

Fonctions et origine

 
   Neith (ou Neit ou Nit ou Net “Celle qui est“) fut à l’origine la Déesse de la chasse et de la guerre, puis elle devint celle de la création. Elle engendra le soleil à l’aide de sept flèches ou sept paroles. Dans une forme ancienne, en tant que Déesse de la guerre, elle fut considérée comme la gardienne des armes des guerriers morts au combat. Son symbole peut également être interprété comme une navette, de sorte que Neith devint la Déesse des tisseurs, d’où lui vient le nom de “la tisserande“. Dans ce rôle, en tant que Déesse des arts domestiques elle fut la protectrice de la femme et du mariage. Les femmes de la famille royale ajoutaient souvent à leur théophore son nom en son honneur.
 
   Elle fut également une Déesse funéraire aux côtés de Douamoutef, avec qui elle est associée pour protéger le vase canope contenant l’estomac du défunt. Au fil du temps, comme son nom pouvait aussi être interprété comme signifiant “eau“, Neith fut considéré comme la personnification des eaux primordiales de la création, dans l’Ogdoade. Au Nouvel Empire (1549-1080), elle fut considérée comme la Déesse mère qui enfanta , apparaissant alors sous la forme de la vache Hésat, ou Methyer. Comme Déesse des eaux, à l’Ancien Empire (2647-2150), elle fut considérée comme la mère de Sobek et était montrée allaitant un petit crocodile. Dans des temps plus récents, elle fut identifiée avec Nephtys et donc considérée comme la parèdre de Seth. À Esna, elle fut la parèdre de Khnoum.
 
   Cette très ancienne Déesse Égyptienne est originaire de Saïs, dans le Delta, où elle y assumait la fonction de démiurge. Elle devint la Déesse dynastique lorsque sous la XXVIe dynastie (1070/69-1045) la ville de Saïs fut choisie comme capital. Certains chercheurs ont émis l’hypothèse que Neith peut correspondre à la Déesse Carthaginoise Tanit (ou Ta-Nit – Déesse d’origine Berbère reprise par les Phéniciens, chargée de veiller à la fertilité, aux naissances et à la croissance). Platon (Philosophe et mathématicien Grec, 427-346), dans le Timée, l’identifie à la Déesse Grecque Athéna.

 

Ses représentations et symboles

 
   Neith est représentée comme une femme coiffée de la couronne rouge de la Basse-Égypte et à l’origine elle avait pour symboles du pouvoir deux flèches croisées sur un bouclier et le sceptre du pouvoir Ouas (w3s). Puis elle fut représentée tenant un arc et des flèches et un bouclier sur la tête, parfois dans les mains. Dans cette représentation, on l’associe aux victoires militaires du souverain et c’est sous cet aspect que les Grecs l’assimilèrent à leur Déesse Athéna. Elle est également représentée sous la forme d’une Déesse tenant un arc et des flèches, portant sur sa coiffe le symbole que l’on retrouve dans son nom et qui est parfois placé à la verticale, parfois à l’horizontale, symbole ovoïde représentant la navette que les tisserands Égyptiens utilisaient dans leurs métiers. Elle personnifie ainsi la protectrice de tous ceux qui travaillaient et produisaient les tissus, étoffes et bandelettes nécessaires pour les rites de momification. En tant que Déesse mère qui enfanta , elle apparaissait sous la forme de la vache Hésat, ou Methyer. Elle est également quelques fois représentée comme une femme à la tête de lionne, où à Latopolis avec un poisson comme attribut, ou un serpent ou encore allaitant un petit crocodile.
 
   Ses symboles étaient :
Ses attributs divins : Deux flèches entrecroisées sur un bouclier, puis la couronne rouge de la Basse-Égypte, l’arc, les flèches et un bouclier.
 
Animaux, couleur et élément : Ses animaux furent la lionne, le serpent et le crocodile. Sa couleur le rouge et son élément l’eau. 
 
Les fêtes en son honneur : Une grande fête, appelée la “Fête des lumières“, avait lieu chaque année en son honneur pendant la saison Peret, les mois de Tybi et Mekhir. Par Hérodote (Historien Grec, v.484-v.425) nous savons que les dévots de la Déesse, lors de sa célébration, éclairaient la nuit avec des centaines de lumières en plein air.


 

Statuette de Neith –
Musée du Louvre

 

Ses lieux de cultes principaux

 
   On retrouve le culte de Neith dans les grands centres religieux du pays et plus particulièrement à :
Saïs qui fut son lieu de culte principal et où elle fut considérée comme étant à l’origine du monde. Selon certains spécialistes, le Roi Horus Aha (v.2995-2974, Ière dynastie) fut peut-être le premier à faire ériger dans la cité un temple consacré à Neith. Son culte y culmina aux alentours de la XXVIe dynastie (664-525). À dater de cette époque son clergé devint très puissant et son grand temple fut réputé avoir l’une des bibliothèques les plus riches du pays ainsi qu’une école de médecine célèbre dans tout l’Égypte.
 
Memphis où elle reçut un culte sous l’appellation de Neith au Nord du Mur et fut associée à la cosmogonie parfois considérée comme la contrepartie féminine de Ptah, Dieu créateur qui par le Verbe donna naissance à toute chose. Dans la ville un grand temple lui fut dédié au Nord de l’Hout-ka-Ptah (Le grand temple de Ptah).
 
Esna où elle intervint au sein d’une cosmogonie complexe et remplit le rôle de parèdre de Khnoum, Dieu créateur qui forme le corps des hommes sur son tour de potier divin.
 
Latopolis (En Grec : Λατόπολις ou πόλις Λάτων, ou Younet ou Iunyt ou Ta-Senet en Égyptien, ou Lato en Latin) sur la rive Ouest du Nil. Le nom Grec de la ville, Latopolis, fut donné en honneur de la perche du Nil, Lates niloticus. Ce poisson fut d’ailleurs largement représenté dans les sculptures et il servit de symbole à Neith, associée par les Grecs comme Pallas-Athéna, entourée par le bouclier.
 
Neith reçut également un culte à Tanis ; Dans l’oasis de Khargeh, où elle partagea un sanctuaire avec la Déesse Tapsaïs à l’époque Romaine et dans le Fayoum.

 

Le culte de Neith

 
   Le culte de Neith est très ancien. Elle est l’une des plus ancienne Déesse dont on ait un témoignage, à l’époque elle fut aussi appelé Tehenut “La Libye”. Son culte à Saïs remonterait à l’époque Pré-dynastique (v.3500-v.3150) où elle avait la forme d’un scarabée, puis elle devint la Déesse de la guerre et de la chasse. On a retrouvé des étiquettes en bois liées au Roi Horus Aha (v.3080-v.3055) de la Ière dynastie (v.3040-2828). Elles décrivent sa visite au sanctuaire du culte de Neith. Il fut peut-être le premier à faire ériger dans la ville un temple consacré à la Déesse. Au moins deux Reines de cette dynastie eurent des noms composés avec l’élément Neith, Neith-Hotep épouse de Narmer/Ménès (v.3040-v.2995) et Merneith (ou Meret-Neith, v.2914-v.2900) épouse du Roi Horus Djet (2927-2914).

 


 

Statuette de Neith –
Walters Art Museum
– Baltimore

 

   À l’Ancien Empire (2647-2150), épouse de Seth, elle fut considérée comme la mère de Sobek, elle fut considéré comme la protectrice du Roi ou du Pharaon et identifié avec l’abeille. Elle protégeait également Osiris et avec des flèches qui engourdissaient les mauvais esprits. Au Nouvel Empire (1549-1080), elle devint la “Déesse mère", créatrice asexuée ou androgyne des Dieux et des hommes. Dans ce rôle, c’est elle qui engendra l’univers et le Soleil à travers sept flèches ou sept paroles, celle qui souleva la colline primordiale. Elle tisse le monde et en fixe les limites avec sept tissus, puis elle crée les sept paroles justes qui la font maîtresse de l’univers. À la période Saïte (664-525) elle fut une Déesse domestique et proclamée "Mère de tous les Dieux“. Les Pharaons de cette époque en firent une Déesse dynastique et lui érigèrent un magnifique temple dans la ville. Cette période fut le point culminant de son culte et son clergé devint très puissant.

 

 
   Elle fut également une Déesse funéraire et devint la Patronne des tisserands. Aux côtés de Douamoutef, avec qui elle fut  associée, elle protégeait le vase canope contenant l’estomac du défunt et dont le couvercle représentait la tête d’un chacal. La Déesse de la guerre fut associée à la mort, on pensait que Neith restait sur les corps des morts avec les bandages lors de l’embaumement. Elle était également en charge de la restauration des âmes, et leur offrait du pain et de l’eau après leur long voyage du monde des vivants. Le service des Prêtresses de Neith consistait principalement dans le fait de danser devant la statue de la Déesse. Neith était considérée comme une Déesse de la sagesse et on fit appel à elle en tant qu’arbitre dans le conflit entre Horus et Seth. Hérodote (Historien Grec, v.484-v.425) signale un culte rendu à la Déesse sous la forme d’une vache couchée, la tête dorée, et portant un disque d’or entre ses cornes. Comme beaucoup de Déesses Égyptiennes, Neith pouvait être assimilée à Hathor, la grande vache céleste qui supporte sur son dos la course du Dieu solaire . Neith dans ce cas était considérée en tant que Déesse mère qui enfanta ce dernier.
 
   Beaucoup de spécialistes pensent aujourd’hui que Neith peut correspondre à la Déesse Tanit (ou Ta-Nit) qui fut très vénéré en Afrique du Nord par les Berbères et existant depuis les débuts de l’écriture et par les premiers Carthaginois. Cette Déesse fut aussi reprise par les Phéniciens. Ta-nit, ce qui signifie en Égyptien "au pays de Nit", était aussi une Déesse de la guerre et un symbole de fertilité, chargée de veiller aux naissances et à la croissance. Son symbole est remarquablement similaire au signe Égyptienne ânkh et dans son sanctuaire, fouillé à Sarepta, dans le Sud de la Phénicie, on a trouvé une inscription qui la lie solidement à la Déesse Phénicienne Astarté. Plusieurs des principales Déesses Grecques ont également été identifiées avec cette Tanit par syncrétisme. Une Déesse d’Asie Mineure qui était adorée par des immigrants d’Égypte présente également des similitudes avec Neith. Cette Déesse de la guerre fut montrée portant une couronne courbée à plumes, une lance, un arc et des flèches. En Égypte, elle fut ensuite assimilée et identifiée à Neith, qui à cette époque avait développé ses aspects de Déesse de la guerre.
 
  Â l’époque Gréco-romaine Neith fut assimilée à Isis et par ce biais transmit une partie de son caractère de démiurge à la divinité Égyptienne dont le culte se répandit dans tout l’Empire se confondant avec celui de la grande Déesse Cybèle (En Grec : Κυβέλη / Kybélê “Gardienne des savoirs“), divinité d’origine Phrygienne. Platon (Philosophe et mathématicien Grec, 427-346), dans le Timée, identifia Neith à la Déesse Grecque Athéna, avec un autre nom, mais historiquement, les deux divinités ne partagent pas les mêmes origines. Ernest Alfred Thomson Wallis Budge a fait valoir que la propagation du Christianisme en Égypte fut influencée par la ressemblance des attributs entre la Mère du Christ et les Déesses Isis et Neith. Il avance que des propriétés appartenant à ses deux Déesse furent transférés à la Mère du Christ par l’intermédiaire des Évangiles apocryphes comme une marque d’honneur.


 

Neith et Selket –
Musée Égyptien du Caire

 

Légendes et mythes

 
   Neith est une Déesse primordiale, créatrice asexuée ou androgyne faisant ainsi partie du cercle très restreint des démiurges du panthéon Égyptien. Dans ce rôle, elle est fécondée par le Verbe et engendre l’univers et le Soleil. Elle tisse le monde et en fixe les limites avec sept tissus, puis elle crée les sept paroles, ou sept mots, justes qui la font maîtresse de l’univers. Elle fut la mère de Sobek qui engendrait au matin et le dévorait au soir. Elle fit aussi partie du mythe Osirien en tant que la "Grande de sagesse" qui jugea le combat entre Seth et Horus et proposa au tribunal divin qu’Horus devienne Roi du monde végétal et Seth du monde désertique, mais pour ne pas favoriser Horus elle offrit à Seth en mariage des Déesses étrangères. Par la suite elle fut parfois considérée comme l’épouse de Khnoum. Elle fut aussi parfois assimilée à la Déesse Nout, la voûte céleste.
 

Bibliographie

 
   Pour d’autres détails sur la Déesse voir les ouvrages de :
 
Janeen R.Adil :
Gods and goddesses of ancient Egypt, Capstone Press, Mankato, 2009
Mary Barnett et Michael Dixon :
Gods and myths of ancient Egypt, Smithmark, New York, 1996 – En Allemand, Götter und Mythen des alten Ägypten, Verlag Gondrom, 1998 – En Français, Les dDieux et les mythes de l’Égypte ancienne, Thames & Hudson Editeur, 1998.
Claas Jouco Bleeker :
The Egyptian goddess Neith, Studies in mysticism and religion presented to Gershom G. Scholem on his seventieth birthday, Magnes Press, Jérusalem, 1967/8.
Hans Bonnet :
Lexikon der Ägyptischen religionsgeschichte, Nikol-Verlag, Hamburg, 2000 et 2005.
Ernest Alfred Thomson Wallis Budge :
The gods of the egyptians, or, studies in egyptian mythology, Methuen & Co. ltd., Londres, 1904 – Dover Publications, (posthume)1969.
Jacques-Joseph Champollion-Figeac, Léon Jean-Joseph Dubois et David Roberts :
Panthéon égyptien, J. de Bonnot imprimerie, Paris, 2006.
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Les rôles attribués à la Déesse Neith dans certains des textes des cercueils, Orientalia, 1974.
La Déesse Neith de Saïs, I, importance et rayonnement de son culte, II, Documentation, BiEtud 86, IFAO, Le Caire, 1982.
Rolf Felde :
Ägyptische gottheiten, Rolf Felde, Wiesbaden, 1988 et 1995.
Lucia Gahlin, Olivier Fleuraud et Isabelle Fleuraud :
L’Egypte : Dieux, mythes et religion : Un voyage dans le monde fascinant des mythes et de la religion de l’ancienne Egypte, EDDL, Paris, Janvier 2001.
Lucia Gahlin et Lorna Oakes :
The mysteries of ancient Egypt : An illustrated reference to the myths, religions, pyramids and temples of the land of the pharaohs, Lorenz, London, 2003.
Roland Harari et Gilles Lambert :
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George Hart :
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Der eine und die vielen : Agyptische Gottesvorstellungen, Wiss. Buchges, Darmstadt, 1971 – Wissenschaftliche Buchgesellschaft, 1971-2008.
Barbara Switalski Lesko :
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Dictionnaire des Dieux et des symboles des anciens Égyptiens : Le monde magique et mystique de l’Egypte, Pardès, Puiseaux, 1994 – En Allemand, Lexikon der Götter und Symbole der alten Ägypter, Scherz Verlag, 1998.
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Les Dieux de l’Égypte, PUF, 1970, 1991/2/3, 1996, 2001 et Mai 2005 – En Anglais, Avec David Lorton, The gods of Egypt, Cornell University Press, 2001.
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Richard H.Wilkinson
The complete gods and goddesses of ancient egypt, Thames and Hudson, New York, Mars 2003 et Septembre 2005 – En Espagnol, Todos los dioses del Antiguo Egipto, Oberön, Madrid, 2003 et Juin 2004 – En Allemand, Die welt der götter im alten Ägypten : Glaube, macht, mythologie, Theiss, cop. Stuttgart, Septembre 2003 – En Français, Dictionnaire illustré des Dieux et Déesses de l’Égypte ancienne, Gollion, Infolio, Novembre 2006. 

 

 
 
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