Les grandes batailles de l’antiquité :
Bataille d’Amphipolis –
Les batailles de Mantinée
 

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         Bataille  d’Amphipolis 422

 


 

Carte illustrant les arrangements de la bataille
selon Thucydide de 1825

Photo avant retouches : wikipedia.org

Présentation

 
   La bataille d’Amphipolis (ou Machē tēs Amphipolis, en Grec : Μάχη της Αμφίπολης) eut lieu en 422 av.J.C., durant la Guerre du Péloponnèse (431-404), entre Athènes et Sparte et vit la victoire de cette dernière. Cette bataille constitua le point culminant d’un conflit qui commença en 424 av.J.C. par la prise d’Amphipolis (ou Amphípolis, en Grec : ‘Aμφίπολις) cité Grecque d’Édonie en Thrace (ou Macédoine Orientale pour certains), par les Spartiates.
 

Le contexte

 
   À peu près à la même période que la bataille de Délion (ou Delium), en Novembre 424, le Général Spartiate Brasidas (En Grec : Βρασίδας, †422) assiégea Amphipolis, une des plus importantes colonies Athéniennes en Thrace (ou Macédoine orientale), sur un haut plateau, sur la rive Est d’une boucle du Strymon, à 4 km. au Nord de son embouchure dans la mer Égée au niveau du Golfe Strymonique. La ville était défendue par le Général Athénien Euclès (En Grec : Εύκλς), qui demanda de l’aide à Thucydide (ou Thucydides, en Grec : Θουκυδίδης, homme politique et historien Athénien, 484-v.425) qui était stationné à Thasos (Île au Nord de la mer Égée) avec 7 navires Athéniens. Afin de prendre la ville avant l’arrivée de Thucydide, Brasidas promit de laisser les habitants garder leurs biens et offrit à ceux qui le voulaient de quitter la cité en toute sécurité. Amphipolis accepta l’offre et se rendit malgré les protestations d’Euclès.
 
   Thucydide accosta au port voisin d’Eion le même jour que la reddition et le fortifia avec l’aide de ceux qui avaient quitté Amphipolis. Brasidas, de son côté, s’allia avec d’autres villes Thraces, ainsi qu’avec le Roi de Macédoine Perdiccas II (ou Perdikkas, en Grec : Περδίκκας Β’, 454-413), et attaqua d’autres villes de la région, comme Torone (ou Toroni, en Grec : Τορώνη) au Sud-ouest de Sithonia en Chalcidique. Les Athéniens prirent peur que leurs autres alliés capitulent rapidement, comme les Amphipolitains l’avaient fait, si Brasidas leur offrait des conditions favorables de paix. Thucydide qui relata la prise d’Amphipolis dans son Histoire de la Guerre du Péloponnèse, est souvent considéré comme partiellement ou entièrement responsable de la chute de la ville. Certains considérèrent ses actions comme une grave négligence. Bien qu’il affirma qu’il n’était pas en mesure d’arriver à temps pour sauver la ville, il fut rappelé à Athènes, où il fut jugé et condamné à l’exil pendant vingt ans.
 
   Dans les faits, il semble plutôt que la responsabilité de la chute d’Amphipolis soit du fait d’Euclès, qui peut-être par négligence ne se prépara pas à une arrivée rapide de Brasidas et appela trop tard à l’aide Thucydide, qui était quand même assez loin avec son escadre pour surveiller la mer Égée. Ce dernier arriva tout de même à temps pour sauver Eion d’une attaque Spartiate. Quant à Euclès, il avait abandonné la lutte et s’était retiré dans la citadelle. Thucydide, par solidarité assuma seul les conséquences de cette défaite qui affaiblissait sérieusement la position d’Athènes dans le Nord de la Grèce. En réponse à la chute de la ville, Athènes et Sparte signèrent un armistice. Athènes espérait ainsi avoir le temps de fortifier un plus grand nombre de villes contre les attaques de Brasidas. Les Spartiates, quant à eux, espéraient qu’Athènes leur rendrait les prisonniers qu’ils avaient fait à la bataille de Sphactérie en 425 av.J.C.


 

Buste de Thucydide –
Musée royal de l’Ontario

 
   Selon Thucydide dans les termes de la trêve, il fut proposé que chaque côté resta sur son propre territoire, gardant ce qu’il détenait déjà, et l’armistice devait durer un an. Alors que les négociations étaient en cours, Brasidas prit Scione (ou Skioni, en Grec : Σκιώνη) cité en Chalcidique, dans la presqu’île de Pallène, sur la mer Égée, et refusa de la rendre lorsqu’il apprit qu’un armistice avait été conclu. Lorsque la nouvelle de ce refus arriva à Athènes le dirigeant Athénien Cléon (ou Kleon, en Grec : Κλέων, † 422), malgré le traité, partit avec des troupes pour la reprendre.

 

 

Le déroulement

 
   Juste quand l’armistice prenait fin, en 422, le dirigeant Athénien Cléon (ou Kleon, en Grec : Κλέων, † 422), arriva en Thrace à la tête d’une force de 30 navires, 1.200 hoplites, 300 cavaliers, ainsi que de nombreuses autres troupes provenant des alliés d’Athènes et il reconquit rapidement Torone et Scione, dans cette dernière où le Commandant Spartiate Pasitelidas (ou Pusitelidas), qui commandait la garnison Lacédémonienne qui s’y trouvait, fut tué. Lorsque les Athéniens commencèrent l’attaque où il subit une forte pression, et que dans le même temps les vaisseaux envoyés Cléon (ou Kleon), croisèrent devant le port, Pasitelidas, craignant que la flotte ne parvînt à occuper la ville abandonnée, et que, si l’enceinte venait à être enlevée, il ne fût pris lui-même, courut vers la ville. Mais l’armée de terre Athénienne se jeta dans la ville par la partie démolie de l’ancien mur. Un certain nombre de Péloponnésiens et de Toronéens furent faits prisonniers ou furent tués, dont Pasitelidas. Cléon (ou Kleon) réduisit en esclavage les femmes et les enfants des deux cités.
 
   Fort de ses succès Cléon (ou Kleon) prit ensuite position à Eion, tandis que le Général Spartiate Brasidas (En Grec : Βρασίδας, †422) prit position avec son armée à Cerdylium (ou Kerdýlion ou Cerdylion, en Grec : Κερδύλιον) sur la rive droite du Strymon près d’Amphipolis en Thrace. Il disposait de 2.000 hoplites, 300 cavaliers et d’autres troupes dans Amphipolis, donc supérieur en nombre aux Athéniens, mais il ne pensait pas pouvoir battre Cléon (ou Kleon) dans un affrontement direct. Brasidas ordonna alors à une partie de ses troupes de rentrer dans Amphipolis et à une autre de se tenir prête à attaquer. Lorsque Cléon (ou Kleon) réalisa qu’une attaque était imminente, il fut réticent à se battre avant que des renforts attendus ne soient arrivés et il ordonna à ses troupes de retourner à Eion. Cependant, la retraite fut mal organisée et Brasidas profita de l’occasion et ordonna à ses troupes de sortir d’Amphipolis et de charger les Athéniens.
 
   Dans les rudes combats et la déroute qui suivirent Brasidas fut mortellement blessé, mais les Athéniens ne s’en rendirent pas compte. Cléon (ou Kleon) fut également tué alors qu’il tentait de rameuter les fuyards pour reprendre l’offensive et qu’il fut attaqué par le Commandant Spartiate Cléaridas. Toute l’armée Athénienne s’enfuit alors vers Eion, mais 600 soldats d’entre elle furent tués avant d’avoir atteint le port. Selon Thucydide (ou Thucydides, en Grec : Θουκυδίδης, homme politique et historien Athénien, 484-v.425), seulement sept Spartiates auraient été tués ?. Brasidas vécut suffisamment longtemps pour apprendre sa victoire et fut enterré honorablement à Amphipolis dans la zone de l’agora. Les Amphipolitains le considérèrent comme un héros et le refondateur de la ville.
 
   Brasidas et Cléon (ou Kleon) étant morts sur le champ de bataille, après celle-ci, ni les Athéniens, ni les Spartiates, ne voulurent continuer la guerre et la paix de Nicias fut signée en 421 av.J.C. Ce traité proclama le statu quo entre les deux cités adverses, chacune ayant remporté une victoire décisive : La prise de l’île de Sphactérie pour les Athéniens (Voir bataille de Sphactérie) et la prise d’Amphipolis pour les Lacédémoniens. Mais ce traité fut ensuite rompu à cause de la mauvaise volonté de part et d’autre. La perte de leur importante colonie d’Amphipolis resta une plaie ouverte pour les Athéniens, qui cherchèrent toujours à la récupérer.

 

Bibliographie

 
   Pour d’autres détails sur la bataille voir les ouvrages de :
  
Peter Connolly :
Greece and Rome at war, Frontline Books, Havertown, 2012.
Jean-Nicolas Corvisier :
Guerre et société dans les mondes grecs (490-322 av.J.C), Armand Colin, Paris, 1999.
Nic Fields :
The Spartan way, Pen and Sword, Havertown, 2013.
Hans Rupprecht Goette :
Athens, Attica, and the Megarid : An archaeological guide, Routledge, London, New York, 2001.
Donald Kagan :
The outbreak of the Peloponnesian war, Cornell University Press, New York, 1994.
The Peloponnesian war, Viking, New York, 2003-2004.
Joseph Anton Ponczoch :
Brasidas & Cleon at Amphipolis, University of Texas at Austin, 2006.
Fred Eugene Ray :
Land battles in 5th century B.C. Greece : A history and analysis of 173 engagements, McFarland, Jefferson, 2009 – 2011.
Mike Roberts :
Two deaths at Amphipolis : Cleon vs Brasidas in the Peloponnesian war, Pen & Sword Military, Barnsley, 2015.
Denis Roussel :
La guerre du Péloponnèse, Le Livre de poche, Paris, 1964, 1966.
Rex Warner :
History of the Peloponnesian war of Thucydides, Penguin Books, Harmondsworth, Baltimore, 1972.

 

 

        Première  bataille  de  Mantinée

Fin Sept.
418

 

Présentation

 
   La bataille de Mantinée (ou Machē tēs Mantineias, en Grec : Μάχη της Μαντινείας), en Arcadie, eut lieu fin Septembre 418 av.J.C., au cours de la Guerre du Péloponnèse (431-404) dont elle fut l’un des épisodes cruciaux. Ce fut une confrontation entre Athènes et ses alliées : Argos, Mantinée, Élis (Capitale d’Élide), contre Sparte et la Ligue du Péloponnèse et vit la victoire de ces derniers. Elle fut une des plus grandes batailles du monde Grec antique, seule la bataille de Platées aligna des effectifs plus importants au Ve siècle av.J.C. Les principales informations sur la bataille nous viennent de Thucydide (ou Thucydides, en Grec : Θουκυδίδης, homme politique et historien Athénien, 484-v.425), extraites du livre 5 de l’Histoire de la Guerre du Péloponnèse, Il y décrit notamment la disposition des troupes juste avant l’affrontement des deux armées.
 

Le contexte

 
   La Guerre du Péloponnèse, commença en 431 et opposa Sparte et la Ligue du Péloponnèse, à Argos, Athènes, Mantinée et Élis (Capitale d’Élide). Cette bataille intervint après la rupture de la paix de Nicias conclue en 421, alors que les deux puissances étaient considérablement affaiblies par leurs conflits, dont le dernier, la bataille d’Amphipolis qui avait déjà vu la victoire de Sparte. Athènes menait une politique impérialiste et étendit son influence dans le Péloponnèse, fief de sa rivale Sparte, en particulier sur Argos, afin de fixer Sparte dans la péninsule et de libérer la partie Nord de l’Égée de toute menace. En 419, les trois cités Péloponnésiennes : Argos, Mantinée et Élis, conclurent une alliance défensive avec Athènes, créant un barrage à tous les mouvements Lacédémoniens vers l’Attique. Argos se dota d’un gouvernement démocratique et chercha à étendre son influence. 
 
   En 418, après la coalition de ces quatre cités, elles décidèrent l’invasion d’Épidaure (En Argolide). L’armée Argienne prit en Arcadie, Orchomène (Cité-État près de Mantinée) et menaça Tégée, alliée de Sparte. Les Spartiates furent obligés de lever une armée et de marcher contre elles, craignant une alliance avec Corinthe. Cette armée, fut selon Thucydide (ou Thucydides, en Grec : Θουκυδίδης, homme politique et historien Athénien, 484-v.425), la meilleure armée jamais réunie en Grèce à ce moment-là. Vers la fin Août 418, l’armée Lacédémoniens fut mobilisée et placée sous le commandement d’un de leur Roi Agis II (En Grec : Aγις Β’, 426 à 398) et marcha vers Mantinée pour affronter Argos.
 
   Dans les faits, Athènes et Sparte étaient toujours sous le coup d’une une alliance défensive, mais les nouvelles alliances de ces cités avec d’autres rendirent caduque ces premiers accord. Sparte lança sa première campagne contre la cité Argienne, mais cette action impliqua automatiquement Athènes qui venait de passer des accords avec cette dernières. Cependant, alors que les Spartiates dominaient largement et étaient sur le point de donner un coup décisif à Argos, Agis II conclut cette première campagne par une trêve avec eux, sans expliquer ses actions à l’armée ou à ses alliés et décida de rentrer chez lui. Cette décision fut extrêmement impopulaire parmi les troupes et les alliés. Agis II fut jugé et condamné à une amende de 10.000 drachmes et sa maison fut presque détruit, mais il promit de se racheter par une victoire future pour garder son poste.

 

Les tactiques et forces

 
   On peut considérer que la bataille se déroula sur deux jours. Car en réalité, les Lacédémoniens avaient rencontré le jour précédant les Argiens pour finalement rebrousser chemin. Thucydide (ou Thucydides, en Grec : Θουκυδίδης, homme politique et historien Athénien, 484-v.425), nous explique les choix faits par les différentes armées qui menèrent à la disposition telle qu’il nous la décrit.
 
      La tactique et les forces Spartiates :
 
   Le Roi de Sparte, Agis II (En Grec : Aγις Β’, 426 à 398) réunit pour cette bataille tous les effectifs disponibles. Dans un premier temps, les Lacédémoniens furent inquiets car ils étaient inférieurs en nombre d’hoplites par rapport aux alliés. Cependant la défection de la cité d’Élis inversa le rapport de force. Agis II installa son camp de base près du sanctuaire d’Héraclès, au Sud du champ de bataille dans la plaine de Mantinée. Il prit conscience que la cité d’Élis allait revenir sur sa position et il pressa le mouvement à avancer vers les Argiens. Ces derniers étaient installés, en position de force, sur un terrain accidenté difficile d’accès pour les troupes Spartiates. Agis II fit avancer sa phalange à une portée de javelot de la phalange adverse, mais revint sur sa décision et lui commanda de se replier. Pour déloger les Argiens ses conseillers lui proposèrent de revenir au Sud vers Tégée, de détourner le cours d’une rivière pour inonder la plaine de Mantinée afin de déloger les Mantinéens et leurs alliés de leur poste imprenable.
 
   Les Lacédémoniens alignèrent environ 9.700 hommes : 3.500 hoplites Spartiates, Tégéates, Ménaliens, Arcadiens d’Héraia ; 600 Skirites (ou Skiritai, en Grec : Σκιρται) qui était un peuple appartenant à l’État Lacédémonien, de statut comparable à celui des Périèques ; 2.000 Néodamodes (ou Neodamốdeis, en Grec : νεοδαμώδεις) qui étaient des Hilotes affranchis à la suite de leur service comme hoplites dans l’armée Lacédémonienne ; 3.000 alliés Tégéens et 600 cavaliers disposés sur les ailes. Les 9700 hommes s’étalent sur 1.100 mètres de longueur.
 
      La tactique et les forces Argiennes :
 
   L’avantage de la coalition Argienne était la maîtrise du terrain. L’armée Argienne se rangea en ordre de bataille et s’installa sur un point fort difficile d’accès pour l’armée adverse, le terrain étant accidenté et défavorable à la phalange Lacédémonienne. Puis, après le retrait des Spartiates au Sud vers Tégée, l’armée fut mise en branle et disposée en position offensive sans attendre les renforts. Le choix supposé fait par les stratèges fut que l’aile droite déborderait l’aile gauche adverse puis vienne prendre à revers le centre Lacédémonien. Généralement, les armées plaçaient sur l’aile droite les meilleurs éléments mais on constate qu’ici ce fut le centre qui fut renforcé. La cavalerie semble avoir joué un rôle secondaire lors de cette bataille.
 
   Les forces alliées alignèrent environ 8.000 hommes (on trouve aussi 11.000) : 3.000 Argiens (on trouve aussi 7.000) ; 1.000 Athéniens d’infanterie lourde ; 2.000 Mantinéens ; 1000 mercenaires Arcadiens ; 1000 hommes d’autres unités d’infanterie et de cavalerie alliée (Cléonais, Ornais).

 

Le déroulement

 
   Sur la fin de l’été 418, après la coalition des quatre cités Athènes, Argos, Mantinée, Élis (Capitale d’Élide), celles-ci décidèrent l’invasion d’Épidaure (En Argolide). L’armée Argienne prit en Arcadie, Orchomène (Cité-État près de Mantinée) et menaça Tégée, alliée de Sparte, où une faction de la cité était prête à changer de camp et à rejoindre l’alliance. Tégée était un endroit très important, car il contrôlait la sortie de la Laconie. Le contrôle par l’ennemi de cette ville signifiait que les Spartiates seraient incapables de se déplacer hors de leur ville d’origine et aurait pour effet de signer la disparition de la Ligue du Péloponnèse. Le Roi de Sparte, Agis II (En Grec : Aγις Β’, 426 à 398) réunit l’ensemble de l’armée Spartiate en mesure de se battre et se dirigea vers Tégée où il fut rejoint par ses alliés d’Arcadie. Il demanda également de l’aide de ses alliés du Nord, Corinthe, Béotie, Phocide et Locride. Cependant, l’armée du Nord ne pouvait pas arriver rapidement sur les lieux, car elle devait passer à travers le territoire ennemi (Argos et Orchomène d’Arcadie).
 

   Dans l’intervalle, les Élidiens (ou Éléens) décidèrent d’attaquer Lépréon (ou Lepreum) qui était une cité de Triphylie située près d’Élis. Lépréon était une ville frontalière contestée avec Sparte, ce qui obligea ces derniers à retirer de leur contingent de 3.000 hoplites pour contrecarrer l’attaque. Agis II en profita et envoya un sixième de son armée, avec les hoplites les plus anciens et les plus jeunes pour garder Sparte.
 
   Mais ils furent rappelés peu de temps après, lorsqu’Agis II sur l’avis de ses conseillers (ou Xymbouloi) se rendit compte que les Élidiens (ou Éléens) serait bientôt de retour aux côté des Argiens. Le Roi aurait pu attendre tranquillement à l’intérieur des murs de Tégée que ses alliés du Nord arrivent. Cependant, il avait déjà été discrédité une fois et ne pouvait plus montrer le moindre signe de faiblesse à la bataille.
 
   Ainsi, il envahit et ravagea le territoire autour de Mantinée, au Nord de Tégée, afin de forcer une bataille rangée avec les Argiens et leurs alliés. Probablement à la fin de Septembre 418, l’armée de ces derniers, cependant, cantonna sur un terrain accidenté et défavorable à la phalange Lacédémonienne. Agis II voulant une victoire rapide pour se racheter de son embarras à Argos, fit avancer sa phalange à une portée de javelot de la phalange adverse.
 
   Mais, selon Thucydide (ou Thucydides, en Grec : Θουκυδίδης, homme politique et historien Athénien, 484-v.425), un conseillers (ou Xymbouloi) nommé Pharacidas (ou Pharax) parvint in-extrémis à le convaincre qu’il courait à sa perte s’il lançait l’assaut et sa phalange se replia. Le Roi chercha alors un moyen de déloger les Argiens. Les conseillers Lacédémoniens lui proposèrent de revenir au Sud vers Tégée, de détourner le cours d’une rivière pour inonder la plaine de Mantinée afin de déloger les Mantinéens et leurs alliés de leur poste imprenable. Avant de laisser la plaine s’inonder, l’armée Argienne fut mise en branle et adopta une position de combat.

  Agis II et les siens remontèrent au Nord, pour en découdre avec leurs adversaires, mais ils furent surpris que l’ennemi se soit déplacé plus rapidement qu’ils ne l’avaient anticipés et par la position offensive choisies par la coalition. Ne disposant que d’une unité de cavalerie, les Argiens s’étaient disposés à gauche aux côtés de la phalange Athénienne. Au centre se trouvaient les hoplites de Cléonais et d’Ornai, puis des hoplites Argiens et enfin sur l’aile droite les Mantinéens (Déterminés car ils défendent leurs terres).
 
   Le choix fait par les Stratèges était que l’aile droite déborda l’aile gauche adverse puis vienne prendre à revers le centre Lacédémonien. Les Spartiates se réorganisèrent rapidement, sans attendre leurs autres alliés. Agis II essaya de renforcer ses lignes et ordonna aux 600 Skirites (ou Skiritai) et aux Thraces d’élargir le front. Il demanda également aux deux autres contingents (ou lochoi) suivant de combler la faille entre les Thraces et la division (ou mora) Spartiate. Ce que refusèrent les deux Généraux (ou Polémarques) Aristoclès et Hipponoïdas qui ne voulaient pas quitter leurs positions au centre.
 
   Toutefois ils eurent de grandes difficultés à tenir cette position et contrecarrer les manœuvres des Argiens. Ceux-ci mirent alors les Thraces et Skirites en déroute et les poursuivirent au lieu de prendre à revers les Lacédémoniens. Donald Kagan donne du crédit aux deux Généraux pour avoir désobéi aux ordres qui auraient probablement fait perdre la bataille aux Spartiates. Dans le même temps, les 3.000 Tégéens et l’armée Spartiate régulière écrasèrent les Athéniens et les Arcadiens qui formaient la partie gauche de l’armée d’Argos.
 
   La plupart d’entre eux ne put même pas se battre et s’enfuit lorsque les Spartiates approchèrent. Certains furent même piétinés dans leur hâte de partir avant que l’ennemi n’arrive. Ensuite, le centre Argien fut mis lui aussi en déroute ce qui déstabilisa le front et permit aux Spartiates de prendre à revers les Argiens pour venir en aide aux Skirites (ou Skiritai). Les Athéniens prirent alors la fuite couverts par leurs cavaliers et les Mantinéens furent décimés.

 
   L’unité du commandement Lacédémonien, quoique défaillante lors du refus des deux Généraux, prit le dessus sur l’hétérogénéité des troupes de la coalition Argienne. La faible motivation des Athéniens et l’individualisme de chaque cité fit qu’il y eut comme le dit Jean Pierre Vernant, “des combats dans le combat” où chaque contingent mena sa propre action et que les Lacédémoniens purent prendre le dessus. Les Spartiates ne poursuivirent pas l’ennemi longtemps après que la bataille fut gagnée. Ils envoyèrent une ambassade à Argos et les Argiens acceptèrent des termes de paix où ils renonçaient à Orchomène d’Arcadie, rendaient leurs otages et prisonniers et expulsaient les Athéniens d’Épidaure. Ils renonçaient également à leur alliance avec Élis et Athènes.
 
   Après cette lutte acharnée, où le clan Argien perdit environ 1.100 hommes (700 Argiens et Arcadiens, 200 Athéniens et 200 Mantinéens) et les Spartiates environ 300, ces derniers retrouvèrent leur influence sur le Péloponnèse par le renversement des alliances dû à la victoire. Thucydide considère cette bataille comme l’une des plus importantes que purent se livrer les Grecs. En effet, à partir de Mantinée, le nombre d’hommes mobilisés ne cessera de croître. En termes plus généraux, la bataille fut un coup de pouce considérable pour le moral et le prestige des Lacédémoniens, puisque, après le désastre de la bataille de Pylos ils avaient été considérés comme lâche et incompétent dans la bataille. Leur succès à Mantinée marqua un renversement de la tendance et les Grecs, à nouveau, reconnurent la quasi-invincibilité des hoplites Spartiates.

 

Bibliographie

 
   Pour d’autres détails sur la bataille voir les ouvrages de :
  
Peter Connolly :
Greece and Rome at war, Frontline Books, Havertown, 2012.
Jean-Nicolas Corvisier :
Guerre et société dans les mondes grecs (490-322 av.J.C), Armand Colin, Paris, 1999.
Nic Fields :
The Spartan way, Pen and Sword, Havertown, 2013.
Hans Rupprecht Goette :
Athens, Attica, and the Megarid : An archaeological guide, Routledge, London, New York, 2001.
Victor Davis Hanson :
A war like no other : How the Athenians and Spartans fought the Peloponnesian war, Random House, New York, 2005.
Donald Kagan :
The outbreak of the Peloponnesian war, Cornell University Press, New York, 1994.
The Peloponnesian war, Penguin Books, Viking, New York, 2003-2004.
Fred Eugene Ray :
Land battles in 5th century B.C. Greece : A history and analysis of 173 engagements, McFarland, Jefferson, 2009 – 2011.
Denis Roussel :
La guerre du Péloponnèse, Le Livre de poche, Paris, 1964, 1966.
Jesse Russell :
Battle of mantinea, Book On Demand Ltd, 2013.
Jean-Pierre Vernant :
Problèmes de la guerre en Grèce ancienne, Mouton & Co., La Haye, 1968-1969.
Rex Warner :
History of the Peloponnesian war of Thucydides, Penguin Books, Harmondsworth, Baltimore, 1972.

 

 

       Deuxième  bataille  de  Mantinée

4 ou 13
Juillet 362

 

Présentation

 
   La deuxième bataille de Mantinée (ou Machē tēs Mantineias, en Grec : Μάχη της Μαντινείας) opposa le 4 ou 13 (Selon les auteurs) Juillet 362 av.J.C une armée Thébaine et ses alliées, dirigée par le Général et homme d’État Épaminondas (ou Epameinốndas, en Grec : ‘Eπαμεινώνδας, 418-362), contre les Mantinéens et les Spartiates, menés par le Roi de Sparte Agésilas II (ou Agesilaos, en Grec : ‘Aγησίλαος Β’, 398-360), rejoints par les Élidiens (ou Éléens) et les Athéniens, entre autres. L’issue en fut une victoire tactique des Thébains et de leurs alliés. Cette bataille devait déterminer laquelle des deux alliances aurait l’hégémonie sur la Grèce. Cependant, la mort d’Épaminondas et le peu de brillance de ses successeurs ajoutés à l’impact d’une défaite sur les Spartiates, affaiblirent les deux alliances, et ouvrit la voie à la conquête Macédonienne dirigée par le Roi Philippe II (359-336).
 

Le contexte

 
   Après la bataille de Leuctres, en Juillet 371, l’hégémonie Spartiate fut remise en cause. Le chef politique et Général de Thèbes Épaminondas (ou Epameinốndas, en Grec: ‘Eπαμεινώνδας, 418-362), décida de construire un nouveau centre de pouvoir autour de sa cité. Il créa, alors, la Ligue Arcadienne, une fédération de cités-États sur le plateau central du Péloponnèse, au Sud de Thèbes et au Nord de Sparte, afin de contenir l’influence Lacédémonienne et préserver la prépondérance Thébaine dans la région. Au cours des années précédant cette bataille de Mantinée, les Spartiates avaient rejoint les Élidiens (ou Éléens, un peuple mineur Élide situé à l’Ouest de la péninsule du Péloponnèse, avec une rancune territoriale contre les Arcadiens) dans un effort pour saper la Ligue.
 
   Lorsque les Arcadiens conquirent le temple Grec de Zeus à Olympie qui était sur le territoire Élidien, mais considéré comme neutre, une des cités-États d’Arcadie, Mantinée, quitta l’alliance et s’allia avec Sparte et les Élidiens afin d’attaquer la Ligue Arcadienne. Athènes décida de soutenir Sparte et ses alliées, mais son but était plus de contrecarrer la puissance Thébaine montante. Les Athéniens avaient en plus une vieille rancœur contre cette dernière qui, à la fin de la Guerre du Péloponnèse, avaient exigé qu’Athènes soit détruite et ses habitants mis en esclavage, ces actions avaient été évitées grâce aux Spartiates. Une armée Athénienne fut donc envoyée par la mer pour rejoindre les forces Spartiates, afin d’éviter d’être interceptée par les forces Thébaines sur terre. En réponse, Épaminondas leva alors une armée, qui avait la mission de rétablir la domination Arcadienne sur la région.

 

Le déroulement

 
   L’armée du chef politique et Général de Thèbes Épaminondas (ou Epameinốndas, en Grec : ‘Eπαμεινώνδας, 418-362), étaient constituée de 32.000 hommes, elle comprenait : 10.000 hoplites Thébains ; 5.000 d’Argos ; 3.000 de Locride ; 3 000 de Sicyone ; 2.000 Thessaliens ; 1.500 d’Eubée ; 1.500 de Malide (en Thessalie) ; 1.000 cavaliers Thébains ; 1.000 cavaliers Thessaliens et 4.000 peltastes Thessaliens et mercenaires. En face l’alliance Spartiate, était beaucoup moins importante et alignait 23.000 hommes, dont : 7.000 hoplites de Mantinée ; 6.000 Athéniens ; 3.000 Spartiates ; 2.000 d’Élis (Capitale d’Élide) ; 2.000 d’Achaïe ; 1.000 cavaliers Athéniens ; 1.000 autres cavaliers mercenaires et 1.000 peltastes mercenaires.:
 
   Les deux armées allaient s’affronter aux alentours de Mantinée. Les Spartiates, les Athéniens, les Élidiens et les Mantinéens étaient dirigés par le Roi de Sparte Agésilas II (ou Agesilaos, en Grec : ‘Aγησίλαος Β’, 398-360), qui était secondé par Podarès de Mantinée et Céphisodore de Marathon, le Commandant de la cavalerie Athénienne. Les troupes Thébaines étaient accompagnées de soldats de la Ligue Béotienne, pro-Thébaine et de détachements de Megalopolis (Cité fondée par les Thébains en tant que capitale fédérale de l’Arcadie). Bien que les Généraux d’Épaminondas fussent très compétents, il prit lui-même la direction des opérations. En utilisant une variante stratégique déjà employée avec succès à la bataille de Leuctres en juillet 371, il organisa, et mena personnellement, les troupes Béotiennes sur l’aile gauche de son armée en une colonne exceptionnellement profonde d’hoplites.


 

Sculpture du XIXe siècle de David d’Angers
représentant la mort d’Épaminondas.

 
   Cette formation de troupes, en collaboration avec leurs alliés, cherchait à établir une supériorité numérique localement, tout en retardant la bataille sur le centre et le côté droit plus faible. En réaction, les Mantinéens et leurs alliés bloquèrent la route entre deux sommets abrupts. À ce moment les Thébains s’arrêtèrent et mirent “l’arme au pied”, comme s’ils avaient décidé de se préparer pour le bivouac. Les Mantinéens et leurs alliés relâchèrent alors leur vigilance. Ce fut ce moment que choisit Épaminondas. Dirigeant personnellement la colonne de la première ligne, il fit avancer son armée en formation oblique contre la droite ennemie tandis que sa cavalerie et ses troupes légères clouaient l’aile gauche adverse.
 
   Xénophon (Philosophe, historien et maître de guerre Grec, v.430-v.355) décrivit cette action de l’armée Thébaine “comme une trirème, avec l’aiguillon de la proue à l’avant embrochant un navire”. (Les Helléniques ou Hellênikôn ou Hellenika – 7.5.23). La massive phalange Thébaine enfonça l’aile droite des alliés qui rompit le combat et s’enfuit, suivie, peu après, par toute l’armée. Seuls, les Mantinéens offrirent une résistance héroïque, mais lorsque leur chef fut tué les hoplites quittèrent aussi le terrain. On ne connait pas les pertes du côté des Thébains mais coté alliance Spartiate elle fut estimée à 1.000 morts et 2.000 prisonniers.
 
   Dans la violence des combats, Épaminondas, à la tête de ses troupes, fut mortellement blessé par un homme identifié aux noms diverses : Selon Dioscoride, Anticratès (En Grec : ‘Aντικράτης, un Spartiate) ou Gryllus (En Grec : Γρύλλος) fils aîné de Xénophon ou encore Machaerion. Les chefs Thébains, Iolaidas et Daiphantus, qui avaient l’intention de lui succéder, furent également tués. Paralysés par la mort de leur Général, les Thébains n’exploitèrent pas leur victoire et battirent en retraite. Sur son lit de mort, Épaminondas, en apprenant le décès de ses collègues dirigeants, demanda aux Thébains de conclure rapidement la paix, bien qu’ils aient gagné la bataille. Privée d’une direction valable, la domination Thébaine s’acheva immédiatement, mais sans que les Spartiates, vaincus, puissent reprendre le contrôle de la région. Le résultat direct de cette double défaite fut d’ouvrir la voie à la conquête Macédonienne, ni Sparte ni Thèbes n’étant plus en mesure de résister au nouvel homme fort de la région le Roi de Macédoine Philippe II (359-336).

 

Bibliographie

 
   Pour d’autres détails sur la bataille voir les ouvrages de :
  
Peter Connolly :
Greece and Rome at war, Frontline Books, Havertown, 2012.
George L.Cawkwell :
Epaminondas and Thebes, pp. 254-278, Classical Quarterly 22, N°2, Novembre 1972.
Paul Cartledge :
Sparta and Lakonia : A Regional History 1300-362 BC., Taylor and Francis, Hoboken, 2013.
Jean-Nicolas Corvisier :
Guerre et société dans les mondes grecs (490-322 av.J.C), Armand Colin, Paris, 1999.
John Dillery :
Xenophon and the history of his times, Routledge, London, New York, 1995.
Harold Martin Hack :
Epaminondas and the Theban hegemony, Hunter College, Dept. of History, 1971. 
Kōnstantinos Kalteziōtēs :
Hē archaia Mantineia kai hē periphēmos machē (362 t. CH.), Éditeur inconnu, Athènes, 1961.
Magda Marteau-Saeedi et Jen-François Duneau :
Les relations grèco-perses de la fin des guerres médiques (479 av. JC) à la bataille de Mantinée (362 av. JC), Histoire et civilisation, Poitiers, 1994.
Daniel Werenka :
Die schlacht bei Mantinea am 13 juli 362 v.Chr., Eckhardt, Czernowitz, 1904.

 

 

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