Présentation
Salamine (ou Naumachia tēs Salaminos, en
Grec :
Ναυμαχία της
Σαλαμῖνος)
est une petite île à quelques kilomètres au large du Pirée, le port d’Athènes,
le long de la côte Sud-ouest de l’Attique, dans le golfe Saronique où une bataille navale,
le 29 Septembre 480, opposa une coalition de cités Grecques,
menée par Eurybiade (ou Eurybiádês, en Grec :
Εύρυβιάδης, Général Spartiate) et
Thémistocle (ou Themistokles, en
Grec :
Θεμιστοκλῆς, homme d’État et Stratège
Athénien, v.525-v.460/459)
et l’Empire Perse
sous son Roi Xerxès I (486-465). L’île fut donc le
théâtre d’une des plus grandes batailles navales de l’antiquité qui marqua la victoire décisive que remporta la flotte
Grecque,
malgré leur l’infériorité numérique, sur la flotte Perse.
Cette bataille fut le point culminant de la deuxième invasion Perse de la
Grèce.
Les alliés Grecs furent persuadés par
Thémistocle d’engager la flotte des
Perses, dans l’espoir qu’une victoire empêcheraient des opérations navales
de leur part contre le Péloponnèse.
Les Perses étaient également désireux pour une bataille décisive.
Xerxès I
voulaient se venger de la cuisante défaite que son peuple avait subi dix ans plus tôt (Fin de la
Première Guerre Médique, 499-490) et
il avait monté une formidable armée pour conquérir la Grèce.
Les batailles de Salamine et de Platées marquent un tournant au cours des
Guerres Médiques (499-479).
À partir de là, les cités Grecques vont reprendre l’offensive.
Un certain nombre d’historiens pensent qu’une victoire Perses aurait
paralysé le développement de la Grèce antique, et par extension de la
civilisation occidentale, ce qui les conduit à affirmer que Salamine fut l’une des batailles les plus importantes de l’histoire humaine.
Pratiquement la seule source sur la bataille de Salamine nous est parvenue de l’historien
Hérodote (Historien
Grec, 484-v.425).
Le contexte
Les cités
Grecques
d’Athènes et
d’Erétrie avaient soutenu la révolte
Ionienne, en 499-494 av.J.C,
contre l’Empire Perse de
Darius I le Grand (522-486), dirigée par le
Tyran de Milet,
Aristagoras (En
Grec :
Αρισταγόρας ο Μιλήσιος Aristagoras de Milêtos).
L’Empire Perse était encore relativement jeune, et sujet à des
révoltes parmi ses peuples soumis. En 491 av.J.C, Darius I envoya des
émissaires à toutes les cités Grecques demandant leur soumission.
La révolte Ionienne
avait directement menacé l’intégrité de l’Empire Perse et les états de la
Grèce continentale restaient une menace potentielle à sa
future stabilité. C’est ce qui poussa le Roi à vouloir pacifier la Grèce
et la mer Egée et punir les cités qui s’étaient impliquées dans la révolte
Ionienne, Athènes et
Érétrie.
À Athènes, les ambassadeurs
Perses furent exécutés et à
Sparte, ils furent tout simplement jetés dans un puits, ce qui mettait
également cette dernière en guerre contre les Perses.
Représentation de trière Grecque
|
La réponse de Darius I
fut rapide. En 490, il décida d’envoyer une expédition maritime dirigée par le
Satrape
Perse Artapherne
(ou Artaphernès ou Artaphernês, neveu de Darius I) et le Général
Mède Datis. L’expédition avait pour but d’attaquer
Naxos et d’amener les Cyclades dans l’Empire
Perse, puis forcer
Érétrie et
Athènes à se soumettre ou être détruites.
Après un succès d’île en île en mer Egée, la force Perse
arriva à l’île d’Eubée en plein été, pour punir
Érétrie. Elle prit et ravagea la cité et déporta la population
près de Suse.
(Voir le Siège d’Érétrie)
Après ce succès le but était maintenant de punir Athènes.
Partant de l’île d’Eubée, la flotte
Perse
se dirigea sur l’Attique. Elle navigua le long des côtes et accosta, le 12 Septembre 490, sur la baie de Marathon
où elle fut accueillie par l’armée Athénienne
qui bien qu’en infériorité numérique, au bout du 5e jour de combat, le 17 Septembre 490, remporta
une grande victoire sur les Perses,
ce qui entraîna leur retrait vers l’Asie. (Voir la
Bataille de Marathon).
Darius I voulait préparer sa revanche et une nouvelle expédition. Mais, en 486, les paysans Égyptiens dirigés par le
Satrape, Aryandès (ou Ariandes) de
Memphis, se révoltèrent, ce qui occupa les derniers mois du Roi,
qui mourut la même année. Son fils Xerxès I (486-465) reprit la lutte et
il écrasa la révolte en Égypte.
Puis il commença les préparatifs pour une nouvelle invasion de la Grèce.
Le Roi se donna les moyens de son ambition et monta une opération à très grande échelle. Celle-ci demandait une planification
à long terme, entre l’intendance, le stockage des biens utiles et le recrutement de l’armée. Enfin prêt, au début de l’année 480,
le Roi et son immense armada terrestre partirent de Sardes (en
Lydie) et traversèrent l’Hellespont pour arriver en
Thrace,
soutenus par une flotte amenant le ravitaillement
Dans le même temps, les Athéniens se préparèrent
également au retour des Perses et, en 482,
la décision fut prise, sous la direction de
Thémistocle (ou Themistokles, en
Grec : Θεμιστοκλῆς, v.525-v.460/459), de construire une énorme flotte de trirèmes.
Toutefois, les Athéniens étaient
conscients qu’ils n’étaient pas assez nombreux pour combattre seuls sur terre et sur mer. La lutte contre les
Perses exigeait une alliance des cités
Grecques.
À la fin de l’automne 481 une alliance confédérale fut formée entre plusieurs les cités-États qui s’étaient réunies à
Corinthe.
La coalition se réunit à nouveau au printemps 480 et la délégation de
Thessalie suggéra que les alliés devaient se rassembler dans l’étroite vallée de Tempé, aux frontières de la
Thessalie, pour bloquer l’avancée de
Xerxès I qui était
censé passer par là Une armée de 10.000 hoplites fut envoyée dans la vallée.
Cependant, une fois là-bas, ils furent avertis par le Roi de
Macédoine,
Alexandre I que la vallée pouvait être contournée par le biais de la
passe de Sarantoporo et que l’immense armée de Xerxès I avait traversé
l’Hellespont. Thémistocle proposa alors une seconde stratégie aux alliés.
L’idée était de bloquer la route vers le Sud de la Grèce
(Béotie, Attique et Péloponnèse) à
Xerxès I. Mais ce plan nécessitait d’arrêter le Roi au passage des Thermopyles.
La configuration du site permettait plus facilement aux hoplites
Grecs de contenir l’immense armée
Perse.
Dans le même temps, le plan prévoyait que pour prévenir un contournement par la
mer la flotte alliée devrait bloquer le détroit de l’Artémision. Cette double stratégie fut adoptée par le congrès.
Cependant, les villes du Péloponnèse firent des plans de repli pour défendre l’isthme de
Corinthe au cas où tout le reste échouerait,
tandis que les femmes et les enfants d’Athènes
évacuaient en masse la ville pour gagner Trézène dans le Péloponnèse sur la côte Nord de l’Argolide.
Autre représentation d’une trière Grecque
|
Le Roi de Sparte,
Léonidas I (490-480) prit le commandement de la coalition
Grecque
et, en Août 480, décida d’occuper le défilé des Thermopyles avec 7.000 hommes.
(Voir la
Bataille des Thermopyles). Malgré un sacrifice héroïque des
Spartiates, les
Grecs
furent écrasés.
Léonidas I décida alors de se sacrifier avec les 300
hoplites, ainsi que 700 soldats des cités de
Thèbes et de Thespies (ou Thespiai), pour laisser aux Grecs
le temps d’organiser leur défense et à l’armée de se retirer en bon ordre. La défaite des
Thermopyles allait rendre la position de la flotte
Grecque intenable.
Elle était au mouillage comme prévu au cap Artémision (Situé au Nord-est
d’Eubée)
quand se déclencha la
bataille des Thermopyles. Lorsque les nouvelles désastreuses des Thermopyles arrivèrent, les
Grecs se retrouvèrent dans l’obligation de reculer,
pour mieux tenir le détroit de l’Artémision qui devenait d’un coup un point qui allait être très discuté avec la flotte
Perse.
Elle dut au même moment repousser un assaut de la flotte de
Xerxès I lors d’une bataille indécise où les Grecs
perdirent plusieurs dizaines navires.
(Voir la
Bataille de l’Artémision).
Le prélude
Les chefs
Grecs décidèrent de quitter le cap Artémision et leur flotte recula
jusqu’au golfe Sardonique. Le but était d’aider à l’évacuation finale d’Athènes.
En route,
Thémistocle (ou Themistokles, en
Grec : Θεμιστοκλῆς,
v.525-v.460/459) laissa sur toutes les sources d’approvisionnement en eau, des inscriptions adressées aux équipages
Grecs
Ioniens de la flotte
Perse, leur demandant de faire défection
et de rejoindre la cause alliée. La retraite Grecque suite à l’échec des
Thermopyles profita aux Perses
qui se rendirent maître un moment de toute la Grèce centrale.
L’armée Perse se mit à brûler et saccager les villes Béotiennes
qui ne s’étaient pas rendues, Platée et Thespies (ou Thespiai).
Ils ravagèrent la Phocide et se présentèrent devant Athènes.
Les alliés, principalement du Péloponnèse, étaient prêts à défendre sur terre l’isthme de
Corinthe. Ils avaient démoli de la seule route qui y conduisait, et
construit un mur de protection. Mais cette stratégie n’avait aucune valeur, à moins que la flotte alliée fût en mesure d’empêcher la
flotte de transport de troupes Perse de traverser le golfe Saronique.
Lors d’un conseil de guerre, le commandant des forces navales de Corinthe,
Adimantos (ou Adimante, en Grec :
‘Aδείμαντος, Stratège, père du Général Aristéas de
Corinthe) fit valoir que la flotte devrait s’assembler au large des côtes de
l’isthme afin de parvenir à un tel blocus. Cependant,
Thémistocle plaida en faveur d’une stratégie offensive, visant à détruire de façon décisive la supériorité navale des
Perses. Il avait tiré les leçons de la
bataille de l’Artémision, soulignant qu’une tactique dans des
conditions proches fonctionnerait à l’avantage des Grecs.
Sa proposition fut finalement retenue et les alliés restèrent au large des côtes de
Salamine.
La datation exacte du déroulement de la bataille de Salamine est difficile encore aujourd’hui à établir avec certitude.
Hérodote (Historien
Grec,
484-v.425) la présente comme si elle eut lieu immédiatement après la prise
d’Athènes.
Si la bataille de l’Artémision a eu lieu en Septembre (Normalement donnée en Août),
alors c’est peut être le cas, mais il est plus probable que les Perses
passèrent deux ou trois semaines pour : Prendre Athènes, réaménager leur
flotte et se ravitailler. La Reine d’Halicarnasse,
Artémise I (ou Artemisia de
Carie, en
Grec :
Ἀρτεμῑσίᾱ,
en Persan : آرتمیس Anāhitā, v.480 à v.475), qui était le commandant d’une escadre de la flotte du Roi
Perse
Xerxès I (486-465), essaya de le convaincre d’attendre et
que la bataille dans le détroit de Salamine était un risque inutile.
Néanmoins, le Roi et son conseiller en chef le Général Mardonios (ou Mardonius ou Mardoniye, en
Grec : Μαρδόνιος, † 479)
ne l’écoutèrent pas. Il est difficile d’expliquer exactement ce qui finalement provoqua la bataille, on suppose qu’une des deux parties tout simplement
attaqua sans réfléchir.
Buste de Thémistocle Musée
archéologique d’Ostie
|
Il est clair que l’information arrivée à Xerxès I,
à un moment juste avant la bataille, des failles dans le commandement allié (Que
les Péloponnésiens voulaient évacuer
Salamine) changea les choses.
Cependant cette faille présumée parmi les alliés fut tout simplement une ruse, afin d’attirer les
Perses dans la bataille.
Ce changement d’attitude parmi les alliés, qui avaient attendu patiemment au large des côtes de
Salamine pendant au moins une semaine
tandis qu’Athènes était prise, peut avoir été en réponse aux manœuvres
offensives Perses. Par cette fausse
nouvelle
Thémistocle tenta là ce qui semble avoir été, avec un succès spectaculaire, l’utilisation de désinformation.
Il avait envoyé un serviteur, Sicinnus (En Grec :
Σίκιννος)
à Xerxès I, avec un message proclamant
que Thémistocle était du côté du Roi et non pas les Hellènes.
Thémistocle affirmait que le commandement allié en plein désaccord,
du fait que les Péloponnésiens avaient l’intention d’évacuer le soir même, et que, pour obtenir la victoire tous les
Perses devaient bloquer le détroit.
C’était exactement le genre de nouvelles que Xerxès I
voulait entendre. Que les Athéniens
semblaient disposés à se soumettre à lui, et qu’il serait capable de détruire le
reste de la flotte alliée. Quand il reçut cette nouvelle, il ordonna à sa flotte d’aller en patrouille au large de la côte de
Salamine et le blocus de la sortie Sud.
Xerxès I se fit construire un trône, mit en place sur les pentes du
mont Aigáleo (ou Aigaleo ou Egaleo), donnant sur le détroit, afin d’assister à la bataille d’un point haut, de manière à enregistrer les noms de ses
commandants qui allaient particulièrement s’illustrer au-cour de la bataille.
Tandis que les Perses
passèrent la nuit, en vain, en mer à la recherche de l’évacuation Grecque
qu’on leur avait annoncé, la flotte alliée était en mesure de se préparer correctement pour la bataille de la prochaine journée,
Le lendemain matin, les Perses naviguèrent dans le détroit pour
attaquer la flotte Grecque. On ne sait pas quand, pourquoi où et comment
cette décision fut prise, mais il est clair qu’ils engagèrent les alliés.
Les effectifs et tactiques
Les forces Grecques :
Hérodote (Historien
Grec, 484-v.425) donne une description détaillée des effectifs
qui furent rassemblés. Il rapporte qu’il y avait 378 galères dans la flotte alliée.
Il donne le détail comme suit :.
Les numéros simples représentent des trirèmes, ceux qui sont indiqués entre parenthèses sont des navires cinquante rames (Galères à cinquante rames)
Athènes 180 ; Corinthe 40 ; Égine 30 ; Chalcis 20 ; Mégare 20 ; Sparte 16 ; Sicyone 15 ; Epidaure 10 ;
Érétrie 7 ; Ambracie 7 ; Troezen 5 ; Naxos 4 ; Leucade 3 ; Hermione 3 ; Styra 2 ; Kythnos (ou Kithnos) 1 (1) ; Kéa 2 ; Mélos (2) ; Siphnos (1) ;
Sérifos ((1) ; Croton 1 – Total 371 ou 378.
Toutefois il faut préciser qu’Hérodote
ne dit pas que tous ces navires a combattu à Salamine.
Nous pouvons considérer qu’un nombre entre 350/370 trières est crédible, ce qui représente la presque quasi-totalité de la flotte alliée.
Selon le dramaturge Athénien Eschyle (ou Aiskhúlos, v.526- 456),
qui a effectivement combattu à Salamine, la flotte
Grecque comptait 310 trirèmes.
Ctésias de Cnide (Médecin
Grec
d’Artaxerxès II, historien de la Perse et de l’Inde, mort v.398)
affirme que la flotte Athénienne ne comptait que 110 trirèmes. Selon Hypéride
(ou Hypereídês, un des dix orateurs Attiques et un homme d’État Athénien,
389-322) elle ne comptait que 220 navires. La flotte était effectivement sous le commandement de
Thémistocle (ou Themistokles, en
Grec :
Θεμιστοκλῆς, homme d’État et Stratège
Athénien, v.525-v.460/459), mais nominalement dirigée par le
Eurybiade (ou Eurybiádês, en Grec :
Εύρυβιάδης, Général Spartiate),
comme cela avait été convenu au congrès de 481 av.J.C.
Bien que Thémistocle essaya de réclamer le leadership de la flotte,
les autres États s’y opposèrent, ainsi que Sparte qui n’avait pourtant pas de
tradition navale et normalement pas d’homme apte à commander une flotte.
Monument de la bataille de Salamine –
l’île de Salamine – Achilleas Vasileiou |
Les forces Perses :
Selon
Hérodote la flotte
Perse initialement possédait 1.207 trirèmes
et selon son estimation, ils perdirent environ un tiers de ces navires dans une tempête au large de la côte de Magnésie, 200 de plus dans une tempête
au large de la côte d’Eubée, et au moins 50 navires lors de l’action des alliés à
la bataille de l’Artémision en Août 480.
L’auteur affirme que ces pertes furent remplacées en totalité, mais ne mentionne que 120 navires
Grecs de
Thrace et des îles voisines en renfort.
Eschyle (ou Aiskhúlos) affirme également qu’il y avait 1.207 navires de guerre, dont 207 étaient des “navires rapides”.
Diodore de Sicile
(Historien et chroniqueur Grec,
v.90-v.30) et Lysias (Un des dix orateurs Attiques, v.445-v.380) affirment indépendamment, qu’il y avait 1.200 navires dans la flotte
Perse rassemblés à
Doriscos (Située aux débouchés des vallées fertiles de l’Hèbre [La Maritsa]) au printemps de 480 av.J.C.
Le nombre de 1.207 (Pour le départ seulement) est également donné par Éphore de Cymé (ou Ephorus ou Éphore de Cumes, historien
Grec, v.400-v.330), tandis que son professeur Isocrate (Un des dix orateurs Attiques, 436–338) prétend, qu’il y avait 1.300 à Doriscos et 1.200 à
Salamine.
Ctésias de Cnide donne encore un autre chiffre,
1.000 navires et Platon
(Philosophe Grec, 427-346), parlant en termes généraux se réfère à
1.000 navires et plus. Le nombre 1.207 apparut très tôt dans les dossiers historiques (vers 472), et les
Grecs semblent avoir véritablement cru qu’ils avaient en face
d’eux de nombreux navires. En raison de la cohérence dans les sources anciennes, certains historiens modernes sont enclins à accepter 1.207 comme la
taille de la flotte initiale Perse.
D’autres spécialistes rejettent ce nombre, qui pour eux est à considérer plus comme une référence à la flotte
Grecque combinée dans l’Iliade, et
généralement affirment que les Perses
n’auraient lancé pas plus de 600 navires de guerre en mer Egée, ce qui est déjà pas mal. Très peu semblent accepter qu’il y
eut ce grand nombre de navires à
Salamine. La plupart préfèrent compter entre 600 et 800 navires.
Ceci est également la fourchette donnée en calculant le nombre approximatif de navires
Perses
après l’Artémision (~ 550) plus les renforts (~ 120).
Les tactiques et stratégies :
La
stratégie Perse globale pour l’invasion de 480 était d’écraser les
Grecs avec une force massive et achever la conquête de la
Grèce en une seule campagne.
À l’inverse, les Grecs cherchèrent à faire le meilleur usage de
leur infériorité numérique pour défendre des endroits restreints et garder les
Perses le plus loin et aussi longtemps que possible. Le Roi Perse
Xerxès I (486-465) n’avait évidemment pas prévu une telle résistance,
car dans ce cas il serait arrivé plus tôt dans la saison de la campagne. La
bataille des Thermopyles avaient montré qu’un assaut frontal contre
une position Grecque bien défendue était inutile et il y avait
peu de chances de conquérir le reste de la Grèce par terre.
La solution était un débordement de l’isthme par la mer mais il nécessitait l’utilisation de la marine
Perse dans sa globalité, et donc la destruction de la marine alliée.
À l’inverse, selon Thémistocle (ou Themistokles, en
Grec :
Θεμιστοκλῆς, homme d’État et Stratège
Athénien,
v.525-v.460/459), en évitant la destruction, ou comme il l’espérait, en paralysant la flotte ennemie, les
Grecs pouvaient contrecarrer l’invasion.
En fin de compte, les deux parties étaient prêtes à tout miser sur une navale bataille, dans l’espoir de modifier de manière décisive le
cours de la guerre. Selon Hérodote (Historien
Grec, 484-v.425)
les Perses avaient un avantage tactique important
“de meilleures voile”. Par cette expression, on pense que l’auteur voulait sûrement parler d’un matelotage supérieur des équipages.
La plupart des vaisseaux Athéniens,
et donc la majorité de la flotte, avait été récemment construit à la demande de
Thémistocle et
avait des équipages inexpérimentés.
À cette époque, les tactiques de combats navals les plus courantes dans la région Méditerranéenne étaient d’éperonner l’ennemi. Les
trirèmes étaient équipées pour cela d’un bélier à l’avant. Les Perses
et les Grecs d’Asie commencèrent à utiliser à cette époque
une nouvelle manœuvre connue sous le nom de diekplous (En Grec :
διέκπλους navigation à travers).
Toutefois, cette manœuvre demandait des matelots bien entraînés et par conséquent était plus de la
compétence des Perses.
Les alliés développèrent spécifiquement des tactiques pour contrer cette manœuvre.
Hérodote précise que les navires alliés étaient plus lourds, et donc moins maniables,
ce qui devait les empêcher d’utiliser la technique du diekplous. La manœuvrabilité de leurs navires conditionna sans doute la tactique des
Grecs en leur imposant plutôt l’abordage pour s’emparer des navires ennemis.
L’auteur avance qu’ils cherchaient plus à capturer les navires
Perses plutôt qu’à les faire couler.
Pour les Grec, le seul espoir réaliste d’une victoire
décisive était d’attirer les Perses dans une zone rétrécie, où
leur supériorité numérique ne leur servirait à rien. La
bataille de l’Artémision (Août 480) avait confirmé cette tactique pour contrecarrer
l’avantage numérique des Perses,
et les alliés se rendirent compte qu’ils avaient besoin d’un canal encore plus resserré afin de les vaincre définitivement. Par conséquent, en naviguant
dans le détroit de Salamine pour attaquer les
Grecs, les
Perses jouaient
le jeu des alliés. Salamine fut donc, pour les
Perses, une bataille inutile et une erreur stratégique
comme l’avait prévu la Reine d’Halicarnasse,
Artémise I (ou Artemisia de
Carie, en
Grec :
Ἀρτεμῑσίᾱ,
en Persan : آرتمیس Anāhitā, v.480
à v.475), qui était le commandant d’une escadre de la flotte de
Xerxès I.
Le déroulement
Athènes ne possédant pas d’un système de défense assez puissant,
Thémistocle (ou Themistokles, en
Grec : Θεμιστοκλῆς, v.525-v.460/459) avait
décidé d’évacuer la population vers Égine, Trézène et Salamine.
La ville fut ainsi abandonnée à l’exception de quelques centaines d’hommes qui souhaitaient défendre l’Acropole et qui le
payèrent de leur vie. Les Perses
prirent la ville, puis l’Acropole et mirent à sac la cité. La flotte des
Athéniens était toujours intacte et le plan du Stratège était simple,
tenir l’Isthme de Corinthe et le golfe de
Salamine
en combattant dans la rade étroite.
Dessin de la bataille de Salamine – Peter Connnolly |
À la demande de
Thémistocle, la flotte s’installa alors entre le rivage de
l’Attique et l’île de Salamine, dans le long détroit de sept
kilomètres (Large d’un ou deux) qui la séparait de la terre ferme. Le choix de cet emplacement devait offrir l’avantage
d’annuler la supériorité numérique des Perses.
Thémistocle aurait tenu les propos suivants,
rapportés par Plutarque
(Philosophe, biographe et moraliste Grec, 46-v.125) :
"Vous ne parviendrez jamais à arrêter sur terre le flot de cette immense armée. Ce qu’il faut, c’est lui couper
les vivres en anéantissant sa flotte de transport.
Réduite à la famine, elle n’aura plus d’autre choix que de faire demi-tour. C’est votre seule chance de salut."
Pour les
Grecs il fallait aussi éviter un débarquement des
Perses à
Salamine où s’étaient réfugiés
un nombre important d’Athéniens,
protégés par un détachement d’hoplites commandés par Aristide
(ou Aristides ou Aristeidês, en
Grec :
‘Aριστείδης, 530-468, Homme d’État
Athénien, surnommé “le Juste").
La flotte des Grecs opérant cette manœuvre de retraite vers
Salamine, décida les dirigeants
Perses à lancer la moitié de la leur à leur
poursuite, mais de ce fait, ils furent entraînés aussi dans le détroit de
Salamine. L’escadre
Perse,
partit de Phalère et se déploya au Nord. Le plan Roi
Perse
Xerxès I (486-465) était d’exploiter sa grande supériorité
numérique et de manœuvrer par les ailes, pour encercler la flotte
Grecque et la détruire. Un corps de troupes d’élite,
débarqué dans l’île de Psyttalie, sur l’arrière des Grecs,
devait massacrer les fuyards et achever la victoire.
Le lendemain matin, 29 Septembre 480, la flotte
Athénienne avait le dos tourné à
l’île de Salamine et faisait
face navires Perses. Sur l’aile droite de la flotte
Perse, avaient pris place les
Phéniciens, des flottes de
Tyr et
Sidon, commandées par les
Généraux Mégabaze et Préxaspe. Sur l’aile gauche les
Ioniens
du Pont et de
Carie, dirigés par le Prince et demi-frère de
Xerxès I,
Ariabignès et la Reine d’Halicarnasse,
Artémise I (ou Artemisia de
Carie, en
Grec :
Ἀρτεμῑσίᾱ,
en Persan : آرتمیس Anāhitā, v.480 à v.475), qui était le commandant d’une escadre de la flotte du Roi
Perse.
Enfin au centre divers autres contingents de l’Empire dirigés par Achéménès, frère de
Xerxès I, qui commandait plus précisément les flottes de
Cilicie et de
Lycie.
La flotte
Grecque, avaient de placés au centre, dirigés par
Thémistocle les contingents de
Mégare,
Chalcis et des navires
Athéniens, sur son aile gauche 120 trières
Athéniennes
et sur l’aile droite dirigés par Eurybiade les
Spartiates, les
Corinthiens et les Éginètes (Habitants d’Égine). En
début de matinée, le chant du péan s’éleva :
"Allez, enfants des Grecs, délivrez la patrie. Délivrez les sanctuaires des Dieux de vos pères et les tombeaux de vos
aïeux. C’est la lutte suprême".
Sous les ordres de
Thémistocle, les
Athéniens commencèrent à encercler la flotte adverse. Les
Perses furent un instant surpris et d’après
Diodore de Sicile (Historien et chroniqueur
Grec, v.90-v.30) firent une fausse manœuvre
qui les désorganisa dès le début de cette bataille. Il écrivit ceci :
"Les navires Perses gardèrent leur rang tant qu’ils voguaient au large, mais en s’engageant dans le chenal ils furent
obligés de faire sortir de la ligne quelques-uns de leurs navires, ce qui entraîna une grande confusion.".
Ils voulurent reprendre l’offensive et foncèrent sur les
Grecs pour les acculer au rivage de
Salamine en esquissant leur
manœuvre d’enveloppement. Les navires
Grecs reculaient lentement pour prendre du champ. Quelques minutes
plus tard, quand la manœuvre fut terminée, les trompettes
Athéniennes retentirent et les trières, bien qu’inférieures
en nombre, foncèrent sur les navires Perses.
Paralysé par l’étroitesse du détroit et gêné par son nombre de navire, le front
Perse se disloqua.
Mort d’Ariabignès – William Rainey, (1852-1936) |
Sur l’aile droite Perse,
les Athéniens se jetèrent sur les
Phéniciens
et les cernèrent. Sur leur aile gauche, les Spartiates
et les Éginètes aux prises avec les Ioniens,
supérieurs en nombre, durent d’abord céder du terrain, mais les
Athéniens
vainqueurs vinrent à leur secours et emportèrent la victoire. La bousculade et la panique conduisirent les navires
Perses à présenter le flanc au lieu de la proue.
Les étraves en bronze dont étaient équipés les navires
Athéniens percèrent les coques des navires ennemis. Les
Perses qui réussirent à nager tant bien que
mal furent impitoyablement tués à coups de rames. De plus, alors que la bataille était déjà bien engagée, une brise marine se
leva, qui désavantagea nettement les bateaux
Perses, en particulier les Phéniciens,
ce qui acheva de semer le trouble dans les rangs
Perses.
À la fin de la journée, la bataille ayant duré environ douze heures, la moitié de la flotte
Perse avait été coulée, alors que les
Athéniens n’avaient perdu que 40 trières. Ariabignès,
demi-frère de Xerxès I, commandant en chef de la flotte
Perse, mourut dans le combat. Pour parachever
leur victoire, le soir venu, un détachement d’hoplites, sous
le commandement d’Aristide (ou Aristides ou Aristeidês, en
Grec :
‘Aριστείδης, 530-468, Homme d’État
Athénien, surnommé “le Juste"), s’infiltra dans l’île de Psyttalie et extermina jusqu’au dernier les soldats
Perses qui y avaient débarqués. Lors
de cette bataille, la Reine
Artémise I, se distingua par sa bravoure et son habileté. Bien qu’elle fut poursuivie par un vaisseau
Athénien, elle aurait repêché le corps d’Ariabignès et
l’aurait rapporté a Xerxès I.
Le Roi se serait alors écrié : "Mes hommes sont devenus des femmes, et mes femmes des hommes".
Des marins de Samos dont Théomestor et Phylacos,
le fils d’Histiée (Tyran de
Milet,
499-494), coulèrent des navires
Grecs et reçurent plus tard des récompenses de
Xerxès I.
Le restant de la flotte Perse incapable d’une
contre-attaque et démoralisée par ce désastre, se réfugia à Phalère, mais la situation après cette défaite ne fut pas pour autant
désespérée pour les Perses. La
Grèce centrale était toujours aux mains de
l’armée commandée par Mardonios (ou Mardonius ou Mardoniye, en
Grec : Μαρδόνιος,
† 479) et restait intacte. À ce moment l’attitude de
Xerxès I pose de nombreuses interrogations aux
historiens. Celui-ci laissa le commandement à Mardonios (ou Mardonius ou Mardoniye), abandonna ses troupes et retourna vers sa capitale
Suse.
Il laissa en
Grèce une importante armée,
Hérodote
(Historien Grec, v.484-v.425) donne le chiffre de 300.000 hommes qui hivernèrent en
Grèce continentale,
pour attaquer le Péloponnèse au printemps. À ce moment Mardonios (ou Mardonius ou Mardoniye) envahit de nouveau l’Attique, réoccupa
Athènes et s’installa en Béotie.
Une coalition des forces du Péloponnèse se créa au printemps 479 et fut dirigée par le
Général
Spartiate, Pausania (Neveu de
Léonidas I, † en 470 ou 467). 10.000
hoplites
Spartiates rejoignirent les
Athéniens à
Éleusis. Les
Grecs regroupèrent environ
110.000 soldats. Ils franchirent l’Isthme de Corinthe,
arrivèrent près d’Éleusis afin de passer en
Béotie. Mardonios (ou Mardonius ou Mardoniye) choisit un emplacement, au Sud de
Thèbes
près de Platées, qui devait favoriser sa cavalerie.
Ce fut à cet endroit que les deux armées se rencontrèrent (Voir le
bataille de Platées).
Les Grecs anéantirent l’armée
Perse.
Dans le même temps, en Août (ou Septembre) 479, les alliés achevèrent à la
bataille du cap Mycale, les restes de la flotte
Perse.
(Voir la
bataille du cap Mycale).
Cette victoire est traditionnellement considérée par les historiens comme la fin de la
Deuxième Guerre Médique et la libération de la
Grèce.
Bibliographie
Pour d’autres détails sur la bataille voir les ouvrages de :
Amir Mehdi Badi’ :
– Salamine et Platées, Payot, Lausanne, 1975.
Jean Baelen :
– L’an 480, Salamine, Société d’Édition Les Belles Lettres, Paris, 1961-1962.
Jean-Nicolas Corvisier :
– Guerre et société dans les mondes grecs (490-322 av.J.C), Armand Colin, Paris, 1999.
Laurent Joffrin :
– Les grandes batailles navales : De Salamine à Midway, Éditions du Seuil, Paris, 2005.
Éric Glatre :
– Salamine et les Guerres Médiques, Collection : Les grandes batailles de l’Histoire, Socomer, Paris, 1990.
William Watson Goodwin :
– The battle of Salamis, Éditeur inconnu, Londres, 1906.
Peter Green :
– Xerxes at Salamis, Praeger, New York, 1970.
– The year of Salamis, 480–479 BC, Weidenfeld and Nicolson, London, 1970.
– The Greco-Persian wars, University of California Press, Berkeley, 1996-1998.
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– The ancient history of the Near east from the earliest times to the battle of Salamis, Methuen, London, 1950.
Tom Holland :
– Persian fire : The first world empire and the battle for the West, Little, Brown, Londres, 2005.
Compton Mackenzie :
– Marathon and Salamis, Readers Union, Londres, 1941.
Jean Malye :
– La véritable histoire de la bataille de Salamine, Les Belles lettres, Paris, 2014.
Richard Bruce Nelson :
– The battle of Salamis, Luscombe, London, 1975.
Henri Pigaillem :
– Salamine et les Guerres Médiques, 480 av.J.C, Economica, Paris, 2004.
Cōnstantin N.Rados :
– La bataille de Salamine, Fontemoing, Paris, 1915.
Barry S.Strauss :
– The battle of Salamis : The naval encounter that saved Greece and Western civilization,
Simon & Schuster cop. New York, Londres, Toronto, 2004.
Herman Tammo Wallinga :
– Xerxes, Greek adventure : The naval perspective, E.J. Brill, Leiden, 2005.
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