Présentation
La bataille de Mantinée (ou Machē tēs Mantineias, en
Grec : Μάχη της
Μαντινείας), en Arcadie, eut lieu
fin Septembre 418 av.J.C., au cours de la
Guerre du Péloponnèse (431-404)
dont elle fut l’un des épisodes cruciaux. Ce fut une confrontation entre
Athènes et ses alliées :
Argos, Mantinée,
Élis (Capitale d’Élide), contre Sparte et la
Ligue du Péloponnèse et vit la
victoire de ces derniers. Elle fut une des plus grandes batailles du monde
Grec antique, seule la
bataille de Platées
aligna des effectifs plus importants au Ve siècle av.J.C. Les principales informations sur la bataille nous viennent de
Thucydide (ou Thucydides, en
Grec : Θουκυδίδης,
homme politique et historien Athénien,
484-v.425), extraites du livre 5 de l’Histoire de la Guerre du Péloponnèse,
Il y décrit notamment la disposition des troupes juste avant l’affrontement des deux armées.
Le contexte
La
Guerre du Péloponnèse, commença en 431 et opposa
Sparte et la
Ligue du Péloponnèse, à
Argos,
Athènes, Mantinée et Élis
(Capitale d’Élide).
Cette bataille intervint après la rupture de la paix de Nicias conclue en 421, alors que les deux puissances étaient considérablement
affaiblies par leurs conflits, dont le dernier, la bataille d’Amphipolis
qui avait déjà vu la victoire de Sparte.
Athènes menait une politique impérialiste et étendit son influence dans le
Péloponnèse, fief de sa rivale Sparte, en particulier sur
Argos, afin de fixer
Sparte dans la péninsule et de libérer la partie Nord de l’Égée
de toute menace. En 419, les trois cités Péloponnésiennes : Argos,
Mantinée et Élis, conclurent une alliance défensive avec
Athènes, créant un barrage à tous les mouvements Lacédémoniens vers l’Attique.
Argos se dota d’un gouvernement démocratique et chercha à étendre son influence.
En 418, après la coalition de ces quatre cités, elles
décidèrent l’invasion d’Épidaure (En Argolide). L’armée Argienne prit en Arcadie,
Orchomène (Cité-État près de Mantinée) et menaça Tégée, alliée de Sparte.
Les Spartiates furent obligés de lever une armée et de marcher contre elles,
craignant une alliance avec Corinthe.
Cette armée, fut selon Thucydide (ou Thucydides, en
Grec : Θουκυδίδης,
homme politique et historien Athénien,
484-v.425), la meilleure armée jamais réunie en Grèce à ce moment-là.
Vers la fin Août 418, l’armée Lacédémoniens fut mobilisée et placée sous le commandement d’un de leur Roi
Agis II (En
Grec : Aγις Β’, 426 à 398) et marcha
vers Mantinée pour affronter Argos.
Dans les faits, Athènes et
Sparte étaient toujours sous le coup d’une une alliance défensive,
mais les nouvelles alliances de ces cités avec d’autres rendirent caduque ces premiers accord.
Sparte lança sa première campagne contre la cité
Argienne, mais cette action impliqua automatiquement
Athènes qui venait de passer des accords avec cette dernières.
Cependant, alors que les Spartiates dominaient
largement et étaient sur le point de donner un coup décisif à Argos,
Agis II conclut
cette première campagne par une trêve avec eux, sans expliquer ses actions à l’armée ou à ses alliés et
décida de rentrer chez lui.
Cette décision fut extrêmement impopulaire parmi les troupes et les alliés.
Agis II fut jugé et condamné à une amende de 10.000 drachmes
et sa maison fut presque détruit, mais il promit de se racheter par une victoire future pour garder son poste.
Les tactiques et forces
On peut considérer que la bataille se déroula sur deux jours.
Car en réalité, les Lacédémoniens avaient rencontré le jour précédant les
Argiens pour finalement rebrousser chemin.
Thucydide (ou Thucydides, en
Grec : Θουκυδίδης,
homme politique et historien Athénien,
484-v.425), nous explique les choix faits par les différentes armées qui menèrent à la disposition telle qu’il nous la décrit.
La tactique et les forces Spartiates :
Le Roi de Sparte,
Agis II (En
Grec : Aγις
Β’, 426 à 398) réunit pour cette bataille tous les effectifs disponibles. Dans un premier temps, les Lacédémoniens furent inquiets car ils étaient
inférieurs en nombre d’hoplites par rapport aux alliés.
Cependant la défection de la cité d’Élis inversa le rapport de force.
Agis II installa son camp de base près du sanctuaire d’Héraclès,
au Sud du champ de bataille dans la plaine de Mantinée. Il prit conscience que la cité d’Élis allait revenir sur sa position et il pressa le mouvement
à avancer vers les Argiens.
Ces derniers étaient installés, en position de force, sur un terrain accidenté difficile d’accès pour les troupes
Spartiates.
Agis II fit avancer sa phalange à une portée de javelot de la phalange
adverse, mais revint sur sa décision et lui commanda de se replier. Pour déloger les
Argiens ses conseillers lui proposèrent de revenir au Sud vers Tégée,
de détourner le cours d’une rivière pour inonder la plaine de Mantinée afin de déloger les Mantinéens et leurs alliés de leur poste imprenable.
Les Lacédémoniens alignèrent environ 9.700 hommes :
3.500 hoplites
Spartiates, Tégéates, Ménaliens, Arcadiens d’Héraia ; 600 Skirites (ou Skiritai, en
Grec :
Σκιρῖται) qui était un peuple appartenant à l’État Lacédémonien, de statut comparable à
celui des Périèques ; 2.000 Néodamodes
(ou Neodamốdeis, en Grec :
νεοδαμώδεις) qui étaient des
Hilotes affranchis à la suite de leur service comme
hoplites dans l’armée Lacédémonienne ; 3.000 alliés Tégéens et 600 cavaliers disposés sur les ailes.
Les 9700 hommes s’étalent sur 1.100 mètres de longueur.
La tactique et les forces Argiennes :
L’avantage de la coalition
Argienne était la maîtrise du terrain.
L’armée Argienne se rangea en ordre de bataille et s’installa sur un point
fort difficile d’accès pour l’armée adverse, le terrain étant accidenté et défavorable à la phalange Lacédémonienne.
Puis, après le retrait des Spartiates au Sud vers Tégée, l’armée fut mise en branle et disposée en position offensive sans attendre les renforts.
Le choix supposé fait par les stratèges fut que l’aile droite déborderait l’aile gauche adverse puis vienne prendre à revers le centre Lacédémonien.
Généralement, les armées plaçaient sur l’aile droite les meilleurs éléments mais on constate qu’ici ce fut le centre qui fut renforcé.
La cavalerie semble avoir joué un rôle secondaire lors de cette bataille.
Les forces alliées alignèrent environ 8.000 hommes (on trouve aussi 11.000) : 3.000
Argiens (on trouve aussi 7.000) ; 1.000
Athéniens d’infanterie lourde ; 2.000 Mantinéens ; 1000 mercenaires Arcadiens ; 1000
hommes d’autres unités d’infanterie et de cavalerie alliée (Cléonais, Ornais).
Le déroulement
Sur la fin de l’été 418, après la coalition des quatre cités
Athènes,
Argos, Mantinée, Élis
(Capitale d’Élide), celles-ci décidèrent l’invasion d’Épidaure (En Argolide).
L’armée Argienne prit en Arcadie,
Orchomène (Cité-État près de Mantinée) et menaça Tégée, alliée de Sparte,
où une faction de la cité était prête à changer de camp et à rejoindre l’alliance. Tégée était un endroit très important, car il contrôlait la sortie de
la Laconie. Le contrôle par l’ennemi de cette ville signifiait que les
Spartiates seraient incapables de se déplacer hors de leur ville d’origine et aurait
pour effet de signer la disparition de la Ligue du Péloponnèse.
Le Roi de Sparte,
Agis II (En
Grec : Aγις Β’, 426 à 398) réunit l’ensemble de l’armée
Spartiate en mesure de se battre et se dirigea vers Tégée
où il fut rejoint par ses alliés d’Arcadie. Il demanda également de l’aide de ses alliés du Nord,
Corinthe, Béotie, Phocide et Locride.
Cependant, l’armée du Nord ne pouvait pas arriver rapidement sur les lieux, car elle devait passer à travers le territoire ennemi
(Argos et
Orchomène d’Arcadie).
Dans l’intervalle, les Élidiens (ou Éléens) décidèrent d’attaquer Lépréon (ou Lepreum) qui
était une cité de Triphylie située près d’Élis. Lépréon était une ville
frontalière contestée avec Sparte, ce qui
obligea ces derniers à retirer de leur contingent de 3.000 hoplites pour contrecarrer l’attaque.
Agis II en profita et envoya un sixième de son armée,
avec les hoplites les plus anciens et les plus jeunes pour garder
Sparte.
Mais ils furent rappelés peu de temps après,
lorsqu’Agis II sur l’avis de ses conseillers (ou Xymbouloi)
se rendit compte que les Élidiens (ou Éléens) serait bientôt de retour aux côté des
Argiens. Le Roi aurait pu attendre tranquillement à l’intérieur des murs de Tégée
que ses alliés du Nord arrivent. Cependant, il avait déjà été discrédité une fois et ne pouvait plus montrer le moindre signe de faiblesse à la bataille.
Ainsi, il envahit et ravagea le territoire autour de Mantinée, au Nord de Tégée, afin de forcer une bataille rangée avec les
Argiens et leurs alliés.
Probablement à la fin de Septembre 418, l’armée de ces derniers, cependant, cantonna sur un terrain accidenté et défavorable à la phalange Lacédémonienne.
Agis II voulant une victoire rapide pour se racheter de son embarras à
Argos, fit avancer sa phalange à une portée de javelot de la phalange adverse.
Mais, selon Thucydide (ou Thucydides, en
Grec : Θουκυδίδης,
homme politique et historien Athénien,
484-v.425), un conseillers (ou Xymbouloi) nommé Pharacidas (ou Pharax) parvint in-extrémis à le convaincre qu’il courait à sa perte s’il lançait
l’assaut et sa phalange se replia. Le Roi chercha alors un moyen de déloger les Argiens.
Les conseillers Lacédémoniens lui proposèrent de revenir au Sud vers Tégée, de détourner le cours d’une rivière pour inonder la plaine de Mantinée
afin de déloger les Mantinéens et leurs alliés de leur poste imprenable.
Avant de laisser la plaine s’inonder, l’armée Argienne
fut mise en branle et adopta une position de combat.
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Agis II et les siens
remontèrent au Nord, pour en découdre avec leurs adversaires, mais ils furent surpris que l’ennemi se soit déplacé plus rapidement qu’ils ne l’avaient
anticipés et par la position offensive choisies par la coalition.
Ne disposant que d’une unité de cavalerie, les Argiens s’étaient disposés à gauche
aux côtés de la phalange Athénienne.
Au centre se trouvaient les hoplites de Cléonais
et d’Ornai, puis des hoplites
Argiens et enfin sur l’aile droite les Mantinéens (Déterminés car ils défendent
leurs terres).
Le choix fait par les Stratèges était que l’aile droite déborda l’aile gauche adverse puis vienne prendre à revers le centre Lacédémonien.
Les Spartiates se réorganisèrent rapidement, sans attendre leurs autres
alliés. Agis II essaya de renforcer ses lignes et
ordonna aux 600 Skirites (ou Skiritai) et aux Thraces d’élargir le front.
Il demanda également aux deux autres contingents (ou lochoi) suivant de combler la faille entre les
Thraces et la division (ou mora)
Spartiate.
Ce que refusèrent les deux Généraux (ou Polémarques) Aristoclès et Hipponoïdas qui ne voulaient pas quitter leurs positions au centre.
Toutefois ils eurent de grandes difficultés à tenir cette position et contrecarrer les manœuvres
des Argiens. Ceux-ci mirent alors les
Thraces et Skirites en déroute et les
poursuivirent au lieu de prendre à revers les Lacédémoniens.
Donald Kagan donne du crédit aux deux Généraux pour avoir désobéi aux ordres qui auraient probablement fait perdre la bataille aux
Spartiates.
Dans le même temps, les 3.000 Tégéens et l’armée
Spartiate régulière écrasèrent les Athéniens et les Arcadiens qui
formaient la partie gauche de l’armée d’Argos.
La plupart d’entre eux ne put même pas se battre et s’enfuit lorsque les
Spartiates approchèrent. Certains furent même piétinés dans leur hâte de partir avant que l’ennemi n’arrive. Ensuite,
le centre Argien fut mis lui aussi en déroute
ce qui déstabilisa le front et permit aux Spartiates de prendre à
revers les Argiens pour venir en aide aux Skirites (ou Skiritai).
Les Athéniens prirent alors la fuite couverts par leurs cavaliers et
les Mantinéens furent décimés.
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L’unité du commandement Lacédémonien, quoique défaillante lors du refus des deux Généraux,
prit le dessus sur l’hétérogénéité des troupes de la coalition Argienne.
La faible motivation des Athéniens et l’individualisme de chaque cité fit
qu’il y eut comme le dit Jean Pierre Vernant, “des combats dans le combat” où chaque contingent mena sa propre action et que les Lacédémoniens
purent prendre le dessus. Les
Spartiates ne poursuivirent pas l’ennemi longtemps après que la bataille fut gagnée. Ils envoyèrent une ambassade à
Argos et les
Argiens acceptèrent des termes de paix où ils
renonçaient à Orchomène d’Arcadie, rendaient leurs otages et prisonniers et expulsaient les
Athéniens d’Épidaure. Ils renonçaient également à leur alliance avec Élis et
Athènes.
Après cette lutte acharnée, où le clan Argien perdit
environ 1.100 hommes (700 Argiens et Arcadiens, 200
Athéniens et 200 Mantinéens) et les
Spartiates environ 300,
ces derniers retrouvèrent leur influence sur le Péloponnèse par le renversement des alliances dû à la victoire.
Thucydide considère cette bataille comme l’une des plus
importantes que purent se livrer les Grecs.
En effet, à partir de Mantinée, le nombre d’hommes mobilisés ne cessera de croître.
En termes plus généraux, la bataille fut un coup de pouce considérable pour le moral et le prestige des Lacédémoniens, puisque,
après le désastre de la bataille de Pylos ils avaient été considérés comme lâche et
incompétent dans la bataille. Leur succès à Mantinée marqua un renversement de la tendance et les
Grecs, à nouveau, reconnurent la quasi-invincibilité des
hoplites
Spartiates.
Bibliographie
Pour d’autres détails sur la bataille voir les ouvrages de :
Peter Connolly :
– Greece and Rome at war, Frontline Books, Havertown, 2012.
Jean-Nicolas Corvisier :
– Guerre et société dans les mondes grecs (490-322 av.J.C), Armand Colin, Paris, 1999.
Nic Fields :
– The Spartan way, Pen and Sword, Havertown, 2013.
Hans Rupprecht Goette :
– Athens, Attica, and the Megarid : An archaeological guide, Routledge, London, New York, 2001.
Victor Davis Hanson :
– A war like no other : How the Athenians and Spartans fought the Peloponnesian war, Random House, New York, 2005.
Donald Kagan :
– The outbreak of the Peloponnesian war, Cornell University Press, New York, 1994.
– The Peloponnesian war, Penguin Books, Viking, New York, 2003-2004.
Fred Eugene Ray :
– Land battles in 5th century B.C. Greece : A history and analysis of 173 engagements, McFarland, Jefferson, 2009 – 2011.
Denis Roussel :
– La guerre du Péloponnèse, Le Livre de poche, Paris, 1964, 1966.
Jesse Russell :
– Battle of mantinea, Book On Demand Ltd, 2013.
Jean-Pierre Vernant :
– Problèmes de la guerre en Grèce ancienne, Mouton & Co., La Haye, 1968-1969.
Rex Warner :
– History of the Peloponnesian war of Thucydides, Penguin Books, Harmondsworth, Baltimore, 1972.
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