PERIODE  THINITE
 
v.3150  ou  v.3080  ou  v.3050   à  2687  ou 2667  ou  2647
 

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Tête de Narmer

   On appel Thinite, la période couverte par les deux premières dynasties, elle est ainsi désignée parce que Manéthon leur assigne Thinis, près d’Abydos en Haute-Égypte, comme lieu d’origine. Nous ne savons presque rien des événements politiques qui traversent le règne des Rois de la période, si ce n’est que les successions ne se faisaient pas sans problèmes. Selon la coutume, le premier (humain) Roi à avoir régné sur la totalité de l’Égypte était un nommé Narmer (ou Ménès). Il est considéré comme le premier Roi de la Ière dynastie (v.3040-2828) et la tradition lui a attribué l’unification des Haute et Basse-Égypte. Archéologiquement rien ne vient certifier ce fait, de plus l’identification de ce Narmer/Ménès est très problématique. Dans la liste Royale du Papyrus de Turin et celle de Manéthon, ce Narmer/Ménès suit une longue liste de Dieux et demi-Dieux. La première rangée sur la Pierre de Palerme contiendrait les noms des Rois qui ont régné prétendument sur l’Égypte avant lui.
 
   Notre connaissance de cette partie de l’histoire Égyptienne pourrait évoluer grâce à de récentes découvertes. Il semble que de puissants “Gouverneurs” résidants en Moyenne et Haute-Égypte aient prolongé leur influence (Sinon leur royaume), aux régions de Basse-Égypte. Cette information peut correspondre aux règnes mythiques des Dieux Rois du Papyrus de Turin et aux noms énumérés dans la première rangée de la Pierre de Palerme. Il conviendrait alors de mettre une hypothétique dynastie “0” dans cette période, mais il n’est pas certain que ces Rois aient appartenu réellement à la même famille régnante et dans quelle mesure ils ont régné ?. Le débat est loin d’être clos.        


 

Une stèle au nom
d’Horus Djet
trouvée au cimetière
d’Oumm el-Qaab –
Musée du Louvre

 
   Une Reine, Merneith (v.2914-v.2900), semble avoir exercée une régence ou un règne ?, au milieu de la Ière dynastie. La tendance aujourd’hui est plus sur un règne. Avec celui d’Adjib (2867-2861) on assiste à des réajustements politiques. Ce sont probablement ces réajustements, qui vont provoquer l’émergence d’une nouvelle dynastie, la IIe dynastie – 2828-2647. D’après quelques égyptologues le changement s’est fait dans la violence puisque les tombes des Rois de la Ière dynastie furent pillées.
 
   Selon Peter Kaplony la IIe dynastie pourrait être originaire du Delta oriental et plusieurs preuves soutiennes cette opinion. La liste des Rois de cette dynastie n’est en aucun cas exhaustive, car il n’est pas exclu qu’un souverain ait été enregistré sous deux noms différents. Plus encore, des déchirements provoquèrent la séparation du pays en deux royaumes. Il est probable qu’une lignée de Roi régnait au Nord, à Memphis, quand une autre avait au Sud Abydos pour capitale.   
 
   Le Roi Khâsekhemoui va mettre fin à ces dissensions en triomphant d’une révolte de la Basse-Égypte et va unifier l’État. Au-delà de ces querelles, l’Egypte des deux premières dynasties est un état fortement organisé autour de la personne du Roi. Une administration centrale se met en place grâce à l’écriture dont l’usage s’est répandu. Elle a évolué de quelques signes simples principalement employés pour noter des quantités de substances et leur provenance, à un système complexe de plusieurs centaines de signes avec des valeurs phonétiques et idéographiques. Les terres sont mises en valeur par l’irrigation et le drainage. La collecte, l’élaboration et la gestion des biens de consommation sont assurées par différentes institutions (ou ministères) : Administration des greniers, trésor, domaines royaux producteurs de vin ou d’huile. L’armée doit s’employer à maintenir la sécurité des frontières contre les incursions ou les raids des Libyens, des Asiatiques nomades ou des peuplades Nubiennes.
 


 

Khâsekhemoui –
Musée égyptien du Caire

   Un autre changement très important, qui marque le début de la période dynastique, est l’augmentation de l’urbanisation. Les habitants des petits villages dans tout le pays ont abandonné leurs maisons. Ils se sont regroupés en de plus grandes communautés créant ainsi les premières cités qui ne cesseront de croître par l’afflux de population. Plusieurs facteurs sont intervenus qui peuvent expliquer ce changement :

Une modification naturelle de l’environnement, voire climatique. Cela a apparemment été le cas à Hiérakonpolis, une des villes les plus importantes de la période Pré dynastique.
Le besoin de sécurité a pu jouer un rôle, la population recherchant la protection se sentait en sûreté derrière des murs de fortification.
Ce regroupement apportait et facilitait la gestion centralisée de la population par l’état. Quelques relocalisations ont pu ainsi avoir été faites contraintes et forcées par le Roi. D’ailleurs le processus d’urbanisation semble avoir commencé plutôt dans les sociétés avec une structure hiérarchique forte.
Des changements démographiques, tels qu’une forte croissance de population, ont pu avoir fait fusionner des petits clans en une plus grande communauté.
La société évoluait au delà de ses seuls besoins agricoles et artisans spécialisés et commerçants voyant le jour, l’élite régnante a eu l’utilité de ces personnes, que ce soit pour ses propres besoins ou pour contrôler leur travail.

 
   Avec cette période le canon artistique Égyptien antique a changé de forme pour des représentions tridimensionnelles. Les artisans ont amélioré leurs arts et ont expérimenté l’utilisation de matériaux plus durables. Ainsi, des structures établies en brique, bois et roseaux furent copiées et reconstruites en pierre, donnant naissance à l’architecture Égyptienne antique typique. La plupart des dispositifs développés pendant cette période resteront en service jusqu’à la période Gréco-romaine, plus de 3000 ans après. L’époque Thinite à donc mis en place la plupart des éléments caractéristiques de toute l’époque pharaonique.

 

   Il est à noter que dans la plupart des livres traitant de l’histoire de l’Égypte antique, cette période, dite Thinite ne comprend que les deux premières dynasties. Ceci est basé sur le fait que les premières pyramides furent construites lors de la IIIe dynastie et que l’Ancien Empire est considéré comme “l’âge des pyramides”. Ce qui inclus donc d’office la IIIe dynastie dans cette dernière période. Ceci dit, de plus en plus de spécialistes avancent un avis différent. Ils précisent qu’il faudrait inclure la IIIe dynastie dans la période Thinite, ce qui impliquerait de changer le nom puisque la IIIe dynastie est Memphite. Ils étayent leur jugement par trois faits importants :
Les pyramides construites pendant la IIIe dynastie étaient, architecturalement parlant, des pyramides dites "à degrés" et non pas les vraies pyramides qui furent construites dès le début de la IVe dynastie. Les complexes funéraires et les pyramides des Rois : Djoser (ou Netjerikhet, 2628-2609), ou Djoser-Téti (ou Sekhemkhet, 2609-2603), tous deux à Saqqarah, sont très différents des complexes funéraires de la IVe dynastie. En tant que tel, ces monuments de la IIIe dynastie peuvent encore être considérés comme une étape et la continuité de ceux des dynasties précédentes.
 
Les Rois pendant la IIIe dynastie étaient connus principalement par leur Nom d’Horus, mais à partir de la IVe dynastie, le Nom de Roi (ou Nisout-Bity ou Prenomen), remplacera le Nom d’Horus sur la plupart des inscriptions importantes et plus tard le Nom de naissance (ou Sa-Ra ou Nomen), deviendra un des titres les plus importants. Ceci peut indiquer que pendant les trois premières dynasties, le Roi était une incarnation vivante du Dieu Horus, tandis qu’à partir de la IVe dynastie, il est considéré comme le fils du Dieu solaire .
 
Ils précisent enfin que la liste Royale du Papyrus de Turin énumère simplement les Rois des cinq premières dynasties, sans davantage de classification. Ceci peut signifier que lors de sa composition, les cinq premières dynasties étaient vues comme un ensemble. Notre division de cette chronologie en : Période Thinite et Ancien Empire, ne correspond donc pas aux vues des quelques chroniqueurs Égyptiens de l’antiquité. S’appuyant sur ces faits (À leur avis) la IIIe dynastie a joué un rôle de pivot en consolidant l’évolution politique, religieuse et culturelle qui avait commencé des siècles avant. Nous avons gardé la classification traditionnelle, mais une fois encore les dates de règne sont très approximatives, nous sommes sur des écarts d’appréciation d’un siècle !! entres différents égyptologues. 

 

Voir Article sur :  L’art à la période Thinite.

 

Liste des Rois de la Ière dynastie

 

Horus Narmer
Horus Aha
Horus Djer
Horus Djet
Merneith  (Reine)
Horus Den
Horus Adjib  ou  Anedjib
Horus Sémerkhet
Horus Qa’a
v.3040-v.2995
v.2994-2974
2974-2927
2927-2914
v.2914-v.2900
2914-2867
2867-2861
2861-2853
2853-2828

Généalogie
de la Dynastie
Deux autres souverains sont donnés par quelques spécialistes après Horus Qa’a :
Horus Sa "Oiseau"
Seneferka  ou  Sneferka

 

Liste des Rois de la IIe dynastie

 

Hotepsekhemoui
Nebrê  ou  Rêneb
Ninetjer
Ouneg  ou Oueneg ou Ouadjenès
Sénedj
Seneferka  ou Sneferka
2828-2800
2799-2788
2787-2743
2742-2735
2735-2724
      –
Suite des Rois par rapport aux listes et textes (Nord)
Néferkarê  ou  Aaka
Néferkasokar
Houdjefa I



Suite des Rois par rapport aux inscription des monuments (Sud)
Péribsen/Sekhemib
Horus Ba
Khâsekhemoui  ou  Khâsekhem
2694/92-2674
      –
2674-2647

 

Bibliographie

 
   Pour d’autres détails sur la période voir les ouvrages de :
 
James Baikie :
A history of Egypt from the earliest times to the end of the XVIIIth dynasty, The Macmillan company, London, 1929 – A. & C. Black, New York, 1929
Kathryn A.Bard :
Introduction to the archaeology of ancient Egypt, Blackwell Pub., Malden, 2007.
James Henry Breasted :
Ancient records of Egypt : Historical documents from the earliest times to the Persian conquest, Vol.1, The first to the seventeenth dynasties, C. Scribner’s Sons 1905 – The University of Chicago press, Chicago, 1906, 1907 et (posthume) 1962 – Simon Publications, Décembre 1937 – University of Illinois Press, Mai 2001.
Nicolas Grimal :
Histoire de l’Égypte ancienne, Fayard, Paris, Novembre 1988 et 1997, LGF, Livre de Poche, Janvier 1994 – En Anglais, A History of Ancient Egypt, Blackwell Books, Oxford, 1992.
Hans Wolfgang Helck :
Geschichte des Alten Ägypten, Brill, Leiden 1968 et 1981.
Hermann Alexander Schlögl :
Das Alte Ägypten. Geschichte und Kultur von der Frühzeit bis zu Kleopatra, Verlag C.H.Beck, München, 2006.
Thomas Schneider :
Lexikon der Pharaonen, Artemis, Zuürich, 1994 – Avec Arne Eggebrecht, Deutscher Taschenbuch, München, 1996 – Artemis & Winkler, Düsseldorf, 1997 – Albatros, Düsseldorf, 2002.
Jean Vercoutter :
L’Egypte et la Vallée du Nil. Tome 1, Des origines à la fin de l’Ancien empire, 12000-2000 av. J.-C., Collection, Nouvelle Clio, PUF, Paris, Janvier 1992.
Jürgen Von Beckerath :
Handbuch der ägyptischen königsnamen, MÄS 20, Deutscher Kunstverlag, München, Janvier 1984 – MÄS 49, Philipp von Zabern Mainz, Janvier 1999.
Chronologic des pharaonischen Ägypten : Die zeitbestimmung der ägyptischen geschichte von der Vorzeit bis 332 v. Chr., Münchener Universitäts schriften, MÄS 46, Philipp von Zabern, Mainz, Janvier 1997.

 

 
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