Les  cités  de  Chypre  :
Kourion – Tamassos
 

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Sommaire

 
Localisation et généralités
L’histoire
L’archéologie
Les monuments
Bibliographie

Kourion


 
Vue du théâtre
Photo avant retouches : wikipedia.org

 

 

Localisation  et  généralités

 
   Kourion (ou Curias ou Ku-ri-i ou Kurion ou Kaloriziki, en Grec : Κούριον, en Latin : Curium) fut une riche cité-État antique de Chypre. Elle fut peuplée de l’Antiquité jusqu’au début du Moyen Âge. Elle était située sur la côte Sud de l’île, à l’Ouest de la rivière Lycus (aujourd’hui Kouris), non loin d’Amathonte.
 
   Kourion était une ville d’une importance considérable au sein de Chypre. Elle est répertoriée par de nombreux auteurs antiques dont : Claude Ptolémée (ou Claúdios Ptolemaîos ou Claudius Ptolemaeus ou Ptolémaïs de Thébaïde, astronome et astrologue Grec, v.90-v.68), Étienne de Byzance (ou Stéphanos Byzántios ou Stephanus de Byzance, écrivain Byzantin du VIe siècle ap.J.C) et Pline l’Ancien (ou Caius Plinius Secundus, écrivain et naturaliste Romain, 23-79). Les vestiges les plus significatifs sur l’acropole sont datés des époques Hellénistique et Byzantine.


 

Vue d’une partie du site de Kourion

 
L’histoire

 
   La plus ancienne occupation du site se trouve dans la vallée du Lycus (ou Kouris). On y a mis au jour de la céramique datant du néolithique (4500-3800) dans le village perché de Sotira-Teppes, situé à 9 km. au Nord-ouest de Kourion. Une autre occupation des lieux, avec des céramiques de la même période, est attestée à Kandou-Koupovounos, une colline sur la rive Est de la rivière Lycus (ou Kouris). Lors de la période chalcolithique (3800-2300) l’occupation s’est déplacée vers le site d’Erimi-Pamboules, situé dans le village d’Erimi. Erimi-Pamboules fut occupé, d’après les céramiques, durant la période 3400 à 2800. Durant la période Chypriote précoce (2300-1900) le peuplement est continu, avec l’occupation du site le long de la vallée de la rivière Lycus (ou Kouris). Sotira-Kaminoudhia, située au Nord-ouest de Sotira-Teppes, sur la pente inférieure de la colline, est une occupation qui date de la fin du chalcolithique CE I (v.2400-v.2175).
 
   Au cours de la période ECIII-LC IA (v.2400-v.1550) une occupation est attestée à 0,8 km. à l’Est d’Episkopi à Episkopi-Phaneromeni, à une hauteur d’environ 120 m. au-dessus du niveau de la mer. Le moyen-chypriote (v.1900-v.1600) fut une période de transition dans la vallée du Lycus (ou Kouris), au cours de laquelle des centres urbains sophistiqués virent le jour. À la fin des périodes Chypriotes I-III (v.1600-v.1050) les colonies de la période précédente connurent un grand développement de leur centre urbain, dans la vallée du Lycus (ou Kouris), ce qui constitua un couloir pour le commerce du cuivre, contrôlé par Alassa et Episkopi-Bamboula. Episkopi-Bamboula, située sur une colline basse, 0,4 km. à l’Ouest du Lycus (ou Kouris) et à l’Est de Episkopi, était un centre urbain influent de la période LC IA-LCIII. La ville prospéra dans le XIIIe siècle av.J.C avant d’être abandonné vers 1050.
 

 

   Le plus ancien cimetière de cette dernière période contenait des jarres-sépultures d’enfants, des urnes Cananéennes, indication claire de la présence Phénicienne déjà dès le XIe siècle. Des jarres similaires ont été mises au jour dans les cimetières à Kouklia (ou Palaepaphos). L’historien de la Grèce antique, Hérodote (484-v.425) affirme que la ville de Kourion fut fondée par des colons Achéens d’Argos. Des vestiges de la ville, dont de la poterie, indiquent que des colons Mycéniens se sont mêlés à une population existante dans cette partie de l’île dès le XIIe siècle av.J.C. Un royaume de Kourion est enregistré sur une inscription datant de la période du Pharaon Ramsès III (1184-1153). Dans le Chypro-géométrique (v.1050-v.750), le royaume prit de l’ampleur.
 


 

Le sanctuaire d’Apollon

   Dans la période Chypro-archaïque ou époque archaïque (v.750-v.475), le royaume de Kourion fut parmi les royaumes les plus influents de e Chypre. Cette période fut marquée par la richesse et la puissance commerciale des royaumes Chypriotes. Eugen Oberhummer nous dit que la ville sous son Roi Damasos, est identifiée comme un des dix royaumes de l’île énumérés sur le prisme du Roi d’Assyrie d’Assarhaddon (ou Esarhaddon ou Asarhaddon, 681-669) en 673/2, qui lui rendaient hommage.
 
   On ne sait pas grand-chose de l’histoire de la période archaïque, si ce n’est que l’île et ses royaumes devinrent une plaque tournante du commerce dans toute la Méditerranée et le lieu de rencontre des civilisations environnantes. Selon Hérodote (Historien Grec, 484-v.425), après avoir été vassalisés par l’Empire Assyrien, les royaumes Chypriotes connurent une phase de contrôle des Égyptiens de v.570-v.545. À cette époque la circulation d’hommes, d’idées et d’objets influença considérablement les artisans et les artistes de Kourion.
 
   Vers 545 le Roi Perse Cyrus II (559-529) prit le contrôle des royaumes Chypriotes, dont celui de Kourion. On ne connaît pas le rôle direct joué éventuellement par la ville dans ces événements. Juste qu’elle garda de fortes sympathies pour les Phéniciens, alliés aux Perses, car en 499 et 498 av.J.C., lorsque les Grecs d’Ionie se révoltèrent contre la tutelle Perse, Kourion comme Cition et Amathonte, resta fidèle aux Perses, et refusa d’adhérer à la Ligue qu’Onésilos de Salamine (Frère du Roi de Salamine Gorgos, qu’il détrôna parce qu’il ne voulait pas se battre pour l’indépendance et se rallia aux Ioniens) mit en place pour soutenir les Ioniens.
 
   Il faut souligner toutefois qu’au début, le Roi de Kourion Stasanor (ou Stesenor) se rangea du côté d’Onésilos, mais en 497 il le trahit dans la bataille contre le Général Perse Artybius, résultant une victoire Perse sur les cités-États Chypriotes et la consolidation du contrôle Perse sur l’île. Durant la période 475-333 la première occupation de l’Acropole fut créée.

 

 
   Après de longs efforts soutenus pour renverser la domination Perse qui s’avérèrent infructueux, Chypre et ses Cités-États restèrent un vassal de l’Empire Perse jusqu’à la défaite de celle-ci devant le Roi de Macédoine Alexandre le Grand (336-323). Les différents royaumes de l’île devinrent alors des alliés d’Alexandre après ses campagnes victorieuses, au Granique (334), à Issos (333) et sur les côtes d’Asie Mineure, de Syrie et Phénicie, où se trouvaient des bases navales Perses. Elles mirent à la disposition de la flotte d’Alexandre les navires autrefois au service de la Perse. Il y avait une communauté d’intérêts : Alexandre augmentait la capacité de sa flotte, et les Rois Chypriotes obtenaient une certaine indépendance politique. Certains de ces royaumes, dont Kourion, participèrent au siège de Tyr en 332 aux côtés du Macédonien.


 

Autre vue du site

 
   La politique d’Alexandre sur Chypre et ses Rois était claire : Les libérer de la domination Perse, mais les mettre sous sa propre autorité. Alexandre abolit les différentes monnaies des royaumes Chypriotes, en les remplaçant par la frappe de ses propres pièces. La mort du souverain, en 323, mit fin aux aspirations Grecques pour la domination mondiale. L’Empire qu’il avait créé fut divisé entre ses Généraux (ou Diadoques) et ses successeurs, qui immédiatement entrèrent en conflit entre eux pour le pouvoir. Ces conflits inévitablement associèrent les royaumes Chypriotes.
 
   Ils furent portés surtout sur deux souverains, Antigonos I Monophtalmos (306-301) en Syrie, secondé par son fils Démétrios I Poliorcète (294-287) et Ptolémée I Sôter d’Égypte. Les Rois Chypriotes se retrouvèrent dans une position nouvelle et difficile. Certains royaumes choisirent l’alliance avec Ptolémée I, d’autres se rangèrent du côté d’Antigonos I, Salamine fut alors la plus grande ville et royaume de Chypre, dont le Roi Nicocréon (ou Nicocreonte ou Nikokréon, 331-310) soutint fortement Ptolémée I. Afin d’écraser les royaumes pour Antigonos I, Nicocréon mena des opérations militaires. Ptolémée I lui envoya en appui une armée commandée par les Généraux Lagides, Séleucos et Ménélas (ou Ménélaos). Le Roi de Kourion fut déposé.
 
   En 294, Ptolémée I consolida son contrôle de Chypre et ses cités-États, dont Kourion et les royautés furent abolies. Kourion demeura sous la domination Lagide jusqu’à la conquête Romaine de Chypre en 58 av.J.C, qui annexa l’île à la province de Cilicie. Cet état dura jusqu’en 22 av.J.C où Chypre fut établie comme une province Sénatoriale sous un Proconsul. À l’époque Romaine, Kourion fut parmi les villes les plus importantes de l’île. Son sanctuaire d’Apollon rivalisait avec ceux de Zeus Salaminos à Salamine et d’Aphrodite à Paphos (ou Baf). Au milieu du Ier siècle, le Christianisme fut introduit à Kourion, vraisemblablement par les Saints Paul et Barnabas lors du premier voyage missionnaire de Paul. Au cours des persécutions de l’Empereur Dioclétien (284-305), Philoneides, l’Évêque de Kourion, fut martyrisé. En 341, l’Évêque Zeno joua un rôle dans le Concile d’Éphèse, en affirmant l’indépendance de l’église Chypriote.
 
   À la fin du IVe siècle (v.365/370) une série de plusieurs tremblements de terre dévasta Kourion, comme indiqué par les vestiges archéologiques à travers le site. Au début du Ve siècle la ville fut reconstruite, y compris la construction du complexe ecclésiastique sur le côté Ouest de l’acropole. En 649 les raids arabes aboutirent à la destruction de l’acropole, après quoi le centre de l’occupation fut transféré à Episkopi, 2.0 km. au Nord-est.

 

L’archéologie

 
   Le site de Kourion fut identifié dans les années 1820 par Carlo Vidua. En 1839 et 1849, respectivement, Lorenzo Pease et Ludwig Ross identifièrent le sanctuaire d’Apollon Hylates. En 1874-1875, furent fouillés par Luigi Palma di Cesnola, qui occupait alors les fonctions de Consul Américain à Chypre, le cimetière d’Ayios Ermoyenis, largement pillé, et le sanctuaire d’Apollon Hylates. Entre 1882 et 1887 plusieurs fouilles privées, non autorisées, furent effectuées avant qu’elles ne soient déclarées, en 1887, illégales par Haut-commissaire Britannique, Sir Henry Bulwer. En 1895, le British Museum mena les premières fouilles quasi-systématiques à Kourion dans le cadre des legs Turner fouilles. Porphyrios Dikaios du Département des antiquités mena celles dans le cimetière Kaloriziki en 1933.


 

Vue des ruines de la cité épiscopale

 
   Entre 1934 et 1954, George H.McFadden, Bert Hodge Hill et John Franklin Daniel menèrent des fouilles systématiques à Kourion pour le Musée de l’Université de Pennsylvanie. De 1974 à 1979, celles de la basilique paléochrétienne de l’acropole furent poursuivies par Arthur Hubert Stanley Megaw. Le Département des Antiquités de Chypre mena aussi de nombreuses fouilles dans la cité : Mikael Loulloupis (1964-1974), Anna Chritodoulou (1971-4) et Dēmos Chrēstu (1975-1998). Entre 1978 et 1984 David Soren mena les fouilles du sanctuaire d’Apollon Hylates, et sur l’acropole entre 1984 et 1987. David Parcs dirigea celles dans le cimetière Amathus, entre 1995 et 2000. Depuis 2012, le projet de l’Espace Urbain Kourion, sous la direction de Thomas W.Davis de l’Institut Charles D.Tandy d’archéologie, a creusé sur l’acropole.

 

Les monuments

 
   Les ruines de Kourion sont situées dans l’un des endroits les plus fertiles de l’île et présentent de vastes ruines avec des mosaïques bien préservées. Les sites d’intérêt sont : Les bains et L’agora, les basiliques, la cité épiscopale, Le complexe d’Eustolios, la maison d’Achille, la maison des gladiateurs, la nécropole, le nymphée, le stade, le théâtre Gréco-romain (ou forum). À la fin du XIXe siècle, de nombreux objets furent mis au jour à Kourion par Luigi Palma di Cesnola. Acheminés jusqu’aux États-Unis, ils ont constitué la majeure partie de la première exposition du Metropolitan Museum of Art de New York. Des milliers d’autres pièces furent vendues à l’Université de Stanford et détruites lors du tremblement de terre qui toucha la Californie en 1906. Une troisième partie de la collection se trouve au Semitic Museum de l’Université d’Harvard.
 
Les bains et L’agora, avec cette dernière qui fut construite au IIIe siècle ap.J.C sur les vestiges d’un bâtiment public datant du Ier siècle av.J.C. Elle était ouverte et flanqué sur les côtés opposés de portiques avec un monumental nymphée le long de son côté Nord et un complexe thermal construit autour du nymphée. Le nymphée, de 45 m. x 15 m., fut construit au Ier siècle ap.J.C et rénové sous le règne de l’Empereur Trajan (98-117) au cours duquel les salles de bains furent construites, le long du côte Nord de l’agora. Les bains sont divisés en chambres de déshabillage (apodyterium), chambres chaudes (tepidarium ), une salle chaude (caldarium) et une chambre froide (frigidarium) selon les coutumes Romaines.
 


 

Autre vue du théâtre

Les basiliques. Celle du Nord-ouest de l’acropole, est une basilique à trois absides qui fut construite à la fin du Ve siècle ap.J.C. La basilique avait trois nefs et était accessible via une cour péristyle à l’Ouest. Une chapelle fut construite au sein de l’église au Nord. Elle fut détruite par les raids arabes du mi VIIe siècle. La basilique Coastal est située au pied des falaises de l’Ouest de l’acropole, trois absides et trois nefs furent construites au début du VIe siècle. L’église avait un atrium à l’Ouest et des portiques sur tous les côtés de l’atrium et un baptistère au Nord.
 
La cité épiscopale, qui fut construite au début du Ve siècle ap.J.C et rénovée au VIe siècle, est l’un des plus importants monuments paléochrétiens de Chypre. La basilique à trois nefs qui constitue le cœur de l’enceinte a fonctionné comme le siège de l’Évêque de Kourion. Une seconde chapelle attenante, était destinée à la réception de l’offre de la congrégation (diakonikon). Dans l’enceinte on trouve le baptistère et le palais de l’Évêque. L’enceinte fut détruite au cours des raids arabes du VIIe siècle.
 
Le complexe d’Eustolios, qui est situé au Sud-est du sommet des falaises. Il fut construit comme résidence d’élite à la fin du IVe ou au début Ve siècle ap.J.C. Les chambres du bâtiment sont disposées autour de deux cours intérieures avec un complexe balnéaire occupant la partie Nord du bâtiment. La majorité des chambres sont parées de pavements de mosaïque d’une qualité exceptionnelle. Une inscription dans le pavement de l’une des cours identifie Eustolios comme le constructeur, aussi le présente comme un Chrétien.
 
La maison d’Achille, qui est située à l’extrémité Nord-ouest de la zone urbaine, et immédiatement au Sud de la route vers le sanctuaire d’Apollon Hylates, est attribuée au début du IVe siècle ap.J.C. Elle est conçue autour d’une cour péristyle qui contient plusieurs mosaïques bien préservées. La mosaïque la plus importante représente le dévoilement de l’identité d’Achille par Ulysse dans la cour de Lycomède de Skyros lorsque sa mère, Thétis, l’avait caché là parmi les femmes, afin qu’il ne soit pas envoyé à la guerre de Troie. Certains chercheurs pensent que la maison d’Achille peut avoir fonctionné comme un centre de réception civique.


 

Mosaïque de la maison des gladiateurs

 
La maison des gladiateurs, qui est située au Sud-est de la maison d’Achille. C’était une résidence d’élite, datant de la fin du IIIe siècle ap.J.C. Elle fut agencée autour d’un atrium central, avec des portiques sur tous les côtés, et était ornée de nombreux sols en mosaïque. Le portique Est de l’atrium contient deux panneaux représentant des gladiateurs entrain de combattre, un thème rare dans les mosaïques Chypriotes.
 
Le sanctuaire d’Apollon Hylates, qui est situé 1,7 km. à l’Ouest de l’acropole. Ce fut le troisième sanctuaire en importance derrière ceux de Zeus Salaminos à Salamine et d’Aphrodite à Paphos (ou Baf). Les premières traces archéologiques indiquent qu’il fut créé vers la fin du VIIIe siècle av.J.C, et dédié apparemment à Apollon. Vers le milieu du IIIe siècle av.J.C, le sanctuaire fut dédié à Apollon Hylates. Le sanctuaire que l’on peut voir aujourd’hui a été construit au Ier siècle et au début du IIe siècle ap.J.C. Le temple fut abandonné à la fin du IVe siècle ap.J.C.
 
Le stade est situé à 0,5 km. à l’Ouest de l’acropole. Il fut construit au cours du règne de l’Empereur Antonin (138-161). Il mesure 217 m. de long et 17 m. de large, avec une ligne de départ marquée par deux messages en pierre circulaires, suffisamment large pour accueillir huit coureurs.
 
Le théâtre Gréco-romain (ou forum) qui a été entièrement restauré et qui est utilisé pour des spectacles en plein air et de musique. C’est l’un des lieux utilisés pour le Festival international de théâtre Grec antique. Il fut construit au IIe siècle av.J.C., mais relativement petit. Puis, mi Ier siècle et début du IIe siècle ap.J.C il fut reconstruit et élargit. Au début des années du IIIe siècle ap.J.C il fut de nouveau rénové pour accueillir les jeux de gladiateurs. Il fut abandonné à la fin du IVe siècle ap.J.C. Il pouvait accueillir 3.500 spectateurs.

 

Bibliographie

 
   Pour d’autres détails sur Kourion voir les ouvrages de :
 
Achilleus K.Aimilianidēs :
Histoire de Chypre, Presses universitaires de France, Paris, 1962-1963. 
Jean Louis Benson, John Franklin Daniel et Edith Porada :
Bamboula at Kourion, the necropolis and the finds excavated, University of Pennsylvania Press, Philadelphia, 1972.
Diana Buitron-Oliver et Bernard Clive Dietrich :
The sanctuary of Apollo Hylates at Kourion : Zxcavations in the archaic precinct, Paul Åströms Förlag, Jonsered, 1996.
Stanley Casson :
Chypre dans l’antiquité, Payot, Paris, 1939.
Ancient Cyprus; its art and archaeology, Greenwood Press, Westport, 1970.
Dēmos Chrēstu :
Kourion : Seine Monumente und lokales Museum, Filokypros, Nicosia, 1996.
Porphyrios Dikaios et Virginia Grace :
Kouriaka, Lions Club of Nicosia, Nicosia, 1979.
Porphyrios Dikaios :
Les cultes préhistoriques dans l’ile de Chypre, Paul Geuthner, Paris, 1932.
La? civilisation néolithique dans l’ile de Chypre, Paul Geuthner, Paris, 1936.
Vassos Karageorghis :
Les anciens Chypriotes : Entre Orient et Occident, A. Colin, Paris, 1991.
Early Cyprus – Crossroad of the Mediterranean, The Paul Getty Museum, Los Angeles, 2002.
George H.McFadden :
A tomb of the necropolis of Ayios Ermoyenis at Ayios Ermoyenis at Kourion, pp : 163-165, American Journal of Archaeology 50, Septembre 1948.
Arthur Hubert Stanley Megaw :
Kourion : Excavations in the episcopal precinct, Distributed by Harvard University Press, Washington, Cambridge, 2007.
Terence Bruce Mitford :
The inscriptions of Kourion, American Philosophical Society, Philadelphia, 1971.
Robert Scranton :
The architecture of the sanctuary of Apollo Hylates at Kourion, American Philosophical Society, Philadelphia, 1967.
Patrick Schollmeyer :
Das antike Zypern, Philipp von Zabern, Mainz, 2009.
David Soren et Jamie James :
Kourion : The search for a lost Roman city, Anchor Press/Doubleday, New York, 1988.
David Soren :
The sanctuary of Apollo Hylates at Kourion, Cyprus, University of Arizona Press, Tucson, 1987.
Frieda Vandenabeele et Kristine de Mulder :
Chypre : 8000 ans de civilisations entre trois continents : Musée royal de Mariemont, 26 mars-29 août 1982, Musée royal de Mariemont, Morlanwelz, 1982.

 

 

Tamassos

   Tamassos (ou Tamasos ou Ta-moi-si/su, en Grec : Ταμασσός, en Latin : Tamassus ou Tamasus) fut une des principales ville de l’îles de Chypre. Elle était située dans la grande plaine centrale de l’île, au Sud-ouest de Soles (ou Soloi), sur la route de cette dernière à Tremetousia (ou Tremithus). Aujourd’hui elle est identifiée avec le site archéologique en bordure du village de Politiko, à environ 21 km. au Sud-ouest de la capitale Nicosie. Elle fut l’un des dix royaumes de l’île énumérés sur le prisme du Roi d’Assyrie d’Assarhaddon (ou Esarhaddon ou Asarhaddon, 681-669) en 673/2, qui lui rendaient hommage.
 


 

Tête représentant Apollon –
Bronze – vers 460 av.J.C.
Découverte en 1836 à Tamassos –
British Museum

    Comme il y avait des mines de cuivre dans son entourage, les spécialistes pensent qu’elle fut très probablement la "Temese" mentionnée par Homère (Odyssée, I, 184), qui fut en son temps le marché principal de l’île pour le cuivre. Un article de Sophrone Pétridès, dans l’Encyclopédie Catholique de 1912, dit que les pièces de monnaie de la ville montraient le double nom : Tamassos, Tamassus avec un ou deux S. D’autres chercheurs soutiennent que l’orthographe correcte est avec un seul S, citant Pline, Strabon, Ovide, Eustathe, Constantin Porphyrogénète etc… Le gouvernement de Chypre a publié en 1964 un timbre qui fait référence à la ville antique comme : En Grec Ταμασός et en Anglais Tamasus. Le ministère Chypriote des antiquités utilise les deux formes, tandis que les instituts archéologiques en Grande-Bretagne et aux États-Unis utilisent la forme avec double S.
 

L’histoire

 
   La cité-État fut très tôt très prospère particulièrement en raison de ses mines, à partir desquelles les métaux, principalement le cuivre, furent extraits. Cependant, il faut signaler qu’elle réussit à survivre même lorsque les mines furent épuisées et abandonnées. Contrairement à d’autres cités de l’île, il n’y a pas d’informations précises qui nous seraient parvenues, soit de l’histoire, soit de la tradition, concernant sa création, que ce soit comme colonie humaine ou plus tard comme un important centre commercial. La zone elle-même était en fait au départ un regroupement d’un certain nombre de petites colonies d’agriculteurs, que la ville remplaça après la découverte et l’exploitation du cuivre et qui devint le cœur de l’économie de l’île durant les siècles suivants.
 
   Les études sur les artefacts archéologiques suggèrent que la région fut habitée depuis la préhistoire, plus précisément depuis le chalcolithique. Les villages proches comme Kampia, Margi, Kotsiatis et Mathiatis étaient densément peuplés dès le début de l’âge du bronze. La population augmenta de façon significative avec l’exploitation des mines de cuivre. L’installation de tombes et la transformation du cuivre découverts dans la région datent de l’âge du bronze.
 
   Les écrivains comme Claude Ptolémée (ou Claúdios Ptolemaîos ou Claudius Ptolemaeus ou Ptolémaïs de Thébaïde, astronome et astrologue Grec, v.90-v.68) et Étienne de Byzance (ou Stéphanos Byzántios ou Stephanus de Byzance, écrivain Byzantin du VIe siècle ap.J.C.) mentionnent la ville. Ce dernier la décrit comme “Mesogeia” (En Grec : Μεσόγεια “enclavée“) avec un cuivre d’excellente qualité, mais cette situation intérieure l’empêcha de devenir un poste d’extraction important, comme Salamine et Paphos (ou Baf). La cité manqua également du côté cosmopolite caractéristique des villes côtières de l’île. Elle ressemblait à une ville “industrielle” avec des mines et des ateliers. Elle avait sans doute également développé des potentialités agricoles de la terre fertile environnante et d’élevage. Terre enrichie par l’un des fleuves (Le Pediaeos) et ses affluents les plus importants de Chypre. Les deux tombes royales, construites vers 600 av.J.C., découvertes sont la preuve de la richesse de la cité à l’époque archaïque. Leur construction exigea une quantité considérable de richesses, ce qui suggère la prospérité financière.
 
   Vers 545 le Roi Perse Cyrus II (559-529) prit le contrôle des royaumes Chypriotes, dont celui de Tamassos. On ne connaît pas le rôle direct joué éventuellement par la ville dans ces événements. Autour de 450, Cition (ou Kition) annexa Idalion (ou Idalium) avec l’aide des Perses. L’importance de la ville augmenta de nouveau lorsqu’elle acquit les mines de cuivre de Tamassos. Ces dernières cités gardèrent de fortes sympathies pour les Phéniciens, alliés aux Perses, car en 499 et 498 av.J.C., lorsque les Grecs d’Ionie se révoltèrent contre la tutelle Perse, Tamassos comme Cition et Amathonte, resta fidèle aux Perses, et refusa d’adhérer à la Ligue qu’Onésilos de Salamine (Frère du Roi de Salamine Gorgos, qu’il détrôna parce qu’il ne voulait pas se battre pour l’indépendance et se rallia aux Ioniens) mit en place pour soutenir les Ioniens.

 

 
   Après de longs efforts soutenus pour renverser la domination Perse qui s’avérèrent infructueux, Chypre et ses Cités-États restèrent un vassal de l’Empire Perse jusqu’à la défaite de celle-ci devant le Roi de Macédoine Alexandre le Grand (336-323). Les différents royaumes de l’île devinrent alors des alliés d’Alexandre après ses campagnes victorieuses, au Granique (334), à Issos (333) et sur les côtes d’Asie Mineure, de Syrie et Phénicie, où se trouvaient des bases navales Perses. Certains de ces royaumes, dont Tamassos, participèrent au siège de Tyr en 332 aux côtés du Macédonien.
 


 

Icone de Saint Hérakléidès

   La reconnaissance d’Alexandre fut importante comme, par exemple, l’aide qu’il donna à Pnytagoras de Salamine, qui semble avoir été le principal moteur du soutien au Roi Macédonien, pour incorporer le territoire de Tamassos dans celui de sa ville Salamine. Le royaume de Tamassos fut ensuite dirigé par le Roi Poumiaton (ou Pumiathon, 361-312) de Cition (ou Kition) qui l’avait acheté pour 50 talents à son Roi Pasikypros. Après avoir reçu cette somme d’argent, Pasikypros alla passer ses derniers jours à Amathonte (ou Amathus). La politique d’Alexandre sur Chypre et ses Rois était claire : Les libérer de la domination Perse, mais les mettre sous sa propre autorité. Alexandre abolit les différentes monnaies des royaumes Chypriotes, en les remplaçant par la frappe de ses propres pièces.
 
   La mort du souverain, en 323, mit fin aux aspirations Grecques pour la domination mondiale. L’Empire qu’il avait créé fut divisé entre ses Généraux (ou Diadoques) et ses successeurs, qui immédiatement entrèrent en conflit entre eux pour le pouvoir. Ces conflits inévitablement associèrent les royaumes Chypriotes. Ils furent portés surtout sur deux souverains, Antigonos I Monophtalmos (306-301) en Syrie, secondé par son fils Démétrios I Poliorcète (294-287) et Ptolémée I Sôter d’Égypte. Les Rois Chypriotes se retrouvèrent dans une position nouvelle et difficile. Certains royaumes choisirent l’alliance avec Ptolémée I, d’autres se rangèrent du côté d’Antigonos I, Salamine fut alors la plus grande ville et royaume de Chypre, dont le Roi Nicocréon (ou Nicocreonte ou Nikokréon, 331-310) soutint fortement Ptolémée I. Afin d’écraser les royaumes pour Antigonos I, Nicocréon mena des opérations militaires. Ptolémée I lui envoya en appui une armée commandée par les Généraux Lagides, Séleucos et Ménélas (ou Ménélaos).
 
   En 294, Ptolémée I consolida son contrôle de Chypre et ses cités-États, dont Tamassos, moins touchée que les autres car dans les terres et les royautés furent abolies. Le temple d’Aphrodite, et peut-être d’autres bâtiments publics, furent reconstruits au début de la période Hellénistique. On suppose qu’il y eut une modification du caractère de la ville et de sa structure politique qui demandèrent la construction de ces nouveaux bâtiments. Tamassos demeura sous la domination Lagide jusqu’à la conquête Romaine de Chypre en 58 av.J.C, qui annexa l’île à la province de Cilicie. Cet état dura jusqu’en 22 av.J.C où Chypre fut établie comme une province Sénatoriale sous un Proconsul.
 
   Pendant la même période, les Grecs de divers endroits de l’Empire vinrent vivre à Tamassos. Le contingent le plus important fut des habitants d’Aspendos en Asie Mineure. Avec la propagation du Christianisme dans toute l’Europe du Sud, Tamassos devint l’un des premiers diocèses Grecs orthodoxes à Chypre. La présence de ses deux premiers Évêques, Saint Hérakléidès (ou Herakleidios) et Saint Mnason, fut importante.

 

L’archéologie

 
   Il n’y a pas eu de grandes fouilles archéologiques menées sur le domaine de Tamassos parce que le centre de la ville, qui est soupçonnée avoir été l’emplacement des divers bâtiments publics et le lieu de pèlerinages, se situerait sous le village de Politiko, à proximité du monastère Grec Orthodoxe d’Agios Hérakléidès (ou Herakleidios). Entre 1970 et 1990, des fouilles sporadiques furent exécutées dans la zone extérieure. Elles aboutirent à la découverte de nombreux objets, ainsi qu’à des parties de la ville originale datant des périodes : archaïque, classique et Hellénistique. Les sections visibles sont un grand et important temple d’Aphrodite, deux tombes royales majestueuses, et d’autres tombes. Les fortifications qui entouraient la ville au cours de la période archaïque ont également été mises au jour, ainsi que les installations pour la transformation du cuivre, les ateliers de travail de l’argile et de la fabrication des statuettes en pierre, des bateaux, des encensoirs et des lampes à huile.


 

Sculpture de sphinx et lions – Musée de Nicosie

 
   Des autels en calcaire furent trouvés à proximité du temple d’Aphrodite, ainsi que d’un temple consacré à Kiveli (la Mère des Dieux). Ce dernier a été découvert à côté d’un témoignage épigraphique concernant le culte de la Déesse. En outre, il existe plusieurs références littéraires établissant le culte d’Apollon, Esculape et Dionysos. Récemment six sculptures grandeur nature en calcaire ont été mises au jour, dont deux représentaient un sphinx et quatre représentaient des lions dans une position accroupie. Apparemment, les sculptures dateraient du VIe siècle av.J.C. Lorsque les Égyptiens contrôlaient l’île. Les résultats sont actuellement exposés au Musée de Chypre à Nicosie.
 
   La nécropole et les tombes de Tamassos ont été découvertes au Nord-est du temple d’Aphrodite. On compte en plus trois cimetières situés dans la région. Un remonte à l’âge du bronze, un autre à l’époque archaïque, tandis que le troisième appartient à l’époque Hellénistique et les temps de la domination Romaine. La plupart du cimetière de l’âge du bronze est proche du Sud-est du village Politiko. Au Sud-ouest du monastère Agios Hérakléidès (ou Herakleidios), une tombe datant de l’ère du bronze moyen a été mise au jour en 1963. Une autre tombe, de la dernière partie de l’âge du bronze, a été fouillée au Sud-est du monastère, dans la région proche du couvent actuel. Le cimetière de l’époque archaïque est situé au Sud-ouest du village, entre deux rivières de la région, dont l’une arrose en plus le district de Nicosie. Le cimetière Hellénistique et Romain se situe sur une pente au Nord-ouest de Politiko, où se trouve le monastère d’Agios Mnason. De nombreux sanctuaires semblent également avoir existé autour de l’ancienne ville de Tamassos. Ceci peut être prouvé par la présence de statues de terre et de la célèbre statue de bronze d’Apollon trouvée dans la région. Aujourd’hui, les deux monastères de Saint Hérakléidès (ou Herakleidios) et Saint Mnason sont considérés comme des monuments importants de la région.

 

Bibliographie

 
   Pour d’autres détails sur Tamassos voir les ouvrages de :
 
Achilleus K.Aimilianidēs :
Histoire de Chypre, Presses universitaires de France, Paris, 1962-1963.
Marie Claire Amouretti et François Ruzé :
Le monde grec antique, Hachette université, Paris, 1978.
Mairē Avraamidou-Pyrgou :
Tamassos : Allote kai tōra, Tamasia 89, Leukōsia, 1989.
Hans-Günter Buchholz et Christa Sandner-Behringer :
Tamassos / 1, Die Nekropolen I, II und III, Ugarit-Verlag, Münster, 2010.
Hans-Günter Buchholz et Klaus Untiedt :
Tamassos : Ein antikes königreich auf Zypern, P.Åströms förlag, Jonsered, 1996.
Hans-Günter Buchholz :
Bronzene schaftrohraxte aus Tamassos und umgebung, Éditeur inconnu, Nicosie, 1979.
Stanley Casson :
Chypre dans l’antiquité, Payot, Paris, 1939.
Ancient Cyprus; its art and archaeology, Greenwood Press, Westport, 1970.
Vassos Karageorghis :
Les anciens Chypriotes : Entre Orient et Occident, A. Colin, Paris, 1991.
Early Cyprus – Crossroad of the Mediterranean, The Paul Getty Museum, Los Angeles, 2002.
Olivier Masson :
Kypriaka. I. Recherches sur les antiquiteés de Tamassos, PERSEE, 1964.
Patrick Schollmeyer :
Das antike Zypern, Philipp von Zabern, Mainz, 2009.
Katja Walcher :
Die Architektur und Bauernornamentik der archaischen königsgräber von Tamassos auf Zypern, Verlag Marie Leidorf, Rahden/Westf, 2009.

 

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